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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 00:09

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Les idées simples ne sont pas forcément des idées courtes. Elles peuvent faire leur chemin et prospérer. L’argent ne fait pas le bonheur, plaie d’argent n’est pas mortelle dit-on mais il n’empêche que pour mettre du beurre dans ses épinards disposer d’un peu de blé ne nuit pas. Dans notre monde du vin certains disposent de moyens qui leur permettent de se faire connaître en investissant dans des moyens commerciaux, de la publicité et de la communication. Je n’épiloguerai pas sur eux, sauf à signaler que l’essentiel de l’argent dépensé dans le secteur du vin l’est via l’argent collectif des Interprofessions qui, par construction, est aussi le vôtre, chères vigneronnes et vignerons. Pas simple de concilier la masse et l’infiniment petit, de privilégier ceux qui tirent la charrette, les plus dynamiques, ceux qui se bougent, qui ne restent pas les deux pieds dans le même sabot et de remuer le gros de la troupe.


Votre Taulier qui n’est jamais à court d’idée, pas que des bonnes c’est sûr, vient d’en avoir une nouvelle : vous ouvrir une fenêtre sur le vaste monde. Lorsque l’Internet du Vin fut menacé par les prohibitionnistes masqués il a commis une chronique Urgence : défendons le seul chemin vicinal qui relie Embres&Castelmaure à New-York : l'Internet ! link alors il s’est dit pourquoi ne pas mettre à votre disposition son petit canal historique afin que vous vous fassiez connaître. Les ricaneurs vont ricaner : ta fenêtre est misérable taulier, toute petite, à peine un œil de bœuf. Oui, et alors c’est toujours mieux que rien et ça ne coûtera rien aux vigneronnes, vignerons de toute obédience qui s’y risqueront. Autre objection des coupeurs de cheveux en quatre, les ratiocineurs, les mauvais coucheurs : et qui nous dira que c’est bon ? La réponse est aussi simple que la publicité : soit il suffit de goûter soi-même, soit de demander aux maîtres dégustateurs d’éclairer votre lanterne. Bref, votre Taulier ouvrira la porte de son espace de liberté, hébergera ceux qui auront frappé à sa porte, mais il ne vous garantira pas que les nectars présentés seront tous des GCC en puissance.


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Même si l’hébergement sera gratuit pour autant, Vin&Cie ne va pas se transformer en auberge espagnole. Pour entrer sur mon espace de liberté prime sera donné à l’inventivité, à l’humour, à la convivialité.


Je m’explique.


Je vous mets en  scène.

 

Voici le scénario :

 

Tableau 1: Vous sonnez chez le Taulier, il ouvre et il vous découvre : une photo vous et vos vins.

 

Tableau 2: Comme on le fait en ce genre de circonstance : vous vous présentez, vous et vos vins…

 

Tableau 3: vous êtes hébergé chez le Taulier et vous êtes publié sur son espace de liberté…

 

En résumé : 1 photo + 1 texte de 300 à 350 signes et le tour est joué !

 

Ne soyez pas timides, libérez-vous du qu’en dira-t-on, faites du Pousson, laissez-vous allez, faites comme si vous alliez à une fête, sans chichis, soyez vous-même, ne cherchez pas forcément à plaire, souriez : vous êtes filmés. Sachez que le Taulier saura aussi vous guider, vous aider à surmonter votre légitime pudeur et faire en sorte que vous vous sentiez à l’aise.

 

Bienvenue donc à toutes et à tous chez un Taulier qui n’est pas mou du genou et qui n’aime rien tant que de joindre le geste à la parole.

 

Vous pouvez poser devant l’objectif avec vos vins là où vous le souhaitez : sur votre tracteur enjambeur, au café du coin, sous une tonnelle, dans votre chai à barriques, entre vos rangs de vigne, juchés dans les arbres ou sur votre âne, en couple aussi bien sûr, c’est comme vous le sentez !

 

À bientôt je l’espère sur mon espace de liberté pour vous présenter en compagnie de vos beaux vins (désolé ça m’a échappé…)


La photo ou les photos plus le texte sont à expédier sur berthomeau@gmail.com

 

  

  

  


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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 00:09

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Dans le milieu des esthètes du vin les coopératives n’ont pas droit de cité seuls comptent pour eux les vins de propriété. Ça sniffe la bonne lutte des classes, le dédain à  la Pitte, le mépris du populo, la cécité aussi. Même ceux qui, parmi la génération Youpala, amateurs de vin nu, ont le front à gauche mais la bouche droite, tirent la gueule au seul énoncé du sigle coopé. Bien sûr, un peu comme l’inénarrable Nadine – pas de Rothschild grande prêtresse des bonnes manières – les petites louves et les petits loups disposent en magasin d’au moins une bonne coopé – qui n’est pas le féminin de Jean-François – pour se dédouaner : le genre Estézargues par exemple. 


Et pourtant camarades bobos et bobottes, naturistes ou naturalistes, gauchos non révisés – à ne pas confondre avec le Gaucho – centristes qui à force de ne pas savoir sur quel pied danser n’ont même plus de pieds, hommes de dextre grands fournisseurs de présidents de l’ex Crédit Agricole Mutuel, de Groupama qui signifie que je sache Groupement des Assurances Mutuelles, des coopératives agricoles laitières, animalières, céréalières, fruitières, légumières, et bien sûr vinicoles, putain que  c’était beau le mutualisme ! Une chouette belle idée que de mettre des moyens en commun, coopérer, être solidaires, s’accrocher à son territoire, y avoir des racines, être plus fort ensemble que tout seul dans son coin. Du côté du pognon il y a belle lurette, bien avant le désastre grec, que le consortium des élus agriculteurs les ont rangé au rang des accessoires inutiles et poussiéreux. Sur l’autre versant, celui de ce qui est attaché au sol, au labeur des hommes et des femmes, la flamme n’est pas tout à fait éteinte, elle brille encore dans certaines coopés.


Je ne vais pas ici ni faire l’apologie de la coopération, ni verser dans une vision béate du monde dans lequel nous vivons mais tout bêtement rappeler qu’à force de jeter l’eau du bain le bébé va y passer. Puisque que je fais plus en ce moment dans la vache laitière, le pot plutôt que le tonneau, j’ose écrire qu’il faut sauver le soldat coopérateur : beaucoup de coopératives laitières sont en réel danger et seront des proies goûteuses pour les habituels prédateurs. La découpe va, dans les mois qui viennent, être une pratique très prisée : le groupe Doux en est un bon exemple (pour preuve que la coopération n’a pas le monopole de la mauvaise gestion et des choix stratégiques aventureux). L’industrie alimentaire coopérative liée à un territoire c’est utile pour l’emploi, la vie des hommes et des femmes, mais encore faut-il qu’elle n’ait pas des boulets au pied, qu’elles ne soit que le substitut de ce que le secteur purement privé ne veut plus faire. L’heure n’est plus la réflexion, aux rapports à la con, mais à l’anticipation et à l’action !


Piqure de rappel pour les gueules d’amour qui ne « miam » que des bons produits du terroir, locavores de loft et 100% amap, le COMTÉ a été sauvé des griffes d’un grand groupe de Laval – patrie du nouveau Ministre de l’Agro-alimentaire, le fils de mon vieux compagnon de route Georges Garot – par le réseau des Fruitières qui sont, jusqu’à la preuve du contraire, des micros coopératives. J’y reviendrai à l’occasion.


Reste les coopératives vinicoles, et plus particulièrement celles du Grand Sud. En son temps j’ai commis une chronique, en juin 2009 très exactement pendant Vinexpo, qui synthétisait mes réflexions du moment : Coup de tonnerre à Vinexpo : une mystérieuse holding lance 1 OPA inamicale sur les Big Three coopératives de South of France…link. Elle avait beaucoup chagriné les directeurs des Big Three qui eux savent mieux que d’autres que là-bas  du côté de Carcassonne, de Narbonne, tout est politique (prononcer Politiqueu) et que la meilleure position à adopter pour les décideurs est d’attendre que les turbulences passent. Je n’y reviendrai pas, ça n’est pas ou plus mon problème et je ne vais m’immiscer dans la tambouille de nos amis du Languedoc ils s’y entendent très bien entre eux pour tourner en rond. Même à la retraite ils savent se recycler pour occuper les bons strapontins.


Ceci écrit, vous devez cette chronique au Val d’Orbieu qui, à petits pas, bouge un chouïa, affiche ses bonnes intentions, essaie de retrouver ses racines d’origine après des aventures hasardeuses sur des terres lointaines (pas si lointaines que ça, mais extra-narbonnaise). Là encore je ne vais pas mettre mon nez là où personne ne le souhaite mais me contenter de le mettre sur la publicité affichée sur les panneaux Decaux de Paris. La Cuvée Mythique, le retour ! Sans vouloir être ramenard je soulignerais : il serait temps ! Et sur le visuel gentiment méditerranéen, le Val d’Orbieu affiche sa signature pour un rosé baptisé : Mythique Languedoc, et deux petits frères blanc et rouge, de la toute dernière appellation voiture-balai de la région. Cerise sur la pièce-montée : la mention Consommer Coopératif. (dans mon titre j'ai à la fois traduit en impératif : buvez ! et en cela violé la loi Evin)


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Comme vous vous en doutez cette mention me va bien mais encore faudrait-il expliquer aux consommateurs les valeurs qui sous-tendent la démarche collective de la coopération. Si ça ne reste qu’un slogan mis en avant par un communiquant plus futé que les autres ça n’ira pas pisser très loin. En revanche, si la coopération vinicole, le val d’Orbieu en tête, retrouve  ses fondamentaux originels, que les coopérateurs ne soient plus de simples apporteurs de raisins mais des vignerons qui travaillent ensemble pour élaborer des vins à des prix abordables pour le grand populo je souscris des deux mains. À chacun son job et, n’en déplaise aux adorateurs de tout ce qui est petit donc gentil, je préfère que ce type de vin, qui a des clients, soit élaboré collectivement avec un partage de la valeur plus équitable. Reste à faire la démonstration en vrai grandeur de la démarche. C’est à la source, dans la vigne, où tout commence, alors tout le monde aura y gagner si la segmentation du marché repose sur une ressource différenciée et assumée. La mixité du vignoble languedocien le permet, alors, si tel est la nouvelle philosophie des Big Three, Val d’Orbieu en tête, consommer coopératif prendra tout son sens.

 

Affaire à suivre !

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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 00:09

Lundi sur Paris régnait un ciel de la Rochelle, tout en pluie fine, ce n’était ni les Francofolies, ni le Port des Minimes, mais comme une queue de ciel lourd, chargé de lourds nuages, stigmate d’un étrange affrontement plein de fureur et d’aigreur recuite. Si le ciel avait été plus clément j’eus enfourché mon vélo en hommage à Michel Crépeau, défunt maire de ce célèbre port, premier à avoir favorisé la bicyclette dans une ville. Mais comme il pleuviotait, alors, j’ai pris ma petite auto pour me rendre sous la coupole. En me vêtant le matin, afin de ne pas apparaître comme surfant sur la vague rose, j’évitais d’arborer mon pull rose tendre mais je ne pus m’empêcher de nouer un chèche fuchsia autour de mon cou. Le temps était lourd. Je ne ratai pas l’entrée du parking et j’entrai sous terre pour arrondir les profits de Vinci. Ensuite j’élevai mon auguste personne par les escalators, afin de contempler les grappes de japonaises en transe devant le carré Louis Vuitton, jusqu’au sixième étage d’un lieu d’être prisé par les amateurs de l’art déco : le dôme du Magasin du Printemps Haussmann.


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Parmi les dômes les plus visités, il y a celui du Panthéon, à Rome et celui du Printemps, à Paris. La coupole du magasin parisien, édifiée en 1924 et inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques, a retrouvé toute sa splendeur grâce à un lifting réussi du décorateur designer Didier Gomez qui, tout en modernisant la salle du restaurant (la plus grande de Paris, 1200m2, 400 couverts), a su conserver la belle rondeur. À l'épicentre, un bar lumineux, sous un lustre monumental gonflé à l'hélium. Comme il se doit, j’y fus reçu avec toute la pompe dû à mon immense influence : traduit en langage normal – nous baignons dans la normalité – je fus alpagué par un homme du cru qui voulut me parler politique. Pour ceux d’entre vous qui l’ignorerait, en chaque languedocien sommeille une passion débordante pour la politique : ma copine Catherine le dit bien avec la bonne intonation POLITIQUEU. Donc, avec une coquetterie exaspérante je fis part à mon interlocuteur du peu de goût que j’avais pour le 78 rue de Varenne et que je laissais aux bonzes momifiés le soin d’emberlificoter le nouveau Ministre. Très peu pour moi, j’ai déjà donné.


Restait que face à l’immensité circulaire, sous ce dôme imposant, je ne savais que faire avec mon verre. Alors, tel un derviche tourneur, je fis plusieurs tours de piste dans le double anneau où les stars du Languedoc attendaient fébrilement mon passage. Je bavasse, je papillonne et je ne vous ai pas encore rappelé qu’en ce 18 juin les vins stars du Languedoc étaient montés à Paris pour faire leur cinéma link Étaient-elles toutes présentent? Bien sûr que non, comme à Cannes il y a un Comité de Sélection et, bien sûr, contestation. Comme vous vous en doutez votre Taulier vénéré se garda bien d’entrer dans ce genre de polémique. Deux remarques seulement : j’apprécie hautement que les propriétaires, comme on dit à Paris, soient derrière leurs bouteilles, certains parmi les importants se contentent du commercial, alors je fuis. Pas grave ça laisse toute la place aux encore très nombreux retraités qui passent leur temps à écumer la moindre dégustation pour se nourrir avec un soin très professionnel.


Il m’a donc fallu choisir car je n’étais pas en capacité déguster tous les vins présentés pour deux raison : pas le temps et surtout je ne suis pas Robert Parker. Mes critères : aucun, au feeling et à la découverte. C’est injuste mais, eu égard à mon immense pouvoir de prescription, les non-élus peuvent se rassurent ils n’ont pas fait le voyage pour rien. Ainsi va la vie des petits blogueurs, le format de leur petite boutique ne leur permet pas de se la jouer RVF et B&D : de faire la totale. Quant aux commentaires sur les vins choisis, n’y comptez pas, soit vous me suivez comme le Messie, soit vous vous adressez aux crèmeries susmentionnées.


J’ai eu 2 Révélations grand coup de cœur :


-          Clos Maïa : Géraldine Laval closmaia@hotmail.fr Terrasses du Larzac


Le Petit Clos un pur Grenache béton (en cuve béton bien sûr) et Clos Maïa issu d’un foudre de 20 hl majoritairement Grenache avec un chouïa de Carignan et une foultitude de cépages autochtones.


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-          Domaine Vaïsse : Pierre Vaïsse domaine.vaisse@free.fr Terrasses du Larzac


Les Capitelles 2009 c’est le nom de la parcelle 50% Mourvèdre et 50% Syrah et l’Aphyllante 2009 c’est une fleur comestible tout Mourvèdre.

Que puis-je vous dire de plus, Géraldine et Pierre, ce ne sont pas des stars mais des vignerons de la relève de cette grande et belle région du Languedoc, qui font des vins friands, gourmands, pleins de charme et d’authenticité qui leur ressemblent accueillants et souriants. Ça fait plaisir à boire et à boire vous pouvez y aller les yeux fermés si vous accordez un peu de crédit au Taulier.


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Une confirmation qui me fait plaisir :


-          Le Mas des Caprices Pierre et Mireille Mann masdescaprices@free.fr Fitou

Gris Gris « Un superbe blanc de grenache gris » dixit le Michel de Perpiña dit le Forgeron de Dana et Anthocyane 2010 un Fitou issu de vieux carignan et de vieux mourvèdre qui devrait amener le susdit à un beau de jouissance gustative. Mireille Mann, dont j’avais déjà goûté les vins lors d’une dégustation du cru Fitou, fait elle aussi, avec son mari, parti des valeurs sûres du Languedoc. La rigueur alsacienne sous le soleil du Sud est le gage de belle ouvrage et de vins cousus mains.


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Deux valeurs confirmées :


-          Mas Jullien Olivier Jullien masjullien@free.fr Les Terrasses du Larzac

Les derniers états d’âme 2009 et le Mas Jullien 2009 le vigneron emblématique et sympathique poursuit sa quête d’authenticité sans rouler sa caisse même sous la coupole. C’est toujours de très beaux vins, plein de fruit et de fraîcheur.


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-          Domaine Jean-Baptiste Senat charlotte et Jean-Baptiste Sénat www.domaine-jean-baptistesenat.fr Minervois


Mon chouchou Arbalète&Coquelicot 2011 se porte bien et vit sa vie dans une joyeuse décontraction, les défricheurs de changer l’Aude en vin poursuivent leur chemin après avoir surmonté l’adversité, c’est heureux et plaisant pour nous. Le Bois des Merveilles 2110 est un grand vin, qu’on se le dise !


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Une Révélation pour moi d’une star confirmée :


-          L’Oustal Blanc Isabel et Claude Fonquerle www.oustal-blanc.com Minervois-la Livinière


Ici c’est que du bon, accueil souriant, vins de haute et belle expression déclinés en 1 superbe blanc  Naïk 10 90% grenache gris et macabeu élevé en barrique et 2 rouges : un Minervois Giocoso 2009 et un Livinière Prima Donna 2009. Comme diraient nos jeunes d’aujourd’hui : pas de soucis avec de tels vins le Languedoc ira loin. Cerise sur le gâteau un bel étiquetage des bouteilles : de bon goût, original sans chercher à épater. J’aime !


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Vignerons à suivre :


-         Mas de Cynanque Xavier de Franssu www.masdecynanque.com Saint-Chinian

Fleur 2010 Carignan majoritaire devrait plaire à Léon qui adore le carignan et les Fleurs, les grandes croisées à paris. Plein grès 2009 et Acutum 2009


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-          Mas Cal de Moura Vincent Goumard www.caldemoura.com Terrasses du Larzac

L’Infidèle 2009 et les Combariolles 2009.


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-         Plan de l’Homme Rémi Duchemin www.plandel’homme.fr Terrasses du Larzac

Florès 2009 blanc 90% de Roussanne et α 2010 une sélection parcellaire…


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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 16:00

 

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Pour Annie et Pierre Piquemal le pluriel s’imposa à moi d’emblée, ils étaient indissociables jusqu'à ce que la mort d’Annie vienne les séparer... C’est Luc Charlier qui m’a appris hier la très triste nouvelle. De mon souvenir est alors remonté une image celle d’Annie m’annonçant, au salon des VIF en 2010, porte de Versailles, la mort de leur fils Franck. Nous nous sommes étreint longuement, et Annie avec toute son énergie, son gros cœur de mère, me confiait qu’ils allaient s’accrocher, construire, vivre, comme ils l’avaient toujours fait. Pierre écoutait.

 

C’est à toi Pierre que j’adresse, avec toute la force de mon estime et de mon amitié, ces quelques mots pour te dire que, toi et Annie, vous étiez de ceux qui font, qui font bien, qui bâtissent, des vignerons attachés à leur pays, des gens de bien. Le seul mot qui me vienne, et il est beau et fort, c’est admiration.

 

Nous étions amis et nous le resteront Pierre car, à travers toi, je retrouverai toujours le sourire d’Annie. Dans cette nouvelle et terrible épreuve Pierre sache qu’en écrivant ces lignes je m’associe à ta douleur et à ta peine. Je t’embrasse fort. Du courage tu en as, je le sais, et je suis sûr qu’au travers de l’avenir de ce beau domaine que vous avez bâti, à Espira-de-l’Agly, Annie et toi, avec Marie-Pierre votre fille, et toute ta famille se perpétuera l’image d’Annie Piquemal, mon amie, vigneronne courageuse au grand coeur.

 

Reçois Pierre, mes plus sincères condoléances. Embrasse pour moi tes petits enfants chéris, ils sont l’avenir.  À bientôt Pierre…

 

Jacques

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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 00:09

Je sens, c’est le cas de le dire, que ma double question va me valoir au mieux de l’ironie, au pire du mépris de la part des beaux nez et des bouches tendues des maîtres de la dégustation. De belles moues, et pourtant, ne leur en déplaise, elle se fonde sur un texte de Francis Ponge, poète du quotidien, matérialiste, sensualiste qui disséquait les objets, en abolissant la frontière entre le mot et la chose qu'il désignait. Pour lui le rapport est le même entre « un verre d’eau et un verre de vin qu’entre un tablier de toile et un tablier de cuir. » en ajoutant «  Sans doute est-ce par le tanin que le vin et le cuir se rejoignent. » Alors convenez au moins que poser la question du nez de cuir d’un vin, et de sa bouche de vache, référence à ce que le cuir est majoritairement tiré de la peau de vache, n’est pas totalement une ineptie même si, certains mauvais esprits, mettront en avant, qu’en effet, certains vins dit nature sentent la bouse de vache.


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Certes, il me sera objecté que les poètes ne sont pas les plus qualifiés des dégustateurs : ils se jouent des mots, les transcendent, les étirent pour en faire le terreau de leur imaginaire. J’en conviens d’autant plus aisément que Ponge se réfère, bien évidemment, au vin de son temps lorsqu’il met en avant « des ressemblances d’une autre sorte, aussi profonde : l’écurie et la tannerie ne sont pas loin de la cave » ? Ce qu’écrivait Ponge  à propos  de ce rapport du vin au cuir reste d’une grande beauté formelle mais n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’est devenu la façon de faire le vin. Certes certains, ceux qui prônent l’intervention minimale, se retrouveront lorsqu’il affirme que « le vin est un produit de la patience humaine, patience sans grande activité, appliquée à une pulpe douceâtre, trouble, sans couleur franche et sans tonicité. Par son inhumation et sa macération dans l’obscurité et l’humidité des caves ou grottes, du sous-sol, l’on obtient un liquide qui a toutes les qualités : un véritable rubis sur l’ongle. Et, à ce propos, je dirai quelque chose de ce genre d’industrie (de transformation) qui consiste à placer la matière au bon endroit, au bon contact… et attendre. »


Revenons à ma question initiale et surfons sur le Net pour détecter les arômes  et le goût de cuir :


Les Arômes à Notes Animales : Gibier, venaison, civet, fourrure, chien mouillé - Musc, musqué, civette - Sueur, suint - Ambre - Urine de souris, urine de chat (il s’agit en fait de l’arôme du bourgeon de cassis) - Viande, viandé - Indol, scatol, faisandé - Marée, « fraichin » - Cuir, vieux cuir.

 

« L’arôme de cuir est un arôme secondaire signe d’une évolution du vin. On le retrouve dans des vins produit dans des régions chaudes. »

 

Flaveurs animales: venaison, cuir, étable (présent surtout dans les vieux vins rouges)

 

Femmes et Vins de Bourgogne : « Le vin, une boisson d’hommes ? Dans les esprits, le vin est parfois considéré comme un produit viril et masculin. Mais si l’on considère le produit en lui-même, est-ce bien le cas ? En effet qu’aimons-nous dans le vin, le goût de cuir et l’odeur de cheval ? Le rouge pompier ou une texture d’huile de moteur ? On trouve toujours un stéréotype pour lutter contre un autre. Ce que nous aimons vraiment dans le vin, n’est-ce pas plutôt son caractère, ses rondeurs, ses parfums subtils ou les plis de sa robe ? »

 

Cité par David Hume dans Essais sur l'art et le goût « Ce n’est pas à tort, dit Sancho au chevalier au grand nez, que je prétends avoir du jugement en matière de vin ; c’est une qualité héréditaire dans notre famille. Deux parents à moi furent appelés à donner leur opinion au sujet d’un fût de vin, qu’on supposait excellent en raison de son âge et de la qualité de son cru. Le premier le goûte, le considère et après mûre réflexion déclare que le vin est bon, mais avec un petit goût de cuir qu’i y perçoit. Le second, après avoir pris les mêmes précautions, rend aussi un verdict favorable, mais faisant la réserve d’un certain goût de fer qu’il pouvait aisément distinguer. Vous n’imaginez pas comme ils furent moqués pour leur jugement. Mais quels furent à la fin les rieurs ? En vidant le fût, on découvrit au fond une vieille clé attachée à une lanière de cuir »

Cervantès, Don Quichotte 2e partie chapitre 15

 

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Cuir : famille des arômes animaux.

« L’arôme de cuir apparaît au cours de la maturation du vin, donc principalement dans les vieux vins. On peut trouver l’arôme de cuir dans de nombreux vins :

 

Les vieux Champagnes issus des cépages noirs : Pinot Noir et Pinot Meunier,

Les vieux vins rouges de Bourgogne, issus de Pinot Noir, comme les Corton ou les Nuits Saint Georges,

Les vieux vins rouges du Bordelais, qui contiennent une forte proportion de Merlot,

Les vieux vins rouges du Sud-Ouest, comme le Cahors, issus du Cot ou Malbec ou Auxerrois, le Madiran, issus du Tannat, le Bandol rouge, issu du Mourvèdre,     

Le vieux Maury, issu du Grenache, surtout si le vignoble est implanté sur le schiste,

Le vieux Porto,

Les vieux vins rouges espagnol Ribera del Duero, issus de Tempranillo, de Grenache, de Malbec, de Cabernet Sauvignon et de Merlot, élevés en fût,

Plus rarement dans les vieux vins blancs de Bourgogne issus de Chardonnay. »

 

Avant de recueillir vos savantes réponses chers lecteurs experts, et surtout si vous estimez que ces flaveurs et ce goût sont ou non agréables, votre chroniqueur, qui s’aventure souvent sur des chemins de traverse, voudrait souligner qu’il y a cuir et cuir en estimant que cette approche très personnelle peut introduire des subtilités utiles dans l’approche du nez de cuir et de la bouche de vache :


-        Le nez du cuir d’écurie : l’odeur du harnachement de notre jument nénette, forte et virile.

-        Le nez du cuir de cartable : doux et chaud.

-        Le nez du cuir des jupes de cuir des femmes : sensuel et érotique.


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En vous remerciant de votre compréhension. Comme l’écrivait Francis Ponge « le vin et le cuir sont à peu près du même âge. Des adultes (déjà un peu sur le retour). »

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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 00:09

guigal-ex-voto-hermitage-rouge-2007.jpgChères bonnes volontés du terroir,


Lorsque je me rends à Lumières, parfois, je vais m’extasier devant les ex-voto de ND de Lumières qui en abrite une impressionnante collection. Ce lieu, né à la suite d’une vision d’un berger au XVIIe siècle a ensuite attiré toute la population des environs qui venait implorer un miracle et remercier par des actions de grâce et surtout apporter, sous forme de tableau, d’images parfois naïves, leurs remerciements au Ciel.


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Mon image va sans doute vous paraître osée mais votre mobilisation pour proposer au gouvernement français, puis à l’UNESCO, de faire inscrire « La tradition française des vins de terroir » sur la liste du patrimoine (culturel et immatériel) de l’humanité, venant à la suite de celle du repas gastronomique des Français le 16 novembre 2010 me donne le sentiment que nos combats se réduisent à une forme d’imploration, de recours à une autorité extérieure, comme si nous n’étions plus capable de peser sur le réel pour que nos vœux soient exhaussés.

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Je n’ai bien sûr rien contre cette initiative mais, en paraphrasant le facétieux Taras Grescoe, comme lui, et bien plus longtemps que lui, « J’ai vécu en France, mais j’ai beau adorer ses fromages, son chocolat, son vin, la culture française devient si rigide et si immobiliste, si confite dans sa gloire passée, que j’ai peur d’être perclus de rhumatismes avant l’âge. »


Certes, la porte est grande ouverte depuis que l’UNESCO a ouvert la possibilité en 2003 d’inscrire sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, « les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel. ».

 

Qu’est-ce donc que la tradition française des vins de terroir ?


Pour vous elle recouvre « l’ensemble des connaissances et savoir-faire viticoles et œnologiques, des aménagements du milieu et des pratiques viticoles, de l’éducation et des rituels de partage du vin façonnés par les vignerons, l’ensemble des métiers de la vigne et du vin, amateurs et connaisseurs de vin. Cette tradition résulte d’une interaction avec l’environnement viticole sur des décennies voire des siècles et s’est transmise de génération en génération… »


Vous embrassez large et je crois que vous aurez bien du mal à étreindre, c’est-à-dire à aller à l’essentiel, mais vous n’en êtes qu’au début de votre démarche et, puisque l’essentiel des signataires de l’appel sont des universitaires et des chercheurs, je leur fait confiance pour mieux définir et caractériser cette fameuse tradition française des vins de terroir mais qu’ils me permettent de leur dire que  le poids spécifique des amateurs et des connaisseurs me semble bien léger au regard des principaux intéressés : les vignerons qui, comme ceux de l’association vignerons en nos appellations devenus SEVE, sont les seuls héritiers de la tradition des vins de terroir que vous voulez défendre et préserver.


De plus j’ai lu que, selon vous un vin de terroir, serait un « vin issu de raisins produits par un groupe humain dans une entité spatiale dont les caractéristiques sont homogènes ». Groupe, entité, homogénéité, ça me semble là encore bien vague et je ressens déjà dans cette définition comme une certaine gêne de votre part, comme l’éternelle histoire de la poule et de l’œuf, qui est à l’origine de quoi : l’homme, la terre, la terre et l’homme ? Et puis, le terroir c’est un puzzle, un patchwork de terroirs, avec toute les nuances et la diversité de la géographie physique et humaine, de la géologie, de l’hydrographie, des pentes, des expositions, des climats, des microclimats, des fleuves navigables, des proximités urbaines et maritimes, des routes, des monastères, des marchands. Il va donc vous falloir entreprendre un vrai travail de bénédictins pour collationner, compiler, présenter toutes les sources  de nos traditions dont la somme sera l’illustration de la tradition française des vins de terroir.


Affaire à suivre donc, mais en parcourant les raisons qui motivent cette démarche d’inscription de la tradition française des vins de terroir sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité je reste encore plus dubitatif lorsque je lis qu’elle « permettrait de souligner une histoire et une culture deux fois millénaires, de les mettre en valeur pour en faire le socle d’un développement futur. Il ne s’agit pas de figer ce patrimoine dans une tradition normative et à terme stérile, ou de le muséifier, mais au contraire de lui donner les bases de son épanouissement dans un contexte d’ouverture au monde de plus en plus prégnant, de faire reconnaître officiellement par l’organisme mondial compétent que la tradition française des vins de terroir est un monument de la culture universelle. »


Vous souhaitez que l’inscription de cette tradition française des vins de terroir devienne le socle d’un développement futur, qu’elle jette les bases de son épanouissement dans un contexte d’ouverture au monde de plus en plus prégnant. Fort bien, messieurs les universitaires très largement majoritaire : 7/10 dans le Comité de pilotage scientifique chargé de la rédaction du projet de dossier de candidature, mais n’est-ce pas, en creux, un certain constat de « faillite » de l’INAO gardienne de la tradition de nos AOC ? À la place du sieur Paly je ne serais pas très content de me faire traiter de « failli ». De deux choses l’une, soit  vous craignez cette faillite, soit elle est déjà inscrite dans les faits, ce qui revient au même car dans les deux cas vous vous posez en repreneurs. C’est louable mais avez-vous vraiment les moyens de prendre la barre, de redresser la situation, de redonner à l’ex-vieille grande maison de l’avenue des Champs Elysée son lustre passé ? Et puis, est-ce bien à vous de le faire ? Ne cédez-vous pas au péché mignon de notre beau pays où tout vient d’en haut, les gens d’en bas se contentant de contempler émerveillés que des gens si haut placés veuillent bien se préoccuper de leur avenir en sauvant la boutique en leur lieu et place.


Petite remarque sémantique : si la tradition française des vins de terroir est un monument de la culture universelle et que vous ne souhaitez pas la muséifier, la figer, votre démarche vise à quoi exactement ? Je suis un peu simplet mais j’avoue ne pas très bien comprendre le lien entre le passé, le présent et l’avenir de notre tradition de vin de terroir ? Est-ce un retour vers un glorieux passé ou une fenêtre ouverte sur un avenir plus conforme aux valeurs de nos AOC ? À ce stade je demande qu’on éclaire ma lanterne : si toutes les AOC ne produisent pas que des vins de terroir, si certaines IGP voire même des vins sans IG en produisent, comment allez-vous trier entre le bon grain et l’ivraie ? De grâce ne restez pas dans une ambiguïté si favorable à la confusion : dites ! Rappelez-vous c’est ce qui a fondé à l’origine notre système d’appellation d’origine : transcrire la tradition de terroirs reconnus. Tourner autour du pot, rester dans une phraséologie vague et imprécise conforterait sur le terrain les tenant de l’immobilisme grands défenseurs des droits acquis, y compris ceux qui foulent aux pieds la tradition française des vins de terroir.


Ne le prenez pas mal, chers promoteurs, mais je trouve assez plaisant votre volonté de voir reconnue la tradition de vin de terroir comme un monument de la culture universelle. C’est beau comme la Tour Eiffel !


Encore une petite remarque : pourquoi française la tradition des vins de terroir ? Chez nos voisins du Vieux Monde, en Italie tout particulièrement, elle est aussi inscrite dans l’ADN de certains vignerons alors pourquoi en rester à notre approche purement hexagonale ?


Enfin, comme il y a toujours en nous un défenseur de chef d’œuvre en péril qui sommeille, vous avancez une raison qui n’a rien à voir avec une pure sauvegarde mais constitue un vrai débat qu’il faudra enfin engager au sein du Comité National Vin de l’INAO pour traduire dans les décrets de chacune des appellations des exigences environnementales « Par ailleurs, certains savoir-faire viticoles sont aujourd'hui délaissés et un travail sur leur préservation paraît d'autant plus pertinent qu’il permettrait de sensibiliser le public à l’importance de la vie des sols et de la pérennité de la biodiversité pour la fidèle expression des terroirs. Un ensemble cohérent de mesures de sauvegarde, de documentation, de recherche, de transmission et de promotion, permettrait d’assurer la pérennité de savoir-faire viticoles hérités respectueux de la nature et de l’environnement. »


En effet, nous touchons-là à un point essentiel. Il ne s’agit pas de préserver des savoir-faire oubliés mais de revenir à des pratiques qui rompent avec une dérive de facilité et une forme de normalisation des vins d’origine. Il y a une contradiction fondamentale entre une forme de productivisme et la notion même d’AOC. Pourquoi avancer masqué, tourner autour du pot, le travail engagé par René Renou a été enterré par ses successeurs, il suffit de remettre l’ouvrage sur le métier et votre démarche, aussi sympathique soit-elle, ne me semble pas de nature à faire sauter les verrous tenus par les bonzes qui composent majoritairement le Comité National de l’INAO et à faire bouger son Président imposé par ce qui se fait de mieux en matière d’immobilisme.


La dernière raison que vous avancez j’avoue que sa formulation m’afflige quelque peu, elle irrite d’ailleurs nos voisins producteurs de vin, de grâce arrêtons de nous draper dans une posture arrogante qui frise le ridicule. Nous sommes un grand pays de vin, certains d’entre eux sont sans aucun doute des références mais la modestie est une forme d’élégance qui sied mieux à notre tradition de courtoisie et de savoir-vivre « Enfin, le vin français est reconnu et salué par l’ensemble de la communauté mondiale pour sa qualité et sa diversité. Cette « culture du vin » s’est inextricablement mêlée à l’image nationale et identifie la France à l’étranger. »


Bon courage à vous, chers promoteurs, que le succès soit au bout de votre long chemin. Le mien est autre, loin des lauriers de l’Université, mais tourné vers le même but que le vôtre et, si j’ai un vœu à former, c’est que parole soit donnée en priorité à ceux qui dans les vignes et dans les chais sont les chevilles ouvrières de ces vins respectueux de leur terroir pour que celui-ci puisse s’exprimer. Sans vouloir m’en tirer par une pirouette mais votre souci de voir le terroir s’exprimer ne doit pas se faire sans la part de voix des vignerons. Eux ils font. Ce que fait la main. Essentiel, non, à la constitution et à la pérennité de ce fameux terroir.

 

Un Taulier admirateur d’ex-voto en tout genre

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 00:09

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Je suis souvent frappé par l’étroitesse d’esprit de certains petits maîtres ( la liste est à disposition de ceux qui en feront la demande au taulier) qui sévissent dans le monde du vin, ils s’accrochent aux idées reçues, bien plus encore que les moules à leur rocher, ils pérorent, se gavent de leur propre écoute entourés de zélotes béats, confondant agitation avec réflexion, ils se gardent bien de laisser à la folle du logis, l’imagination, tout l’espace qu’elle doit prendre pour que la pensée puisse s’épanouir, fleurir. « Il faut que l'imagination prenne trop pour que la pensée ait assez » disait le grand sage bourguignon Gaston Bachelard.


Gaston-Bachelard.png.jpg      Gilbert Pinna le blog Graphique


Je vous invite ce matin tout d’abord à l’écouter interviewé par Jean-Claude Bringuier dans l’émission culte 5 Colonnes à la Une du 1 décembre 1961 link c’est un vrai bonheur « Appelez-moi Gaston Bachelard, Bachelard, tout le monde m’appelle Bachelard… » rétorque-t-il bonhomme à Bringuier qui demande s’il faut l’appeler Maître. Pour ceux qui n’auront pas la curiosité  de visionner cette interview deux pensées de cet homme d’une revigorante simplicité :


« Les gens sont ce qu’ils peuvent être… »

« L’escalier de la cave on le descend toujours, l’escalier du grenier on le monte toujours… »


Ensuite je vous propose de lire un beau texte de lui introduit par une citation  « C’est la vigne elle-même qui, en entassant ses débris et ses déchets, s’est construit son propre terroir, et s’y est composé la noble et subtile essence dont elle nourrit son fruit. » écrivait Gaston Roupnel dans son Histoire de la Campagne Française. Fils d'un père modeste employé des chemins de fer Auguste Roupnel, chef de gare à Gevrey-Chambertin, normand d'origine et d'une mère bourguignonne, il vint vivre en Bourgogne dès l'âge de six ans. Élève au lycée de Dijon de 1883 à 1891 puis à la Faculté de Dijon de 1892 à 1895 puis enfin en Sorbonne, il ne fut pas reçu à l'agrégation malgré plusieurs tentatives. Il fut marié à une authentique vigneronne de Gevrey-Chambertin, Suzanne et l'ami cher entre tous de Gaston Bachelard, son collègue à la Faculté de Dijon. Son fils Louis Roupnel se suicida à l'âge de 29 ans le 1/10/1937.

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Gaston Bachelard, dont l'œuvre philosophique est d'une puissante originalité, à sa manière singulièrement provocatrice, explore passionnément le dynamisme de la science au travail, les progrès turbulents de la raison, l'essor époustouflant de la physique et de la chimie dans la première moitié du XXème siècle tout en exaltant l'imagination des poètes, le monde de la ruralité, les valeurs de l'artisanat, et la mélancolie de l'eau.


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« Jusque dans le détail de ses interminables recherches, l’Alchimie est toujours ambitieuse d’une grande vision du monde. Elle voit un univers en action dans la profondeur de la moindre substance ; elle mesure l’influence des forces multiples et lointaines dans la plus lente des expériences (…) Les belles matières : l’or et le mercure, le miel et le pain, l’huile et le vin, amassent des rêveries qui se coordonnent si naturellement qu’on peut y déceler des lois de rêve, des principes de la vie onirique (…) Pour un rêveur de la matière, un raisin bien composé ,’est-il pas déjà un beau rêve de la vigne, n’a-t-il pas été formé par les forces oniriques du végétal ? Dans tous ses objets, la Nature rêve.


Pour une telle rêverie condensée en une substance aimée, aimée d’un amour parlant, qu’est-ce que le vin ? C’est un corps vivant où se tiennent en équilibre les « esprits » les plus divers, les esprits volants et les esprits pondérés, conjonction d’un ciel et d’un terroir. Mieux que tout autre végétal, la vigne trouve l’accord des mercures de la terre donnant au vin son juste poids. Elle travaille tout le long de l’année en suivant la marche du soleil à travers tous les signes zodiacaux. Le vin n’oublie jamais, au plus profond des caves, de recommencer cette marche du soleil dans les « maisons » du ciel. C’est en marquant ainsi les saisons qu’il trouve le plus étonnant des arts : l’art de vieillir. D’une manière toute substantielle, la vigne prend à la lune, au soleil, à l’étoile un peu de soufre pur seul capable de bien « élémenter » tous les feux des vivants. Ainsi un vrai vin appelle le plus sensible des horoscopes.


S’il passe au ciel une comète, c’est une autre vendange ! Nos formules, séchées dans les concepts, n’y voient guère qu’une étiquette pour illustrer la date d’un vin fameux, petite mnémotechnie d’un temps qui oublie la minutieuse individualité d’une année de loyal soleil. Mais le vigneron passionné, qui médite toute l’année les signes du vin, n’oubliera jamais que la comète nouvelle donne au vin une substance qui descend bien rarement du ciel sur la terre. La comète est moins un astre qu’une exhalaison. Cette longue queue molle coulant dans les hautes couches du ciel est essentiellement humide, elle est riche d’un feu liquide et suave, d’une eau essentielle et subtile, longuement distillée au firmament. La vigne attire cette eau céleste – la seule qu’elle tolère – venue des cieux dominateurs. Le vin de la comète en reçoit une douceur qui ne ruine pas la force.


A qui rêve le vin dans la nature, avec toute l’histoire des influences célestes de l’année, comme le répertoire des influences célestes de l’année, comme le répertoire des actes du soleil et des astres, la pluie est une maladie de l’atmosphère vivante. En assombrissant le coteau, elle ternit la couleur du vin qui ‘a plus son compte de lumière. Tout rêveur qui vit dans la sympathie de la vigne sait bien que le cep, contre l’eau terrestre et fluviale, est toute vigilance. La souche est une poigne qui empêche à toute eau de monter jusqu’aux grains. Elle tort, en sa racine, des sèves quintessenciées. Et le sarment, sec dans toutes les fibres de sa substance, interdit à l’être humide de polluer le raisin. En des temps cartésiens, un médecin écrit : « les conduits par où la sève de la vigne monte sont tellement étroits qu’ils ne laissent passer que le suc le plus pur et le plus subtil de la terre, au lieu que les tuyaux par où le suc des pommiers et des poiriers s’élève sont si larges qu’ils laissent monter indifféremment les principes grossiers et les subtils. » Ainsi la Nature a pris soin – bonne mère ! – d’interdire par la force des treilles l’union des liquides contraires, l’union de l’eau et du vin, l’union de la mare et du coteau.


La chimie moderne, sans doute, nous enjoint de rire devant d’aussi vaines rêveries. Elle nous prouve, par ses faciles analyses, que le raisin est un fruit aqueux et l’agronomie conseille des pratiques qui gonflent la vendange : il est des pays plats où s’arrosent les vignes. Ce sont là des pays que le rêve du vin ne visite pas. Pour qui rêve les substances dans leur acte profond, l’eau et le vin sont des liquides ennemis. C’est médecine que de les mêler. Un vin coupé, un vin coupé d’eau – la bonne langue française ne s’y trompe pas – c’est vraiment un vin qui a perdu sa virilité. »

 

Dijon octobre 1947 Extrait de La Terre et les rêveries du repos chez José Corti

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 00:09

Mangeons de saison ! L’irruption des cerises sur les étals des marchands de 4 saisons, qui n’en ont plus guère, marque d’ordinaire l’installation définitive du soleil dans notre quotidien. « Mariage pluvieux, mariage heureux » dit le diction populaire : l’irruption dans notre quotidien d’un PNR stoïque sous le déluge des Champs Elysée semblait nous faire entrer dans la sérénité d’un long fleuve tranquille avant que les filles de la Rochelle, qu’ont armés un bâtiment et partagé sa vie, viennent troubler ce tableau idyllique.

 

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N’empêche que l’origine limousine du clafoutis aux cerises,  ce plat rustique dont le côté domestique sans sophistication, entre pâtisserie et en-cas de résistance, très Le Central, ou Chez Poumier comme on dit à Tulle, m’oblige à l'évoquer ici ce samedi. J’en avions déjà causé l’an passé link  mais aujourd’hui c’est cette simplicité que je veux chanter. « Il ne fait pas de manière et se mange avec appétit. » Un appétit tel que celui du François d’avant notre Twiteuse nationale, gourmand et marrant.

 

 

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Maintenant que notre François de Tulle s’est glissé dans les habits d’un PNR et gîte sous les ors de la République, je me suis dit que je me devais de puiser dans les mythologies nationales, où la cuisine et le plaisir de manger, tiennent une large place. Manger est souvent une occasion ritualisée de consommer de la nourriture : repas de famille, dîner d’amoureux, noces et banquets, pique-nique, barbecue… et comme l’écrit Rémy Lucas dans son livre Mythologies Gourmandes chez PUF 14€ « Le mythe est une légende, une histoire qui nous donne une certaine connaissance du réel, une narration qui joue avec la forme et le sens, le signifiant et le signifié, at qui peut nous révéler une part de nous-même. »

 

Alors votre Taulier, bon Prince, afin de mettre un peu de baume sur l’urticaire du PNR provoqué par ses filles de la Rochelle, il était vénère le François, j’ai pensé qu’une douceur simple conviendrait. J’ai pour ce faire puisé dans les lignes de l’ouvrage susmentionné.

 

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CLAFOUTIS AUX CERISES

 

« Servi dans sa faïence rustique, il affiche la bonne mine des cerises en billes rubicondes, enchâssées dans leur écrin souple et givrées de sucre cristal.

 

La pâte jaune et molle, chaude encore, dégage une odeur pleine et réconfortante d’œuf et de lait. Légèrement blondie sur le dessus et tendrement élastique, elle fond dans la  bouche, tenant son serment parfumé, son goût d’œuf sucré, subtilement alcoolisé. Puis vient la cerise, plus croquante, dont l’arôme puissant envahit alors les papilles, et que l’on mâche en prenant bien garde de ne pas avaler le noyau. Celui-ci n’est pas là par paresse, dit-on, mais parce qu’il confère au plat une incomparable saveur d’amande fraîche, et, parce qu’en épargnant l’éventration des fruits qui transformerait le gâteau en flaque sanglante, il donne au résultat un aspect plus présentable. Le jeu consiste alors à rouler ce petit occupant dur comme un caillou dans sa bouche, de le tourner, le sucer, le lécher jusqu’à – discrètement – le déposer sur le bord de son assiette… Joie de saison, temps des cerises. »

 

Du côté du LIQUIDE pour accompagner le SOLIDE comme dirait le sieur Pousson : un Massia Vecchia Ariento sera parfait link et photo ci-dessous.

 

 

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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 00:09

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Cher Emmanuel,


L’amer présida à ma première rencontre avec tes lignes link. Tu revenais d’un séjour en Italie, pensionnaire à l’Académie de France à Rome, la fascinante Villa Médicis dans son écrin de de pins, de cyprès et de chênes verts, sur le mont Pincio et je t’enviais.


Comme « Là-bas, l’amertume est joyeuse, sociale et évidente. » en vrai baroudeur des terroirs d’exception, pour découvrir les fameux castraure, tu te rendais  sur l’île de San Erasmo, le potager de Venise dont « le paysage est plutôt laid. On pense à certains coins de Vendée, ravagés par le vent et hantés par des white trash adorateur de MC. Circulaire, le chantre du rap rural » Là, j’étais conquis ! Je trouvais ton ironie fille de la plume du Chaissac d’Hippobosque du Bocage « En Vendée on a un faible très marqué pour ce qui est inauthentique et le Vendéen n’est d’ailleurs jamais un novateur mais toujours un suiveur ».


Le temps passa, et puis, au détour des lignes de cette charmante chipie d’Isa à l'appétit d'ogresse link, je découvris tes merveilleuses grolles fuchsia alors que tu dédicaçais, chez Gallimard, Boulevard Raspail, ton Anthologie fabuleuse, fallacieuse et facétieuse du pâté en croûte. Je fronçai les sourcils plongé que j’étais dans un état étrange de non-appétence.


419818 10150558589506107 699646106 9178219 1786652776 n                   Photo d'Isabelle Spiri

 

Rassure-toi Emmanuel comme je suis un « color addict » ton fuchsia dans tous ses états ne me choquait pas loin de là.


Alors quoi ?


Comme une vieille et profonde réticence charcutière face à ce qui fut pour moi l’emblème des banquets de toute obédience du temps de mon enfance. Curieusement cette allergie enfouie s’avérait purement oculaire car je n’avais goûté, en quelques rares occasions, que du bout des lèvres, à ce met. Bien plus que son esthétique, sommes toute assez banale, de son côté bourratif, c’est la vison des grosses bedaines, des faces rubicondes, des repas interminables, d’une forme de goinfrerie, qui creusa le fossé entre ce pâté encroûté et moi. Si je puis m’exprimer ainsi : le pauvre a pris pour tout le monde.

    

Alors anthologie oui ! Fabuleuse, fallacieuse et facétieuse trois fois oui ! Pâté en croûte : non !

Et pourtant : j’adore le pâté et j’adore la croûte… alors pourquoi donc n’aimerais-je pas le pâté en croûte ?


Sans doute suffisait-il que je te croise pour inverser le cours de mon à priori défavorable.


Je t’ai vu, tu m’as convaincu. Tel un père accueillant l’enfant prodigue tu m’as dit « viens jeudi chez mon ami Georges Casellato, caviste au marché St Germain (Cave "Bacchus & Ariane") et autour d'une  belle tranche de pâté en croûte je t’évangéliserai. Je ferai de toi un apôtre du pâté en croute et mon Anthologie fabuleuse, fallacieuse et facétieuse sera pour toi la Bible charcutière.


J’ai dit oui sauf que ce jeudi-là mes vaches m’avaient entraîné très loin de Saint-Germain-des-Prés, sur la rive gauche, chez un autre Saint prénommé Émilion, et je dinais à l’Envers du décor avec une brochette de biodynamistes assemblés par François de Ligneris. Au cours de la soirée je fus aspergé de vin rouge et, preuve de l’innocuité des vins nature, mon pull rose  retrouva son éclat après un séjour dans un bain savonneux à 30°. Privé de ma première communion avec un pâté en croûte digne de ce nom, fait de ta main : porc frais mariné au Port Ellen 78, figatellu sec, foie gras assaisonné au thé Pu Er, épices, etc... et en dépit de ta promesse de m’en refaire un autre dans le même esprit à l'occasion, j’étais en manque !


Alors pour le combler, dès mon retour sur mes terres je pédalai jusqu’à l’Ecume des Pages à Saint-Germain-des-Prés pour acquérir ton précieux livret facturé 14€. Je le lus d’une traite dans l’Intercités qui m’amenait en Normandie, la Haute, où m’attendaient d’autres vaches.


Et là, à l’étage d’un wagon banlieusard, hormis la confirmation que ce pâté encroûté était bien le symbole de la classe des notables de la IIIe et de la IVe République, ces radicaux ventrus, ripailleurs, beaux orateurs de fin de banquet, j’avoue avoir été fasciné par le côté sarcophage du pâté en croûte : camouflage de nourritures peu recommandables, œuvre de charcutiers-pâtissiers diaboliques, réceptacle de phantasmes les plus délirants, forme de mise en bière charcutière de chair, de viandes maléfiques, d’oiseaux et de gibiers qui mettraient en transe Alain Bougrain-Dubourd. Oui, je ne pouvais que souscrire au vœu de Gérard Oberlé « Les charcutiers sont des embaumeurs qui mériteraient qu’on les honore comme des prêtres égyptiens. »


Mais en dépit de cet apaisement intellectuel, paraphrasant Robert Lamoureux, dont ce fut avec ce canard la seule œuvre humoristique, « mon manque était toujours vivant ! »


Alors pour le conjurer, éviter une chronique rentrée, Emmanuel j’ai décidé, c’est chez moi un travers récurent, de te proposer de ressusciter Les Frères de la Croûte, qui fut, à la grande époque des clubs et des académies gastronomiques, un minuscule club de guère plus de vingt membres, et qui à l’image de l’A.B.V : l’Amicale du Bien Vivre dites des Bons Vivants, dont je suis l’érecteur, n’avait pas de président mais un « boucanier » faisant fonction d’organisateur des agapes. La viande boucanée Emmanuel, encore un ingrédient d’enfer, « l’architecte – lord Rustyn – aimait entendre le bruit mat des grouses mûres tombant lourdement sur le sol du cellier, lorsque la pourriture était telle que le corps se détachait de lui-même de ses pattes. »


Les Frères de la Croûte, pirates ou corsaires ou flibustiers, je trouve que cette appellation est bien plus incontrôlée, plus borderline, plus trash, plus en accord avec tes pompes fluo et ton Anthologie fabuleuse, fallacieuse et facétieuse, que Confrérie du Pâté en croûte si plon-plon, si assemblée de gastronomes en voie de momification. Et pourquoi pas un championnat du monde ? Que Michel Chapoutier me pardonne mais j’ai du mal à digérer les compétitions, dites gastronomiques, dont les résultats, tels ceux du patinage artistique, sont fondés sur les notes d’un jury souvent en désaccord avec le chœur du public. Ceci écrit, tu comprendras aisément Emmanuel que, pour te compromettre, en tant que Secrétaire-Perpétuel autoproclamé de l’ABV je te propose de te glisser dans la peau, tel John Malkovich, du boucanier des Frères de la Croûte.


Pour finir, parlons peu mais parlons croûte !


Oui Emmanuel, au risque de faire frémir les âmes sensibles, pour moi une croûte ce fut d’abord ce qui se formait sur mes bobos d’enfant, un peu de mon sang coagulé. Pour les autres croûtes, celle du pain et du fromage, ma mémé Marie les ôtaient pour les donner aux cochons dans l’eau de vaisselle. En effet, nous mangions du pain de 4 livres fort en mie et des fromages aux croûtes fleuries. Seule ma mère consommait de la baguette, de la ficelle plus exactement, et je trouvais ce pain si peu viril que j’attendis trop longtemps pour en goûter la croûte croustillante. Tu comprendras  aisément que la locution populaire, c’est une croûte, un vieux croûton prenait alors pour moi tout son sens.

 

Bien sûr, très vite casser la croûte et gagner sa croûte entrèrent dans mon langage sans que je fasse pour autant le rapprochement avec celle du pain. Un peu niais sans aucun doute mais c’était dans la même ligne que nos connaissances de la sexualité où nous étions incollables sur celle des animaux et croyions encore que les enfants naissaient dans les choux. Jamais, lorsque nous tuions le cochon à la maison, le pâté en croute n’entra dans la litanie qui veut que dans le cochon tout est bon. Il n’empêche que le proverbe « Croûte de pâté vaut bien pain » me fait encore saliver en souvenir de cette dentelle croustillante que je croquais avec délice, les doigts bien gras et les babines humides.


Mais, pour en finir avec la croûte, j’avoue que le summum de la croûte, reste que pour moi, qui me pique d’être amateur de peinture, le tableau du peintre du dimanche : une croûte ! Entre toutes les oeuvres kitch la croûte bien léchée, peinte, me procure une profonde jouissance proche de l’épectase forme ultime et radicale de la petite mort.


Reste, cher Emmanuel, après avoir apaisé ma faim spirituelle avec ta superbe et érudite Anthologie fabuleuse, fallacieuse et facétieuse du pâté en croûte, que je recommande à mes lecteurs www.editionsalternatives.com , à me donner la satiété de ton pâté en croûte. Je suis prêt à tout pour me voir oindre des derniers sacrements charcutiers afin d’entrer, du moins je l’espère, dans le cercle des initiés des Frères de la Croûte, dont je te rappelle tu seras le Grand Boucanier.


Dans cette attente sereine, reçois, Emmanuel, ma Profession de foie, et ma foi inébranlable en toutes les cochonneries de la terre.


Un Taulier repenti de son indifférence pour la pâte et la farce…


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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 00:09

Venir de Montréal en Bourgogne pour percer à jour, au travers de l’époisses, une règlementation – celle de la FDA US – qui met en danger la diversité gastronomique du monde entier, ça vaut plus que du respect : de l’intérêt. Bien sûr, Taras Gresco, dont le prénom me fait penser à Yul Brynner dans Taras Boulba  film tiré d’une nouvelle de Nicolas Gogol, adore provoquer le paisible bourgeois : « Et si on a pu dire que manger du durian – fruit tropical à piquant que l’on consomme à Bangkok –, c’était un peu comme déguster de la crème anglaise dans des toilettes publiques, alors manger de l’époisses, ce serait presque comme mâchonner des résidus d’urinoir en traversant une fosse à purin. »

 

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Mais son enquête au pays de l’époisses devrait servir de leçon à nos éminents journalistes spécialistes du terroir dans tous ses états : c’est du sérieux pas du bla-bla-bla…

 

Tout commence chez lui par un choix satanique « si Satan, le diable cornu des puritains avec ses sabots et son odeur de soufre, voulait concocter un plateau de fromages pour ses disciples » que choisirait-il ?

 

081124 pique-nique du diable2

-          Un chèvre sec des Pyrénées roulé dans la cendre, en veillant à laisser de la paille maculée de crotte en dessous.

-          Un morceau de vieux-boulogne, fromage à pâte molle lavé à la bière, qui sent l’étable et élu par un « nez électronique » anglais fromage à l’odeur la plus forte du monde.

-          Un stinking bishop ou « évêque qui pue » du Gloucestershire, non seulement pour le côté blasphématoire de son nom mais aussi pour sa croûte poisseuse et son arôme de vieilles chaussettes.

-          Au centre du plateau trônerait « un époisses défait et bien putride ».

 

 

« Satan est un ange déchu : le palais est soudain conquis par une essence divine de lait frais, une pure distillation de sel, de sucre, de crème, et toutes les riches senteurs de la campagne bourguignonne. »

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L’auteur rappelle qu’en 1999 des cas de listériose se sont déclarés et la souche a été découverte chez un producteur de fromage de Bourgogne (chez les Fromagers de l’Armançon qui avait été accusé à maintes reprises de contrevenir aux normes sanitaires et venaient juste d’être condamnés par le tribunal de Dijon pour avoir fabriqués de faux époisses vendus à bas prix et teintés avec des colorants). De plus les fromages incriminés étaient des fromages pasteurisés.


Et pourtant la presse française et internationale a pondu des titres ravageurs : Le fromage qui tue, La France victime d’un fromage tueur avec la palme du faux-cul au Wall Street Journal : Pourquoi défendre un fromage qui sent les pieds et le purin ?


En dépit du fait qu’aucun fromage Berthaut ne soit incriminé la fromagerie Berthaut à Epoisses link , avec ses 85 employés, est frappée de plein fouet. «  J’ai été forcé de retirer du marché et de détruire 3 millions de fromages, monsieur, qui avaient été déjà expédiés dans le monde jusqu’au Japon. Et un représentant de l’administration qui m’avait condamné avec des accusations complètement infondées m’a couru après en me suppliant de ne pas fermer. Vous imaginez ? » déclare Jean Berthaut « un bel homme d’une cinquantaine d’années, aux yeux bleu clair, aux cheveux argentés » qui possède « un indéniable talent oratoire » et une pipe.


Je passe sur les rivalités services du ministère de la Santé et les services vétérinaires de ma maison pour en arriver à la décision capitale de Berthaut : il utiliserait dorénavant du lait pasteurisé pour fabriquer ses fromages.


Et pourtant « le fromage pasteurisé est comme une page blanche, or la nature a horreur du vide. Donc s’il y a la moindre faille dans l’hygiène de l’usine, des agents pathogènes comme la listéria sautent sur le fromage, et les problèmes qui en résultent peuvent être beaucoup plus graves que si le fromage avait été fabriqué au lait cru. »


Jean Berthaut fulmine « les américains doivent arrêter de considérer les Français comme des gens sales qui portent des bérets et pataugent dans le fumier ! »  Il ne mange que des fromages non pasteurisés car « un fromage fermier au lait cru ne présente aucun danger ». Nous sommes de Bons Vivants et des amateurs d’émotions fortes en matière de saveur ajoute-t-il avant de déclarer « Vous savez, monsieur, un jour, je produirai de nouveau des époisses au lait cru. »


« Manger est une activité intrinsèquement risquée » mais comme le souligne Grescoe

 

« L’absolue modernité de l’entreprise Berthaut achève de dissiper en moi les dernières images romantiques : nulle part ici on ne verra de paysans en sabots penchés sur des faisselles avec une Gitane maïs au coin des lèvres. »


C’est après avoir entendu Georges Risoud président du syndicat de l’époisses que Grescoe nous livre son opinion sur la conviction de celui-ci du bien-fondé du concept de terroir.


« Appliqué à l’origine au secteur viticole, le mot terroir peut sembler un peu sentimental et sans grande signification au premier abord, une sorte de panthéisme ou d’animisme moderne, mais il exprime l’idée que les saveurs qui nourrissent le palais français, des saveurs d’une immense diversité, sont toutes le produit d’une terre particulière. Si les lentilles vertes du Puy, les poulets de Bresse ou le raisin de Bordeaux étaient élevés ailleurs, transportés sur d’autres terres, on les dénaturerait imperceptiblement en leur volant leur identité – leur âme – qu’ils tirent d’éléments aussi subtils et uniques que la composition d’un sol, l’exacte orientation d’un champ ou d’une ferme par rapport au soleil, et, dans le cas du fromage, la présence de souches bactériennes spécifiques au lieu »


Risoud explique « L’idée qu’on ne peut pas tout délocaliser, que certaines choses ne peuvent être fabriquées que sur leur lieu d’origine, est une idée d’avenir… »


« Ce sont Jean et Simone Berthaut, les parents de Jean qui ont sauvé l’époisses de la disparition. Après la Deuxième Guerre mondiale, Robert, nostalgique du fromage de son enfance, en demanda la recette à une voisine, une certaine, Mme Monin, et se mit à en fabriquer avec le lait de ses propres vaches. »


Gresco déjeune chez Jean et Simone Berthaut d’une omelette aux champignons de pays arrosée d’un excellent savigny et suivie d’un époisses bien fait.


Ensuite, comme il confie à Georges Risoud qu’il a très envie de goûter de l’époisses au lait cru, il part vers Gevrey-Chambertin, « ville célèbre pour un vin que Napoléon dit avoir bu vec l’époisses lors d’une visité en 1804. Les rangées de vignes régulières sont protégées par des pancartes interdisant la cueillette : « Pas de grappillage. » Il s’agissait sans doute d’atténuer les ravages faits par les touristes allemands à chaque arrêt de l’autocar. On les retrouve bien vite chez les cavistes et dans les bistrots de la ville. »


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Epoisses au lait cru de chez Gaugry  acheté chez Androuet MOUFFETARD link 10,05 euros

 

Il arrive à Brochon, à la laiterie de la Côte, chez Olivier Gaugry link   « tête brune de hérisson et joues vermillon ombrées par une barbe bleutée s deux jours. » En effet, « contrairement à jean Berthaut, Olivier Gaugry et son frère Sylvain ont décidé de continuer à travailler au lait cru, et leurs employés versent toujours le caillé à la louche dans des moules circulaires, comme les moines cisterciens l’ont fait pendant des siècles. »


Grescoe qui demande à Olivier Gaugry « est-ce que les normes européennes lui ont causé des difficultés ? » reçoit une réponse qui l’étonne « Non, pas vraiment. En fait, je pense que l’Union Européenne nous a été bénéfique, parce que la mondialisation encourage aussi la régionalisation ? Nous devenons plus fiers de nos traditions. Nous ne nous battons plus pour la France – qui n’est qu’une entité à l’intérieur de l’Europe – mais pour la Bourgogne, et, en tant que Bourguignons, nous sommes fiers de montrer notre savoir-faire partout dans le monde. Nous nous rendons compte que l’Allemand qui vient faire du tourisme chez nous n’est pas simplement un Allemand, d’abord et avant tout c’est un Bavarois ou que sais-je encore. En ce sens, l’AOC est une bonne chose, parce qu’elle nous permet de protéger l’authenticité de l’époisses dans le monde, en empêchant les Japonais ou les Brésiliens d’appeler époisses n’importe quel fromage. »


100% d’accord avec Olivier Gaugry !


Ne restait plus qu’à notre canadien à rejoindre « le dernier fabricant d’époisses fermier qui vit à Origny-sur-Seine, un hameau de quarante âmes, où un coq argenté tourne en haut du clocher de la petite église, et où le boucher, le boulanger et l’épicier passent faire leur tournée dans la semaine. Caroline et Alain Bartkowiez sont propriétaires d’un troupeau laitier mêlant montbéliardes et brunes, et d’une ferme au toit de tuiles rouges, appelée « Les Marronniers link »  en l’honneur des grands arbres qui ombragent les rues du village. Alain en m’offrant le café à la table de la cuisine, me détaille le carcan législatif qui enserre tous ceux qui, en France, veulent fabriquer du fromage fermier au lait cru. »   


Le plus dur pour Alain a été de mettre la ferme aux normes européennes.


« C’est bien dommage, commente-t-il. Un bâtiment en pierre du début du XIXe siècle, que nous avons été obligés d’entièrement plastifier. La rénovation est extrêmement coûteuse, au moins 50 euros par mètre carré de surface au sol. Beaucoup de fromagers ont renoncé parce que ça leur aurait coûté trop cher de transformer leurs fermes. »


Grescoe, avant de repartir le coffre plein de sa moisson d’époisses odoriférants, suit Alain dans son magasin « aussi impeccable que sa fromagerie. Rien à voir avec l‘image que je me faisais d’une ferme. »


-          Étonnant, non ? Personnellement, nous trouvons que les pouvoirs publics nous obligent à en faire un peu trop, surtout pour un produit fermier. »


Je termine cette chronique en écho à ce regret d’Alain  Bartkowiez pour suggérer :


-          À mes confrères vétérinaires du Conseil Général auquel je suis rattaché de se pencher sur la question et de ne pas s’abriter derrière les prescriptions de l’UE ;


-          À mon nouveau Ministre Stéphane Le Foll de se porter aussi sur le vrai terrain de notre agriculture pour rencontrer des gens qui portent haut l’excellence du meilleur de notre terroir en France et dans le vaste monde mondialisé… 

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Taras Grescoe est journaliste, chroniqueur de voyage. Il a collaboré au National Geographic Traveler, au New York Times et au Times de Londres. Il a écrit un livre sur le Québec, Sacré blues, un autre sur les diverses façons de voyager, Un voyage parmi les touristes et Le pique-nique du diable, tous parus chez VLB éditeur. Quand il n’est pas sur la route, Taras Grescoe vit à Montréal.                                                                                

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