Même si mon rapprochement est osé je le fais entre la tuerie d’Aurora dans la banlieue de Denver USA et un « banal » accident, dit de la route, où une mère et sa fille de onze ans sont mortes, renversées dimanche 22 juillet dans le nord de Paris par une voiture, dont le chauffeur a pris la fuite avant d'être interpellé.

Dans les 2 cas les tueurs sont dotés d’un permis :
- de port d’armes pour James Holmes jeune homme de 24 ans, est accusé d'avoir ouvert le feu lors de la projection d'une première du dernier "Batman", "The Dark Knight Rises". Celui-ci, étudiant en neurologie de l'Université du Colorado, présenté comme un solitaire, avait acheté plus de 6000 balles et cartouches sur internet ces deux derniers mois. Les quatre armes à feu saisies sur les lieux du massacre ont quant à elles toutes été achetées légalement. Il s'était aussi, apparemment, procuré tout un arsenal d'explosifs avec lequel il avait piégé son appartement. Il a fallu plus de 24 heures à la police pour neutraliser ce véritable champ de mines, à l'aide de plusieurs artificiers et d'un robot de déminage.
- de conduire pour l’un des cinq occupants d'une BMW, qui présentait des traces du choc qui ont été arrêtés une dizaine de minutes après le drame, survenu avenue de Flandre vers 19 heures, dans le XIXème arrondissement de Paris.
Ainsi, vous allez paisiblement au cinéma ou vous vous promenez dans la rue tranquillement et certains s’arrogent le droit de vous tuer. On m’objectera que dans le cas de James Holmes il y a préméditation alors que pour le chauffard il s’agit d’une imprudence, d’un excès de vitesse, d’un homicide involontaire sans intention de tuer. Le cycliste parisien que je suis n’en n’est pas aussi sûr. En effet, il m’arrive de plus en plus de voisiner avec des tueurs en puissance qui dans leurs grosses cylindrées, les petites aussi d’ailleurs, où leurs deux-roues à moteur, se comportent comme des bêtes sauvages. C’est la loi de la jungle. J’exagère à peine, la violence qui règne sur la chaussée est hors de proportion, démesurée, car je rappelle que tous ces bons Français ne font que se déplacer d’un point à un autre et qu’aucun enjeu sérieux ne motive cette folie de la vitesse, de l’incivilité.
Violence et irrespect des autres, nos sociétés dites civilisées génèrent des « tueurs en puissance » propres sur eux, bon père ou bonne épouse (malheureusement sur la chaussée la parité va dans le mauvais sens), jeune homme sans histoires qui rejoignent les petites frappes, les petits mâles mal élevés, les voyous de la pire espèce qui défouraillent sur tout ce qui bouge pour tirer un sac.
Comme je suppose que vous connaissez assez bien la situation de notre pays, Paris n’est pas une exception, je me permets de revenir sur ce qui peut apparaître l’exception américaine avec le fameux second amendement.
Dans notre bon vieux français amender c’est rendre meilleur. D’ailleurs pour moi le mot amendement a d’abord signifié chauler, fertiliser une terre et, bien plus tard, lors de mon passage à l’Assemblée Nationale, le jeu des amendements des parlementaires, en théorie, permettaient à ceux-ci de compléter voire d’améliorer le texte. Alors pourquoi diable aux USA, face à la prolifération des armes et la multiplication de véritables carnage comme pour le drame d'Aurora, qui a fait 12 morts et 58 blessés dans une salle de cinéma de cette ville de la banlieue de Denver, excipe-t-on le second amendement de la Constitution des USA pour ne rien faire ?
Ce fichu amendement, datant des pères de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique, n’est-il pas, en fait, un véritable pousse au crime pour des jeunes sans repères, nourris au lait de jeux vidéo hyper-violents dans une société elle-même violente ? Chez nous toute une génération nourrie au lait des séries américaines qui, si elle se retrouvait devant un juge français lui répondrait « Oui votre Honneur » ou s’imaginant en Gilbert Collard des prétoires américains bondiraient pour proclamer « Objection votre Honneur ! », doit avoir plus d’idées sur le premier et le second amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique que sur la Rafle du Vel d’Hiv.
Qu’est donc que cette histoire d’amendements auxquels nos voisins semblent tant tenir ? Principes de droit ou maintien de traditions obsolètes sous la pression du lobby des armes, la NRA, pour ce qui concerne le droit de détenir des armes.
Ces deux amendements font partie des dix amendements ratifiés en 1791 et connus collectivement comme la Déclaration des Droits (Bill of Rights). L'original du manuscrit du Bill of Rights, approuvé par la Chambre et le Sénat, fut préparé par l'écrivain William Lambert et est détenue aux National Archives.
Le premier amendement est un veritable mythe “Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof; or abridging the freedom of speech, or of the press; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the Government for a redress of grievances.” Il interdit au Congrès des États-Unis d'adopter des lois limitant la liberté de religion et d'expression, la liberté de la presse ou le droit à s'« assembler pacifiquement ».
Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique, « A well regulated militia being necessary to the security of a free State, the right of the People to keep and bear arms shall not be infringed. » est une forme de permis de tuer car il garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des armes. À l‘origine le droit de porter des armes dans le Bill of Rights fut influencé par la peur que le gouvernement fédéral puisse désarmer le peuple afin d’imposer des règles par l’intermédiaire d’une armée de métier ou d’une milice. Le deuxième amendement est le seul amendement constitutionnel qui a une clause préliminaire.
Donc voilà l’état des lieux qui, face à la sauvagerie des faits, devrait provoquer en cette période d’élections présidentielles aux USA un sursaut, un vrai débat. Pas si sûr !
La fusillade va-t-elle relancer le débat sur le port d’arme aux États-Unis ? s’interroge Stéphanie Fontenoy correspondante de la Croix à New York
« Chaque année, plus de 30 000 personnes sont tuées par armes à feu aux États-Unis. Une écrasante majorité (80 %) des Américains est attachée au Deuxième Amendement de la Constitution qui garantit le droit à la possession d’armes. Cet attachement fort à un acquis historique assure la toute-puissance de la NRA (National Rifle Association), le lobby des armes, et réduit au silence ceux qui s’y opposent.
À la suite du drame, le maire de New York, Michael Bloomberg est le seul élu à avoir réagi, appelant le locataire de la Maison-Blanche et son adversaire le républicain Mitt Romney à réagir au-delà des « mots de réconfort ». « C’est un problème bien réel. Indépendamment de leur position vis-à-vis du Deuxième Amendement, nous avons le droit de les entendre dire concrètement, et pas seulement à travers des généralités, ce qu’ils vont faire à propos des armes à feu. »
Un vœu pieux si l’on en juge par les antécédents : malgré la tuerie de Columbine en 1999, le Colorado compte toujours parmi les États les plus souples en matière de législation sur les armes à feu. »
Déjà, sous Bill Clinton après la fusillade de Wilkinburg, l'éditorial du New York Times, se lamentait «La nécessité de renforcer les lois sur le contrôle des armes n'a jamais été aussi évidente». Le constat était à peu près unanime dans les médias américains à la suite de deux nouvelles tragédies liées à l'omniprésence des armes à feu aux Etats-Unis. En 2011, 12 millions d'armes à feu ont été vendues aux Etats-Unis et l'industrie des armes représente environ 180 000 emplois et pèse 24 milliards de dollars, selon l'Association américaine des sports de tir. Certains s’interrogent : John Sugarmann, président du Violence Policy Center, « il y a des fusillades qui amènent les Américains à réfléchir à la violence par arme à feu, et celle [d'Aurora] pourrait en être une ».
L’exception américaine en est-elle vraiment une ? Sommes-nous à l’abri de ce genre de tuerie et plus généralement n’assistons-nous pas ces dernières années à une banalisation de l’utilisation d’armes de guerre dans les casses ou même les agressions. Ces armes ne sont certes pas en vente libre mais elles semblent relativement faciles d’accès grâce à un marché alimenté par des mafias et certains pays soutien des mouvements extrémistes. Cette prolifération est inquiétante mais bien caractéristique de l’impuissance des Etats à lutter contre des forces du marché qui profitent du laxisme des banques dans le blanchiment de l’argent sale (voir le scandale du groupe HSBC), des paradis fiscaux où cet argent prospère jusqu'à 25 500 milliards d'€ dans les paradis fiscaux : une étude destinée à calculer les montants cachés par les paradis fiscaux a été publiée par le groupe Tax Justice Network. Les actifs financiers dissimulés dans ses super niches" ont été évalué entre 21 000 et 32 000 milliards de dollars, ce qui équivaut entre 17 000 et 25 500 milliards d'euros. L'enquête ne prend pas en compte les actifs non financiers (or, biens immobiliers...). L'étude estime à 280 milliards de dollars (225 milliards d'euros) le manque à gagner pour les Etats en termes de revenus fiscaux. Tout un biseness qui profite à certains Etats qui ne sont pas forcément étiquetés comme voyous.
Sur le lisse de notre société aseptisée, d’apparence policée, tout glisse, la violence individuelle quel qu’en soit le niveau, le degré d’intensité s’intègre à nos modes de vie, elle fait partie de nos vies alors que plus rien ne la justifie pour ceux qui l’exercent qui ne sont en rien des damnés de la terre. On s’étonne ou l’on s’insurge, à juste raison, de l’impuissance de l’ONU face aux exactions de Bachar El Assad contre son propre peuple mais une forme d’indifférence molle plane sur la violence ordinaire qui s’exerce sous nos yeux. Les grandes boucheries du XXe siècle et son lot de génocides ont laissé la place à des boucheries régionales féroces et à des génocides qui ne disent pas leur nom. Dans nos sociétés en paix, inquiètes, adeptes du principe de précaution, hantées par des peurs de tous ordres, gérées par de grands systèmes intégrés, le bonheur privé devient une valeur refuge mais le vivre ensemble se délite face à la violence de nos comportements individuels dans les situations les plus banales, les plus ordinaires : traverser la chaussée ou aller au ciné…
Le chauffard soupçonné d’avoir tué dimanche soir une mère et sa fille dans le nord de Paris n’avait plus de point sur son permis de conduire. Il est connu des services de police pour « 22 faits », mais combien de chauffeurs normaux : livreurs fous, pilotes de scooters plein gaz gros culs, mecs qui se prennent pour des pilotes de F1, téléphoneurs en tout genre, gonzesses speedées en Mini Cooper, j’en passe et des encore pires, devraient se le voir retiré sans préavis, principe de précaution face à des tueurs potentiels. Attention les cyclistes ne sont pas des enfants de chœurs, surtout les Vélibistes à Paris, cependant je signale à ceux des motorisés de toute obédience qui mettent en avant leur comportement incivil pour justifier le leur que ces cons mettent d’abord en jeu leur propre vie et que le choc entre une conduite intérieure et eux tourne rarement à leur avantage.