Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 00:00

9788889421734.jpg

Comprenne qui voudra ! Ceux qui me connaissent bien, eux, me comprendront. Qu’écrire ce matin ? Le mieux serait sans doute : rien ! Mais, comme la page blanche pourrait prêter à confusion sur la nature de mes sentiments j’ai décidé de vous proposer ce dialogue entre Georges Mandel et Léon Blum.

 

-         Blum. – Il m’est arrivé souvent, comme à l’instant de me demander si au fond vous n’aimiez pas plus, dans l’action, la joie du mouvement plutôt que l’accomplissement du but.

 

-         Mandel. – Confidence pour confidence, je me suis souvent demandé, de mon côté, si vous aimiez assez le pouvoir pour avoir une chance sérieuse d’atteindre vos objectifs.

 

-         Blum. – Ne confondez pas le recul instinctif devant les responsabilités et le refus de les assumer. Ne pas douter de ses forces, au moins un instant, quelle forfanterie !

 

-         Mandel. – Je me souviens de votre propos, en 36, devant vos camarades socialistes, au moment où vous deveniez chef du gouvernement : « Je ne vous dirai pas : repoussez de moi ce calice… »

 

-         Blum. – Vous voyez bien !

 

-         Mandel. – J’ai trouvé que c’était une étrange dénégation, tout de même… La chance d’agir était enfin à portée de main et vous fallait vous défendre contre le risque qu’on croie que vous n’en étiez pas heureux…

 

-         Blum. – Heureux ! Mais bien sûr que le bonheur n’était pas là ! À peine quelque chose comme une satisfaction angoissée. J’aurai jugé d’ailleurs, au fond, que l’allégresse aurait été plus qu’incongrue : malvenue, inquiétante, en somme condamnable.

 

-         Mandel. – Vous voyez, je n’imagine pas sans sourire Clémenceau parler de « calice » à propos du pouvoir offert. En 1906, quand il a été ministre de l’Intérieur puis Président du Conseil, c’était une revanche. En 1917, un effrayant devoir. Chaque fois, un élan vital.

 

-         Blum. – Cette énergie-là est bien plus proche du cynisme… C’est dangereux.

 

-         Mandel. – Pas plus que lui je ne suis cynique. Je suis réaliste. Le réalisme n’est odieux que s’il ne sert pas l’intérêt général. Quand le réalisme s’efface, les paroles sont creuses et les efforts sont vains.

 

-         Blum, songeur. – Le réalisme, voilà un ami familier. Un ennemi aussi. Je le connais bien. Je lui ai beaucoup consenti, dans ma vie. Mais je m’en suis méfié, aussi. Ses serviteurs manquent d’audace. Leur respiration est courte. Jaurès disait…

 

Qui se souvient de Léon Blum le socialiste du Front Populaire et plus encore de Georges Mandel homme de droite ( sans doute un de ses biographes récents lui très connu) ? Pas grand monde mais je trouve que ce dialogue en 3 actes l'un de nous deux imaginé par Jean-Noël Jeanneney colle bien à la page d’Histoire, toute pacifique puisqu’il s’agissait d’une élection, que nous venons de vivre.

 

Là, il s’agit du dialogue de deux hommes « livrés par le régime de Pétain aux Allemands » qui « se sont retrouvés emprisonnés, à partir du printemps 1943, dans une petite maison proche du camp de concentration de Buchenwald (…) Ils y sont demeurés 14 mois. » Lorsque Philippe Henriot, ministre de l’Information de Vichy sera liquidé par la Résistance le 28 juin 1944, Mandel sera livré à la Milice qui l’a assassiné en forêt de Fontainebleau, le 7 juillet.

 

« Chacun des deux protagonistes entretenait une admiration et une gratitude passionnées envers une figure tutélaire qui l’avait inspiré, marqué, porté. » Jean Jaurès et Georges Clémenceau.

 

J’ai beaucoup souffert tout au long de cette campagne du procès en compétence fait à François Hollande. Je me suis tu et ce n’est pas ce matin que je vais m’épancher à son sujet. Je le connais bien, je sais qui il est et je suis très heureux de le voir élu. L’alternance est la respiration de la démocratie. Jamais de toute ma vie je ne suis sorti hurler au loup les soirs de défaite, et Dieu sait que j’en ai connue,  alors je ne vois pas au nom de quoi je ne savourerais et ne partagerais pas avec mes amis la joie d’un beau succès.

  

 

 

41S5DZ4M2BL._SS500_.jpg

Partager cet article
Repost0
3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 00:09

Chaissac-032.JPG

Je l’ai assez seriné : je suis allergique aux appariements obligés mais je dois avouer que je fus fort troublé l’autre jour à un déjeuner lorsqu’un vin a décidé de s’apparier à la couleur de mon écharpe et de mon pull du jour. Là, je sens que vous allez m’accuser de grand n’importe quoi et vous n’auriez pas tort si vous vous contentiez d’interrompre à ce stade la lecture de cette chronique.

Chaissac-034.JPG Chaissac-036.JPG

Oui, je sais j’insupporte les minimalistes black-white avec mes pulls aux couleurs pétantes et mes cheches assortis. Y fait tout pour se faire remarquer le taulier. Non c’est faux j’aime les couleurs et je les apparie avec mon humeur du jour. Se vêtir c’est choisir sa peau du matin, on peut même en changer au cours de la journée, alors je ne vois pas au nom de quoi je devrais me fondre dans le gris majoritaire de la muraille. Pour autant j’adore la chaleur d’un beau gris flanelle. Nulle provocation, aucune agression, j’assume mes choix. Ça toujours été ainsi, en mai 81 alors que la vague rose déferlait sur la France, que certains croyaient déjà entendre le bruit des chenilles des chars sur les pavés de la Concorde, j’arborais dans les travées du palais Bourbon un nœud papillon sur des chemises anglaises à carreaux. De même lors d’un Vinisud post-rapport mon pull fuchsia mit mes amis de « Sans Interdit » en joie tout en faisant l’effet de raisins verts sur mes plus ardents détracteurs. Jamais je n’affiche ainsi ma couleur puisque je suis un caméléon.

 

Apparier c’est Assortir par paires, par couples, joindre des choses qui se conviennent, qui sont faites pour aller ensemble. Apparier des chevaux de trait, des bœufs. Apparier ses chaussettes. Accoupler le mâle avec la femelle de certains oiseaux.

 

Plan de la situation : je me rends à une invitation, via Magali Touratier, qui est une AP qui ne vous prend pas la tête, à un déjeuner de presse, au Royal Montceau, pour une présentation des Vins d’Alsace de Paul&Philippe Zinck. www.zinck.fr  Sur place la tablée est 100% féminine, ça dézingue dur sur les mœurs de la place de Paris. Moi, comme je rentrais de Montpellier – levé très tôt – où j’avais prêché à Vino Latino et joué une troisième mi-temps fameuse, mon radar tournait dans ce nid de guêpes et me protégeait des piqures. Nos hôtes, Pascale et Philippe Zinck, un jeune couple discret et délicieux, tentait d’en placer une, Philippe surtout. Il le fit avec une tranquille assurance, le sourire et une conviction dépourvue d’ostentation.

 

Le millésime 2011 est le premier 100% bio du domaine Zinck. «  Toutes nos vignes sont aujourd’hui cultivées en bio… nous explique Philippe… Du côté des performances obtenues en biodynamie, elles ont été très convaincantes tant du point de vue du comportement de la vigne que du résultat qualitatif sur le vin. Les vins semblent exprimer plus d’authenticité et de minéralité… Il ajoute que travailler en biodynamie… implique un travail précis et très structuré. Une mauvaise gestion de la vigne en culture biodynamique serait fortement préjudiciable. » Que voilà un garçon sage et intelligent qui n’entre pas en religion mais, pas à pas, adapte son travail de vigneron à ses observations. Bref, il me plaît bien ce Philippe Zinck !

 

Les dames bourdonnaient alors que d’autres ne s’étaient même pas donnée la peine de s’excuser (c’est ainsi à Paris, la politesse ne fait pas parti du logiciel de certaines ou de certains. Tout leur est dû).  Par bonheur, nous étions doté d’un garçon compétent, qui avait apparié les vins Zinck avec le miam élaboré par le chef Laurent André, Manuel Peyrondet Meilleur Sommelier de France 2008 et MOF Sommellerie 2011. Le rêve pour le Taulier : il ne lui restait qu’à écouter et bien sûr à manger et déguster. Ce qu’il fit, en plaçant de temps à autres quelques saillies de son cru afin de montrer à l’essaim que sa verve légendaire restait vive. Voici la transcription des notes de dégustation de Manuel Peyrondet sur ce que nous bûmes au cours de ce déjeuner.

 

Apéritif : Pinot Blanc Terroir 2010 Alsace 7,50€

 

Robe : très lumineuse, d’un ton jaune pâle, et brillante ;

Nez : séduisant et équilibré. Nez franc, pur et salin sur des notes d’agrumes confits, de mirabelle et de poire juteuse.

Bouche : attaque en demi-corps d’une grande fraîcheur. Tension acidulée avec des notes d’écorce de pamplemousse.

Finale : belle finale saline, persistance minérale aromatique.

 

Tartare de veau morilles à l’étuvée, oignons confits, pistou d’herbes, glace à l’huile d’olive extra-vierge, baba au thym comme une bruschetta

Pinot Gris Terroir 2010 Alsace 10€

 

Robe : ton jaune paille aux reflets brillants

Nez : franc avec beaucoup de relief et une grande pureté. S’ouvre sur des touches de fruits du verger, d’écorce d’agrumes avec une note saline. Se développe ensuite sur des touches de poivre blanc, de fleurs blanches et des notes de céréales.

Bouche : belle vivacité sur des notes de poivre blanc, de fleurs blanches et des notes de céréales.

Finale : légère et digeste au gré d’une finale saline et acidulée.

 

Le Saint-Pierre en filet brodé d’épices nacré au sautoir Epeautre onctueux, légumes d’un tajine

Gewurztraminer Grand Cru Goldert 2009 15€

 

Robe : brillante et limpide de ton jaune doré aux reflets d’or

Nez : intenses notes de rose et de loukoum. L’aération livre des touches de pêches et de poires pochées rejointes par un végétal fin nuancée des notes exotiques de mangue.

Bouche : attaque en douceur avec un velouté suave. Le cépage s’exprime pleinement avec la rose, une pointe de menthol et de sous-bois et évolue au gré d’une acidité fine et une note intense de bergamote.

Finale : belle persistance sur des notes de rose ancienne.

 

Minestrone de fraise par Pierre Hermé sorbet citron vert, à la vanille et basilic grand vert   

Crémant Brut rosé  cépage Pinot Noir 10€    .

 

Robe : robe saumonée pâle aux reflets argentés. L’effervescence riche au service s’affine dans le verre.

Nez : puissant et intense, il délivre des arômes de fruits à noyaux, de groseille et d’écorce d’orange. L’aération propose ensuite une pointe mentholée qui rafraîchit l’ensemble.

Bouche : tempérament vineux, trame ouatée onctueuse et des notes gourmandes de cerise à l’eau-de-vie.

Finale : chaleureuse rejointe par des notes mentholées et d’agrumes.     

 

J’entends déjà pleuvoir les critiques : si c’est pour retranscrire les notes de Manuel Peyrondet franchement ce n’est pas la peine d’aller au déjeuner-dégustation ! Je veux bien vous l’accorder mais je trouve que vous êtes injuste avec moi car j’aurais pu broder sur les notes de MP, faire comme-ci c’était bibi qui les avait écrites. Et bien non, je vous fais bénéficier gratuitement de ces notes et sans y mettre mon grain de sel. Je suis ici un strict véhicule et, sans être mauvaise langue comme mes douces consœurs d’occasion, je pense que ce genre de sport doit se pratiquer allégrement.

 

Mais, en rester là serait discourtois à l’égard de mes hôtes. En effet, je me dois de dire, à ma manière, que j’ai beaucoup apprécié le Pinot Blanc Terroir 2010 qui, en apéritif est d’une belle élégance simple et rafraîchissante. Mais ce qui m’a le plus plu c’est le Gewurztraminer Grand Cru Goldert 2009 qui, sur le filet de saint-Pierre, était d’une belle tenue et se mariait excellemment. Enfin, et c’est sous ma plume c’est un réel compliment : les plats, en dépit de leur nom à rallonge, amenaient une belle satiété et les vins choisis ne provoquèrent aucune fausse note à ce plaisir, bien au contraire ils tinrent leur rang d’accompagnateur et surtout, de ce doit d’être un vin au cours d’un bon repas, un exhausteur de goût qui redonne à la bouche l’envie du solide, comme une belle alternance roborative. Reste un point capital, les vins du Domaine Zinck sont très abordables.

 

Comme je suis d’une futilité exaspérante je souligne que je trouve les étiquettes des vins du domaine Zinck très belles, très fraîches, juvéniles et élégantes comme le couple Pascale et Philippe Zinck. Merci à eux, je leur souhaite de continuer de tracer leur route ainsi, simplement, avec leur tranquille assurance. Pour la chute de cette chronique j’ai bien sûr gardé l’accord Vin du domaine Zinck avec l’écharpe et le pull du Taulier : il s’agit d’un Crémant Brut Blanc cépage Pinot Noir, Chardonnay, Pinot Blanc. 9€.

orange-002.JPG

orange-006.JPG

Partager cet article
Repost0
2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 00:09

Saint-Drezery-facon-Force-tranquille.jpg

Ma terre, mes vignes, mes vaches… être propriétaire de sa terre, de ses vignes, de ses vaches peut sembler naturel, allez de soi. Dans le jargon juridique ça s’appelle le faire-valoir direct, ceux qui ne sont pas propriétaires de leur terre ont un contrat de fermage : un bail rural régi depuis l’après-guerre par un statut qu’a fait voter après 1945 Tanguy-Prigent et ceux qui ne sont ni propriétaire de la terre, ni de leurs moyens de production sont en métayage et partagent les fruits (au sens du fructus) avec le propriétaire. Dans certaines régions viticoles, le Beaujolais tout particulièrement, ce type d’exploitation de la terre était très répandu.

 

Comme vous pouvez le constater ci-dessous, en France, le fermage domine mais cette prédominance est beaucoup moins nette au sud de la Loire où le poids de la viticulture est le plus fort. En effet le tiers du vignoble de France se situe en Languedoc-Roussillon, où le faire-valoir direct reste majoritaire, car la région compte beaucoup de petites unités de cultures pérennes portant leur récolte aux caves coopératives. Pour ceux qui aiment les chiffres je propose ci-dessous deux tableaux illustrant mes propos. Que les allergiques aux statistiques les enjambent pour aller vers le cœur de cette chronique qui  aborde un sujet très sérieux par un côté rarement mis en lumière : l’économie solidaire.


Mode de faire-valoir des exploitations professionnelles en 2010 en milliers d'hectares

 

Champ : France métropolitaine.

Source : Agreste, recensement agricole - 2010 provisoire.

 

Faire-valoir direct         5 199

Fermage      19 902

Terres prises en location auprès de tiers          15 699

Terres prises en location auprès des associés 4 010

Autres locations (métayage, locations provisoires...)            193

 

Total de la surface agricole utilisée (SAU)        25 101

 

Évolution du nombre d'exploitations agricoles selon le mode de faire valoir en nombre Languedoc-Roussillon           

 

Faire-valoir direct 27 907 en 2007        76 % de la France métropolitaine         

                                  39 842 en 2000        71 % de la France métropolitaine

Fermage                 12 120 en 2007        35 % de la France métropolitaine         

                                  14 225 en 2000        35 % de la France métropolitaine

Autres modes de faire-valoir      1815  en 2007     8,8% de laFrance métropolitaine                                                3 149 en 2000         8,7 %de la France métropolitaine

 

Même si ça vous étonne je vais d’abord commencer par des vaches pour ensuite aborder la vigne. Dans la première proposition il s’agit de cheptel (prononcer chptel) un troupeau de vaches laitières. Je signale aux petites louves et petits loups qui adorent le vert (prairies permanentes par opposition aux prairies artificielles), les animaux qui s’y prélassent, que les vaches donnent toujours du lait après avoir vêlée (mis bas un veau, mâle ou femelle) mais que pour certaines leur vocation est de produire du lait pour la consommation et que pour d’autres, dites allaitantes, elles et leur produit sont destinés à être transformés en beefsteak. Donc, la première proposition  concerne les rats des villes, qui ont un petit bas de laine à investir, à qui il est proposé d’en consacrer un tout petit bout dans de bonnes vaches laitières afin de « mettre du beurre dans les épinards ».

normandie 004

C’est ce titre qui m’a intrigué dans le TGV alors que je revenais de mon énième voyage dans le grand Sud-Ouest afin de recaser mes producteurs de lait. Je suis un grand feuilleteur, à défaut d’être un habile effeuilleur, donc tout ce qui me tombe sous la main fait l’objet d’un examen plus ou moins attentif. Le magazine TGV de la SNCF est plutôt de qualité, moins prout-prout ma chère que celui d’AF dans les bétaillères des lignes intérieures. Si je vous reproduis le texte très court de cet article, inclus dans un ensemble d’expériences de l’économie dites sociale et solidaire, c’est que son style est caractéristique de la vision que se font les urbains de l’élevage.


Placement 

 

Des vaches anticrise pour mettre du beurre dans les épinards

« Face à un avenir de plus en plus incertain, de nombreuses familles choisissent d’investir dans une valeur sûre : la vache ! « Elles produiront toujours du lait, mettront bas toujours des veaux et fourniront toujours de la viande », explique, pleine de bon sens, Sandrine, une mère de famille, heureuse propriétaire d’une quinzaine de têtes. Un patrimoine qui fait, de surcroît, chaque année des petits… Il faut savoir, en effet, que chaque génisse enfantée par les vaches dont on est propriétaire accroît ce capital de 1250€. Un placement beaucoup plus concret et plus sûr que la Bourse. »Cela représente une augmentation de capital de 4,5 à 5% par an selon les années », éclaire Jean-Claude Janès, président de l’Association française d’investissement en cheptel (Afic). Créée en 1972, cette structure met en contact les propriétaires de vaches avec des éleveurs qui, eux, sont rémunérés par la production de lait. Pour l’éleveur, l’intérêt principal est de réduire les investissements, car il n’a pas, ici, à mobiliser des financements pour acquérir des animaux. Quelque 1100 propriétaires se partageraient ainsi, aujourd’hui, plus de 30 000 têtes de bétail dans 880 exploitations différentes, que l’on peut évidemment visiter. »

Tél. : 04 72 45 00 70 www.afic-ass.com


Un goutte d’eau dans un océan blanc de lait puisque le troupeau laitier français compte environ 3,9 millions de vaches et réalise 18% du lait de l’UE. La Prim’Holstein : 2,1 millions, la Montbéliarde à 0,64 million, la Normande 0,48 million, devant l’Abondance, la Simmental française, la Pie rouge des Plaines, la Brune française et la Tarentaise… sont les 8 principales races de vaches laitières en France. Bien évidemment, ce n’est pas avec une telle initiative que l’on va bouleverser le paysage de l’élevage laitier français. Cependant, nous qui sommes si prompt à mettre en avant les petits producteurs, à larmoyer sur leur sort pas forcément enviable, il y a là un moyen de participer activement à leur soutien concret en mobilisant un peu d’épargne pour alléger leur fardeau d’endettement.


Mais, ce qui m’a le plus intéressé dans cette initiative c’est le mouvement, je veux dire par là le fait que tout cela soit organisé et structuré depuis des années. En effet, des épisodes récents d’élans louables mais peu durables pour venir en aide à des vignerons étranglés par leur absence de trésorerie ou leur endettement trop élevé, a montré que si l’on ne veut pas se cantonner dans l’éphémère, le pur émotionnel, mais participer au financement du capital foncier et/ou d’exploitation d’un vigneron, hors des circuits traditionnels, d’une façon durable et équitable il est nécessaire de mettre en place des outils juridiques sûrs et équilibrés. Même si dans ce type de démarche, le rapport immédiat, le retour sur investissement juteux, ne sont pas le moteur premier il n’en reste pas moins vrai qu’il ne s’agit pas de faire la charité. Bien sûr, des outils juridiques, tel le GFA, existent, mais, sans entrer dans le détail, ils manquent de souplesse et ne permettent pas une sortie facile dans le cas, par exemple, d’un accident de la vie qui oblige à rendre rapidement l’investissement liquide.

La-lune-de-la-Carbonelle.jpgMobiliser l’épargne de proximité, géographique ou amicale, au travers d’un réseau solidaire, structuré,  sérieux, est bien plus qu’une ambition,  c’est une nécessité à la fois citoyenne et d’intérêt bien compris. Plutôt que de se lamenter sur les difficultés de certains vignerons à équilibrer leurs comptes, ou tout simplement à mobiliser l’essentiel de leurs ressources sur ce qui leur permettrait d’atteindre un rythme de croisière, ne serait-il pas plus intelligent de mettre la main à la poche pour y participer. Nous sommes les champions de l’épargne alors, au lieu de s’en remettre aux circuits traditionnels, qui sont des échelons incapables de prendre en compte ce type de situation, pourquoi ne pas mobiliser nos intelligences pour imaginer et mettre en place des initiatives concrètes. L’économie solidaire ne concerne pas que le lointain mais aussi nos voisins.


Moi je suis partant pour ce chantier car j’estime qu’il permettrait de recréer des liens concrets entre les rats des villes et ceux des champs. Bien sûr, le choix se situera entre des besoins qui ne sont pas essentiels : la dernière tablette, le dernier Smartphone, le je ne sais quoi prothèse à l’ennui… et ce petit bout d’épargne consacré à quelques arpents de vigne ou quelques têtes de bétail… Sans doute suis-je en train de rêver mais peu importe : les utopies d’aujourd’hui sont souvent les réalités de demain. Là où j’en suis arrivé dans ma vie je me dis que c’est ainsi que je participerai à la transmission. Quand je pense aux inepties, proférées par des jeunes, que j’ai lus sur certains forums du Net à propos de notre futur, je me dis qu’à force de tout demander à la collectivité, à l’Etat, nous nous exonérons à bon compte des liens de solidarité les plus élémentaires : il est plus facile de sonner une ambulance pour sa vieille mère que d’aller la conduire soi-même à l’hôpital, en plus c’est remboursé par la Sécurité Sociale… Les gros déficits, celui des comptes sociaux : l’assurance-maladie tout particulièrement, qui nourrissent la fameuse dette, commence aussi par de telles facilités…

Le-sans-papier-de-la-Carbonelle.jpg

Je signale que pour l’heure je suis détenteur d’un part dans le GFA de la Carbonnelle rien que pour l’amitié et le plaisir de me dire que ces beaux rangs de ceps portent une toute petite empreinte d’un type qui a consacré une grande part de sa vie aux femmes et aux hommes de la vigne sans jamais en posséder un cep. Que du bonheur, je n’ai jamais eu l’instinct de propriété et là, c’est bien, comme si je venais de me greffer sur une histoire écrite par quelqu’un que j’aime bien… comme le disait ma mémé Marie « on n’emporte pas ses sous au ciel… » celui qui nimbe le clocher de l’église de ... me va bien…

Partager cet article
Repost0
25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 00:09

photobiere5.JPGphotobiere2.JPG

Mon amie Eva très jolie m’avait conviée à une dégustation de bières du côté de Bonne Nouvelle. Il pleuviotait. J’arrive comme un vieux matou trempé au milieu d’une grouée de filles. Nous nous attablons et un maître dégustateur de bière nous initie à cet art inconnu. Pour faire dans le ton de la gente féminine présente plutôt portée sur le miam nous eûmes droit au désormais incontournable accord mets-ici bière. Des sushis donc. L’irruption tardive d’Isabelle la cathodique à mes côtés ne réussit pas à me troubler. Discipliné j’ai goûté. Mais comme mes chères consœurs, dans un bel élan, ont conté par le menu la séance, fort intéressante, j’ai décidé d’aller sur un autre terrain qu’elles. Faut pas lasser !

photoBiere3.JPGPour attester que vin et bière viennent quasiment du déluge j’ai emprunté à Outa Napishtîm, le Noé sumérien, mon titre. Celui ayant construit sa fameuse arche fait cette confidence à Gilgameh « J’ai offert aux artisans le jus des vignes, le vin rouge et le vin blanc, et aussi de la bière pour qu’ils en boivent. »


En interdisant la viticulture dans les régions de Gaule aptes aux céréales, afin de protéger les vignobles de la péninsule, l’empereur Domitien ne le fit pas exprès mais son arrêté fut pour beaucoup dans le développement de la bière dans la partie septentrionale de la France. La bière, qui n’était alors que cervoise (ce fut « un mot nouveau qui correspondait à une technique nouvelle »l’introduction du houblon) appellation usitée jusqu’au  XVIe siècle, était une préparation artisanale, voire ménagère. En 1600, Olivier de Serres constatait que « le temps de ce mesnage n’est restreint à certaines saisons de l’année vu que on a du blé ou orge dans son grenier. Alors que la réussite du vin est liée périlleusement au raisin (que l’on n’entrepose pas d’une saison à l’autre). Tous grains bons au pain sont aussi propres à la bière. »


« cependant, en dehors des territoires vraiment méditerranéens où tout le monde buvait du vin, du meilleur au pire selon ses moyens, de la Loire à la Baltique le choix de la boisson (bière locale donc bon marché, ou vin local ou importé mais toujours plus onéreux) relevait en quelque sorte de la « conscience de classe », comme le fait remarquer Léo Moulin, puisque la voix de cette conscience parle souvent du fond des porte-monnaie : « Il y a des boissons nobles, le vin. Et des boissons roturière, la bière. » et Moulin de de nous citer ce petit poème du XIIe siècle, extrait du Livre de vie et de mort :

 

Li povre vont à la cervoise / Si elle bone, il i font grande noise / Et li plus rike vont au vin / U a mies ou a lewekin.

 

Nota : la mies est une petite cervoise légère et le lewekin une cervoise forte et sirupeuse.

L’histoire de la bière est passionnante mais il me semble, qu’en dehors de notre Léon national, peu d’entre vous savent comment on élabore la bière. Je vais donc vous faire progresser pas à pas dans le processus de fabrication de la bière : 13 stations :

processpetit.gif

1-      Le stockage prolongé du grain (orge, blé, riz, mil…) ou du manioc…pour qu’il termine sa maturation en développant des amylases dont lerôle est important au cours de la germination.

 

2-    Les trempages alternés avec des séchages, douze fois de suite en 90 heures, gorgent le grain d’eau très pure jusqu’à saturation.

 

3-    La germination durant 30 heures sur des trémies dans une atmosphère chaude et humide qui permet aux amylases de digérer l’amidon pour le transformer en sucre. On obtient ainsi le malt.

 

4-    La dessiccation dite aussi touraillage, arrête la germination et bloque la fabrication des sucres à un point précis sous un air très sec et très chaud. C’est à ce stade que le malt est plus ou moins rôti et que le bière prend sa couleur et sa douceur ou son amertume.

 

5-    Le dégermage fixe le goût de la bière en éliminant l’âpreté due au tanin des germes.

 

6-    Le broyage réduit le malt en farine.

 

7-     Le brassage : opération majeure où l’on mélange et on remue le malt soit en infusion dans de l’eau de plus en plus chaude jusqu’à 75°, soit en décoction par ébullition d’une proportion du malt reversée sur l’infusion dissolvant parfaitement les sucres.

 

8-    Le premier filtrage élimine les déchets et affine les moûts épais (les drèches)

 

9-    Les lavages à l’eau très chaude rincent bien les drèches et l’on rajoute le filtrat au premier filtrage.

 

10- L’ébullition voit la stérilisation définitive des amylases et l’adjonction du houblon au moût, tiers par tiers, pour obtenir à chaque fois une quintessence différente.

 

11- La fermentation, après plusieurs nouveaux filtrages, en cuves ou « guilloires » se fait « haute » lorsque le refroidissement est conduit jusqu’à15° maintenus pendant 5 jours, ou « basse » à 6° pendant 8 à 10 jours. La bière bout, les bulles se forment.

 

12-L’ensemencement se fait alors avec de la levure délayée, préparée avec des races de bactéries sélectionnées selon les goûts recherchés de la bière.

 

13-La garde en foudre de chênes qui permet à la bière de vieillir pendant 2 à 3 mois puis on la met en tonneaux, en futs ou en bouteille après une ultime filtration.

birere-lakepeople-sxc.jpg Quelques points importants :

 

1-      La pureté de l’eau : pour les amateurs, chaque source imprime à la bière son cachet, et l’on parle de crus reconnaissables par les palais des connaisseurs.

 

2-     Le degré d’alcool dépend de la fermentation plus ou moins poussée. Le dgré n’est pas un critère de qualité pour une bière.

 

3-     La couleur est fonction du touraillage, dessiccation brutale du malt, et de la torréfaction.

 

4-     Le rôle du houblon est important et composé. Les « cônes » utilisés sont des fleurs femelles renfermant des résines antiseptiques responsables de l’amertume, mais aussi des huiles essentielles apportant le « bouquet » (doux, fruité, ou « vineux »).

 

5-     La pasteurisation la plupart des bières de grande diffusion sont pasteurisées. Pour les amateurs, seule la bière fraîche et vivante est de la vraie bière mais elle se transporte et se conserve plus difficilement.

 

6-     La mousse : elle couronne le verre et développe les aromes. Pour les amateurs elle permet de juger de la qualité du produit : tenue, finesse et persistance sont autant de critères. Certaines mousses de grandes bières peuvent tenir un quart d’heure.

 

Les photos sont l'oeuvre d'Isabelle la Cathodique

photobiere4.JPG

Partager cet article
Repost0
24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 00:09

 

Chaissac-022.JPGMes très chères amies blogueuses,


Je vais vous faire une confidence matinale : de mon temps, comme disait souvent ma grand-mère, il était un constat qui, dans la bouche d’une belle-mère, à propos de sa bru, me faisait toujours sourire « Elle travaille… » sous-entendu la femme de mon fils quitte son foyer chaque jour pour aller gagner sa vie comme un homme.


Dans sa préface de l’excellent livre de Vanessa Postec Le goût des femmes à table chez PUF 14€, le directeur de la collection Le Manger vrai Marc de Champérard écrit « dans les couples français, la cuisine était une affaire de femmes, la reléguant aux tâches aux tâches soi-disant subalternes : faire le ménage, torcher les gamins, arroser les fleurs, j’en passe et des meilleures.


Est-ce toujours le cas ?


Vanessa Postec, jeune mère qui vit en couple, vous apporte sa réponse. (je commettrai une petite chronique dès que mes vaches iront au pré).


Qu’en est-il aujourd’hui de la transmission orale du savoir gourmand de mère à fille ?


En se libérant, les femmes n’ont-elles pas privilégié les plats industriels tout prêts à la cuisine de nos jardins, de notre élevage, dans la ligne d’une tradition française qui fait de notre pays la première nation gastronomique d u monde ?


Alors, faut-il plaindre les générations futures ?


Est-il vraiment important que les bons petits plats de nos grands-mères aient été remplacés par l’industriel congelé paraît-il libérateur ? »


Que de questions mes belles, mais rassurez-vous je ne vous y soumets pas et, n’ayant pas de vocation de sociologue ménager,  je n’enquêterai pas auprès de Laurent, d’Alex  et d’Antonin pour déterminer qui tient le balai, fait le lit, les courses, étend le linge, repasse et se penche sur les fourneaux. Tout ce que je sais de vous c’est qu’Eva a une belle descente de quilles qui ferait se pâmer beaucoup de vignerons , qu’Isa à un coup de fourchette qui mettrait en déroute une escouade de Tartares et que Samia sait infuser à ses plats des sentiments qui vont de l’enfer au paradis.

Chaissac-001.JPGEn m’adressant à vous à l’heure du petit déjeuner – tient pendant que j’y pense les copines je ne lis pas beaucoup de chroniques sur ce moment important de la journée. Va-t-il falloir que le taulier s’y colle ? – je ne fais que passer les plats. Josy Ambroise-Thomas dans son Avant-Propos à son opus, écrit en 1948, Le Livre de cuisine des petites filles, se livre à un plaidoyer qui est une belle illustration du chemin parcouru depuis lors. À vous de me dire, si ça vous chante, le chemin qui reste à parcourir mais, pour ne rien vous cacher, ce qui me porterait au sommet de la volupté c’est que vous syndiquiez vos talents pour me concocter un festin de vos belles mains avec bien sûr de grands accords mets-vins ! Vous imaginez la chronique qui ensuivrait, une première sur la Toile qui ferait rougir Face de Bouc. Ce serait Grand  car à vous trois vous assemblez un triple A !

Chaissac-002-copie-1.JPG« Un livre de cuisine pour les petites filles ?À quoi bon ? Nos filles ont maintenant tant de leçons à apprendre, tant de cours divers à suivre, sans compter le tennis et les autres sports. Elles peuvent à peine jouer quelques minutes dans une journée ! Leur enseigne-t-on, comme à leurs grand-mères et leurs mères, à coudre, à tricoter ; à raccommoder ? Non, elles n’en auront pas besoin. Quand elles seront grandes, elles deviendront médecins, avocats, ingénieurs, usiniers, comme leurs frères. Les besognes ménagères seront faites par les employés.


En êtes-vous bien sûrs ? Et croyez-vous que les jeunes filles actuelles qui s’habillent sèchement en garçon, fument comme des garçons et ne s’intéressent, n’ont l’air de s’intéresser, qu’à des choses de sport ou à des questions techniques ardues, réalisent le rêve d’un homme ?


Que deviendra la famille dans les ménages où la  femme sera médecin, par exemple, et le mari ingénieur ? occupés l’un en dehors du foyer, l’autre dans un cabinet professionnel d’où la famille est bannie ? Les enfants laissés à la garde des domestiques ?


-         Croyez-vous qu’une mère pourra former l’âme et le cœur de ses enfants si, tout le jour, elle est prise par un travail absorbant ?

 

La femme est à sa place dans sa maison. Plus elle est instruite, intelligente et courageuse, plus elle saura rendre les siens heureux.

 

Son rôle n’est pas le même que celui de son mari. À lui le soin d’amener le blé au moulin ; à elle de le faire tourner, sans perdre la farine.

 

Et croyez-vous que toutes les jeunes files de France soient ainsi masculinisées ?

 

Je suis sûr que non. Je connais de plus instruites que leur grand-mères et leurs mères, car elles sont bachelière et même licenciées, qui cependant ne dédaignent pas le rôle de la femme : assurer le bien-être et la grâce dans la maison ; remplacer la servante absente le cas échéant, et ce cas est fréquent à l’heure actuelle.

 

Personne ne peux plus se faire servir comme autrefois. L’exigence de la vie supprime dans bien des ménages ce rouage essentiel : la bonne.

 

Les jeunes filles ont raison, parce que l’existence facile d’autrefois ne reviendra plus, de s’instruire, d’apprendre assez pour remplacer leur mari si le malheur le fait disparaître ; pour subvenir seules à leur existence si elles n’ont pu se créer un foyer.

 

Mais les sages sont celles qui, ayant appris, gardent leur savoir en réserve, l’utiliseront seulement s’il en est besoin, et soignant leur maison, leur famille, créent la joie et le bonheur autour d’elles.

 

À celles-là, je dédie ce livre. Qu’elles laissent leurs fillettes – dix, douze, treize ans – jouer à la ménagère, les aider dans leur tâche quotidienne. Toutes les petites filles devraient savoir préparer des hors-d’œuvre, arranger un joli dessert, exécuter quelques plats simples. Je suis certaine que beaucoup d’entre elles s’amuseront en les préparant.

 

C’est excellent de faire quelque chose d’utile en s’amusant.

 

Ne dédaignez pas la cuisine, mes petites filles c’est une occupation très intéressante et

c’est un art, oui un art, et un art bien français. Il y a eu, il y a des cuisiniers de génie.

 

La gourmandise n’est un défaut que lorsqu’elle est excessive et si les gourmands peuvent être égoïstes, ils ne sont jamais méchants.

 

Un bon repas rend joyeux, indulgent, aimable. La réunion de la famille autour de votre plat « apprécié » sera pour vous une jolie récompense.

 

Et si, d’être cuisinière, quelqu’un d’autorisé l’a écrit, cela développe l’esprit, vous serez plus tard des maîtresses de maison spirituelles et des femmes précieuses. »

 

Mes très chères, comme je ne suis pas Marxiste tendance Groucho, je ne vous dirai pas comme lui que « Les grandes guerres sont celles qui sont menées entre les sexes plutôt qu’entre les nations… » que « Les hommes et les femmes ne s’aiment pas et ne se fréquentent que pour des motifs sexuels. » et que « Sinon, les hommes éviteraient les femmes comme la peste. »


Non, je vous citerai Vanessa Postec qui note que dans la nouvelle génération « ces presque trentenaires se partagent les casseroles sans se marcher sur les pieds, les jeunes hommes cuisinant presqu’autant (à 82%) que leurs petites camarades, qui sont 84% à voir dans la poêle à frire autre chose qu’une arme blanche. »


Voilà les filles, il faut que je vous laisse aller travailler. Grosses bises et à bientôt pour des agapes joyeuses et bien arrosées.


Le taulier recyclé en défenseur des jeunes femmes qui ne sont pas au foyer

 

PS. Eva, Isa, Samia, sont devenues amies un peu par mon entremise.

 

La photo des 3 Quilles est un clin d’œil aux 3 filles qui s’identifieront en l’une d’elle. Le choix des flacons ne correspond à aucune sorte de hiérarchie mais à un code secret que je laisse à mes chers lecteurs le soin de retrouver.

-         Alsace Grand Cru Furstentum Pinot Gris 2009 Albert Mann

-         Bordeaux Supérieur la bouteille d’Elwan 2009 Domaine de la Vrille Têtue

-         This Side Up® Cidre 2010 de Cyril Zang

Chaissac-027.JPGChaissac 024Chaissac-023.JPG

Eva chronique sur www.oenos.net et une fois par mois chez le Taulier : le vin du mois d’Eva.

 

Isa chronique sur www.leboutdemalangue.blogspot.com

 

Samia chronique sur http://cuisineetsentiments.wordpress.com/  

 

Elles sont toutes les 3 sur Face de Bouc (appellation popularisée par Isa) et si un jour je les retrouve toutes les 3 ensemble, par exemple le jour du Grand Festin du Taulier, je vous promets une photo de groupe.

Partager cet article
Repost0
23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 00:09

 

Ay-015.JPGLundi matin, le roi, la reine et le petit prince… je rembobine… le taulier, sa petite auto et son autoradio ont mis le cap sur l’est, direction Aÿ-en-Champagne. Fait frisquet mais beau et la petite auto noire s’échappe de Paris sans subir le coup de bouchon. Le bel Olivier lui avait donné sa feuille de route alors le Taulier se gavait de musique sur l’autoroute. En chemin ses vaches à lait le rattrapaient et dans l’habitacle de la Twingo, à la voix d’Alanis Morissette succédait une causette (kit mains libres) avec sa Perrette au pot au lait préférée. Il obliquait vers Epernay. Au bout d’un chemin de vignes, descendant d’un coupé Mercédès noir une dame, type permanente platinée, déposait dans un bac prévu à cet effet ses déchets ménagers. La vallée de la Marne, et oui, toute honte bue, le Taulier allait vers Aÿ pour la première fois de ma vie. Des excuses il en avait, ses pas l'avaient toujours conduit, dans sa longue carrière, plutôt vers la déshérence que l’opulence. Que Ghislain lui pardonne il promet de s’inscrire aux cours de rattrapage où il promet de ne point ramener sa fraise sur le béton des droits de plantation. Bon, il trouvait le moyen de se perdre dans Aÿ qu’est la banlieue d’Epernay mais la dame avec sa drôle de voix lui dictait le droit chemin pour gagner le Castel Janson où se tenait la manifestation d’une bande organisée.champagne-001.JPG

Ay-012.JPGchampagne-003.JPG

Selon une jurisprudence bien établie le bel Olivier manquait à l’appel. Normal sous ce climat, l’olivier craint le gel. Seul et abandonné il entrait donc de plain-pied dans « terres et vins » et allait saluer l’ami Pascal Agrapart qui arborait l’avatar de la manifestation : le pull marin. Ensuite il allait claquer la bise à l’ami Boulard qui lui avait omis de ceindre sa taille de chanoine des rayures susdites. En bon politique le taulier serrait des pinces amies  dont celle de Paco d’Ivry. Comme on était sur le coup de midi il apaisait son estomac qui criait famine en se tapant un fromage de tête de première bourre alors qu’Olivier et un petit coup de rouge manquaient à l’appel. Ce n’était pas tout ça il lui fallait justifier mes kilomètres et jouer au maître dégustateur de vin clair.

Ay-022.JPG

Ha, le vin clair ! Pour les loulous et les petites louves qui se prendraient les pieds dans les qualificatifs : ce n’est pas un vin jaune qu’aurait éclairci (je dis ça pour signaler que j’ai bavardé avec Olif descendu de sa montagne pour gagner la Marne). Donc, pour faire simple c’est du vin de champagne qui n’est pas du Champagne mais qui va se faire des bulles en bouteille. Comme l’Olivier manquait toujours à l’appel pour guider mes pas je pensais que ce n’étais pas François Audouze qui allait le suppléer vu qu’il n’aime que les vins vieux. Bref, j’engageais ma virée dans la plus parfaite discrétion. À l’entrée il m’avait été remis un verre, un petit carnet vierge et un crayon : qu’allais-je en faire ? Pour le verre pas trop de soucis, j’ai assimilé les fondamentaux du craché sauf qu’il y a toujours devant les vasques prévues à cet effet d’éminents confrères qui, s’estimant incontournables, ne daignent pas bouger leur postérieur pour laisser libre l’accès. Un de ces 4 je leur enverrai un petit jet sur leurs grolles pour leur apprendre la politesse.


Ô surprise j’ai pris des notes mais après avoir lu les commentaires des experts de la LPV link mon front s’est couvert de honte, que je n’ai pas bue, mais si le mercredi des cendres avait eu encore court j’aurais recouvert ma tête de celle des sarments des vignes de David Léclapart car ils sont en contact direct avec la lune. J’aurais été biodynamisé, ce qui pour un Taulier, qu'est l’amortit et quasi-obsolète, eut été l’équivalent d’une triple dose de DHEA. Bref, comme je me tamponne le coquillard des polémiques sur la biodynamie (pardon David c’est l’Olivier, qui s’est fait porter pâle, qui m’a présenté David Léclapart), Steiner connais pas, j’ai décidé de vous faire part du plaisir que j’ai eu de retrouver David Léclapart à Aÿ (même punition, même motif, pour mes autres amis vignerons rencontrés à Aÿ, mais il leur faudra attendre que ma plume s’exerce sur leur talent).

Veronique-5192-e1334291429681-1024x608.jpg

« 3ème génération de vigneron, David Léclapart est formé à l'école d'agrobiologie de Beaujeu. Après s'être essayé dans différentes activités, il revient auprès de ses vignes et trouve son épanouissement, en particulier dans la biodynamie (depuis 1998). Son travail au cellier est à l'image de ses convictions viticulturales, il évite tant que possible d'intervenir dans la vinification. Il travaille aujourd'hui 2,75 ha sur le terroir de Trépail Premier Cru, dont 90% est planté en Chardonnay. Exception dans la Montagne de Reims, ce terroir possède un magnifique potentiel que David réussit parfaitement à révéler : puissance, minéralité et longueur sont les mots justes pour décrire les vins de ce vigneron tout aussi sympa que talentueux ! » 

 

« Pour moi, la biodynamie c'est le bon sens ! » Ainsi David Léclapart, résume-t-il au journaliste de l’Union ce choix, de rejoindre en 1998 le « clan » de la biodynamie. Clan, tant aujourd'hui encore (même si les mentalités évoluent bien) beaucoup lorgnent ces vignerons du coin de l'œil, comme s'il s'agissait d'illuminés. A ce propos, David précise tout de go : « Certes, je consulte le calendrier lunaire, mais mon premier réflexe, comme tout bon paysan, reste de regarder par la fenêtre et d'agir en fonction de la météo du moment ». Pour résumer donc : oui, la position des astres influence le travail en vignes et dans le chai; oui, David s'en inspire; non, ce n'est pas « sa bible viticole ».

 

« Profiter sans exploiter »

« Je suis un fermier-métayer, ayant choisi de vivre en harmonie avec la nature, profitant de ses atouts mais sans l'exploiter »

 

4 cuvées millésimées mais non-déclarées, on peut cependant connaitre l'année en regardant sur la contre-étiquette : "L.V02" indique le millésime 2002… Toutes ses cuvées commencent par la lettre A comme pour annoncer la naissance commune des champagnes et du métier de vigneron de David.

L'Amateur : 100% chardonnay vinifié en cuve. (n’était pas présent à la dégustation)

L'Artiste : 100% chardonnay ; 50/50 cuve et fût de chêne

L'Alchimiste : 100% rosé de macération (donc pur pinot noir) ; 24h avec trois pigeages. Le domaine est réparti à 90% chardonnay et 10% pinot noir

L'Apôtre : 100% chardonnay ; 100% fût de chêne. Un vin issu de la parcelle « Pierre Saint Martin », les vignes ayant été plantées en 1946.

Veronique-8666small.jpg

Pour cette dernière cuvée remarquable, usant de mon patronyme d’apôtre : Jacques le Majeur, je l’ai rebaptisée « Pierre Saint Martin n’a connue que le cheval… » Mais déjà, comme je suis un vieux cheval de retour, il fallait que je prenne le chemin du retour. Ce que je fis en oubliant de faire la bise d’au revoir à Francis mais bon, comme je lui ai promis d’aller faire de l’enjambeur dans ses vignes un de ces 4, je suis absous de ma faute. De toute façon je ne brancherai pas mon GPS vu que c’est fléché Via Francigena.

Ay-016.JPG

Comme les lauréats des Oscars, des Césars, je remercie David Léclapart de son accueil souriant, je remercie mes groupies, je remercie tous les amis rencontrés, et bien sûr je ne saurais oublier le faux régional de l’étape le bien nommé Olivier Borneuf qui, tel un ange gardien, a su veiller d'en haut sur le pauvre taulier égaré en terre champenoise. Je reviendrai dès que mes vaches m’auront lâché la grappe. C’est promis les amis. Je donnerai une conférence de presse sur ce que je pense des droits de plantations (joke).

Ay-018.JPG Aÿ 010

578212_3397860457939_1012563940_32639633_629065425_n.jpg

Partager cet article
Repost0
20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 00:09

 

En notre beau pays, il est de bon ton, surtout en période d’élections, de dire pis que pendre des politiques, d’affirmer haut et fort ne plus vouloir s’intéresser au débat politique, de vilipender ceux qui se présentent à leurs suffrages, tous des… Sauf que, depuis des mois, l’espace médiatique ne s’intéresse qu’à ça. Les Français adorent sans aucun doute contempler leur nombril, se prendre pour le centre du monde et faire porter la responsabilité de ce qui ne va pas à leur yeux, sur les autres (au sens le plus large). Pour avoir, pendant un temps de ma vie, mis les mains dans le cambouis des choix à faire,  des décisions à prendre, des réformes à mener je trouve que, pour postuler aux responsabilités de gouverner ce pays, il faut être doté d’un sacré courage ou d’une forte dose d’inconscience.


Mes missions récentes, au plus près des gens dont on dit qu’ils sont d’en bas, me renforce dans l’idée que la citoyenneté, le sens du bien commun, le vivre ensemble, n’ont pas disparu mais ne sont plus la colonne vertébrale de notre vieux pays pétri d’histoire. Le flux, l’agitation, l’instantanéité, les images qui se succèdent, nous ont transformé, plus ou moins, en consommateurs de tout, y compris de politique. Alors, pourquoi s’étonner que l’offre politique s’adapte à la fluidité, à l’inconsistance de la demande politique. Ne nous délestons pas aussi facilement que nous le faisons de notre part de responsabilités. La simple observation depuis dix ans du monde du vin en France constitue un exemple frappant de la prédominance du chacun pour soi et de l’affadissement du travail en commun. Pour moi c’est du gâchis, non pas que tout aille mal, loin de là, mais nous gaspillons par nos absences de choix des atouts qui capteraient, généreraient de la valeur. Cette valeur dont nous avons tant besoin pour relever les défis des morts-de-faim des BRICS.


Tout ça pour vous dire, en dehors des choix politiques de chacun d’entre vous, que la citoyenneté, le vivre ensemble commence au plus près de chez nous. Que, plus nous recréerons des liens, des passerelles, des lieux de débats, de gestion de notre quotidien, plus nous obligerons ceux à qui nous confions par notre vote la responsabilité de nous diriger pendant un temps déterminé à se situer à la même hauteur, à mettre la barre de l’exigence un peu plus haut. J’ai travaillé pendant des années avec quelqu’un qui préconisait le PARLER VRAI et lorsqu’il m’envoya dans le Languedoc profond des vignes je m’y suis essayé face à un public hostile qui rabâchait ses vieilles antiennes et conduisaient ce beau pays à la catastrophe. Ce n’est pas Jean Clavel qui me contredira.

41VMQC7ZFHL. SS500

Donc, ce matin, après ce petit couplet citoyen, je vous offre une belle tranche d’histoire sur l’origine de la dénomination CAFÉ pour désigner nos débits de boissons.

Procope

Le café Procope au XVIIIe siècle : au second plan, de gauche à droite : Condorcet,La Harpe, Voltaire et Diderot.

Au temps où je portais encore des culottes courtes, entendre dire, avec une compassion hypocrite, par les grenouilles de bénitier, gardiennes inflexibles de l’ordre moral de ma Vendée profonde : « La pauvre, je la plains, son homme passe son temps au café à boire des chopines… »me laissait de marbre. En effet, les tapeurs de cartons, amateurs de « fillettes »* des artisans et des commerçants du bourg, même s’ils étaient parfois imbibés, ne m’apparaissaient comme se livrant à une quelconque débauche troublant la bonne marche de notre gros bourg. Ce qui, en revanche, me posait problème c’était l’appellation café dans lieu qui, à l’époque, n’en servait pas : le percolateur n’étant point encore arrivé jusqu’à la Mothe-Achard. Il faut dire que le café, dans nos campagnes reculées, était vraiment maltraité. En effet, dans les fermes on en le faisait infuser dans de grand faitout avec de la chicorée puis ensuite dans une cafetière il bouillotait sur un coin de la cuisinière à bois ou sur un trépied dans l’être. L’appellation jus de chaussette lui allait comme un gant. Il me fallut attendre l’adoption par ma sainte mère de petit filtre individuel que l’on posait sur chaque tasse pour devenir définitivement caféinomane.


Pourquoi donc dénomme-t-on nos débits de boisson : café ?

    

Toute est parti de la conjonction d’une déroute et d’un type astucieux en quête d’un métier d’avenir. Commençons par une date 1863, les Turcs se font battre à plate couture par le roi de Pologne Ian Sobiesky au siège de Vienne. Le général turc Kar Mustapha s’enfuit laissant derrière lui une abondante quantité de café. Parmi les prisonniers des turcs libérés par Sobiesky, un ancien esclave battaghi (cafetier), qui rapportait de sa captivité l’art de préparer le moka, ouvre alors à Vienne un véritable salon de café qui obtint immédiatement un foudroyant succès. Fort de ce succès il essaime des établissements dans toute l’Europe Centrale. Le « caffé » viennois, à la crème fouettée, puis à la glace, fait fureur.


Bien avant à Paris, un certain Procope, Palermitain issu d’une famille d’aristocrates – les gentilshommes siciliens étaient les plus impécunieux de la noblesse européenne – était devenu en 1672 serveur de « caffé » pour le compte de Pascal ou Pacuall vendant ce breuvage en plein air. Bien sûr Paris découvrit les alléchantes spécialités viennoises et notre Procopio dei Coltelli, dit Procope compris très vite que l’avenir était au salon de café à l’instar de ces caffehauss viennois. « Un lieu agréable, encore plus que chez soi, où l’on respire le luxe pour pas cher, où les gens aient plaisir à se rencontrer et où ils puissent trouver une carte de spécialités ne se limitant pas au café.


« On se réunissait dans ces lieux où, comme le vantait la publicité, « le luxe est une garantie de la bonne qualité des consommations », non seulement pour boire et savourer mille bonnes choses mais aussi pour se distraire, jouer aux échecs, lire les gazettes et les nouvelles du jour affichées par l’astucieux Procope sur les tuyaux de poêle et pour discuter des évènements et des idées à la mode. Les nouvellistes, à la fois informateurs, philosophes, agitateurs, agents secrets ou doubles, plein d’entregent et de bagou, se répandaient, à cette époque, dans les salons, les antichambres et les « ruelles », pour informer ou s’informer, colportant les on-dit de la capitale et de Versailles. Procope avait eu le flair de s’attacher quelques-uns de ces personnages qui attiraient et flattaient la clientèle, tout autant que les placards et les libelles sur les tuyaux du poêle. »


On imita Procope, en 1721, on comptait 300 cafés à Paris. Ils seront 2000 à la Révolution et 4000 au début de l’Empire. Montesquieu écrira dans ses Lettres Persanes « Si j’étais le souverain, je fermerais les cafés car ceux qui fréquentent ces endroits s’y échauffent fâcheusement la cervelle. J’aimerais mieux les voir s’enivrer dans les cabarets. Au moins, ne feraient-ils du mal qu’à eux-mêmes ; tandis que l’ivresse que leur verse le café les rend dangereux pour l’avenir du pays. » D’Argenson, face à une police débordée remarquait « Si l’on arrêtait tous ceux qui critiquent le gouvernement, il faudrait arrêter tout le monde… »

« Aussi, à l’aube de la Révolution, les cafés, devenus des sortes de cercles où se tenaient des séances parallèles à celles de l’Assemblée Nationale, virent Camille Desmoulins, juché sur une table du café de Foy, au Palais Royal et criant : »Arborons une cocarde » en épinglant une feuille d’arbre à son chapeau. Desmoulins, Danton, Marat construisaient la République, surtout au Procope tenu pour l’heure par un nommé Zoppi. Robespierre préférait La Régence (le café « La Régence ») mais venait au Procope boire le moka toujours incomparable et sucer des oranges. »


Le Procope s’ouvrit rue des Fossés-Saint-Germain, en  face de la Comédie Française puis il déménagea pour la rue de Tournon et enfin pour la rue de l’Ancienne-Comédie, où l’établissement existe encore au 13.

procope2.jpg

Cette chronique cite et s'inspire du rmarquable ouvrage de Maguelonne Toussaint-Sammat Histoire Naturelle et Morale de la nourriture chez Bordas

Partager cet article
Repost0
19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 00:09

Non, non je ne tombe pas dans une nostalgie du bon vieux temps que d’ailleurs je n’ai pas connu en dépit de mon grand âge. Ce qui me passionne dans les 13 pages sur la vigne et le vin dans le livre de l’élève qui va passer son certif’ : L’Agriculture au Certificat d’Études Questions et Réponses par René Leblanc Inspecteur général honoraire de l’Instruction Publique, c’est le recours aux choses vues. Voir, comprendre, questionner le réel, et non pas se contenter d’absorber sans comprendre ce que fait la main. Avoir un avis sur tout et rien, définitif, péremptoire, sans concession, même à la réalité, asséner sa vérité en ignorant l’Histoire, celle des Hommes et des choses, la vie quoi.


« Au début du vingtième siècle, il y avait derrière chaque instituteur un paysan… » Après la défaite de 1870 « la France a voulu  reconstruire l’idée de nation et former une nouvelle élite républicaine… la nature est devenue sous la Troisième République une source d’instruction collective. L’École normale recrutait alors les sujets les plus doués de cette classe rurale pour en faire ses Hussards noirs comme le montre très bien l’œuvre de Péguy. Elle formait des maîtres qui eux-mêmes allaient enseigner à coups de règles l’amour de la République laïque à des enfants de paysans. Le certificat d’études était alors un brevet de citoyenneté. Le jeune adolescent savait écrire, compter, mais aussi cultiver sa terre. Il devait être autonome et savoir se débrouiller à la ferme e au village. La nature qui avait été si longtemps lyrique devenait pratique. Il fallait savoir planter des salades et compter les choux. À douze ans, on était lâché dans la nature.


Le certif’ en quelques dates :


Ay-024.JPG

 

- le 20 août 1866 sous l'impulsion de Victor Duruy, une circulaire met en place un certificat d'études primaires.


- celui-ci est institué par la loi Jules Ferry du 28 mars 1882, qui rend l'instruction primaire obligatoire de 6 à 13 ans. L'article 6 précise : « Il est institué un certificat d'études primaires ; il est décerné après un examen public auquel pourront se présenter les enfants dès l'âge de onze ans. Ceux qui, à partir de cet âge, auront obtenu le certificat d'études primaires, seront dispensés du temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer. « Pendant longtemps, pour la majorité des lauréats, le certif’ marque la fin de l'instruction obligatoire et l'entrée dans la vie active.


- 1936, la loi Jean Zay prolonge l'instruction obligatoire jusqu'à 14 ans.


- La réforme de 1959 du ministre de l'Éducation nationale, Jean Berthoin, prolonge l'instruction obligatoire jusqu'à 16 ans.


Votre Taulier n’a jamais mis les pieds dans une école de la République il n’a tété que le lait de « l’école libre » crèmerie concurrente et majoritaire en Vendée de « la laïque ». Les deux photos ci-dessous en témoignent : en maternelle avec la sœur Marthe de la congrégation des Petites Sœurs de Mormaison et à l’école primaire avec le frère Pothain de la Congrégation de Saint Louis Grignon de Montfort. Si vous êtes capables de repérer mon minois sur ces photos je vous paye un coup lors de l’un de vos passages à Paris. (Je publierai des gros plans dans quelques heures en afterwork).


Ay-005.JPGAy-006.JPG

 

Pour autant nous passions le certif’, à la fois parce que je crois que c’était obligatoire et aussi parce que les bons frères voulaient foutre la honte à la laïque avec les très bons résultats de ses têtes d’œufs. Le certif’ était noté. Donc, ayant quitté l’école Sainte Marie de la Mothe-Achard pour l’école d’agriculture ND de la forêt de la Mothe-Achard, j’étais en quatrième en 1962, lorsque le très cher frère décréta que nous allions aller passer le certif’ aux Sables d’Olonne. J’avais 12 ans et, premier acte d’indépendance, je déclarais ne pas être intéressé par cette peau d’âne. Convoqué chez le Directeur on me signifia mon inscription sans mon consentement. Le matin du jour dit je pris le car très décontracté. Je n’avais rien révisé. L’appel des noms et, ô surprise, pas le mien. Je riais sous ma barbe (déjà, non…) Le frère accompagnateur s’affolait. Il se renseignait. Réponse : pas inscrit ! Que faire ? Attendre la fin des épreuves ? Assez bon avocat je convainquis le frère de me laisser rentrer par mes propres moyens. Ce que je fis en auto-stop. Vous imaginez à 12 ans, tranquille, en stop. Et de me pointer, la gueule enfarinée dans la matinée chez le Directeur qui faillit manger son rabat. Bref, n’ayant pas passé le certif’ je ne puis le mentionner sur mon CV et aujourd’hui je le regrette.


EXTRAITS de L’Agriculture au Certificat d’Études Questions et Réponses par René Leblanc aux Éditions des Équateurs.


Ay-028.JPG

 

50 sujets sont réunis dans ce livret et englobent à peu près toutes les questions d’agriculture « accessibles aux intelligences de douze ou treize ans ». Ce que l’on demande au candidat au certif’ « c’est de résumer ses propres informations sur un fait d’agriculture expérimentale et scientifique très élémentaire, de dire ce qu’il en a vu et, s’il y a lieu, d’en tirer des conclusions pratiques. »


38. Viticulture


« Dans bien des vignobles encore, on semble ignorer la loi de restitution et croire qu’il n’est pas utile de donner des engrais à la vigne. Un simple raisonnement suffit cependant pour en démontrer la nécessité.


Chaque vendange enlève au sol une quantité notable de principes fertilisants ; selon les vignobles, 1 hectolitre de vin renferme de 500 grammes à 2 kilogrammes de potasse, sous forme de tartre ; les sarments en contenaient davantage, sans compter l’acide phosphorique, la chaux et les matières azotées ; les feuilles seules sont restituées au sol.


De sorte qu’à 1 hectare de vigne(supposé suffisamment calcaire, pour simplifier les calculs) où la récolte (raisins et sarments) renferme, par exemple, 50 kg de potasse, autant d’azote et le ¼ d’acide phosphorique, il faudra restituer, si l’on veut maintenir la fertilité : 100kg de sel de potasse à 50%, et même poids de superphosphate ou 12 à 15%, sans compter la restitution en azote.


L’engrais azoté est ordinairement fourni à la vigne sous forme de compost obtenu, sur le sol même, par un amas de couches superposées de fumier frais et de terre végétale. Le nitrate de soude active singulièrement la végétation des mauvaises herbes ; on lui préfère le fumier décomposé ou mieux le compost.


En résumé, il faut rendre à la vigne après chaque vendange, les éléments fertilisants exportés par le raisin et le sarment, savoir : l’azote sous forme de compost, la potasse à l’état de chlorure ou de sulfate, et l’acide phosphorique par les superphosphates en sol calcaire, par les scories en terre argileuse. Les vignes reconstituées sur cépages américains paraissent plus exigeantes, en engrais, que les vieilles souches françaises, peut-être parce qu’elles produisent davantage. »


Ay-027.JPG

41. Vendange et vinification


« Depuis longtemps on prépare, en Champagne, du vin blanc mousseux avec des raisins blancs ; mais aussi, et surtout avec des raisins rouges.


Au sortir du pressoir, le vin blanc est logé dans des fûts bien nettoyés et préalablement méchés, c’est-à-dire qu’on y fait dégager du gaz sulfureux soit en y brûlant une mèche soufrée, soit en y introduisant du bisulfite de soude. Cette opération a un double but : 1° suspendre momentanément la fermentation jusqu’au moment du débourbage, sorte de décantation qui élimine les impuretés tombées peu à peu au fond ; 2° décolorer le vin s’il est sorti un peu rosé du pressoir, ce qui se produit quand les raisins noirs sont très mûrs.


La fermentation, beaucoup moins rapide que dans la cuve à vin rouge, ne tarde pas à s’établir dans les tonneaux ; la bonde mal fermée laisse échapper le gaz carbonique dont on connaît les propriétés asphyxiantes. Aux premiers froids, tout redevient calme et le vin s’éclaircit ; avant l’arrivée des premières chaleurs printanières, on le soutire. Généralement, il renferme encore du sucre : on en détermine la quantité ; puis on calcule le poids de sucre raffiné qu’il faut ajouter pour produire une bonne mousse.


Ce qui rend le vin blanc mousseux, c’est le gaz carbonique dégégé par une nouvelle fermentation dans la bouteille même. Si, au moment de sa mise en bouteilles, le vin contient une quantité insuffisante de sucre, la mousse sera faible ; elle deviendra au contraire violente et pourra faire sauter les bouteilles, s’il en contient trop. On sait, en Champagne, régler les dosages et procéder aux diverses opérations pour la plupart délicates, qui terminent la bouteille de ce vin brillant et pétillant, expédié chaque année, par millions de caisse dans le monde entier. »

Partager cet article
Repost0
18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 00:09

Parfois il est des évidences qu’il faut savoir énoncer tant le sens commun semble les avoir oubliées. Lorsque le temps s’ancrait dans la réalité et non dans des images, des concepts, fricotés par des petits génies du pré-vendu, du prédigéré, faiseurs de modes ou de tendances, une salle à manger était la pièce où l’on mangeait le dimanche chez les petits bourgeois, tous les jours chez les gens d’en haut, alors que le populo lui, faute de place se contentait de le faire dans une cuisine pourvue d’une table et de chaises. Quant au restaurant, petit ou grand, du Routiers au bord des grandes nationales dont la 7 bien sûr, en passant par les bonnes maisons souvent tenues par des femmes, jusqu’aux grandes tables étoilées, on s’y arrêtait ou, on y venait, pour se restaurer. Il y avait même des maisons où l’on pouvait apporter son manger et qui gagnaient leur vie avec le boire. Maggritte-004.JPG

Bien sûr, chez soi, comme au restaurant, tout un chacun reste sensible à la qualité, voire à la beauté, de la vaisselle, des couverts, du nappage, des serviettes et surtout pour nous gosiers fins : des verres. Des fleurs sur la table, un service attentionné et impeccable, chez soi comme au restaurant participent au savoir-vivre et au contentement. Et  bien évidemment la simplicité n’est pas forcément synonyme de petite cuisine ou de gastronomie au rabais. Le décorum, l’épate,  le trop de tout, aussi bien dans le style néo je ne sais quoi que dans la froideur d’un faux-minimalisme à coup de matériaux dignes d’une formule 1 ou d’une fusée spatiale, n’apportent pas grand-chose au plaisir si ce n’est celui d’un paraître de nouveaux riches. Quant au service proliférant, encombrant, caquetant, malpoli lorsqu’il interrompt la conversation pour vous décrire l’œuvre du maître, intransigeant pour la partie sommelière sur les accords mets-vins, hautain parfois comme si nous n’étions pas à la hauteur de la magnificence de la maison qui nous tendra une addition en béton ou cire-pompe jusqu’à l’outrance si dans la tablée la tronche de cake d’un ou d’une people émoustille la brigade, je ne vois pas ce que tout cela apporte à ma restauration.


Reste l'essentiel : ce qu’il y a dans notre assiette, puisque de nos jours le service se fait majoritairement à l’assiette, et là trop souvent le désir du client, de celui qui vient se restaurer – concept qui selon les jours, les heures, les circonstances va de l’œuf mimosa jusqu’au plat le plus raffiné – est la dernière préoccupation du chef. Quand il ne vous impose pas un manger sans choix possible, il ne vous demande en rien votre avis sur la taille de la portion qui va d’un minimalisme chichiteux absorbant des heures d’une main-d’œuvre très qualifiée à un trop de tout qui ne cadre pas forcément avec l’appétit d’oiseau de votre compagne du jour. Pour le boire n’en parlons pas, vu la tradition des prix à la bouteille coups de bambous ou de ceux au verre à choix restreint et tout aussi juteux. Quant à la qualité du breuvage elle dépend du soin apporté à la conservation. Bref, et si ces messieurs – ils sont encore ultra-majoritaire – et ces dames aussi, voulaient bien penser un tout petit peu à nous plutôt que d’être obsédés pour certains ou certaines par des étoiles de plus en plus toc ou par du du précuit pour les champions du revenant bon maximal avec les gogos de payants.


Pour inverser la tendance, le cours, que dis-je la dérive, ce matin je lance un appel pour un retour aux sources en mettant sur la table une chaîne volontaire – je n’ai pas écrit franchisée – baptisée : La Salle à manger®.


Chaque adhérent y adjoignant son prénom, son nom, celui du lieu, de ce qu’il veut. Ce qui donnerait : La salle à manger de Léon, d’Eva, d’Antonin et de Samia Iommi-Amunategui, de Guillaume NICOLAS-BRION, de la Baronne G, du Taulier, de la Gare, de la Poste, de la Santé, du Boulevard Saint-Jacques, des Amoureux, de Sainte Thérèse de Lisieux, des Indignés, des Bois sans soif…


La Charte de cette chaîne volontaire n’aurait rien à voir avec un cahier des charges. Je hais les cahiers des charges ! Ne serait en rien un label. Je déteste les organismes certificateurs mangeurs de laine sur le dos. Ce serait tout bêtement l’engagement de faire simple et de bon goût pour le décor et tout ce qui touche à la table...


Et du côté manger du bon, du frais, de la proximité, du cuisiné en direct avec comme seul juge le bouche à oreille des clients. Le point essentiel sera de proposer si le chef tient au service à l’assiette  des portions tarifées en fonction de l’appétit du client : je n’innove en rien ça existe déjà dans certains restaurants (petite, moyenne, grande assiette). Dans le cas d’un plat partagé sur table par les convives : même approche pour l’importance du plat : ça se fait déjà avec les poissons selon leur poids. Bref, ce qui compte c’est l’adéquation entre la faim du ou des clients et la nécessité pour le restaurateur de gagner sa vie. Plutôt que de nous faire chier avec des descriptions de plats un bon palabre préalable au repas mettrait tout le monde en appétit et permettrait de satisfaire et le porte-monnaie du restaurateur, et celui des clients, tout en contentant l’estomac de ces derniers. Tout le monde n’atteint pas la satiété avec la même quantité de manger.


Et du côté matériel de cuisine : tout ce qu’il faut, rien que ce qu’il faut et pas plus que ce qu’il  faut. Nous les cochons de bouffants nous n’avons nul besoin de voir le poids des investissements pharaoniques des stars de la haute gastronomie faire maigrir nos assiettes. C’est lourd pour l’addition et léger pour l’estomac ! La satiété est trop souvent inversement proportionnelle à celle de l’ego de certains étoilés. Les millions d’euros ça ne n’apporte pas à la cuisine une once d’inventivité, ça satisfait les fonds de pension qui n’aiment rien tant que le gavage à deux chiffres.


Enfin du côté du vin : là je propose, mais je n’impose pas, le concept de vignerons ou de maisons de vin associés à La Salle à manger ® fondé sur la triple satisfaction du client, du vigneron et du restaurateur toute entière contenue dans le PRIX de la bouteille ou d’un verre. Discussion, échange d’arguments, accord clair tenant compte des intérêts de chacun : ça me semble plus productif et efficace qu’un colloque sur le prix des vins au restaurant. Sans se la jouer alter : du commerce équitable explicable aux clients.


Le seul engagement obligatoire sera bien évidemment une adhésion à l’Amicale du Bien Vivre dites des Bons Vivants et bien sûr le Taulier ne touchera pas la moindre royaltie sur l’enseigne. Il se contentera, tout autant que Dieu lui prête vie, de botter le cul à ceux qui profiteraient de la folle réputation de l’enseigne La Salle à manger ® pour fourguer tout ce qu’il déteste et décrit ci-dessus. Autre point de la plus grande importance : pas de photo du Taulier, genre petit père du peuple, encadrée dans la salle à manger.

 

Bien évidemment toutes les suggestions visant à améliorer la « géniale proposition » du Taulier seront les bienvenues…

 

Bien sûr il suffit de consulter Google pour comptabiliser toute une tripotée de restaurants baptisés La Salle à manger mais ils n’ont rien à voir avec ce que je propose. Ils n’ont pris qu’un nom de fantaisie… Nous c'est du lourd, du vrai, de l'authentique...

Partager cet article
Repost0
17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 00:09

Roses-et-Primeurs-001.JPGEn notre France qui a raccourci le dernier détenteur royal du pouvoir absolu le vocabulaire monarchique est toujours prisé : nous parlons des fonctions régaliennes à propos du pouvoir exécutif de la République et pour les familles qui ont su transmettre au fil des générations un patrimoine abritant des trésors viniques : de dynasties. « À l’origine même de la maison qui porte leur patronyme ou devenues propriétaires au cours de l’histoire de domaines réputés, les familles dont nous vous contons ici l’épopée font du vin depuis trois générations au moins. » écrivent JP de la Rocque et Corinne Tissier dans leur livre Guerre & Paix dans le vignoble Les secrets des douze grandes dynasties du vin chez Solar.


Antinori, Bollinger, Drouhin, Egon Müller, Hugel, Lurton, Mellot, Pol Roger, Roederer, Romanée-Conti, Rothschild, Torres… Nous y sommes… mais pourquoi me direz-vous un match entre Catherine et François ? Tout bêtement parce que j’ai reçu d’eux deux flacons de vins rosés issus de leur production :


-         Pour Catherine 1 Sancerre Rosé 20011 Le Rabault et 1 Reuilly rosé Jean-Michel Sorbe 2011 ; Roses-et-Primeurs-003.JPG

-         Pour François  1 Vino de la Terra de castilla Y Léon Rosé 2011 Bodega El Albar et Vin  de France fumées blanches Rosé 2011.Roses-et-Primeurs-006.JPG


« Guerres ou révolutions, pandémies humaines ou viticoles, luttes fratricides… elles se sont montrées plus résistantes que leurs ceps de vigne au phylloxéra ! Quel est donc le secret de leur longévité ? Seulement 15% des entreprises familiales passent à la troisième génération. Qu’en est-il pour le vin ? Aucune statistique officielle sur le sujet. « mais la maxime populaire selon laquelle le fondateur soit un aigle, le deuxième un faucon et le troisième un vrai c… se vérifie aussi dans le vin ! » ironise Jean-Philippe Hugel, PDG de la prestigieuse maison alsacienne. »

9782263050510.JPGAlors vous me voyez venir avec mes gros sabots plein de paille : je vais vous gratifier de quelques citations en vrac. Je suis l’ordre alphabétique :

 

LURTON : quelle galaxie !

imagesFL.jpg

« Dans le monde du vin, ce nom est un sésame. Pourtant, la famille Lurton reste méconnue du grand public. Même si l’amateur averti connaît certains de leurs nectars (…) en revanche, il ignore que la dynastie Lurton, c’est déjà plus d’un siècle d’histoire et un patrimoine total de vingt-cinq châteaux, dont plusieurs crus classés bordelais, 1200 hectares de vignes en Bordelais et dans le Languedoc, des domaines en Argentine, au Chili, en Espagne, au Portugal et même en Australie. 


Certes, tout cela n’est pas la propriété d’un seul homme. À l’image des Rothschild, les Lurton ne font pas cave commune, autant d’étiquettes, autant de prénoms, autant de Lurton, peut-on dire. Faire le tour des propriétaires relève à l’évidence d’un voyage à la Jules Verne (…)

Quatre à la deuxième génération, vingt-quatre à la troisième et plus du double à la quatrième… pas facile de s’y retrouver dans cette dynastie tentaculaire !  Des présentations s’imposent donc. L’essentiel du patrimoine viticole est aujourd’hui  détenu, de manière indépendante, par deux des quatre  branches de la deuxième génération. »

 

Pour faire simple c’est André et Lucien Lurton.


« Frères ennemis, André et Lucien Lurton ? « Non, ils ne sont pas fâchés. Simplement, ils ne se fréquentent plus, c’est tout », lâche Jacques, fils d’André. Orphelin de leur mère à 10 et 9 ans, André et Lucien ont tenté de travailler ensemble. Très vite pourtant, leurs chamailleries de jeunesse se sont transformées  en rivalité professionnelle. André « l’expansif » et Lucien « le taiseux », ont une vision de la vie et du vin radicalement opposée. À l’évidence, les deux frères n’évoluent pas sur la même planète ! D’un côté, Lucien le solitaire, de l’autre André, en quête perpétuelle de reconnaissance (…)


« La divergence d’approche de la vie se retrouve dans la manière dont ils ont développé leurs affaires viticoles », observe Thierry, fils de Lucien. Même si les deux frères ont hérité du côté Géo Trouvetout de leur grand-père Récapet. « Lucien comme André ont énormément innové, qu’il s’agisse du matériel pour la vigne ou pour la vinification », souligne le fils d’André, François (junior).


« André Lurton rechigne à passer le relais à la génération suivante. Au grand dam de ses neufs enfants, surtout de Jacques, qui après quelques mois à la tête de l’entreprise familiale a jeté le gant, fin 2006, dégoûté par le caractère tyrannique d’un père incapable de lâcher les rênes. Ce comportement considéré par ses propres enfants comme autocratique avait déjà poussé Jacques et son frère François (junior) à fonder, dès 1988, leur propre société de négoce, faisant de leur nom un label quasi-planétaire (…)Jacques et son frère François (junior) « ont dénoué en 2006 l’association qui leur a permis de bâtir une entreprise viticole d’envergure international(…) Pilotée désormais par le seul François Lurton, insatiable bâtisseur, cette société est présente dans cinq pays, écoule plus de 6 millions de bouteilles et pèse aujourd’hui près de 25 millions d’euros. En dix-huit ans de travail commun, les deux frangins ont fait de leur patronyme, sans forcément le vouloir au départ, une marque mondiale de vins biens faits à prix serrés (entre 5 et 10 euros). »


« Si la question de la succession pollue les relations d’André avec ses enfants, ce n’est pas le cas pour Lucien, qui a réglé cette question il y a dix-sept ans déjà. Lors d’une réunion de famille qui a marqué à jamais ses dix enfants. Lucien leur a légué ses dix châteaux. »


Le livre date de 2008, des évolutions sont intervenues depuis mais je n’ai pas vocation à l’exhaustivité


MELLOT : cousins, cousines….

indexCCM.jpg

« Alphonse senior et Alphonse junior qui a pris le relai de son père partagent une philosophie tout élitiste du vin, pour le plus grand plaisir du palais. Prénommés Alphonse de père en fils aîné depuis cinq générations, les Mellot revendiquent plus de cinq siècles d’histoire dans le vin… pas moins de dix-neuf générations à Sancerre.


Mais un Mellot peut en cacher un autre… À quelques mètres de là, au 16 de la Nouvelle Place de Sancerre, un restaurant bien nommé l’auberge Joseph Mellot rappelle aux visiteurs et aux touristes qu’il y a d’autres membres de la famille à Sancerre. Ici, pas question de déguster les nectars d’Alphonse Mellot, mais les vins des heureux propriétaires de la maison Joseph Mellot, qui se prévalent de la même lignée née en 1513. Et pour cause, les deux branches Mellot sont cousines, mais s’ignorent.


Certes, les « Alphonse » et les « Joseph » portent le même nom. Mais ils ne jouent pas dans la même ligue viticole.


À la tête des vignobles Joseph Mellot, une femme, Catherine Corbeau-Mellot, businesswoman, la quarantaine dynamique,  a pris les rênes de l’entreprise familiale après le décès prématuré de son époux Alexandre Mellot, en 2005, des suites de maladie. So credo ? Faire des vins « plaisir » à  des prix raisonnables – de 5 à 15 euros – la bouteille. À l’opposé de celle des « Alphonse », cette stratégie s’est avérée aussi très payante et lui vaut d’être citée régulièrement dans les guides les plus établis (…)


Successions, bagarres, jalousies ou décès : il s’en est fallu de peu pour que l’entreprise Mellot, unique à l’origine, ne disparaisse. Mais soucieuses de préserver chacune leur part d’héritage, les deux branches de la famille ont préféré le divorce à la berrichonne pour faire cave à part. Chacun des Mellot a ainsi poursuivi son chemin dans se préoccuper de l’autre (…)


« Lorsque Catherine arrive dans la société en 1987 après avoir rencontré « l’homme de sa vie », elle s’occupe de la partie commerciale. Épaulée par Alexandre, elle suit les cours de l’université du vin à Suze-la-Rousse et prend des responsabilités dans la marche de l’entreprise. Au lendemain du décès d’Alexandre, elle ne se pose même pas la question. « Deux jours après, il y avait une réunion export. J’y suis allée, je n’allais tout de même pas laisser s’écrouler la société », raconte-telle. « Les sœurs d’Alexandre – Marie-Josèphe, Isabelle et Pascale – et ma belle-mère m’ont donné confiance pour continuer. ».

 

Voilà des extraits de deux histoires que vous pouvez lire dans leur intégralité dans Guerre & Paix dans le vignoble Les secrets des douze grandes dynasties du vin de JP de la Rocque et Corinne Tissier chez Solar.

 

Du côté des vins : ceux de Catherine, le Sancerre Rosé est un 100% Pinot Noir et le Reuilly Rosé est un 100% Pinot Gris. Ils sont tous les deux de couleur saumonée clair ; ceux de François l’espagnol est un rosé de goutte 100% Tempranillo et le Vin de France rosé est un Grenache Syrah Sud de France. Ils sont plus colorés, et munis de capsules à vis. Le Sancerre est vendu 12,90€ et le Reuilly 9,90€ alors que l’El Bar est vendu 8,50€ et les fumées blanches rosé 6,95€.

Roses-et-Primeurs-008.JPG

Roses-et-Primeurs-010.JPG

Roses-et-Primeurs-012.JPGRoses-et-Primeurs-013.JPG

Les adresses : www.josephmellot.com et www.domainesfrancoislurton.com

 

Du côté de la dégustation il n’y aura pas de guerre des Roses entre Catherine et François, j’en ai décidé ainsi. En effet, la confrontation n’était que littéraire et simple prétexte à mettre en parallèle des destins. Ce faisant, je ne me dérobe pas face à l’obstacle car il n’y en a aucun sur mon chemin. Cependant je puis vous confier, sans jouer à Salomon, que mes deux préférés sont le Reuilly de Catherine et les Fumées Blanches de François. Je les aime pour leur fraîcheur et leur vivacité, ce sont des vins de petit plaisir même si le différentiel de prix lié au fait que les vins de Catherine sont nés dans des AOC, dont une, le Sancerre, a la cote, me semble un peu trop fort. Mais c’est ainsi que le consommateur voit souvent le prix d’un vin : il a en tête une échelle de référence, prix trop petit pour un … c’est non, prix trop lourd pour un … c’est encore non.

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents