Overblog Tous les blogs Top blogs Économie, Finance & Droit Tous les blogs Économie, Finance & Droit
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 00:09

300px-Lettre-de-marque2.png

De nos jours ternes postmodernes, les beaux châteaux de Bordeaux peuvent tomber dans n’importe quel baquet venu d’un vulgaire coursier de F1 : un Schumacher ou un Alonso. Autre temps autre mœurs lorsque nos rois armaient le bras de capitaines et de leurs équipages pour « courir sus » aux ennemis de son pays en temps de guerre. La lettre de Course est une lettre patente qui confère au navire et à son équipage le statut de corsaire lui permettant de rechercher, attaquer, saisir et détruire les navires ou les équipements d'une nation adverse dans les eaux territoriales internationales ou étrangères. Le corsaire doit déclarer ses prises et traiter les équipages et les passagers comme des prisonniers de guerre. Les corsaires capturés sont eux-mêmes considérés comme des prisonniers de guerre et non comme des pirates.

« La « course » a été abolie en 1856 par la Déclaration de Paris. Cependant, les États-Unis n'en sont pas signataires. Selon la constitution américaine, le Congrès conserve le droit de « déclarer la guerre, d'accorder des lettres de marque et de représailles et d'établir des règlements concernant les prises sur terre et sur mer » (Article 1, section VIII). Tout récemment, l'administration Bush, après les attentats du 11 septembre 2001, a renforcé le droit constitutionnel de prises en mer en faisant voter une loi, September 11 Marque and Reprisal Actes of 2001, qui autorise le Département d'État à octroyer des lettres de marque sans attendre l'aval du Congrès. »

Jacques Conte, protestant de Charente-Maritime, armateur de corsaires qui avait commencé sa carrière comme mousse fut à partir de 1784 le roi de la Course. L’homme, hormis son sens des affaires, avaient bien des atouts pour réussir « Jeanne, l’une de ses sœurs d’un premier lit, avait épousé l’avocat François Guestier, originaire de Talmont, le père de Daniel futur négociant et armateur associé aux Barton. Marie, l’autre sœur, s’était mariée avec Pierre Sorbé, négociant protestant originaire de l’Agenais. »

C’est sous le Directoire que la chance sourit à Jacques Conte. « Entre 1795 et 1806 il arme huit corsaires : L’Aventure, l’Aigle, Le Huron, L’Heureux ou Petit Heureux, La Vengeance, La Confiance et La Bellone. Ils effectuent 32 croisières soit 15% du total des armements en course de Bordeaux entre 1793 et 1814. Seul 3 navires sont pris alors que le taux des pertes atteint 70%. Il faut dire qu’ils sont commandés par les meilleurs capitaines du moment : le Bordelais Jacques Perroud (1773-1822) sur La Bellone ou le malouin Robert Surcouf (1773-1827) sur La Confiance. Ces huit navires enlevèrent à l’ennemi 150 bâtiments dont 103 furent introduits dans des ports français. Ils rapportèrent une somme brute de 29,6 millions pour un bénéfice net de 13,3 pour les actionnaires. »

Jacques Conte devient donc millionnaire en quelques années. « Cette réussite lui permet d’accéder à la notabilité sous le Consulat. Quatre mois après le décès de sa première épouse, Jeanne Sorbé, il se remarie avec Béatrix d’Hanache, un colon de Saint-Domingue, lié à la faillite de Romberg, Bapst&Cie et ruiné par la révolte des esclaves. Deux mois plus tard, il achète le château de Beychevelle pour 262 400 francs. Alliance avec la noblesse et investissement terrien de prestige révèlent un désir de respectabilité pour celui qui restait encore un parvenu. Mais l’apogée est de courte durée. Sous l’Empire, une conjonction de facteurs conduisent à une effacement progressif (...) En 1825, Conte fut contraint de vendre le domaine de Beychevelle à son petit neveu, Pierre-François Guestier junior. La transaction s’élevait à la somme colossale de 650 000 francs. Le château, qui comprenait une trentaine de pièces, fut vendu avec tout son mobilier (23000 francs) en bois peint ou en bois des Îles et du Brésil. La splendeur de Conte était révolue. Quand il s’éteignit, onze ans plus tard, à Villenave d’Ornon, dans une chambre du domaine de son gendre, Jean de Lanasaa, Jacques Conte laissait pour 786 francs de biens personnels. Météore du commerce bordelais, trop lié aux spéculations hasardeuses de la course, Jacques Conte ne réussit pas à assurer sa succession et à créer une dynastie. »

 

Les extraits entre guillemets sont tirés de Négociants et Marchands de Bordeaux de la Guerre d’Amérique à la Restauration (1780-1830)  de Philippe Gardey au PUPS pages 254-255 et 382 et 383

3c1c2e66ebc65c6a      140200360.jpg                             

Partager cet article
Repost0
1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 00:08

Non ce n'est pas un poisson d'avril, ce matin mon blog passe le Cap des 500 000 lecteurs. Je pars à Bordeaux deux jours user mes semelles de crêpe dans les châteaux et donc j'en profite pour vous livrer un énorme scoop «l'Inventaire d’une cave personnelle de négociant Bordelais» avec ce commentaire cinglant : moisson décevante !

Mais jusqu’où poussera-t-il la provocation ?

Bonne question chers lecteurs de Bordeaux et d’ailleurs, comme tout bon rédacteur en chef qui se respecte – même si beaucoup de rédac-chef ne respectent pas forcément leurs lecteurs – je suis prêt à tout, ou presque, pour vous captiver. Même à descendre dans le secret des caves avec un bougeoir ou une lampe pigeon armé de mon petit carnet à spirale pour y faire l’inventaire. J’adore la poussière ! Mais je dois vous avouer que celle que ce matin je vais éviter de vous souffler au nez est celle d'archives. En effet, je suis plus un rat de bibliothèques qu’un rat de caves.

Mes présentes recherches remontent au Directoire où, dans la grande folie des boissons, le punch fait fureur. Les inventaires montrent que beaucoup de négociants ou marchands bordelais possèdent des services complets pour le punch : bols, saladiers et grande cuillère à servir. De plus « dans 12% des inventaires on voit apparaître les verres à champagne, ce qui est tout à fait nouveau. » Bref, descendez donc avec moi dans cette fameuse cave personnelle de négociant bordelais.

 

« Mais il faut pousser les portes des celliers, des caves et des caveaux, pour nous faire quelque idée des vins qui étaient consommés. Il faut avouer, cependant, que la moisson est assez décevante. Si, dans ses chais, le négociant entrepose des centaines de tonneaux et des milliers de bouteilles en caisse, dans sa cave personnelle, le tableau est tout différent. Pour les années 1821-1825, nous possédons les inventaires de 13 caves de négociants et de 5 caves de marchands. Pour les uns comme pour les autres le contenu est en général modeste et peut se résumer ainsi : une à quatre barriques de vin issu du domaine, une barrique de vinaigre, 50 à 300 bouteilles de vin vieux, du vin très ordinaire pour les domestiques et beaucoup de bouteilles vides.

Rares sont les caves qui sortent un peu du lot. Jean Touton laisse ainsi vieillir 700 bouteilles de vin rouge dans sa cave de la Rousselle. Chez Nicolas Durécu, on recense 900 bouteilles de vin vieux et 100 bouteilles de vin ordinaire de son domaine de Mérignac, mais aussi 30 bouteilles de vin fin dont l’origine n’est malheureusement pas précisée. Le reste confirme les modes de consommation que nous avons étudiées plus haut, puisqu’il consiste en : 2à bouteilles de rhum, 15 bouteilles de Cognac et 80 bouteilles d’eau-de-vie et liqueurs diverses.

Peut-on croire un instant, cependant, que c’est avec de si maigres caves que les riches négociants recevaient ? Il est évident que, pour les grandes occasions, ils puisaient directement dans leurs stocks commerciaux et offraient à leurs convives les meilleurs crus bordelais. »

 

Page 540 in Négociants et marchands de Bordeaux de la guerre d’Amérique à la Restauration (1780-1830) Philippe Gardey au PUPS

Partager cet article
Repost0
31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 00:14

Encore une pitrerie Berthomesque me direz-vous ? Non! Aujourd’hui – donc hier pour vous – je me suis soumis à un exercice que je n’avais plus pratiqué depuis fort longtemps : me remettre dans la peau du « rapport Berthomeau ». Même si ça peu faire sourire certains, ce fut une « douleur ». Rassurez-vous, je ne vais pas sombrer dans le dolorisme pleurnichard et m’appesantir sur de bien petites blessures qui, loin de me marquer, de me décourager m’ont permis de me retrouver à la tête de l’espace de liberté sur lequel vous vous retrouvez, pour beaucoup d’entre vous, chaque matin. Revenir sur le passé ne change pas le passé mais remettre le doigt sur un sujet récurent n’est pas totalement dénué d’intérêt.    Genou-7143.JPG

Au lendemain de ce dit rapport je fus catalogué, en une grande part du vignoble français, comme l’homme des marques car, répondant à la question qui m’était posée à propos du positionnement des vins français par rapport à ceux du Nouveau Monde, m’appuyant sur deux vignobles : celui de Champagne et celui de Cognac, je me contentais de mettre sur la table les voies et moyens de ce qui m’apparaissait l’une des réponses possibles pour les vignobles que je qualifiaient, chiffres en main, de volumiques. Ensuite j’ai ferraillé, j’ai animé le groupe stratégique Cap 2010, j’ai défendu avec mes petits camarades la note stratégique « Les Défis du Vin Français », puis, comme dirait l’autre, les choses sont rentrées dans l’ordre, chacun à repris sa casquette et les vaches ont été bien gardées comme on disait dans ma bonne vieille Vendée – j’ai gardé les vaches dans ma jeunesse –... je n’en dirai pas plus. Le déni de réalité ne change pas la réalité.

 

Alors, ne voulant pas refaire le plat, je vais me contenter d’en repasser un : c’est une chronique écrite le 23 juin 2006, donc au milieu du gué, baptisée : le sarrau. C’est peut-être du réchauffé mais y’a des plats « aiment ça ». Bon appétit !

 

« J'ai ouï-dire que pour lutter contre la toute puissance des marques dans les cours d'école le biographe d'Henri IV préconisait la blouse obligatoire : le retour du sarrau ! Après tout, pourquoi pas,  s'il n'y a pas d'autres sujets d'importance à mettre en débat nous pouvons nous remobiliser comme lors du référendum : un face à face très chaud entre les « ouiouistes » et les « nonistes »  du sarrau.

 

Depuis 5 ans dans le monde du vin nous avons joué à ce petit jeu de rien du tout qui débouche sur rien du tout : marques contre AOC, tradition contre modernité, copeaux or not copeaux, complexité contre simplicité, Languedoc contre Bordeaux...

Résultat : la purge, les « méchants eurocrates » qui ont une calculette à la place du coeur tirent les conséquences de notre incapacité à vendre le vin produit : proposition d'arrachage massif  du vignoble. Pour les non-initiés, il s'agit d'un arrachage volontaire, iront ceux qui voudront ou qui ne pourront pas faire autrement. Genou-7145.JPG

Pour en revenir, au sarrau, hier au soir je dînais aux Pipos face à l'Ecole Polytechnique : pour je ne sais quelle raison les Polytechniciens étaient de sortie, en uniforme, alors vive l'uniforme ! En fait, ça ne nous changerait pas beaucoup de ce que nous côtoyons tous les jours.

 

Je cède la plume à Olivier Bardolle « Des ravages du manque de sincérité dans les relations humaines » L'Esprit des Péninsules

 

 « Dans notre société hypermoderne et « performeuse », la pure spontanéité est devenue rarissime. Tout le monde est plus ou moins factice, joue un rôle avec une gravité sans faille. Du PDG qui enfile chaque jour son costume sombre de tueur en col blanc au bad boy des cités qui arbore ostensiblement sa tenue ultra-codifiée de gangstarap, tout le monde fait l'acteur, endosse une panoplie permettant de s'identifier socialement. Il n'y a pas si longtemps, les métiers avaient un uniforme, dans la rue on pouvait voir passer le charpentier, le maçon, ou le bougnat, cette fierté d'appartenir à une corporation les dispensait d'avoir à jouer un rôle, il leur suffisait d'être, tout simplement. Depuis, les frontières se sont brouillées, et chacun choisit son propre habit de scène au magasin des accessoires, c'est-à-dire chez Armani ou chez Décathlon, ce qui aboutit, non à la diversité, mais au contraire, à une forme de standardisation fondée sur quelques archétypes convenus et débouchant sur l'anonymat pur et simple... »

 

Beau sujet de Baccalauréat pour nos futurs viticulteurs ou mieux petit devoir sur table, du genre dictée de Bernard Pivot, pour tout ce que la France compte de grands esprits, plumitifs variés, critiques autoproclamés, qui pensent le vin pour le plus grand profit – c’est-à-dire en leur lieu et place – des petites bêtes étranges que sont les consommateurs. Étant entendu que le consommateur de vin, se doit d’être pétri par notre culture nationale du vin, imprégné d'histoire, indifférent à toutes les tendances, surtout si c'est une nana de Birmingham ou un chauffeur routier de l'Ohio, qui attendent, avec la même ferveur, qu'ils attendent leur feuilleton télé, d'être éduqué, formaté, guidé dans notre monde merveilleux du vin par nous et nous seuls. Si c’était vrai ça se saurait.

  

Comme le dit Bardolle, à propos des intellectuels parisiens de la « rive gauche », notre vocation consiste à éclairer le monde « en toute simplicité » Que nous le regrettions ou non « les hommes ont la passion des idées simples, le complexe, l'ambigu, le raffiné les inquiètent, la mentalité générale procède d'une psychologie de basse-cour. Tout doit être conforme, convenu, prévisible. »

 

Je le regrette comme beaucoup d’entre vous mais la réalité, même lorsqu’elle est déplaisante, doit être affrontée comme telle, surtout si on a le désir de l’influencer, de la changer. Relever le défi des vins à la française face à la donne mondiale n’a rien à voir avec des abandons, des renoncements mais consiste, d’une manière très basique, à mettre nos actes en accord avec nos déclarations d’intention : « Dire ce que l’on fait, faire ce que l’on dit » pour tous nos vins des plus grands aux plus modestes... Mais comme le disait le cardinal de Retz : « On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment» Bonne journée à tous.

La « Task Force » de l’Opération Beaujolais « Grand Corps Malade » reçoit de nombreuses adhésions, le guichet reste ouvert. Je vous tiendrai au courant mais je n’ai que 2 mains et encore ma tête.

à bientôt sur mes lignes...

 

Partager cet article
Repost0
30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 00:09

Devais-je traduire mon extrême bonheur par ce titre extrême ? Cédais-je en cela à la facilité ou exprimais-je ainsi l’intensité de mon plaisir ? Au terme d’une intense introspection je me posais une dernière question : « mais pourquoi diable prendrais-je un air contrit pour un beau et simple péché de gourmandise ? »
Assurément non !
J’assume mon statut de goûteur non patenté sans couvrir ma tête de cendres. J’entends déjà les plus impatients d’entre vous m’interpeler : « aux faits Berthomeau, aux faits... »
Minute papillon, ce matin mes mots sont indolents, ils prennent leur temps. Batifolent. Se prélassent. Oui, il est des jours où tout va, l’air est léger, le ciel pur, la pédalée fluide, et dans les arbres des contre-allées des Champs Elysée les oiseaux gazouillent, même que je me prends à rêver qu’à nouveau, un beau jour de juillet, y poussera du blé avec cette fois-ci plein de «gentils coquelicots mesdames» de «gentils coquelicots nouveaux ».

Comprenez, chers lecteurs, qu’avoir l’ambition de vous surprendre chaque jour, d’aiguiser votre appétit, de vivifier vos neurones, relève du péché d’orgueil. Rassurez-vous je ne suis pas en train d’égrener les 7 péchés capitaux mais de vous mener par la main jusqu’à ma table, celle de ce jour heureux où, cédant à une aimable invitation, je pédalais jusqu’au Laurent. Philippe Bourguignon, hôte souriant, voulait voir mon fier et noir destrier. Mais ce n’était que sa Gazelle de remplacement accrochée à un panneau de stationnement. Je sens que j’énerve même mes plus chauds partisans alors, pas de quartier, après cet envoi : je touche !
Oui « Après le choc des mots, le poids des photos ! »

Prenez-en plein les yeux !
Chapelle.BLC.sans_mill-2-.jpgTom 7233


















Et maintenant, parlons peu mais parlons vin ! C’est un grand blanc ! C’est un cru classé ! C’est un 100% rolle ! C’est une cuvée d’exception ! C’est un 2008 ! C’est le must du Château Sainte Roseline : La Chapelle Sainte Roseline !
www.sainte-roseline.com . En cette Provence dont l’image se résume trop souvent à celle du rosé, le château Sainte Roseline, avec ses 108 hectares de vignobles, tout en faisant la part belle à la couleur fétiche (50%) produit aussi des vins rouges (40%) et des blancs (10%). Je les suis depuis que je me suis autoproclamé dégustateur non patenté. Je les appréciais à leur juste valeur mais jusqu’ici je n’avais rien écrit sur mes lignes. Non que je fusse, comme certains qui, en notre beau pays, estiment que n’est grand que ce qui est petit, mais tout simplement parce je ne m’étais jamais trouvé en situation de le faire. Je suis ainsi fait, parfois lent, souvent impatient mais toujours vaillant.
 

Et puis, voilà qu’en ce mercredi 24 mars, touché par la grâce, le buveur assis que je suis s’est élevé vers les sommets du plaisir. Une forme de ravissement profond où l’émotion esthétique première, née du regard porté sur la Palette de légumes raves relevés d’huiles aromatiques et épicées, imaginée et réalisée par le chef du Laurent Alain Pégouret, cédait très vite la place à une émotion gustative, fine et légère, canaille, piquante, née d’une union réussie.

Le mariage se fit dans la simplicité. Pensez-donc chers lecteurs : un Grand Blanc de Provence avec des raves de toutes les couleurs ! Quel défi ! Coup de génie car, en dépit de mes préventions contre les marieurs et les marieuses de mets et de vins, ici, La Chapelle Sainte Roseline 2008 prenait son envol, atteignait sa quintessence en flattant, par sa fraîcheur et sa vivacité, mes papilles émoustillées par ces navets roturiers épicés.
Bravo les artistes !
Chapeau bas pour de la belle ouvrage vigneronne confortée par l’épure d’un chef !
Pour autant n’en concluez pas que mon enthousiasme ne se fonde que sur l’ambiance très cosy du Laurent. Qui peut le plus peut le moins La Chapelle Sainte Roseline 2008, reste en toute circonstance un grand blanc du Sud, élégant, raffiné et gorgé d’aromes floraux qui s’accordera aussi bien avec un beau loup grillé (chez moi c’est du bar) ou avec un merveilleux risotto aux truffes ou plus simplement avec une belle farandole de crudités de saison.


Pour l’édification des ignorants je reviens un instant aux raves (ne pas prononcer rêves bande de sacripants !). Le mot rave est un nom vernaculaire ambigu qui désigne en français des plantes potagères cultivées pour leur racine comestible. Cependant, le de Candole indique que d’autres variétés des mêmes espèces sont cultivées pour les feuilles (les choux), les inflorescences (les choux-fleurs), ou encore pour l’huile qu’on extrait des graines (colza, navette, etc.) Le roi des raves, le plus connu est bien sûr le navet  qui peut être blanc, jaune ou rouge. Ensuite, presque sur un pied d’égalité vient la betterave d’un beau rouge profond, puis le fameux céleri-rave blanc d’argent. Moins connus : le chou-rave, le brocoli-rave et la Rabiole du Limousin.


Enfin, rien que pour le plaisir deux belles photos et une belle chanson de Gilbert Bécaud pour donner un grand coup de chapeau à la perfectionniste Aurélie Bertin, fille de Bernard Teillaud, qui a repris les rênes voici 2 ans des deux beaux grands domaines dans cette Provence que chante Bécaud : le Château Sainte Roseline et le Château des Demoiselles. 
im_chagal.gif

Mosaïque de Marc Chagall «le repas des anges» dans la chapelle Sainte Roseline

Tom-7286.JPG

 Le Rosé 2009 La Chapelle Sainte Roseline photographié devant Intérieur au Violon hiver 1917-1918 d'Henri Matisse qui est en couverture du catalogue de l'exposition Méditerranée de Courbet à Matisse (Grand Palais sept. 2000-janvier 2001)

Partager cet article
Repost0
29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 00:08

Tom-7287.JPGAider le Beaujolais à sortir de l’ornière : l’idée fait son chemin. Le débat sur mon « Espace de Liberté » s’est engagé. Vif mais souvent pertinent, il ne peut suffire car trop souvent sur la Toile le soufflé monte aussi vite qu’il ne redescend. Des bonnes volontés venues d’horizon divers m’ont fait savoir qu’elles étaient disposées à me prêter main forte. J’ai pris bonne note en me demandant comment traduire en action cet élan. Et puis, jeudi dernier, j’ai pointé mon nez enfariné en Bourgogne, Nuits Saint Georges puis Beaune pour la 10ième édition des Grands Jours. Un déplacement, très «carbon neutral» dont je vous reparlerai dans les jours à venir, qui m’a permis de croiser des « acteurs » intervenant en Beaujolais. Comme de bien entendu nous en «avons parlé» et, là encore, j’ai apprécié la qualité de l’écoute et une réelle volonté d’agir. J’ai donc couché sur mon cahier Opération Beaujolais « Grand Corps Malade » des noms. Le soir, au dîner de l’Union des Maisons de Vins de Bourgogne, j’ai entendu son Président : Louis-Fabrice Latour évoquer l’accord signé, sous l’égide d’Yves Bénard le Président du Comité National Vins&Eaux-de-vie de l’INAO, entre la Bourgogne et le Beaujolais préfigurant la Grande Bourgogne. Juste avant de partir, un de mes collègues du Conseil Général du Ministère, en me transmettant un travail qu’il avait réalisé dans une autre région viticole, me faisait part aussi de son intérêt pour la démarche. Bref, voici brosser l’ébauche d’un léger frémissement qui me conforte dans mon approche pragmatique.


Reste, et ce n’est pas évident, à trouver le liant ou le lien qui permette de démultiplier les bonnes volontés, d’additionner les compétences, de les aider à contribuer, de faire que cet écheveau se transforme en pelotte. Belle ambition certes mais qui se heurte aux emplois du temps des uns et des autres, aux possibles dissonances, au peu de goût de certains pour les réunions, et enfin au point le plus sensible, puisqu’il s’agit de ma part d’une auto-saisine, le fait de travailler pour du beurre puisque personne parmi les instances officielles du Beaujolais, à l’exception du fils et petit-fils de vigneron qui m’a saisi du problème, ne m’a jamais rien demandé. Alors que faire et surtout comment faire ? Tout d’abord rester dans notre rôle, ne pas nous transformer en missionnaires en charge de « l’évangélisation » des masses, s’en tenir à une approche de proximité, modeste, attentive, indemne de toute exclusive, hors les chapelles et les ayatollahs. Créer le mouvement, instiller de la confiance, sortir des idées reçues, explorer toutes les pistes ouvertes, dire et écrire, mobiliser les énergies pour le renouveau. Tenir un tel discours va me valoir sans doute les lazzis des éternels sceptiques ou les reproches de ceux qui estiment que je m’occupe de ce qui ne me regarde pas. Rassurez-vous, je suis vacciné.

 

Hasard de l’écriture et de l’instantanéité du Net, ce matin, alors que je ponds cette chronique, un commentaire d’Isabelle, dont j’ai apprécié le Moulin à Vent à Montreuil, tombe : « On est fort en beaujolais: on continue à parler de nous, même quand la crise est au plus fort, quand on dit que plus personne ne veut acheter du beaujolais! Ça fait presque 20 ans que la crise est arrivée dans notre région. On n'a pas voulu la voir faisant une confiance aveugle aux négociants et étant persuadé que le consommateur ne pourrait pas se passer de boire de Beaujolais... Et ça m'énerve aussi un peu quand j'entends les vignerons des crus qui accusent le Nouveau d'être la cause de leur malheur. Ils n'avaient qu'à se bouger un peu...réagir quand le beaujolais avaient encore la cote...au lieu de ça on déclassait des beaujolais villages ou des crus en Nouveau! Et oui, parce qu'en beaujolais, les rendements autorisés étaient supérieurs... » Et de conclure : « Arrêtons de compter sur les autres pour s'en sortir? Il faut que chacun se sente enfin responsable de sa cave et de son vin et prenne le courage de mettre son nom sur la bouteille et d'aller le vendre. Arrêtons de se justifier d'être en beaujolais. Soyons fier de notre région, de nos vins. Jamais je n'ai à m'excuser d'être en beaujolais : c'est à prendre ou à laisser! On y trouve des vins magnifiques de fruit, de fraîcheur et de caractère. Vive le beaujolais! »

 

Paradoxalement, même si Isabelle en appelle, non à compter sur les autres, mais au sursaut de ses collègues pour sortir le Beaujolais de sa crise, je trouve dans son commentaire un encouragement à venir prêter main forte à celles et ceux qui ne baissent pas pavillon. Démarche amicale, loin des ordonnances des docteurs je sais tout, à cent lieux des conseilleurs qui ne sont pas les payeurs, qui place l’opération « Beaujolais Grand Corps Malade » dans cet esprit de prise en charge par les intéressés. Compter d'abord sur soi-même comme je l’avais déjà écrit dans ma première chronique : « C’est donc à dessein que j’ai titré ma chronique « Grand Corps Malade » en référence à ce grand garçon sympa qui a su, avec ses propres forces, surmonter son handicap lié à son accident pour « réussir ».  

Comme je me suis autoproclamé « accoucheur de décisions » je vous sollicite donc, chers lecteurs et lectrices, pour être membres actifs dans mon équipe que j’ai pompeusement baptisée : « Task Force » pour frapper les esprits et bien souligner l’esprit qui l’animera : être de simple relayeurs auprès des gens du Beaujolais !

 

Pour ceux que ça intéresse c’est simple : vous me faites parvenir sur ma messagerie berthomeau@gmail.com votre adhésion à la « Task Force ». Ça vous engagera à quoi me direz-vous ? À ce que vous souhaiterez, à ce nous souhaiterons ensemble, à ce que nous ferons ensemble. Ainsi soit nous créerons une forme originale de réseau communautaire pour aider, soit mon initiative fera un gros plouf et je continuerai de tracer mon chemin en solitaire.

à bientôt sur mes lignes... 
 

Partager cet article
Repost0
27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 00:02

Notre temps, qui se dit si soucieux de la nature, des petits oiseaux, des gentils insectes, des lapins folâtres et des abeilles butineuses, par un étrange oukase de la cohorte des biens pensants, des pédagogues gris, des gardiens de la santé publique, tient nos enfants à distance de la vigne comme si celle-ci, liane infernale, allait avant même que leurs dents de lait soient tombées les enlacer, les séduire, pervertir leurs jeunes esprits, noircir leur âme pure, leur ouvrir le chemin qui les mènera tout droit l’âge aidant, vers l’enfer des adorateurs de son jus fermenté. Alors, au lieu de débiter à longueur de contre-étiquette des banalités sur l’accord parfait d’un Gigot d’agneau avec une Première Cote de Bordeaux ou sur l’incomparable royaume des schistes et des grès de Saint Chinian ou chanter la gloire du Petit verdot et du Gros Manseng, donner aux mamans, soucieuses d’éveiller l’imagination de leurs mouflons et mouflonnes, des textes tel que celui qui suit.  merle_noir_004_-aquarelle-.jpg

« À Cabara, en bord ‘eaux de la rivière, et à Saint-Aubin de Branne, en sol majeur de roc et d’argile, les terres de mes vignes sont travaillées à la charrue pour préserver la vie de la nature.

Perché au faîte des vignes, chaque jour, le merle voit couler l’eau douce de la rivière vers la mer.

Et chaque jour, également, au rythme des marées, il voit la rivière remonter inlassablement vers sa source et donc vers la mémoire de ses origines.

Le merle inspiré par ce rituel quotidien, offre alors ses chants au seul agrément des &amateurs en se tenant volontairement à l’écart du savoir étrange de prétendus experts et de soi-disant notables concentrés sur la typicité des sélections officielles et des standards en chaîne.

Par son propre chant, à sa manière, il exprime sa fierté d’être libre sans jamais imiter le chant du rossignol.

À la vie dure des honneurs et aux cours magistraux des hommes le merle aux noirs reflets préfère le cours de la rivière.

Des écoles il ne connaît que les cours de récréation : là au moins les règles y sont sincères et véritables...

Permettez-moi simplement d’être sensible, par la Nature des choses, à tout ce que le merle et la rivière me racontent...

Chaque oiseau, de ses propres plumes, signe son chant. »

merle_male.jpg
L’ami
François des Ligneris  auteur de ce beau texte écrit pour les Grands qui ont gardé un cœur d’enfant mais je ne doute pas qu’il existât encore des mamans capables de broder, sur la trame de cette histoire de merle juché sur le faîte des vignes regardant aller et venir la rivière, avec des mots d’enfant un conte qui leur fasse aimer les chemins de la simplicité, de la liberté et de l’altérité. Le titre : Le Prince Sarment leur mettra déjà l’eau à la bouche et comme le dit François leur permettra peut-être de comprendre que ce modeste petit bout de bois qui part dans tous les sens est un indispensable trait d’union entre le cep et le raisin « sans les sarments de la vigne, il n’y aurait pas de raisins, donc pas de vin... Gloire soit rendue aux sarments, princes du vin à venir et de nos rêves secrets ! »

Le Prince Sarment  est un Vin de Table de France titrant 13,5° issu des vignes de  François des Ligneris vigneron à Cabara et Saint-Aubin de Branne en Gironde www.UADF.COM et l’étiquette est une aquarelle de Marc Couturier. Je viens de le boire ce soir alors que le thermomètre de ce début de mars vient de faire une rechute. Il m’a réconforté tel un ami solide et chaleureux. Et puis, pour ne rien vous cacher j’adore les merles car ils ne pas bégueules, toujours en mouvement ils sont démonstratifs, insolents, rieurs et persiffleurs. Des bons vivants quoi !

Partager cet article
Repost0
26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 00:05

J’extrapole ! À peine chers lecteurs, je me contente de pousser le bouchon, si je puis dire, à l’extrême limite de ce qui sépare la science-fiction d’un futur possible.  D’où me viens cette idée saugrenue ? Du concept de « ferme verticale » fondé sur l’idée de cultiver à une échelle significative des produits alimentaires dans des tours de manière à produire sur une faible emprise au sol, y compris en ville pour répondre à des besoins de proximité (locavores et circuits courts). Les farmscrapers sortent tout droit d’un concept développé en 1999 par Dickinson Despommier, professeur en santé environnementale et microbiologie à l’Université Columbia à New-York avec des étudiants d’une « Medical Ecology Class ». Selon lui, de telles tours, pourraient être construite pour environ 84 Millions de $. L’architecture de ces tours a été développée par Andrew Kranis de Columbia University et Gordon Graff d’University of Waterloo.

« Ce que nous proposons ici est radicalement différent de ce qui existe déjà. Nous envisageons la récolte d’une très grande variété de produits dans une quantité suffisante pour soutenir même la plus grande ville du monde sans trop dépendre des ressources, au-delà de l’empreinte urbaine.

Notre groupe a déterminé qu’une seule ferme verticale avec une empreinte architecturale équivalente à un pâté de maisons de New York et d’une hauteur de 30 étages pourrait fournir assez de calories pour satisfaire les besoins alimentaires de 50 000 personnes (2 000 cal/ jour/personne), et principalement en employant des technologies actuellement disponibles », assure Dickson Despommier

 

« Le projet Sky Farm, présenté par le designer Gordon Graff pourrait ainsi s’ériger sur 1,3 ha à Toronto, atteindre les 230 mètres sur 58 étages et produire autant qu’une ferme de 420 ha. L’arrangement des cultures se fait en fonction des besoins de chacune en termes d’ensoleillement, de température... En haut du building, de la laitue. Quelques étages en dessous, des carottes, puis des haricots verts. En continuant la descente, nous arrivons aux épinards, puis aux poivrons, au blé et aux pommes de terre. Nous ne sommes plus qu’à une dizaine d’étages de haut, l’élevage de poulets pour la viande comme pour les œufs commence, à côté des tomates, des courgettes et des fraises. Promesse : de la nourriture pour 35 000 personnes. »

En 2008 le New York Times écrivait qu’une ferme pourrait voir le jour à Manhattan, et ô surprise l’agence d’architecture retenue pour mener à bien ce projet serait... française « Augustin Rosenstiehl, a French architect who worked with Dr. Despommier to design a template “living tower”, said he thought that any vertical farm proposal needed to be adapted to a specific place. Mr. Rosenstiehl, principal architect for Atelier SOA in Paris, said: “We cannot do a project without knowing where and why and what we are going to cultivate. For example, in Paris, if you grow some wheat, it’s stupid because we have big fields all around the city and lots of wheat and it’s good wheat. There’s no reason to build towers that are very expensive.

tow2.jpgEn effet, SOA planche depuis des années sur un projet de «tour vivante » en collaboration étroite avec Despommier. Selon Pierre Sartoux et Augustin Rosenstiehl, inventeurs du concept, « la séparation entre ville et campagne, urbanisme et espaces naturels, lieux de vie, de consommation et espaces de production alimentaire est de plus en plus problématique pour un aménagement durable du territoire. » D’où leur idée de concevoir une tour à énergie positive fondée sur l’éolien et le solaire, au sein de laquelle on produirait fraises, tomates, et toute autre denrée alimentaire répondant à un besoin local. Une ferme de banane sur les Champs-Élysées ? 487kgs de bananes par jour ? Le reste des chiffres bientôt sur le site ! http://www.eco-tower.fr/

skyfarming070409_6_560.jpgAfin de ne pas déclencher une bataille rangée entre les Anciens et les Modernes, entre les carbon neutral et les supporters du Mammouth allègre, entre les Verts et les Pas mûrs, entre les partisans de l’agriculture paysanne et les défenseurs des gros tracteurs, les In et les Off qui s’empaillent sur la Passion du Vin, je ne vais pas vous énumérer la longue liste de tous les bienfaits de « l’agriculture verticale » car tel n’était pas mon propos de ce matin. Mais, à propos, quel était donc votre propos me feront remarquer certains ?

Tout bêtement d’ériger une Wine Tower à la Défense sur le modèle déjà développé par Bernard Bled (ex SG de la Ville de Paris sous J. Chirac) qui a fait planter 10 ares de vigne sur la dalle de béton en bas de l'esplanade, juste au-dessus du tunnel qui mène à l'autoroute 14. Selon notre homme « c'est une initiative symbolique pour donner une autre image de la Défense et insister sur son caractère humain et convivial ; preuve que le béton n'est pas antinomique avec la qualité de vie. Et quoi de plus symbolique que la vigne pour revenir aux sources ? Il y a la terre, l'homme et le fruit de son travail » (voir ma chronique du 5 juillet 2007 Vin de Béton du http://www.berthomeau.com/article-Vin de béton-NaN.html)

Il s’agirait donc sur le plan technique de transformer et de diversifier le projet. En effet puisque l'opération menée pour le sieur Bled, par « La rue des Vignes » société spécialisée dans la plantation et l'entretien de vignes en Ile-de- France, a consistée à complanter du Chardonnay et Pinot Noir de Bourgogne et à importer de la terre : 800 m3 venant de Bourgogne, soit 80 cm de profondeur, déposés sur une couche de pierre de lave destinée à drainer les excès d'eau, dans la Wine Tower toute la France des Grands Vins pourrait être ainsi empilées et offriraient aux hordes touristiques débarquant dans notre capitale la vision grandiose et en vraie grandeur de la hiérarchisation de nos chères appellations françaises. Afin de ne froisser aucune susceptibilité régionale, de ne vexer personne et surtout par les Présidents, je ne vais pas proposer dans cette chronique l’affectation des étages mais je propose que l’INAO nomme une Commission de Classement pour réaliser cette noble et difficile tâche. Je vous laisse imaginer les installations de vinification (tout en gravitation), les cuves inox façon Beaubourg, les chais de vieillissement dans le ventre de la Défense.
Voilà un Grand Projet mobilisateur pour le Grand Paris mes très chers amis !
Affaire à suivre assurément...

 

  

 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 00:02

Ne criez pas trop vite à la provocation, lisez ! Ce texte, commis par un provocateur qui raillait la mort en sachant que la sienne était à sa porte, vaut le respect. 
Il s’agit d’un Texte de Pierre Desproges inclus dans le spectacle de Christian Gonon à qui la Comédie Française avait donné carte blanche pour une représentation exceptionnelle. Le succès du spectacle fut tel qu’il a été repris en tournée, notamment au Théâtre du Vieux-Colombier en 2010.

desproges.jpg

 

Dans son Avant-propos : « Lettre ouverte à Monsieur Pierre Desproges, écriveur de textes, emporté à son insu par un crabe affamé qui lui broutait le poumon » il écrit : 72105 fr christiang

« On dirait que nous aurions bu ensemble notre premier saint-émilion grand cru classé (même si moi j’ai un petit faible pour le saint-joseph que fait mon cousin en Ardèche à Mauves, c’est facile à trouver, il s’appelle Gonon comme moi).


Voici le texte de Pierre Desproges donc (en bonus 6mn 59 de bonheur en fin de chronique avec Desproges procureur au Tribunal des Flagrants Délires et l'accusé Daniel Cohn-Bendit) :
 

« Je vais mourir ces jours-ci. Il y a des signes qui ne trompent pas :

 

Sur le plan purement clinique le signe irréfutable de ma fin prochaine m’est apparu hier à table : je n’ai pas envie de mon verre de vin. Rien qu’à la vue de la liqueur rouge sombre aux reflets métalliques, mon cœur s’est soulevé. C’était pourtant un grand saint-émilion, un château-Figeac 1971, c’est-à-dire l’une des plus importantes créations du génie humain depuis l’invention du cinéma par les frères Lumière en 1895. J’ai soulevé mon verre, j’ai pointé le nez dedans, et j’ai fait : « Beurk. » Pire, comme j’avais grand soif, je me suis servi un verre d’eau. Il s’agit de ce liquide transparent qui sort des robinets et dont on se sert pour se laver. Je n’en avais encore jamais vu dans un verre. On se demande ce qu’ils mettent dedans : ça sent l’oxygène et l’hydrogène. Mais enfin, bon, j’en ai bu. C’est donc la fin.

C’est horrible : partir comme ça sans avoir vécu la Troisième Guerre mondiale avec ma chère femme et mes chers enfants courant nus sous les bombes. Mourir sans savoir qui va gagner : Poulidor ou Hinault ? Saint-Etienne ou Sochaux ?

Mourir sans avoir jamais rien compris à la finalité de l’homme. Mourir au cœur de l’immense question restée sans réponse : Si Dieu existe, pourquoi les deux tiers des enfants du monde sont-ils affamés ? Pourquoi la terre est-elle en permanence à feu et à sang ? Pourquoi vivons-nous avec au ventre la peur incessante de l’holocauste atomique ? Pourquoi mon magnétoscope est-il en panne ?

Pourquoi ? pourquoi, pourquoi ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? D’où venons-nous ? Quand est-ce qu’on mange ? Seul Woody Allen, qui cache pudiquement sous des dehors comiques un réel tempérament de rigolo, a su répondre à ces angoissantes questions de la condition humaine ; et sa réponse est négative : »Non seulement Dieu n’existe pas, mais essayez de trouver un plombier pendant le week-end. »

J’en vois d’ici qui sourient. C’est qu’ils ne savent pas reconnaître l’authentique désespérance qui se cache sous les pirouettes verbales. Vous connaissez de vraies bonnes raisons de rire, vous ? Vous ne voyez donc pas ce qui se passe autour de vous ? Si encore la plus petite lueur d’espoir nous était offerte !

Avant de mourir, je voudrais remercier tout particulièrement la municipalité de Pantin, où je suis é, place Jean-Baptiste-Vaquette-de-Gribeauval. Et, comme je suis n é gratuitement, je préviens aimablement les corbeaux noirs en casquette de chez Roblot et d’ailleurs que je tiens à mourir également sans verser un kopeck. Ecoutez-moi bien, vampires nécrophages de France : abattre des chênes pour en faire des boîtes, guillotiner les fleurs pour en faire des couronnes, faire semblant d’être triste avec des tronches de faux-culs, bousculer le chagrin des autres en leurs exhibant des catalogues cadavériques, gagner sa vie sur la mort de son prochain, c’est un des métiers les moins touchés par le chômage dans notre beau pays.

Mais moi, je vous préviens, croque-morts de France : mon cadavre sera piégé. Le premier qui me touche, je lui saute à la gueule.

 

Etonnant, non ? »

Partager cet article
Repost0
24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 00:09

C’est pour moi un rituel annuel : depuis 2003 l’association des bouffons bios de Montreuil organise un Marché des Vins Bios (http://bouffonsbios.ouvaton.org/) et j’y va à mon pas. Aux temps héroïques, lorsque les « rouges » tenaient la ville, la manifestation trouvait refuge dans des lieux improbables mais où il faisait bon se retrouver même si quelque fois on se les gelait. Aux dernières municipales, à la surprise générale, Montreuil est tombée dans l’escarcelle des Verts sous la houlette de Dominique Voynet. L’indéracinable Brard, bon stal repeint en rénovateur, toujours député, ne s’en est pas remis. Bref cette année rendez-vous était pris au bar de la salle des fêtes de la Mairie de Montreuil.

Le fait est à souligner : voilà un bel engagement d’une élue pour le vin, qu’il fut Bio, ce qui est logique pour une élue écologiste, n’enlève rien à l’exemplarité. Donc avec ma petite auto qui parle, samedi matin cap sur le neuf-trois. À 350 mètres du but selon ma guide je trouve une place de stationnement. Vu que je suis un 75, un parigot tête de veau, je prends le risque de la gratuité. Quelques pas plus avant je passe devant le pavillon des époux Duclos sis au 22 avenue du Président Wilson. Je me souviens du petit pâtissier rondouillard, stalinien pur et dur, l’homme du bonnet blanc Pompidou, blanc bonnet Poher, de l’élection présidentielle de 1969 : meilleur score du PC 4 808 285 voix (21,27%). Sur ma droite des palissades enserrent une énorme balafre urbaine, un vaste chantier de rénovation : le centre-ville de Montreuil va-t-il s’humaniser ?

Tom-7203.JPG

Tom-7208.JPGMairie de Montreuil c’est le terminus de la ligne 9 qui, pour ceux qui ne le savent pas se termine, ou presque, à Billancourt. Tout un symbole de la fameuse ceinture rouge de Paris fief des communistes. Comme il se doit le bâtiment de la mairie, qui date de 1935, a la gueule de l’emploi : lourd, imposant, très néostalinien. Sur le flanc gauche, là où se trouve l’entrée de la mairie une statue du sculpteur Gilbert représente l’agriculture sous sa forme jardinière là où se trouve l’entrée de la mairie une statue représente l’agriculture sous sa forme jardinière liée sans doute à la tradition agricole et horticole de Montreuil symbolisée par les fameux « Murs à pêches ». Ceux-ci, hauts de 2,70 mètres, épais de 80 cm et surmonté d’un chaperon de tuiles ou de plâtre étaient orientés nord-sud afin que l’une de ses faces soit en permanence exposé au soleil. Aux flancs de ces murs des pêchers étaient greffés sur des « francs », arbres sauvages et résistants. Sur des terres pauvres chaque pêcher produisait de 200 à 500 pêches par saison. Biodiversité extraordinaire : jusqu’à 400 variétés « répondant aux doux noms de la « Grosse Mignonne », « la Belle Impériale », « la Galande », « le Téton de Vénus »... » Au XIXe les pêches méridionales concurrençant la production locale ont envoyé les « murs à pêches » dans le rayon du Conservatoire des traditions populaires « 8,5 ha sur 38 ont été classés. »

signac-mairieLe Marché se tient donc au 2d étage, le bar de la salle des fêtes donc, et s’étend aussi sur une mezzanine. Le lieu est agréable et vaste (voir photos),  même si, comme il est de tradition dans ce genre de manifestation, l’absence de la moindre chaise mets à rude épreuve le dégustateur qui souhaite faire une pause ou se restaurer. Moi j’ai la nostalgie de l’année où le marché s’était tenu au  Studio Pathé-Albatros, pas très confortable mais ça avait de la gueule. Trêve de souvenirs quand faut bosser faut bosser.
Tom-7186.JPGMon problème, où que j’aille déguster, est toujours de savoir par qui je commence. Aujourd’hui j’adopte une méthode hautement berthomesque : je rends visite, au nom de la défunte Union de la Gauche je file chez Pierre Hervé vigneron au Domaine de Bel Air à Villiers sur Yonne dans la Nièvre (lui sur la photo). Il est vigneron à temps plein depuis 2003, ses vins sont des Vins des Coteaux de Tannay (pour l’édification de mes lecteurs la zone géographique : canton de Tannay et les cantons de Clamecy et de Brinon sur Beuvron ; du côté cépages pour les blancs Chardonnay et Melon de Bourgogne et les rouges et les rosés : Pinot Noir et Gamay pour les principaux et gamay teinturier de Bouze et Gamay de Chaudenay en accessoires (20% maximum).

Tom-7178.JPGMon préféré : Le Chardonnay cuvée Au Balcon 2008 un très beau rapport qualité/prix 15/20 à 7 euros. Commencer ma dégustation ainsi ça donne envie. 


-         Le Cambon 2007 de Marie et Marcel Lapierre Beaujolais www.marcel-lapierre.com  12 euros un excellent Beaujolais dans l’esprit inégalable de Marcel Lapierre je suis fan 14/20

-         Le Razdu 6002 cépage Duras des Causse Marines 81140 Vieux Tel 05 63 33 98 30 / Fax  05 63 33 96 23 email : causse.marines@gmail.com toujours surprenant un vin près de la nature qui ne sent pas la bouse de vache j’aime 15/20 13,5 euros

-         Le Cote de Brouilly 2008 de Christophe Pacalet (j’ai paumé le prix) net et sans fioriture pourquoi douterait-on de l’avenir du Beaujolais avec des vins ainsi faits 14/20

-         Le Blanc de Garance 2009  AOC Cotes du Rhône www.rougegarance.com : un grand blanc du Rhône pour un prix doux 18/20 8,00 euros

-         Le Beaune Rouge 2008 du Domaine Fanny Sabre 18 avenue de la République Beaune 21200 15 euros de la belle ouvrage, raffiné et croquant 15/20

-         Le Moulin à Vent 2009 du Domaine des Côtes de Molière www.cotes-de-moliere.com vif, plus que sympathique, un cru du Beaujolais à prix doux pour une belle matière traitée avec soin et amour, gouleyant pour faire plaisir à Périco Légasse 18/20

-         Le Bergerac Sec 2005 cuvée Allier de Richard Daughty www.chateaurichard.com 7 euros vif, sympathique, à boire suite au grand chelem du XV tricolore pour saluer la prestation de celui de la Rose. 15/20

-         Beaune 1er Cru Les Coucherias 2007 Jean-Claude Rateau www.jc-rateau.com 22,50 euros. Très belle bouteille pour les grandes occasions, beau potentiel, de la finesse à revendre 16/20

-         Le Champagne Trilogie 1995 Brut Champagne Fleury www.champagne-fleury.fr un très beau champagne aubois millésimé a un prix 29,50 euros justifié qui se place au niveau des grands qui affichent eux des prix plus lourds 18/20

-         Le Muscadet Sèvre et Maine sur lie domaine de la Bregeonnette de Stéphane Orieux La Touche à Vallet stephane.orieux@wanadoo.fr 02 46 68 41 un beau Muscadet comme je les aime, fringant, frais, vif avec un prix gentil 5,10 euros 15/20

 

 

Partager cet article
Repost0
22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 22:00


Dany le Rouge devenu Vert, ce lundi 22 mars 2010, repasse les plats.

42 ans déjà ça ne me rajeuni pas.

Moi je n’étais qu’à Nantes lui à Nanterre mais, comme l’écrivent Hamon et Rothman « c’est un meneur naturel, exact baromètre de la sensibilité médiane, armé d’un bon sens aigu, d’un flair et d’une intuition rares. Il « sent » comme personne une assemblée générale, sait jouer de son talent oratoire, de sa faconde, de son fulgurant esprit de répartie pour orienter le flux sans avoir l’air. »

L’a pas changé ! Moi non plus alors je proclame profitons du flux !

Attention, pas question de nous immiscer dans les débats des Verts mais tout simplement de faire entendre la voix des Verres.

Avant d’aller plus avant un petit point d’histoire pour ceux qui n’étaient pas nés ou ceux qui se promenaient encore en culottes courtes ou en jupes plissées, c’est dans la salle du Conseil de la tour administrative de l’Université de Nanterre occupée, qu’à une heure du matin, en présence de 142 personnes – je ne sais qui a tenu cette comptabilité précise – que se créé le mouvement du 22 mars. Le nom, dit-on, se veut un hommage au mouvement du 26 juillet que Castro avait fondé à Cuba.

Pour la petite histoire, le premier haut fait d’arme de Dany à Nanterre était intervenu lorsque François Missoffe, Ministre de la Jeunesse, inaugurant la piscine de Nanterre, s’était vu reproché par le trublion d’avoir laissé publier un rapport sur la jeunesse qui ne traitait pas de la sexualité. Le Ministre aurait, du moins le prétend-on, conseillé à Cohn-Bendit d’aller refroidir ses ardeurs dans le grand bassin. Bref, tout est un peu parti des filles dont les cités universitaires étaient interdites aux garçons.

Laissons Dany à ses coopératives de Verts et proclamons sans vergogne que « Nous sommes tous, nous les leveurs de Verres, des Bons Vivants ! »

Nous sommes le biotope du Bien-Vivre.

Nous sommes les derniers remparts de la Biodiversité des terroirs !

L’Amicale du Bien Vivre dites des Bons Vivants est la seule organisation pollinisatrice en notre beau et vieux pays puisque nos idées peuvent être butinées et féconder celles et ceux qui s’ennuient dans une société aseptisée, normée, encadrée, anxieuse, peureuse, inhospitalière.

Le bien-vivre en est notre antidote radical.

Dans nos statuts qui ne sont déposés nulle part il est écrit :

 « Le bien-vivre n’est ni un luxe réservé à une élite, ni le privilège d’une société opulente, mais un élément essentiel de notre mode de vie à la française.


Convivialité, accueil, hospitalité, échange, plaisirs simples partagés, trame de liens amicaux, voisinage, ciment de la vie en société, le vin est, et reste, comme l’écrivait l’ethnologue Claude Lévi-Strauss en 1974, une boisson à consommer ensemble. »

Nous sommes, en ce 22 mars 2010,  les seuls refondateurs du Mouvement car nous sommes une AMICALE, c’est-à-dire un point de jonction de femmes et d’hommes, de tous âges, de toutes professions, de tous horizons, de toute notre vieille France ou d’ailleurs, qui affirmons, tranquillement mais fermement notre droit, car nous sommes conscients de nos devoirs, à être responsable de la conduite de notre façon de vivre.

Nous sommes aussi un réseau citoyen ludique, joyeux, convivial en capacité de s’adresser à l’opinion publique par des canaux et des messages qui donneront du monde du vin une image positive « un peu de douceur dans ce monde de brutes… » Nous tirons notre force de conviction de notre convivialité.  

Nous voulons convaincre nos concitoyens par notre tranquille assurance, notre inébranlable volonté d’affirmer que nous sommes les plus soucieux de leur bien-être.
Nous n’avons ni président, ni porte-parole officiel, mais nous sommes pugnaces, vigilants, attentifs, prêts à nous mobiliser pour mêler nos forces aux justes combats.

Rejoignez-nous !

Si vous adhérez à l’Amicale vous resterez libre, elle ne vous embarquera dans aucune galère, nous ne serons porteurs ni de pancartes, ni de banderoles, mais du bien-vivre à la française, avec nos sourires en bandoulière et avec notre inoxydable bonne humeur, affichées en tout lieu et par tout temps.


Paris le 22 mars 2010
 

Le Secrétaire Perpétuel autoproclamé de l’ABV

 

Jacques Berthomeau

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Archives

Articles Récents