Lino Ventura, d’Ormesson, Laurent Fabius adeptes des gros nœuds sur col pelle à tartes ont été justement étrillés par notre insomniaque patentée, Sylvie Cadio, à propos du débat de fond posé par le Taulier : non au ton sur ton link. Débat mal illustré par des photos, réalisées à la va-vite, de cravates étendues sur le plateau d’une table, telles des limandes pas fraîches, ce qui a permis au sieur Héritier d’ironiser sur les capacités du Taulier à repasser. Sans vouloir lui renvoyer la balle trop violemment je me permets tout de même de faire remarquer que j’ai rarement vu en Aude des cravatés très tendance et, plus encore, des directeurs de Chambre d’Agriculture dotés de beaux nœuds. Bref, la cravate en soi n’est rien, sauf à être cra-cra, elle n’existe que par son appariement avec une chemise de bonne coupe pourvue d’un col ad hoc.
Swann&Oscar l’élégance libre ICI
Quelques règles :
Les épaules : la couture doit être située légèrement avant le tombé de l’épaule, pas après.
La longueur de la chemise ni trop courte, ni trop longue, les pans doivent se glisser dans le pantalon sans ressortir toutes les 5 minutes ou gonfler dangeureusement le haut du pantalon.
Les coupes :
La coupe cintrée : pour les minets car elle met en valeur et affine la silhouette : en clair exige un ventre plat, tablettes de chocolat, et met en avant les pectoraux.
La coupe classique : pour ceux qui aiment être à l’aise tout en restant chic.
La coupe droite : à utiliser pour les bidons style Léon.
Le col
Les 2 types de cols les plus usités sont : Le col classique ou le col italien mais les cols à boutons dit US sont aussi très prisés par ceux qui ne portent pas de cravates. Plus recherchés ou ringards, c’est selon : le col anglais relié par une patte avec une variante très prisée par les acteurs américains des années 50 : une barrette or ou plaquée or reliant les pointes du col. Le col Mao bien sûr, le col polo allant jusqu’à la pelle à tarte, le col officier, le col cassé…
Le port de la cravate exige que le bouton du col soit fermé, que le nœud ne soit ni trop serré, ni trop coulant. La grosseur du nœud est capitale, sa confection dépend évidemment de la coupe et de la longueur de la cravate, de la matière : soie, laine, coton ou du tissage : le tricoté peut-être soit très kitch ou très tendance. Bien sûr, la cravate peut-être unie, à motifs divers et variés, club…etc
Pour ceux qui se la joue casual, le choix du col est capital ainsi que la position de l’avant-dernier bouton qui, puisqu’on la porte ouverte, fait garder au col de la tenue et évite qu’il baille de façon inélégante.
La matière : Les tissus sont multiples comme les tisseurs et les tissages en Europe et partout dans le monde. Ce sont eux qui donnent le la à la tendance, à la mode. En Europe, ce sont les Italiens Oltolina, Sic Tess ou Testa, Albin/Thomas Mason, qui dominent le marché ainsi que le Suisse Alumo…
Le poids du tissu compte du plus fin (200’S environ) au plus épais :
La batiste, une toile de lin très légère, confectionnée à partir de fils très fins venant généralement d’Egypte (mako).
La popeline, un tissu de coton souple.
L’oxford, un mélange de fils de trame colorés (bleu ciel, le plus souvent) avec une chaîne blanche, tissé de manière moins fine que la popeline ou la batiste.
Le royal oxford, une version affinée du tissage de l’oxford.
Le sea island, le plus beau tissu, composé de 140 fils par pouce (2,54 cm de tissu), contre 100 pour la popeline. Résultat : une incomparable capacité à restituer les couleurs, à mettre en valeur rayures et carreaux.
Le ribbed twill, un tissu qui fait apparaître la structure diagonale du tissage, comme des lignes.
Le herringbone twill, comme le twill, à la différence près que les chevrons remplacent les diagonales.
Le pin point, un mélange de popeline de coton et d’oxford.
La flanelle, un coton peu serré, fluide et doux.
Le viyella, le mariage du coton et de la laine
La taille correspond à l’encolure de la chemise, je suis 38 depuis toujours et je peste contre les fabricants qui ne proposent que les tailles S, M, L, XL et XXL …
Les Nœuds : (voir mode de nouaison en fin de chronique car certains mâles dominants ne savent pas nouer une cravate de leurs propres mains)
Le nœud simple, le nœud double, le nœud Windsor, le demi-Windsor, le petit nœud
Reste ensuite à apparier chemise et cravate, et là je mets au défi la perfide Sylvie Cadio qui raille mes cravates et le sieur Héritier dont je suis sûr et certain qu’il n’a jamais manié un fer à repasser, de me battre sur ce terrain. La preuve en texte et en images.
Courrier reçu le jour de la publication de la chronique
Cher Jacques,
Vous auriez aussi pu évoquer vos chemises qui étaient "originales" par rapport aux autres membres du Ministère. Chemises à carreaux, fort belles d'ailleurs, et nœud papillon permettaient de reconnaître Berthomeau quand on ne le connaissait pas. Vous aviez eu la gentillesse de m'offrir une cravate qui fait partie de mes préférées.
Bien amicalement
Le comble de l’horreur vu de mes yeux : la cravate noire graisseuse jamais dénouée portée ressortie d’un gilet col en V à manches courtes en laine tricotée main avec enfouissement de la cravate sous la ceinture du pantalon.
Le must absolu : Max Ernst photographié par Man Ray
La chemise culte impeccablement blanche de Cary Grant dans la Mort aux trousses :
Donc pour ça pour dire très chère Sylvie Cadio que le minimalisme vestimentaire, le refus des couleurs, s’apparente à une forme d’uniformité triste et chiante ! Moi j’ose la couleur et je me fous du quand dire-t-on d’où qu’il vienne ! Mes cravates en situation faisaient chier tout le monde donc elles n’étaient pas à chier. Maintenant que je n’en porte plus, par simple commodité, je suis d’autant plus à l’aise pour l’affirmer. Les bigarrées étaient de Christian Lacroix un des rares stylistes qui savaient créer des tissus en revisitant son terroir du Sud.