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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 00:00


Pour faire pièce à une chronique de Laurent Bazin sur son blog « le vin de mes amis » http://levindemesamis.blogspot.com/2010/01/un-bon-vin-cest-combien_16.html , où il commentait les résultats d’un sondage, réalisé par lui auprès de ses lecteurs au fil de son blog, se résumant à une question « Un bon vin c’est combien ? », je prends, vous vous en doutez, avec un peu de malice le contre-pied en m’interrogeant gravement – je garderai ainsi la maîtrise des réponses c’est plus confortable – « Un mauvais vin c’est combien ? » L’ami Laurent concède que l’intitulé de sa question est un poil vicieux mais, lui qui est un observateur privilégié du champ public, a-t-il un jour lu une question de sondeur patenté qui ne fut pas biaisée ? La notion de bon vin, qui rejette tous les autres dans l’infamante catégorie des mauvais, enferme le sondé dans un choix binaire fort réducteur du même type que celui entre le beau et le laid, entre le bien et le mal... Bref, si ce n’était qu’une affaire de goût ou de référence à un système de valeurs, pourquoi pas car nous nous cantonnerions dans un débat d’essence philosophique, mais s’interroger sur la valeur marchande du bon, du beau ou même du bien est d’une toute autre nature. Ce qui suit s'en veut la démonstration.

 

« Résultat sans appel: un « bon vin », pour 77% des visiteurs du blog, ça vaut moins de 15 euros... ... Pas radins, cependant, 67% des 700 votants estiment qu'il faut savoir ouvrir sa bourse (payer plus de 10 euros). Mais à peine 19% pensent qu'il n'y a point de salut en dessous de 15 euros (moins de 3% en dessous de 30 euros). En fait la majorité (48%) se retrouve dans ce triangle des Bermudes commercial qu'on appellera désormais le « dix-quinze ». Laurent dans sa première remarque, à juste raison souligne « pour les amis qui grimacent devant leur ordinateur...) : 15 euros, ce n’est pas mince. C'est le prix du Château « vieilli en fût de chêne » qu'on met sur la table une fois par an lors des repas de fêtes (et qui généralement n'a goût à rien).» 

 

Deux petites remarques à mon tour :

-         le radin est un individu aux poches pleines qui ne les lâche qu’avec un élastique, qui pointe, avant de raquer, sur l’addition commune les plats qu’il a mangé, qui se barre systématiquement en vous laissant à payer les consommations ; en revanche, je ne suis pas certain que placer la barre dans la zone des « dix-quinze » soit une preuve de générosité mais plutôt la preuve d’une excellente adéquation entre l’échantillon des sondés et le niveau de leur pouvoir d’achat ;

-         le Château « vieilli en fût de chêne » et qui généralement n'a goût à rien, et qui vaut lui aussi 15 euros, voilà une excellente définition du mauvais vin, et une merveilleuse réponse à la question que je posais dans le titre de ma chronique. Elle est tout aussi peu représentative que celles des amis de Laurent.

 

Moi qui ne fait pas que dans le vin, et qui ces derniers temps ai fait dans le lait, la réponse à la question du juste rapport entre la valeur intrinsèque du produit, celle désignée souvent par son prix de revient : coût de production et de commercialisation, de distribution dans le cas de nos amis vignerons qui vont jusqu’au consommateur, et le prix marchand, est aussi vieille que le commerce. Dans nos sociétés postmodernes notre capacité à supporter dans le prix d’un produit de grande consommation le coût du marketing, de la notoriété, de la mode, en dépit de la crise, me semble encore d’une grande élasticité pour faire genre grand économiste. Deux exemples : Evian et Nespresso, ça coûte cher les bébés rollers et le Clooney... Le coût de l'eau et du café qui s'en soucie ? A l'autre extrémité qui se pose la question du prix payé au producteur lors de l'achat d'une brique de lait à 2 balles ? Vous allez m'objecter que je m'éloigne du rapport entre la prix et la qualité du produit et qu'il y a de plus en plus de consommateurs qui s'en soucie. La réponse est oui mais à condition d'y mettre le prix fort.

 

Que des vins cousus mains soient rémunérés en conséquence, c’est dans l’ordre des choses, même si ça chagrine les poètes ça correspond à leur modèle économique, et je trouve tout a fait normal que le consommateur paye le prix, comme l’écrit Laurent Bazin «  du temps passé sous le cagnard, de l'incertitude, du risque, de l'aventure... de la volonté de retrouver le terroir, des petites mains qui ont remplacé les machines et la chimie pour produire mieux, plus fin, plus juste. » mais attention à deux écueils celui de laisser à penser que  « votre amour de la terre et des raisins » ça n’a pas de prix  et que dans le monde du vin il y ai d’un côté les bons qui font bon pour de bons consommateurs et de l’autre côté des mauvais qui font mauvais pour des mauvais consommateurs. Si ça vous dit lisez ou relisez :

-          Comment fédérer des îlots d’excellence dans un océan de médiocrité ? et si nous reparlions de René Renou  ICI ->     

-          Des marques, des marques de vin oui mais n’est pas le petit LU qui veut... ICI->    

-          Du pain, du vin et une saga qui donne à réfléchir... ICI->

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 00:00

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Suite à ma chronique
« Bordeaux à -50%, qui dit mieux ? Moi ! Je trouve que ça sent le sapin... ICI-> http://www.berthomeau.com/article-bordeaux-a--50-qui-dit-mieux-moi-je-trouve-que-ca-sent-le-sapin--41896150.html » sans vouloir jeter de l’huile sur le feu, je profite d’un tri de début d’année dans mes archives, pour vous communiquer la teneur d’une note que m’avait adressé Jean Clavel en janvier 2004. Elle me semble bien poser le problème des ajustements nécessaires entre AOC et IGP afin de tenir compte des évolutions qu’ont connu les 2 grands vignobles français que sont Bordeaux et le Languedoc depuis les années 70.

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« Lorsque Turgot fit signer l’Édit royal de 1776 mettant fin à la « Police des Vins » qui, depuis 1241, contrôlait le commerce des vins du Languedoc, du Périgord, de l’Agenois, du Quercy et autres régions, il explique en préambule, comment, pendant des siècles, les Bourgeois de Bordeaux ont pu ainsi, pour leur plus grand bénéfice, faire fonctionner le « Privilège de Bordeaux » Roger DION, Histoire de la vigne et du vin en France, Flammarion 1977.

Successeur de ces grands ancêtres, le président des négociants bordelais, Allan Sichel a déclaré dans une interview récente sur la crise viticole bordelaise (SO 23 :12/2003) à Didier Ters : « Nous avons un potentiel de production de 7 millions d’hl et une commercialisation de 6 millions d’hl, il y a 1 million s’hl de trop. Il faut trouver des solutions pour qu’ils ne portent plus le nom de Bordeaux. Chercher du côté des vins de cépages de France, de pays d’Aquitaine, avec des pratiques œnologiques autorisées sans les pays tiers, bref permettre de faire des vins industriels... il va falloir piquer des parts de marché aux vins de pays...’

Vignerons du sud nous ne pouvons accepter sans réagir de telles affirmations. N’ayant plus de responsabilités professionnelles importantes, je peux me permettre maintenant de dire des choses que les présidents viticoles ayant des fonctions nationales ne peuvent exposer.

En 30 ans la superficie AOC de Gironde a progressée de 81% et le rendement moyen ha AOC a augmenté de 53%. C’est maintenant ¼ de la production française d’AOC.

Pendant la même période de 30 ans, la superficie totale du vignoble de l’Hérault a diminué de 34% et le rendement moyen des VQPRD produits dans le département a été réduit de 32%.

La variable d’ajustement du vignoble français de ces 30 dernières années a été le vignoble du Languedoc, principalement de l’Hérault (j’utilise une expression employée souvent par Jacques Gravegeal, président des Vins de Pays d’Oc) C’est cette réduction de 30% du vignoble régional qui a permis de supporter la réduction sensible de la consommation des vins en France.

Aujourd’hui les vignerons de notre région disent stop, que chacun prenne ses responsabilités.

Le développement bordelais a été facilité par l’INAO et le pouvoir économique et politique détenu par les représentants bordelais. C’est l’octroi annuel par « dérogation » de 2°5 de chaptalisation(pour 2003 l’autorisation a été réduite à 1°5), les facilités de classement AOC (la totalité du vignoble est classé) et les attributions annuelles de droits de plantation qui ont permis la transformation d’exploitations de polyculture-élevage qui étaient autrefois accessoirement viticoles, en exploitation de monoculture viticole.

C’est grâce à la chaptalisation que des zones de Bordeaux génériques, des Bordeaux supérieurs, certains Graves, des Entre-deux-mer, ont pu développer aussi massivement leur production. La chaptalisation girondine entraîne directement ou indirectement la création de 1 million d’hl de vin AOC. Le président Sichel le reconnaît implicitement. C’est ce volume qui plombe actuellement le marché national des AOC. Pourtant cette prise de conscience est récente, j’ai retrouvé une dépêche de l’AFP du 16/04/1997 donnant le compte-rendu de l’AG 1997 du CIVB, le président d’alors, Philippe Casteja, déclarait « la limitation des droits de plantation que nous subissons, génère une situation intenable, il y a encore de nombreux terrains libres en Gironde, qui pourraient être plantés et nous permettre de développer notre production pour être plus compétitifs face aux vignobles du Nouveau Monde... » Ces propos démontrent que la prospective viticole est bien incertaine en bordelais.

Le CIVB, qui centralise toute la communication vinicole de Bordeaux vient de lancer une grande campagne de communication, dont le thème est « Buvons moins, buvons mieux, buvons Bordeaux », il faut écouler le millésime 2002, qui a des difficultés à trouver des débouchés internationaux. Les moyens dont il dispose lui permet d’avoir une politique de communication très offensive en particulier en direction de la Grande Distribution française, mais comme les linéaires « vins » de celle-ci ne sont pas extensibles et sont plutôt en régression, il faut sortir des vins de moindre notoriété pour faire la place aux Bordeaux.

Toutes  ces choses vont inévitablement sortir en 2004 avec l’aggravation de la crise vinicole, on va peut-être aborder une analyse objective de la situation française, et rechercher de vrais solutions d’organisation de la production, de communication, de mise en marché qui n’ont rien à voir avec l’autorisation donnée aux AOC régionales Bordeaux ou Bourgogne de porter sur leur étiquette le nom des cépages, procédé contraire à la « doctrine » mainte fois affirmée de l’INAO (selon l’adage il faut vouloir ce que l’on ne peut empêcher).

Mais les producteurs du Languedoc, qui prennent enfin conscience des réalités nationales, ne permettront pas de servir, à nouveau, de variable d’ajustement du vignoble français »

 

Jean Clavel 24/12/2003

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 00:00

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À ma connaissance, Jérôme Despey fut le 1ier Président National des Jeunes Agriculteurs en juin 2002 qui fut viticulteur. Il succédait à un producteur de lait normand, Jean-Luc Duval qui était aussi l’un de mes électeurs puisqu’il produisait aussi du Calvados dans l’Orne (Calvados de Domfront Lemorton). L’avantage avec les présidents des JA c’est, pour parler djeune, qu’ils ne font pas d’incruste : à 35 ans il leur faut laisser la place. Vu mon grand âge j’en ai connu beaucoup et même que lorsque j’étais aux manettes du cabinet, lors de la 1ière grande réforme de la PAC, mon président des jeunes était Christian Jacob, actuel maire de Provins et sénateur de la Seine-et-Marne, qui fut Ministre de 2002 à 2005, mais pas de l’Agriculture. Pour l’anecdote le directeur du CNJA de l’époque se dénommait Lejeune.

Revenons à Jérôme Despey qui en 1986 s’est installé comme  agriculteur à Saint Geniès des Mourgues dans l’Hérault en reprise familiale sur une exploitation de 30 ha dont 20 ha en vignes et 10 ha en blé dur. Pour la part viticole elle produit pour un tiers du vin de table, un autre tiers du vin de pays d’Oc et pour le dernier tiers des Coteaux-du-Languedoc. Tout le raisin est livré à la cave coopérative « les Coteaux de St Geniès des Mourgues ». Notre toujours jeune homme, il n’a que 40 ans, si je puis m’exprimer ainsi, est très vite tombé dans la marmite syndicale. Il en a gravi tous les échelons et depuis avril 2008 il est président de la Commission Viticole et Vice-président de la FNSEA. Ce matin il est mon invité au double titre de Président du Conseil Spécialisé Vin de France Agrimer (autrefois ONIVINS puis VINIFLHOR) et de missionné par Bruno La Maire Ministre de l’Alimentation, de la Pêche et de l’Agriculture.

Je l’en remercie et mes remerciements ne sont pas de pure convenance car, comme vous allez pouvoir le constater, ses réponses évitent l’écueil de la langue de bois. Comme vous le savez j’ai parfois l’ironie facile à l’égard des dirigeants professionnels mais, une fois n’est pas coutume, permettez-moi de profiter de l’occasion qui m’est donné en accueillant Jérôme Despey pour affirmer que le dépérissement ou l’affaiblissement des corps intermédiaires n’est pas une bonne chose dans nos sociétés complexes où les centres de décisions sont beaucoup plus difficiles à atteindre, à comprendre, à influencer : grandes entreprises de l’industrie ou de la Distribution, la Commission de l’UE, l’OMC, les ONG de l’environnement...etc. L’émiettement, les querelles de clochers, le néo-féodalisme des grandes régions viticoles, la vision étriquée de certains négociants, sont des handicaps bien plus lourds vis-à-vis de nos concurrents que ceux évoqués par de pures comparaisons économiques. L’investissement dans l’intelligence sous toutes ses formes, y compris celle du cœur, reste pour moi le meilleur bras de levier de notre beau secteur pour retrouver ses marques dans la nouvelle donne mondiale. À la belle formule d’Henri Bergson « J’ai toujours voulu que l’avenir ne soit plus ce qui va arriver mais ce que nous allons faire. » j’ajouterais ensemble.


1ière Question 
: Bruno Le Maire, lors de votre rencontre du 18 novembre dernier, a d’une certaine manière « tapé sur la table » en appelant au regroupement des Interprofessions et à une mise en commun des moyens. Il vous a confié une mission de fédérateur avec remise de copie d’ici 2 mois. Où en êtes-vous ? Quelle est votre méthode pour fédérer dans les grands bassins de production les 26 Interprofessions ? Quel accueil recevez-vous ? 

Réponse de Jérôme Despey : Effectivement. Dans la perspective de la discussion au Parlement du projet de loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche dans le 1er trimestre 2010, le ministre de l’agriculture a souhaité approfondir sa réflexion sur la gouvernance de la filière notamment en ce qui concerne les interprofessions se rapportant aux vins avec indications géographiques. Il m’a proposé de mener une mission sur ce point et de piloter un groupe de travail national. Ma mission sera de proposer à l’échelle des bassins des regroupements ou des évolutions interprofessionnelles en cohérence avec les enjeux territoriaux et économiques de ces bassins et une rationalisation et une amélioration de l’efficacité des financements alloués à la promotion, à la recherche et au développement.

En parallèle à cette mission, le ministre de l’agriculture a demandé aux différents préfets de bassin de réunir les conseils de bassin pour que ceux-ci remettent à la fin du mois de janvier des propositions concernant l’évolution interprofessionnelle au sein du bassin concerné.

Et c’est donc bien évidemment sur ce travail dans les bassins, sur les conclusions et les synthèses qui émaneront des acteurs régionaux que je m’appuierai.

J’ai bien conscience que cette mission est importante pour notre filière mais qu’elle revêt aussi un caractère « délicat » : évoquer des sujets tels que fédérer des bassins de productions, regrouper ou réduire le nombre d’interprofessions et de mettre en commun des moyens financiers de promotion, de recherche et de développement a toujours été sensible dans la filière viticole. A ce stade des réflexions, je reçois un bon accueil et je souhaite rester optimiste. Je crois que la profession peut se donner une chance de faire évoluer les structures de gouvernance. Elle a, de mon avis, une vraie opportunité.  
 

2ième Question : Dans votre belle région de Sud de France la hache de guerre vient d’être enterrée puisque les Vins de Pays d’Oc et la Confédération Nationale des Vins de Pays fument le calumet de la paix.  La déclaration des 2 chefs sent le Cap 2010 et me semble aller dans le bon sens : « Dans les deux ou trois ans qui viennent, les curseurs vont bouger » : si certains vins de pays de petite zone décideront peut-être de passer en AOP, à l’inverse, les grandes AOP risquent d’éprouver du mal à prouver leur lien au terroir et pourront opter pour le passage en IGP. Et au niveau de l’économie des exploitations, les IGP progressant à la fois en France et à l’export, nombreux risquent d’être les viticulteurs qui préféreront produire des IGP de cépage sur des terres pourtant classées en AOP. » L’Interprofession unique est donc au bout d’un long chemin Jérôme Despey ? Reste que le partenariat entre metteurs en marché et production balbutie, comment pensez-vous donner un nouvel élan à ce lien indispensable entre une ressource mieux identifiée et ceux qui vendent le vin ? 

Réponse de Jérôme Despey : Je souhaite bien évidemment, et ce depuis très longtemps, que la « hache de guerre » puisse être enterrée entre les vins de pays d’Oc et la Confédération Nationale des Vins de pays, comme je souhaite que toutes « les haches de guerre » puissent être enterrées et ce, partout, tant sur le plan national ou dans toutes les régions viticoles où subsistent des conflits. Je rends hommage à ces femmes et à ces hommes qui par leurs volontés communes, faisant fi des querelles parfois historiques, ont su se rapprocher et construire un futur ensemble. Tout n’est bien évidemment pas réglé mais le futur est tracé et je leur fais confiance. Ils pourront compter sur mon appui sans réserve. 

Car, mais nous le savons tous, l’heure n’est plus aux querelles. Nous devons, non pas reconstruire notre viticulture (parce que je pense sincèrement qu’elle n’est pas détruite) mais dessiner la viticulture française de demain, celle qui lui permettra de rester le leader incontesté, la référence absolue.  

Avec cette nouvelle organisation commune du marché  que nous avons tous voulu rappelons le, que nous avons tous appelé  de nos vœux et qu’il nous faut assumer collectivement maintenant, toutes nos certitudes mais plus encore toute notre histoire s’en trouve bouleversée. Nous avons perdu nos repères, nos certitudes. La France viticole est donc en chantier, elle est en reconstruction. La difficulté est le manque criant de visibilité sur le moyen et le long terme et pourtant nous sommes condamnés à bouger tous les « curseurs ». Il serait trop long d’exprimer dans cette chronique tous les chantiers ouverts et à ouvrir, toutes les réflexions en cours mais il nous reste collectivement beaucoup à faire. 

Vous m’interrogiez sur la contractualisation. Je crois en la contractualisation ou tout du moins au concept. Mais pour être honnête, je doute vraiment que ce concept puisse vraiment aujourd’hui et à court terme se développer dans notre filière. Si je ne dois prendre qu’une raison c’est que notre filière est gouvernée historiquement, culturellement et politiquement à très court terme : toutes les réglementations, tous les textes, toutes les décisions, tous les dispositifs, se prennent campagne après campagne, année après année (rendements, plantations…) ; nous n’avons de lisibilité économique que sur les 7 mois qui viennent ; nous gérons vendanges après vendanges et nous avons tous collectivement beaucoup de difficultés à nous projeter dans les 3 ou 5 prochaines années, à tirer des orientations économiques sur du moyen terme. De ces faits, comment pouvons-nous développer la contractualisation (à une échelle plus importante qu’elle n’est aujourd’hui) c'est-à-dire s’inscrire sur un contrat moyen terme entre deux partenaires quand nous pensons collectivement aux trois mois qui viennent et au pire à la vendange prochaine. La filière viticole n’est pas formatée dans son ensemble sur ce point ; la contractualisation reste donc pour l’instant non pas un vœu pieu (puisque là où elle se fait elle est une solution extrêmement intéressante) mais la résultante d’initiatives individuelles. Nous sommes donc condamnés à continuer à prêcher, à accompagner les réflexions et les initiatives, à en présenter les bénéfices, à promouvoir les exemples de réussite que nous connaissons dans notre secteur.

 

3ième Question : Nos collègues et concurrents du Nouveau Monde parlent de leur « industrie du vin », comme je suis un peu provocateur j’aime utiliser cette dénomination pour notre secteur qui est un grand secteur stratégique pour la France. Récemment, dans le cadre du CGAER, j’ai assisté à une présentation par l’ancien Ministre de l’Agriculture Jean Puech du plan de relance de la filière bois et j’ai noté qu’un fonds stratégique était créé. Le développement des vins de cépages, à des coûts compétitifs pour le marché,  mais permettant aux viticulteurs de vivre, passe par la maîtrise de la ressource vin en partenariat avec les metteurs en marché. Ce couple, qui fonctionne si bien en Champagne, exige à la fois un vignoble dédié et des entreprises en capacité de générer des marques. Êtes-vous, Jérôme Despey prêt à soutenir la naissance d’un fonds stratégique vin qui mobiliserait des fonds privés (CASA, Groupama, Caisse des Dépôts...) et professionnels, pour accompagner la reconquête ? 

Réponse de Jérôme Despey : Je soutiendrais cette initiative comme du reste toutes les initiatives qui pourraient être prises pour aider notre filière dans son développement. Pour revenir au fonds stratégique, je pense réellement qu’il pourrait avoir un réel impact pour une partie des entreprises de notre filière ; et ce quelque soit leurs tailles (très petites, moyennes et grandes) et leur « famille d’appartenance » (coopératives, négociants ou caves particulières…). Je sais que l’idée d’un fonds stratégiques qui viendrait en soutien, en accompagnement du développement des entreprises est une idée déjà ancienne, qui vous est cher et qui peine à se réaliser.

Dans mon esprit, ce fonds ne peut, et ne doit pas accompagner seulement l’émergence de pôles « agro-alimentaires du vin » (terme que je préfère personnellement à « industrie ») mais aussi le développement d’entreprises de taille plus modeste qui ont des projets  de développement réels.

De mon point de vue, il est quelque peu illusoire d’attendre un quelconque « portage » de l’Etat ou des professionnels via leurs interprofessions. Les esprits ne sont pas encore vraiment prêts. Par contre, avançons sur la piste du fonds privés, avançons avec des fonds d’investissements qui seraient enclins aujourd’hui à accompagner le développement de nos entreprises sur le plan international. En fait, avançons aujourd’hui avec ceux qui ont une réelle envie d’avancer et construisons, bâtissons ….. Attendre est un luxe aujourd’hui que la filière viticole française ne peut plus se permettre.

 

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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 00:00

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Dans mon premier livre de géographie je lisais que la vallée de la Loire était celle des châteaux : Chambord, Chenonceau, Azay-le-Rideau... et que la Loire était le plus long fleuve de France... « La voici à Chaumont. C’est l’été, elle a peu d’eau et des bancs de sable doré encombrent son lit ; elle n’est pas navigable. Elle coule entre une berge bordée de peupliers et un coteau planté de vignes qui donnent un vin renommé. »
Pendant longtemps les vins de Loire se résumait à l’Anjou et à la Touraine, en aval comme en amont les autres vins, simples timbres postes épars ou vin océanique, tel le Muscadet, n’étaient pas perçus comme fils de la Loire.  À propos de l’Anjou et de la Touraine Georges Montorgueil écrivait en 1927 « ces provinces sont deux sœurs jumelles qu’enveloppe une même admiration. Elles se complètent à ne les pouvoir à peine distinguer l’une de l’autre, encore qu’un légitime orgueil de terroir souligne, dans chacune des traits particuliers. Également vineuses, chacune à ses vins ; mais leur parenté est si évidente que, dans le passé, on nommait indifféremment vins d’Anjou les vins de Touraine ou de Touraine les vins d’Anjou. »
  
Ronsard, qui était Vendômois, y situait le paradis terrestre en Anjou
 :

... le nectar divin

Qui rend Anjou fameux, car volontiers le vin

Qui a senti l’humeur du terroir angevin

Suit les bouches friandes.

La Touraine est le pays de Rabelais dont on pourrait mettre « toute l’œuvre sous le pressoir sans en exprimer une goutte de mélancolie. »

Bref, beaucoup d’eau a coulé depuis sous tous les ponts de la Loire et entre les berges du grand fleuve né au Mont Gerbier des Joncs. Aujourd'hui nous voici face à plus de 40 appellations gravitant autour de son Val. Même mes Fiefs Vendéens, c’est dire. Fleuve lien certes mais aussi me dit-on une sécession consommée celle de Bourgueil, d’autres annoncées et certaines non dites. Contrairement à ce que certains pourraient espérer je ne vais pas m’attarder sur l’incapacité chez certains de concilier les intérêts de boutique avec ceux d’un socle collectif indispensable pour affronter le grand large. Ce disant je ne prends pas parti dans cette affaire car je ne sais si la barre du grand navire interprofessionnel tient le bon cap.

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Puisque les Vins de Loire tiennent Salon à Angers je vais me contenter d'évoquer un petit morceau d’histoire « De son commerce des vins d’autrefois, la banlieue d’Angers porte, aux Ponts-de-Cé, un témoignage irréfutable. Lorsque les Hollandais venaient chercher ses vins, ils remontaient la Loire jusqu’à ces ponts, où était établi l’embargo de leurs armateurs, reconnaissable dans un vieux pavillon à coupole de pierre. Là, arrivaient les vins de Saumur et du Layon. Les premiers en suivant le fleuve et les autres à terre, par des chemins affreux. Ce fut pour éviter ces embarras qu’on creusa et qu’on canalisa le Layon.

Nous sommes là dans la région vinicole de l’Anjou, et au point culminant de sa splendeur.

Le Layon est une petite rivière qui prend sa source aux étangs de Beaurepaire, dans les Deux-Sèvres, et se jette dans la Loire, à Chalonnes. Il promène ses eaux flâneuses entre des coteaux arrondis chargés de belles vignes. Il sépare, de sa longue vallée sinueuse, les Mauges du Saumurois. Sur la gauche, Saint-Lambert-du-Lattay présente la plus grande étendue de vignes. Rablay – un bien beau nom pour un cru – est à cheval sur les deux rives. La commune de Thouarcé, sur la rive droite, se flatte se son cru de Bonnezeaux qui produit un vin de premier ordre, ce qui serait un non-sens si l’on de savait qu’une source réputée donna son nom au pays :

C’est ici que s’élève une double colline

Dont l’une offre un nectar et l’autre une eau divine.

L’eau divine nous a paru beaucoup moins appréciée, de nos jours, que le nectar. »

Alors, irais-je faire Salon à Angers les 1-2 ou 3 février ? Je ne sais, sauf à ce que je suive la suggestion d’un membre ligérien de l’ABV qui souhaitait que nous nous y retrouvions pour trinquer. Pourquoi pas, mais encore faudrait-il que d’autres amicalistes du Bien Vivre se réveillasses pour exprimer le même désir. Qui vivra verra chers lecteurs. Si je ne dérange pas trop, un petit coup de TGV pour s’offrir quelques petits coups de nectar du Val de Loire c’est de l’ordre du possible. Affaire à suivre...

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 00:01

Des fleuves, des villes et des marchés : Gand, Bruges, Anvers, Liège, Huy et Namur et comme l’écrit élégamment avec beaucoup d’humour Charles-Louis Binnemans « L’Escaut et la Meuse, deux fleuves fraternels, s’accordent pour remplir consciencieusement leur mission ; et le Rhin, collègue obligeant, collègue obligeant, ne rechigne jamais à contribuer de son eau à cette concorde. Il se transporte ainsi d’honorables quantités de vins qui ne demandent qu’à se laisser boire. La Flandre, surface par principe peu accidentée, collectionne cependant les gosiers en pente. Ses approvisionnements, quand ils suivent trouvent toujours acheteurs enclins à favoriser l’écoulement. Et la Wallonie, déjà forte de ses deux bassins, témoigne en outre de dispositions avantageuses propres à assurer son bonheur. Longtemps elle vendange, presse et vinifie. Cela durera ce que ça durera... »

Chou-6840.JPG    Le Grand marché d'Anvers : plein de tonneaux....


Attardons-nous sur un autre texte de Marcel Larchiver sur Anvers qui, dans sa grande époque dans la première moitié du 16ième siècle, se voyait attribuer l’appellation flatteuse de magasins des grands vins de luxe. « Ce n’est pas à Paris, même chez un Grand, qu’il faut se rendre pour trouver toute la palette des vins récoltés sur le territoire national. C’est à Anvers qu’on peut déguster à peu près tous les crus du vignoble français (sauf ceux du quart Sud-Est). Vers 1570, Anvers reçoit annuellement quelque 25.000 tonneaux de vin de l’ensemble des provinces françaises, au bas mot 200 000 hectolitres. Sur les quais du port, on rencontre des marchands de tous les vignobles, et il n’est pas rare que les vins de Bordeaux aillent d’abord à Anvers avant d’être rechargés pour Rouen. Les vins de la Rochelle, d’Anjou, d’Orléans, d’Alsace, de Beaune et d’Arbois, d’Auxerre, de Reims et d’Epernay sont tous présents. On trouve même à Anvers des marchands de Sainte-Foy-la-Grande, de Montravel au pays bergeracois, des marchands de Guitre au pays libournais, des marchands de Marmande, et l’abbé de Blaye ne dédaigne pas d’y envoyer ses vins.

 

Le vin coûte cher, mais la grande bourgeoisie du négoce local et les commerçants étrangers ont les moyens, se jouent des taxes et mènent grand train. Et pendant ce temps-là le petit peuple s’abreuve de bière, « abondante et d’une qualité en progrès » car elle est moins chère. Et Charles-Louis Binnemans de conclure « On n’a pas fini d’en parler. La bière accessible de plus près, et surtout moins taxée, se prépare à remporter un titre de champion populaire ».
Tiens, tiens, populaire, vous avez dit populaire, c’est comme le petit air lancinant d’un couplet que nous pourrions entonner avec les chantres des Grands Vins de luxe, mais bon c’est une autre chanson. Affaire à suivre samedi prochain...

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 00:00

En avril 2007 j’avais publié une chronique « Identité française : la France de profil » ICI http://www.berthomeau.com/article-6247457.html tirée d’un très bel ouvrage du photographe Newyorkais Paul Strand et du poète français Claude Roy. Je récidive pour les mêmes raisons.

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                France, fiancée promise.

 

                                X

 

Si dorment dans le vert des prairies de septembre

plus confondus tous doux que le nuage au jour

les amants le sommeil en mélangeant leurs membres

fait monter dans le sang du sol un long bruit sourd

 

Hommes d’après nous deux vivants d’après nos morts

vous piétinez au fond du silence et du noir

J’entends venir à moi du très loin de l’aurore

un monde où la bonté rit dans tous les miroirs

 

un monde qui fera les quatre volontés de l’homme

 

                                x

 

Et si vous demandez tout bas n’osant encore y croire

qui sont ces étrangers qui ignorent la haine

et pour cette fête chaque jour recommencée

pour qui cette clarté des lampes et qui donc a

donné aux jours cette simplicité de jour tout frais levé

et pourquoi ces rires cette musique cette gaîté du vent

enfin enfin semblable à cette fraîcheur

si longtemps imaginée si longtemps poursuivie

et si vous demandez qui sont ces hommes

à visage d’hommes vivants ces hommes habillés

le joie simple et de confiance claire

le vent vous répondra

 

Ils sont vous-même vous enfin très ressemblant

au visage parfait qui s’ignorait en vous

ils sont votre espérance qui parlait au futur

et qui dit au présent l’homme ami de lui-même

 

Ma présente ma promise

je t’aime pour hier

pour aujourd’hui

 

et pour demain  

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 00:00

Dans son commentaire sur ma chronique « Des marques, des marques de vin oui mais n’est pas le petit LU qui veut... » l’ami Reggio écrit « 80% d'accord avec le dernier paragraphe. Les 20% restant c'est le fait des industriels qui imitent / copient les artisans, pas forcément mal d'ailleurs, sans en avoir ni les coûts, ni les obligations. Ce qui, en partie, a provoqué la ruine de nos appellations, et pas que dans le vin. Bien sûr qu'il y a de la place sur le marché pour tout le monde, mais pas avec les mêmes codes. Pour les consommateurs, la distinction doit être évidente, rapide et sans ambiguïté » Afin d’alimenter le débat je suis allé puiser dans mon cellier 3 chroniques écrites * en novembre 2005 sur le pain et plus précisément sur PAUL la chaîne de boulangerie créée par Francis Holder. Je vous les livre sans aucune retouche.

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« Pour les artisans, Francis Holder est l'ennemi non seulement parce que c'est un industriel, fournissant des GMS et des terminaux de cuisson, mais parce que c'est un artisan très doué qui opère comme personne d'autre sur une échelle industrielle et ultramoderne, brouillant ainsi la frontière séparant les deux catégories. Comme toute anomalie par transgression taxinomique, il est particulièrement craint et honni. Il étonne par son audace de businessman, mais également par l'excellence de ses produits qui sont omniprésents dans une large partie de l'hexagone.

Il est dommage de réduire, en code journalistique, ce parcours tout à fait exceptionnel - sans doute la plus belle histoire de réussite dans la boulangerie française avec celle de L.Poilâne - à un chiffre d'affaires, même si un milliard et demi de francs, peu ou prou, est fort impressionnant. C'est un vrai self-made man, itinéraire socialement plus valorisant aux Etats-Unis qu'en France (il est le petit-fils d'un immigré polono-ukrainien du côté paternel, et son ascension aurait pu démarrer dans le lower east side de New York, au début du XXe siècle, mais pas du côté du fournil) fils de pâtissier-boulanger, petit-fils et arrière-petit-fils de boulanger du côté maternel, Francis Holder, homme du Nord, grande pépinière de l'entreprise entreprenante en France, préside le groupe Holder, employant plus de 4000 personnes. Celui-ci regroupe l'enseigne Paul (67% du CA), joyau de l'affaire, avec 22 boutiques dans 43 départements en France en 2000 et plus d'une vingtaine à l'étranger; le Moulin Bleu, la division industrielle (24% du CA); la nouvelle chaîne en franchise Saint-Preux (2%); Ladurée (7%), élégants pâtisseries-salons de thé-restaurants, reprise habile d'une enseigne prestigieuse, un peu comme Paul d'ailleurs, « maison de qualité fondée en 1889 » ; et Panétude, un bureau engineering chargé de concevoir et d'entretenir les magasins... »

 

In " Le retour du bon pain " Steven L. Kaplan page 220 publié chez Perrin


Ce matin, comme convenu, je vous livre ce qui m'a intéressé dans la saga de Francis Holder. Pour ce faire je pioche dans le livre de Kaplan cité hier.

« Le plus gros défi était sans doute du côté artisanal... »

« Il constate que bien de ses collègues boulangers un peu partout, en optant pour le pain ultra-blanc et un travail accéléré, mal servis par des agriculteurs encore plus productivistes qu'eux et des meuniers pas encore conscients des risques de ce glissando moderniste, n'avaient plus l'exigence de la qualité... »

« Le génie de Holder a été de savoir résister au tout-marketing. Le succès durable, et contagieux, ne pouvait se fonder que sur l'excellence des produits...»

« Toute la filière semblait oublier le consommateur final... »

« D'abord, en amont, F.Holder a cherché à changer la relation entre les boulangers et les agriculteurs... »

« Anticipant les pratiques dites aujourd'hui d'agriculture raisonnée, sensible à la protection de l'environnement et aux impératifs de la traçabilité, il impose des règles et des contrôles concernant les engrais, les produits autorisés pour traiter les grains, le calendrier de la moisson etc.. »

« Il voulait amener ses meuniers à ne plus « cuire le blé », à ne plus le réchauffer. Meuniers-agriculteurs, même erreur : un productivisme aveugle...»

« Très tôt, par rapport aux autres artisans, F.Holder rejetait des additifs à sa farine, encore une décision osée, car l'absence de ces « aides » ou « améliorants » rendait le travail plus difficile, dans un milieu où l'on avait déjà du mal à recruter des ouvriers boulangers motivés et fiables.. »

« Ce Paul est à l'écoute de ses clients qui sont, eux, de plus en plus exigeants, il sait « sentir leurs goûts »


Mon petit détour chez nos amis les boulangers je le dois à une exposition à la Fondation Cartier « Pain Couture by Jean Paul Gaultier » c'était en septembre 2004. Organisé sous l'égide de la Chambre Syndicale de la Boulangerie c'était dans le domaine du tout est possible lorsqu'on se laisse aller à la créativité : entre chouquettes, pain et croissant, le célèbre kilt de JPG en pâte à pain et autres sculptures, ça sentait bon et ça donnait envie...

Alors, chers amis du vin, à quand notre exposition à la Fondation Cartier haut lieu de rayonnement culturel international ? Problème : où est la Chambre Syndicale des « faiseurs de vin » ? Chacun dans son terroir et les bastilles seront bien gardées... Bon j'ai lancé l'idée à vous de me dire ce que vous en pensez... Quand même ça aurait plus de gueule que de continuer à se présenter comme un secteur assiégé par les barbares de l'extérieur ou les pisses froid de l'intérieur...

Comme vous pouvez le constater je crois avoir un peu de suite dans les idées le seul problème c’est que j’ai 5 ans de plus. Voir www.paul.fr/

Les chroniques :

- la saga de Francis Holder

- les 42 pains de Paul

- la multiplication des pains

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 00:00

En un temps où le chacun pour soi, souvent bardé d’une flopée de bonnes intentions et d’une cotriade de belles justifications, triomphe en notre beau pays, y compris dans les vignes et les chais, l’histoire d’une poignée d’hommes, tous viticulteurs à Mailly Champagne, Édouard Hutasse, Louis Dubreuil, surnommé Ti Louis, Pierre Homand, Irénée Janisson qu’on appelle le Père Jibé, Fernand Rémy et Paul Dubreuil emmené par Gabriel Simon, fondateur et véritable figure de proue, ainsi que René Tournay, Camille Rémy et Charles Petit qui décident en 1923 de se regrouper afin de presser en commun leurs raisins, vinifier leur vin pour le vendre aux Maisons de Champagne est intéressante à conter.

 

Pour autant mon intention n’est pas de donner à cette histoire une valeur exemplaire, à chaque période ses défis et les réponses appropriées, mais tout simplement de rappeler à certains, jeunes ou moins jeunes, des valeurs qui ne sont pas dévaluées par notre prétention égotique à penser que seules les trajectoires individuelles comptent. En effet, nos dix bons hommes rejoints six ans plus tard par quatorze autres viticulteurs de Mailly sont, sur ce total, dix-huit à être membres de l’Union musicale de Mailly Champagne et treize anciens combattants de la Grande Guerre. Leurs valeurs de courage et de fraternité opèrent l’osmose indispensable pour relever les défis face à un avenir incertain et transcendent leur manque cruel d’argent. L’union de ces hommes de bonne volonté qui ont du courage à revendre va accoucher d’une véritable révolution dans les habitudes de l’époque. En effet, en ce début du XXe siècle les Maisons de Champagne détiennent le monopole du pressurage et ce contrôle de l’approvisionnement leur donne la main sur le cours des apports.

 

Bien évidemment cette prise en mains n’a pas été du goût du tout puissant Syndicat du Commerce des Vins de Champagne qui décida de boycotter les vins clairs vinifiés en 1929, 39 et 31 sur le site « aux François » par les 24 adhérents. La réponse à ce boycott peut aujourd’hui paraître évidente, élaborer eux-mêmes leur propre Champagne, constituait une lourde responsabilité qu’assumèrent Gabriel Simon et Gaston Hénin le chef des caves. Ainsi Champagne Mailly Grand Cru naissait de l’extrême nécessité et allait devenir l’exemple d’un Champagne issu d’un vignoble Grand Cru Classé à 100%.

 

Sans soutien bancaire, avec du matériel loué et des bouteilles de récupération, ils procèdent à un premier tirage de 8000 bouteilles qu’un négociant achète et paye sur le champ ce qui permet aux adhérents de réinvestir les fonds pour tirer 50000 bouteilles neuves cette fois. Cette montée en puissance les place devant un nouveau problème : la place. Que cela ne tienne l’huile de coude remplace le manque cruel de capitaux : sur les conseils de Gabriel Simon, ancien officier du Génie, nos pionniers empoignent pelles et pioches pour creuser durant l’hiver 1931-32 un escalier de 77 marches qui descend à 17 mètres de profondeur pour créer le premier caveau. L’élan est donné, le règlement de la coopérative prévoit que chaque adhérent offre 10 jours de travail bénévole par ha. Ainsi, pendant plus de 30 ans, en plus de leurs propres travaux dans la vigne, nos hommes vont s’activer sous terre, façonnant des cintres de chapelles, déblayant 350 000 m3 de gravats qu’ils remontent à la surface en de lourds wagonnets et qui serviront à l’empierrement des chemins communaux. Ainsi, un kilomètre de caves creusées dans la craie abritent 2 millions de bouteilles.

 

Mais quand le vin est tiré il faut le vendre et nos pionniers savent bien que c’est un autre métier que le leur, alors ils décident sagement de confier leurs intérêts à des représentants qui vont sillonner le pays et participer aux foires les plus prestigieuses. Mais ça c’est une autre histoire à laquelle un jour je m’attellerai sans doute après être allé sur place m’imprégner de l’esprit du lieu revisité, à l’aube du nouveau millénaire, par Giovanni Pace, jeune architecte rémois d’origine italienne. Sur la montagne de Reims, sur les 70 ha des descendants des adhérents d’origine, je foulerai le terroir des meilleurs lieux-dits, les galipes, les Croyats, les Poules, les Coutures, les Côtes du Midi et les Champs des Buissons, avant d’approcher au plus près de l’alchimie du Mailly Grand Cru. Quoi de plus dans la tendance qu’un « monocru », qui plus est un Mailly Grand Cru (17 villages sur 324 sont des Grands Crus) assemblé à partir des 450 parcelles identifiées et répertoriées.


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Pour les amateurs de chiffres : 81 adhérents, 70 ha de vignes : 75% Pinot Noir et 25% Chardonnay, moyenne d’âge 25 ans avec 8000 pieds à l’hectare, 450 000 bouteilles produites. Le détail des différentes cuvées sur www.champagne-mailly.com/ . Dans le TOP 10 des champagnes publiés dans ma chronique  « Les 2 Jacques Dupont et B se font mousser au Champagne pour les fêtes » (cliquez icihttp://www.berthomeau.com/article-les-2-jacques-dupont-et-b-se-font-mousser-au-champagne-41502576.html) figurait la cuvée Les Échansons 1999 17/20 Mailly-Champagne « 75 % de Pinot Noir, 25% de Chardonnay. Nez vineux, marqué par le pinot, groseille, bouche crémeuse et dense, beaucoup de classe, vin de repas. 75 euros ». Belle trajectoire que celle du « Domaine Mailly Grand Cru » bien ancrée dès l’origine dans son terroir originel, tracée tout d’abord avec courage, pugnacité, intelligence par une poignée « hommes debout », puis inscrite dans la modernité par des vignerons fiers de leur histoire et sans aucun doute conscients qu’ils ont reçu bien plus que des vignes en héritage.

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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 00:00

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Dans le langage populaire l’expression « beurré comme un petit LU » dit bien ce qu’elle veut dire. Si je la cite c’est pour faire le lien avec ma chronique de ce matin. Les plus vaillants de mes lecteurs, ceux qui me suivent dans mes écrits dominicaux, savent tout de la saga d’un pâtissier lorrain, Jean-René Lefèvre qui s’installait au 5 rue Boileau à Nantes en 1846, et qui 4 années plus tard épousait Pauline-Isabelle Utile. À « La Fabrique de biscuits de Reims et de bonbons secs » un personnel bien mis servait avec des pincettes aux bourgeoises nantaises, ou le plus souvent à leurs bonnes, les macarons, les langues de chat, les massepains, les boudoirs, les petits fours aux amandes, et bien sûr les biscuits de Reims. Le Petit LU n’était pas encore né, il sera le fruit de l’amour du goût de ce couple alliant sens du commerce et inventivité. Puis viendra la grande fabrique du quai Baco, là où sera industrialisée la fabrication de son fameux « Petit Beurre » qui enchanta des générations de croqueurs de Petit LU.


« Pour susciter la gourmandise, rien de tel que de séduire l’œil » déclarait Louis Lefèvre-Utile. Dans son délicieux ouvrage LU la Madeleine de Nantes, Hélène Dufau, écrit « Combien de générations de Nantais ont-elles grandi, bercées par l’odeur savoureuse et rassurante du biscuit chaud ? Chacun voyant son appétit stimulé par les effluves à un moment pas toujours opportun : les enfants dire leur faim dès la sortie de table, les adultes se pressent de prendre le temps de déjeuner, l’estomac dans les talons dès le milieu de la matinée. Les papilles caliciformes fongiformes stimulées par le goût de l’air à sucer, renforcé par son parfum qui se propageait de façon démesurée à travers les rues, agaçant les sens à n’en plus finir ». Je suis de ceux-là et le 25 janvier 2006 j’ai commis une chronique rageuse pour défendre l’authenticité de mon Petit LU mise à mal par les petits génies du marketing de la marque alors dans le giron de Danone. http://www.berthomeau.com/article-1688535.html . J’écrivais en introduction « Petit texte écrit le 2 juin 1994 que je dédie aux amateurs d'authentique. Comme eux j'aime les niches lorsqu'on y expose des œuvres d'art, des piétas ou des totems de Chaissac, mais je leur demande de ne pas m'imposer un art officiel et de me laisser aimer même un petit biscuit "standard" produit à des milliards d'exemplaires dans une usine des bords de Loire, aujourd'hui transformé en lieu culturel, et de ne pas faire accroire que c'est le seul chemin à emprunter


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Et oui messieurs les pourfendeurs de tous les produits dits industriels, ce n’est pas péché mortel que de se régaler et même de rêver en croquant certains d’entre eux. Que voulez-vous la Vache qui Rit n’est certes pas un sommet de la gastronomie mais elle est, ou à été, pour des générations de moutards leur madeleine de Proust. Et que dire des Carambar ! Pour autant je ne suis pas en train de tresser des lauriers à l’agro-industrie qui depuis les dernières décennies s’est ingéniée à mettre entre les mains de nos bambins des « horreurs ». Bien au contraire, et pour ce faire j’en reviens  à ce merveilleux petit gâteau sec, toujours le même, homothétique, produit en des milliards d’exemplaires, qui ne jeta pas dans la misère les artisans biscuitiers ou pâtissiers.


À chacun son métier, et à chaque moment de la vie la douceur qui va avec : le Petit LU dans les cartables et le sablé du boulanger pour le dimanche. Pas tout à fait le même prix non plus. Le succès du Petit LU « industriel » reposât tout d’abord sur la qualité du produit lui-même, irréprochable, issu de matières premières locales de première fraîcheur : du beurre, des œufs, de la farine, certes soumis à un process industriel mais respectées. Ensuite il y eut la réclame pour populariser le produit, des commerciaux pour le placer chez les épiciers, les boulangers puis les magasins à succursales... Que par la suite, devenue une grande marque ombrelle, rachetée par Danone puis vendue, notre Petit LU se soit transformé en un joujou pour nos petits génies du marketing je n’en disconviens pas mais, à l’origine, l’industrialisation d’un process artisanal n’implique pas forcément la fin du produit originel. 


Pour résumer mon propos, et pour que l’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas écrit, dans l’univers alimentaire la cohabitation entre des marques de produits de grande consommation et des produits artisanaux est la règle. Tous ceux qui ont prédit, et qui prédisent encore, la fin des bons produits sous la pression du rouleau compresseur de la standardisation se trompent, les faits démentent cet alarmisme. Le problème ne se situe pas dans une opposition entre des produits de marque et des produits artisanaux, mais dans leur capacité à tenir les promesses qu’ils mettent en avant pour convaincre et fidéliser les consommateurs. Les grandes marques tiendront leur rang si elles n’oublient pas les « valeurs » qui ont fait leur succès et les ont pérennisées. Les produits artisanaux n’ont pas à singer les marques en s’aventurant sur leur terrain de prédilection mais simplement à s’en tenir à un lien réel avec le fameux terroir. Le vin gravite dans le même univers que ses cousins de l’alimentaire et il reste à ceux qui le font et à ceux qui le vendent de choisir le terrain sur lequel ils veulent aller. Il ne s’agit pas d’un choix idéologique mais tout bêtement d'affronter le monde tel qu'il est.


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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 00:00

Renou_t.jpg© Ligérienne de Presse
Mon titre, ce n’est pas nouveau avec moi, se veut volontairement provocateur, la réalité n’est jamais aussi tranchée, dans le monde du vin tout particulièrement. Tout est dans l’échelle des valeurs que l’on s’est donné, dans le niveau de la compétition auquel on se confronte ou auquel on souhaite se confronter. Pour prendre une image sportive : il est possible d’être excellent en Division d’Honneur et de se révéler fort médiocre dans la division au-dessus. Si j’aborde ce matin ce sujet à haut risque c’est pour montrer l’extrême difficulté à laquelle sont confrontées les « appellations volumiques » qui, si elles veulent adapter leur ressource vin à la nouvelle donne mondiale, se doivent de faire le ménage, de mettre un peu d’ordre dans la maison. Bien évidemment il est toujours possible de faire illusion, de cacher la poussière sous le tapis, mais pour autant rien n'est réglé. Ceci étant écrit je suis très conscient qu’une telle remise en question n’est pas facile à assumer par les responsables professionnels car elle est difficile à vendre à ceux qui la vivent comme une exclusion, comme une rétrogradation. En revanche, ceux qui se trouvent « cernés » par des collègues qui tirent l’ensemble vers le bas ont de bonnes raisons d’appeler de leurs vœux une certaine forme d’écrémage.

René Renou, que l’on invoque parfois à tort et à travers, l’avait fort bien compris lorsqu’il avait mis sur la table ses AOCE, fraîchement accueillies, y compris par moi, puis préconisé « une remise en ordre basée sur les données du marché ». À l’époque, peu de temps avant qu’il ne nous quitte, il déclarait, avec le lyrisme que nous lui connaissions que d’un côté il devait y avoir « des vins de rêve, les AOC, dont la logique économique reste traditionnelleet de l’autre des vins plaisir, faciles à boire les AO. » Il précisait  « l’AOC repose sur le principe de l’excellence et l’AO sur celui de l’assouplissement. Si les producteurs veulent relâcher les règles, une majorité simple doit suffire » Il ajoutait « dans tous les cas de figure, les exigences de qualité seront strictes. Le principe est d’assurer la sécurité du produit, mais aussi sa compréhension. Du confort du producteur, on doit se tourner désormais vers le confort du consommateur, jusqu’ici plutôt ignoré, en clarifiant notre offre. » Enfin, il n’abandonnait pas son approche initiale « Dans les AO, existeront les règles habituelles des AOC. Mais un viticulteur d’une AO pourra exprimer son souhait de respecter des règles plus strictes et il faut que ces producteurs soient distingués. »

Avec la distinction AOP-IGP le cadre juridique est ouvert à un vrai choix clair. Il ne serait pas sérieux que certaines grandes AOC comme Bordeaux ou Côtes du rhône par exemple se contentent de passer telles quelles dans la catégorie des AOP. Soit elles durcissent leurs conditions de production pour ce faire, soit elles tiennent compte des conditions économiques et elles se rattachent aux IGP ce qui n’est pas forcément dévalorisant. C’est à ce stade que se pose le problème de ceux qui, ayant haussé la barre, se retrouveraient dans un univers qui ne serait plus le leur. Pour eux, à mon sens, une seule voie est envisageable : celle d’une démarche de reconnaissance collective de leurs différences qui leur permettrait de se différencier auprès des consommateurs. L’idée de René Renou de «  sites et terroirs d’excellence » dans un univers d’Indication Géographique de Provenance retrouve toute sa pertinence car elle s’adresse soit à des domaines isolés ou à des blocs de domaines qui ne forment par un continuum géographique.

Pour ma part je vois dans cette démarche collective, qui d’ailleurs pourrait-être menée de concert par des domaines, des châteaux, des entités, de zone IGP différentes pour bâtir un socle commun sur lequel s’exprimeraient les différences et les spécificités locales, tous les ferments d’un nouvel élan pour une part de notre vignoble. Cette démarche de labellisation sites et terroirs d’excellence  se devrait, dans un premier temps de revêtir une forme purement privée pour que s’exprime une approche fondée sur l’émergence d’un dénominateur commun élevé, quitte à lui donner par la suite, du moins pour son cadre général, force de loi. Certains vont m’objecter que je suis en train de rajouter une couche de complexité à notre système déjà considéré par certains comme incompréhensible. Ma réponse à cette objection est simple comme une alternative :

-         soit toutes nos AOC deviennent des AOP, tous nos vins de Pays des IGP et rien ne change, nous cultivons l’ambigüité avec le bénéfice que nous connaissons depuis cette dernière décennie ;

-         soit nous offrons aux vignerons confrontés à des choix difficiles des portes de sorties (moins de contraintes pour certains ou plus de contraintes voulues  par eux pour d’autres), économiquement viables face à une concurrence accrue et nous nous donnons les moyens de la reconquête.

Plutôt que de se contenter d’attribuer tous les ans un prix René Renou – ce qui est une belle initiative – ceux qui sont en charge des décisions concernant notre grand secteur d’activité honorerait bien plus hautement sa mémoire s’ils revisitaient ses propositions en leur donnant un contenu à la hauteur de sa vision et des défis du moment. Je ne suis pas l’exécuteur testamentaire de René, beaucoup se prévalent de son héritage sans en assurer la bonne fin, mais nous avons pendant tout un temps partagé la même ambition, par des voies parfois différentes mais avec la même pugnacité et le même désintéressement et je me sens légitime à repasser les plats qui n’ont même pas besoin d’être réchauffés. Ainsi j’espère échapper tout au long de l’année à la commémoration de Cap 2010 et au dépôt de gerbes « avec nos regrets éternels »   

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