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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 00:09

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La guerre des prix fait rage sur nos murs : le Leader Price de notre Coffe national dégaine et se proclame « le moins cher ! », « le 1ier sur les prix » avec un caddie de 49 produits dit « essentiels du quotidien » il inflige un camouflet à ce ramenard de Michel Edouard et au Mammouth endormi qui positive à nouveau. Visuellement pour le passant pressé qui jette un œil sur les panneaux d’affichage : c’est la claque absolue, comme dirait les jeunes pousses : la honte ! Y’a pas photo les pourcentages claquent :

Leclerc : 22% plus cher avec un caddie à 85,16 euros

Carrefour 34% plus cher avec un caddie à 93,59 euros.

Leader Price se la pète grave avec ses 70 petits euros et ses 4 centimes.

Vous me connaissez moi on ne me la fait pas comme ça faut toujours que j’aille fourrer mon tarin là où il ne faut pas, en l’occurrence ici dans le caddie « le moins cher ! » pour savoir ce que sont pour les potes de Jean-Pierre Coffe les 49 produits dit « essentiels du quotidien » ?

Pour le vérifier c’est simple je les énumère :

1et 2 = du beurre doux et ½ sel

3 = crème fraîche

4 à 6 = des desserts (crème au chocolat noir, vanille, yaourts brassés aux fruits

7 à 15 = fromages (Coulommiers, Camembert moulé à la louche, Roquefort AOC, fromage le Délicieux, raclette en tranches, emmenthal râpé, Maasdam de Hollande en tranches, pointe de Brie)

16 à 25 = charcuterie (jambon supérieur avec couenne  par 6 et par 2, blanc de poulet, jambon supérieur découenné, saucisses de Strasbourg, lardons fumés, confits de gésiers, saucisse sèche courbée, saucisson sec, saucisson sec pur porc)

26 à 28 = conserves (maïs doux, tomates pelées, haricots verts très fins)

29 = sauce bolognaise

30 = huile de tournesol

31 à 32 = condiments (flacon d’échalotes et ciboulette)

33 à 36 = petit déjeuner (pain nature américain, brioche tranchée, pains au lait et chocolat, confiture de fraises)

37 à 38 = riz basmati et thaï

39 = crème de cassis

40 = cola

41 et 42 = café pur Brésil et pur arabica

43 = pavés de saumon

44 = steaks hachés 100% pur bœuf

45 = films étirables

46 = liquide vaisselle

47 = disques à démaquiller

48 = déodorant bille

49 = gel coiffant effet mouillé

 

Comme la réponse à ma question titre : « Y-a-t-il une bouteille de vin dans le caddie de JP Coffe « le moins cher du moins cher » chez Leader Price ? » est négative, avant d’y revenir quelques remarques.

La première pour de rire : je comprends que les communicants de Casino n’aient pas mis en avant Jean-Pierre Coffe sur l’affiche car c’eut été la première faille dans la crédibilité de la notion de produits essentiels au quotidien. En effet, le dernier produit : gel coiffant effet mouillé pour ce cher homme est bien évidemment essentiel à sa capillarité.

La seconde pour noter que les fromages et la charcuterie se taillent la part du lion dans le caddie : 19 produits mais pas de pain, sauf de l’américain, et rien à boire avec sauf du Cola. Mais que font les rigolos de la nutrition et du www.manger.bouger voilà de la pure fabrique « d’obèses et de malades ». Mais comme je suis seulement un défenseur du terroir cher à notre Jean-Pierre, pour la beauté du geste je vous communique les prix des fromages dit de qualité dans le caddie de JPC :

-         le camembert moulé à la louche : 1,55 euros (le calendos pur plâtre 1,14 euros)

-         le Roquefort qualifié d’AOC (je ne savais pas qu’il en existât du non AOC) 1,69 euros la part de 150 g

-         la pointe de Brie : 0,95 euros les 200g

La troisième est une question existentielle qui me ronge : peut-on vivre sans film étirable et disques à démaquiller ?

La quatrième est horrifiée pour le consommateur adorateur des pâtes alimentaires que je suis : comment peut-on exclure ce produit du caddie ? Est-ce parce que la compétition des prix eut tourné à l’avantage des 2 concurrents ? Je ne sais mais carton rouge à papy Coffe !

La cinquième et dernière concerne le vin : que celui-ci fusse de moins en moins sur la table au quotidien je veux bien en convenir mais alors pourquoi priver cette pauvre crème de cassis à 3,29 euros, considérée comme essentielle, de son compagnon naturel : le vin blanc ? Mystère ! Ou bien alors est-ce parce qu’il n’existe pas de vin estampillé Leader price ? Je ne sais mais comme me dirons certains la terre ne va arrêter de tourner parce que Coffe a oublié de glisser dans son caddie une boutanche de blanc qualité riquiqui...

Morale de l’histoire : dans le grand royaume du n’importe quoi dans lequel nous vivons ce genre de comparaison sur un supposé caddie représentatif du quotidien des français les as du toujours moins cher que moins cher prennent les consommateurs pour une cohorte de débiles profonds tout juste capable de se faire hameçonner par de gros pourcentages qui tuent. Ce n’est pas l’expression d’une saine concurrence mais celle d’un affaissement complet de l’économie ménagère qui, comme chacun le sait, est la seule économie de proximité qui vaille car elle permet de raccorder le consommateur au citoyen.

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 00:02

Jean-Claude-Boisset_200.jpg

 

Ce n’est pas une légende mais l’histoire d’un jeune homme de 18 ans qui en 1961, après son service militaire, décide de faire le négociant. De le faire pas n’importe où, en Bourgogne s’il vous plaît, et sans la plus petite connaissance de ce métier. Mais notre jeune homme a du nez, une Juva 4 m'a-t-on dit, 4 appellations dans son fond de commerce, un sens inné des affaires et du chemin qu’il faut prendre pour arriver : quelques mois après son installation il achète à crédit 50 ares de terres en friche de Gevrey-Chambertin et les replantent. Parti de zéro, comme on dit dans les sagas américaines, avec sa chemise et une Juva 4, le voilà cinquante ans après premier négociant bourguignon et n°3 français avec 265 millions d’euros de chiffres d’affaires. Dans notre vieux pays qui adore le small is beautiful, et envie la réussite, ça ne déclenche pas la sympathie ou l’admiration de monsieur et madame tout le monde – pour les plumitifs du vin je ne vous dis pas c’est pire que les raisins verts – qui préfère celle de Zidane ou du dernier minet ou dernière pouffette de la Star Academy. Ainsi va la vie dans notre belle France.


 juvaquatre-1.jpg

ce n'est pas celle de JCB mais celle de mes souvenirs de petit Vendéen...

 

Moi qui aime bien Jean-Claude Boisset je n’ai qu’un seul reproche à lui faire : de ne pas être devenu le n° 1 du vin français depuis sa base bourguignonne en filant au long du Rhône vers le grand Sud. Certes il l’a fait mais ceci est une autre histoire qui n’a pas été écrite et comme Jean-Claude ne m’a jamais demandé de devenir le DG de sa belle maison – grand bien lui a pris susurreront les perfides – je ne pousserai pas plus loin mes regrets. Nous en reparlerons ensemble, en tête à tête, et je connais la réponse de Jean-Claude Boisset. Pour une bonne part je partage ses analyses mais il n’empêche que dans cette fichue compétition mondiale, sur plan plus global ou au niveau régional, s’exonérer de toute réflexion stratégique, où la mener sans lui donner l’envergure nécessaire, c’est avancer à la petite semaine sans se soucier des grandes lignes de fractures qui se sont ouvertes et qui ne se sont pas près de se refermer. Comme j’ai l’impression de radoter, et que pour beaucoup l’horizon du vin reste borné aux acheteurs de la GD – que je respecte bien sûr – ou au ballet gentil des petits qui certes séduit mais reste et restera de l’épicerie fine.


jean-claude_boisset_logo.jpg

Photo_004.jpg

 

 

Après mes litanies habituelles, genre grand messe chantée, passons aux choses sérieuses : le Fixin Blanc de JCB. C’est du rare : les 3 ha de Chardonnay sont les seuls de l’appellation. 3000 bouteilles à vis, c’est à l’image de la nouvelle orientation impulsée depuis 2002 par la Maison Boisset. Approche « Domaine » avec des approvisionnements par contrats d’achat de raisins sur 40 ha. Du cousu-main, des petites cuvées de sept pièces en moyenne, c’est le domaine d’un jeune homme passionné, le souriant Gregory Patriat. Refléter au plus près le terroir, exprimer les caractéristiques du millésime, faire en sorte que la main de l’homme se fasse discrète et que le bois garde sa fonction originelle, j’aime bien ce dit Gregory « en général, j’aime les vins atypiques, qui bousculent les carcans et les idées reçues. Mes Pommards Premier Cru sont plutôt féminins, tout en dentelle, tandis que mes Savigny sont plutôt rustiques aux tanins mûrs et serrés. Le terroir nous les a offert dans ce style, conservons-le ! S’il est vrai que j’ai un penchant pour les vins très fins plein de fruit, de rondeur j’aime aussi qu’ils puissent défier le temps... »


Que voulez-vous ce a privatif me comble d’aise en jetant dans la géhenne la fameuse typicité mécanicienne des croskilleurs (lire ou relire ma chronique Le CAC 51 : le croskill de la qualité des vins AOC http://www.berthomeau.com/article-20287518.html ). Du haut de ses 35 ans Gregory jette la passerelle entre les 2 rives, innove en respectant la tradition, avance et il faut rendre hommage à Jean-Claude et à ses deux enfants Nathalie et Jean-Charles, de permettre à Gregory Patriat de jouer avec charme et simplicité sa partition sur le meilleur de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune.


Mais j’ai gardé, comme toujours dans notre pays de fines gueules, le meilleur pour la fin : le Saint Aubin Premier Cru en Remilly 2008. C’est un Côte de Beaune blanc 100% Chardonnay 65 00 bouteilles. C’est mon chouchou ! Comme dirait ma complice Margot j’en mettrais bien une caisse sous mon lit. C’est vif ! C’est frais ! C’est de la joie à l’état pur ! Moi j’aime ce type de vin droit sans raideur, fin comme un string sur une peau à peine vanillée par les premières caresses du Dieu soleil, tendre comme la caresse d’un zéphyr à la fin d’une chaude journée d’été, aérien comme une libellule et surtout qui sait si bien faire briller les yeux des filles du long des golfes clairs... Je m’emporte mais puisqu’il m’emporte pourquoi réfrènerai-je mes ardeurs épistolaires. Mais comme les bonnes choses ont une fin je ne puis m’empêcher, avec mon mauvais esprit habituel, de souligner que je viens de réaliser la « performance » de faire dans le small is beautiful à propos du numéro 3  du vin français. Mais rassurez-vous je garde dans ma besace un futur papier sur les Crémants Grand Terroir de Louis Bouillot et comme la Maison Mommessin officie dans le Beaujolais mon auto-mission Beaujolais « Grand Corps Malade » me permettra d’y revenir. Je rassure les membres de la Task-force je n’oublie pas le dossier mais je suis un peu charrette en ce moment alors patience et n’hésitez pas à me faire parvenir des munitions entre temps.

JCB_Btl_Saint-Aubin_1er_Cru_en_Remilly_2007.JPGTom-7321.JPG 

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 00:09

Pour tout produit de consommation, y compris le vin, conquérir ou séduire la classe moyenne, constitue un objectif prioritaire tant sur son marché domestique que sur ses marchés traditionnels d'exportation et surtout dans les pays nouvellement consommateurs. C'est la loi des grands nombres. Elle recèle les seules poches de croissance du marché.

La classe moyenne, la middle class, ce groupe social hétérogène et flou qui regroupe près d’un français sur deux, ça fait beaucoup de monde et pour Henri Mendras en 1988, lorsqu’il publie la Seconde Révolution Française, avec « l’émiettement des classes », la sociologie de la France se schématise en forme de toupie. Selon lui « hormis une petite élite (3% de la population) et une frange d’«exclus» (7%), la société française se regrouperait au sein d’un vaste centre. À côté d’une vaste «constellation populaire» rassemblant 50% de la population, H. Mendras dessine une «constellation centrale» (25%) en forte expansion, notamment les cadres. Caractérisée par une mobilité sociale intense, cette constellation serait un lieu d’innovations sociales qui se diffuseraient à l’ensemble d’une société aux frontières entre groupes moins rigides »

La bulle financière puis la crise en cours, sans remettre en cause ce schéma, ont bien évidemment à la fois resserré les frontières du noyau central, fait gonfler la frange des exclus et des précaires alors que l’élite « économique et financière » sortait du coup de torchon sans descendre vraiment de son inaccessible piédestal.

Ce préambule pour souligner que, pour un produit comme le vin, très souvent  considéré comme statutaire, marqueur d’une manière d’être ou de recevoir, l’examen des tendances qui animent ce «groupe central» est primordial et devrait aller bien au-delà des catégorisations simplistes des analyses marketing. En effet, au-delà du clivage pur des Catégories Socioprofessionnelles CSP, des strates de revenus, c’est le sentiment d’appartenance qui clive aussi les classes moyennes soit qu’elles se sentent déclassées ou en voie de l’être, soit qu’elles se surclassent en adoptant ou en copiant les codes des classes dites « supérieures. Les  grands médias : télévision et presse magazine, au travers d’émissions, de reportages ou de la publicité popularisent les signes extérieurs d’appartenance : vêtements, parfum, nourriture, voitures, logement, vacances qui, sous des formes «adaptées» descendent dans la rue. Le fameux positionnement des produits de marques par le prix, constitue le miroir que l’on tend à ceux et celles qui sont en quête d’une forme d’ersatz de reconnaissance sociale.

Tom-7161.JPGFort bien et comme ce qui est vrai pour la France l’est plus encore pour notre perfide voisine anglaise je fonce sur mon objectif quitte à ce que les grands prêtres du vin me traitent de déjanté, de conteur de n’importe quoi. Et oui que voulez-vous voir Kate Moss, au dernier festival de Glastonbury, «chaussée de bottes de chasse qu’on ne voyait autrefois que dans les prés boueux où se déroulent les courses de haies hippiques et qui sont en vente aujourd’hui dans les boutiques à la mode.» m’intéresse. Que le Barbour (blousons huilés ou matelassés des gentlemen-farmers) soit du dernier chic, que le tweed redevienne in, que les nœuds papillons et la moustache canaille reviennent en force chez nos jeunes voisins anglais n’appartenant ni à la gentry, ni à la noblesse, peut paraître dérisoire en ces temps de crise. Je peux en convenir aisément mais, par-delà l’écume de la mode classieuse, ce qui m’intéresse c’est ce qu’écrit dans le Guardian Andy Beckett.

Tom-7156.JPG« D’autres tendance récentes ont œuvré en faveur du renouveau du chic. L’écologisme et la demande de produits locaux ou artisanaux vont plus dans le sens d’un capitalisme distingué et terrien que dans celui de sa version urbaine et industrielle. Le renouveau d’intérêt manifesté par les consommateurs pour les produits typiquement britanniques, depuis les plats traditionnels jusqu’aux marques « patrimoniales », en passant par les vacances ventées au bord de la mer, a amené beaucoup de membres de la classe moyenne, consciemment ou non, à redécouvrir des goûts que les classes supérieures n’ont jamais complètement abandonnés »

C’est l’anti bling-bling mais sous une forme de retour « aux traditions », au terroir, aux confitures bio du Prince Charles grand défenseur des AOC à la française, mais sous une forme à l’opposé des codes bobos qui eux se veulent proches d’un petit producteur fantasmé. D’accord me diront certains mais tout ça se passe dans un pays où, dans la vie de tous les jours et la vie politique, comme l’écrit Andy Beckett « la question de la classe a toujours été une bombe à retardement. Le déclin de l’aristocratie n’a pas été suffisamment complet pour la désamorcer ». Les privilèges de classe et leurs signes extérieurs y ont toujours créé du ressentiment «beaucoup de ceux qui possèdent la terre sont les mêmes qui l’ont toujours possédée».

Certes j’en conviens mais pourquoi diable les tendances qui traversent la middle class british seraient pour nous vendeurs de vins français indignes de notre intérêt. Même si le chic tory n’est qu’une mode passagère chez nos voisins, l’observer, l’analyser, me semble la seule attitude professionnellement correcte. En effet, si nous voulons bien mettre notre mouchoir sur nos petites chapelles et prendre nos consommateurs pour ce qu’ils sont, nos vins de tradition française, en Angleterre tout particulièrement, peuvent redorer leur blason.

Pour illustrer mon propos je prends le cas des Bordeaux lié à l’Angleterre depuis un joli bail. Au lieu de nous bassiner ici avec leurs petits châteaux à 2 balles ne serait-il pas plus intéressant pour eux de lancer une offensive vers cette cible adepte du BCBG rural avec les cadets des grands châteaux du genre du magnifique Alter Ego de Palmer (voir un test comparatif http://test-comparatif.quechoisir.org/F-REF3286-Seconds-vins-de-Bordeaux/?f=_ ) because le prix qui tout en restant chaleureux est abordable pour des bourses moyennement remplies qui veulent se la jouer gentry. Ce serait des Bordeaux de middle class avec un vrai nœud paillon noué à la diable, chic et de bon goût, pas le ringard rigide des pubs des années 90 totalement cheap, style plouc endimanché. Ainsi la connexion, que l’on trouve dans la couture entre la haute et le prêt-à-porter, se ferait entre le grand luxe et le luxe abordable. Aucun de nos concurrents du Nouveau Monde ne dispose de ces atouts mais les stratégies les plus évidentes semblent hors de portée de la France du vin.

« De quoi qui s’occupe celui-là ! » Je m’arrête car je sens que j’énerve mes amis du CIVB. Je publie cette chronique, l'air de rien, après mon petit périple des primeurs, pour voir comme au poker. Et pour terminer ce papier sur une note d’humour bien français « y faut pas confondre les BCBG avec le BCG... »  comme le disait mon cousin Raymond et chez ces gens-là du côté de NAP «on dit merde mais pas mince et jamais bon appétit».

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 00:05

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Chose promise chose due et toute honte bue je vais vous distiller au jour le jour le contenu de mes carnets de dégustations. Avant, car j’adore les chemins de traverse, permettez-moi de vous présenter mon costume Victoire et de vous entretenir de ma passion pour les costars qu’on ne trouve pas dans toutes les armoires ! Bêcheur en plus l’ex « grand serviteur de l’État » reconverti en « dégustateur imposteur » : j’assume ! J’ai horreur des marques, alors comme vous pourrez le constater en lisant cette lointaine petite chronique d’octobre 2006 « Mon costar Kennedy » http://www.berthomeau.com/article-Mon costar Kennedy-NaN.html  je déniche des pièces qui, sans être rares, je n’en ai pas les moyens, ne se retrouvent pas sur les épaules de tous les gars que je croise sur le trottoir. Élitiste avec ça le gars : j’assume ! Donc j’ai mes adresses, j’y suis fidèle, et c’est le cas de Victoire qui se fournit chez des créateurs italiens. Donc 4 ans après mon Kennedy j’offre à vos regards ce nouveau costar Victoire. Il m’a coûté 460 euros. Je ne dis pas que c’est donné mais comme le précédent, si Dieu me prête vie, dans 4 ans il sera toujours d’attaque. Je ne jette rien. Je suis un conservateur. Pour moi les vêtements et les chaussures sont des investissements pas du produit de consommation jetable. Bref, je ne vous cache rien et pour finir comme j’adore aussi les minuscules anecdotes en voilà une, sans grand rapport avec mes vagabondages vestimentaires, mais qui m’a toujours fait sourire : c’est l’histoire d’un chef de cabinet d’un Ministre de l’Agriculture, Christian Bonnet je crois, qui prénomma sa fille Victoire suite à celle de son idole VGE en 1974. C’est beau comme l’enthousiasme, non !

 

Pour en revenir à ma dégustation, « Grandes Maisons Grands Crus », au château du Clos Vougeot, lors de mon Grand Jour de Bourgogne http://www.berthomeau.com/article-mon-grand-jour-de-bourgogne-l-histoire-d-un-degustateur-imposteur-en-beau-costume-victoire-48039806.html que j’ai réalisé à l’aveugle je vous livre, sans aucun commentaire car j’avoue que je n’ai aucune envie de m’emberlificoter dans des mots que je ne fais pas miens, mes préférences. Ils m’ont plu, séduit, intrigué, ébloui pour quelques-uns, pour que je les extraits d’une sélection de Grands Vins. C’est mon choix d’acheteur, rien que le mien  Tom-7320.JPG

22 Blancs

1 à 9 : Chablis Bougros, Les Preuses, Vaudésir, Valmur, Les Blanchots (2) tous 2008, Les Blanchots 2002

 Mon choix :

4 Chablis Valmur 2008 : Maison Jean-Marc Brocard

9 Les Blanchots 2002 : Maison Laroche

 

10 à 16 : Corton-Charlemagne 2008

 Mon choix :

10 : Maison Louis Latour

12 : Maison Seguin Manuel

15 : Maison Albert Bichot

16 : Maison Olivier Leflaive

 

17 à 22 : Chevalier Montrachet 2008 Batard Montrachet (4) 2008  et 1 2002

 

Mon choix :

19 : Batard Montrachet 2008 : Maison Jean-Marc Boillot

21 : Batard Montrachet 2008 : Maison Louis Jadot

22 : Batard Montrachet 2002 : Maison Jean-Marc Boillot

 

18 Rouges

 

 N°23 à 27 : Corton-Bressandes 2008, Corton-Renardes 2008, Corton-Grancey 2002, Corton 2002, Corton-Pougets 2002

 

Mon choix :

24 : Corton-Renardes 2008 : Maison Stéphane Brocard

25 : Corton Grancey 2002 : Maison Louis Latour

 

28 à 31 : Charmes-Chambertin 2008, Clos de la Roche 2008, Clos de Vougeot (2) 2008

 

Mon choix :

29 : Clos de la Roche 2008 : Maison Jean-Claude Boisset

 

32 à 35 : Echezeaux (2) 2008 Grands-Echezeaux 2008 et 2002

 

Mon choix :

32 : Echezeaux 2008 : Maison Albert Bichot

35 : Grands-Echezeaux 2002 : Maison Joseph Drouhin

 

36 à 40 : Charmes-Chambertin (2) 2002 Mazis-Chambertin (2) 2002 Chambertin Clos de Bèze 2002

 

Mon choix :

37 : Charmes-Chambertin 2002 : Maison Prosper Maufoux

 

MES PODIUMS

En Blancs :

22 : Batard Montrachet 2002 : Maison Jean-Marc Boillot

12 : Corton Charlemagne 2008 Maison Seguin Manuel

19 : Batard Montrachet 2008 : Maison Jean-Marc Boillot

 

En Rouges :

35 : Grands-Echezeaux 2002 : Maison Joseph Drouhin

29 : Clos de la Roche 2008 : Maison Jean-Claude Boisset

25 : Corton Grancey 2002 : Maison Louis Latour  

Tom-7335.JPG

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 00:09

Plus le temps passe plus je suis persuadé que la réponse à la question Le Vin à la française est-il irréductible au concept de marques mondiales est oui. Par vin à la française j’entends évidemment le vin conçu sur un modèle économique AOC ou appliquant des règles du même type. Pour exister, se développer en investissant dans sa promotion et sa distribution mondiale une marque de vin doit s’appuyer sur une ressource identifiée et maîtrisée par le metteur en marché. Étant entendu que si les concepteurs de marques veulent maîtriser cette ressource, la pérenniser sur le long terme pour accompagner le développement de leur marque leur intérêt bien compris est que les viticulteurs sourceurs en tirent des revenus pour en vivre et investir dans la modernisation de leur vignoble et de leur outil de vinification. Air connu donc mais ni les paroles, ni la musique n’ont changé en 10 ans. « Il faut que tout change pour que rien ne change... »

La brutalité de ma réponse va en étonner plus d’un mais les dix années qui viennent de s’écouler en ont fait la démonstration. En effet, les deux grands bassins de production que sont le Languedoc, avec les vins de pays d’Oc, et Bordeaux, avec son AOC Bordeaux, n’ont pas su ou pu servir de terreau à ce type de marques (dans une moindre mesure le bassin rhodanien avec une marque nationale identifiée : Cellier des Dauphins a lui aussi fait du sur-place avec les conséquences que l’on connaît).  J’ose même écrire, et les chiffres me donnent raison, que nous avons régressé et que nous serons, dans la présente décennie, dans l’incapacité de profiter, pour certains types de vins, du développement de la consommation mondiale. Comme dirait l’autre : la messe est dite et je ne vois aucun signe tangible d’un retournement de cette situation.

Certains se réjouiront de voir l’hydre du vin dit « industriel » s’éloigner de notre vieux pays pétri de ses traditions viticoles et estimeront que le modèle artisanal suffira à assurer l’essentiel de nos ventes tant sur le marché domestique qu’à l’exportation. C’est vrai pour la part la plus authentique de nos appellations d’origine et de certaines IGP bien positionnées mais, pour celles moins bien identifiées, en mal de notoriété, au profil de vin mal adapté à la demande, l’horizon déjà peu clément me paraît plein de menaces. D’où me vient ce pessimisme ? De l’observation de l’évolution de notre marché domestique sur ce type de vins. Il rétrécit certes mais surtout les deux grands acteurs qui y opèrent sont dans l’incapacité de jouer dans la cour des grands, c’est-à-dire d’imposer aux distributeurs des marques nationales répondant aux codes régissant les marques des grands produits de consommation.

Je ne vais pas pousser plus avant mon analyse car le format d’une chronique ne s’y prête pas. De plus je ne vais pas non plus jouer au grand stratège donnant des conseils aux deux groupes, Castel et Grands Chais, qui se tirent la bourre sur notre beau territoire en jouant la carte du développement externe en rachetant des négociants régionaux, part de marché dans la GD oblige. Le premier, après avoir racheté la SVF puis Nicolas, s’est taillé la part du lion sur notre marché domestique (même si cette part reste modeste au regard de ce que l’on constate dans d’autres secteurs alimentaires) et le second s’est d’abord construit, avec sa marque JP Chenet, à l’international. Bref, nos deux locomotives généralistes peinent à traduire leurs puissances respectives sur le marché mondial.  La première, en dépit de résultats significatifs  à l’export, reste sur le modèle des marques de son pré-carré français sans pouvoir les internationaliser. La seconde peine à donner à sa marque emblématique un réel contenu et un positionnement de marque mondiale en étendant son sourcing à d’autres bassins de production que l’Oc et le Gers.

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Rien de très bouleversant et de très neuf dans ce que je viens d’écrire. Alors, pourquoi me direz-vous ce soudain pessimisme ? Ça va vous surprendre : la vision sur un panneau d’affichage de la campagne de publicité de la marque Blaissac distribuée par la SVF « Un Bordeaux à la hauteur, en toutes circonstances ». Manifestement vous ne voyez pas le rapport entre les 2 et il va falloir que je m’explique. Tout d’abord soyons clair : qu’une marque de vin s’affiche sur les murs de Paris c’est si rare qu’à priori on ne peut que s’en réjouir. La notoriété de la marque Blaissac ne dépassant pas les travées de la GD il ne faut pas être grand clerc pour comprendre les motivations des gens de la SVF : conforter et développer leur place dans les linéaires des hypers et des supers. Fort bien, développer ses ventes est l’essence même du métier de négociant. Cependant je m’interroge : quelles sont à Bordeaux les marques concurrentes de Blaissac ? Essentiellement : Baron de Lestac et Malesan qui sont des marques, tout comme Blaissac, du groupe Castel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : «10 Millions de cols/an pour Baron de Lestac, 6 Millions pour Blaissac, 6M pour Malesan... » c’est du lourd. Saine émulation entre marques ou stratégie sous pure contrainte des désidératas de la GD ?

L’histoire et l’origine de ces marques : de Lestac pure création de Castel (anagramme comme Chanau du groupe éponyme), Blaissac vient du portefeuille SVF et Malesan provient du rachat des marques vins de Bernard Magrez, apportent la réponse : pour ne pas voir sa part de marché globale baisser le maintien des 3 marques est vital. Arguer de différences de positionnement prix, du contenu des bouteilles, pour ce type de produit générique ne me semble pas très pertinent. Et c’est là que les athéniens s’atteignirent : dans la logique d’investissement publicitaire lourd les géants de l’agro-alimentaire compactent leurs marques pour les mondialiser : voir Danone, Nestlé, Unilever... Dans le vin français c’est mission impossible. Avec ses presque 25 millions de cols de Bordeaux générique le groupe Castel pourrait, bien plus qu’il ne peut le faire avec ses 3 marques, générer suffisamment de valeur derrière une marque unique et ainsi espérer la mondialiser. Ce que j’écris n’est qu’un constat et non un jugement de valeur sur la stratégie du groupe Castel. Être fort sur son marché domestique, pas en nombre de cols vendus, mais en puissance de feu générée, permet d’investir dans l’internationalisation de sa marque. Le marché français du vin ne le permet pas, et ne le permettra pas plus dans l’avenir, alors comme je l’ai déjà écrit : la messe est dite ! Ne sortez pas vos mouchoirs trop de larmes seraient des larmes de crocodiles, comme le dit le professeur Pitte : « laissons ces vins là aux va-nu-pieds, ils sont indignes du prestige de nos vins à la française... »

 

Note en bas de page : l'affiche est très codée France du bon goût : pain et fromages, là-dessus rien à redire, ce que j'adore sur l'étiquette de notre Blaissac c'est la mention signée par l'intéressé «mise en bouteille dans nos chais par Valensac Morency » (de mon temps à la SVF le Valensac était une de nos nombreuses marques, elle semble toujours exister chez SVF pour  un St Emilion, un Médoc et un AOC Bordeaux). Dernière remarque : la mention élu produit de l'année de 2010 ça me fait sourire mais bon c'est ainsi que va la vie dans la consommation d'aujourd'hui...

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 00:09

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Cette année je m’émancipe. Je joue solo, ou presque. Petite auto louée avec difficulté à l’aéroport de Bordeaux – mon secrétariat, c’est-à-dire moi-même, faisant tout au dernier moment, les loueurs ne me proposaient que des camionnettes – adjonction d’un GPS et me voilà engagé dans ma campagne « primeurs ». Mon temps étant compté j’ai décidé de ne pas me coltiner, comme l’année passée, tous les podiums proposés par l’Union des Grands Crus Classés : Smith Haut Lafitte (pour les Graves et Pessac-Léognan), Beau Séjour Bécot (pour les Saint Emilion), Gazin (Pomerol), Cantemerle (Médoc, Haut-Médoc, Moulis, Listrac), Desmirail (Margaux), Batailley (Pauillac, Saint-Julien, Saint-Estèphe), Dauzac (Sauternes, Barsac). Donc programme à la carte sous un ciel plombé qui balançait des seaux d’eau à tout propos.

Même si je ne suis pas un adepte du golf, même si les aventures de ce pauvre Tiger Wood contraint par la bien-pensance étasunienne à subir une cure de désintoxication de son addiction au sexe – belle piste pour nos « amis » de l’ANPAA toujours à la recherche de galette pour arrondir leur fonds de commerce – m’ont passionné, j’estime que la notion de handicap s’applique assez bien à mes parcours dégustatif. En effet, le Scratch Score Standard permet d’évaluer la difficulté d’un parcours : en clair pour un joueur possédant zéro de handicap si le SSS est inférieur au par, le parcours est considéré comme facile et, si le SSS est supérieur au par, le parcours est répété difficile. Si vous n’avez rien compris tant pis ma comparaison n’ayant d’autre objectif que d’illustrer ma position de dégustateur systématiquement sous le par.

Comparaison n’étant pas très souvent raison je ne remettrai pas sur le feu mon projet d’évaluer les « dégustateurs » qui a déjà fait un flop en 2006 avec une chronique « Agence de notation »  http://www.berthomeau.com/article-4052466.html, flop amplifié par la crise financière qui a largement discrédité ce type d’institutions. Pour revenir à moi-même, ce qui en soi est un vaste programme, face aux podiums des GCC je suis bien démuni. En effet, beaucoup de mes éminents collègues dégustateurs patentés, dont l’ami Michel Smith qui qualifiait récemment, dans une chronique au vitriol, l’exercice de comédie http://www.les5duvin.com/article-la-comedie-des-primeurs-47330780.html, estiment que ce type de dégustation n’a pas lieu d’être car elle repose sur un produit en devenir. Vous vous doutez bien, eu égard à ma situation très nettement au-dessous du par, que je ne vais pas m’immiscer dans la contreverse. Cependant, les plus futés ou les plus perfides m’objecteront que, si je me rends en grandes pompes aux primeurs c’est que j’estime l’opération digne d’intérêt.

La réponse est, absolument oui ! Je m’en explique en vous posant une question : « à quoi servent les défilés de mode des grands couturiers à Paris ? » La réponse est d’une simplicité époustouflante : « à vendre des griffes ! » Qui pourrait, en effet, croire que toutes ces jeunes filles anémiques, avec leur démarche en double 8, leur hyper-sophistication, déambulent sur les podiums pour seulement présenter des vêtements improbables ? Personne, je l’espère ! Le but est de créer un évènement pour le buzz. Les « baveux » de stricte obédience s’assemblent au long des podiums en grappes, minaudent, cancanent, pérorent pendant que les télévisions absorbent comme des éponges leurs commentaires éculés pour soutenir leurs images convenues. C’est génial ! Le retour sur investissement, en dépit du coût des squelettes ambulants, est maximal. Alimenter la noria médiatique tel est le but de ce cérémoniel sans grande originalité. Pour pimenter l’opération, bien évidemment, quelques pincées de pur people aux premières loges donnent une touche supplémentaire (j’ai adoré la promotion du Raphael Einthoven cette année). C’est du commerce. C’est du buiseness. Je comprends parfaitement que les puristes se drapent dans leur dignité d’esthète outragé, mais, sauf à entrer dans les ordres et de se vêtir essentiellement d’une robe de bure et de sandales de moines, je n’ai pas de produit de substitution.

Donc, pour moi l’opération primeurs à Bordeaux est le support obligé de l’entretien et de la promotion de la griffe GCC, de sa notoriété. Le rituel et le cérémoniel des dégustations ne sont là que pour servir de trame et je trouve ça très bien ainsi. Comme disait ma mémé Marie « on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre... » alors pourquoi diable, dans un monde où les amateurs poussent, dans des pays en plein boum économique, comme des champignons, se priver à Bordeaux de l’attrait des grands châteaux de Bordeaux ? Que ce soit de la frime, du snobisme, du je ne sais quoi, peu me chaut ! L’important dans l’affaire des primeurs c’est que les acheteurs de vin du monde entier fassent le déplacement. Sincèrement cher Michel ça n’enlève aucun client aux vaillants et méritants vignerons du Languedoc. Dans le grand opéra du vin français, qui a aussi des allures d’opéra-bouffe, la construction de la notoriété des uns ne passe pas par la minoration de la notoriété des autres. Notre intérêt bien compris, celui des vignerons en priorité, c’est que chacun de nos vignobles se forge, avec les moyens qui lui semblent les plus adaptés, ses codes et sa manière. Que nos amis bordelais insupportent certains d’entre vous je suis le premier à le reconnaître mais, pour autant, leur capacité d’attraction est un atout pour la France du vin.

Bref, mon périple au bord des podiums des primeurs s’est déroulé en 3 actes :

1-      la dégustation Médoc au château Batailley en compagnie d’une vraie dégustatrice : Anne-Laurence, puis déjeuner dans les chais de Batailley en compagnie de l’œnologue Eric Boissenot ;

2-     une dégustation « en ligne » de l’échantillonnage le plus complet des GCC primeurs dans un lieu tenu secret, puis cap sur l’extrême pointe du Médoc pour un dîner amical ;

3-     le lendemain 3 rendez-vous : à Mouton avec Philippe Dhalluin,  à Cos avec Jean-Guillaume Prats, à Palmer avec Thomas Duroux, ensuite quartier libre pour le « dégustateur imposteur en costume Victoire ».

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Le contenu de mes notes attendu avec angoisse par la place de Bordeaux vous sera révélé ultérieurement, sans doute en même temps que la réalité de mon beau costume Victoire. Pour l’heure quelques notes d’ambiance de la plus haute importance :

-         à Batailley j’ai discuté avec Philippe Casteja et le DG de la Caisse de Crédit Agricole d’Aquitaine Guy Château de mon projet de Fonds d’Investissement Vin. Je suis incorrigible !

-         pour faire sourire Michel, comme j’adore les comédies avec les portes qui claquent, les maris trompés qui sortent par la fenêtre, les amants dans le placard à balais et la petite bonne qui a un chemisier échancré... je propose la scène suivante : le monsieur rentre chez lui fourbu d’une longue journée de dégustation primeurs et madame, soupçonneuse et jalouse, lui demande à brûle pourpoint : « montre-moi tes mains ! » puis « ouvre la bouche ! » et devant le côté immaculé des divers instruments dégustatifs de son époux légitime lui déclare « dans tes commentaires évite de parler de bouche tendue ça ferait jaser toute la place de Bordeaux ! »

-         les 24 GCC Médoc de Batailley étaient presque tous de très belle tenue, parole d’expert !

-         le déjeuner assis à Batailley était simple et de bon goût. Bravo ! Nous avons conversé  

-         au dîner l’omelette aux cèpes était succulente et j’ai passé avec bonheur le petit test des 2 vins carafés celui du propriétaire et un GCC, y'avait pas photo même pour un Ostrogoth de mon espèce ce qui aurait, sans aucun doute, ravi François le Débonnaire.

-         le lendemain je me suis perdu dans Pauillac mais ensuite, une fois sauvé des eaux, j'ai pu converser avec Philippe Dhalluin, l'homme des châteaux  de la grande maison Philippe de Rochschild, c'est ainsi que je fais ma petite pelote de chroniqueur. Merci pour l'accueil.

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-         J’ai croisé Caroline Notin à Mouton, heureusement qu’il y en a des qui travaillent eux... Goûté le Petit Mouton et le seigneur du lieu (j'avais goûté à Batailley Clerc Millon et d'Armailhac) oserais-je écrire sur le sujet ? Mystère, je réfléchis. Et si je devenais par la grâce de mon inconscience le Bob Parker made in France ? 

Tom-7325.JPG -         la discussion off avec Jean-Guillaume sur un de mes sujets favoris « la politique » me conforte dans l’idée que ma zone d’excellence se situe plutôt dans ce registre que du côté des GCC. Goûté les Pagodes de Cos et le Cos bien sûr. Voir les réflexions ci-dessus : mon imagination n'a jamais eu de limite est-ce que mon impudence les franchira ? 

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-         ai croisé un lecteur lors de mon passage à Palmer, Thomas Duroux me semble représenter une génération qui saura ouvrir de nouvelles fenêtres pour le vin. Ai goûté Alter Ego puis le Palmer. J'ai beaucoup aimé l'approche de Thomas Duroux sur la conception de son second vin et nous sommes convenus de nous revoir. Peut-être que je vais franchir le pas 

-         à la Winery d’Arsac,  rien que pour me faire pardonner auprès de Michel d’avoir joué la comédie des primeurs j’ai sifflé un verre de Bergeron de Savoie 2004 cuvée tradition de JP et JF Quénard de Chignin mais maman a du me faire les gros yeux d’en haut puisque je me suis tapé un steak frites alors que nous étions le vendredi saint...

- la suite de mon périple fait parti de mes petits secrets d'arpenteur de terroir en semelles de crêpe. 

-         au retour l’avion d’AF était plein et il pleuvait dru sur Paris...

à bientôt sur mes lignes... et si vous voulez lire des commentaires intelligents sur les Primeurs 2009, en attendant les miens qui eux seront ni fait, ni à faire, je vous conseille de lire sur Rouge, Blanc, Bulles : « Rencontre avec les 2009 » d’Anne-Laurence http://rougeblancbulles.blogspot.com  

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 00:01

Mon raisonnement est d’une simplicité biblique : un gars : Pierre Chanau, qui embouteille tout ce qui suit ci-dessous à la propriété, soit 18 appellations d’origine différentes, c’est un monsieur qui a beaucoup de propriétés donc c’est un gros vigneron.


Qui est Pierre Chanau
envoyé par Miss_GlouGlou. - L'info internationale vidéo.

 dans les rouges : un Côte du Rhône Villages 2007 2,27 euros (par lot de 3), un Gaillac 2007 1,99 euros (par lot de 6), un Côtes du Roussillon Villages 2008 3,95 euros, un Anjou 2008 2,92 euros (5 bouteilles achetées une gratuite), un Chinon 2008 3,25 euros (5 bouteilles achetées une gratuite), un Touraine 2008 2,25 euros (par lot de 6), un Bourgogne 2008 4,13 euros (par lot de 6), un Beaujolais Villages 2008 2,80 euros (par lot de 6),

2) dans les rosés : Corse 2009 2,30 euros (par lot de 3), un Côtes de Provence 2009 2,71 euros (par lot de 6), un Cabernet d’Anjou 2009 2,19 euros (par lot de 3), un Rosé de Loire 2008 2,33 euros (par lot de 6),

dans les blancs : un Bourgogne aligoté 2009 3,67 euros (par lot de 6),  un Chablis 2007 6,25 euros (par lot de 6), un Bergerac 2009 2,46 euros (par lot de 6), un Pacherenc Du Vic-Bilh 2007 4,99 euros, un Alsace Pinot gris 2007 3,54 euros (par lot de 6)

dans les effervescents : un Crémant d’Alsace 4,34 euros (par lot de 6)

Bien sûr, je me pose la question ce Pierre Chanau est-il le cousin germain de Jean-Pierre Chenet et le beau-frère d’Augustin Florent ? Je n’en sais fichtre rien et je ne vais pas mettre un privé sur le coup. Cependant, même si je n’ai pas vérifié, ces deux cocos là je suis à peu près sûr qu’ils n’embouteillent pas à la propriété y doivent se contenter de le faire, au mieux, dans la région de production.

Bref, notre brave Chanau, du moins en apparence, n’a pas de château à Bordeaux ni de propriété en Champagne. Mais bon, à Bordeaux c’est facile de s’annexer un ou plusieurs petits châteaux ce n'est pas ce qui manque (mon petit doigt me dit que le Bordeaux Supérieur 2008 Versant Royal à 2,99 euros qui est aussi au catalogue, sans être un fils naturel de Ségolène n’en serait pas moins un parent proche de Pierre Chanau). Du côté de la Champagne je ne suis pas sûr que le Comte de Perrey à 8,95 euros ait bien tous ses quartiers de noblesse, et que le Georges Lacombe à 11,90 euros, qui par bonheur ne se prénomme pas Lucien, ne soit pas un parent proche de son épouse qui elle n’est pas la Veuve Emile à 13,90 euros puisque, que je sache, Pierre Chanau n’est pas veuf (je n’ai pas reçu de faire-part en ce sens).

Une grande satisfaction pour moi c’est l’irruption de Lucienne Michel, qui n’a aucun lien de parenté avec Louise mais qui, en tant que cousine remuerait du germain avec notre Pierre, avec son BGO 2006 à 2,60 euros. Oui mes amis, celui qui va disparaître parce que je l’ai sans doute mal défendu (lire une splendide et vibrante chronique du 11 avril 2008 « BGO : tempête sur les tonneaux… » http://www.berthomeau.com/article-18610677.html )

Vous me suivez j'espère. Là je cause comme dans ma Vendée profonde où la déclinaison des parentèles faisait partie des fondamentaux de toute bonne conversation. Reste le cas étonnant de ce catalogue c’est l’absence de Chanau en Languedoc : comment un type aussi astucieux que ce Chanau n’a-t-il pas de vignes dans notre Californie française ? Rassurez-vous chers lecteurs, notre Pierre Chanau y trouve des vignes où il veut comme il veut auprès de ceux qui le veulent bien ou qui ne peuvent pas faire autrement. Ainsi ce Corbières 2007 Johan du Barrou à 2 euros ne serait-il pas un bâtard de notre Pierre Chanau tout juste baptisé pour la circonstance ? Je ne sais, et je ne vais pas continuer longtemps de m’interroger sur l’arbre généalogique du Comte d’Orgeval un Cahors 2008 à 2 euros qui, me dit-on, à provoqué en duel le Baron de Lestac de Bordeaux, ou m'emêler les neurones sur L’extravagant de Fitou 2005 à 3,25 euros qui n’est pas le sobriquet d’un président de cave coopérative bien connu en Fitounie, ou bien encore me faire du mauvais sang à propos de l'inquiétant abbé Dom Balaguere un Ventoux 2007 à 2,99 euros qui n’est pas le lointain parent d’un certain Pérignon, car vous vous doutez bien que j’y perdrais mon latin.

En écrivant ce que j’écris je ne stigmatise en rien ce pauvre Pierre qui, après tout, fait son boulot aussi bien que ses concurrents et, comme mon suspens est éventé depuis le début auprès d’esprit aussi avertis que les vôtres, je laisse au guide Hachette le soin de lever le voile avec un Lirac PIERRE CHANAU 2005 Vin très réussi « La marque d'Auchan, qui propose de nombreuses appellations. Son Lirac est élaboré par la maison Skalli. Grenache, syrah, mourvèdre et cinsault sont assemblés dans ce vin grenat intense au nez de fruits rouges et de sous-bois. L'attaque gourmande prélude à un palais équilibré, rond et fondu où un boisé vanillé souligne un fruit persistant. À servir dès maintenant sur un pigeon aux olives, par exemple » Donc ici c’est l’ami Bob qui s’y colle, là ce sera telle coopérative, là-bas de tel négociant.

Au regard des prix pratiqués dans le nouvel hypermarché AUCHAN Okabé du Kremlin-Bicêtre pour son ouverture le 25 mars je peux écrire que les vins de notre Chanau sont des prix de négos tirés au cordeau :

-         de 1,99 euros à 2,99 euros : 9 vins

-         de 2,99 euros à 3,99 euros :5 vins

-         de 3,99 euros à 4,99 euros : 3 vins

-         plus de 5 euros : 1 vin.

Je ne vais pas entonner le nième couplet sur la GD Hervé Lalau le fait très longuement et très passionnément sur son blog « Les Chroniques Vineuses »http://hlalau.skynetblogs.be/post/7793369/et-si-on-parlait-de-la-grande-distribution . Moi je vais me contenter d’ironiser sur le goût très prononcé de nos grands épiciers pour les noms patronymiques qui rassurent le chaland. L’adjonction de la mise propriété ou au domaine ou au château qui enracine dans le terroir le pékin ou la veuve au nom de fantaisie prête à sourire car elle n’est un gage de rien du tout n’en déplaise à ceux qui disent que c’est un gage d’authenticité. La mise pour le compte de est un fait, ce qui importe en l’espèce c’est la qualité du process qui ne transforme pas un vin quelconque en un vin authentique mais qui peut aussi massacrer un vin de bonne qualité. Se cacher derrière son petit doigt ou plus précisément derrière des vessies que l’on fait prendre pour des lanternes relève d’une forme d’infantilisation des consommateurs.

Alors vous comprendrez mieux que je me daube des fameuses marques dites de distributeur pour ce qui concerne le vin http://www.berthomeau.com/article-reflets-de-france-c-est-dans-les-vieux-pots-qu-on-fait-le-meilleur-vin-46481278.html et que dans une toute prochaine chronique je vais revenir sur le cas d’une marque de vin qualifiée elle de nationale.

 

Les acolytes - je n'ai pas écrit les alcooliques - de Pierre Chanau sont :

- Frédéric Botté : acheteur bourgogne, Beaujolais, Alsace, Jura, Savoie, effervescents;

- Mark Kreswell : acheteur vins étrangers, Loire et Sud-Ouest;

- Fabrice Matysiak : acheteur Bordeaux;

- Paul-Edouard Pinte : acheteur Provence, Corse, Languedoc-Roussillon et Vallée du Rhône.

Vous avez tout loisir de leur demander de rencontrer leur chef vénéré Pierre Chanau. J'ai son numéro de portable mais je ne peux le divulguer car je ne désespère pas qu'il acceptât un jour de répondre à mes 3 Questions...

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 02:02

Monsieur le Maire, cher Bertrand Delanoë,



Paris, votre ville, la mienne aussi, au XXe siècle a rayé de sa carte tous ses fiefs de marchands de vin. C’est regrettable pour la capitale de notre beau pays qui se veut le Pays du vin. Bordeaux, me direz-vous, de part le prestige de ses Grands Crus Classés, s’est arrogé ce titre de capitale du vin. J’en conviens mais, Paris restant Paris, l’afflux de nos concitoyens et de visiteurs étrangers comme au Salon International de l’Agriculture en témoigne, ne pas imaginer sur son territoire une présence emblématique du vin constitue à mon sens une grave erreur préjudiciable au rayonnement international d’une activité qui a démontré sa capacité de conjuguer avec bonheur tradition, vitalité et variété de nos territoires ruraux et capacité à affronter la mondialisation.

Avant de pousser plus avant ma démonstration quelques mots sur les anciens fiefs de marchands de vin à Paris. Rappelons-nous. Tout d’abord sur la rive gauche, quai Saint-Bernard, à quelques encablures de l’Île de la Cité : La Halles aux vins, implantée depuis 1666, et qui a laissé la place au campus de Jussieu dans les années 70 lorsque les Universités parisiennes furent dotées, suite à mai 68, par la grâce d’Edgard Faure, de numéros en chiffres romains et, qui en 1987, sur l’emprise la plus proche de la Seine, a accueilli l’Institut du Monde Arabe. Sur la rive droite, l’ancienne commune de Bercy, partagée en 1660 entre Charenton et Paris, où des entrepôts de vins s’étaient installés dès le XVIIIe à l’extérieur de la barrière de l’octroi de la Rapée, restructurés par Viollet-le-Duc, Bercy sera jusqu’au milieu du XXe, en dépit d’une réputation sulfureuse pas toujours justifiée, un haut lieu du vin. Après une longue résistance des marchands de vin, de ce lieu mythique, il ne reste plus, ou presque, que le nom d’une station de Métro : Cour St Émilion.

72.jpgRien de plus normal me direz-vous, nos vins sont, pour la plupart, mis en bouteille dans leurs régions de production et la mise à la propriété est un must pour beaucoup de vos administrés amateur de vin. Donc plus besoin de péniches, de tonneaux, d’entrepôts, de tireuses, de casiers, de flottes de camionnettes, de flopées de petits épiciers pour que le jaja arrive jusque sur les tables parisiennes. Le gros rouge, la boisson totem magnifiée par Roland Barthes dans Mythologies, et Nectar, l’emblématique caviste de la maison Nicolas, dessiné par Loupiot, ont vécu alors comme le disaient les murs de Paris en mai 68 « Laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes » et libérons notre imagination !

NICOLAS.jpgPermettez-moi tout d’abord, monsieur le Maire, de vous proposer un lieu emblématique pour implanter une « City Winery » à Paris. Comme je suis un citoyen-électeur soucieux, et des finances de la ville, et du rayonnement de notre ville-capitale, ma proposition se permettra, si je puis m’exprimer ainsi, de vous ôter une épine du pied.

Dans un premier mouvement j’ai pensé au 104, www.104.fr, grand et magnifique vaisseau, qui peine à trouver  son ancrage et des passagers. Trop excentré, trop loin du cœur de la ville, à choisir faute de mieux.

Et puis, chemin faisant, le souvenir du plus illustre de vos prédécesseurs, acteur et héritier d’un Pompidolisme qui aimait tant raser et bétonner, m’a mis la puce à l’oreille. En effet, je me suis dit, cet homme grand cajoleur du cul des vaches limousines, à deux faits d’armes à son actif : l’éradication du Bercy pinardier et surtout le comblement du fameux Trou des Halles. Belle performance que d’avoir transformé l’ancien ventre de Paris en une forme de trou du cul de Paris. Cette horreur architecturale, digne de l’urbanisme commercial qui sévit aux lisières de nos villes, est devenue un cloaque commercial, un non-lieu, un ensemble vide que vous voulez, Monsieur le Maire, rénover, faire revivre donc !

Bonne pioche pour un projet tel que celui de l’implantation d’une « City Winery » à Paris, en plus c’est à deux pas du Centre Pompidou qui, avec sa tripaille multicolore exposée aux regards, prend parfois des allures d’une Winery toute droit sortie du geste provocateur d’un architecte en état d’ivresse créatrice.

Mais qu’est-ce donc que cette « City Winery » ?

Un projet qui devrait séduire votre adjoint à la Culture Christophe Girard ! C’est un chai de 2000 m2 situé à Soho’s Hudson Square, à deux pas de Wall Street, au sud de Manhattan, donc en plein cœur de New-York-City, Big Apple, www.citywinery.com Mais c’est plus qu’un chai. Son concepteur, Michael Dorf un producteur de musique, a voulu faire de ce lieu un véritable creuset alliant tout ce qui touche à la culture urbaine d’une ville qui ne dort jamais. En effet, comme l’écrit César Compadre dans le journal Sud-Ouest « City Winery combine 4 composantes : un chai où le client peut élaborer son propre vin, une salle avec une scène surélevée pour des concerts, un bar à vin et un restaurant, enfin l’organisation de soirées privées ou d’évènements comme des mariages. Le lieu (rez-de-chaussée et sous-sol) est ample et élégant comme un grand loft avec hauteur sous plafond, couleurs chaleureuses ton bois clair, structure métallique au plafond et 300 places assises. »

Décoiffant monsieur le Maire ! Limite border-line mais si en phase avec un beau paquet de vos administrés enserrant ce quartier. Imaginez l’impact d’un tel projet sur nos visiteurs japonais, chinois ou même étasuniens, les Halles retrouveraient leur attraction première. Je m’enflamme mais, m’objecterez-vous, pourquoi diable me faire l’avocat d’un projet qui n’existe que dans ma tête éruptive ?

Faute à son Excellence Charles H. Rivkin Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique qui m’a convié, en sa résidence privée du 44, Faubourg Saint-Honoré, à quelques encablures de l’Elysée, à une petite sauterie de producteurs de vins américains. Comme je suis un garçon simple j’y suis allé à vélo, le mien pas l’un des vôtres qui, entre-nous, font un peu trop livreur de pizza. Après les contrôles d’usage, en un lieu où nos amis étasuniens parlaient tous l’américain – et dire que l’on moque les français qui ne parle que le français quand ils veulent aller vendre du vin aux étasuniens – j’ai eu soudain l’extrême plaisir d’entendre, derrière une table, un gaillard jovial s’exprimer dans notre dialecte menacé. Je me suis précipité et là, le choc d’une photo d'une station de métro transformée en vendangeoir m’a tout de suite excité les neurones...

Tom-7246.JPGLe gaillard jovial c’est David Leconte, né près de Crozes-Hermitage. Il y a grandi au milieu des vignes puis il est parti faire ses études d’œnologie à Montpellier la ville du Leader Maximo du South of France. Embauché à Tain l’Hermitage par l’ami Chapoutier puis, déjà voyageur, il a travaillé pour Pernod-Ricard dans la province d’Hebei. Retour bref en France et grand départ vers les Etats-Unis, en Virginie exactement pour travailler dans un laboratoire d'analyses puis migration vers la côte Ouest pour la Californie dans les Herzog Wine Cellar comme assistant-maitre de chai. Enfin, et c’est lui qui le dit « Enfin, j'ai été approché par Michael Dorf, grande figure de la vie nocturne new yorkaise, qui souhaitait créer un lieu convivial où l'on pourrait donner la possibilité aux clients de faire leur propre vin, choisir leurs cépages, participer à toutes les étapes de la vinification sous la direction du winemaker mais aussi recevoir ses amis, déguster du vin et un délicieux repas et écouter de la bonne musique. Cette idée folle de faire réellement du vin en plein centre de Manhattan m'a plu et je me suis lancé dans ce challenge »

Sans vouloir déprécier notre belle capitale, votre ville, ma ville, nous sommes vraiment à la traine. À New-York le mouvement « Do It Yourself » qui « était plutôt l’apanage des jeunes barbus tatoués de Brooklyn » touche aussi maintenant, sous l’impulsion des locavores (voir ma chronique du 27/05/2008 Les «locavores» : une espèce en voie d’apparition… http://www.berthomeau.com/article-19897396.html ) la production de nourriture : apiculture sur les toits, potagers urbains... comme celui du précurseur de l'agriculture urbaine américaine en 1995 avec sa première serre expérimentale dans l'Upper East Side, à l'est de Central Park. 14 ans après, et 400 000 dollars d'investissements, son potager de 2800 m2 fournit son restaurant er ses épiceries fines en herbes, tomates, fraises, salades en tout genres, carottes et betteraves d'avril à fin novembre. Notre brave Alain Passard semble être en retard d'une guerre avec son potager lointain...

Pour couronner le tout maintenant voici, avec la City Winery, l'irruption de la production de vin sur le territoire de la Grosse Pomme.

À Washington Michèle Obama, prenant au mot son président de mari, a inauguré, en mars 2009, le potager bio dans un coin de la pelouse sud de la Maison Blanche qui produira : épinards, laitues, petits pois, brocolis ou radis afin a-t-elle soulignée : « que notre famille ainsi que le personnel et tous ceux qui viennent à la Maison Blanche aient accès à des légumes et des fruits vraiment frais »

Fort bien vous allez m’objecter « mais d’où viennent les raisins ? »

La journaliste Claire Levenson vous répond Monsieur le Maire : « Le catalogue propose des Syrahs, Pinot Noirs, Cabernets et Rieslings, et vous pouvez composer votre étiquette comme il vous plaît. Les grappes font le voyage depuis la Californie et l’Oregon en camion réfrigéré*, d’Argentine en bateau et bientôt de France. » * j’ajoute en cagettes.

Pour ma part j’ai dégusté chez l’ambassadeur :

-         Spring Street, Pinot Noir 2008 (Russian River)

-         Hudson Square, Syrah 2008 (North Cost California)

-         Downtown White, Chardonnay 2008 (Los Carneros)

Mais un chai en ville c’est polluant me direz-vous ?

César Compadre de Sud-Ouest vous répond Monsieur le Maire : « À Manhattan, cette activité industrielle ne semble poser aucun problème : des ventilateurs expulsent le gaz carbonique lors des vinifications ; les rafles et marcs finissent en compost via le même circuit que les déchets de cuisine ; les lies accompagnent même les plats. »

Je vous sens un peu ébranlé Monsieur le Maire et je vais, si vous me le permettez, enfoncer le clou : faire son vin, y apposer sa propre étiquette, c’est le rêve des bobos de toutes obédiences. Certes, c’est David Lecomte qui se tape le plus gros du boulot mais « certains participants aident à trier les raisins, viennent régulièrement goûter le jus en fermentation, puis faire des assemblages de vins avant la mise en bouteille. »

Je vous vois sourire Monsieur le Maire car vous allez décocher la question qui tue : « combien ça coûte cette amusette pour lawyers ou traders compulsifs ? Bonbon je suppose... »

Vous supposez juste puisque 200 d’entre eux ont allongé entre 6 000 et 9 000 dollars pour une barrique de 225 litres mais, comme ceux qui syndiquent un pur-sang, rien ne s’oppose à ce que vous achetiez une barrique en communauté (soit 276 bouteilles donc un prix de revient de 27 à 38 dollars). Vous pouvez aussi faire du troc de bouteilles avec d’autres membres mais je crois que la revente est illégale.

Reste un point crucial à traiter : le bilan carbone de l’opération. Nous le ferons bien sûr et, croyez-moi, avant même l’érection de la Wine Tower à la Défense (voir ma toute récente chronique : http://www.berthomeau.com/article-la-verticale-des-fous-la-wine-tower-des-vignes-en-ville-a-tous-les-etages-46221538.html) des solutions très carbon neutral peuvent être mise en œuvre facilement.

Voilà, j’ai été un peu long mais le jeu en valait la chandelle, Monsieur le Maire, cher Bertrand Delanoë, car inclure, dans l’ensemble qui va effacer l’horreur qu’est le Forum des Halles une « City Wine » et tout ce qui va avec, ce serait tout à la fois redonner à ce lieu ses anciennes lettres de noblesse de grand garde-manger de nos produits de terroir et faire que le Vin retrouve une place symbolique à Paris notre capitale.

En attendant sans impatience votre réponse, Monsieur le Maire, cher Bertrand Delanoë, je me tiens à votre disposition pour répondre à toutes les questions que vous vous poseriez sur ce projet. Recevez l’expression de mes salutations les meilleures.


Jacques Berthomeau


PS. Si vous souhaitez plus de détails ou visionner les photos de « City Wine » consultez le blog de Jean-Michel Selva journaliste du journal Sud-Ouest basé à New-York

 

1869104048.jpg1786937858.jpg1565577864.jpghttp://newyorkcity.blogs.sudouest.com/vin/

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6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 00:09

Depuis que mon statut bien usé de «grand serviteur de l’État» s’est enrichi du titre envié de « long nez et de gorge profonde » non patenté, je me retrouve invité et propulsé en des enceintes emplies de la fine fleur de l’aristocratie du bouchon et du flacon. Ma longue expérience des alcôves ministérielles me permet d’afficher, en des lieux de haute tradition, la sérénité d’un vieux routier mais je ne puis m’empêcher de penser « S’ils savaient ! Ils me feraient subir le sort des nobles de l’Ancien Régime au temps des Grands Jours : ils me décapiteraient en effigie pour imposture.   

Les Grands Jours ça fleure bon l’Ancien Régime puisque de source sûre - merci professeur Norbert - ils furent créés au Moyen Âge par les comtes de Champagne avant d’être récupérés par le Roi, après la Fronde, pour mettre au pas la noblesse. Tribunaux d’exception, présidés par un Commissaire du Roi, composés de magistrats étrangers à la Province en cause, forme d’assises extraordinaire, ils jugeaient en premier et dernier ressort d’affaires civiles et criminelles. Comme c’était du dernier chic, certains nobles obtenaient du roi de tenir les Grand Jours dans leur apanage. L’ordre valait bien quelques têtes dans un panier (on décapitait en ces temps là).


Des Grands Jours, il y en eut partout, à Bordeaux mais aussi à Beaune en Bourgogne, mais les plus célèbres sont ceux d’Auvergne où le procureur général Denis Talon proclamait que ces assises permettaient de « tirer les peuples de l’oppression des puissants » Cependant beaucoup n’étaient décapités qu’en effigie, c’est-à-dire ne subissait la peine que fictivement, un peu comme l’ont fait par la suite certains manifestants brûlants des mannequins représentants un homme politique honni, ainsi le comte d’Espinchal seigneur de Massiac fut exécuté en effigie mais son château fut confisqué et rasé.


Vous voilà donc rassurés sur mon funeste sort et sachez que dans ma vie je n’ai eu droit qu’à des « Non à Cap 2010 » badigeonné sur des cuves de caves coopératives par des « bestiaux » à qui de grands féodaux avaient fourni la peinture blanche et la nature du slogan. Bref, le jeudi 25 mars au petit matin frisquet je m’embarquais vaillamment dans un wagon du TGV national destination Dijon. En ce long tube métallique je fus privé de ma boisson matinale favorite : le café pour cause de trajet trop court. En la capitale du nouveau duc de Bourgogne fraîchement adoubé par de fidèles électeurs (même le célèbre JP Soisson n’a pu réussir la performance de François de se faire confirmer dans son mandat) je sautais dans un flamboyant TER direction Nuits Saint Georges. Les gares de la ligne fleurent déjà bon la splendeur du vignoble : Vougeot, Beaune, Meursault...


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Débarqué au petit jour à la gare de Nuits, qui semblait posée au milieu de nulle part, j’entreprenais de me rendre pédestrement au 5 quai Dumorey muni de ma « petite boussole moderne » : le GPS de mon Iphone. En effet, pour « expier » mes fautes d'occupant intempestif des ors de la République chers lecteurs (voir chronique publiée le 4 août 2009 : La nuit du 4 août : abolition des privilèges, sauf le mien http://www.berthomeau.com/article-21109272.html ) j'avais décidé que mon Grand Jour de Bourgogne serait « carbon neutral » donc pédestre. J’avoue que je fus à deux doigts de me perdre sur le triste chemin de la gare mais, bandant mon courage, je parvins jusqu’au quai Dumorey où, à peine entré dans l’enceinte de la maison Jean-Claude Boisset, je croisais Jean-Claude Boisset que je saluais. Nous sommes de longue connaissance avec Jean-Claude et ce retour Quai Dumorey prenait pour moi des allures de pèlerinage puisque j’y avais entamé ma quête d’idées, auprès du club des 10, pour tenter de pondre ce qui devint mon rapport éponyme qui me priva de prénom.


Plongée dans la cave voutée pour une matinale des Maisons et Domaines de JCB : Louis Bouillot (le crémant), Domaine de la Vougeray, Jean-Claude Boisset (avec l’ami Grégory), Ropiteau frères (Meursault), J.Moreau&fils (Chablis), Bouchard Aîné&fils (Beaune), Antonin Rodet (Mercurey) pour la Bourgogne et Mommessin et Hospices de Beaujeu pour le Beaujolais. Je commence par ce dernier car, comme vous en vous doutez, il se trouve au cœur de mes préoccupations de l’opération Beaujolais « Grand Corps Malade ». Mon tour de chauffe se poursuit et, tel une égraineuse je remplis mon petit carnet de notes. Vous aurez droit, dans une prochaine chronique, à la relation de cette dégustation impeccablement organisée. À ce propos, permettez-moi de dire à ceux de mes confrères qui, par « idéologie », ne mettent jamais les pieds en ces lieux pour eux « infréquentables », qu’ils ont tort. Restreindre son champ vision par des œillères conduit à l’ignorance et au déni de réalité.

Amen !


Retour pédestre à la gare puis saut de puce jusqu’à Beaune où le passage souterrain de la gare est digne d’un collecteur d’égout mal entretenu. Je gagnais à pied le long des remparts  l’Hôtel de la Poste où je déposais mon balluchon, puis soleil aidant petite flanerie dans le centre de Beaune où je m’offrais le luxe d’un rafraichissement en terrasse. À l’heure dite, ou presque, la navette me happait pour me transporter jusqu’au Château du Clos Vougeot. J’aime les voyages en autocar, surtout dans les cars modernes, car on y est haut perché : l’angle de vision s’ouvre et c’est un bonheur. Nous arrivions aux abords de l’enceinte sacrée mais notre bus fut bloqué par des stationnements « à la française » : que la plaie automobile est parfois à l'image de notre vieux pays : incivique, alors face au vent, et dieu sait qu’il cinglait une bise glaciale (j’y récolterai le lendemain un orgelet) nous gagniions le cellier Cistercien pour la dégustation de Grands Crus. Ici tout est Grand, y compris le Président Louis-Fabrice Latour qui m’accueille avec chaleur. En effet, je suis l’invité, en ce lieu prestigieux, de l’Union des Maisons de Vins de Bourgogne.


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Après quelques serrages de louche je me collais donc, avec systématisme et professionnalisme, au 20+20 soit 20 Grands Crus Blancs et  20 Grands Crus Rouges. L’angoisse me rongeait, allais-je tenir le choc ? Confronté à la vérité du Grand Cru allais-je pouvoir coucher sur mon petit carnet fort élégant autre chose que des banalités d’un « usurpateur de notoriété ». La magie du lieu me dopait. J’enchaînais me faufilant entre certains « encombrants » qui, avec une certaine suffisance, se permettaient de stationner ou de bavasser au pied des saintes tables. Service diligent et impeccable, un vrai bonheur que d’aller et de venir : le 12 monsieur, merci, puis le rituel dégustatif répétitif, honnêtement : je jouissais ! Jouissance spirituelle empreinte d’une réelle élévation d’esprit qui vous fait pénétrer en des espaces insoupçonnés.


Tiens les gars de la DGDDI ont des têtes de gars de la DGDDI. Le Préfet, lui, a une tête qui me revient, oui Christian de Lavernée qui fut directeur au 78 rue de Varenne. Irruption du nouveau connétable de Bourgogne, l’ami François Patriat, les félicitations tombent drues sur son éternel sourire, à quelques pas de lui son concurrent défait, François Sauvadet, fait bonne figure. Je m’attaquais alors à la lignée des 20 Grands Rouges et ma quête de religiosité en fut troublée mais j’allais, tel un fantassin en bandes molletières, vaillamment au terme de mon labeur extatique.


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Vous aurez droit aux secrets de mon petit carnet de dégustation lorsque les poules auront des dents. Je plaisante bien sûr mais il me faudra peut-être le Nihil Obstat de Patrick Essa de www.degustateur.com pour commettre l’irréparable. Patience donc car, après l’apéritif bourguignon, nous gagnâmes le salon d’honneur, à l’étage, où un dîner de prestige nous fut servi. Comme je ne vous cache rien, en ma future et hypothétique chronique de Clos Vougeot, je vous transcrirai le menu solide et liquide de ce souper fort agréable. Discours de bienvenue de Louis-Fabrice Latour puis intervention bilingue d’Aubert de Vilaine, précise et passionnée avec la retenue qui sied à ce grand monsieur pour mobiliser les énergies derrière la candidature au Patrimoine Mondial de l’UNESCO « les climats du vignoble de Bourgogne »  www.climats-bourgogne.com  (vous pouvez devenir acteur de cette candidature en rejoignant l’association ad hoc).


Applaudissements nourris !


Nous dînons et nous conversons. Louis-Fabrice Latour, notre hôte, nous délivre, en une allocution très « négoce bourguignon », tout ce qu’il faut savoir sur les tendances et les nuances de la Grande Bourgogne en 2 langues aussi.


Applaudissements !


Nous dînons et nous conversons, et c’est un Louis-Régis Affre, ému, qui monte au micro pour évoquer les deux grandes figures du négoce bourguignon : Georges Faiveley et Louis Latour qui ont marqué sa carrière de « grand serviteur du négoce des grands vins français ».


Bravo !

La belle soirée tire à sa fin et, avant que nous remontions dans notre bus, l’Union des Maisons de Bourgogne, nous offraient une écharpe noire siglée en lettres d’or « Grandes Maisons/Grands Crus ». Merci cher Louis-Fabrice, de vous préoccuper de la protection de mon cou « d’imposteur en beau costume Victoire » qui est si fragile, si passible d’être la proie d’une « exécution en effigie » pour avoir osé participer à ces « Grands Jours »... qui par bonheur étaient ceux d'une Bourgogne hospitalière. 

 

à bientôt sur mes lignes... pour le meilleur et le pire... la transcription de mes petits carnets... 

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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 00:05

Je ne vais pas jouer les chochottes, j’y suis comme un type qui fait du stop sur l’autoroute. Où me direz-vous ? Sur Facebook bien sûr : chaque matin j’y référence ma chronique du jour. J’y suis, en dehors de cette publication, passif. J’ai 237 amis et je suis bombardé de demandes pour devenir fans de tout et de rien. Bref, je ne vais pas vous raconter ma vie sur Facebook puisque je n’y passe pas ma vie, mais je vous propose de lire deux textes de Nick Mc Donnell tiré de « Guerre à Harvard » chez Flammarion publié en 2004. Comme le dit la 4ième de couverture « il dresse le portrait percutant d’une jeunesse nourrie à Fox News et aux jeux vidéo qui tente d’oublier la guerre au risque de s’oublier elle-même. » L’inventeur de Facebook y occupe la place centrale : à lire absolument si on veut mieux comprendre les States.  

 

« Un type de notre promo a gagné un milliard de dollars en créant le site Internet Facebook. Il s’appelle Mark Zuckerberg. En première année, il habitait avec un bon ami à moi. Dans leur pièce commune, Mark avait le bureau du coin et, à chaque fois que je venais, je le trouvais en jogging, penché sur son clavier ergonomique en train de taper des lignes de code. Il portait souvent un kit mains libres. Au début, on ne savait pas trop avec qui il parlait au téléphone. De gros capitalistes, disait la rumeur, des nababs de la Silicon Valley, dont certains étaient passés par Harvard.

 

Le coloc de Mark aussi portait tout le temps un jogging, mais il ne téléphonait pas à de gros capitalistes. Sam n’était pas millionnaire, il était noir et champion de triple saut – un jour, il a battu le record de Harvard en sautant 16,34 mètres. Comme la plupart des athlètes de la fac, il portait un jogging gris marqué dHa, le sigle du département d’athlétisme de Harvard. On appelait ça des « dhas », et dans certains milieux (les filles qui se tapaient des sportifs, les parents fiers), ils étaient très demandés. On ne pouvait pas plus les acheter qu’une place dans l’équipe de squash, de foot, de course à pied ou dans un club, pas plus qu’on ne pouvait payer pour échapper à une accusation de viol, à la mobilisation pendant la guerre du Vietnam, à une condamnation pour possession de coke, ou pour entrer dans la culotte d’une fille ou changer une note éliminatoire. Mais en fait,  si, c’était possible.

 

Sam et Mark étaient très différents, mais ils se trouvaient certaines affinités – c’est d’ailleurs un des principes de Facebook. On peut naviguer d’un profil à l’autre, page après page, un peu comme si l’on observait des gens dans la même pièce. Ou des colocs. Sauf qu’il peut y avoir des différences énormes entre les profils. Certains affichent leur photo de mariage et une citation de Martin Luther King, tandis que d’autres écrivent « Je t’emmerde » en quatre langues pour déconner. »Religion : Emilio Estevisme ». L’un à côté de l’autre, ces gens peuvent être amis sur Facebook.

 

Mais aussi différents que soient les profils, on retrouvait certaines constantes. En cliquant sur le profil d’un musicien, on faisait assez vite le tour de l’orchestre de Harvard. En cliquant sur le profil d’un étudiant noir, on rencontrait rapidement toute la communauté noire de Harvard. Évidemment, on n’était pas tous violonistes et on ne dormait pas tous dans la même chambre qu’un Noir, comme Mark pendant sa première année. Malgré tout, d’une certaine façon, on était tous reliés.

 

Au fil des ans, j’ai entendu beaucoup de gens dire « Merde, si seulement j’avais partagé ma chambre avec Mark en première année, j’aurais investi dans Facebook dès le départ et je serais devenu riche. » Mais, bien sûr, Sam n’est pas devenu riche. Du moins pas encore. Mark a abandonné la fac et déménagé à Palo Alto avant la fin de la deuxième année. Maintenant, Sam est en fac de droit à Georgetown. »

 

« En quatrième année, pas mal de gens s’étaient inscrits sur Facebook. Mon ami qui habitait avec Mark Zuckerberg en première année était convaincu que les publicitaires, peut-être même le gouvernement, pouvaient consulter les informations qu’il avait entrées sur le site et le traquaient, alors il d’est désinscrit. Comme beaucoup, mon ami craignait sue Facebook ne soit vendu au département de la Sécurité Intérieure.

 

Ça paraît insensé mais, à mesure que Mark commençait à apparaître dans le New York Times et le Wall Street Journal, les histoires incroyables à son sujet devenaient vraisemblables. Sans rire.

 

Par exemple, on racontait qu’un investisseur potentiel avait invité Mark à dîner pendant les vacances de printemps la première année. Mark, chemise hors du pantalon et jean sale, était en retard. Il a été encore plus en retard quand sa Jeep est tombée en panne. Quand il a fini par arriver à son dîner, il a raconté à son investisseur ce qui s’était passé. Le lendemain Mark a trouvé une Audi A4 toute neuve devant chez lui avec un mot glissé sous l’essuie-glace, l’invitant à prendre la bonne décision.

 

Une autre histoire. Mark avait besoin d’un logo, mais il ne connaissait pas de designer. Il est allé voir un type qui habitait dans le même bâtiment que lui et qui savait dessiner. Il a frappé à sa porte un soir et lui a demandé de dessiner « un genre logo ». « Je te donnerai 1,25% de tout ce que ça me rapportera », a dit Mark. Quarante minutes plus tard, le type avait dessiné le portrait de Mark de trois quarts qui était encore récemment le logo de Facebook. Mark a tenu parole, et l’année dernière le dessinateur a touché pas loin de douze millions de dollars.

 

C’était sans doute un prix raisonnable pour 1,25% de tant de réseaux. Harvard, New York, Kansas : il y en a un nombre infini. Il y a même un réseau Irak sur Facebook, qui compte huit cent vingt et un membres. Les émissions préférées des membres de ce réseau sont 24 heurs chrono, Family Guy, Lost, les Simpson, Scrubs. Les mêmes que dans le réseau Harvard. Par contre, il n’y a presque aucun livre en commun, à part les Harry Potter. La saga est numéro deux en Irak et numéro un à Harvard. Le livre préféré du réseau Iraq est : » Je ne lis pas ».

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