Mon professeur d’histoire à l’école d’agriculture de la Mothe-Achard, le frère Bécot, royaliste et homme du vin, avait en sainte horreur ceux qu’ils qualifiaient de « sanguinaires révolutionnaires » : plus particulièrement : Mirabeau, Danton et Marat. À Paris, le premier donne son nom à un pont rendu célèbre par Apollinaire
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Le second à une rue du côté de la Place Saint-André-des-Arts, mais le dernier que nenni il faut sauter le périphérique et se plonger, dans ce qui reste de la banlieue rouge, à Ivry-sur-Seine, pour tomber dès qu’on émerge du métro d’Ivry sur la rue Marat.
Pas étonnant que nos chères têtes blondes ignorent qui était Jean-Paul Marat, médecin, physicien, journaliste député montagnard à la Convention à l’époque de la Révolution assassiné dans sa baignoire par Marie-Anne Charlotte de Corday d’Armont, issue de la noblesse de Caen et descendante en droite ligne de Pierre Corneille. Atteint d’une grave maladie de peau d’origine herpétique, il n’apparaît plus en public et il prend continuellement des bains curatifs au soufre dans sa baignoire sabot en cuivre, ainsi qu'à envelopper sa tête d'un mouchoir trempé de vinaigre pour soulager ses migraines. C’est de cette baignoire équipée d'une écritoire qu’il envoie régulièrement des lettres à la Convention et où il terminera sa vie transpercé par la lame du couteau de Charlotte Corday.
Samedi, que d’eau, que d’eau, et sans mauvais jeu de mots : la rue Marat menant à la Cave de Paco prenait des allures de baignoire mais, comme de bien entendu, elle ne sentait pas le soufre. Équipé de mon ciré chic que seul l’œil connaisseur d’Isabelle Perraud sut apprécier à juste valeur sur Face de Bouc alors que le camarade Armand Borlant ironisait sur l’incompatibilité de sa couleur jaune avec les convictions supposées du taulier. Que n’avait-il vu le bel appariement de l’écharpe verte et du ciré jaune, couleurs emblématiques d’un FC Nantes pataugeant maintenant dans la Loire-Inférieure. Donc, tel un poussin mouillé votre serviteur canotait dans les eaux troubles de la rue Marat pour gagner les rives de la Cave de Paco où il fut accueilli par le sémillant Fabrice Le Glatin à qui, comme chacun le sait, on octroie vin sur vin surtout lorsqu’il s’agit de se retrouver entourer de drôles de vigneronnes.
Contrairement à lui votre Taulier ne se laissait pas tourner la tête par cette agréable assemblée il entrait dans le vif du sujet en cadrant et les vins et les vigneronnes. C’est le fruit de ce labeur acharné que je vous livre aujourd’hui sans commentaire car le choc des photos suffit, le poids des mots viendra dans les jours prochains au fil des chroniques. La seule confidence que je puis vous faire c’est que je ne fus point déçu du voyage, le plateau était de qualité et j’ai emmagasiné dans ma petite musette plein de bonnes idées pour chroniquer. Au cours de cette matinée, où le rouge était majoritaire, hormis l’arrivée tardive de notre Sonia la néo-vinificatrice, j’ai pu aussi voir beaucoup de clients défiler car il faut le souligner, avant d’être bu et pissé, le vin doit être acheté : nos charmantes vigneronnes, hormis l’intense plaisir de me voir en chair et en os, aiment beaucoup voir leurs vins prendre le chemin de gosiers en pente raide.
Donc le rouge était mis à Ivry chez Paco, normal c’était déjà indiqué sur le chemin du Taulier lorsqu’il changea de ligne Porte d’Italie. Comme vous pourrez le constater ci-dessus Mélanchon ne recule devant rien pour séduire, ça me rappelle le temps où il était pacsé au PS avec Julien Dray. Moi je serais le petit Laurent je me méfierais. Donc ouverture en rouge majeur.