Le calendrier des Postes fut longtemps un must absolu. En effet, depuis le début du XVIIIe siècle, les facteurs avaient l’habitude d’offrir, au nouvel an, un calendrier. Il fut appelé tour à tour almanach de cabinet, calendrier, calendrier de bureau, de comptoir, calendrier des postes et pour la première fois, en 1810, almanach des postes.
« C’est le 15 décembre 1849 que Edouard Thayer, directeur de l’administration générale des postes, autorise, pour la première fois, par une circulaire, les facteurs à distribuer ces calendriers pour leur compte. A partir de 1854, les calendriers imprimés par la maison Oberthur, sont distribués dans toute la France. Le premier septembre 1855, Monsieur Stourm, directeur général des postes, interdit, par la circulaire N°43, de proposer, à cette occasion, des publications hostiles au gouvernement. C’est à cette date que les calendriers reçurent l’appellation «d’Almanach des postes - Etrennes des Facteurs» En 1880, le calendrier changea d’appellation et devint « l’almanach des postes et télégraphes », puis prend le nom « d’almanach des P.T.T. » en 1945, avant de devenir « l’almanach du facteur » en 1989.
De nos jours dans nos grandes cités comme à la campagne le facteur, qu’on nomme maintenant préposé, ne vient plus vous distribuer le courrier en mains propres comme le faisait au bourg Pailler la factrice, dont j’ai oublié le prénom, grande consommatrice de café, colporteuse de tous les ragots, cuisse légère disait-on en dépit d’une plastique que je trouvais bien ordinaire, et qui se faisait régulièrement remonter les bretelles par le receveur du bureau de postes car elle terminait sa tournée à pas d’heure. Elle se coltinait le courrier du bourg dans une grosse sacoche en cuir ventrue et elle trimballait le pognon des mandats dans une petite pochette de cuir. On la plaignait « la pauvre… » et je connaissais par cœur la litanie de ses maladies, de ses malheurs...
Accroché dans la cuisine, à côté de l’éphéméride mural, vendu lui aussi par notre factrice, avec le chiffre du jour en rouge sur un papier blanc fin comme celui des cigarettes, il voisinait avec le calendrier du marchand de machines agricoles de mon père : les établissements Suaud. Pour sûr que nous n’ignorions rien de la fuite du temps. Mais le calendrier qui a fait mes délices fut celui que je découvris dans les affaires de mon frère : au lieu des paisibles bergères de celui des postes il proposait pour chaque mois des femmes pulpeuses et dénudées. Maintenant tout le monde se met à poils sur les calendriers même pour vendre des cercueuils link
Donc puisqu’on ne croise plus son facteur, même l’Olivier Besancenot qui ne fait plus beaucoup de vélo du côté de Neuilly, il faut aller chez sa concierge pour récupérer son calendrier. Les seuls qui font encore du porte à porte, à une heure tardive, pour vendre leur calendrier sont les Pompiers et les éboueurs. Ce sont leurs étrennes dit-on, j’espère qu’ils s’en servent pour faire la nouba et déquiller quelques bonnes quilles. Bref, tout ça pour vous dire que le titre de ma chronique « Je ne prendrai pas de calendrier cette année, car j’ai été très mécontent de celui de l’année dernière » est une citation d’Alphonse Allais que je trouve bien adapté à mon état d’esprit en cette fin d’année…