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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 00:09

Comme bistrot soulot prend un t, certains lui mettent un chapeau : soûlot, d’autres le charge plus encore : soulaud ou soûlaud, enfin le tout s’écrit aussi au féminin : soulote ou soûlote et soulaude ou soûlaude. Entre l’ivresse et la soulographie il semble y avoir la même distance qu’entre l’érotisme et la pornographie. Je n’entrerai pas sur ce terrain : étalonner la distance qu’il peut y avoir entre un individu ivre et un individu saoul est une gageure. Mon propos de ce matin est plus terre à terre il consiste, non pas à recenser, car là encore ce serait aussi une gageure, les mots qui flirtaient avec l’argot pour désigner les soulots.


Disparus ou survivants pour la plupart : les bibards, les éponges, les licheurs, le picoleurs, les pionnards, les pitancheurs, les pochards, les pochetons ou pochtrons, les sacs à vins, les soiffards, les soulards… des qui sont beurrés comme des petits Lu, des blindés, des bourrés comme des coings ou des cantines, des brindezingues, des chargés, des schlâsses, des dans le cirage, des cuits, des fadés, des givrés, des mûrs, des noirs, des pleins comme des œufs, des ourdés, des pafs, des pétés, des poivrés, des ronds comme des queues de pelle, des qui ont un coup dans le carreau, un coup de chasselas, un verre dans le nez, du vent dans les voiles, un coup dans l’aile, des souliers à bascule et les dents du fond qui baignent, ceux qui tirent  des bords, ceux qui en tiennent une bonne, une beurrée, une biture, une cuite, une charge, une muffée, une pétée… ceux qui se taperont une gueule de bois et qui auront mal aux cheveux.


Attention je ne fais aucune apologie mais comme l’écrit Gabriel Bender dans Ivresse « C’est lorsqu’on est confronté à la difficulté de penser le vin et l’ivresse sans a priori ni fioriture qu’on bute sur les lourdes empreintes laissées par les mouvements de tempérance, aussi bien chez les abstinents que chez les amateurs d’alcool. Toute approche de l’ivresse n’échappe plus au discours sur l’alcool. Aujourd’hui, les amis et les ennemis du vin tiennent à peu près les mêmes propos, lorsqu’ils sont confrontés à des pratiques amorales menaçant leur vision du monde. L’ivresse est considérée comme un désordre aussi bien par le gourmet que par le responsable de la santé publique »


J’aime la saine franchise de l’acteur Jean-Luc Bideau « Il n’y a pas de gradation dans la cuite. Il y a limite et off limite. A un moment donné, le corps dit : Stop ! Et on se sent mal à l’aise et il faut se casser… Alors on se lève : Bon salut ! On essaie d’aller droit jusqu’à la porte, par orgueil et fierté. On paie le plus possible à tout le monde parce qu’on se sent obligé et parce qu’on aime bien le faire. On dit : Au revoir ! On rentre péniblement à la maison et, au milieu de la nuit, on prend sa lampe de poche, on va à tâtons à la salle de bain pour ne pas réveiller Madame et là on avale des aspirines et des trucs pour équilibrer l’estomac, pour prévenir la gueule de bois. Oui je bois. Comme tout le monde, de temps en temps. Il le faut bien. Par contre, je ne bois jamais seul, je trouve cela d’une tristesse monumentale et c’est exceptionnel que je parte dans le zigzag ; deux comas éthyliques en soixante-quatre ans, pas un de plus. Je connais quand même le moment où il faut s’arrêter pour prendre le chemin qui mène au lit. Pourtant quand je bois,  c’est pour boire beaucoup et vite. Il y a des moments où j’ai vraiment envie de me défoncer ; cela me permet d’être agréable ou désagréable. Alors je bois trop forcément ! Et tant mieux si les vins sont bons. Avec de la bonne bière tchèque, c’est encore plus agréable. Mais l’alcool ne m’apporte jamais ni l’ivresse du second souffle, ni l’ivresse de l’altitude, ni les émotions du théâtre. »

 

Ivresse est un livre de Gabriel Bender voir www.monographic.ch et/ou www.gabrielbender.ch Jean-Luc Bideau en ayant écrit la préface dont est tiré le texte cité.


Totalement incorrect, mais il n’est pas interdit d’être sincère et de réfléchir sur la réalité. La fuir, la tordre, vouloir la faire entrer dans des moules doctrinaux conduit à l’échec des politiques dites de Santé Publique. J’en reste là mais je hais tout à la fois ausi bien la pudibonderie des prohibionnistes masqués que l’hypocrisie de ceux qui n’assument pas le statut de boisson alcoolisée du vin. Ce combat éternel entre deux clans irréconciliables aboutit à la demande imbécile d’apposer un message dit de santé publique sur les bouteilles de vin du même type que ceux inscrits sur les paquets de cigarettes. La réalité sociale n’est pas forcément agréable mais il faut savoir l’affronter sans œillères ou avec des verres correcteurs. Bref, je m’arrête en avouant comme Bideau : un vrai coma éthylique à l’âge de 25 ans dans toute ma vie d’adulte, on m'a piégé comme on aimait le faire à la campagne, et une beurrée carabinée après avoir gagné le championnat universitaire de basket quand j’étais étudiant en première année de Droit : après une fiesta dans un beuglant du quai de la Fosse j’ai mis deux bonnes heures au petit matin à retrouver l’entrée de la Rue Noire (sic), à Nantes où je logeais.


Et dire que l’idée de cette chronique est née de ce texte de Gaston Chaissac datant de 1952. J’ai un peu dévié de mon objectif initial, j’ai comme on le disait chez moi en Vendée : turcoler c’est-à-dire zigzaguer ! Mais n’est-ce point-là le bon plaisir de chroniquer ?

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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 00:09

C’est fou comme certains du côté des appellations dites roturières de Bordeaux m’adorent, tel Jean-Dominique Poncet du château Font-Vidal link qui me tance parce que j’ai osé faire une petite chronique sur Jazz à Palmer pour connecter les amoreux du jazz sur ce concert diffusé en direct. « Décidément monsieur Berthomeau quand vous parlez de Bordeaux il n'y en a que pour les Cru Classé, pour votre info il y a de nombreuses propriétés qui font ce genre de manifestation dans l'aire d'appellation Bordeaux mais ce ne sont pas obligatoirement des "Cru Classé", vous pouvez aussi en parler même si c'est moins flatteur pour votre ego... »

 

C’est vrai que je passe mon temps à me goberger dans les châteaux huppés des GCC en compagnie de ma copine Marie de Saint-Drézéry et que l’été dernier, elle et moi, nous nous taillés un franc succès avec la grande saga de l’été « L’Ouragan sur les Primeurs se prénomme Marie»  link J’invite ce cher monsieur Poncet à prendre le temps de lire cette petite pochade. Pour le reste, je n’ai nul besoin de me justifier car ce serait céder à un commentaire sans fondement et inutilement agressif. Comme le notait très justement Charles Maurice, prince de Talleyrand-Périgord , fin connaisseur de l’ego « Tout ce qui est excessif est insignifiant. »

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Pour ma part j’assume la part d’ego consubstantielle à l’exercice de la chronique et pour soigner son éventuelle dérive ou plus exactement son enflure je vais vous parler de la chochotte du boulon.

 

Qui est donc la chochotte du boulon ?

 

Dans la galaxie des gens du vin elle est un petit confetti perdu du côté de Robion, c’est dans le Vaucluse  et le Boulon c’est le nom du ruisseau qui traverse ses vignes. C’est son mentor Yves mossé qui a baptisé Doris Mossé la chochotte. Son histoire je l’ai raconté ICI link. Je l’avais rencontré au Parc Floral de Vincennes. Doris, petit bout de femme sympathique n’a évidemment rien d’une chochotte mais comme c’est maintenant sa marque de fabrique elle signe ses vins ainsi. Dimanche dernier c’est chez elle que j’ai fait mon unique dégustation du salon. Car trois ans après Doris Mossé est toujours là, certes elle a un peu abaissé de la voilure car elle ne cultive plus que 5 ha de vignes qu’elle loue et continue de faire son vin chez les autres. Avec la chochotte du boulon me voilà donc bien loin des ors et des dorures des grands châteaux de Bordeaux qui enflent mon ego et c’est une thérapie radicale.

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J’ai goûté ses vins et croyez-moi ils valent largement certains des nectars se raccrochant à des vignobles de bien plus grande notoriété. Bien sûr, je sens venir la flèche perfide : je suis allé chercher Doris Mossé à la rescousse pour me dédouaner de mes amours avec Palmer. Et alors, je ne vois pas au nom de quoi certains viendraient me reprocher d’aller chez qui bon me semble. En effet, je signale aux archers de service que 99% des vins dont je parle ici sur cet espace de liberté sont payés avec mon bon argent. Je suis donc un consommateur et mes choix ne regardent que moi. Les GCC étant hors  de portée de mes moyens mes petites chroniques s’alimentent donc au gré de mes pérégrinations de parisien. Même que l’autre jour, invité par le CIVB à l’Alcazar j’ai dit grand bien d’un Clairet link d’un certain Château Penin. Caramba je suis fait, ce n’était qu’un simple Bordeaux !

 

Trêve de raillerie, revenons à ma chochotte du boulon et à sa cuvée Le Bien Élevé, qui, je le signale au Forgeron de Dana, le feuilletoniste es-Carignan le plus prolifique du début du XXIe siècle, celui qui donne le la de ce cépage trop longtemps vilipendé, est une cuvée fondée sur essentiellement du Carignan bien élevé en cuve, le grenache et le mourvèdre étant eux élevé en barrique. Mais si dans son énième épisode de Carignan Story il veut bien se pencher un de ces dimanches prochains dans les 5 du Vin sur la cuvée Carignan de Doris Mossé ça fera un très beau papier de notre chapeauté. N’est-ce pas là le terrain de prédilection des blogueurs que d’aller dénicher et faire connaître des vins tels que ceux de Doris Mossé. Ce n’est pas faire la charité mais participer à la chaîne d’informations qui permettra aux dénicheurs de vin de faire leur emplette chez des vignerons, en l’occurrence ici une vigneronne, qui ne feront jamais la Une de nos chères revues dédiées aux amateurs de vin.

 

La morale de cette histoire, si tant est qu’il faille en tirer une, c’est que le Taulier n’a pas de leçon à  recevoir sur les choix de ses sujets, en général ils lui viennent au gré de ses pérégrinations, comme ça, sans à priori ni volonté de faire plaisir à X plutôt qu’à Y. Je ne cultive aucune prévention vis-à-vis du grand vignoble de Bordeaux, tout comme je ne privilégie en rien les GCC, et je reste toujours disponible, même mobilisé pour toutes les justes causes : y compris celles du CIVB link Dans ma longue carrière j’ai côtoyé Louis Marinier qui fut l’un des ardents défenseurs de la cause des Bordeaux et Bordeaux Supérieur et lorsque j’ai écrit ce que j’ai écrit en 2001 j’ai pris grand soin de ne pas mettre tous les vins de ces appellations dans le même panier. Il n’empêche que, si j’ai bien lu le Plan Bordeaux, avalisé par les professionnels, il me semble qu’il y a du ménage à faire pour qu’une partie des vignerons puissent retrouver des couleurs et croire en leur avenir.

 

LA CHOCHOTTE DU BOULON

Impasse de la Juiverie – 84440

ROBION

Tél. + 33 (0) 6.08.41.71.02

dorismosse@hotmail.fr

 

Affaire à suivre…

Vincennes-015.JPG 

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 00:09

Tout d’abord j’expose la version 120 dites sans vin : « C’est l’histoire d’un mec facile, genre cœur d’artichaut, contemplateur des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie, papillon aimanté par les flammes des feux de l’amour, pas un tombeur mais de l’espèce qui tombe amoureux à la première œillade captée, au premier sourire esquissé. Le voilà séduit, capturé, captivé, prisonnier dans les rets d’une belle qu’il n’a fait que croiser. Dès lors il n’a de cesse de la retrouver, de la revoir, de l’effleurer, de la posséder… »

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Ensuite je vous livre la version 20 donc avec vin : « C’est l’histoire d’un taulier facile, genre dragueur de bio gaies, au cœur de braise, toujours en quête de belles quilles, « rousinant » un samedi matin du côté de Montreuil-sous-Bois en un palais des Congrès emplis de vignerons&vigneronnes, qui commence son sacerdoce en se posant face à la petite table d’Isabelle et de Jo Pithon link où trônaient quelques belles bouteilles. Bel accueil, simple et chaleureux, une belle entame donc. Ce fut d’abord Mozaïk un Anjou 2010 fait à partir de l’assemblage de raisins venant des Coteaux de la Loire, du Cœur du Layon et du Saumurois. Moitié schistes et moitié calcaire. Barriques de 2 à 5ans et cuve tronconique bois. Un vin estampillée « bouteille à voile » marque de l’activité de négociant-éleveur de la maison Pithon-Paillé. Attaquer sa journée avec une telle belle fraîcheur, simple, au charme acidulé équivaut pour le taulier à un remake de la version 120.

grololo-008.JPG Venait ensuite, l’Anjou La Fresnaye 2010, issu d’une parcelle du domaine à St Aubin de Luigné, terroir de graviers et de galets. Belle et puissante complexité, en amour se contenter des choses simples c’est passer côté de ce qui fait le suc d’une ardente rencontre. Comme d’ordinaire le Taulier papotait gaiement lorsqu’il tomba en arrêt face à une photo des Grololo. Normal, me direz-vous, c’est inscrit dans son ADN. De suite il décréta « Je les veux ! » Jo répondit « Pas de Grololo ! » Berthomeau ne se le tenait pas pour dit « Où puis-je me saisir des Grololo ? » Réponse de Jo « Chez Paco ! » En écho Bertomo « Paco d’Ivry ? » Réponse « Oui ! ». Emballé c’est pesé le Taulier quittait Isabelle et Jo le cœur léger.

 AnjouFresBl2010-14e94.jpg

Paco fait partie de la confrérie rapprochée de mes lecteurs qui souvent lève le pouce sur Face de Bouc pour dire « J’aime ». Ivry-sur-Seine fait face au XIIIe qui est voisin de mon XIVe (St Jacques-Glaciaire). N’y tenant plus, dès que j’ai pu, je me suis embarqué dans le premier métro en partance, direction Mairie d’Ivry, terminus, puis quelques pas rue Marat et sur le pas de sa porte : Paco. Poignée de mains : « Jacques ! » « Paco ! » Je suis déjà à l’intérieur de la cave pour mettre la main sur les « Grololo » Rien ! J’angoisse ! Mon estomac se noue. Mon cœur bat la chamade. J’ose la question à Paco « où sont tes Grololo ? » À peine surpris Paco me répondit « Plus de Grololo ! » Au bord de la défaillance en l’absence de ce vin de France le Taulier fut saisi d’un immense sentiment de manque : frustration violente, intolérable, insupportable, proche de la castration.

 

Paco face à une telle désolation a ouvert au chroniqueur dépité « le petit journal de Rapatel », l’a même carafé s’il vous plaît, la température est montée : 15° bien tassés, le Taulier s’en est trouvé rasséréné. Il a rempli son panier de quelques boutanches susceptibles de figurer à la Une de son  espace de liberté. Paco, bon prince, a glissé au milieu d’elles «un « tombé du ciel » de Rivaton puis a entrepris de mettre en boîte le dit Taulier. Pas simple, même si certains l’accusent d’être un chouïa poseur, le chroniqueur n’est pas chaud pour prendre la pause. Mais comme Paco est vraiment un garçon avenant et vraiment très sympathique – pendant tout le temps que j’ai baguenaudé dans sa boutique j’ai pu constater que la simplicité, la convivialité, servait d’enseigne à sa maison – le Taulier s’est fendu d’un sourire qui en disait plus long qu’un long discours.

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Je suis donc rentré à Paris sans mes « Grololo » chéris mais avec le grand plaisir d’avoir croisé un caviste comme je les aime. Merci Paco, ta maison est une bonne maison, y’a que du bon à commencer par le patron. ICI  link. Enfin, afin d’éviter des frustrations chez les amateurs de « Grololo » je signale qu’il s’agit d’un vin maintenant IGP du Val de Loire issu du cépage Groslot. Comme l’écrivent Isabelle et Jo Pithon-Paillé « un vin de copains, un vin de bistrot, un vin  de soif… » Tout ce qu’il faut pour plaire à Berthomeau qui n’a plus qu’à attendre le prochain millésime pour étancher sa soif de Grololo

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 00:09

J’ai rarement vu l’enseigne d’un débit de boissons afficher : bistrot de la Mairie ou des Tilleuls ou du Départ… comme l’écrit Robert Giraud, grand expert en cette matière, « hors dans les livres, il y a des mots qu’on ne lit jamais, bien que tout un chacun les emploie d’une façon régulière. Sous le néon et les ampoules électriques de certaines vitrines et devantures « Bistrot » n’apparaît pas remplacé par bon nombre d’appellations contrôlées qui toutes le désignent. » Le plus souvent pour le populo c’est le café, avec un petit frère plus fermé, parfois louche ou chic : le bar, qui lui désigne le comptoir lui-même appelé le zinc


C’est pour cela  que ce matin je propose à votre lecture des Gravures sur le Zinc de Jacques Prévert

Ronald-Searle-052.JPGOù les ai-je trouvées ? En chinant à la Foire Nationale à la brocante et aux jambons de Chatou.

Ronald-Searle-053.JPGChineur de livres je suis, un vrai,  pas un collectionneur de vieilles reliures, d’éditions rares, coûteuses - un livre en exposition est un gisant, mort, couvert de poussière –mais un dénicheur de petites merveilles, un jouisseur qui cherche sans ne rien chercher, dont l’œil vagabonde, fouille, baguenaudant, tombant en arrêt, dont la main se pose avec vivacité sur la couverture convoitée. Dimanche, à Chatou, sous un peu de soleil, elle était lie de vin la couverture et elle affichait sobrement Le POINT Revue Artistique et Littéraire BISTROTS

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Ce qui m’a frappé de suite c’est qu’au bas de la couverture était indiqué l’origine de cette revue Souillac (Lot) Mulhouse 55 rue Daguerre. La province donc, étonnant une revue artistique et littéraire originaire du terroir profond, une exception française, surtout en 1960 date de ce numéro 57 qui sera malheureusement l’antépénultième du Point fondé en 1936 par Pierre Betz avec son ami Pierre Braun, éditeur d’art et imprimeur à Mulhouse, afin de montrer que la province peut aussi être une terre d’art. Belle tentative de décentralisation artistique et littéraire qui voulait « rapprocher les hommes » à travers la culture...

                 Gravures sur le zinc

Au Diable Vert rue saint Merry, une clochard devant son premier verre en confidence lui dit : - Place toi là pour voir le défilé !

Mais sur le miroir du comptoir un petit écriteau ravive la mémoire de ce client trop empressé :

                            Surtout n’oubliez pas de payer

                                même

                          si vous buvez pour oublier.

Ailleurs dans la ville, sur la grisaille des murs, le socle des statues, les tables des cafés, le plâtre des WC d’autres sentences sont gravées ou titubantes dans les rues à haute voix proférées :

Mon lit c’est le ruisseau

mon trottoir l’oreiller

le flic c’est mon cauchemar

le vin mon rêve doré.          Debout les ivre-morts

                                  révérend-père Ricard

                                 le dernier verre du condamné

                                            beaucoup

                                   l’ont bu dans les tranchées.

                                         Tu m’as quitté

                                                      Beauté

                                                  A m’en rendre

                                                  malade

                                                 je bois à

                                                    ta santé

Buvez ceci est mon eau

signé Saint Galmier 

         quand

le chameau                                           

entre

       le bistrot est désert

L’alcool tue mais pas n’importe qui

Plus le verre est épais

plus le vin est cher et mauvais         

 

 Que de grands verres

 on pourrait remplir avec les

                         petits verres que les larmes ont fait verser

le mauvais buveur

vit sous l’Empire de la Boisson

le bon

dans sa révolution

     Méfiez-vous du Brandy corse

                 Buvez du rouge

            jamais de fine Napoléon

Bacchus ne disait pas que c’était

          son sang

il avait horreur des Appellations

                            Contrôlées

J.C chassa les marchands de

vin du Temple

Son père n’aimait pas la concurrence.

….. et tant d’autres encore choses lues

Et retenues, entendues racontées.

                      Jacques Prévert

 

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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 00:09

 

 

Zazie-027.JPG

Le Parc des Buttes Chaumont à la nuit tombée, son île artificielle en contre-bas, son pont suspendu, sa folie en forme de temple gréco-romain, inspirée du Temple de la Sybille de Tivoli,  juchée sur un promontoire qui domine tout le Parc, les lumières de la ville à la lisière, l’air est frais mais doux, des gens courent sur le bitume – à Paris dans les parcs c’est la ronde des rats des villes brûlant leurs calories et leur stress –, c’est presque le silence sous un ciel pur, nous sommes au printemps, mon imagination vagabonde alors que je progresse vers le pavillon du Lac, Villa Triste à la Modiano. La nuit tout paraît possible, les lignes se floutent, l’arrière-fond se dissout, et de cette matrice surgissent des ludions, des elfes, des esprits de la nuit accrochés à des souvenirs. Mes peurs d’enfant, les grands peupliers dans la nuit, des géants qui tout au fond de ce pré bas me toisaient tels des lanciers d’une armée des ombres ; c’était le soir que parfois la frayeur me nouait les tripes, je prenais mes jambes à mou cou et je courrais à perdre haleine ; le matin, avant que le jour ne se lève, que l’aurore fasse pâlir le bout de la nuit, je les affrontais vaillamment sans doute parce que j’étais heureux de vivre un nouveau jour.

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Là, en cette soirée doucement printanière, mon cœur est à Toulouse, je n’ai pas l’âme légère et mon imaginaire se fracasse sur la dureté et l’ignominie. Annie m’a dit « viens y’aura Zazie… » et elle a ajouté « elle vient, comme ça, pour les vignerons, pas pour du pognon… » Alors, vous me connaissez, j’ai consenti à monter jusque dans le XIXe en métro, station Laumière pour aller voir le BB de Berticot et, bien sûr Zazie, pas celle du métro, mais une grand belle fille qui chante dans un micro. Avec Zazie je n’avais jusqu’ici que deux points communs : dans le léger le de Varenne, moi c’est comme vous le savez le 78 dans le VIIe tout près de la cantine de Passard ; dans le sérieux un combat qui lui tient à cœur, celui qu'elle mène contre le sida au sein de Sol En Si. À l'origine, une blessure intime : « J'ai perdu un ami d'enfance, Rémi Laurent, au début des années sida. J'ai vu l'état terrible dans lequel il a fini sa vie. Cela m'a traumatisée. C'est une des raisons pour lesquelles je me suis engagée dans Solidarité enfants sida. Et je m'y suis d'autant plus investie en devenant mère » Chez nous ce fut la mort d'un frère chéri qui motiva l’engagement d’Elisa à Aides.

Zazie-017.JPGBien sûr j’étais venu pour Berticot qui sonnait à mon oreille un peu comme en attendant Godot car je ne savais pas trop ce qu’était ce Berticot de Duras. Ben oui, le Berthomeau connaissait pas le Berticot qui, renseignement pris auprès d’Annie, se révélait être la marque de la coopérative de Berticot fondée par une poignée d’hommes en 1965. Pour plus de détails vous allez sur www.berticot.com. Les Côtes de Duras, pour autant, ne m’étaient pas inconnues puisque j’avais commis une chronique le 9 juillet 2008 Le bœuf de Bazas et le vin de Duras link Depuis cette date beaucoup d’eau est passée sous les ponts du Dropt et comme je vous l’ai avoué j’étais sec sur Berticot. Mais comme je suis un bon zig je capte vite et je sais maintenant que le « B.B » de Berticot sonne depuis 2009 avec Bio. Préserver l’environnement, faire des raisins dans des conditions optimales, la démarche a débuté en 2008 par l’intérêt de 3 producteurs pour le bio et qui se lancent sur 36 ha de leur vignoble. La première récolte certifiée AB sera donc 2011. Mais le mouvement ne s’arrête pas en si bon chemin, avant la vendange 2009 6 nouveaux producteurs rejoignent les pionniers portant la surface à 104 ha. Enfin, 8 nouveaux producteurs se sont ajoutés, dont 3 en AOP Bordeaux. Donc au premier septembre 2011 : 234,90 ha en bio dot 168 en Côtes de Duras.

Zazie-005.JPGLe Président de Berticot Jean-François Bruère monte sur une chaise pour nous faire le petit speech d’usage et nous dire quelques sur l’engagement de Zazie aux côtés de Berticot. Le hasard d’une séance de photos pour son dernier album « 7 » dans la région de Duras. Elle tombe amoureuse du sauvignon blanc, « bluffée ! »  dit-elle et c’est un aussi un coup de cœur pour l’équipe de Berticot qui propose des vins « qui ne se la pète pas, qui sont accessibles  et bons… le comble de l’élégance… » souligne Zazie. Vous me connaissez, je suis timide avec les jolies femmes alors je n’ai pas osé lui dire qu'hier au soir « nous rêvions tous d’être des sauvignons blancs… ». Je me suis contenté de faire des photos puis d’apprécier, verre à la main, comme elle, la fraîcheur, la vivacité, la densité, de ce sauvignon « BB de Berticot » Bravo Berticot ! Et moi, sur le retour, dans un parc des Buttes Chaumont sans âme qui vive, je pouvais me dire « sous les pavés la plage… et commencer à chroniquer dans ma tête de Taulier.

Zazie-012.JPGC’est fait et rien que pour le plaisir je vous offre du Zazie… Merci Zazie… Pour Annie, afin que les paroles pleines de sagesse du taulier l’accompagne, un duo Zazie&Thiefaine. Si après ça elle décoconne en mai à quoi bon que le taulier se décarcasse…

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 08:00

La-Chapelle-003.JPGImaginez les rats des villes sans gaz, sans électricité, sans fioul, sans cheminée, sans charbon de bois pour leur barbecue, plus rien à brûler pour cuire leurs aliments… Ravage de René Barjavel 1943 chez Denoël  « Tout cela [...] est notre faute. Les hommes ont libéré les forces terribles que la nature tenait enfermées avec précaution. Ils ont cru s'en rendre maîtres. Ils ont nommé cela le Progrès. C'est un progrès accéléré vers la mort. Ils emploient pendant quelque temps ces forces pour construire, puis un beau jour, parce que les hommes sont des hommes, c'est-à-dire des êtres chez qui le mal domine le bien, parce que le progrès moral de ces hommes est loin d'avoir été aussi rapide que le progrès de leur science, ils tournent celle-ci vers la destruction. »


Tout est si facile pour nous tous : tourner le bouton, programmer le four, le commander depuis son IPhone… Les 4 i trépignent à la moindre rupture du faisceau ! Là, rideau, plus de lumière, plus de chauffage, plus de quoi recharger la batterie de son Ipad, Internet ne répond plus, nous voilà nus et « déjà des meutes de citoyens affamés commencent à attaquer les animaux au couteau. C'est la loi de la jungle qui s'empare de la cité… » Je décoconne me direz-vous ? Pas si sûr, nos grands systèmes intégrés peuvent s’effondrer tels des châteaux de cartes… et alors, n’en déplaise à mon cher lecteur Olivier Legrand, plus d’amis, plus de voisins, plus de collègues, c’est l’exode avec son lot de monstruosités… et sans doute aussi de beaux gestes isolés.


Revenons au feu, à la cuisson de nos aliments : hasard, accident, on ignore comment nos ancêtres ont pu découvrir que le cuit pouvait avoir de meilleur que le cru pour certains aliments issus de la cueillette, de la chasse, sans doute pour les viandes mastication plus aisée, digestion facilitée, goût plus agréable.


Quand l’homme a-t-il maîtrisé le feu ?

 

« Pour l’heure, la seule preuve acceptable de la domestication du feu est la découverte de véritables foyers aménagés. Alors que les premiers outils en pierre remontent à 2,5 millions d’années, les plus anciennes structures de combustion datent d’environ 450 000 ans. La grotte de Menez-Dregan, dans le Finistère, a livré plusieurs foyers dont le plus ancien remonterait à cette époque. Dans le gisement de Terra Amata (Alpes-Maritimes), plusieurs foyers (datés de 380 000 ans) étaient aménagés dans de petites fosses ou sur des dallages de galets. A partir de 350 000 ans, les traces de domestication du feu sont de plus en plus probantes et nombreuses. Par la suite, la fréquence des foyers augmente encore nettement, à tel point que, dans les habitats bien conservés, c’est leur absence qui paraît étonnante… »


La maîtrise du feu est importante dans l'évolution humaine car c'est l'une des premières preuves de notre humanité. En effet, l'homme est le seul animal qui a non seulement domestiqué le feu, mais qui a aussi été capable de le reproduire à volonté.


« Aux environs de 400 000 ans, avec l’apparition des premiers foyers aménagés, se développe vraisemblablement autour du feu une vie sociale plus organisée. Le feu a été un formidable moteur d’hominisation. Il éclaire et prolonge le jour aux dépens de la nuit ; il a permis à l’homme de pénétrer dans les cavernes. Il réchauffe et allonge l’été aux dépens de l’hiver ; il a permis à l’homme d’envahir les zones tempérées froides de la planète. Il permet de cuire la nourriture et, en conséquence, de faire reculer les parasitoses. Il améliore la fabrication des outils en permettant de durcir au feu la pointe des épieux. Mais c’est surtout un facteur de convivialité ». Henry de Lumley 2004.

 

Comment faire du feu ?

Seuls deux moyens simples ont été recensés pour allumer un feu...

 

La percussion

« Trois éléments sont nécessaires pour allumer un feu par percussion : du silex, un minerai de fer (de la pyrite ou de la marcassite) et un initiateur (un végétal ou un champignon). La percussion du silex sur le minerai de fer (comme avec un briquet) éjecte des étincelles sur l'initiateur et durent pendant 2 secondes. C'est un temps suffisant pour provoquer des braises qui seront  ensuite entretenues avec des herbes sèches.

 

La friction

« Cette méthode ne nécessite que deux morceaux de bois. Le frottement de l'un sur l'autre génère un tas de sciure échauffé. Ce "nid" de chaleur va générer quelques braises... qui permettront d'allumer des brindilles sèches... »

Bien sûr, rien ne vaut du bois mort et le choix des espèces de bois compte beaucoup selon que l’on souhaite un feu vif ou une combustion lente.

La-Chapelle-002.JPG

Tout ça pour en arriver aux 4 modes de cuisson de nos aliments :

1-      Dans l’eau qui bout ;

2-     Dans la graisse qui fume, l’huile bouillante ou le beurre qui grésille ;

3-     Devant le feu ou dans une enceinte close chauffée mais sèche : la grillade et le rôti ;

4-      Dans une marmite close : cuisson à l’étouffée.

Dans une cheminée on peut aussi cuire sous la cendre : pommes de terre, châtaignes ou truffes…

 

Pour la viande la cuisson à l’eau qui boue c’est : le bœuf à la ficelle !

Du côté de la friture je penche pour celle d’éperlans !

La grillade c’est soit des sardines sablaises ou des côtelettes d’agneau de pré-salé !

Pour le four ce sera le poulet du dimanche cuit à la broche !

Et pour la cuisson à l’étouffée : de la joue de porc !

 

Tout ce feu m’a donné soif je vais m’ouvrir de quoi l’étancher…

 

Les photos sont celles de la cheminée et de la cuisine de mon château au temps où j'étais châtelain dans les bois... les peintures sont de ma main...

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 00:09

Myriam-8136.JPGToutes les victimes sont innocentes, mais l’innocence est l’apanage des enfants et, hier à Toulouse, comme partout ailleurs dans le monde où la folie meurtrière des hommes se déchaîne, c’est du blé en herbe qu’une main a sauvagement coupé, devant leur école, lieu de paix, de transmission. C’est un sanctuaire violé. Les enfants de Toulouse sont nos enfants, mes enfants, la prunelle de mes yeux, la chair de ma chair, je les pleure, je m’incline face à la douleur des leurs et je me tais respectueusement.


Je poste des vieilles photos images de l’innocence et de la joie de vivre, et pour eux un très beau poème de René Char : Cet amour à tous retirés, que leurs yeux à jamais fermés ne découvriront jamais…

 

Sur la terre de la veille

La foudre était pure au ruisseau,

La vigne sustentait l’abeille,

L’épaule levait le fardeau.

 

Les routes flânaient, leur poussière

Avec les oiseaux s’envolaient,

Les pierres s’ajoutaient aux pierres,

Des mains utiles les aimaient.

 

Du moins à chaque heure souffrante

Un écho devait répéter

Pour la solitude ignorante

Un grêle devoir d’amitié.

 

La violence était magique,

L’homme quelquefois mourrait,

Mais à l’instant de l’agonie,

Un trait d’ambre scellait ses yeux.

 

Les regrets, les basses portes

Ne sont que des inductions

Pour incliner nos illusions

Et rafraîchir nos peaux mortes.

 

Ah ! crions au vent qui nous porte

Que c’est nous qui le soulevons.

Sur la terre de tant d’efforts,

L’avantage au vaillant mensonge

Est la franche consolation.

Myriam-8135.JPGMyriam-8131.JPG

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 00:09

Samedi et dimanche matin j’ai fait dans le bio, vigneron à Montreuil-sous-Bois, et généraliste au parc floral de Vincennes. C’est le lot d’un chroniqueur que de crapahuter dans les allées pour emplir sa boîte à malices. Première remarque d’importance : Montreuil s’est gagnée une clientèle, on voit des clients repartir avec leur diable chargé de caisses. Du côté de Vincennes ça me semble l’inverse, alors qu’il y a quelques années du côté des vignerons ça dépotait, je n’ai guère vu dans les allées de Vivre Autrement de trafic de caisses de vins. J’en ignore la raison mais ce que j’ai remarqué c’est qu’à Montreuil les vignerons présents, des habitués pour la plupart, sont rompus à la vente alors qu’à Vincennes, où le coût du stand doit être très élevé, le turn-over des vignerons est plus important, ce qui fait que beaucoup débarquent pour la première fois et sont sans doute intimidés.


Pas facile de faire le commerce du vin dans l’univers de Vivre Autrement où se côtoient des clientèles très diverses : des militants écolos de la plus pure ou parfois pire espèce jusqu’à monsieur et madame tout le monde qui cherchent à bouffer convenable en passant par les j’ai peur de tout de tous âges et de toutes conditions. À Montreuil la chose est plus aisée, la clientèle est plus homogène et sans aucun doute plus conviviale. Ce qui m‘a frappé à Vincennes, hormis les vieux routiers aguerris de château le Puy et de château Cajus, c’est la tristesse des vignerons présents, ils ne donnent pas envie. Ils attendent le chaland avec une certaine hantise et un peu de découragement. Bien sûr, ce ne sont que des impressions mais je n’ai pas retrouvé la dynamique d’il y a quelques années. Sans vouloir être pessimiste je crois que les acheteurs de vins dits bio trouvent de plus en plus leur bonheur ailleurs. Ce que je viens d’écrire n’est en rien contradictoire avec ce qui se passe à Montreuil, vrai marché aux vins qui a trouvé son public, avec un groupe de vignerons de qualité qui a fidélisé une clientèle.


Mon titre se voulait volontairement réducteur et provocateur parce que le vin est un produit qui  se prête mal aux bonnets de nuit, un chouïa de convivialité ne peut nuire à un bon commerce et le seul label bio ne suffit plus à attirer le chaland car là, comme ailleurs, la concurrence s’exacerbe. Les vins dit bios, ils vont l’être tout court bientôt, sont de plus en plus accessibles dans toutes les formes de commerces : la GD comme dans les magasins bio spécialisés alors il ne faudra pas s’étonner si certains évènements ne sont plus adaptés à la vente des vins de cette catégorie. La remarque s’applique d’ailleurs à tous les vins : quand on voit dans certaines brocantes des stands de vins on a comme le sentiment que ce ne sont pas forcément les meilleurs. Dimanche dernier à Chatou le stand d’un vigneron de Bourgogne avait quelque chose de pathétique : il se croyait à la foire du Trône alors que la clientèle était très classe moyenne à la recherche d’un guéridon année 30 ou d’un petit tableau à placer dans le salon.


Pour clore cette chronique un peu douce-amère, où pointe un soupçon de nostalgie des temps héroïques de Montreuil, je pourrais plaisanter sur la taille de sénateur de mon ami Patrick Baudouin ou vanner un éminent salarié de la CNAOC qui se dévergonde avec les bouffons, mais je préfère mettre en valeur deux très beaux sourires de vigneronnes : le vif et rieur de Virginie Maignien et le pétillant et enjôleur d’Isabelle Perraud.

 

Et maintenant photos de quelques stars prises sur les marches du Palais des Congrès, elles ont de l'avenir et vous les retrouverez dans de futures chroniques d'un Taulier revigoré...  

 Ronald Searle 056

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 Ronald Searle 061 

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 00:09

Il en est des étiquettes comme de l’étiquette : les temps changent. Certains joyeux drilles n’hésitent plus à transgresser, à laisser leur imagination vagabonder, à sortir des sentiers battus. Le résultat n’est pas toujours à la hauteur des ambitions affichées mais ça met de la couleur et de l’ambiance dans les présentoirs où trônent les classiques qui bichonnent leurs codes, la grille du château, le mas typique… et les horreurs de la guerre qu’aiment tant les pépères qui se tapent encore des chopines. Tous les goûts sont dans la nature et je me garderais bien d’imposer les miens.

 

Dans mes pérégrinations de quartier, lorsque j’ai posé mon fier destrier face à l’éloge du vin, bouteille vide en main (à système en attendant les vis de Luc Charlier via son capitaine de barque Denis Boireau descendeur patenté de Coume Majou), et que je l’eus fait emplir, bien évidemment je furetais dans les bouteilles de vins bouchés. En des caisses de bois, posées à même le sol, gisaient des quilles à petit prix. J’aime ça les prix disons abordables. Que choisir ? Mes critères sont aussi flottants que les monnaies en temps de crise. J’optai pour un choix sentimental dont je vous reparlerai dans une prochaine chronique puis pour un achat à l’étiquette.  l'éloge du vin 015

Un achat à l’étiquette n’a strictement rien à voir avec la notion de buveur d’étiquettes car lorsque mon choix se porte sur une étiquette c’est que je n’ai pas la queue d’une idée de qui est le vigneron. C’est donc un achat à l’aveugle qui n’a rien à voir avec la dégustation à l’aveugle. Donc, lorsque mon regard encore plein d’acuité, en dépit de ses lunettes de presbyte, tombe sur une étiquette qui annonce PROduit pour un Irréductible assoiffé de liBerté mon sang de soixante-huitard non révisé, tendance « sous les pavés la plage », ne fait qu’un tour et j’achète ! C’est 5€.

 

Sur la contre-étiquette le vin est signé : la sélection de Raphaël Pommier qui écrit que cette cuvée « est le fruit d’un travail honnête, réalisé avec passion par d’authentiques vignerons, épris d’une saine liberté de créer et refusant de cultiver la pensée unique visant à contrôler le goût des autres ». C’est donc à priori un vin de négoce du  dit Raphaël Pommier, c’est le pluriel de vigneron qui me fait écrire cela, embouteillé par A.Boisselet à F.84700, soit Sorgues dans le Vaucluse, domicilié à F.84230 soit Châteauneuf-du-Pape (d’où le recours aux codes postaux pour ne pas « enduire » les consommateurs en erreur) C’est un Vin de France de 13% vol. qui contient des sulfites.

 

Qui est donc ce Raphaël Pommier ?

 

Je surfe sur le net pour découvrir qu’il est sis au  domaine Notre Dame de Cousignac  en situé en Ardèche Provençale, à quelques encablures du Rhône et des magnifiques Gorges de l'Ardèche. Je lis que chez les Pommier, cela fait sept générations que l'on cultive la vigne et que l'on fait du vin. Raphaël Pommier est  Récoltant et propriétaire d'une cave particulière à Bourg Saint Andéol ou il produit des Vins de Pays des coteaux de l'Ardèche et « quelques Vins de table pour les rebelles initiés » (sic). Le vignoble de 25 ha est cultivé sans engrais ni insecticide depuis bientôt trente ans et les vendanges sont toujours manuelles.

 

Raphael Pommier

Notre Dame de Cousignac

 07700 Bourg Saint Andéol

 www.notre-dame-de-cousigna​c.com

 

Le PRO I B est assemblage de Grenache (50%), de Syrah (40 %) et de Counoise (10 %)

Voilà donc qui se cache, façon de parler, car le vin est signé – il faut tout de même faire sa petite enquête. Ce n’est pas un reproche qui s’adresse à Raphaël Pommier mais aux subtilités de notre étiquetage qui, sous le prétexte louable de protéger le consommateur l’embrouille – il ne me reste plus qu’à consommer.

 

Ce que je viens de faire à midi en déjeunant au soleil sur ma terrasse tout en m’occupant de mes vaches au téléphone. Je signale que le message sur mon répondeur en surprend quelques-uns telle l’assistante d’un avocat d’affaires parisien (c’est pour mes vaches) qui m’a pris pour un riche propriétaire de GCC puisqu’elle m’a dit alors que nous discutions du jour du rendez-vous : « comme vous êtes en province… » Je l’ai détrompé en lui répondant que « certes j’étais propriétaire d’un part de GFA dans l’Hérault… » Bref, j’ai descendu un verre de ce « prohibé » épris de liberté. Ça se laisse boire, agréable, fruité rhodanien, un de ces vins qui plairait bien à notre ami le forgeron de Dana.  Je file vers mon bureau rue de Vaugirard pour faire du débauchage dans le Gers cher à mon ami André Dubosc. Villecomtal-sur-Arros c’est au sud de Saint-Mont tout près des Hautes-Pyrénées et d’un patelin dénommé Maubourguet qui est le fief d’un ancien locataire du 78 rue de Varenne.  

l-eloge-du-vin-013.JPG

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 00:09

Dans ma Vendée natale, l’art d’accommoder les restes du cochon s’illustre avec la fressure. C’est très beurk comme frichti, pas très ragoutant à voir faire c’est sûr et, c’est pire encore, lorsque la fressure chaude arrive sur la table dans un tarrasson. Sans vouloir vous asirer, vous dégouter quoi, ça a un petit côté marronnasse qui peut évoquer des matières moins goûteuses. Et pourtant, pour en avoir mangé lorsqu’on cuisinait le goret au Bourg-Pailler, c’est bon. Bien sûr ça tient au corps, ce n’est pas de la cuisine raffinée pour chef étoilé mais du fricot pour paysan.  rando-de-la-fressure-2008-006.jpg

Dans la fressure y’a de la tête de cochon, des abats de cochon : poumons, foie, rate, cœur, couenne… dans mon souvenir : tout ce qui restait après avoir cuisiné le goret. Mais, comme dans le boudin, y’a du sang de cochon et c’est là que je veux en venir : au sang. Dans ma jeunesse, le sang, celui que je voyais le plus souvent épandre, était celui des volailles et des lapins. Dans sa préface au petit opus Le Sang aux éditions de l’Epure, Francis Ricard, un toulousain, écrit « Mon arrière-grand-mère portait toujours un tablier sombre. Elle étouffait les pintades. Elle les pendait à une poignée de porte ou elles s’étranglaient dans un battement d’ailes. Elle étouffait les pigeons, un dans chacune de ses mains paysannes. Mais elle saignait les poulets et les lapins. Le sang coulait, généreux, puis finissait par goutter dans l’assiette en fer ; toujours la même. J’observais les bulles qui se formaient et l’irisation de ce liquide noirâtre. Je supposais qu’il était chaud mais j’ai toujours répugné à y tremper un doigt. »

 

Chez moi  c’est la mémé Marie qui tuait, on disait bien tuer, les volailles et les lapins. Elle le faisait simplement, normalement, car pour manger le poulet ou le lapin il fallait bien le tuer. J’ai donc vu couler leur sang dans une petite assiette en fer et je n’ai jamais trouvé cela sanguinaire. C’était la vie, le cycle normal de la prédation alimentaire. La mise à mort du cochon était une affaire d’hommes et beaucoup plus spectaculaire car l’animal braillait et se débattait lorsqu’on le conduisait au sacrifice. Mais là aussi aucune barbarie, aucune méchanceté, on se contentait de tuer le goret au petit matin. Pour les poulets comme pour le goret il y avait après le sacrifice les odeurs du grill et je n’ai jamais aimé ce parfum de crématoire. De nos jours tout cela est externalisé, dérobé à nos yeux, caché, occulté, confié à des professionnels, l’animal apparaît sous sa forme hygiénique sans aucune trace de sa mise à mort. Ainsi le vrai sang disparaît de notre quotidien pour laisser la place au sang humain virtuel qui éclabousse les jeux de nos enfants ou les écrans de télé et de cinéma. Tuer des animaux est un signe de notre barbarie alors que la mort donnée par les armes modernes ou même les plus sommaires fait partie d’une forme ultime du fait divers ou de la guerre lointaine. L’émotion est là, fugace, répétitive, brève. Comme nous n’assumons plus la réalité, il faut tout aseptiser afin que nous puission supporter les images.

 

Trouver de la fressure chez un charcutier parisien relèverait du même challenge que de se procurer un camembert au lait cru à Little Rock en Arkansas et je pense que, même en Vendée, ce doit être bien difficile d’en trouver. Si vous en dégotez elle se présentera dans un état solide. Réchauffée, elle se délitera, prendra l’apparence d’une «soupe» épaisse rouge tirant sur le noir. Je n’ai donc pas consommé de la fressure depuis mes années vendéennes. Ce que j’aimais, bien plus que la mixture, c’était la préparation qui mobilisait presque toute une journée. D’abord le grand chaudron où dans de l’eau on plongeait la tête du cochon, on ajoutait les épices, les carottes coupées en grosses rondelles, les oignons piqués de clous de girofle, le cœur mais pas les autres abats qui eux seront rajoutés sur la fin. Sous le chaudron un bon feu de bois portait le bouillon à ébullition. Puis, on  se contentait de la braise pour cuire le tout à feu doux, en remuant de temps en temps, pendant au moins trois heures et quand la viande commence à se détacher des os on ajoutait les abats coupés en gros morceaux. Tout ça mijotait encore une heure puis on récupérait avec une grande écumoire le solide et il fallait, sur une toile cirée, séparer les os et le cartilage de la viande. Du temps, toujours du temps, et quand le tri était terminé on hachait le tout : viande, abats, oignons, légumes.

 

Venait alors l’adjonction du sang, louche à louche, dans le hachis qui a été replacé dans le chaudron. C’est là qu’intervenait le « bâton à fressure » avec lequel on touillait la préparation pendant qu’elle prenait corps pour qu’elle ne prenne pas au fond. Attention, il ne fallait pas que ça bout sinon le sang aurait coagulé. Je ne sais plus mais je crois qu’on rajoutait des tranches de pain de quatre livres rassis. Tout ça durait une bonne heure. Alors la fressure était prête. On la laissait reposer pour ne la consommer que le lendemain réchauffée.

Je vous propose une vidéo sur la Fête de la fressure à Saint Georges de Montaigu dans le haut-bocage vendéen C’était en 1992. Vous y remarquerez, dans une atmosphère de cuisine du diable pleine de vapeurs infernales, que ce sont les hommes qui sont aux manettes, qu’ils ont une bonne descente. Ce qui me fait une très bonne transition avec le Gros Plant qui, en Vendée, s’étend sur 4 communes : Cugand, Rocheservière, Saint-Étienne-du-Bois et Saint-Philbert-de-Bouaine qui n’est séparé de Saint Georges de Montaigu que par Vieillevigne où je crois, il n’y a pas de vignes.

 

EARL VIGNOBLE EPIARD

DSC00330_2_1_2327266468.JPG 

LA PIERRE BLANCHE

85660 ST PHILBERT DE BOUAINE

Téléphone(s) : 0251419342

Adresse email : vignoble-epiard@orange  

 

GROS PLANT SUR LIE :

Millésime 2011 : Médaille d’Argent au Concours Général de Paris

Millésime 2010 : 1ere médaille d’Or au Concours des Vins de Nantes.

Millésime 2009 : Médaille de BRONZE au Concours Des Vignerons Indépendants (macaron sur la bouteille)

Millésime 2008 : Médaille d’argent au Grand Concours Général de Paris.

Millésime 2008 : sélection dans le Guide Hachette.

Enfin, je ne puis m’empêcher en évoquant ce bout de Vendée d’avoir une pensée pour Gaston Chaissac qui y a habité de nombreuses années «  Je suis  le cordonnier de Boulogne-en-Vendée qui peint avec sa vis inutile de sa forme à  forcer qui poussiéreuse be sert à rien. Eh bien elle a servi quand même pour une fois. A Boulogne-en-Vendée au bord de la Boulogne qui est la Volga du lac de Grandlieu on se permet d’avoir un cordonnier in-partibus et les outils poussiéreux de ce cordonnier-là reposent.


Fête de la fressure 1992 par comitedespalauds

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