L’ami Olivier Borneuf m’interrogeait à propos de mes craintes sur le devenir de la blogosphère que j’exprimais dans ma chronique « Ne pas confondre un passe-plat avec un maître-queue… » dixit François Morel à propos de Claire Chazal : qu’en est-il en notre petit monde du vin ?. link
« J'avoue ne pas avoir assez réfléchi à la question mais pensez-vous sérieusement que l'on puisse comparer radio et Web ? Je ne parle pas de la taille ou de la place que l'on peut avoir sur la toile (qui effectivement risque d'être régulée) mais bel et bien de l'accès à la technologie (n'importe qui peut avoir/fabriquer un modem et faire sa sauce sur Internet, et ce, au niveau mondial contrairement aux premières radios indépendantes). Votre avis ? »
Dans le Fokker qui m’amenait à Clermont-Ferrand j’ai lu l’analyse de Nicolas Rauline journaliste au service High-Tech Médias des échos : « les nouvelles marches de l’empire » link Je n’ai pas tout compris car le sabir des développeurs me passe largement au-dessus de la tête. Cependant, comme je ne suis pas plus con que la moyenne j’ai saisi le sens de cette analyse et surtout j’ai trouvé la confirmation de mes craintes.
Je livre l’entame de l’article pour ceux d’entre vous qui ne souhaitez pas le lire en entier. C’est édifiant et inquiétant.
« Dans les travées du Concourse Exhibition Center de San Francisco, jeudi dernier, les commentaires étaient dithyrambiques sur les nouveautés que venait d'annoncer Mark Zuckerberg. Les développeurs présents, à l'imagination pourtant souvent débordante, étaient bluffés par les possibilités offertes par la nouvelle plate-forme de Facebook. Il faut dire que l'idée de base est ambitieuse : faire du réseau social le principal carrefour du Net. Google en est aujourd'hui la porte d'entrée, Facebook veut détrôner le moteur de recherche. Mark Zuckerberg l'a reconnu à demi-mot : le réseau social n'en est encore qu'à ses débuts et n'a exploité pour le moment qu'une infime partie de ses possibilités. Sa mission : « socialiser » le Web et, par extension, toute la société. Concrètement, cela signifie introduire une dose de Facebook dans toutes les activités traditionnelles pour profiter de la puissance du réseau social et de son effet démultiplicateur.
Facebook a commencé par les communications interpersonnelles. Les blogs ? En partie ringardisés par le profil Facebook. Myspace ? Tué par la plate-forme. L'e-mail et la messagerie instantanée ? Facebook s'y attaque depuis plusieurs mois en proposant son propre service et en poussant un nouvel usage des messages entre personnes, qui confond e-mail et messagerie instantanée. Grâce à un partenariat avec Skype, il a même récemment intégré les appels en vidéo. Puis il s'est attaqué aux secteurs « sociaux par nature », selon Mark Zuckerberg, comme le jeu. Et a révolutionné le secteur. Zynga, société dont le développement est entièrement dépendant de Facebook, joue désormais dans la cour des grands, aux côtés des éditeurs traditionnels. La plupart des nouveaux jeux intègrent désormais une partie « sociale », jouable sur les réseaux sociaux. Et ce que Facebook a réussi dans le jeu vidéo, il se sent capable de le reproduire dans d'autres secteurs.
Prochains visés : les médias (musique, cinéma, presse, télévision...), le divertissement et le « lifestyle » (vie pratique, cuisine, loisirs, etc.) »
« En devenant le reflet de toute la vie numérique (et même au-delà), le réseau social s’assurerait une part dominante des revenus du Net. »
C’est clair. Alors quel sera le devenir des contenus intelligents de blogs sans visibilité, sans modèle économique : l’équivalent d’un bulletin paroissial ou de la feuille de chou associative. Bien sûr, quelques élus récupérés par les grands médias continueront de jouer le rôle de leurres dans la grande cour des marchands du temple qui s’engraisseront d’un écosystème aussi appauvri qu’une terre arasée au Round Up. Pour que les blogs jouant la carte du contenu vivent et durent la condition nécessaire et suffisante c’est que leur lectorat participe vraiment à leur vie par ses commentaires et sa mise en réseau plutôt que de se cantonner seulement dans une lecture bienveillante mais passive. Seul le flux intéresse les maîtres du Net. Pour ma part étant hors tout modèle économique je me contente de témoigner sans autre ambition.