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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 00:09

Je sais les bonnes âmes, et les moins bonnes, vont soupirer « après son jamboree, qui n’a pas résisté à la pluie qui n‘a cessé de tomber depuis qu’il en a lancé l’idée, voilà encore un truc à la mord moi le nœud que ce pauvre Secrétaire-Perpétuel autoproclamé de l’A.B.V balance du haut de sa chaire et qui va se vautrer dans l’indifférence générale… »



Désolé de vous décevoir mais aucune nouvelle mouche n’a piqué votre Taulier préféré, ce matin il se contente d’être le porte-parole d’un type border line Taras Gresco, un canadien allumé, qui déclare d’emblée « J’ai joué à cache-cache pendant un an avec le diable… » et qu’il « n’a pas toujours su résister à la tentation ». Pour sûr que ce gus donnerait des cauchemars à Claude Guéant et Manuel Valls réunis en séminaire, affolerait les sanitairement correct de tous poils et de toutes obédiences, plongerait l’ANPAA et ses adeptes dans la plus profonde attrition, risquerait les buchers des fous de Dieu, mais il faut se garder de le cantonner dans le rôle du pur provocateur. Mieux vaut le lire. En exergue il cite Voltaire « Usez, n’abusez point ; le sage ainsi l’ordonne. Je fuis également Épictète et Pétrone. L’abstinence ou l’excès ne fit jamais d’heureux. » et annonce la couleur « En ce qui me concerne, j’ai toujours été fasciné par les interdits. Adolescent, dès l’instant où je suis tombé sur les mots absinthe, haschich et opium, je n’ai plus eu de cesse d’en avoir trouvé. Je n’ai jamais compris les gens si peu curieux qu’ils se refusaient à expérimenter des sensations nouvelles et à modifier leurs perceptions, simplement parce que les moyens pour y arriver étaient mis hors-jeu par des lois arbitraires. Ceux qui passent outre, les rebelles, les bons à rien, les esprits indépendants, m’ont toujours semblé les compagnons les plus agréables. (Au contraire de ceux dont l’intérêt vire à l’obsession, les alcooliques, les victimes de la drogue, les tristes toxicomanes qui sont souvent assommants. »


Pour vous mettre en appétit je vous livre ce que notre homme déclare dès le prologue : « À la fonte des neiges, j’organiserai un grand pique-nique pour faire goûter ma curieuse récolte. Je déploierai une nappe dans le parc qui s’élève au centre de ma ville, celui qui domine une énorme croix catholique… » Je ne vais pas lever totalement le voile sur le menu de ce pique-nique sauf qu’en apéritif il servirait « un petit coup de gnôle à 96° » qu’on lui a vendu en Norvège avec des amuse-gueules « tartinés d’un époisses de 5 semaines bien coulant ». Pour le plat principal ça vient d’Espagne « une marmite de bébés anguilles tués dans une infusion de tabac et un ragoût de testicules de taureaux à l’ail » et vous vous doutez bien que ce ne serait pas du goût des écolos et des défenseurs des animaux.


12 mois de voyage à travers 7 pays ont permis à l’auteur de changer sa vision un peu jusqu’au-boutiste de la légalisation et de se forger une opinion plus nuancée de la prohibition et de sa mise en œuvre. Il souligne avec humour qu’il aurait dû s’en douter : « finalement, rien n’est simple. Le diable, c’est bien connu, est dans les détails. » 


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En épilogue de son livre Le pique-nique du diable Un tour du monde des fruits défendus Taras Grescoe petite bibliothèque Payot 10,50€ l’auteur nous livre ses réflexions sur l’inanité de la prohibition



« La prohibition, ce carcan d’interdictions, qui, à travers l’histoire, a assujetti les bouteilles et les comportements, les poudres et les plantes, est un instrument de pouvoir. La pulsion qui pousse à chercher le plaisir sexuel, le besoin d’échapper temporairement au quotidien à travers l’ivresse, la tendance à s’interroger sur le sens de la vie, surtout quand elle devient insupportable, sont indissociables de la condition humaine. Nous nous définissons par rapport à ces questions fondamentales, et notre façon de les aborder détermine notre identité. À travers les tabous et les prohibitions la société refuse l’autonomie de pensée à ses membres et s’octroie le droit de punir la sexualité, la discernement et le libre arbitre, donc d’empiéter sur les domaines les plus intimes de l’existence.


Il n’est pas innocent que l’islam se soit construit sur l’interdiction du vin et des jeux de hasard, et presque toutes les grandes religions sur la prohibition de certains types de plaisirs sexuels. Ce n’est pas non plus pour rien que, dans la tradition judéo-chrétienne, les premiers hommes n’avaient pas le droit de toucher au fruit défendu. Ce choix absurde d’une pauvre pomme (qui était peut-être une poire, une figue ou une grenade) est très révélateur : le pouvoir aime faire sentir sa présence à travers des interdictions arbitraires. C’est le serpent, le tentateur et l’aiguillon de la connaissance, qui a invité les hommes à leur premier pique-nique. Comme le disait Mark Twain :


« Adam n’était qu’humain, ce qui explique tout. Il ne voulait pas la pomme pour la pomme, il voulait la pomme parce qu’elle était interdite. On aurait mieux fait d’interdire le serpent ; il aurait alors mangé le serpent. »


Très exactement. Si le plat principal du pique-nique du diable avait été le diable lui-même – et avec lui la notion que la connaissance de soi est une forme de transgression –, les appétits naturels n’étant plus stigmatisés, les chrétiens et les juifs se seraient et évité de siècles de tourment. »


Grescoe n’en ait pas pour autant un partisan du marché libre des drogues, il estime que c’est une absurdité car comme le faisait remarquer Williams S. Burroughs à propos de l’héroïne « La came est le produit idéal – la marchandise n’est pas vendue au consommateur, c’est le consommateur qui est vendu à la marchandise. ». L’autorégulation est une vue de l’esprit car elle ne prend pas en compte le caractère insidieux de la dépendance et les conséquences à long terme sur la santé. Alors il affirme à juste raison « mais si la société ne doit pas jeter ses membres en prison ni leur donner d’amendes pour avoir fumé un joint, bu du vin de messe, ou s’être procuré du poison pour se suicider, elle a le devoir de règlementer le commerce des substances potentiellement dangereuses. »


Ceux qui liront le livre de Grescoe découvriront son approche de cette réglementation qui a le mérite de ne pas se fonder sur une pure vision idéologique mais sur la réalité des pratiques. L’auteur s’interroge sur son devenir car en paraphrasant Voltaire « Il est dangereux d’avoir raison quand les autorités constituées ont tort » :


« En attendant, je suis encore assez jeune pour aimer le monde et le désordre, et l’irrationalité des idéologies vétustes qui s’y affrontent. Un jour viendra peut-être où je serai forcé de trouver refuge dans un autre pays (…)


Et ce ne sera pas la France « J’ai déjà vécu en France, mais j’ai beau adorer ses fromages, son chocolat, son vin, la culture française devient si rigide et si immobiliste, si confite dans sa gloire passée, que j’aurais peur d’être perclus de rhumatismes avant l’âge. »

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 00:09

Rassurez-vous, même si la crasse de fer donne un arome de truffe aux pomerols et que vous goûtiez à son juste prix l’homonymie, je ne vais pas jouer ni au Taulier chez les ferrailleurs, ni au chien truffier par l’odeur du scandale alléché. Le journalisme d’investigation patauge trop souvent dans l’intoxication de la basse police et se fait manipuler à plaisir par les tireurs de ficelles. Faire triompher la vérité, ambition louable, n’est à la portée de quiconque, y compris la justice des hommes. Il est des vérités dites premières, évidentes et indémontrables, et il est parfois salutaire de dire ses vérité, ses 4 vérités à quelqu’un, mais bien souvent il faut se contenter de demi-vérité et « comme deux demi-vérités ne font une vérité » c’est frustrant. Reste les contre-vérités, qui peuvent être la vérité des autres lorsqu’elles ne sont pas négationnistes.


La seule vérité vraie sort de la plume du romancier, sauf s’il s’aventure dans un roman à clés. Là, en maquillant les acteurs, en brouillant les pistes, en mélangeant des faits réels à de la fiction, l’auteur s’adresse en priorité aux initiés en capacité de mettre des noms sous la fiction. Pas toujours très probante cette gymnastique d’écriture où la relecture des avocats brime la liberté de l’auteur. Le seul intérêt, hormis l’éventuel talent du conteur, ce sont les bribes de vérité qui, si elles sont imprimées, portent témoignage des faits qui se sont réellement déroulés.


Je vous livre en vignettes (lisibles indépendamment les unes des autres mais dont la chronologie répond à une logique, la dernière étant évidemment la cerise sur le mille feuilles)  des extraits de mes notes de lecture de L’esprit du vain de Sophie Pons L’écailler du Sud  2006 7,50 prises dans un TGV Paris-Bordeaux qui ne s’arrêtait pas à Libourne

 

Avertissement :

 

« Dans le vignoble, le sous-entendu se maniait au sécateur, sans pitié pour les redondances. On ne cancanait pas, on ironisait entre soi,  à demi-mots, seuls les initiés pouvaient comprendre… »

 

Mode d’emploi :

 

« Dans les châteaux bordelais, parce que les rivalités se doublaient de gros enjeux financiers, la technique était légèrement différente. Plus complexe, mais aussi plus payante. Il suffisait de collecter des éléments sur l’ennemi désigné – plantations illégales, dépassement de quota, assemblages frelatés, stocks non déclarés, déclaration fiscale évasive, succession douteuse, main d’œuvre non déclarée, en cherchant bien, on finissait toujours par trouver quelque chose. Ensuite il fallait recruter un avocat complaisant et menacer, sous prétexte d’un préjudice fallacieux, d’alerter la justice. Ensuite, attendre et voir. Ce chantage de haut vol finissait souvent par un accord amiable contresigné par les deux parties. Au profit du diffamateur, bien sûr, et dans le plus grand secret… »


Certificat de conformité:


« Hormis quelques monuments hérités du Moyen Age et quelques folies conçues par de rares originaux, les châteaux du Bordelais se ressemblaient tous d’une certaine façon. Plus que le confort ou ‘esthétique, leurs bâtisseurs visaient à asseoir leur prestige, à marquer leur appartenance certifiée conforme à l’élite locale. Aujourd’hui encore, la plus modeste des vignerons flanquait sa propriété d’une grille en fer forgé. Les plus impudiques rajoutaient des colonnes ornées d’aigles ou de lions ailés. Les grands capitaines d’industrie, qui s’offraient les vignobles les plus recherchés à coup de millions, se disputaient les bâtiments les plus majestueux avant de lancer des rénovations coûteuses, avec chais pharaoniques, cuvier d’avant-garde, parc paysagé et œnologue diplômé pour superviser le tout. Tandis qu’ils jouaient aux vignerons, leurs épouses testaient les vertus du très sélect « centre de Vinothérapie » du Médoc, qui trempait ses clientes dans le moût de raisin en leur promettant des miracles de jouvence. »


Le Tout Bordeaux et le reste :

 

« Des bataillons de vieilles dames en tailleur strict, collier  de perles et permanentes impeccables, occupaient les bancs de bois. Un amas de gerbes et de couronnes jonchait le parterre, au pied de l’autel. L’odeur entêtante des fleurs mortes se mêlait aux parfums capiteux. Tout Bordeaux en grande tenue de deuil, pleurait la disparition (…) Têts raides, comme statufiées, les parents du gentil W… se tenaient debout au premier rang. Derrière eux une cohorte disciplinées, le petit personnel de la société de négoce et les ouvriers des propriétés viticoles affichaient un air affligé. »

 

Le Maire :

 

« le maire de Bordeaux, guindé comme il se doit, s’arrêta pour serrer quelques mains. L’ambiance funèbre lui seyait comme un gant. »


L’avenue la plus Snob : 

 

« il lui fallut traverser l’avenue la plus snob de Bordeaux, où, pour se différencier du reste du continent et par nostalgie d’un passé plus britannique, les voitures roulaient à gauche. »


Le Vignoble :

 

« À perte de vue, les rangées sages proclamaient le triomphe de l’homme sur la nature, la victoire du cordeau sur la treille, la dictature du rendement contrôlé. »


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La Généalogie des N qui sonnent [on] :

 

« les N, donc : grande dynastie locale, descendants en droite ligne des conquérants anglais qui avaient occupés l’Aquitaine à l’époque de la guerre de 100 ans. Cette généalogie semblait apocryphe, mais la famille se plaisait, depuis la Restauration, à invoquer d’improbables ancêtres chevaliers. Les N disaient moins volontiers que leur fortune s’était bâtie à l’époque du commerce triangulaire, en armant des navires qui partaient pour l’Afrique la soute pleine d’étoffes, de quincaillerie et d’armes, les échangeaient contre des captifs destinés aux colonies avant de rentrer à bon port chargés d’indigo, de sucre et  de café. C’est à cette époque qu’aviat été fondé à Bordeaux, la maison N, une des premières à investir dans les plantations de sucre à Saint-Domingue, une des dernières à se spécialiser dans le commerce des vins après l’abolition de l’esclavage, une des rares à se convertir au catholicisme. »

 

Le Patrimoine des Doubles Prénoms des N qui sonnent [on] :

 

« de génération en génération, le patrimoine des N s’était enrichi de propriétés viticoles que ses rejetons rachetaient à des propriétaires plus nobles qu’eux mais moins doués pour les affaires. Leur fortune avait survécu à la seconde guerre mondiale, car, comme d’autres, le grand-père n’avait pas dédaigné commercer avec l’Allemagne nazie, même s’il avait assuré par la suite que c’était le moyen d’aider secrètement les réseaux résistants (…) Les N échapperaient de justesse à la grande crise qui avait ébranlé le négoce bordelais après une sombre histoire de vins frelatés. Des maisons plus solides avaient sombré, les N avaient résisté. L’aîné James-Paul dirigeait la société familiale depuis la mort de son père, le frère cadet Philippe-Antony gérait de main de maître trois prestigieux châteaux du Médoc, un lointain cousin issu d’une branche ruinée exerçait sur une autre propriété à Pomerol. William-Alain, le fils de James-Paul n’était pas une lumière mais il aurait pu, de l’avis général, parvenir à perpétuer le nom des N. »


L’Abri Anti-Atomique pour se protéger des Socialo-Communistes des A qui sonnent en [eix]

 

« les A, qui comme leur nom l’indiquait, avaient accompagné la vague corrézienne partie des montagnes à la conquête de la région bordelaise juste après la guerre (…) la famille avait, à tout hasard, fait construire un abri anti-atomique pour stocker ses vins au début des années 80, quand la coalition socialo-communiste menée par François Mitterrand avait remporté les élections. »


Les Journalistes du Vin reçus au Château :

 

« B reconnut quelques journalistes à leur air confit du contentement de soi et à leur satisfaction visible de côtoyer ceux qui comptent. Leur complaisance servile, une certaine façon de pencher la tête en voûtant légèrement les épaules, leurs rires appuyés, les trahissaient sans erreur possible. Le temps d’un dîner, les seigneurs du vin prétendaient les traiter en égal. Par intérêt économique, parce qu’ils savaient qu’un jour ou l’autre un bon article paierait leurs faux-semblants. Mais ils les recevaient par pure nécessité et non sans un certain mépris. D’où le rôle crucial des attachées de presse : auprès d’elles, les journalistes pouvaient à leur tour déverser leur dédain. Tout était prévu, codifié, huilé par l’euphorie douce que donne le bon vin. »

Le Requin, un Prédateur Redoutable, un Vautour : les doux qualificatifs de G qui sonne d’une Galante façon


« Regardez la famille G : le grand-père est descendu de sa montagne natale il y a trente ans avec un petit pécule de maquignon. Depuis ils ont accumulé un patrimoine colossal, une maison de négoce, des vignobles, des châteaux. Tout ça en trente ans. »


« Savez-vous comment les G ont bâti leur fortune ? La récupération des veuves sans descendance, c’était ça la spécialité du père G. Un très bel homme, entre nous soit dit. Difficile de résister à son charme. D’ailleurs, les dames esseulées ne résistaient pas. Il obtenait la gérance des vignobles et attendait patiemment que le temps fasse son œuvre. Une fois la propriétaire au cimetière, il faisait jouer son droit de préemption. Un système d’une simplicité enfantine. Son fiils jean a pris la suite, haut la main. Tout le monde le sait dans la région. Mais personne ne dit rien. Qui n’a pas un cadavre dans son placard ? La loi du plus fort règne dans le vignoble. Et le père G a su s’imposer, par tous les moyens. Prêt à tout pour se faire respecter. Vous ne le saviez pas ? »


« G avait acquis Altus pour une bouchée de pain il y a plus de vingt ans. Un vrai coup de maître, parce que ce vignoble-là c’est un des plus beau du monde. »


« Madame B a hérité de Altus, son nom figurait sur les étiquettes depuis un demi-siècle, tous les répertoires professionnels du Bordelais la présentent comme la propriétaire du château. Voilà qu’i=on découvre tout à coup, sous un montage juridique compliqué que la propriété appartient  en fait à la famille G depuis plus de vingt ans et que madame B n’est qu’un prête-nom doté d’un poste fictif dans un vague conseil d’administration… Ce n’est plus du business, c’est  de la magie, non ? »

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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 00:09

 2 femmes en tout et pour tout sur 90 membres, sans compter les 2 présidents, des 2 Comités AOP et IGP vins tout nouvellement nommés en février par arrêté ministériel : c’est beau comme une forme de mépris bien machiste des professionnels de la profession qui ne manquent pas une occasion de se gargariser dans les colloques ou dans les gazettes spécialisées de la montée en puissance des femmes en tant que consommatrices de vin et, bien sûr vigneronnes ou vendeuses de vin.


Je salue donc Mmes Caumette Nathalie, à Autignac (Hérault) et Neisson-Vernant Claudine, au François (Martinique).


Bravo les mecs, scotchés pour certains à leurs strapontins depuis des lustres, vous êtes à la hauteur qui est la vôtre !


Je n’aurais pas l’outrecuidance de désigner certains qui sont présents dans le décret par seul le fait du Prince ou le poids d’organisations nationales qui n’en ont rien à péter du vin si ce n’est que comme une annexe à leur fonds de commerce. Combien de retraités ou d’apparatchiks ? Beaucoup de place étaient libérables pour que des fesses de femmes viennent se poser sur les travées des Comités Nationaux de l’INAO.


Enfin, et je m’en tiendrai là sinon ma plume pourrait déraper dans les PQ : les personnalités qualifiées à la discrétion du Ministre, beaucoup de Gros Culs auraient pu, sans préjudice aucun pour l’avenir des AOP et des IGP, dégager au profit de vigneronnes ou de femmes du vin dont la qualification est reconnue mais sans doute n’ont-elles pas autant d’expérience qu’eux pour cirer les pompes de ceux qui aiment qu’on leur cire avec assiduité, échine courbée et révérence incorporée.


Pour que certains mauvais esprits ne me fassent pas dire ce que je n’ai pas écrit il y a dans cette liste des professionnels compétents et représentatifs qui ne sont pas responsables de la nomination de ceux qui feraient mieux d’aller planter leurs choux ailleurs.


Le titre de cette chronique est inspirée d’un tube tombé dans l’oubli « Mais où sont passées les gazelles » de Lizzy Mercier-Descloux née Martine-Elisabeth Mercier le 16 décembre 1956 à Paris, décédée le 20 avril 2004 à Saint-Florent en Haute-Corse d’un cancer. En 1983, elle accomplit un long périple en Afrique. Partie d'Éthiopie sur les traces d'Arthur Rimbaud, elle finit en Afrique du Sud, alors encore sous le régime de l'Apartheid. Elle s’inspire de la musique de Soweto pour son hit français Mais où sont passées les gazelles ?


« Les gazelles » à la Mothe-Achard Vendée désignait le groupe féminin de danse du patronage, les gars du bourg comme des métairies les avaient surnommées les « gas-oils ». En un demi-siècle pas sûr que les abonnés aux places dans les Comités aient vraiment dépassé ce stade.


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- Arrêté du 9 février 2012 portant nomination au comité national des appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des eaux-de-vie de l’Institut national de l’origine et de la qualité


1o En qualité de représentants professionnels du secteur de la production

 

M. Angelras (Bernard), à Nîmes (Gard).

M. Baccino (Alain), à Cuers (Var).

M. Biau (Philippe), à Monfaucon (Dordogne).

M. Boesch (Gérard), à Soultzmatt (Haut-Rhin).

M. de Boüard de Laforest (Hubert), à Saint-Emilion (Gironde).

M. Brisebarre (Philippe), à Vouvray (Indre-et-Loire).

Mme. Caumette (Nathalie), à Autignac (Hérault).

M. Cavalier (Jean-Benoît), à Vacquières (Hérault).

M. Cazes (Emmanuel), à Perpignan (Pyrénées-Orientales).

M. Fabre (Vincent), à Cissac-Médoc (Gironde).

M. Farges (Bernard), à Mauriac (Gironde).

M. Férat (Pascal), à Vertus (Marne).

M. Gachot (Damien), à Corgoloin (Côte-d’Or).

M. Héraud (Stéphane), à Marcillac (Gironde).

M. de Larquier (Jean-Bernard), à Arthenac (Charente-Maritime).

M. Laurendeau (Patrice), à Notre-Dame-d’Allençon (Maine-et-Loire).

M. Parcé (Marc), à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales).

M. Paris (Gilles), à Chiroubles (Rhône).

M. Pastorino (Eric), à Gonfaron (Var).

M. Pellaton (Philippe), à Laudun-l’Ardoise (Gard).

M. Piton (Jean-Louis), à Apt (Vaucluse).

M. Rotier (Alain), à Cadalen (Tarn).

M. Sempe (Jean-Paul), à Bourrouillan (Gers).

M. Vinet (Gérard), à La Haye-Fouassière (Loire-Atlantique).

 

2o En qualité de représentants professionnels du secteur du négoce

 

M. Barillère (Jean-Marie), à Reims (Marne).

M. Castéja (Philippe), au Bouscat (Gironde).

M. Chapoutier (Michel), à Saint-Barthélemy-de-Vals (Drôme).

M. Crouzet (Franck), à Saint-Loubès (Gironde).

M. Delord (Jérôme), à Lannepax (Gers).

M. Gagey (Pierre-Henri), à Beaune (Côte-d’Or).

M. Géré (Vincent), à Echebrune (Charente-Maritime).

M. Heydt-Trimbach (Pierre), à Ribeauvillé (Haut-Rhin).

M. Jacob (Bernard), à Varrains (Maine-et-Loire).

M. Jousset-Drouhin (Frédéric), à Bouze-lès-Beaune (Côte-d’Or).

M. Lavau (Frédéric), à Sablet (Vaucluse).

M. Lefort (Rodolphe), à Basse-Goulaine (Loire-Atlantique).

M. Leizour (Gilles), à Lannion (Côtes-d’Armor).

M. Morillon (Florent), à Chassors (Charente).

M. Schyler (Yann), à Bordeaux (Gironde).

 

3o En qualité de personnalités qualifiées

 

M. Blanchez (Vincent), à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

M. Bronzo (Michel), à Sainte-Anne-du-Castellet (Var).

M. Despey (Jérôme), à Saint-Geniès-des-Mourgues (Hérault).

M. Durup (Jean-Paul), à Irancy (Yonne).

M. Faure-Brac (Philippe), à Paris.

Mme. Neisson-Vernant (Claudine), au François (Martinique).

M. Pauleau (Christian), à Nueil-sur-Layon (Maine-et-Loire).

M. Payon (Cyril), à Béziers (Hérault).

M. Prince (Jérôme), à Beaune (Côte-d’Or).

M. Ribéreau-Gayon (Dominique), à Bordeaux (Gironde).

 

Arrêté du 9 février 2012 portant nomination au comité national des indications géographiques protégées relatives aux vins et aux cidres de l’Institut national de l’origine et de la qualité

 

1o En qualité de représentants professionnels des secteurs de la production, de la  transformation ou du négoce des produits en cause


M. Baux (Jacques), à Taden (Côtes-d’Armor).

M. Birot (Pierre), à Murviel-lès-Béziers (Hérault).

M. Bou (Christophe), à Saint-Sulpice (Tarn).

M. Bougrier (Noël), à Onzain (Loir-et-Cher).

M. Calmette (Boris), à Fabrègues (Hérault).

M. Carrère (Michel), à Toulouse (Haute-Garonne).

M. Carretier (Denis), à Olonzac (Hérault).

M. Champetier (Pierre), à Labeaume (Ardèche).

M. Defrances (Michel), à Caussens (Gers).

M. Delaunay (Laurent), à L’Etang-Vergy (Côte-d’Or).

M. Floutier (Jean-Marc), à Savignargues (Gard).

M. Gally (Gilles), à Juvignac (Hérault).

M. Girard (Bertrand), à Cognac (Charente).

M. Hérissé (Joël), à Bourgneuf-en-Retz (Loire-Atlantique).

M. Issaly (Michel), à Gaillac (Tarn).

M. Maffre (Etienne), à Goult (Vaucluse).

M. Malinowski (Franck), à Sèvres (Hauts-de-Seine).

M. Moreno (René), à Montagnac (Hérault).

M. Musellec (Philippe), à Saint-Samson (Côtes-d’Armor).

M. Orion (Philippe), à Chantonnay (Vendée).

M. Patti (Salvatore), à Collobrières (Var).

M. Paul (Eric), à Montfort-sur-Argens (Var).

M. Pelletier (Thomas), à Vaux-sur-Aure (Calvados).

M. Poli (Eric), à Linguizzetta (Haute-Corse).

M. Pons (Sébastien), à Aspères (Gard).

M. Praz (Bertrand), à Wettolsheim (Bas-Rhin).

M. Reggio (Olivier), à Marseille (Bouches-du-Rhône).

M. Rolandeau (Denis), à Tillières (Maine-et-Loire).

M. Servage (Michel), à Puichéric (Aude).

M. Simonou (Olivier), à Nîmes (Gard).

M. Taillades (Francis), à Ouveillan (Aude).

M. Verdier (Denis), à Saint-Côme-et-Maruéjols (Gard).

 

2o En qualité de personnalités qualifiées

 

M. Bordereau (Michel), à Chalonnes-sur-Loire (Maine-et-Loire).

M. Despey (Jérôme), à Saint-Geniès-des-Mourgues (Hérault).

M. Devic (Bernard), à Caves (Aude).

M. Dubois (Serge), à Sète (Hérault).

M. Escudier (Jean-Louis), à Armissan (Aude).

M. Nadal (Bernard), à Valflaunes (Hérault).

M. Saintout (Dominique), à Bordeaux (Gironde).


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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 00:09

Yu Zhou est « arrivé de Chine à la gare de Nantes avec trois bagages et les regards curieux de quelques badauds, il y a maintenant plus de dix ans. ». Il plaisantait souvent avec ses amis en disant  que « dans le cas d’un raid aérien » il pourrait mettre ses affaires dans ses 3 bagages en moins de 3 minutes et « courir dans un abri ». En janvier 2012, « François Cheng, académicien français d’origine chinoise arrivé en France à l’âge de dix-neuf ans et aujourd’hui âgé de quatre-vingt-trois ans » soulignait que « la France [lui] a permis de renaître de [s]a vie » Yu lui indique que la France lui a permis « non pas de renaître à ma vie, mais de me « réincarner en quelque sorte dans une autre vie, plus dense et plus originale. » et il est enthousiaste « Grâce à la France, j’ai pu rencontrer des personnes formidables et découvrir des choses merveilleuse, que je n’aurais probablement jamais connues dans ma vie antérieure, par exemple la gastronomie, qui est devenue l’une de mes passions. »

 

« La gastronomie chinoise a une longue histoire, d’au moins trois mille ans » écrit-il et de citer le professeur Zhang Qijun qui  « a qualifié la culture chinoise de culture de la table et l’occidentale de culture de la chair. » en ajoutant « que la France et quelques autres pays » qui possèdent sans doute les deux cultures sont des exceptions. Mais, la Chine, a connu un autre tabou : « la gastronomie a été aussi, pendant presque vingt ans au siècle dernier, synonyme de « bourgeoisie et décadence », et donc peu accessible au peuple. » Au temps des Gardes Rouges « certains excités avaient même instauré le « repas révolutionnaire » où l’on devait se forcer à ingurgiter des nourritures à la limite du consommable en souvenir des « atrocités de l’ancien régime. » citation de Christian Gault.

 

Yu Zhou vient  de publier les tribulations d’un gastronome chinois en France La Baguette et la Fourchette chez Fayard. 14€.

 

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Dans l’un des chapitres : le vin français et le thé chinois il écrit :

 

« Il y a quelques années, j’ai vu un reportage à la télévision sur le développement d’un hypermarché français en Chine. Le journaliste montrait un produit probablement unique au monde mis en vente dans le magasin : une sorte de pack comportant une bouteille de vin et une bouteille de Sprite. Cette combinaison surprenante est due au fait que les consommateurs chinois (ou du moins certains d’entre eux) jugent que le vin n’est pas assez sucré. Ils y ajoutent donc du soda. Aujourd’hui cette pratique n’est plus à la mode. Mais à dire vrai, quand j’étais en Chine, j’appréciais ce mélange. Dès que je raconte cette anecdote à mes amis ici, tout le monde crie au scandale car il s’agissait parfois de bouteilles de vin français très cher !

 

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais au printemps dernier, un ami chinois est venu me rendre visite à Paris. Il m’a apporté un petit paquet de thé nommé « Puits du dragon », le thé vert le plus connu en Chine. J’avais hâte de faire goûter ce thé à un mi français. Quand tout fut prêt pour l’infusion du thé, il me demanda du sucre. Je le regardai avec des yeux « qui faillirent en tomber », comme on dit en chinois. J’avais du mal à imaginer comment mon ami chinois aurait réagi s’il avait été présent ce jour. Comment oserait-on ajouter autre chose que de l’eau dans ce thé ? Il faut savoir qu’en Chine même le meilleur thé au jasmin n’est pas considéré comme un grand cru, car le parfum du jasmin perturbe celui du thé. Je parvins à retenir mes mots et lui proposai même du lait. »

 

Ensuite Yu évoque l’évolution du goût du vin et de la manière de le boire en citant Montaigne qui « trempait » son vin. Dans les Essais n’écrivait-il pas « Je haïrais autant un Allemand qui mit de l’eau au vin, qu’un François qui le boirait pur ». Et de souligner « que le thé en Chine connaît une évolution identique à celle du vin » En effet, « à l’époque des Trois Royaumes (IIIe siècle), les Chinois ajoutaient des épices et du sel pendant la préparation du thé. »  et les Chinois ont probablement oublié « que la manière dont eux-mêmes boivent le thé aujourd’hui ne date que  de la dynastie des Ming (1368-1644). En 1391, Zu Yuanzhang, le premier empereur de cette dynastie, ordonna par décret impérial de remplacer les galettes de thé par du thé en vrac pour tout thé d’offrande impériale. Dès lors, l’infusion des feuilles de thé devint le seul mode de breuvage en Chine, sauf chez certaines minorités. »

 

Yu aborde aussi un point très intéressant : pourquoi le thé introduit par les Hollandais en Europe en 1606 a-t-il connu une telle popularité chez les Anglais ? Il cite des anthropologues Alan Macfarlane et Sidney Mintz pour qui « le thé a joué un rôle important pendant la révolution industrielle en Angleterre. Le thé sucré était une sorte de produit pour la class laborieuse. Il remplaçait l’alcool, qui nuisait à la productivité des ouvriers, et leur donnait des calories supplémentaires pour supporter une journée pénible de travail. »

 

Pour Mintz « tout comme le thé sucré ou le cinéma avec le pop-corn, le capitalisme aurait « condensé le plaisir de consommer en consommant plusieurs choses à la fois ». Et Yu de s’interroger avec humour « Le vin « spiritisé » serait-il alors le fruit du nouveau capitalisme en Chine ? »

 

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 00:09

 

 

« Mon nom est Bond, James Bond » et dans « James Bond 007 contre Dr. No », le major Boothroyd, à la demande pressante de M, m’a contraint d'abandonner mon Beretta 6,35 mm fétiche pour le Walther PP 7,65 mm plus performant. Mais, comme vous le savez, j’ai plus le goût des femmes que celui des armes, alors cette histoire de Petit Magnum 1846 n’est qu’un leurre lancé par le Taulier pour vous égarer. En effet le calibre du Magnum est 357, essentiellement employé pour les revolvers, de rares fois dans des pistolets et plus fréquemment dans des carabines. Créé par Elmer Keith et le constructeur d'armes à feu Smith & Wesson le 357 Magnum a été introduit en 1934 et a connu une diffusion de plus en plus large. Son nom est inspiré du format des bouteilles.

 

« Nous revoilà à l’essentiel, nous touchons au but, nous abordons la bonne question, celle du flacon et pas n’importe lequel cher ami…

 

-          Où voulez-vous en venir Bond ?

 

-          Ne faites pas l’enfant !

 

-          Les femmes ?

 

-          Oui bien sûr, en effet qu’est-ce qui fait briller les yeux des femmes ?

 

-          Le champagne !

 

-          Oui mais « La grande année de Bollinger » !

 

-          Je n’en doute pas un seul instant mais vous ne la trouverez pas en Petit Magnum 1846 ?

 

-          Mais qu’est-ce donc que ce nouveau calibre ?

 

-          Sans risque d’être démenti, un beau calibre, un must, une pièce unique que la maison d’Aÿ a lancé en mai 2012, un flacon inspiré d’une bouteille du XIXème siècle retrouvée dans les caves de la Maison Bollinger et datée de 1846.

 

-          Mais pourquoi donc adopter cette nouvelle bouteille terriblement identitaire ?

 

-          Hormis qu’elle trouve sa genèse dans l’histoire de la Maison, ce nouveau calibre comme vous dites, unique en Champagne, a pour vocation d’exprimer mieux encore toutes les qualités d’un grand vin de champagne.

 

-          Comment cela, expliquez-vous !

 

-          « L’objectif de reprise du galbe de cet ancien flacon était d’approcher l’équilibre parfait d’un « petit magnum » aux courbes plus esthétiques que celles de la bouteille champenoise. Outre la motivation esthétique, le fait de tendre, sur cette nouvelle bouteille, vers un format type magnum avec un col plus fin et une base plus large, devrait très légèrement ralentir l’échange d’oxygène et donc offrir une qualité de vin supérieure » (Matthieu Kaufmann chef de cave)

 

-          Bravo ! Vous êtes un as de la dynamique des gaz…

 

-          Comme vous le voyez sur la courbe ci-dessous, le ratio diamètre du col/diamètre du fût de la bouteille 1846 tend plus, en effet, vers celui du magnum champenois que de la bouteille champenoise…

 

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-          Superbe ! Depuis « James Bond 007 contre Dr. No », souvenez-vous Ursula Andress sortant de l’eau,  j’ai toujours eu un faible pour les ratios parfaits…

 

 

-          J’en conviens mon cher Bond mais vous devrez encore attendre un peu car c’est le Spécial Cuvée, fleuron de la maison d’Aÿ, qui bénéficiera en premier de ce nouveau flacon. Puis suivront Bollinger Rosé, puis votre chouchou La Grande Année et La Grande Année Rosé, Bollinger R.D. et enfin, les Vieilles Vignes Françaises. À noter toutefois que La Côte aux Enfants conserve son flaconnage traditionnel. La 1846 sera également déclinée en : demi-bouteille, bouteille, magnum et jéroboam.

 

-          J’attendrai, mon plaisir n’en sera que plus attisé…

 

-          Vous ne changerez donc jamais Bond !

 

-          De champagne, jamais ! Avec Bollinger notre complicité date de 1973, et rappelez-vous Goldeneye où dans mon Aston-Martin c’était La Grande Année 1988…

 

-          Souvenirs, souvenirs, Bond, vous vous bonifiez avec les années qui passent…

 

-          Alors longue et belle vie à la 1846… pour l’amour des grands champagnes de la maison Bollinger…

 

  N.B. Ceci n’est pas un publi-reportage mais une simple variation sur une bouteille terriblement identitaire… pour les beaux yeux d'Ursula...Le flacon ci-dessous exposé,

qui me fut porté dans son étui par coursier, est un collector de la 1846 Spécial Cuvée, elle pèse 900g et, il  se peut que, lorsque La Grande Année s’y verra logée, mon ami Ghislain, pour les éminents services que j’ai rendu à la France du vin, Champagne y compris, m’en fera porter une nouveau… pour ma collection...

 

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 16:00

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Le seul intérêt d’avoir accumulé des heures de vol c’est l’expérience et, si l’on ne s’accroche pas à ses belles années en ayant des regrets, cela permet de porter un regard sur l’actualité qui va au-delà de la surface des choses.

 

En 1978, jeune chargé de mission auprès du Directeur de la Production et des Echanges du Ministère de l’Agriculture, Bernard Auberger, Christian Bonnet étant Ministre, je fus dépêché en Bretagne pour, pendant 6 mois, plonger dans la réalité de l’aviculture de cette région. Comme on dit ça permet de jeter sa gourme, de toucher de près la vie des gens qui font. Expérience énorme qui m’a construit. Si j’évoque ce souvenir c’est qu’à cette occasion, moi petit contractuel du Ministère, j’ai pu me frotter aux hommes qui ont bâti ce secteur totalement « hors-sol » et parmi eux, Charles Doux. Dans la relation qui s’est instaurée entre cet homme dur, intransigeant, c’est le point de départ qui a compté : le père de Charles était volailler en Vendée et il avait fréquenté les foires et marchés de la Mothe-Achard où ma mémé Marie portait ses volatiles. Je l’accompagnais. Elle attendait les marchands. Les bons jours les affaires étaient bouclées en un quart d’heure ; les mauvais c’était des heures passées à attendre la clôture du marché pour voir les marchands venir proposer des prix cassés. Mémé Marie n’a jamais cédé. Apprendre ainsi les lois du marché est une grande école.

 

C’est loin sauf que ces dernières années j’ai partagé mon bureau avec Pierre Fouillade, dernier grand connaisseur du secteur des productions animales de ce Ministère, obligé de partir en retraite. Que de fois avons-nous confronté nos points de vue sur le marché de la viande de volaille pour aboutir au même diagnostic, aux mêmes préconisations. Mais ça intéressait qui ? Pas grand monde, nous étions le Ministère de l’Alimentation et, pour porter un regard sur le devenir de notre agriculture notre Ministre sollicitait des pointures, tel Yannick Alleno, grand défenseur de la poule de Houdan. Moi aussi je suis un défenseur de ce beau volatile mais Doux ce n’est que la marque « Père Dodu » du poulet standard prêt-à-cuire, principal bénéficiaire français de la Politique agricole commune (PAC), avec 59 millions d'euros d'aides versés lors du dernier exercice, le groupe emploie près de 10 000 personnes dans le monde, dont 3 400 en France, essentiellement en Bretagne, mais aussi dans le Centre et le Pas-de-Calais. C’est donc une grande part de la production avicole française, le cinquième exportateur mondial… pas très sexy tout ça… de l’agriculture intensive… de l’agro-alimentaire pour GD française ou grand export… à ne toucher qu’avec des pincettes… sauf qu’à trop attendre le bébé risque de se voir jeté avec l’eau du bain pour le seul bénéfice de concurrents pratiquant le même biseness.

 

Tout ça pour souligner qu’il faut savoir anticiper et non subir comme nous l’avons fait pendant de longues années. Les pouvoirs publics réduits à l’état de pompiers n’en peuvent mais alors qu’un travail patient, avec le levier d’un fonds d’investissement plus anticipateur, plus expert, aurait peut-être permis de faire avancer le rapprochement de Doux et de LDC (poulet de Loué). Trop tard, la bataille est en train de se perdre, chercher ou désigner les responsables n’est pas ma tasse de thé mais j’ai trop subi, et Pierre plus que moi, la suffisance des beaux esprits et surtout leur énorme capacité à baisser les bras, pour me taire.

 

Pour finir cette chronique où mes souvenirs d’arpenteur de territoire me ramènent aussi à ma présente mission. Je m’en tiendrai aux faits car je ne puis aller au-delà pour des raisons déontologiques. Nous sommes en mai mai 1992, à la suite de ce qu’on appelait alors les mardis mensuels avec les OPA (FNSEA, CNJA, APCA, CNMCCA) le Président de l’ULN, par ailleurs V-Président de la FNSEA, demande à me voir, je suis Dr du cabinet, pour me  révéler un trou de trésorerie de plus de 1 milliard de francs. Le Groupe ULN, jusqu’ici dirigé par d’anciens hauts-fonctionnaires : André Van Ruymbeke, directeur général dans les années 1970, Denis Gautier-Sauvagnac, directeur général entre 1981 et 1985, Christian Prieur, directeur général dans les années 1980. Le premier et le troisième DG sont d’anciens directeurs du FORMA (l’ancêtre des Offices Agricoles qui gère les interventions et les restitutions), avait confié son devenir à Alain Juillet, directeur général adjoint chargé du développement international (1988-1992), puis directeur général (1992).

 

J’ai donc vécu en prise directe, soutenant pendant deux mois l’ULN à bout de bras avec un pool bancaire pléthorique et tirant à hue et à dia, pour enfin trancher pour un repreneur entre Michel Besnier Président du groupe alors éponyme et Jean-Noël Bongrain fondateur du groupe éponyme. La Générale Ultra Frais (Mamie Nova) était rachetée par le Groupe Andros et Alain Juillet en devenant le directeur général.

 

Et me revoilà, 20 ans après, la durée des contrats d’approvisionnement lait, en charge du bébé. Ce n’est ici le lieu de traiter le cas mais plus largement, ce que je viens de vivre dans le Sud-Ouest avec mes 130 producteurs, à Forez-Fourme ou en Auvergne, et maintenant en Normandie, me permet de toucher de près à ce que l’on appelle pudiquement : la déprise laitière qui dans une langue plus crue se dit : qui viendra collecter le lait de certains producteurs des zones où la collecte est coûteuse ? Et ce n’est pas la fin des quotas laitiers qui va arranger les affaires. Alors, que faire me direz-vous ? Anticiper ! Ne pas se laisser aller à ce que nous aimons tant : l’attentisme. Je n’ai en main aucune solution toute faite, une simple boîte à outils à disposition. C’est tout, dans quelques mois je serai réformé, hors-circuit productif et je vivrai une autre vie : même si ça peut paraître prétentieux transmettre ne serait pas inutile…

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 00:09

 

 

La place de Bordeaux, selon l’appellation consacrée, est un lieu qui marie une territorialité délimitée, où la référence à la ville marque bien la prépondérance historique du négoce, le quai des Chartrons, et une virtualité qui, avec la Toile, la mondialisation des acteurs, prend le pas sur le physique, injecte  de l’information en temps réel, fluidifie les échanges, amplifie la volatilité ou la viscosité, fait des GCC un support de produits financiers. « Il faut que tout change pour que rien ne change », professait Tancredi aux oreilles de son oncle le Prince Salina dans le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa.

 

Alors pourquoi diable, l’establishment de la place de Bordeaux, peut-il croire que la tectonique des plaques, ce grand réajustement qui bouleverse le monde, le nôtre : le Vieux, et bien plus encore, celui des 4 dragons asiatiques, des BRICS, et les crises que cette redistribution des rôles, de nouveau leadership, ne va induire pour lui aucun changement. La relation très particulière, forgée par le système des allocations, l’irruption de la vente en primeurs, le pouvoir des notateurs, a évolué : les propriétaires y jouent un rôle commercial beaucoup plus affirmé, et faire le prix relève d’une alchimie où certains ingrédients échappent et échapperont de plus en plus aux acteurs de la place de Bordeaux. La force de l’effet boomerang d’un marché en surrégime, est plus que proportionnelle à l’euphorie des cimes. Pour autant, je ne suis pas en train d’écrire que le système va s’affaisser, s’effondrer, mais je me permets de souligner qu’il ne suffit plus, comme l’écrit JM Quarin « que le public aime les 2011 » pour que les échanges reprennent de la vigueur.

 

L’échelle de l’amour des millésimes de Bordeaux en va comme celle de l’inflation des notes diverses et variées. Trop de trop tue la crédibilité, laisse la porte ouverte à l’incrédulité, non pas des consommateurs finaux, mais de tout le petit monde qui ne voit dans les GCC qu’un produit financier, un pur produit de statut qui, lorsqu’il se dévalue un tant soit peu, peut-être remplacé par un autre dont la cote monte. Que je sache, le vin, même lorsqu’il est un nectar béni des dieux des 2 rives, reste soumis à dame nature, à un réel effet millésime, sauf à se transformer en un produit sous contrôle de la main de l’homme où le fruit initial n’est plus qu’un simple support. L’uniformité d’une forme d’excellence trop maîtrisée détacherait le vin de sa territorialité, de son terroir comme on dit chez les ploucs. Lorsque le luxe se gourme il devient vulgaire laissant la place, pour ceux qui goûtent encore l’élégance, à une vraie recherche de singularité. Les vins d’auteur, n’en déplaise à certains, sont du dernier chic, et ce dans le monde entier. Bien sûr, les nouveaux venus sont fascinés par ce qui brille mais l’extrême rapidité de leur adaptation à la tendance pourrait bien les voir enfourcher les mêmes amours que les bobos de NWC et d'ailleurs.

 

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Bordeaux ne se résume pas au GCC et la France du vin à Bordeaux, j’en conviens d’autant plus aisément que je me suis permis, dans un temps que les jeunes ne peuvent pas connaître, d’écrire quelques lignes sur le sujet. Mais, à quoi bon se poser des questions, voir un peu plus loin que le bout de son nez puisque le sujet mobilisateur ce sont les droits de plantation. Ce que je comprends facilement car c’est le ciment d’une unanimité de façade des professionnels de la Profession. En écrivant cela j’ai une pensée émue pour Stéphane Le Foll, jeune et nouveau Ministre de l’Agriculture et de l’Agro-alimentaire qui va devoir subir les discours d’enfumage du front des immobilistes peuplant les organisations dites représentatives. Moi je n’en aurais pas la force mais je ne suis pas un élu de la République en charge du « changement, c’est maintenant... » Bon courage Stéphane mais sache, toi qui est si attaché à la défense des territoires ruraux, que la vigne est bonne fille en ce domaine, et que les gars et les filles du petit peuple vigneron, où qu’ils soient, y compris à Bordeaux, ne rechignent jamais à se retrousser les manches pour les faire vivre. Pour sûr que tu n’en croiseras aucun au 78 rue  de Varenne mais sache que ce sont eux qu’il faut écouter, entendre, pour que nos pays, nos vignes, nos chais, nos beaux flacons continuent de fournir de la valeur à notre vieux pays qui en a bien besoin.

 

Pour sûr, comme on dit sur Face de Bouc, que je viens d’allonger la longue liste de mes amis dans le marigot des PP du vin, mais comme ma copine Marie de Saint-Drézéry link je n’aime rien tant que décoiffer les permanentés surtout lorsqu’ils se teignent les cheveux, faut rester jeunes quoi, dans le vent !

 

Mais revenons aux choses sérieuses qu’évoque le sieur Quarin sous le titre VENTE DIFFICILE DES PRIMEURS 2011 qui ont provoqué mes excès de plume. Mais, je ne peux résister au plaisir de vous livrer aussi le contenu de la rubrique suivante : LES MARCHANDS ET LES NOTES QUARIN qui, nonobstant son caractère un peu égotique, n’en est pas moins révélatrice du grand théâtre du paraître qu’est la place de Bordeaux.

photoJMQuarin.jpg« Depuis le 15 mai, j’ai regoûté trois fois de nombreux vins du millésime à Paris, Lausanne et Prague. Le public aime les 2011. Pourtant, en appelant un opérateur bordelais pour lui parler de cette campagne, il a coupé court par un inquiétant  « quelle campagne ? ». Bordeaux traverse une crise que certains rapprochent de celle de 1972-1973 : aucune affaire ou si peu. Environ 20 % de ce qui se faisait en 2010 et moins de 10 % de ce qui se vendait en 2009. Face à la crise, le négoce bordelais ne peut pas refuser les offres des propriétés sous peine de perdre leurs futures allocations. Pour s’en sortir, certains marchands revendent en dessous du prix conseillé avec de très faibles marges. Cette attitude en gêne d'autres plus fidèles aux accords passés avec les propriétés. Les prix sont désorganisés.

 

Sur le plan international, la baisse de l’euro handicape les prises de position. Pourquoi acheter maintenant si l’euro baisse ? Vinexpo Hong Kong s’achève sans avoir provoqué le sursaut espéré. Dans le flou ambiant, les opérateurs n’arrivent plus à comprendre l’origine du blocage. Le marché est en berne et rien ne laisse croire que même des prix plus bas le relanceraient. Dans ce contexte, le consommateur final n’a pas intérêt à se précipiter pour des achats sauf rares exceptions. Je pense aux coups de cœur et aux vins destinés à la consommation plus qu’à l’investissement. Il faudra encore attendre la naissance du millésime 2012 pour connaître le statut définitif des 2011. Un plus petit millésime le relancerait, un plus grand l’enterrerait, au moins momentanément. »

 

LES MARCHANDS ET LES NOTES QUARIN

 

« C’est la première année où vous êtes si nombreux à manifester votre incompréhension auprès des marchands qui n’utilisent pas mes notes. Je vous en remercie. Je rappelle qu’un fichier Excel avec les notes sur 20 et sur 100 ainsi que les commentaires en français et en anglais est disponible pour les marchands sur demande.

 

Au cours d’une visite dans un cru que j’estime pourtant beaucoup, un participant mentionne devant moi l’absence de référence à mes notes sur la publicité du château. « Pourquoi Decanter et pas Jean-Marc Quarin ? » Réponse ubuesque « En effet, Jean-Marc Quarin nous fait vendre plus de vins, mais Decanter c’est pour l’image ».

 

Que JMQ se rassure, juste avant d’écrire cette chronique j’écoutais le grand auteur de musique de film Vladimir Cosma, exilé roumain qui, avant de franchir le rideau de fer, avait vécu les délices du communisme, qui faisait remarquer avec beaucoup d’humour qu’il avait dû passer des contraintes de la ligne culturelle des apparatchiks du PC à celles du marché, de tous ceux qui y jouent un rôle, avant d’ajouter que sans doute aujourd’hui il ne pourrait écrire la musique qu’il a écrit pour notre plus grand plaisir (cf vidéo). Bon courage Jean-Marie, faut plaire aux « argentés des GCC » comme tu l’écris un peu plus loin…

 

Pour le reste lire chronique 131 link  

 

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31 mai 2012 4 31 /05 /mai /2012 00:09

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Sur les écrans des ordinateurs du vaste monde mondialisé, le lundi 30 mai 2005, éclipsant la victoire du NON au référendum sur la constitution européenne et le départ calamiteux de Matignon du phœnix du Poitou link, apparaissait un étrange objet médiatique mal identifié (O2Mi) « Vin&Cie l’espace de liberté » qui allait bouleverser le PAV : le Paysage Audiovisuel du Vin. Et pourtant, les pontes du vin et les gardiens du troupeau des beaux vins ironisèrent, se moquèrent de cette intrusion d’un placardisé dans un domaine réservé à leur dire aux adolescents boutonneux en mal d’écriture.

 

Faisant fi de ces railleries, du fin fond de son sombre bureau sur cour de la rue de Rivoli, le futur Taulier, à contre-courant de tout ce que les conseilleurs lui avait dit, prédit, perdurait. Postait dans le désert, sollicitait son dernier carré d’amis – Face de Bouc n’existant point encore pour cet office – ferraillait, tapait dans la fourmilière d’où ne sortaient que des cancrelats ou des bousiers, accumulait tel une fourmi besogneuse des biscuits pour des jours meilleurs. Par bonheur Google aimait beaucoup le petit rapporteur et www.berthomeau.com, comme un vulgaire camembert de Normandie pasteurisé chez Leclerc, était fort bien référencé. Alors, sa petite entreprise artisanale constituait sa petite pelote de lecteurs, d’abonnés, de fidèles aussi que je remercie. Pour ne rien vous cacher, vint aussi le temps de la lassitude, l’envie de m’arrêter, de tout envoyer balader, d’aller au ciné, de courir la peurtantaine plutôt que de livrer des batailles perdues d’avance. Et puis, la drogue de l’écriture, votre fidélité et surtout l’arrivée d’une nouvelle génération de blogueurs m’a incité à continuer. J'aime la concurence !

 

Au premier temps je faisais bref mais je publiais déjà chaque jour et je postais manuellement mes chroniques où que je fusse (Moscou, Séville, Florence…); aujourd’hui je fais long, trop sans doute, et il m’arrive de publier deux fois le même jour avec les afterwork du Taulier, et c’est le robot, programmé de mon hébergeur, avec parfois des ratés, qui met mes chroniques en ligne (00 :09 et 16 :00, le lecteur aime les rendez-vous bien établis). Certains s’étonnent de ma prolificité mais je suis ainsi fait lorsque la glane me plaît, que le bon angle est trouvé, que l’envie surgit : j’écris ! Pour autant je ne passe pas ma vie devant mon écran. J’écris en séquence. Je stocke. Et puis, même si ça peut étonner certains, le vin n’occupe pas une place essentielle dans ma vie.

 

Bref, pour ceux qui aime les chiffres : 1021 abonnés (désolé pour ceux que mon hébergeur désabonne de façon aléatoire lorsqu’un nouvel abonné s’inscrit, c’est récurrent et je n’en peux mais) 

 

2880 chroniques au compteur

 

Je vogue vers le million de lecteurs (970 804 visiteurs uniques à ce jour)

 

2 356 875 pages lues

 

Ce n’a fait pas grand monde, j’en conviens, mais l’audience est régulière et progresse à son petit bonhomme de chemin. Mais surtout ce qui m’importe c’est que mon espace de liberté m’a permis de créer des liens, des vrais, avec vous. Grâce à vous j’ai ouvert ma focale. J’ai jeté définitivement aux orties mes habits de technocrate gris et froid pour revêtir ceux plus colorés du Taulier. J’appelle un con, un con ! Je ne monte plus sur mes grands chevaux au moindre commentaire vindicatif. Je fous à la poubelle, rarement, les aigreurs d’estomac des anonymes planqués sous des pseudos à la noix : Bof devenu Bionnet s’accroche mais charbonnier reste maître en sa demeure et je tire toujours la chasse d’eau pour évacuer les étrons.

 

Mon espace de liberté est ouvert et accueillant : Eva y chronique chaque début de mois régulièrement. D’autres, Fleur, Isa, Sophie, Samia, y on fait un passage remarqué, et y reviendront peut-être, tout ça pour vous dire que si votre plume vous démange vous êtes cordialement invité à venir vous exprimer sur mon espace de liberté.

 

Les commentaires ne sont pas filtrés : sur 8139 postés en 7 ans seuls 182 ont rejoint la poubelle, dont 99 étaient des pubs coucou. L’éventail des sujets traités est bien plus vaste qu’à l’origine afin de vous apporter de la diversité et des approches plus variées. Je cherche. J’expérimente. Je doute. Mais je ne suis pas un obsédé du flux, du trafic, du buzz, des classements et je fuis comme la peste les marchands et les marchandes de prémâchés, les rendez-vous de pique-assiette, les trucs et les machins formatés par des sous-doués.

 

Je revendique mon statut de non-dégustateur, de simple promeneur dans l’univers du vin, ce qui n’a pas pour corollaire de ma part de me comporter, vis-à-vis de ceux dont c’est la profession, comme un chevalier sans peur et sans reproche. Même si je ne manie pas la langue de bois, j’ai des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, ce qui ne me transforme pas pour autant en langue de pute ou de vipère. Quand je n’aime pas, je n’écris pas !

 

Reste un point de détail à régler : dois-je entamer un nouveau septennat ?

 

À l’heure où j’écris cette chronique je n’en sais fichtre rien. D’ailleurs qu’importe, l’aventure a commencé dans un bureau minable et Dieu seul sait comment elle se terminera ! Peut-être céderais-je mon fonds de commerce florissant à une multinationale prédatrice pour une valise en liquide ? Bien sûr, auparavant, comme Face de Bouc, j’aurai fait une entrée tonitruante en Bourse pour rafler une première mise auprès des gogos. Tout ça pour vous dire Que sera sera / Demain n'est jamais bien loin /laissons l'avenir venir /Que sera sera / Qui vivra verra (en français).

 

Pour terminer cette chronique sans sombrer ni dans l’autocélébration ni dans la nostalgie j’ai pensé à vous offrir une chronique mise en ligne le 29 janvier 2008 : Trois questions à Jean-Paul Kauffmann... qui a marqué la courte histoire  de mon « espace de liberté », lui a conféré une autre dimension, m’a donné le moral à une époque où je n’aimais guère la vie que je vivais. Jean-Paul, fidèle lecteur, m’a offert-là un cadeau que je souhaite vous faire partager en cette fin de septennat.  7741379813_jean-paul-kauffmann.jpg

 

« Ce matin je suis très heureux d'accueillir Jean-Paul Kauffmann dans ma petite maison d'intérieur, cet espace de liberté que j'essaie, jour après jour, de bâtir et de préserver. Du fond du cœur, je le remercie, il me fait grand plaisir. Avant de lui céder la parole je laisse à Bernard Pivot le soin de nous faire pénétrer dans l'univers de mon hôte.  

 

« C'est grâce à sa maison des Landes que Jean-Paul Kauffmann a repris goût à l'écriture. Il a d'abord raconté sa captivité et sa libération à l'aide d'une métaphore à la fois légère et classée: le vin (Le bordeaux retrouvé, hors commerce, 1989). «Je voulais écrire pour combler un vide, tenter de me refaire une mémoire, de me reconstituer un passé.» L'éloge de la maison où il s'est reconstruit est sa seconde tentative, très réussie, d'évoquer sans pathos, avec au contraire une allègre simplicité ­ et même, parfois, mais oui, bonne humeur­, la détresse psychologique où l'avaient plongé les geôles du Hezbollah.

Cependant, il n'a pas renoué avec le plaisir boulimique de lire. Plus que la littérature, la lecture l'avait pourtant sauvé pendant sa claustration à Beyrouth. Maintenant, hormis la poésie, les livres ne le retiennent pas longtemps. Ou mal. Il ressent cela comme une infirmité. Dans son airial, sur la pelouse, devant les arbres qu'il a sauvés ou plantés, il éprouve le même plaisir qu'autrefois devant ses rayonnages de livres.

C'est la nouvelle Bibliothèque verte de Jean-Paul Kauffmann. »

 

Bernard Pivot

 

Question 1 : Dans votre dernier livre « La maison du retour » à l’une de vos voisines, à qui vous faites visiter le chantier de la maison des Tilleuls que vous venez d’acquérir en Haute Lande, vous concédez : « Au fond, je ne suis qu’un amateur. 

-         Quelqu’un qui manque de sérieux ?

-         Sans doute (…)

Jean-Paul Kauffmann, ce manque de sérieux me plaît, l’amateur de vin que vous êtes peut-il nous en dire plus ?

 

Jean-Paul Kauffmann :

 

Il faut en revenir au sens premier de ce mot L’amateur est celui qui aime, tout simplement. Il y a beaucoup de manières d’aimer. De goûter, à mon avis, il n’y en a qu’une. C’est de se conformer à son propre plaisir, à sa propre intuition sans se laisser influencer par autrui, par la doxa comme l’on dit aujourd’hui, c’est-à-dire l’opinion admise, le politiquement correct. « L’amateur se choisit les situations » affirmait Nietzsche. L’amateur est à l’opposé du spécialiste, l’homme qui sait, tranche et se prononce à la place des autres. Nous périssons de cette culture de l’expert qui prétend tout évaluer en oubliant la délectation. L’amateur, à la différence de prescripteurs comme les critiques de vin ou les sommeliers, ne saurait être un homme de pouvoir. Quand je m’occupais de L’Amateur de Bordeaux, l’aspect technique me cassait les pieds, j’ai fini par m’y intéresser à mon corps défendant grâce à des pédagogues remarquables comme Emile Peynaud ou Denis Dubourdieu mais c’est le vin dans le verre et son contexte culturel qui m’ont toujours importé. Que de cuviers ai-je pu visiter de mauvaise grâce mais en faisant bonne figure ! Ils se ressemblent tous : les pompes, l’inox, ça manque totalement de poésie. En plus ces lieux sont humides, dominés par des courants d’air et on s’y gèle en hiver. C’est la part enfantine des propriétaires : ils veulent toujours qu’on admire leur dernier joujou technologique. Personnellement je préfère la vigne, le contact avec le sol mais il est significatif que ce sont les installations qu’on nous fait souvent visiter en priorité.

 Tout cela pour dire que l’amateur ne se prend pas au sérieux. En revanche, il prend au sérieux ses sensations et ses émotions. Je défends passionnément l’idée de gratuité qui n’est rien d’autre que la forme suprême du dilettantisme : une manière de détachement, une absence de professionnalisme – chacun son métier : le viticulteur et l’œnologue sont engagés dans les applications pratiques de la science. Pas trop tout de même car ils ont souvent la main lourde. Mais à l’amateur, il n’est demandé que l’aptitude à sentir, à discerner les beautés et les défauts d’un vin, à formuler un jugement personnel – ce qui n’est pas mince.

 

Question 2 : Amateur de vin de Bordeaux vous faites vôtre ce beau trait de Jean-Bernard Delmas, l’homme de Haut-Brion « Le bordeaux : il a tout et rien de plus. » Jean-Paul Kauffmann pourquoi le bordeaux, bourgeois ou cru classé, vous met-il dans tous vos états ?

 

Jean-Paul Kauffmann :

Je suis un peu comme Stendhal avec l’Italie, pays qu’il aimait par-dessus tout mais qui correspondait plus à son imagination et à un idéal qu’à la réalité. Le bordeaux rêvé, c’est un peu mon problème. À l’origine, ce vin s’est construit sur la notion de finesse et d’équilibre mais ces représentations ne sont plus guère à la mode, dans un monde qui révère l’offre supérieure, la surenchère, la force brutale des sensations. Autrement dit, la vulgarité. Entre le bordeaux le plus modeste et le cru classé il existait un air de famille dû sans doute à la typicité du cabernet-sauvignon et du merlot et à cette notion d’harmonie et de subtilité. Cette identité commune tend à disparaître. On exige à présent des vins sur construits, pansus, «tropicaux », sans aspérité, « sucrés ». L’amertume et l’acidité, indispensables à l’équilibre, sont rejetées, lissées pour une large part par des degrés alcooliques excessifs – le réchauffement climatique n’arrange rien. Si Bordeaux se met à ressembler aux autres vins alors on achètera les autres vins, souvent d’ailleurs meilleur marché. Je garde la nostalgie de ces bordeaux élégants et bien cambrés, équilibrés, parfaitement ajustés, nets, sans plis et sans ces invraisemblables draperies que sont le bois et la surextraction qui alourdissent l’ensemble. Où est passé le « délié » bordelais ? Il faut certes être de son temps mais ce temps-ci a diablement mauvais goût.

 

Question 3 : « Le parfum, ça vous saute au nez tandis que le bouquet, il faut aller le chercher. » cette réflexion que vous avez entendue dans la bouche d’un vigneron, et que vous partagez, laisse à penser que pour vous, Jean-Paul Kauffmann, certains bordeaux, cédants à l’air du temps, ont vendu leur âme au diable ?

 

Jean-Paul Kauffmann :

Il est significatif qu’on parle de moins en moins de bouquet qui induit la délicatesse alors que le parfum convient bien à la lourdeur et à la vulgarité de notre époque. À priori on ne peut rien contre cette standardisation du goût mais face à cette œnologie normative il y aura toujours des gens qui heureusement diront non. C’est une minorité bien sûr mais elle finit toujours par être agissante. Elle ne défend pas le passé comme on se plaît à le dire mais l’avenir. Elle refuse ce modèle qu’on nous propose : tous ces vins riches, confiturés, écœurants et finalement sans relief. « Le monde ne sera sauvé que par quelques-uns » disait Gide. C’est sans doute une conception élitiste de l’existence mais il en a toujours été ainsi dans le domaine de la politique comme dans celui des idées. Pour le vin, s’il s’agit d’une aristocratie, elle est ouverte à tous. Nous sommes certes dans le champ du plaisir mais les valeurs que le vin représente ne sont pas frivoles. Le goût est un excellent reflet de ce que nous sommes. C’est un bon marqueur de civilisation. Au passage on peut noter que le caractère sacré du vin élaboré jadis par les moines a disparu, il s’est laïcisé. Est-ce une bonne ou mauvaise chose ? Le pouvoir de l’argent s’est emparé de nombreux crus prestigieux. Le vin est devenu furieusement séculier aujourd’hui. Ce faisant, il s’est aussi banalisé. Mais la situation n’est nullement désespérée. Il y a une poignée de vrais amateurs qui croient à ceux qui défendent la diversité et la complexité de leur terroir. Mais comment traduire l’intégrité de ce sol ? D’abord en le respectant. C’est là qu’intervient le savoir-faire humain. Le vin n’est pas un produit naturel. N’oublions pas que c’est l’homme qui l’empêche de tourner au vinaigre. Tout est dans l’interprétation du terroir. Le problème est qu’à présent on surjoue. Il y a un côté résolument théâtral dans le monde du vin : trop de machinistes, de décorateurs, de maquilleuses, de bruiteurs, de souffleurs, d’accessoiristes. En somme trop d’emphase. Le goût est devenu pompeux, apprêté, grandiloquent, baroque. Oserais-je dire que j’ai envie de naturel, de fraîcheur, d’authenticité, mot galvaudé mais je n’en vois pas d’autres.

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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 16:00

 

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Depuis quelques jours le ciel est enfin digne d’un mois de mai et, hier, pour la Pentecôte, les langues de feu se frayèrent leur chemin sans obstacles pour accomplir leur office : j’espère que certains en tireront bénéfice. Bref, fait beau et, avant-hier, j’ai lu tout le vin nu en terrasse : une cure solaire vitale pour le moral. (chronique en ligne demain, très hot, avec la Woody Allen du Vin...)


Pour ceux qui auraient du mal à me suivre je vais suivre l’exacte chronologie de mes pérégrinations le dimanche de la Pentecôte :


-         10 h 30  : brocante le long du cimetière du Père Lachaise, achat de livres, puis alors que je retirais des pépettes à la tirette d’une banque, suite à une agression verbale gratuite d’une harpie excitée sur une passante qui n'en pouvait mais, une dame digne permanentée, canne anglaise unique ajoutée, nous alertait : « c’est ainsi depuis l’élection de Hollande, ils se croient tout permis… » Lui ayant fait remarquer que je ne voyais pas le rapport je lui conseillais de fuir en Suisse…


-         11 h 30 : balade sur les hauts de Ménilmuche : quelques photos… (voir en fin de chronique)Bellevilloise-035.JPG


-         14 h 30 : jazz brunch Halle des Oliviers à la Bellevilloise avec Paris Swing Machine…


L’annonce de la Bellevilloise mettait déjà en appétit : « Du swing au bop et de la bossa à la soul, « Paris Swing Machine » explore et revisite avec un même plaisir les différentes fusions du Jazz n’hésitant pas à inclure dans ce vaste répertoire des compositions personnelles. Autour de la voix chaude de leur chanteuse qui manie aussi bien le scat que l’émotion, le quintet montre une véritable complicité musicale à travers les nombreuses improvisations de chacun (guitare, sax ténor, contrebasse et batterie) »


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Ils furent Jazz Time avant de devenir Paris Swing Machine : Liza EDOUARD au chant, Olivier NORMAND au saxophone, Djiko PEREZ à la guitare, François BERNAT à la contrebasse), et Julien AUGIER  à la batterie… Dimanche ils n’étaient que 4 mais notre plaisir fut entier. Pas facile de se produire face à un public qui maraude autour des présentoirs du brunch, va et vient, papote, mais Liza Edouard, bravant, et la moiteur de l’étuve, et l’environnement un peu virevoltant, a su s’imposer grâce à un registre exceptionnel flirtant sans péril avec les aigües, une belle présence s’appuyant sur trois instrumentistes talentueux. Des pros, complices, originaux qui maîtrisent leur art en revisitant un large répertoire. Ça fait un sacré bien au cœur, à l’âme et à la tête cette tranche de belle émotion musicale. Merci à eux !


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Paris Swing Machine  sera le 31 juillet en Aquitaine au restaurant-pizzeria "Les Colonnes" qui vous accueille en musique, avec le Swing Club. C’est à 20 heures au 36 Bis Place Robert Darniche, 33580 Monségur. C’est tout près de Duras, j’invite donc mes amis les Rebelles d’Aquitaine à s’y rendre nombreux.link 


Revenons un instant à la Halle aux oliviers de la Bellevilloise le lieu est magique. Il y a aussi une terrasse pour les adorateurs du Dieu Soleil. Hier, vu le cagnard qui tapait ses rayons sur le toit de la halle, il valait mieux avoir troqué son passe-montagne pour des tongs. Mais trêve de mesquineries météorologiques, je ne vais pas bouder mon plaisir d’un bon bain de chaleur. Le buffet est impeccable, varié et abondant : chaud-froid/salé-sucré/ à volonté pour 29€. La vaisselle, les couverts, la verrerie sont à la hauteur. Il y a un bar. Le personnel est souriant, diligent, attentionné. Les toilettes sont nickel chrome. Que demande de plus le peuple ? Rien ! Sauf que, sait-on jamais, avec l’arrivée de notre PNR (Président Normal de la République), ça va peut-être changer ?


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Donc, si vous avez une petite faim et une grosse flemme dominicale c’est une bonne adresse : La Bellevilloise            19-21 Rue Boyer  75020 Paris 01 46 36 07 07

 

Deux services 11H30 et 14h-16h

 

Formule Brunch + Concert de Jazz : 29,00 € (le menu varie et hier, vu le temps, il y avait un bel assortiment de crudités et d’entrées fraîches)

 

Boisson à volonté : Café, Thé, Chocolat chaud et jus de fruits (orange, pamplemousse, fraise, mangue …)

LES FROMAGES : Camembert, bleu et chèvre long, Comté

LA CHARCUTERIE : Jambon blanc, jambon Serrano et saucisson…

LA TABLE DES SALÉS :

Poêlée de légumes au pesto

Quiche lorraine

Filet de hoki grillé, sauce citronnée

Velouté de légumes

Saucisse et lard grillés

Craquant de pomme de terre à la tomme fraîche

Petits légumes farcis…

LE CERCLE DES SUCRÉS :

Salade de fruits et fromage blanc

Fruits frais

Confiture, micro-beurre

Assortiment de petits pains

Les viennoiseries (croissant, pain au chocolat, brioche au beurre, pain aux raisins…)

Autres douceurs … mini cannelé, crêpes, gaufres, torsade chocolat, tarte aux fruits…

 

Si  vous souhaitez écouter le Paris Swing Machine c'est ICI link


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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 00:09

Concevoir une allure, c’est composer un style… L’élégance, la vraie, est imperceptible, intangible. C’est un je ne sais quoi, une alchimie, le mystère d’une griffe, l’expression d’un supplément d’âme, une  composition au sens musical : harmonie ou rupture, une pure apparence me direz-vous… Pas si sûr, sous les pavés la plage proclamions-nous en un mois de mai débridé et débraillé : et pourtant Dany le Rouge avait de l’allure, un style. Un rien l’habille disait d’une de ses jeunes clientes ma couturière de mère. Simplicité, liberté, superbe, rébellion, le style est l’expression de sa singularité. J’y suis sensible, mais bien plus que l’élégance physique c’est l’élégance morale qui me séduit.


Dire d’un vin qu’il a un style, sans le qualifier, relève d’une certaine forme de facilité. En revanche, reconnaître à la collection de vins d’un vigneron un style, en le caractérisant, c’est tenter de faire entrer l’amateur dans l’univers d’un créateur. Créer, au sens de ce que fait la main de l’homme, ce n’est pas simplement reproduire des gestes mais, sans forcément bousculer la tradition, opérer des métamorphoses, y faire entrer une part de son imaginaire, de sa culture. Chercher, observer, douter, aller au plus près de l’expression de sa terre, du ciel et de la lumière, accompagner, être attentionné, rechercher l’authenticité bien plus qu’une geste gratuite et forcément éphémère.

 

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En deux occasions, le dîner des jeudivins à DiVinamente Italiano link et la dégustation autour des raviolis chez RAP link, les flacons du domaine Piana dei Castelli de Lucia et Matteo Ceracchi Velletri ont affirmé un vrai style, une signature immédiatement identifiable…

 

Identité donc, la plus simple d’abord, leur identité visuelle, une belle griffe, sobre, épurée, légère, première touche du style Ceracchi : de l’allure, le chic à l’italienne à la Giovanni Agnelli.

 

Mais au-delà de la griffe, si attrayante soit-elle, il y a l’identité du vin de Matteo Ceracchi, une identité qui ne cantonne pas à la simple expression de son terroir, mais est révélateur justement d’un style où les sensibilités de Lucia et de Matteo, différentes mais si fusionnelles, s’expriment. Leurs vins portent la trace de leurs choix, forme de rébellion juvénile, expression de leur désir et de leur volonté de faire autrement sans pour autant prendre des pauses révolutionnaires. Ils font ! Ils font bien. Ils font de mieux en mieux. Leurs vins sont vraiment originaux, et ce n’est pas une figure de style, généreux sans ostentation, élancés au sens d’un bel équilibre du corps, l’allure quoi, parfois surprenants comme le Grechetto 2011, cépage autochtone, ils ne laissent jamais indifférent, ils sont vifs tel le fameux Sauvignon 27.07 récolté en juillet ou doté d’un formidable potentiel comme le Torre del Mare 2006.

  

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Alors le style Ceracchi c’est quoi, me direz-vous ?


Réponse :

 

le charme discret d’une génération vive, précise et inventive : le sens de la vigne, de belles matières, du cousu main pour une collection de vins dotés d’une réelle identité, d’une forte personnalité, d’une chaude et tendre humanité.

 

 

C’est le style « new-look » versus Christian Dior, la taille resserrée, les jupes corolles, revisité par le style YSL des origines. En un mot comme en 100, le style Ceracchi est en train de donner ses lettres de noblesse aux vins du Lazio qui en avaient bien besoin (voir à la fin de la chronique un extrait d’un livre célèbre de Sandro Veronesi « Chaos calme »)

 

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Illustration via la plume de Guillaume Nicolas-Brion à propos du Sauvignon 27.07 link


« La vendange de ce sauvignon a eu lieu le 27 juillet 2011. D'où le nom de 27.07 : ce n'est pas un agent secret, mais un vin quasi secret, 9300 bouteilles. Les vignes sont cultivées en biodynamie mais on ne le dit pas trop. Résultat ? Forcément inattendu. Bien sûr, une forte acidité mais pas dérangeante, au contraire : rafraîchissante. Une finale très minérale. Ce vin n'est pas vert : le fruit est mûr, le jus est précis, la quille taillée pour quelques belles années. Assurément, on l'a bu trop tôt. C'est une sacrée découverte. »

 

Et de poser la question à Lucia qui est à Velletri via Face de Bouc : Pourquoi une récolte fin juillet ?


« C'est une provocation. Le goût des Italiens nous a << obligés >> à explorer les autres particularités de ce cépage. Normalement, les arômes typiques d'un sauvignon (comme celui que nous produisons en septembre) sont le buis et les arômes dus à la pourriture noble (miel, fruits confits). Or le 27.07 a une robe jaune paille aux reflets verdoyants et des arômes végétaux. Il est moins coquin qu'un sauvignon classique et il exprime à fond le territoire crayeux et siliceux du Latium. Le fait d'arriver à faire une vendange en juillet ne dépend pas du soleil, ou plutôt cela ne dépend pas que du soleil : c'est grâce à l'énorme travail que nous faisons dans les vignes. C'est en janvier que l'on comprend comment anticiper toutes les phases phénologiques. C'est en janvier aussi que l'on voit si les plants seront bien hydratés et bons pour juillet. Bien sûr, le climat doux du centre de l'Italie aide énormément nos expérimentations ».


Mes préférés, choisir est toujours une forme d’injustice, sont hormis le Sauvignon 27.07 cher au cœur de Guillaume le plus puriste des naturistes, et de La Trama 2007 sont aux deux extrémités de la collection des vins du domaine Piana dei Castelli :


-         le Grechetto 2011, pour sa splendide simplicité, son côté gavroche, coquin et gouailleur, un gamin de Paris – normal Lucia y vit – on le voit bien accompagner ma ciabatta au museau de bœuf link  en chantonnant entre chaque gorgée les paroles de Victor Hugo.


On est laid à Nanterre, C'est la faute à Voltaire/ Et bête à Palaiseau, C'est la faute à Rousseau / Je ne suis pas notaire, C'est la faute à Voltaire /Je suis petit oiseau, C'est la faute à Rousseau./ Joie est mon caractère, C'est la faute à Voltaire / Misère est mon trousseau, C'est la faute à Rousseau./Je suis tombé par terre, C'est la faute à Voltaire / Le nez dans le ruisseau, C'est la faute à Rousseau…

 

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-         le Torre del Mare 2006, la plus forte personnalité de la collection Ceracchi,  Lucia souligne « sa robe sombre quasi-impénétrable » en contemplant les larmes qui se forment sur les parois du verre, signe de sa riche et consistante matière. C’est un vin dense, soyeux, puissant, apte à une longévité sans rides ni usure du temps, une future plénitude de trentenaire, de l’allure quoi, du charme loin de la suffisance de nos châteaux de Bordeaux. Au temps où je fumais des Puros, si je l’avais connu, je l’aurais apprécié calé dans un fauteuil, relisant quelques pages de Belle du Seigneur :


« Dans la salle des pas perdus, les ministres et les diplomates circulaient, gravement discutant, l’œil compétent, convaincus de l’importance de leurs fugaces affaires de fourmilières tôt disparues, convaincus aussi de leur propre importance, avec profondeur échangeant d’inutiles vues, comiquement solennels et imposants, suivis de leurs hémorroïdes, soudain souriants et aimables. Gracieusetés commandées par des rapports de force, sourires potiches, cordialités et plis cruels aux commissures, ambitions enrobées de noblesse, calculs et manœuvres, flatteries et méfiances, complicités et trames de ces agonisants de demain. » (chap XI, page 104).

 

Comme les meilleures choses ont une fin, le souvenir de la merveilleuse soirée à Divinamento Italiano : carpaccio de gambas rouges, laurier, orange amère et barba dei frati / poulpe enroulé dans la poitrine, crème de peccorino romano et poire / ravioli farcis aux ris de veau, pesto d'estragon... l'agneau au romarin, artichauts à la romana... la queue de veau à la Vaccinara du chef Matteo Oggioni...

et la soirée bonne enfant chez RAP autour des 4 recettes suggérés par Lucia Pantaleoni : ravioli à la pistache, ravioli aux aubergines, tomates confites, pignons, tortelli ricotta-épinards, tortelloni ricotta, pommes de terre et pancetta...réalisées avec maestria par le chef Slah Kalifa, romain d'origine tunisienne... 

sans vouloir en rajouter je puis vous assurer que ces deux mariages avec les vins du Domaine Piana dei Castelli nous ont donné beaucoup de bonheur...

 

Ravioli de Lucia Pantaleoni aux Editions Solar, m'inclinent à envisager très sérieusement de me faire annexer par l'Italie... 

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Comme promis, pour faire une belle chute, voici l'extrait de « Chaos calme » (Caos Calmo) de  Sandro Veronesi chez Grasset Prix Méditerranée a été adapté pour un  film réalisé par Antonello Grimaldi sous le même titre, avec Nanni Moretti…


 « Il attaque ses spaghettis bille en tête, à croire que son temps est compté. Il ne les enroule pas : il les fourre dans sa bouche comme si c’était du foin, et avec sa fourchette, il se contente de les accompagner au fur et à mesure qu’ils montent. Ça aussi c’est romain, une saine façon de manger populaire – incarnée par Alberto Sordi aux prises avec des macaronis – qu’ici à Milan on prend pour une absence de bonnes manières. »

« Ce n’est pas bon pour vous de ne manger que des sandwiches, vous savez ? Une belle assiette de pâtes al dente, avec de la tomate fraîche et un filet d’huile, est beaucoup plus indiqué pour la santé. »

Il remplit les deux verres de vin, à ras bord, comme à la campagne.

« Goûtez-moi ça. Ce n’est pas un grand cru, mais c’est un bon petit vin pas trafiqué. »

Il me tend un verre, prend le sien, le lève.

« Santé. »

Il boit une gorgée franche, décidée, et vide la moitié de son vin. J’en bois moins. C’est un de ces vins forts, âpres dont on ne comprend pas s’ils le sont par hasard ou de façon délibérée.

« Il vous plaît ?

-  Oui. Il est bon.

-  Frascati. C’est ma sœur qui me l’envoie, de Velletri. Qui me l’envoyait : dorénavant, j’irai le chercher moi-même. »

 

Tout ceci c’est de l’histoire ancienne, maintenant lorsque vous passerez à Velletri vous vous arrêterez au domaine Piana dei Castelli et vous demanderez : un Grechetto, un Grigio, un Sauvignon 27.07, un Follia, un Trama, un Torre del Mare : un Ceracchi quoi ! Et, si vous ne faites pas le voyage pour l’Italie et que vous voulez les découvrir, il vous suffit de le demander au Taulier qui se fera un plaisir de vous mettre en contact avec Lucia qui parle si bien de ses vins, même avec les mains…

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