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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 07:01

Après un tel titre les puristes vont certainement demander, dans un appel publié dans les colonnes de la RVF, que je sois fusillé pour outrage aux bonnes mœurs des AOC. Et pourtant je vais tenter ce matin de faire œuvre utile auprès des jeunes générations – Martin est mon petit-fils – ignorantes en abordant la merveilleuse complexité de nos AOC par l’un des terroirs emblématiques de Bordeaux : le Médoc. 
CarteMedoc.jpg
Tout d’abord, cher enfant, pour remettre à leur place tes fantaisies langagières, Médoc serait une corruption du latin in medio aquae, ce qui décrit la situation géographique du lieu : au milieu de l’eau, entre l’Océan Atlantique et la Gironde. En effet, le Médoc est une péninsule du nord de la Gascogne de 85 km de long ( [meˈðuk] en gascon ) située sur la rive gauche de l’estuaire de la Garonne : la Gironde qui s’étend du nord de Bordeaux à la pointe de Grave. Le Médoc des vignes est adossé à celui des landes. Voilà pour la géographie mais ce n’est pas suffisant ici car si on y fait du vin c’est que le raisin s’épanouit sur un terroir qui, pour faire simple Martin, est constitué de petits cailloux (comme ceux du Petit Poucet) appelé en ce pays : grave (je sais que ce mot est en ton vocabulaire pour qualifier certains copains) avec parfois un mélange de sable dénommé gravette.

carte_vins_bordeaux_medoc.jpgVoilà, ce pourrait être tout, mais il faut que tu saches que lorsque tu regardes la carte le Haut-Médoc est en bas et que le Bas-Médoc est en haut mais, comme personne en France ne veut être en bas, le Bas-Médoc est appelé tout simplement Médoc. Ne ricane pas ! Du côté du climat, comme le Médoc est la région viticole de Bordeaux la plus proche de l’Océan et que la Gironde y est aussi large qu’une mer en face de Pauillac et de St Estèphe, il y est plus doux et plus humide. Bien évidemment cher Martin pour faire du vin il faut d’abord faire mûrir du raisin qui est un fruit poussant sur de la vigne qui un arbrisseau (le cep) sarmenteux de la famille des ampélidacées. Pour ne pas trop t’embrouiller (je sais les embrouilles tu sais ce que c’est dans la cour de l’école) je vais m’en tenir là en me contentant de te citer les variétés de ceps, on dit cépages, qui peuvent porter du raisin en Médoc : le Merlot (40%), le Cabernet-Sauvignon (35%), le Cabernet-Franc (10%), le Malbec, le Petit Verdot et aussi le Carmenere.

Tu suis ? Tu dis oui mais tes yeux me disent : pourquoi le Médoc ? Je pourrais te répondre parce que j’en reviens mais pour te prouver que je ne te raconte pas des craques je vais te faire un peu de lecture. C’est Alexis Lichine dans son Encyclopédie des Vins qui l’écrit « Le Médoc est au premier rang des grandes subdivisions de la région de Bordeaux et bien des experts estiment que c’est la première du monde pour les vins rouges de haute qualité. Quand on considère à la fois la quantité de bon vin que produit le Médoc et les bouteilles incomparables de certains châteaux, cette opinion semble justifiée. » Et ce n’est pas nouveau mon loupiot. Toi qui adore l’Histoire sache que dans L’Etat des paroisses d’où viennent les vins de la sénéchaussée de Bordeaux et leur différence de prix, qui date de 1770 (le XVIIIe siècle coco) s’ouvre sur une présentation du Médoc en trois classes mettant en lumière la primauté acquise par cette région. « Ce sont les paroisses de Pessac, Margaux, Latour et Pauillac qui possèdent les premiers crus de vins rouges ; ils peuvent se vendre de 800 à 1200 livres, et de 1500 à 2500 livres pour les meilleurs. » Ne me demande pas combien ça fait en euros mais je puis te dire sans me tromper : beaucoup !

Avec cette page d’Histoire je fais la transition avec ce qui fait le charme de nos AOC : leur merveilleuse complexité. En effet, se profile déjà les appellations communales et les premiers crus classés. Pour les premières elles sont au nombre de 5 : Margaux (avec le fameux château Margaux), Saint Julien (avec le château Léoville Las Cases), Saint Estèphe (avec le château Cos d’Estournel), Pauillac (avec les fameux Châteaux Latour, Lafite et Mouton-Rothschild), Moulis (avec le Château Chasse Spleen) et Listrac (avec les Châteaux Fourcas-Hostein et Fourcas Dupré). Ouille, ouille je t’embrouille avec mes beaux châteaux mais je vais t’expliquer jeune homme qu’en 1855, lors de l’Exposition Universelle (c’était sous l’empereur Napoléon III) les courtiers bordelais établirent un classement pour le Médoc, les Sauternes&Barsac en fonction de la réputation des châteaux et des prix de leurs vins en se basant sur les résultats des cent années précédentes.
Ce classement va comme de bien entendu des de Premier Cru à Cinquième Cru. Donc, à l’origine dans les Premiers Crus ils étaient 4 : Châteaux Latour, Lafite et Mouton-Rothschild et Haut-Brion qui n’est pas un Médoc mais un Graves mais qui méritait d’être là. Ne m’interromps pas en rigolant sacripant car en 1973 le Château Mouton Rothschild les a rejoint. Déjà en 1856, le Château Cantemerle, un Haut-Médoc, entrait dans le classement comme 5ième cru.

Mon bon Martin tu n’es pas au bout de tes peines car en 1932, les non classés ont créé les « Crus Bourgeois » qui regroupent les meilleurs des vignerons exploitant plus de 7 ha. Estime toi heureux car à l’origine y avait des crus Bourgeois, Grands Bourgeois et Grands Bourgeois Exceptionnels mais ça a disparu aujourd’hui. Bon y’ a eu un peu de rififi chez les Bourgeois mais tout est rentré dans l’ordre depuis peu. Enfin pour compliquer encore un peu les choses depuis 1989 il existe une dénomination « Cru artisan » pour les moins de 5ha.
Voilà mon loupiot, comme tu es un as de la PlayStation, je suis sûr que tu as tout compris. D’ailleurs, puisque tes parents aiment le bon vin, et que ta petite sœur est une petite curieuse je te charge de leur transmettre le message délivré par Alexis Lichine « Le Médoc est le type même du Bordeaux rouge qui acquiert en vieillissant un bouquet subtil, évoquant la rose et la violette ou l’odeur indéfinissable des bois au printemps et celle de la terre fraîche. Ils sont féminins et délicats quand on les compare aux Saint-Emilion, plus charnus et plus chaleureux. On dit souvent d’eux que ce sont les reines plutôt que les rois des vins rouges. Les Médoc ont une finesse prodigieuse lorsqu’ils ont été amenés à vieillir correctement. Même les crus secondaires du Médoc acquièrent de la qualité en vieillissant. »

Je m’en tiens là canaillou après mon excellent séjour à Listrac à l’invitation du président Alain Meyre (Château Cap Léon Veyrin Cru Bourgeois (Listrac), Château Julien (Haut-Médoc) et Château Bibian Cru Bourgeois (Listrac) www.vignobles-meyre.com et de son équipe dont Vincent Fabre (Château Lamothe-Cissac) un de mes fidèles lecteurs. Après le déjeuner j’ai fait un saut au château Fourcas-Hostein pour alimenter mes neurones et mon stock de chroniques. Pour le reste je ne sais si, devant les vignerons, dans la salle communale de Listrac, mes propos sur les perspectives d’avenir, dans notre monde mondialisé, du vin français en général et de ceux du Médoc en particulier, ont redonné du moral pour affronter tous ces défis. Mais, comme j’ai surtout insisté sur la diversité des consommateurs, ce matin je me devais Martin de te mettre au parfum sur les vins médocains puisque dans quelques années tu feras parti je l'espère de la relève.
Chou-6107.JPG La merveilleuse simplicité des étiquettes d'autrefois...

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20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 00:09

J’ai habité longtemps le XIIIe au temps de l’impayable Jacques Toubon et de son adversaire préféré le « souriant » Paul Quilès et maintenant je loge à ses lisières ouest. Même si j’ai pris des distances avec la vie de quartier du XIIIe je garde pour cet arrondissement cher au cœur de Léo Mallet et de son héros Nestor Burma (la mythique rue Watt) une tendresse particulière.

 

Le XIIIe arrondissement de Paris dans sa partie Est, celle qui part de la Place d’Italie via l’avenue de Choisy vers la porte d’Ivry, a fait l’objet de l’opération table rase la plus importante de la capitale. En effet, le XIIIe recelait de nombreux ilots insalubres ou jugés mal construits qui devaient faire, selon des architectes tels que Raymond Lopez et Michel Holley, l’objet non d’une simple rénovation mais d’une réorganisation dans l’esprit de la Charte d’Athènes de Le Corbusier (construire en hauteur pour libérer de l’espace au sol, gagner de la luminosité ; séparer les voies de circulation automobile de la desserte locale et piétonnière...)  « La trame urbaine n'est plus définie par les rues, mais par l'ordonnance des constructions, elles-mêmes guidées par des considérations fonctionnelles » proclame le Plan d’Urbanisme de 1959. Le quartier des Olympiades en sera l’emblème. Les érections de béton de 30 étages posées sur du béton (l’un des principes de Le Corbusier : les parcs entourant les tours a été mis de côté par les promoteurs privés car le vert c’est du m2 improductif) c’est le temps des dalles et des rues invisibles. L’opération Olympiades voulait séduire par son modernisme et la présence de nombreux équipements scolaires et sportifs une population de jeunes cadres. Bide absolu auprès des Parisiens, les tours restent inoccupées pendant plusieurs années et le fiasco est évité grâce à l’arrivée des premiers réfugiés vietnamiens vers 1975. Les appartements sont occupés par plusieurs familles pour faire face aux loyers élevés. Viendront ensuite les réfugiés et immigrés cambodgiens, laotiens puis chinois. Le quartier devient le Chinatown de Paris avec ses commerces et restaurants financés par le système de la tontine. Curieusement, les toits en forme de pagode qui recouvrent les boutiques de la dalle ont été réalisés avant l'arrivée des Asiatiques et sans relation avec eux. Pour plus d’information lire  Les Chinois de Paris : minorité culturelle ou constellation ethnique ? de Jean-Pierre Hassoun et Yinh Phong Tan http://terrain.revues.org/index2909.html

 Chou-7021.JPGChou-7022.JPG

Le Nouvel An chinois, en 2010 l’année du Tigre fait partie intégrante du paysage parisien et plus particulièrement du XIIIe arrondissement. Cependant cette année, par la grâce de mon chef bien aimé – je peux car c’est un membre de l’ABV – qui fut en poste à Pékin, qui lit le mandarin, nous fûmes conviés vendredi dernier aux Délices du Sichuan boulevard de Strasbourg restaurant chinois bénéficiant du label Asie à fêter l’année du Tigre à l’heure du déjeuner. Trois belles tablées de grands ingénieurs blanchis sous le harnais de la République des champs, des étables et des forêts, à mon regret seulement 4 femmes mais la qualité compensait la quantité, une chaleureuse ambiance autour de mets vraiment chinois et, pour faciliter le bon fonctionnement de notre système digestif mis à l’épreuve des piments : des vins chinois, un rosé et un rouge issus du  vignoble Suntime 10 000 ha plantés dans la région du Xinjiang (traversée par l'historique Route de la Soie et trois fois plus grande que la France) qui se situe sur une de 44° Nord similaire au Bordelais et à la Californie. Les journées chaudes et ensoleillées et les nuits fraîches permettent une très belle maturité du raisin. Les vins sont élaborés par des œnologues français et embouteillés à Cognac. Comme me le disait Armand Collomb, natif d’Eguilles en Provence, à propos de certains esprits goûteurs : j’ai fait le calamantran (bon à rien et fort en gueule) face à mes collègues de la table en donnant mon avis sur le rosé d’abord, puis le rouge.  Chou-7013.JPGChou-7009.JPG

Le rosé de Syrah est d’une belle couleur cerise anglaise, brillant, son nez est très agréable sur des notes de figue de Barbarie, une attaque en bouche douce, un peu sucrée mais avec une belle fraîcheur. C’est un vin friand qui se marie très bien avec la cuisine chinoise peu avare de piments. Certains vins concurrents traditionnels dans la restauration asiatique auront intérêt à relever leur niveau pour ne pas se voir sorti des tables. Pour le rouge qui est un cabernet-sauvignon, en dépit d’une belle robe rubis, ce vin sans grand relief est court en bouche et disparaît sans laisser d’adresse. Nous avons donc fonctionné au rosé tout au long de nos excellentes agapes et que tout est allé dans le meilleur des mondes dans l’après-midi.

 

Je pourrais en rester là mais le marché du vin en Chine fait fantasmer tout le petit monde du vin français. Certains qui causent riche disent que ce pays pourrait devenir un puissant relais de croissance pour notre wine industry. Les 1,3 milliard d’habitants, les taux croissance pharaoniques, ça excite les calculettes et ça fait rêver à des millions de cols. Calmos, si je puis m’exprimer ainsi, car la Chine est un pays consommateurs de spiritueux et de bière majoritairement et même si il y a 20 ans le gouvernement chinois a officiellement appuyé le secteur du vin pour amoindrir la prééminence de la consommation d’alcools, celui-ci n’occupe pas encore une place prééminente dans la consommation populaire. Pour l’avenir c’est la production de vins chinois qui est et restera la base du développement du marché intérieur. Le potentiel de production de vin chinois, qui ne représente que 1 % de la production de spiritueux nationaux, avec 359 000 hectares de vignes et 3,34 millions d’hl de production (la Chine se place actuellement au 6ème rang mondial en termes de surface d’encépagement et de production de vin) s’adaptera aux évolutions de la consommation du vin qui n’est pas encore une consommation banalisée en Chine. Espérer des grands volumes avec des vins français c’est faire fausse route car notre industrie n’est pas structurée pour relever ce type de défis. Pour autant la partie ne se jouera pas exclusivement sur les vins de haut de gamme et la consommation élitiste mais surtout autour des vins de cœur de gamme où certains de nos concurrents du Nouveau Monde et voisins européens sont mieux armés que nous pour occuper les créneaux ouverts par l’extension de la classe moyenne chinoise et l’amélioration de son pouvoir d’achat. Si ceux qui espèrent dans le marché chinois répètent les mêmes erreurs d’appréciation que dans les années 2000 avec le marché anglais nous continuerons de regarder passer les trains de la croissance du marché mondial.

 

 

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 00:00

Face à ma dernière chronique sur la presse du Vin http://www.berthomeau.com/article-les-attaches-de-presse-et-les-vins-de-presse-ont-mauvaise-presse-44938422.html où je souhaitais que celle-ci ouvrît plus largement sa focale les rédac’ chefs, si tant est qu’ils me lisent encore (mais la profession recèle de suffisamment de mauvaises langues pour que mes agaceries reviennent à leurs oreilles), agacés ont du déclarer à leurs troupes expertes et raffinées que j’étais tout juste bon à critiquer leur dur labeur mais que du côté propositions je me révélais aussi sec qu’un Gros Plant. Qu’ils se détrompent j’en ai plein dans ma musette. Certes, pour ne pas les faire déchoir je ne vais pas suivre sur son terrain François le Débonnaire en leur proposant une verticale de Vieux Papes ou un méli-mélo de Petites Récoltes de chez Nicolas. Faut s’adresser aux gros portefeuilles pas au couple Bidochon...

Bref, comme je suis un lecteur assidu des enquêtes de consommations menées par l’INRA depuis les années 1980 (je fus à l’initiative de la première avec Daniel Boulet) je me permets de souligner que le moteur de la baisse de la consommation de notre merveilleux nectar (je n’écris pas velours de l’estomac pour pas me faire choper par François le Débonnaire) est la baisse des fréquences de consommation. Le nombre de consommateurs est demeuré globalement stable pendant la période. D’autre part, le sexe et l’âge sont prépondérants dans le positionnement de chacun en termes de fréquence de consommation. Pour l’âge deux effets se conjuguent :

-         L’effet cycle de vie : les goûts des consommateurs évoluent avec son avancée en âge et l’évolution de son pouvoir d’achat ;

-         L’effet de génération : les individus nés dans la même tranche d’âge ont des goûts et des habitudes de consommation qui correspondent au contexte historique.

Tout cela se traduit d’une part par un accès de plus en plus tardif et un allongement de la période d’apprentissage et la prépondérance des occasionnels (43%) et des non consommateurs (41%). Chez les moins de 25 ans il n’y a plus de consommateurs réguliers. Sur un marché de 31 millions de consommateurs de vin en 2005, la France ne comptait que 33% de réguliers dont un tiers de femmes et 66% d’occasionnels à parité hommes-femmes. Les comportements de consommation sont majoritairement festifs et conviviaux. Les projections 2015 confirment ces tendances de fond : sur 51 millions de français en âge de consommer : les réguliers ne sont plus que 13%, les occasionnels 43% et les non-consommateurs 43%. Au-delà de ces chiffres ce qui est très encourageant c’est une forme « d’atterrissage en douceur » de la consommation en France par une stabilisation des volumes de consommation et de la segmentation des fréquences de la consommation.

Et pendant ce temps-là nos pépères dégustateurs professionnels font comme si rien n’avait changé avec la bonne cave de grand-papa, ses bonnes boutanches de derrière les fagots, le déjeuner du dimanche chez les beaux-parents avec le gigot flageolets et la bouteille quotidienne sur la table. Je ne vais pas vous jouer la musique de la cantoche sinon mon ami François le Débonnaire va me tirer les oreilles mais vous mettre sous vos divins nez les terrasses des cafés. Ben oui messieurs, ça manque de dames dans les rédactions vineuses, moi j’en ai 2/5 dans mon groupe de dégustation : Flore et Margot, le vin se boit aussi en ces lieux autrefois réservés aux demi-pressions et au petit noir. Dans le temps y’avait bien sûr les vins de comptoirs mais ils n’avaient pas droit de cité dans vos pages papier glacé.    

Donc, à quand une chronique régulière sur la carte des vins des grands cafés de Paris et des grandes villes de France passées au crible de vos longs nez experts et de vos gorges profondes impitoyables ? Ce serait un service apprécié par tous les consommateurs, jeunes ou moins jeunes, femmes ou mâles amateurs qui lichètent des petits verres en terrasse après le turbin. Vous noteriez la qualité de la verrerie, du service, de l’état de conservation du vin, le rapport qualité/prix au verre. Je ne sais quoi moi... la beauté des filles en terrasse... la robe du vin... je n’irai pas jusqu’à la finesse de sa cuisse... la longueur de la carte... la variété des appellations ou des provenances... l’inventivité... Bien sûr, vous pouvez m’objecter que vos braves dégustateurs ne pourront pas recracher le précieux liquide et qu’ils risquent de rentrer à la rédaction en chantant comme des pochtrons. Afin de parer cette objection je propose que les grandes maisons de vin ou les grands préleveurs de CVO sponsorisent une petite gourde avec entonnoir-crachoir qui permettrait de ne pas vous voir clouer au pilori par le Sot d’Eau et l’ANPAA réunis.

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J’en ai fini pour aujourd’hui et, selon une tradition bien établie, ma proposition va faire un grand plouf dans le silence indifférent des rédactions. Qu’importe j’aurai le sentiment de plénitude du devoir accompli. Pour ne rien vous cacher j’ai d’autres idées en magasin mais comme je suis à la fois cigale et fourmi je les garde pour les temps des vaches maigres. Enfin, je dois confesser – c’est un vieux reste de mes années vendéennes, le confessionnal, l’aveu des fautes et l’absolution : merveilleuse machine à laver les âmes que la confession – que cette chronique n’aurait jamais vu le jour sans vos nombreux et pertinents commentaires : ceux de François le Débonnaire comme tous les autres. Vous êtes sur la bonne voie chers lecteurs : commentez !

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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 00:04

Il est des jours où, dès le matin, tout se présente bien, levé du bon pied, douché, rasé de près – façon de parler pour moi -  guilleret, tout frétillant de la perspective d’un beau programme, sans se douter que sous  ce beau tapis de pétales de rose gît un beau râteau qui n’attend que votre pied imprudent pour venir se ficher sur votre gueule enfarinée.
Tel fut mon destin mardi passé. Je flottais dans une douce euphorie tel un amoureux transi. Que du bonheur jusqu’à la tombée de la nuit où je pris ma petite auto pour me diriger vers les arrondissements à petits numéros. Circulation fluide jusqu’au Sébasto, puis le lacis des rues de bordure du Marais où, plein de fourmis besogneuses déchargaient des colis de petites camionnettes en obstruant les rues, et pour corser le déplaisir les gars de Veolia – merci monsieur Proglio – se tapaient les poubelles à ces heures de transit.
Je sentais poindre le grain de sable dans les beaux rouages de ma belle journée finissante. Se calmer, respirer, enfin tout en face du nez de ma Twingo assemblée en Slovénie surgissait un bâteau de livraisons où me garer. Je m’enfournais. Merde Sens interdit ! Je me garais tout de même, prenais mon cabas emplis de lourdes bouteilles au bras, prenais mes jambes à mon cou pour gagner le lieu de la dégustation. Ça me réchauffait de courir ! Je déposais mes flacons et repartais illico dans l’autre sens. Grand bonheur les séides de Gaudin (le préfet de police) ne m’avaient pas rançonné de 35 euros. Je repartais dans ma petite auto pour trouver un stationnement réglo et là, surprise, un peu plus avant je trouvais à quelques encablures de la Trinquette une belle place. Ça caillais. Je m’emmitouflais dans ma canadienne.

La Trinquette, bar à vins-caviste au 67 rue des Gravilliers dans le 3ième arrondissement www.latrinquette.fr antre de jeunesse qui affiche ses racines audoises sans complexe : vins de Miren de Lorgeril, vins d’Embres&Castelmaure de PHDM, cuvée N°1 de l’ami Pierre, vins de JB Sénat... un bar tout en longueur dans une ancienne mercerie et des grappes de filles et de garçons qui s’assemblaient pour un petit casse-graine du soir entre amis. Ma troupe était au complet ce soir : les deux filles Flore et Margot et les quatre garçons : Yannick, Michel-Laurent, Erwan et Mathieu. Douze flacons alignés, deux villages qui se touchent, je commençait dans ma petite Ford intérieure à avoir des doutes sur l’intelligence de ma confrontation entre T et F. Nous étions dans une demi-pénombre, accoumussés autour d’une table, et la dégustation pouvait commencer.

Décontenancés ils allaient l'être mes loupiots plutôt habitués à des nectars plus raffinés. Dans la première tranche des 6 T c’était du rustique, de la finale sèche, du vin de chasseur, bon avec du chorizo, tanins secs, nez de bois, animal, amertume, nez de savon, alcooleux, viril, inhibant. Nous n’en pouvions plus de renifler ces vins de grand papa gravitant, en dépit de leur revendication en AOC, dans un univers de vins de table sans grand caractère véhiculant une image défraîchie et passéiste du vin du Languedoc. Yannick soupirait « c’est malheureusement notre lot quotidien... », Mathieu poliment parlait d'autre chose,  Margot lâchait « c’est choquant ! », Flore toujours sympa leur cherchait des excuses, Michel-Laurent et moi-même rappelions qu’on en trouvait aussi du bon et que l’enjeu de la césure entre des vins sans IG et des vrais AOP se jouera en une vraie différenciation à la source. Certains gestionnaires de caves ne l’ont semble-t-il pas encore compris continuant à faire comme ils ont toujours eu fait...

Mais comme l’espoir fait vivre je m’accrochais à l’idée que la seconde série des 6 F allait nous réconcilier avec l’idée du vin de terroir. Les 4 premiers nous replongaient dans l’affliction. Ce sont certes des vins de table mais nous nous attendions à une forme d’inventivité, de génie du lieu alors que Margot atterrée en venait à dire qu’ils étaient bons à se saouler en dépression. Par bonheur les 2 dernières bouteilles sauvaient la dégustation : la première nous offrait un beau Corbières classique, aux tanins bien fondus, un nez de jasmin, plein d'une forte matière, rond avec une belle fraîcheur. Il plût aux filles et rassérènait les garçons ; le second était plus cathare, moins de fruit, plus rocailleux, désigné comme un personnage réservé, très gothique dixit Erwan, austère pour Flore, sarcastique pour Erwan, plus pénétrant un vin qui plaisait beaucoup à Michel-Laurent.

Bien me direz-vous tout ce bla bla est bien joli mais au bout du bout ça ne débouche sur rien de concret puisque vous ne nous dites pas d’où venaient ces vins. J’en conviens mais si j’ai pris tout de même ma plume pour vous narrer ce quasi-bide c’est que j’en tire deux conclusions que mes coéquipiers partageront :

-         Tout d’abord le concept, cher à Laurent Bazin, du Vin de mes amis touche parfois aux limites que l’on peut ou que l’on doit se fixer pour préserver l’amitié. Je préfère l’omission à la révélation sur la place publique de ma déception. L’ami de la première série n’est point vigneron mais se pose des questions sur le devenir de ses raisins. Le second ne m’avait rien demandé alors je ne vois pas au nom de quoi je viendrais le titiller.

-         Ensuite l’expérience s’acquière aussi dans la difficulté : 10 de ces vins étaient des vins sans grandes qualités mais aussi des vins sans grands défauts. C’était des vins communs. Des vins qui portaient sur leurs épaules une forme d’épuisement, de lassitude, de fin de cycle. Dans la première série le problème est lié à la structure de production qui manifestement n’est plus à la hauteur des enjeux du temps. Pour la seconde c’est plus compliqué et comme je n’ai pas toutes les clés je ne puis avancer d’explications. L’important dans cette affaire c’est que, pour quelques unes de mes jeunes pousses, l’apprentissage de la déception est elle aussi riche d’enseignement car à ne voisiner que des belles bouteilles on en oublie le commun des mortels.

Après ce magnifique râteau j'ai repris ma petite auto pour m'en aller dîner dans les beaux quartiers et la journée c’est excellemment terminée par des grands airs et...

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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 00:08

La dent dure du cousin PA Gagnon à propos du voisinage dangereux à l’APV de journalistes du vin et d’attachés presse me permet de prendre la défense de cette dernière profession. Bien sûr je vois déjà des sourires ironiques poindre chez certains d’entre vous qui vont insinuer que je le fais car pour la plupart les attachés de presse sont des attachées de presse. Affairées, filofax bourré, Iphone ou B&B en rut, ces charmantes et sémillantes jeunes femmes ont pour fonction principale, non de faire fantasmer le cochon qui sommeille en tout bon journaliste du vin de sexe masculin, mais de lui fournir du matériau pour alimenter sa plume. L’attachée de presse distribue donc des dossiers de presse vantant les mérites de ses clients aux journalistes. Comment imaginer qu’il en fût autrement. Mettre sous de belles chemises autre chose que des louanges relèverait d’une forme de masochisme étrange. Donc elles font leur boulot les attachées de presse, que peut-on leur reprocher ? Pas grand-chose sauf peut-être de se croire obligées de distribuer leurs dossiers de presse dans de superbes restaurants étoilés ou lors de voyages de presse avec gîte et couvert. Là encore je ne leur jetterai aucune pierre : s’il n’y avait pas d’amateurs il n’y aurait pas d’offre. Donc pour moi les attachées de presse sont des personnes respectables et fréquentables qu’il n’y a pas lieu de vilipender. À chaque « utilisateur journaliste », si je puis m’exprimer ainsi, de voir quelles distances il met entre ses écrits et les sollicitations dont il fait l’objet. Pour qu’il n’y ait aucune ambigüité dans mon propos, même si je ne suis pas journaliste, je m’inclus dans cette profession en tant que petit chroniqueur soumis aux mêmes sollicitations agréables.

Pour les vins de presse qui, comme vous le savez tous, sont le dernier produit du pressurage et ils sont durs et communs. Mais moi, qui ne suis qu’un fieffé coquin, en l’occurrence, c’est pour le peps du titre que j’ai parlé d’eux afin d’aborder les vins de la presse autrement dit : la presse du Vin.  Comme je suis aussi un ramier hors pair je cède la plume à mon excellente consœur journaliste et vigneronne (conflit d’intérêts, j’rigole !) Catherine Bernard qui, cette semaine, dans Vitisphère écrit fort pertinemment :

 

La toile bouscule le papier

 

Le magazine Decanter nous apprend cette semaine la fermeture de Sibaritas, revue mensuelle grand public sur le vin qui faisait autorité en Espagne. Sibaritas avait été crée il y a 18 ans par José Penin, et s’était attiré la collaboration de grandes plumes, parmi lesquelles Jancis Robinson, Michel Bettane, et Victor de la Serna. « La crise et la montée des sites sur le vin a entraîné une chute significative des lecteurs en 2009 », souligne Lucy Shaw. Dans l’interview qu’il a accordée à Decanter, Jose Penin, annonce « le lancement d’une version en ligne de la revue en octobre ». Lui aussi chahuté, le magazine belge In vino veritas se lance sur la toile. Il diffuse via Internet le numéro 2 de sa « newsletter », huit pages maquettées et se lisant comme un magazine papier.

 Toute la presse française, et une partie de la presse de pays voisins, est en crise, sauf en France les magasines féminins, celle du vin n’y échappe pas bien sûr. Pour cette dernière, est-ce la faute de la Toile, je n’en sais fichtre rien mais, sans vouloir en rajouter, car les chroniqueurs sur le Net, moi le premier, ne doivent pas se prendre pour les nouveaux prescripteurs, je pense qu’à toute chose malheur est bon. Je m’explique. À plusieurs reprises, sur mon espace de liberté, j’ai brocardé à la fois le conformisme de certaines publications et le « sectarisme » d’autres feuilles plus confidentielles. Le monde du vin, surtout celui des grands, vit tourné vers son nombril, entre soi, avec ses codes, avec son vocabulaire, avec son goût de la pompe, de l’art officiel, des grands professeurs qui savent tout. Qui se soucie de Robert et Raymonde Bidochon qui font leurs courses et achètent leurs vins à Leader Price ? Que choisir quand ça lui chante mais pour le reste tous les plumitifs se tamponnent le coquillard du sort de plus de 90% des consommateurs de vins. Normal me rétorquera-t-on : ils s’en foutent, ils boivent n’importe quoi, comme dans la Traversée de Paris : « salauds de pauvres ! » C’est une erreur grave que le vin français paie cash. Sur l’autre versant, les néo-consommateurs, même cécité, très peu de journalistes ont vu venir les nouvelles tendances, n’ont intégré que le vin devenait un pur produit d’occasion, très peu ont anticipé la montée de la consommation féminine. Nous sommes en plein phénomène de surpâture : tous le monde dans le même pré et y’a plus assez d’herbe pour tout le monde. Pas étonnant alors que lorsque de nouveaux espaces s’ouvrent ils trouvent des lecteurs.


Désolé d’avoir la dent dure mais j’entends trop souvent gémir, se plaindre que la terre entière nous en veux, pour ne pas en appeler à une remise en cause salutaire pour que le convenu laisse la place à la créativité. À force de pontifier je suis désolé mais on fait chier le monde. Notre monde du vin qui se dit convivial l’est-il vraiment ? Est-il attrayant ? Donne-t-il le sentiment d’être partie prenante de la vie des gens ? J’en doute. Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Que je sache une marque comme Mercédès s’est intéressée à la petite voiture urbaine, les grandes marques de haute-couture vivent essentiellement des produits dérivés, les parfums surtout, achetés par mademoiselle, madame et maintenant monsieur tout le monde. Sans vouloir être mauvaise langue l’autre jour, évoquant la marque JP Chenet qui est la seule marque française dans le Top 10 volume de la SAQ, les journalistes présents ne savaient pas qui embouteillait ce vin. Bien sûr, les Grands Chais de France, Joseph Helffrich son patron, premier exportateur de vins français, n’entrent pas dans le cénacle des grands vins ni dans le Who’s who de la RVF. Je me suis toujours demandé, au temps où la RVF et la RVI étaient dans le même groupe de presse, pourquoi aucune réflexion ne fut entamée pour qu'ils fissent cause commune pour le Vin et tous les Vins. Sans doute dans notre beau pays on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Ainsi va la France du Vin et les attachées de presse n'y sont pour rien.

Attention comme ce matin je n’ai pas versé dans la modération n’en déduisez pas pour autant que tout est bon à jeter dans la presse du vin, bien au contraire. Je lui demande seulement d’ouvrir bien plus largement sa focale, d'enlever ses oeillères. Pour conclure, je laisse de nouveau la plume à Catherine Bernard qui note, à propos de la version Internet d’In Vino veritas, « On y retrouve la qualité des informations du mensuel et l’ouverture sans a priori des Belges au vin, conjugué au pluriel. Les deux premières pages sont consacrées à un dossier, ces deux premières semaines, un flash-back international de l’année 2009, photographie intéressante du monde du vin. On y trouve aussi « un zoom » sur une appellation, cette semaine, « le Proseco », chiffré et détaillé, et un réjouissant déshabillage du marketing usant des mots « terroir » et « territoire ». Avec ça j’aurai au moins les journalistes belges pour me défendre de l’ire de leurs collègues gaulois.

 

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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 03:25

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Comme ce matin je file vers Bordeaux direction ensuite Listrac pour honorer l'invitation du Président de l'ODG Médoc, Haut-Médoc, Listrac à causer devant son AG j'en profite pour chroniquer sur un personnage de l'autre rive : Robert Boulin.


Le bref passage, de juillet 1968 à juin 69, au 78 rue de Varenne de Robert Boulin dernier Ministre du Général de Gaulle dans le fantomatique gouvernement Couve de Murville, a bien sûr beaucoup moins frappé les esprits que sa tragique et énigmatique fin dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979. Résistant dès 1941 dans le réseau Navarre dont il deviendra le chef, il est engagé volontaire en 1943 et à la Libération il devient avocat à Bordeaux puis à Libourne. Sa carrière politique débute en 1958 quand il devient député UNR de la Gironde, puis maire de Libourne un an plus tard. Il sera constamment réélu député et maire jusqu'à sa mort. Il va aussi exercer des fonctions ministérielles pendant plus de quinze ans. Les lignes qui suivent s’inspirent d’un texte du Professeur Hubert Bonin issu d’une communication lors du colloque Robert Boulin en politique (1ier-3 octobre 2009 à Libourne).

 

La 5ième République, avec la déferlante UNR post 58, puis ses technocrates énarques, a érigé le « parachutage » en adoubement des nouveaux barons du régime et de ses jeunes turcs. Venus du « ciel » les nouveaux arrivants se devaient pour survivre de s’enraciner dans le terroir de leur circonscription. Le cas Boulin est intéressant du fait des spécificités du « pays Libournais ». En effet, celui-ci montre « une sensibilité aigue, voire épidermique, face aux autres territoires girondins et à la métropole de Bordeaux » Qu’une petite ville 10 fois moins peuplée que sa voisine soit doté d’une succursale de la Banque de France, d’une Caisse Régionale de Crédit Agricole indépendante de celle de la Gironde (le St-Émilionnais est rattaché à cette dernière), d’une Chambre de Commerce et d’Industrie témoigne d’un  « patriotisme de clocher » dont le « parachuté » Boulin doté d’une envergure nationale à du tenir compte en « jouant le jeu » des spécificités du monde du vin libournais.

 

Plus intéressant encore « il a dû également prendre en compte les rivalités de territoires, entre les appellations, les « bons » terroirs et les terroirs banals, « les gros » et les « petits », nombreux dans un Libournais caractérisé souvent par de petites exploitations dotées d’un relief pentu qui compliquait le travail de la vigne, les concurrences multiples d’images de marque, de caractéristiques vinicoles, les rivalités entre le monde du négoce et celui des coopératives (désormais relativement puissantes quoique, à cette époque, fragmentées). Il a dû aussi respecter le chauvinisme du St-Émilionnais, marqué à la fois par un « petit peuple » de vignerons et certaines appellations moins prestigieuses et par une « bourgeoisie » articulée autour de domaines et appellation renommés et surtout d’un réseau de sociabilité dense (compagnonnage, Crédit Agricole) animé à cette époque par la dynastie Capdemourlin : Jean Capdemourlin présidait le Syndicat viticole de St-Émilion et animait la Jurade (recrée en 1948). »

 

Toute la « finesse » du politique, au-delà de ses positions idéologiques et politiques (attitude que j’ai observé auprès d’un Louis Mermaz considéré à Paris un socialiste intransigeant et qui était si souple dans sa bonne ville de Vienne) tient dans sa capacité à donner de lui-même une image qui fédère des courants sociologiques parfois antagonistes. « Le fait d’être catholique et d’aller à la messe à Libourne favorisait indirectement son image dans les cercles de St-Émilion depuis longtemps cimentés par des convictions catholiques sociales » souligne Gérard César son 3ième suppléant. Là encore, la constitution d’un couple « l’avocat Boulin, homme politique parisien, le citadin de Libourne et d’une personnalité issue du vignoble » est capitale pour l’exercice d’enracinnement. Tel sera le cas du 1ier Jacques Boyer-Andrivet, qui cumulait l’avantage d’être centriste, viticulteur à Saint-Pey-de-Castets, et président de la cave coopérative de Génissac. Quand à Gérard César son profil était lui aussi idéal viticulteur et président de la cave de Rauzan.

 

L’autre facette de l’action de Boulin en faveur du monde du vin tient aussi à son positionnement par rapport à Chaban-Delmas, l’homme de Bordeaux, et le restant du personnel politique local, tel le centriste Aymar Achille-Fould. Il devient le « passeur » des demandes des professionnels, « il se voit investi d’une mission indicible mais réelle de porte-parole des campagnes au sein de la majorité parlementaire et auprès de la technocratie des Ministères. Ce lobbying viticole très territorialisé va marquer durablement la perception qu’auront nos concitoyens du monde du vin et faire accroire qu’il existe un lobby puissant du vin alors qu’il ne s’agit qu’un conglomérat de circonstances de baronnies locales.

 

Intéressant aussi, dans l’aire de rayonnement politique de Boulin, est la concentration de « figures » du mouvement paysan « Il était encerclé par des personnalités de haute volée » déclare Gérard César.  L’une des ces figures est celle de Pierre Martin, sans doute aujourd’hui tombée dans l’oubli auprès des nouvelles générations, mais qui a fédéré les Caves Coopératives vinicoles avec la CNCV qu’il présidera de 1943 à 1972 (c’est l’ancêtre de la CCVF qui n’a connu que 3 présidents en 67 ans outre Pierre Martin, Antoine Verdale et Denis Verdier. Le vin ça entretien la santé des Présidents).  « Du côté des forces contestataires et contestant l’ordre établi, qu’il soit syndical, institutionnel ou social [...] : André Lurton, président du Cercle de jeunes agriculteurs de France, dont le CNJA était l’héritier, était actif tout près, à Grézillac : « J’avais relancé le Syndicat viticole de l’Entre-deux-mers en 1952 avec une équipe de collègues ; je faisais un petit peu l’agitateur avec les Jeunes Agriculteurs et le Syndicat. Vers 1958/59, on a reconstitué le Syndicat de Bordeaux et Bordeaux supérieur qui était entre les mains de braves gens qui laissaient courir » déclare l’intéressé.

 

Pour conclure ce bref tour d’horizon, notons que c’est Robert Boulin, ministre délégué de l’Économie et des Finances, qui cosigne le 7 juillet 1977 la loi validant des décrets du 18 novembre 1966 et du 16 février 1976 « portant réorganisation du CIVB ». Le décret de 1966, œuvre d’Edgar Faure Ministre de l’Agriculture, avec son Directeur de Cabinet Jean Pinchon, marque l’entrée des contestataires, tel André Lurton, dans les instances du CIVB.  30 ans déjà, ne serait-il pas temps de passer la tête de loup dans les toiles d’araignées du CIVB ?

 

CNCV : Confédération Nationale des Caves Coopératives

CCVF : Confédération des Caves Vinicoles Françaises

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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 00:05

C’est l’histoire d’un type, moi, simple plumitif dépourvu de tout signe de qualités attestant que je fusse capable de distinguer un Pinot noir bien né d’un Gamay de bonne extraction, qui débarque avec ses Richelieu bien cirées en un cénacle peuplé de ce qui se fait de mieux de longs nez et de gorges profondes, formes de moines civils dont la vie est entièrement dédiée à la glorification des grands vins, qui sont eux en capacité de trier le bon grain de l’ivraie, de précipiter dans la géhenne les mécréants, de porter au paradis les méritants, de laisser moisir au purgatoire même les puissants. Je n’ai qu’un regret c’est que pour l’heure, aucun d’entre eux, même Michel Bettane qui est capable de vous dire dans quelle douelle un vin a fauté, n’ait pu changer de l’eau en vin. Bref, comme vous le constatez moi je ne suis qu’un plaisantin invité par le jovial François du Grand Jury Européen à venir enquêter sur les tenants et les aboutissants de 27 vins impétrants, des vieux conçus en 1990 et des petits jeunes de 2005, en provenance de l’opulente Bourgogne et d’un Beaujolais qui doute.
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Lorsque j’entre dans le Saint des saints ce qui me frappe de prime abord c’est le silence monacal qui règne en ce lieu mais sitôt les effluves chaudes des nectars montent à mes narines et j’ai l’impression d’être un tout petit poisson plongé dans un immense aquarium de vin. Qu’il est beau ce croissant de verres enserrant les grands-prêtres de la dégustation. Ils hument. Ils agitent d’un poignet ferme. Ils se gargarisent les papilles. Ils en appellent à leur bibliothèque sensorielle, sollicitent leur logiciel, couchent sur le papier leurs commentaires. Je suis impressionné. Pour vous mettre dans l’ambiance plus que mes mots je vous propose le choc de mes photos (voir en Wine News N°69 en haut à droite). François me propose de me jeter dans le grand bain à la table N° 10 juste devant Bernard Burtschy. Je décline l’offre pour deux raisons : une bonne que j’avoue in situ « je suis enrhumé », une mauvaise que je révèle aujourd’hui « je ne me sens pas à la hauteur, moi le petit poisson nommé Wanda jeté dans le bocal des grands barracudas du GJE » À la réflexion : j’eus du car j’aurais, dans la somme des subjectivités chère au père François, apporté la touche de l’ignare du type de celle d’un pékin ne lisant que des romans de gare propulsé soudain au sein du jury du Goncourt.

Tom-6988.JPGPuis vint le temps du débriefing numéro par numéro mené par François le Débonnaire interrogeant un à un les jurés : Pinot or not Pinot ? Beaujolais ou Bourgogne ? Gamay ? Vos commentaires. Avant de leur révéler bouteille en main le pedigree du producteur. Je dois avouer que là encore je fus impressionné par l’encyclopédisme de Bettane qui lui, contrairement à moi, tel un arpenteur du vignoble des 2 B en connaît, du cep aux chais, tous les secrets : « ah les barriques pourries de Raymond de Ladoix ! ». Pour moi Michel Bettane est un bon marqueur de la réalité profonde de ces pays qui sont, au-delà des terroirs, des communautés humaines terreaux de l’Histoire. Qui veut comprendre la détresse actuelle de beaucoup de vignerons du Beaujolais se doit de passer par une connaissance fine du mode de faire valoir lié à la propriété foncière. Moi le petit vendéen né dans un pays de métayage où le métayer arrivait sur les terres avec les bras de sa famille et son balluchon je le rejoins dans cette connaissance intime que beaucoup de mes collègues ausculteurs de crise négligent au profit des séries statistiques ou des gloses des préposés aux mondanités interprofessionnelles.

 

Comme d’habitude je digresse mais ne trouvez-vous pas que c’est ce qui fait mon charme – faut bien que je cirasse de temps en temps mes belles pompes puisque vous êtes si avare de compliments. Je vous comprends vous êtes sans doute tellement esbaudi par la magnificence de mon œuvre que vous en restez coi (sans t bien sûr) – mais pour résumer la profusion des commentaires seul un François le Débonnaire pourrait, de sa plume experte, en tirer la substantifique moëlle. J’ai pris des notes certes mais entre les crus du Beaujolais de l’excellente maison Jadot qui « pinotent » ou le N°17 qui a la casquette sur l’oreille ou bien encore le Chiroubles du domaine Cheysson manifestement à porter au fichier des disparus, mon « grand esprit de synthèse » - encore un coup de nénette sur mon ego – jette l’éponge faute de pouvoir en quelques formules bien ciselées comme toujours – là ça sent l’encens – mettre en valeur les pépites. Cependant pour résumer beaucoup de 90 étaient fatigués, évolués dit-on  pour les jeunes encore bien fermés et beaucoup de Bourgogne manquant de matière. Dans

 

le lot 2 vins semblent avoir fait l’unanimité :

-         le N°14 : Beaujolais Domaine Georges Viornery Côte de Brouilly vieilles vignes 2005

-         le N°23 : Bourgogne Bouchard Beaune Marconnets 1ier cru 1990

 

Après le turbin nous sommes passés à table où, comme de bien entendu, pour honorer la présence d’un petit poisson nommé Wanda au milieu des barracudas du GJE il fut servi un grand Château des Jacques Grand clos de Rochegrès Moulin à Vent 1962. Comme je suis un grand brasseur de vent qui n’aime rien tant que les compliments j’ai apprécié l’attention à sa juste valeur. Salut à toi François le Débonnaire (référence au roi Louis 1ier dit le Pieux ou le Débonnaire, fils de Charlemagne, né en 778 et mort le 20 juin 840. Inhumé auprès de sa mère à l’abbaye de Saint-Arnould de Metz).


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Tom 6996
Une esquisse d'images comparatives entre crus du beaujolais et crus bourguignons, sur 2 millésimes : 2005 et 1990.

 

Liste des vins dans l'ordre de service :

 

Bourgogne

Faiveley

Corton Clos des Cortons GC

2005

1

Beaujolais

Jadot

Côte du Py Château des Lumières

2005

2

Beaujolais

Domaine Daniel Bouland

Morgon VV

2005

3

Beaujolais

Jadot

Moulin à Vent "La Roche"

2005

4

Bourgogne

Jadot

Bonnes-Mares GC

2005

5

Beaujolais

Domaine Coudert

Fleurie, Clos de la Roilette “Cuvée Tardive”

2005

6

Beaujolais

Domaine Labruyère

Clos du Moulin à Vent

2005

7

Bourgogne

Frédéric Mugnier

Nuits St Georges 1er cru Clos de la Maréchale

2005

8

Bourgogne

Taupenot-Merme

Saint-Romain

2005

9

Bourgogne

Bouchard

Beaune Marconnets 1er cru

2005

10

Beaujolais

Domaine JM Burgaud

Morgon, Côte du Py “James”

2005

11

Beaujolais

Jadot

Clos du Grand Carquelin

2005

12

Bourgogne

Taupenot-Merme

Auxey-Duresses 1er cru "Les Grands Champs"

2005

13

Beaujolais

Domaine Georges Viornery

Côte de Brouilly VV

2005

14

Beaujolais

Jadot

Clos de Rochegrès

2005

15

Beaujolais

Domaine Janin Père & Fils

Moulin-à-Vent Clos du Tremblay

1990

16

Bourgogne

Bonneau du Martray

Corton GC

1990

17

Bourgogne

Jadot

Chambertin Clos de Bèze

1990

18

Beaujolais

Jean Georges

Moulin à Vent

1990

19

Bourgogne

Faiveley

Corton Clos des Cortons GC

1990

20

Beaujolais

Château Thivin

Côte-de-Brouilly

1990

21

Beaujolais

Domaine Emile Cheysson

Chiroubles

1990

22

Bourgogne

Bouchard

Beaune Marconnets 1er cru

1990

23

Beaujolais

Jadot

Clos de Rochegrès

1990

24

Beaujolais

Domaine Coudert

Fleurie Clos de la Roilette (mg)

1990

25

Bourgogne

Château de Pommard

Pommard

1990

26

Bourgogne

Jean-Marc Pavelot

Savigny-les-Beaune La Dominode 1er cru

1990

27

 

 

LISTE DES DEGUSTATEURS :

 

AHM

BETTANE

BOURGUIGNON

BURTSCHY

DUHR

HERBIN

JANSSEN

MILLET

PAYNE

ROGER

VIALETTE

WILHELM

 

 

 

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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 00:00

Anne Roumanoff Radio Bistrot et la Grippe [fun] VDP 100509
envoyé par peanutsie. - Plus de vidéos fun.

Les gens du vin, si prompt à gésir, à se plaindre du peu de cas des grands médias pour honorer à sa juste valeur notre nectar de terroir, devrait saluer dans une grande campagne d’affiches le Radio Bistrot d’Anne Roumanoff avec son ballon de rouge bien en évidence tout au long de sa prestation chez Drucker à Vivement Dimanche qu’elle lève toujours fièrement au moment de la chute de son « On ne vous dit pas tout ». 
En tant que Secrétaire Perpétuel autoproclamé de L'Amicale du Bien Vivre dite des Bons Vivants je lui décerne le Grand Prix d'Excellence de www.berthomeau.com  soit le Ballon de Rouge de Rubis qui lui sera remis le jour en mains propres par moi-même le jour où elle en aura envie à la buvette de l'Assemblée Nationale en présence d'une brochette de Bons Vivants invités par leur député.
 

La chronique d’Anne Roumanoff renoue avec le meilleur de la tradition des chansonniers qui savaient assaisonner la sauce politique avec les épices de l’insolence, de l’impertinence, des mots de la rue, sans pour autant rendre le plat lourd et indigeste. Dans les textes de Roumanoff on sent la patte de Bernard Mabille bon observateur du marigot politique. Rire fait du bien, rire des « puissants » leur fait du bien. C’est de l’esprit gaulois mais par rapport au niveau moyen de ce que proposent les grandes chaînes c’est un tout petit peu d’air frais.

À ce propos, Anne Roumanoff qui tient une chronique dans le Journal du Dimanche épingle avec férocité La Ferme des Célébrités qui passe sur TF1. J’avoue ne jamais avoir vu ce type d’émission dont le concept même me semble propre à flatter notre penchant naturel pour les histoires de chiottes.

 

« Les has been, les never been et les want to be passent leur temps à se quereller pour savoir qui va nourrir les girafes. Dans le zoo humain, la caméra est surtout cruelle pour les femmes qui ne sont pas de la première fraîcheur. Au réveil, sans éclairage flatteur, les cernes sont apparents et les visages gonflés par les nuits trop courtes. Claudine Dion est une sympathique québécoise ménopausée qui ressemble parfois à sa sœur Céline. Aldo Maccione qui est devenu un vieux monsieur de 75 ans perclus de rhumatismes a démissionné (chez Endemol on dit « quitter l’aventure »). La très américaine Brigitte Nielsen, qui ne cessait de répéter « I’m so happy to be here. It’s such a great experiment » (qui veut dire « Je suis très heureuse d’être là, ça me rapporte beaucoup d’argent ») s’est fait éliminer par le public. On en regretterait presque la fraîcheur de la première Ferme des Célébrités. Dans cette Afrique de pacotille, les personnages ne sont ni drôles, ni attachants. »

 

Anne Roumanoff vient de déclarer récemment qu’elle n’est pas certaine de refaire sa chronique « On ne nous dit pas tout » la saison prochaine, en soulignant « que peut-être il est préférable de s’arrêter quand tout va bien... » Si telle était sa décision, même si elle ajoute qu’elle pourrait revenir pendant la Présidentielle, nous perdrions notre petit ballon de rouge du dimanche, si vif, si primesautier... Nous ne garderions plus que l’inusable Drucker et, pire en encore, le héraut de Leader Price, notre incomparable Jean-Pierre Coffe...

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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 00:00

Chou 6973Pauvre andouille, faire l’andouille, triple andouille, je ne citerai pas afin d’éviter de choquer les bonnes âmes d’autres fonctions évoquées par tante Thyne dans sa cuisine enseignée aux jeunes filles ICI->  , je ne me gausserais pas d’un Ministre d’ouverture payant des figurants pour son colloque en le qualifiant d’andouille de Vire, je ne ferai pas comme notre ami Gus des jeux de mots à faire rougir sous leurs coiffes les pieuses bretonnes avec cette pauvre andouille de Guéméné, je serai charitable avec la femme du charcutier de la Mothe-Achard qui, pour que le mot ne lui écorchasse pas la bouche puisque la proximité du d avec le c sonnait comme un péché de chair, la dénommait andeille je me contenterai de tirer de l’oubli  l’andouille du Val d’Ajol et celle de Jargeau dotée d’une confrérie des Chevaliers du Goûte-andouille pour vous conter les rapports intimes que j’ai eu avec cette charcuterie composée de la ventrée complète de porc : gros intestin (40 % environ), menus (environ 43%), estomac (environ 17 %) sans adjonction de gras ni liants, avec addition de sel, poivre, épices et aromates (celle de Jargeau qui ne fait rien comme les autres c’est 60 % de viande de porc et 40 % de tripes.

 

Étudiant sans le sou, une année je fis le livreur des campings de la charcuterie Morineau sise à la Mothe-Achard pour mettre un peu de beurre dans mes épinards. Le patron était sympa, la patronne un tyran à tête de cheval qui me serrait de près vu que je draguais la nénette qui servait au dépôt de Brétignolles/Mer. Avant de partir pour ma tournée au volant de ma 4L je m’enfournais des sandwiches agrémentés de charcuterie maison. J’étais fou, non du chocolat Lanvin, mais de l’andouille du père Morineau qu’était goûteuse et bien épicée. Et pourtant, sans vouloir en rajouter, le processus de fabrication de l’andouille dans sa phase de préparation, quand il faut briquer la tripaille, a de quoi lever les cœurs fragiles. Les fragrances naviguent entre le fétide et le merdique. Pour reprendre l’expression de mémé Marie : y’ a de quoi asirer (dégoûter) tous les adorateurs de l’incolore, de l’inodore et du sans saveur. Bref, l’andouille, d’où qu’elle vienne, laisse son empreinte, marque son territoire, appelle un breuvage de terroir.

 

Et dans ce cas la prescription ne souffre d’aucune contestation : c’est un Muscadet sur lie Château de la Preuille qui s’impose.

Pourquoi me direz-vous ?

Pour un tas de raisons que je vous livre en vrac :

- C’est du bon c’est un grand blanc « 37 ha de vignes âgées de 40 ans, rendements modestes, pas d’engrais chimiques, levures indigènes et selon le Ribaut du Monde « une complexité aromatique tout à fait rare »  Pour Bettane « ce cru développe des arômes subtils et complexes de thé, de coing et une exceptionnelle longueur en bouche, qui signet un grand terroir. »

- L’ami Michel Smith que n’est pas un cul béni lui trouve « des touches de chèvrefeuille, d’amande grillée et de menthe sauvage. »

- C’est un vin qui, contrairement à moi, a fait ses Pâques sur lie fine.

- C’est un Muscadet vendéen : Saint-Hilaire de Loulay.

- L’un de ses concepteur de nomme Maisondieu

- La bouteille lourde est le flacon ancien du Val de Loire dit « Bouteille du curé »

- C’est un vin de Philippe et Christian Dumortier, héritiers de onze générations, qui m’ont accueilli, vu mon pedigree, au Salon des Vins de Loire au « mortier » ce qui m’a donné l’occasion de leur répliquer, d’abord au canon sans concession, puis de poursuivre avec eux sur le ton de la conversation une joute de entre gens au caractère bien trempé.

- C’est un vin d’un lieu chargé d’histoire le château de Preuille existait en 1515.

- C’est un vin qui irait bien avec un bar au beurre blanc façon maman.

- C’est le grand frère d’un Gros Plant fils d’une Folle Blanche qui irait bien avec une douzaine d’huîtres de Bouin.

- C’est un vin que je n’ai pas dégusté vu que je n’ai fait que bavasser avec les Dumortier. Allez, à la prochaine du côté de Saint-Hilaire de Loulay haut-lieu de mes exploits avec les basketteurs de la Vaillante Mothaise. N’oubliez pas de saluer le grand Philippe connétable du Haut-Bocage et dites-lui que le Mont des Alouettes existait bien avant son accession au trône...

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 16:06

Je suis un plaisantin que d’aucuns prennent au sérieux. En Post-scriptum de la « lettre » du cousin Gagnon de la Belle Province «Honte à la presse du vin de France » j’avais signalé que  « l’entame et la formule de politesse sont pure fiction » ce qui signifiait que je ne faisais que reprendre à ma sauce « espace de liberté » un édito du journaliste québécois. Mais comme on ne prête qu’aux riches j’ai reçu en retour le courrier électronique suivant, très pincé, en forme de droit de réponse que j’accorde volontiers. Dans cette affaire je n’ai fait que mon métier sans introduire un quelconque commentaire sur le fond. « Sans la liberté de blâmer il n’y a pas d’éloge flatteur ». Je ne suis ni journaliste, ni éditorialiste, ni même redresseur de torts, mais tout bêtement un homme qui s’essaie à ouvrir des espaces de liberté. Merci de m’accorder ce crédit minimal y compris à l’APV.

Cher Monsieur

Suite à la publication de la lettre de Marc André Gagnon, sur votre blog, merci de publier la réponse du président de l'APV Michel Bettane.

Cordialement,
Barthélèmy

Réponse à Marc André Gagnon

Dans un récent bloc Jacques Berthomeau reproduit une lettre envoyée par un « cousin du Québec » Marc André Gagnon, qui critique sévèrement le principe et le déroulement de la remise des Prix de la Presse du Vin que l’association que je préside a organisée Lundi 8 février dans le Salon Napoléon du Sénat. Il les juge incompatibles déontologiquement avec les principes du journalisme et jette l’opprobre sur la façon dont ce métier est assuré en France, en procédant à des amalgames avec la promotion des certains « produits culturels » à la radio ou à la télévision. Cette lettre hélas ne prouve qu’une seule chose, bien malvenue chez quelqu’un qui s’intéresse autant au journalisme, à savoir une méconnaissance totale de notre métier, et une déformation aussi totale dans le compte rendu des faits incriminés ! Le journalisme du vin ne peut en effet se diviser en deux branches, l’Information et la « Chronique ». La diversité des média, le grand nombre d’angles sous lesquels le vin, son économie, ses produits, sa place dans notre société et dans notre culture peuvent être abordés, réunit dans une même profession des journalistes généraux, des journalistes spécialisés, des spécialistes de l’investigation, des spécialistes du goût, des rapporteurs de faits, des dégustateurs, des historiens, des philosophes, des scientifiques, agronomes ou œnologues, des médecins, mais aussi des grands amateurs. Tous, à partir du moment où ils occupent  un espace de communication sur le sujet (et donc Marc André Gagnon lui-même) peuvent être réunis dans notre association qui regroupe toutes les pratiques que je viens de citer. Certains sont bons, d’autres un peu moins bons, certains ont une large audience, d’autres ont une audience plus limitée mais c’est la même chose dans de nombreux métiers et l’Association  fédératrice par son principe n’a pas en tenir compte. Mettre en doute leur indépendance ou leur honnêteté est très facile, tout comme il serait facile de mettre en doute les motivations qui ont poussé Monsieur Gagnon à réagir de la sorte. Une chose en revanche est encore plus facile, celle de montrer que son compte rendu des faits est indigne même d’un journaliste débutant. Les prix que nous avons décernés l’ont été librement, par le libre choix des membres du jury, tous membres de l’Association.  Ces prix sont complètement et absolument honorifiques, sans aucune contrepartie douteuse, et n’ont comme seul but que la reconnaissance par les journalistes du vin du talent et du travail de tous ceux qui constituent l’univers du sujet qui les réunit, le Vin. Je ne vois pas en quoi ce type de récompenses serait moins moral que lorsqu’il est délivré par le public  et encore moins comment on peut le mettre sur le même plan que celles  délivrées  par un organisme commercial. Et relayer dans la presse ou dans tout autre média les noms des lauréats ne relève pas de la communication publicitaire ou de la « promotion » mais bien de l’information. En revanche j’accorde volontiers à Monsieur Gagnon que l’exactitude dans la recherche des faits et dans leur mise en forme informative est une qualité essentielle d’un bon journaliste. C’est la raison pour laquelle nous avons délivré un prix Citron à des confrères qui dans un reportage ont hélas fait étalage de leur superficialité dans la connaissance du sujet, de leur manque de rigueur dans la recherche des faits et d’une évidente démagogie dans la manipulation par le montage des interventions de nombreux participants (voir mon éditorial du 09/10/09 sur le blog du site web de l’association : presse-vin.com). Ils ont trahi les fondements moraux de leur profession en confondant, comme le font hélas beaucoup de soi disant journalistes indépendants, le journalisme d’enquête et le journalisme d’opinion. La volonté de « défendre » le public est un aveu naïf de cette confusion : dénoncer est déjà une déformation de l’acte d’informer puisqu’il lui donne une dramatisation théâtrale  et simplificatrice, avec à la clé des dommages importants par rapport aux métiers de la viticulture qui sont parfaitement honorables.

Michel Bettane

Président de l’Association de la Presse du Vin (APV)

 

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