En fin de journée hier, à l’Elysée, fut annoncé que j’avions au 78 rue de Varenne un nouveau Ministre délégué Guillaume Garot, un gars de Laval, qui serait en charge de l’agro-alimentaire. Je crois que c’est la première fois car avant je n’avions eu que des secrétaires d’Etat, mais c’est normal y’a plus de secrétaire d’Etat c’est une denrée dévaluée sans doute. Dans le même mouvement, nous a-t-on précisé, le Ministre tout court, Stéphane Le Foll, récupérait la Forêt. Moi ça me plaît bien parce lorsque j’étions au 78 la Maison se dénommait de l’Agriculture et de la Forêt. Du temps du père François, l’avait même flanqué son pote Rocard d’un Secrétaire d’Etat à la Forêt en la personne de René Souchon, soit disant pour le marquer à la culotte mais ce ne fut pas le cas nous faisions cabinet commun et tout se passa bien.
Pour en revenir à l’agro-alimentaire, le premier titulaire du maroquin fut, sous le déplumé de Chamalières, un ancien Président de la FNSEA, Michel Debatisse, qui fut relégué par le titulaire rue Las-Cases tout près de l’étable des vieux ingénieurs blanchis sous le harnois. Il n’a pas existé le pauvre et si vous souhaitez lire un peu d’histoire sur la nomenklatura agricole de l’époque allez donc lire une de mes vieilles chroniques de 2006 link
Vous allez me dire : tout ça c’est de l’histoire ancienne, et j’en conviens aisément, mais le problème n’est pas là car une simple répartition de maroquins ministériels en fonction d’équilibre interne à la majorité au pouvoir n’a que peu d’importance. Ce qui me semble beaucoup plus intéressant c’est de se préoccuper des relations entre les agriculteurs, souvent simples fournisseurs de matières premières, avec les industries transformatrices. Pour vivre, depuis plus d’un an, sur le terrain, le Grand Sud-Ouest et maintenant la Normandie, au plus près des problèmes de la collecte laitière, de son évolution, de son devenir dans la perspective de la fin des quotas laitiers, j’en sais quelque chose. Créer une césure entre un Ministère qui a la fâcheuse tendance de se comporter, sous la pression du syndicalisme majoritaire dominé par les grandes cultures, en simple Ministère des agriculteurs, en SAV de la fameuse PAC, et des IAA, du lait par exemple : Lactalis, Danone, Bongrain, Sodiaal-Yoplait… qui vivent leur vie sur à la fois sur notre marché domestique avec les PGC (produits de grande consommation) et le marché international (beurre-poudre) c’est ne rien comprendre à la réalité. Je n’irai pas au-delà de cette simple remarque mais ignorer la réalité ne change pas la réalité et si l’on veut introduire de la médiation entre les acteurs, afin de préserver des équilibres territoriaux sans casser la compétitivité des entreprises, il faudra cesser de penser que tout se passe dans des grandes messes nationales mais au plus près des gens dans les régions. Se contenter de gérer des crises locales les unes après les autres, avec des pompiers démunis, face à des acteurs locaux sans marge de manœuvre, est le résultat de ce type d’approche. Le vrai changement est là et je ne suis pas certain que la crèmerie pour laquelle je travaille encore y soit bien préparée.
Pour finir ce papier, j’ai le souvenir de ce qui m’était arrivé lors de la nomination du gouvernement Rocard en 1988. J’étais à Montpellier au festival de Radio France, un concert à la cathédrale, où je me retrouve placé aux côtés d’Yves Barsalou alors grand président d’un Crédit Agricole florissant. À la sortie le dit Barsalou me dit que sa Caisse Régionale organise une petite sauterie dans un hôtel particulier du vieux Montpellier et qu’il m’y invite. Pas possible de refuser et j’y va. La nuit de juillet est douce et belle. Tout juste assis surgit Georges Frèche qui me prend à partie « Berthomeau tu diras à Rocard que son gouvernement … (propos censurés)… pas un seul représentant du Sud… c’est intolérable… c’est du mépris… » Comme chacun sait, ou ne le sait pas, le dit Rocard n’avait pas eu une grande maîtrise des nominations, c’est au château où tout avait été mitonné. Bref, tout ça pour dire que Stéphane Le Foll et Guillaume Garot sont des élus de l’Ouest, Sarthe et Mayenne, et que leur compréhension du secteur des vins, qui est le pied de cuve de la fameuse vocation exportatrice de la France, me semble assez ténu et ce ne sont pas les bonzes de la profession qui vont les faire progresser.
L’illustration de cette chronique n’a rien d’innocente : Le domaine de la Bellivière de mes amis Christine & Eric Nicolas couvre 13 hectares dans les appellations Jasnières et Coteaux du Loir. Les parcelles situées sur 5 communes (Lhomme, Ruillé sur Loir, Chahaignes, Marçon et Dissay sous Courcillon) offrent les différents terroirs qui constituent la richesse et la diversité des cuvées du domaine. Pour ceux qui ne comprendraient pas : c’est dans la Sarthe. Une visite du nouvel attelage ministériel s’impose donc ! Ils seront bien reçus et ils verront que l'extension du domaine du vin c'est bon pour nos beaux territoires ruraux
Bon vent à eux deux moi je retourne à mes vaches et je vous joins un communiqué de Danone, ça peut toujours vous servir à engager une bonne conversation sur la répartition des tâches au 78 rue de Varenne.
Danone: avertissement sur résultats, baisse des marges attendue
Paris (awp/afp) - Le groupe alimentaire français Danone pâtit de la situation économique en Espagne au point d'être contraint mardi de revoir à la baisse ses prévisions de marge opérationnelle pour 2012, une perspective qui a immédiatement été sanctionnée en Bourse.
Le géant français des yaourts et des eaux minérales, qui tablait jusqu'à présent sur une stabilité de sa marge opérationnelle cette année, s'attend désormais à un repli de 0,50 point à données comparables. En 2011, elle était ressortie à 14,72% du chiffre d'affaires (+0,20 point).
« Le groupe fait face depuis la fin du premier trimestre à un contexte de consommation en dégradation rapide et significativement plus forte qu'attendue dans les pays d'Europe du Sud, et tout particulièrement en Espagne », a-t-il expliqué dans un communiqué, ajoutant que l'inflation du coût des matières premières « a été supérieure aux attentes depuis le début de l'année ».
Danone a toutefois confirmé ses objectifs de croissance du chiffre d'affaires et de flux de trésorerie.
« On ne peut pas exclure que les choses empirent, mais il faudrait qu'elles soient significativement pires en Espagne et dans d'autres marchés pour que l'on doive de nouveau examiner les ajustements auxquels nous procédons », a expliqué Pierre-André Terisse, directeur général en charge des finances, lors d'une conférence téléphonique.
A 12H00, le titre Danone chutait de 7,10% à 48,15 euros, tandis que la Bourse de Paris reculait de 0,12%.
« Cette révision à la baisse n'est pas une réelle surprise », pour Jean-Marie Lhomé, analyste chez le courtier Aurel BGC, soulignant que la marge devrait "encore reculer en 2013".
« Le groupe, très axé à l'international, souffre de la dégradation de l'économie mondiale et aussi de la crise de la dette qui affecte fortement la consommation de l'Europe du Sud », a-t-il expliqué.
La nouvelle prévision de rentabilité doit permettre à Danone « de mettre en place les actions nécessaires en Europe du Sud, tout en continuant à développer les ventes et la profitabilité du groupe dans le reste du monde », a avancé le groupe.
La responsabilité de cette révision incombe principalement à l'Espagne où, selon M. Terisse, l'impact négatif du chômage (24,44% en mai) et la confiance des ménages (-20 points en moins d'un an) affectent la consommation. L'an dernier, ce pays a généré 7 à 8% du chiffre d'affaires du groupe avec une rentabilité de 12%, a-t-il précisé.
« Mise à part la gestion de ces nouvelles circonstances, Danone reste très solide », a assuré M. Terisse. « Les fondamentaux de nos activités sont très bons », a-t-il poursuivi.
Le groupe a d'ailleurs confirmé son objectif de croissance du chiffre d'affaires de 5% à 7% en 2012 en données comparables, contre +7,8% en 2011 (19,31 milliards d'euros).
Sur l'année, « nous serons confortablement dans la fourchette de 5 à 7% grâce à la solidité de nos marques hors d'Europe de l'ouest », a relevé M. Terisse. Au deuxième trimestre, la progression devrait être « autour de 5% », a-t-il dit.
« La bonne performance de l'ensemble des activités en Asie, Amérique, Afrique Moyen-Orient et CIS (ex-Union soviétique) permet de compenser les pressions auxquelles est soumise l'Europe de l'ouest », a relevé Danone.
Selon M. Terisse, la France « résiste plutôt bien. Nous ne voyons aucun risque que la situation se transforme comme en Espagne » car la structure de portefeuille et la consommation diffèrent, tout comme le taux de chômage.
Il a également confirmé l'objectif de flux de trésorerie, à 2 milliards d'euros. Et l'évolution des taux de change a été un « facteur favorable », selon le directeur général.
En revanche, le bénéfice par action (BPA) dilué devrait être inférieur aux attentes du groupe mais il « ne reflètera pas totalement l'ajustement » à la baisse de la marge opérationnelle, a indiqué M. Terisse. « Il devrait être assez proche de 3,10 euros », a-t-il dit.
Le consensus des analystes tablait avant l'annonce de mardi sur un BPA de 3,19 euros.