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20 juillet 2008 7 20 /07 /juillet /2008 00:02

La réunion s’étirait, vide. Mes frelons ne bourdonnaient même pas ils se sodomisaient mutuellement à grands coups de langue de béton. Gustave, bercé par leur musique sérielle, s’était assoupi ses grosses pognes croisées sur son imposante bedaine. Bientôt, ses ronflements, bouche ouverte, tronçonnait le débat. Imperceptiblement, comme pour respecter le repos bien mérité du prolo, les intervenants baissaient le ton, chuchotaient presque, ce qui conférait à notre étrange assemblée un statut de matines monacales. À intervalles réguliers, la respiration de Gustave se bloquait. En apnée, son visage rougeaud se violaçait. Ses épaules s’affaissaient. Sa masse corporelle semblait se calcifier. Le silence se faisait. Les petits maos s’inquiétaient, et si leur pur spécimen de prolo virait de l’œil, que feraient-ils ? Ils paniqueraient comme lors de la première bataille de Flins : une volée d’étourneaux, le sauve qui peu désordonné, tout sauf un beau repli en bon ordre. Suspendus à l’insondable vision de cette bouche peuplée de chicots ébréchés et jaunis par la nicotine, je suis sûr que certains priaient. Et puis, tel un diesel poussif, secoué de spasmes violents, le Gustave réenclenchait sa pompe à air. Un zéphyr de plaisir léchait les tignasses ébouriffées de ces mômes que Marcellin appelaient des enragés. Imperturbablement ils reprenaient le fil. Je m’emmerdais ferme et, comme mon cher collègue, je me sentais guetté par une belle plongée dans le sommeil

 

Alors que je me laissais aller à faire quelques incursions dans ce plaisir ouaté un lourd fracas me faisait sursauter. Mes deux voisins, comme tout le reste de l’assemblée, se redressaient vivement. Pétrifiés. Moi je restais assis un peu abasourdi. La chaise de Gustave, sous le poids de la bête, s’était désintégrée. Surpris dans son sommeil l’enflure s’était affaissée comme un soufflé trop cuit. Protégé par son large cul  il rebondissait tel un culbuto, déployant ses bras pour ne pas verser sur le côté. Il se stabilisait. Aucune main secourable n’osait se tendre vers lui pour l’aider à se remettre sur son céans. Mes intellos, sans être particulièrement psychologues, se doutaient bien que leur « ancien mineur » chéri, leur chti  ne goûtait guère sa nouvelle position. Seule Chloé, la seule fille présente, se précipitait. S’accroupissait offrant ainsi au vieux salingue le panorama de ses belles cuisses. Gustave inspirait puis sa grosse pogne se tendait vers le petit espace libre entre les genoux de Chloé. Dans un même élan tous les faux-culs se rasseyaient, tournant le dos à ce spectacle vulgaire. Ils bavaient mais n’en laissaient rien paraître. À mon tour je me levais. Gustave en était à fourrager dans le slip de Chloé qui bien sûr, au nom du respect de la classe ouvrière, le laissait faire, lorsque je me portais à leur hauteur.

 

« Suis-moi ! » Chloé levait sur moi un regard décontenancé. L’enflure, tel une carpe hors de l’eau, ne trouvait pas les mots de merde dont il voulait me consteller. Pour Chloé le choix était cornélien : comme on m’avait présenté au début de la réunion comme un OS de chez Citroën, je me retrouvais sur un pied d’égalité avec l’autre représentant des larges masses. Je voyais dans les yeux de Chloé que son choix était fait. Pleine de commisération pour l’enflure elle hésitait encore sur la manière. Sans aucune pitié j’achevais l’infâme d’un méprisant : « On va aller prendre un verre sur le Boul Mich’ ça t’évitera le pelotage de ce vieux salingue… » et m’adressant aux défenseurs des opprimés je leur passais une avoinée : « chez moi on respecte les femmes. Vous n’êtes que des couilles molles, des mal-baisés, vous me donnez envie de gerber. Vous déshonorez votre cause en tolérant que cette outre pleine de bière se fasse tailler des pipes par vos sœurs. Je n’aime pas faire la morale mais vous feriez mieux d’aller aux putes vous soulager les gonades plutôt que de vous branler de mots ronflants… » Chloé debout tirait sur sa mini-jupe. Je lui prenais la main et nous sortions. Avant de passer la porte je lançais à Gustave : « rendez-vous au buffet de St Lazare, faut qu’on cause nous deux camarade… »

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19 juillet 2008 6 19 /07 /juillet /2008 00:09

 

Chaque jour j'écris.Tout et rien, des petits riens de rien du tout jetés sur la Toile pour vous. La solitude de l'épistolier, celle de Gaston Chaissac, qui écrivait des lettres à tout le monde : au boulanger de Saligny comme au Pape, est aussi mon lot... Jean Paulhan, le "pape des lettres", qui allait gérer une partie des lettres de Chaissac - celles envoyées à des gens connus - "comme autant de bouteille à la mer" avait répondu à Chaissac, en 1954, "nous parlons souvent de vous avec Raymond Queneau, qui vous admire..." Baume au coeur car, entre la non réponse et la poste à jamais restante, Chaissac sait bien que pour qu'il y ait échange, il faut trouver quelqu'un sur son terrain, et dans des dispositions voisines des siennes. Sa femme, Camille Chaissac, confie " pourquoi écrivait-il ? L'oeuvre d'art objet (tableau, sculpture) est encore un obstacle entre soi et autrui. Alors il écrit des lettres, par dizaines, par centaines... A n'importe qui. Les gens dont il trouve l'adresse dans le journal. ? Je le vois qui écrit : "Cher ami..." Je lui demande qui est la victime, cette fois ! Et il me répond : " Ah, je ne sais pas..." Selon la tournure de la missive, il l'envoyait à celui-ci, ou à cet autre. Et il allait à la boîte aussitôt."
Gaston Chaissac portraituré par Jean Dubuffet (juillet ou août 1947) ce dessin fait partie de la fameuse série : "Plus beaux qu'ils croient" comprenant, entre autres, les portraits de Jean Paulhan et d'Henri Michaux.

Rassurez-vous, je ne me prends pas pour Gaston Chaissac, qui n'a jamais pu trouver sa place dans les petits villages vendéens où il vivait, comme à Ste Florence de l'Oie, artiste au milieu de paysans durs, étranger transplanté, d'abord dans le bocage puis dans le Marais poitevin au gré des affectations de son institutrice laïque de femme - la vie sera plus simple dans le Sud moins confit de religion - souffreteux parmi les bien-portants, "cordonnier in partibus" (il n'a jamais exercé son métier) dans un monde où seule la valeur travail est reconnue et ne voyez-pas dans cette référence une forme de spleen, de vague à l'âme. Mon propos pointe seulement le doigt sur un des maux de nos sociétés : la solitude et l'incommunicabilité entre les hommes. A ma petite échelle, je tente, avec vous, de créer des liens, de redonner de la fluidité, de la chaleur, de la convivialité, en réhabilitant une nouvelle forme de correspondance. Donc chaque matin je poste une lettre qui, sans vanité aucune, pourra être lue par le monde entier ou par personne. Qu’importe ! Ceux d’entre vous qui ont répondu à mes questions, longuement d’ailleurs, me confortent dans ce goût que j’ai pris au jour le jour, en écrivant, de vous sentir si proche et si lointain.

Le titre de ma chronique de ce matin est le copié-collé de celui d’un texte de Chaissac. C’est un clin d’œil à l’un de mes fidèles lecteurs, l’ami Jean-Paul, qui à la Fête de la Fleur à Bordeaux confiait, au petit groupe qui l’entourait, qu’il ferait un jour éditer « mes écrits ». Je n’ai jamais envoyé un quelconque manuscrit – sauf des contes pour enfants – à un éditeur et aucun d’entre eux n’a jamais sollicité ma plume pour écrire un beau livre sur le vin. Sans doute estiment-ils, à juste raison, que mes écrits ne sont pas très vendeurs. Mon incommensurable orgueil, ma vanité de bipède pensant, vous en doutez sûrement, en sont froissées. Mes nuits en sont-elles pour autant peuplées de manuscrits transmutés en collection blanche ? Non, et ce pour une simple raison : je lis beaucoup, de grands et de petits auteurs, et je ne me sens guère à leur hauteur. Alors je ne cherche pas d’éditeur…

«  Je suis à la recherche d’un éditeur. Un ami quoi est fabricant d’épouvantail à moineaux m’en a indiqué un, et où il fallait passer pour aller le trouver ; sur ses indications, j’ai suivi le sentier jusqu’au bord de l’eau, j’ai grimpé l’échelle scellée dans le grand rocher et en haut j’ai vu l’éditeur qui roupillait devant sa hutte de roseaux, au sommet de laquelle flottait un tout petit drapeau que les pluies avaient délavé et le soleil pâli. J’ai fait timidement du bruit, et quand il a ouvert un œil, je lui ai dit que j’avais un manuscrit, et de mon bonnet où je l’avais mis, je l’ai sorti pour qu’il le voie. Mais l’éditeur m’a dit qu’il était en vacances et qu’il fallait que je lui foute la paix, que ce n’étaient pas des façons de venir jusqu’ici le déranger. Alors j’ai bien vite détalé, en moins de deux j’étais en bas de l’échelle et je me suis retrouvé dans le sentier avec une épine dans le pied ; ça m’a fait bien mal.

Un autre éditeur que je suis allé trouver avait une crise de goutte et n’était pas à prendre avec des pincettes. Un autre encore partait marier sa fille quand je suis arrivé chez lui, aussi je n’ai pas insisté – d’autant plus qu’elle se mariait avec un garçon qui lui déplaisait ça se voyait à la tête qu’il faisait.

Dix autres m’ont envoyé promener.

Et un marchand de cannes et parapluies m’a dit :

-         Ton éditeur, mon petit, il n’est pas encore né, c’est moi qui te le dis !

-         Il n’est pas encore né, ai-je répété après lui, ah ! malheur de malheur, si seulement il avait déjà ses dents de lait ça me ferait patienter. »

Gaston – Georges – François CHAISSAC

Si au cours de vos vacances vous passez par la Haute-Marne, du côté d'Auberive, arrêtez-vous à l'abbaye d'Auberive qui accueille du 1er Juin au 5 Octobre 2008  : Les passeurs de frontière " Gaston Chaissac, Pierre Bettencourt, Louis Pons" http://www.abbaye-auberive.com/crbst_2.html . Avec Vin&Cie bronzez intelligent car le vin est aussi un passeur de frontière...

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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 00:04


J'aime bien Pascal Frissant c'est un vigneron poète. Lyrique, avec ce grain de folie qui donne à ses propos des couleurs et des saveurs que l'on ne rencontre plus dans les débats convenus, aseptisés. Même si je ne partage pas toutes ses craintes, et en dépit de l'étiquette de partisan des "vins industriels" destructeur de la viticulture paysanne que certains ayatollahs de la Confpé m'ont accolé à la suite de mon rapport de 2001, avec Pascal l'amitié et l'estime ont toujours fait fi des contingences du moment. Débattre avec Pascal était toujours un plaisir même s'il me fallait parfois revenir au raz des ceps et des rayons de ces foutus vendeurs de vin. Ces derniers temps, alors qu'il avait accepté de répondre à mes 3 questions, au téléphone je l'ai senti un peu las, ayant envie de prendre du champ, de se consacrer à ses vignes. Je viens de découvrir dans le "Paysan du Midi" sa lettre ouverte au président et au directeur de Viniflhor où il donne les raisons de sa démission du Conseil de Direction de Viniflhor. Je vous la livre sans commentaire. Bon vent Pascal et à un de ces quatre pour partager le pain et le sel un verre de vin bien en main. Pascal Frissant exploite le domaine de Coupe-roses à La Caunette sur les rudes terroirs du Minervois, dans la partie ouest du département de l’Hérault. Il vinifie toute sa production et beaucoup de ses vins sont vendus à l’exportation

http://www.coupe-roses.com/

Monsieur le Président, Monsieur le Directeur,

J'ai le regret de vous adresser ma démission aux sièges que j'occupe au titre de la Confédération Paysanne, à compter de ce jour.

J'ai eu de l'honneur et du plaisir à représenter une partie du monde vigneron "à Paris" suivant l'expression ancienne.

Je suis assez heureux du travail de rédaction et de publication de la brochure "les frontières du vin" pour laquelle votre aide fut essentielle. Nous avons amorcé un débat sur les limites de l'usage du mot vin, sur la dangerosité de la perspective de la commercialisation de fractions de vin, sur l'aspect non purement marchandise mais éminemment sémiotique * du vin. L'appel ultime contre les naufrageurs du vin donna une dimension particulière à ce débat.

Enfermés dans une vision du monde et de la consommation ne laissant pas de marge de manœuvre à ceux qui veulent se détacher des dogmes des grands marchands, mes collègues responsables professionnels n'ont pas pu rentrer dans la question : qu'est-ce que le vin ?

La question reste pour moi la même depuis longtemps : pourquoi boit-on encore du vin, pourquoi cette boisson archaïque gagne-t-elle en universalité ?
Le redéveloppement des exploitations viticoles, des installations et de l'emploi à la production dépend du statut du vin et de la régulation des marchés autour de cette définition. La fuite en avant dans la régulation et la fabrication du breuvage "vin" amorce une nouvelle vague de faillites paysannes, de situations de douleur et d'échecs, de destruction des tissus ruraux.

Nous ne parvenons pas à mesurer certains mécanismes lourds.
Il y a d'abord celui de la mort du producteur dans les vins de marque et de la mort du Vin par le développement des techniques correctives. La fraude précède généralement la légalisation comme le prouve le développement actuel de l'offre d'aromes exogènes et de la pratique du mouillage.

La déconstruction du substrat "mout" ou "vin" "st suivie d'une reconstruction matérielle qui pourrait bien aboutir à des vins prémix. Il y a également l'offensive permanente des moines-soldats de l'hygiénisme qui trouveront dans ce vin mort l'évidence de ses fonctions d'imprégnation alcoolique dépourvues de toute modération culturelle. La casse du vin va s'amplifier avec le productivisme. L'augmentation des rendements est présentée comme seul horizon possible pour le maintien d'une recette/ha. Nous connaissons le lot d'aberrations écologiques accrochées à cette orientation : la gaspille de l'eau, l'augmentation de la fragilité des plantes, l'usage accru de pesticides... On peut comprendre le raisonnement au niveau du guidon dans une entreprise ; je comprends moins l'absence de travail culturel sur le vin, l'absence de réflexion sur l'impact négatif des techniques mises en oeuvre à la production, sur le mécanisme de construction de la valeur symbolique du vin et des vignerons qui soutient pourtant l'ensemble de son économie actuellement.
L'absence s'un temple de la vigne et du vin à l'image du Futuroscope de Poitiers, la quasi-absence de chaire d'Histoire du vin, de géographie viticole ou de techniques d'investigations archéologiques et historiques permettant de travailler sur les dimensions quasi-universelles du vin sont autant d'éléments qui donnent la mesure de la pauvreté culturelle de la représentation professionnelle. C'est un tapis rouge pour le cynisme des marchands.

Après le règne de l'idéologie des marchands qui jettent des cailloux aux poètes, eux qui jadis en étaient les mécènes, viendra celui des citoyens du monde dotés d'un revenu. Ils chercheront la vérité agronomique des mets, des vins et de notre relation à la nature et aux autres.

Les difficultés sont grandes dans nos exploitations. Des pères de famille sont humiliés par leur impossibilité à résoudre leurs problèmes financiers. Un voisin vient de vendre à 42 euros l'hl un vin de pays à 13,4% vol. qui eut pu être Minervois. Notre village est à 56 hl/ha en moyenne !

Le temps passe. La nouvelle régulation semble être celle du prix comprimé même en période de déficit de production. Nous sommes passés d'une régulation qui protégeait les vignerons à une régulation qui garantit des bas prix au négoce.

Cette situation nous décime.

Je pense que l'obsession du contrôle politique de la filière et les restes de physiocrates** qui poussent à refuser de reconnaître une valeur à la demande sociale "de la ville" nous jettent dans des difficultés de fond et participent à cette nouvelle régulation. les analyses de résidus de pesticides publiées récemment sont un avant-goût des problèmes que la sporulation corporatiste veut nous faire ignorer depuis vingt ans.

Dans des conditions meilleures peut-être travaillerons-nous dans le futur.
Je continue à œuvrer pour la défense du vin et des paysans vignerons, pour la solidarité avec les paysans pauvres du monde et pour que mes enfants puissent s'installer.

Merci de bien accueillir mon successeur.

Salutations.

Pascal Frissant.

·        La sémiotique est la théorie des signes culturels.

·        la physiocratie (le pouvoir de la nature) est une doctrine économique qui considérait l'agriculture comme source essentielle de la richesse.

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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 00:08

Au cours d'une conversation avec mon ami François, le président de la région Bourgogne, alors qu'il occupait le 78 rue de Varenne, et que les conclusions de mon rapport le laissaient dubitatif, j'avais eu cette boutade "La Bourgogne, de part son image et sa dimension, est condamnée à l'excellence..." Façon de dire que mes élucubrations ne s'adressaient pas en priorité à cette belle Région. Ce matin, rebondissant sur ma boutade, il m'est agréable de souligner, même si certains vont de taxer d'être trop gentil,  un comble pour moi, que s'il est bien une maison qui symbolise cette excellence bourguignonne c'est bien la maison Louis Jadot que dirige Pierre-Henry Gagey. Mais, aujourd'hui, c'est au président de l'Interprofession : le BIVB que mes 3 Questions s'adressent. En effet, dans les débats actuels qui agitent, à juste raison, notre beau secteur le poids de la Bourgogne, sa part de voix comme disent les spécialistes, sa petite musique, vont peser lourd. Je remercie Pierre-Henry Gagey de sa disponibilité.

Question n°1 :

Bonjour Pierre-Henry Gagey, lors de l’assemblée générale du BIVB, le 28 juin, vous avez déclaré dans votre rapport moral : « Sur le plan économique, la Bourgogne va encore plutôt bien. Après une campagne record, nous sommes actuellement dans le dernier trimestre de la campagne 2008/2009, qui a démarré rapidement et s’est poursuivie sur un bon rythme. » Pourquoi ce encore ? Êtes-vous inquiet de l’évolution de l’environnement économique international ?

Réponse de PH. Gagey : En 2007, tout a fonctionné merveilleusement pour la Bourgogne. La demande aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et au Japon, qui sont nos trois marchés les plus importants, s’est raffermie et le millésime 2005 qui est d’une qualité exceptionnelle a tiré toute notre région. Si nous ajoutons à cela la grande popularité du cépage Pinot Noir à travers le monde, toutes les conditions étaient là pour que le succès soit au rendez-vous. Comme toujours, nous avons des difficultés à trouver l’équilibre et quand nous vendons bien, nous avons tendance à vendre trop bien. Cela entraîne inévitablement une tension sur les achats entre le négoce et la viticulture et d’un seul coup les prix se raffermissent. Le niveau très élevé de l’Euro renforce encore ce sentiment de hausse de prix à l’étranger et nous nous attendons bien sûr à un ralentissement. Ce ralentissement est souhaitable car nous ne pouvons pas tous les ans vendre plus d’une année de récolte. Sera-t-il harmonieux, je ne le sais pas car comme toujours quand les ventes baissent, elles baissent parfois trop vite. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu dire à tous les opérateurs bourguignons : « attention, essayons d’atterrir en douceur, ne profitons pas de cette impression de manque pour augmenter nos prix car nos clients ne comprendraient pas. Au contraire, soyons d’une grande vigilance afin de pouvoir redémarrer tranquillement l’année prochaine ».

Question n°2 : Toujours lors de cette assemblée, en introduction du débat sur « agrément, typicité et marchés », en présence d’Yves Bénard, président du CN Vins et Eaux-de-vie de l’INAO vous avez souligné que la Bourgogne « mosaïque de terroirs » ne pourrait pas se contenter d’une «  définition simpliste et triviale » de la typicité et que vous n’iriez pas au-delà « d’un renforcement les procédures d’agrément permettant d’éviter aux consommateurs certains vins ayant des défauts et faisant tort à notre Bourgogne. » Pensez-vous être entendu du CAC ? Beaucoup de vignerons d’autres régions sont, vent debout, contre la  dégustation sanction "appartenance à la famille sensorielle de l’appellation. Le bon sens va-t-il triompher ?

Réponse de PH. Gagey :

La Bourgogne a été pilote pour mettre à l’essai le nouvel agrément. Depuis maintenant 2 ans un certain nombre d’appellations et de maisons de négoce ont joué le jeu afin de voir en réel ce qui allait pratiquement se passer. Les résultats ont été très positifs et nous sommes ravis de généraliser cette nouvelle procédure d’agrément. Par contre, nous avons clairement dit au CAC que notre souhait était l’élimination des défauts dans les vins et en aucun cas l’analyse de la typicité de telle ou telle appellation. Les professionnels bourguignons sont très soudés sur ce sujet et je pense sincèrement que le bon sens l’emportera. Quoiqu’il arrive, nous serons extrêmement vigilants et nous n’avons aucunement l’intention d’y déroger.

Question n°3 :

Dans le grand débat sur la gouvernance de la filière, avec le président Patriat, vous appelez à la vigilance car « vous ne souhaitez pas une économie administrée depuis Paris mais une gestion régionale de la filière. » Je partage depuis toujours ce point de vue mais pourquoi les professionnels, les entreprises du vin en général, à l’image d’autres grands secteurs économiques comme l’automobile, où à l’instar de Wine Australia, ne prennent-elles pas leur destin en mains, hors pouvoirs publics, pour mieux assurer le lobbying de leur produit au plan national ou international sur des sujets de grande  importance à l’avenir : pesticides, taxe carbone, santé publique ?

Réponse de PH. Gagey :

En France, le monde du vin est fortement ancré dans la culture d’appellation d’origine contrôlée. Ce système mis en place dans les années 30 est un système collectif où l’état joue un rôle important, au même titre que les professionnels. Se dégager complètement de l’Etat est bien sûr un rêve quand on regarde ce qui se passe dans le nouveau monde, mais je crois que c’est un rêve irréaliste. Dans notre pays, les évolutions ne peuvent pas être aussi brutales car nous savons que dans la gestion du bien commun (l’appellation), nous, producteurs de vin, pouvons aussi faire des bêtises, surtout quand la situation est trop bonne et là, nous avons besoin d’intervenants extérieurs pour nous ramener dans le droit chemin. Je suis d’une tendance très libérale mais l’AOC mérite un encadrement. Naturellement il ne s’agit pas d’être contrôlé en permanence par l’Etat mais simplement encadré intelligemment et subtilement. C’est dans ce sens que nous souhaitons la réforme des AOC et bien sûr un pouvoir accru à chacune des régions. Il ne faut pas que tout remonte à Paris car les décisions prises nationalement sont souvent peu adaptées ; les problèmes ne peuvent pas se résoudre de la même façon en Bourgogne, à Bordeaux ou en Languedoc.

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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 00:03

Je ne suis pas le chargé de com. de MONOPRIX mais en tant que parisien du 14ième un client de proximité, permettez-moi de raconter l’histoire d’un consommateur, moi, qui essaie aussi d’être citoyen d'un monde qui veut encore durer et qui fait ses courses à vélo au Monoprix de la rue Daviel avec son grand cabas d’osier sur son porte-bagages. C’est à quelques minutes de mon domicile, en descente à l’aller donc ça remonte au retour en pleine charge mais ça me fait les mollets. Bref, dans ce magasin il existe une CAISSE NATURE « réservée aux clients qui n’utilisent plus de sac plastique gratuit » mais pour l’heure elle n’est pas en service car comme me l’a dit une caissière « ça fait râler les autres clients… » Très français ça de pester contre ceux qui jouent le jeu. Bref, encore un petit effort monsieur le gérant de Daviel, soit vous les supprimez vos foutus sacs plastoche et vous vous convertissez aux sacs réutilisables (cf. ma chronique faut-il réhabiliter les hommes sandwiches ? http://www.berthomeau.com/article-20044771.html ).

 

Dans un petit opuscule disponible aux caisses, une rubrique m’a intéressé : « Vers une chaîne de distribution plus respectueuse de l’environnement. » Je vous livre donc, brute de décoffrage, le com. environnementale de Monop. C’est un petit pas, tout petit certes, vers une réelle rationalité économique de la distribution dans les grandes métropoles où le gaspillage énergétique est absurde. Nous pouvons mieux faire sans déployer des tonnes d’intelligence, ni alourdir les coûts, en mobilisant et en adaptant les modes de transport existants : le fluvial, le ferroviaire et surtout le routier. La logistique des derniers kilomètres pour les livraisons aux points de vente, aux entreprises ou chez les particuliers est une source très intéressante d’économies d’énergie. Encore faut-il que notre SNCF, si moderne pour ses TGV, se bouge le popotin pour déringardiser son secteur fret en perte de vitesse ; que nos entreprises routières cessent de se victimiser alors que pendant des années elles se sont développées sur la base d’avantages comparatifs exorbitants et qu’elles adaptent leurs véhicules à la nouvelle donne ; que les utilisateurs de coursiers pétaradants ou de livreurs à domicile de tout poils : pizzas, sushis, verdissent ce type de services par l’incitation à utilisation de motos ou scooters électriques ; que les livraisons du commerce électronique se mettent au tout électrique ; que la Préfecture de Police fasse la même démarche pour ses paniers à salade et autres véhicules de ronde ; idem pour la Poste ; idem pour les chars ministériels surpuissants alors qu’ils n’effectuent que de petits déplacements… La liste est longue et quasi-inépuisable…

Bien sûr, nous les gens du vin, avec nos grosses bouteilles, nous ne sommes pas exonérés de ce type de démarche. Merci de m’indiquer au sein de quelle enceinte cette analyse est effectuée pour que je puisse assurer la communication sur ce beau sujet porteur. En cas de carence nous pourrons toujours danser le quadrille au son du terroir pour rassurer nos consommateurs urbains sur notre sollicitude à leur égard. Qu’ils ne croient pas, les braves, que nous sommes insensibles, mais simplement il faut qu’ils sachent que nous préférons de loin coller des affiches dans les couloirs du métro pour leur vanter les mérites et la beauté de nos beaux coteaux baignés de soleil où l’on respire à plein poumon le bon air. Ça fait vendre coco !

Bon je m’arrête car je me fais du mal. Que dit Monoprix ?

Vers une chaîne d'approvisionnement plus respectueuse de l'environnement

Transport ferroviaire de marchandises à Paris


72 magasins Monoprix, Monop' et beauty Monop, à Paris et en région parisienne, sont approvisionnés par voie ferrée et véhicules roulant au GNV (Gaz Naturel pour Véhicules). 120 000 tonnes de boissons, textile, produits de beauté et articles pour la maison et le loisir seront ainsi acheminées chaque année.

 

Concrètement, une navette ferroviaire emprunte, cinq jours par semaine, les voies de la ligne D du RER (axe Paris-Melun) depuis les entrepôts de Combs-la-Ville (77) et Lieusaint (77), vers la gare de Bercy (Paris XIIème). Les livraisons vers les magasins sont ensuite effectuées par des camions équipés de dispositifs antibruit et roulant au GNV. Avec 26 véhicules, la flotte de Monoprix est la 1ère flotte française privée de véhicules GNV de distribution.

Ce nouveau mode de transport permettra chaque année de réduire de 12 000 le nombre de camions entrant dans la capitale, et de diminuer les émissions de CO2 de 337 tonnes et les émissions d'oxydes d'azote (NOx) de 19 tonnes.


Développement du transport fluvial pour les produits de grand import 
Depuis 2003, Monoprix a en grande partie substitué le transport fluvial au transport routier pour l'acheminement des produits de grand import (hors Union européenne). Depuis le port du Havre, où arrivent les navires en provenance d'Asie, les containers sont livrés par barge vers l'entrepôt central de Combs-la-Ville (77) via les ports intérieurs de Bonneuil-sur-Marne (94) ou Gennevilliers (92).

La 1ère péniche Monoprix a traversé Paris le 6 juillet 2006, chargée de 22 containers exclusivement Monoprix. Depuis novembre 2006, les barges desservant Bonneuil-sur-Marne et passant sous les ponts de la capitale sont au nombre de 2 par semaine. En 2007, 73% des produits de grand import, soit 1745 containers EVP (Equivalent Vingt Pieds), ont été acheminés par voie fluviale, ce qui a permis une économie estimée de 120 tonnes d'émission de gaz à effet de serre.

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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 00:00

André Leduc  dédicacé Vive le Pinard !


Je n’aime plus le Tour de France et Dieu sait si gamin je lui vouais une passion sans limite au temps des Charly Gaul, Bahamontès, Anquetil, Poulidor, Nencini… Une étude montre que, depuis 1990, date d'arrivée de l'EPO, la vitesse du vainqueur augmente à mesure que les pentes s'élèvent (Lance Armstrong 2005 41,82 km/h) alors qu'avant c'était exactement le contraire (en 1967 Roger Pingeon gagne à 35km/h  un tour équivalent à celui de 1999 gagné par Armstrong à plus de 40km/h) Mais, comme il tourne encore, gratuit et encore populaire, je ne résiste pas au plaisir de vous offrir dans la rubrique « Rétro » un morceau d’anthologie datant de 1932 où la Revue mensuelle Grands Crus et Vins de France (revue technique d’exportation et de défense professionnelle) croyait mordicus à la Propagande pour le Vin. Ici le vin s’écrit toujours en majuscule.

 

« On parle de plus en plus de la nécessité qu’il y a d’intensifier la propagande en faveur du vin, et toutes les personnalités qui s’occupent de la question sont unanimes à reconnaître les avantages certains que l’on peut attendre d’une action massive en faveur de notre produit national.

Les travaux du CN en faveur du Vin sont suivis avec intérêt et des mesures très heureuses ont déjà été prises, dont les résultats commencent à se faire sentir.

Il n’est pas douteux, et nous le disons depuis toujours, que l’on peut obtenir une augmentation de la consommation de vin en France en rendant le vin sympathique ; il est nécessaire de le présenter aux classes jeunes comme la boisson nationale, comme la boisson qui donne la gaieté, l’esprit, en un mot qui continue les belles traditions de la race française, que tous les peuples nous reconnaissent ;

C’est pour cela que nous applaudissons avec plaisir à l’heureuse initiative prise par l’Association de la Propagande pour le Vin, 72, allées Paul-Riquet, à Béziers. M.Nougaret et les dirigeants de ce groupement ont pensé qu’il était intéressant d’utiliser une manifestation comme le Tour de France pour parler du vin, le faire apprécier et le faire aimer.

Il suffit de parcourir les journaux – tous les journaux faut-il dire, les spécialisés comme ceux qui ont pour mission de nous faire savoir les nouvelles du monde entier – pour se rendre compte de l’intérêt et de l’émoi qui remuent les foules au cours de cette épreuve sportive.

Le 6 juillet, Paris s’agitait aux premières lueurs du jour, et une foule considérable se groupait au Vésinet pour assister au départ des coureurs.

Un coup de pistolet, et le peloton se met en route. C’est Biscot, le réjouissant Biscot, l’ami des foules et mieux encore l’ami du bon vin, qui a lancé sur les routes qui sillonnent les vignobles de France, les As de la pédale.

Un écho avait répondu au bruit de la poudre ; nous avons su qu’un animateur de la Propagande du Vin, venait lui aussi, de donner le départ à la mousse pétillante d’une bouteille de Champagne.

Le Tour de France est pour la deuxième fois l’occasion pour la propagande du Vin de manifester son activité. Ceux qui ont vu passer le Tour se sont rendu compte, en effet, de l’effort de publicité qui s’y développe en faveur des crus français.

Un représentant de la Propagande suit la course.

Nous sommes convaincus que le public qui suit le Tour de France, public jeune, sportif, bien portant, est un public qu’il est nécessaire d’avoir avec soi pour défendre la cause de nos vignobles.

Les longues attentes le long de la route ou à l’arrivée de chaque étape sont tout à fait favorables à la distribution du journal spécialement édité par l’Association de Propagande et qui s’appelle tout simplement Le Tour de France.

Nous n’avons pas à vous vanter ici les qualités et la tenue de ce confrère qui décrit les vins de chaque région de France en particulier et traite sous la signature de personnalités éminentes toutes les questions susceptibles d’intéresser le lecteur (...)

À toutes les étapes, avant l’arrivée des concurrents, des affiches ont été posées recommandant l’usage du Vin, et surtout pour chaque région viticole, la consommation des crus du pays.

Des banderoles, accrochées en bonne place, proclament les bienfaits du Vin.

À la foule innombrable des enfants venus pour fêter les coureurs, on distribue d’originales coiffures en papier, sur lesquelles sont imprimées des maximes, telles que : Le Vin c’est la santé, Le Vin c’est la Gaité.

Le journal l’Auto consacre à son tour une partie de ses colonnes aux Vins de France.

Pour les illustrés qui publient les diverses phases de la course les plus célèbres des coureurs ont remis leurs photographies, faisant précéder leur signature d’un hommage au Vin de France qui soutient leurs forces et excite leur courage.

Un haut-parleur sur voiture fait entendre sa grande voix en faveur de notre Boisson Nationale ; par ses disques, il chante joyeusement notre Pinard.

Sur les murs, dans les cafés, se lisent des affiches et des pancartes invitant les consommateurs à donner leur préférence aux restaurants qui comprennent le Vin dans le prix du repas.

Des images genre Epinal racontent des historiettes sur le sport et le vin sont distribuées en masse, aux enfants.

Une publicité de ce genre qui, évidemment ne supprime pas la propagande par la presse, par l’affiche et par tous les moyens publicitaires qui permettront de rappeler toujours et partout les qualités thérapeutiques du vin, a une portée réelle et nous félicitons avec plaisir ceux qui ont conçu ce projet et qui l’ont réalisé avec des moyens financiers assez réduits, en le complétant par des dégustations dans tous les centres traversés par nos grands coureurs cyclistes.

C’est évidemment de la bonne propagande, et il est certain qu’en faisant confiance à des organisateurs aussi compétents, la cause du vin sera bien défendue et par conséquent bientôt gagnée. »

La banderolle derrière le groupe dit " dans les départements où l'on consomme du vin la tuberculose est moins répandue que..."
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14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 00:02


Nous avons coupé la tête de notre roi Louis XVI et celle de Marie-Antoinette sur l'échafaud mais nos voisins anglais, même si Elisabeth a fait trancher le cou de Marie-Stuart, me sont toujours apparus comme moins attachés que nous au fait du prince, au pouvoir dit régalien, plus respectueux de la démocratie parlementaire, qu'ils ont inventé, et de l'état de droit.

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" Qu'un sang impur abreuve nos sillons..." chantons-nous dans l'hymne national... et pendant ce temps-là les gars de Conilhac, eux, faisait dans la finesse avec leur slogan : "son dernier verre fut un Conilhac", le pauvre ce fut pour lui sans doute possible la double peine...

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13 juillet 2008 7 13 /07 /juillet /2008 00:08

L’atmosphère de notre réunion, à la fois enfumée et chargée d’électricité, me donna un avant-goût de ce qui m’attendait. Ça ne relevait pas de la folie ordinaire mais d’une forme très élaborée – le marigot étant très majoritairement squatté par des têtes d’œufs – de frustrations rancies. Que des mecs frustrés sexuellement, détestant leurs corps, qui tentaient de masquer sous leurs discours péremptoires leur impuissance. La clandestinité revendiquée, célébrée, abritait, réchauffait même, une forme étrange d’homosexualisme de machos sans humour. Ces fils de bonnes familles donnaient l’impression de chercher à s’enlaidir, physiquement et moralement. Pitoyables ! Le statut « de seul prolo du Comité Exécutif de la GP »réservé à cette enflure de Gustave, par ces « petits-bourgeois-intellos », en disait long sur l’épaisseur de leur aveuglement et de leur indécrottable connerie. Ce gros postillonneur, trapu, ventru, hâbleur, tenait le haut du pavé. Ils l’écoutaient débiter ses « hénaurmités » dans un silence religieux, l’approuvant, le révérant, l’adulant telle une star. Gustave, archétype du prolo, péteur et roteur, ratiches pourries, tarin bourgeonnant, mains au cul des gonzesses, les rassurait. L’idée sous-jacente, pour eux, justifiant leur idolâtrie, était d’une simplicité biblique : « si d’authentiques prolos comme Gustave se rallient à notre cause c’est que nous sommes dans le vrai. Syllogisme de bac à sable digne de normaliens égarés dans une Révolution d’opérette.

Tassé dans mon petit coin je me gardais bien d’intervenir. Ma tête, sans aucun doute moins bien nourrie que celle de mes nouveaux camarades, analysait le fait nouveau que je venais de découvrir. Ce vieux salingue de Gustave avait menti à son « agent traitant » des RG : il faisait bien parti du premier cercle entourant Pierre Victor, le « Raïs » de la GP. Ça confirmait leur analyse qu’il était plus facile d’infiltrer un prolo chez des intellos que l’inverse. Nul besoin pour ce pourri de Gustave de posséder leurs codes, leurs tics de langage, leurs références livresques, leur dialectique impeccable pour être admis, il lui suffisait d’apparaître modèle déposé, idéal, insoupçonnable donc, des « larges masses ». Là où Gustave les bernait c’est lorsqu’il minorait sa capacité d’influer sur le cours des évènements. Il comptait. Il pesait lourd et profitait de la situation sur les deux tableaux. En le regardant plastronner, je comprenais mieux la portée de son avertissement lors de notre première rencontre Gare St Lazare : «  T’sé mec comme je suis un bon zig, et même si je m’occupe de ce qui ne me regarde pas, faut que je te dise que je ne comprends pas tout ce tintouin qui font pour cette bande d’enculeurs de mouches. Que des va-de-la-gueule ! Toi, je ne sais pas d’où tu sors, mais je t’aurai prévenu, faudra pas dire que t’savais pas, tire tes arpions de ce nid de petits frelons, y sont tellement cons qu’un jour y seront capables d’en faire des conneries. Tu vois ce que je veux dire… ».

 

Tout devenait transparent, la bête ne voulait pas retourner dans sa bauge. Les douceurs bourgeoises lui plaisaient. Ses menaces non voilées, lorsque j’avais pris l’air de celui qui savait ce que ça voulait dire, prenaient tout leur sens. « Pour eux, un gars comme toi, celui qu’on va dire que tu es, c’est une putain de recrue. Méfies-toi de ne pas te prendre à leur petit jeu et de ce que veulent entendre les chefs. C’est tentant tu sais de chier dans les bottes de tout le monde. Moi, depuis que j’ai commencé à balancer je peux plus m’arrêter, ça me soulage comme quand je dégueule le lendemain d’une sale biture. Alors je raconte des craques à tout le monde. Je n’ai pas envie que tu tues la poule aux œufs d’or mec ! Alors déconne pas, ne m’enlève pas le pain de la bouche sinon je cafte le morceau à mes potes révolutionnaires et je suis certain que tu passeras un sale quart d’heure… » Gustave pouvait tout ce permettre, même de taper dans le dos du père Sartre en lui balançant que « tout grand écrivain que t’es, quand t’as le cul sur la cuvette des chiottes, tu chies pas plus haut que nous, non ? ». Le langage vert du peuple enchantait. Gustave en rajoutait. J’allais moi aussi en rajouter, retourner Gustave à mon unique profit.

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12 juillet 2008 6 12 /07 /juillet /2008 00:03

 

Le 12 juillet, pour ceux d’entre vous qui me suivent depuis les origines, est le jour anniversaire de ma naissance, au Bourg-Pailler, ancien relais de poste à l’entrée du bourg de la Mothe-Achard sis au bord de ce qui était alors la Nationale reliant la Roche-sur-Yon – qui fut Bourbon Vendée puis Napoléon Vendée – aux Sables d’Olonne célèbre pour son remblai et sa plage de sable fin. Enfant je comptais et identifiais les marques et les numéros minéralogiques des voitures des vacanciers qui filaient au bord de la mer. En ce temps là les congés n’avaient pas mauvaise presse même si chez moi on ignorait ce qu’étaient les vacances.


Quand on atteint, comme moi aujourd’hui, les 60 ans, fêter son anniversaire a une saveur toute particulière car on pénètre sur la plage de sa vie où l’heure de la retraite va sonner. Étrange mot que celui-ci : sa première acception fut pour moi religieuse, pour les diverses communions et la confirmation on nous assemblait en retraite pour nous bourrer le crâne ; ensuite, grâce à Napoléon, je découvris son sens militaire au travers de la retraite de Russie ; enfin, à Lourdes, je participais à une retraite aux flambeaux très kitch. Au fond, l’idée sous tendue est toujours la même : se retirer mais, dans nos sociétés, qui magnifient la valeur travail, trop souvent la mise à la retraite constitue, pour beaucoup de salariés, une mise au rencart. On ne sert plus à rien. Inutiles, en voie, avec l’allongement de la durée de vie, de devenir à charge. Une personne dépendante. Bien sûr, la condition générale des retraités s’est considérablement améliorée mais ce dont je parle, même si l’argent aplani bien des difficultés, c’est dans la tête que ça se passe.

Depuis que l’on m’a rangé soigneusement au placard j’ai compris qu’il ne tient qu’à soi de n’être pas au rencart. Ce temps m’a beaucoup appris. La patience et un réel détachement. Je carbure à plein régime. Je suis ma petite entreprise à moi seul et je n’ai nullement l’intention de partir à la retraite. Bien sûr, comme tout le monde, je ferai valoir mes droits à la retraite le moment venu mais, tant que j’aurai la santé et toute ma tête, je ne marquerai aucune rupture avec ma vie d’avant. Alors ce matin plutôt que de fredonner avec Jane Birkin «  ex-fan des sixteen » je vais, pour fêter mes soixante-ans, vous parler de ces soixante années écoulés au travers  de la vie, plus exactement de la passion, de celle qui m’a porté et enfanté : ma couturière de mère, Berthe Gravouil de la Chapelle-Achard : la mode. Celle que l’on qualifie de vintage – rien à voir avec le Porto – tous ces vêtements, accessoires de mode, bijoux qui vont des années 50 aux années 80 dont on recherche aujourd’hui les pièces restantes.

 

 

C’est un vrai défi que de parler chiffons à un public majoritairement masculin mais je le relève car la mode, et celle des années 60-80 tout particulièrement, hume l’air du temps, initie les tendances, et en se démocratisant elle est vraiment dans la vie des gens comme le vin qui, tout en gardant ses valeurs, s’éloigne de plus en plus du pur cercle des initiés.

 

Je fus conçu en 1947. Maman, elle, était née, à l’aube des années 20. Les femmes se libèraient du corset, les tailles s’abaissaient, les robes s’élèvaient au-dessus du genou. C'étaient les années folles. C’était aussi le temps des garçonnes. Les seins sont plaqués aux corps afin de dissimuler les formes et l’allure est jeune et asexuée. Les cheveux sont courts. Les femmes font du sport, lisent les premiers magazines féminins. Jean Patou et Gabrielle « Coco » Chanel imaginent le premier style féminin. Quand elle fait son apprentissage, maman, au travers des gens des châteaux et des femmes de notables, sent déjà la mode de Paris en tirant l’aiguille. Les années 30, en rupture avec l’androgynie, vont mettre en valeur les formes féminines d’une façon provocatrice. Les premières robes dos nu dévoilent les épaules et les coupes en biais épousent les formes. C’est le temps des stars d’Hollywood. Après le krach de 1929 on revient à plus de retenue et l’élégance est incarnée par des vedettes comme Katherine Hepburn. Les années 40, en grande partie dévorées par le 2d conflit mondial, vont propulser les femmes – aux USA surtout – dans le monde du travail. Les usines de confection sont mobilisées pour l’effort de guerre. Les tissus synthétiques triomphent : le bas de soie est détrôné par le bas nylon. C’est la naissance du prêt-à-porter américain, fonctionnel, coloré, confortable, utilisant des tissus tels que vichy, coton et denim.

 

 

1947 donc, une nouvelle silhouette va être dévoilée par un jeune et timide créateur français : Christian Dior et son spectaculaire « new-look » qui sait parfaitement capturer l’humeur du temps. En ces lendemains de restrictions, d’ersatz, de chaussures à semelles compensées, les femmes aspirent à plus de féminité. Le nouvel idéal féminin, mis en valeur par des étoffes luxueuses, affiche une ligne d’épaules arrondie, un buste audacieusement souligné et une taille très resserrée. Comme le disait maman à ses clientes : donner de l’ampleur. La ligne corolle révolutionne la silhouette des femmes qui ondulent perchées sur leurs escarpins à hauts talons dans le crissement de bas nylon sans couture. La prospérité vient des USA alors la haute-couture parisienne va se tourner vers ses riches clientes dotées de billets verts. À Paris on mâche du chewing-gum, on fume des Craven A et on écoute du jazz dans les caveaux de St Germain-des-Prés. Et je suis né le 12 juillet 1948 à l’aube des années 50.

 

Les années 60, les « swinging sixties » avec l’explosion des folies londoniennes : Carnaby Street et King’s Road, la mode plonge ses racines dans la rue, dans les sons des Stones et des Beatles, ouvre l’ère des « jeunes », de la simplicité, de la mini-jupe de Twiggy photographiée par David Bailey, de l’excentricité. En 1960, Yves Saint Laurent, âgé de 24 ans, présente pour la maison Dior une collection d’ensembles de cuir noir, bousculant une haute-couture française cherchant son second souffle. La fin des années 60, avec le mouvement hippie, le déboulé de la pop musique, les mouvements contestataires, va voir naître un mouvement antimode avec l’attrait du vêtement de seconde mains où le port de pièces d’origine étrangère : caftans indiens, salopettes américaines, vestes chinoises à col Mao et manteaux afghans. Et moi pendant ce temps-là, au milieu des coupons de tissus, des patrons, des fils à faufiler et des magasines de modes je grandissais en âge et en sagesse pour fêter mes 20 ans au débouché des évènements de mai 68.

 

 

Les années 70 seront des années de transition. La société de consommation pointe son gros nez et la mondialisation se dessine avec les visionnaires japonais : Kansai Yamamoto, Issey Miyake, Kenzo qui mettent de la couleur, de l’excentricité et du ludique dans la mode. Les gros pulls associés aux mini-jupes, les lainages à rayures, les imprimés floraux, les tissus matelassés, c’est le triomphe du douillet chic. À l’opposé, inventée par les britanniques Malcom Mac Laren et Vivienne Westwood, avec l’ouverture du magasin SEX sur King’s Road c'est la mode punk. Ils associent les accessoires classiques du bondage – cuir, caoutchouc, lanières, boucles métalliques – avec les pièces basiques. Jean ultraserrés, pantalons militaires, blouson de cuir symbole de la rébellion est rouge et lorsqu’il est en plastique il se teinte de rose. On choque. On agresse. Les épingles à nourrices. Le piercing… Plus au Sud les créateurs italiens s’éveillent : Versace, Armani… À Paris le cuir triomphe : Thierry Mugler, Claude Montana et Karl Lagerfeld le placent au premier plan de la mode internationale.

 

Enfin les années 80, les années Mitterrand, c’est le temps des astucieux créateurs qui vont participer au triomphe des griffes, des marques, machines à cracher du cash en produits dérivés : les parfums tout particulièrement. Tout le prisme est représenté avec un Jean-Paul Gaultier génial provocateur jusqu’à Christian Lacroix qui revisite les splendeurs du grand sud. La mode est vraiment dans la rue, avec le hip hop les vêtements de sport pénètrent la mode : Nike, Adidas, Reebok. Le jeans s’impose en même temps que le style affaires des working women. Tout explose. Implose. La mode devient de plus en plus le vecteur de grandes multinationales dont le plus bel exemple est en France LVMH.  Le temps des Galliano et des Alexander Mac Queen est venu et moi aujourd’hui je fête mes 60 ans.

 

Si vous avez eu la patience et le courage d’aller au terme de cette libre échappée de vie, ce dont je doute un peu, sachez que ce j’aime avec les anniversaires ce ne sont pas les cadeaux mais les petits mots sous toutes leurs formes, maintenant électroniques, sms, e-mail,commentaires ou, pourquoi pas, causés ou même, pour les plus courageux, écrits sur papier et postés. Alors si ça vous dit c’est


 

Un dernier mot à propos de ces 60 ans, mon père m’a transmis le goût du bien public, ce qu’on appelait autrefois la Politique et maman le goût des belles choses, des pièces uniques, du cousu main (les modèles illustrant cette chronique sont les musts de maman, sauf bien sûr la grande bringue qui montre ses cuisses), alors ne vous étonnez pas que je puisse avec la même ardeur, la même passion, la même mauvaise foi parfois, soutenir à la fois la viticulture du grand nombre et celle des vignerons….

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11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 00:02

Dans le petit monde des "écrivins" on s'aime, je dirais même plus on se voue un amour vache, féroce, les plumes se trempent plus facilement dans le fiel que dans le vin doux, les petits marquis préfèrent la kalachnikov au fleuret moucheté. Comme je suis à l'affût des grandeurs et des faiblesses des hommes je ne résiste pas au plaisir de vous livrer le fruit d'une de mes récentes lectures. L'opus date de 2004. Je l'ai acheté sur le Net d'occasion.

 

 

Lors de sa réception j'ai constaté que c'était un envoi d'auteur. Je vous livre la dédicace : " Cher Bernard Franck, vous attendiez un livre sur Tacite (il viendra), voici un livre sur le vin ! votre Sébastien Lapaque. Mardi Gras 24 II 2004".

 

 

Les héritiers se font un peu de liquide sans doute.

 

 

Je note une certaine révérence. Bref, puisqu'il s'agit d'un livre consacré à Marcel Lapierre dont j'apprécie le Morgon je ne vais pas faire le réveillon sur la dédicace mais j'adore les mœurs du petite monde des lettres : entre critiques, critiques et écrivains...

 

 

De très belles pages sur Jules Chauvet comme sur le parcours de Marcel Lapierre avec tous les tics d'écriture de Lapaque qui n'aime rien tant que d'étaler son immense culture (cf *) tout en jouant les modestes. Ne vous impatientez pas j'en arrive au costard taillé à Périco Légasse. Un grand moment de saine méchanceté, Lapaque dit de "déconner", sur le dos large du tonnant critique de Marianne.

 




 

" Ainsi Périco Légasse, chroniqueur gastronomique attitré de Marianne, s'en prenant dans un article de mai 2003 aux vins de "chefs de clans, de gourous et autres sectes ou membres de clubs apocalyptiques" . Parmi quelques vignerons livrés à la vindicte publique, Périco Légasse citait évidemment Marcel Lapierre. cela s'appelle le complexe d'Erostrate*. La volonté de laisser son nom dans l'histoire parce qu'on a brûlé et détruit plutôt que par ce qu'on a construit. Périco Légasse, qui a naguère totalement raté l'élevage et la mise en bouteilles d'un Touraine Azay-le-Rideau "non chaptalisé, non filtré, non soutiré et faiblement soufré" (sic), fait penser à ces critiques littéraires qui descendent les bons romans parce qu'ils ont été incapables d'en écrire un seul correct (1).

 


Il en aurait mieux fait de s'en tenir à son emploi d'origine et de rester le chauffeur de son patron, le sémillant Jean-François Kahn. " Périco Légasse me semble plus habilité à conduire une caisse qu'à prendre des caisses", s'amusait un jour Marc Sibard, tandis que nous moquions l'impudent en vidant quelque splendide flacon de "bio-piquette" aux caves Augé ; sacré Sibard ! Toujours prêt à réhabiliter l'antique manière, lumineuse, fraternelle et roborative de déconner. La manière française, celle à laquelle seront toujours étrangers les collectionneurs d'étiquettes qui se font une opinion sur les vins en suivant leur cotation sur les marchés japonais et américain. Les malheureux ont du souci à se faire. Le morgon de Lapierre s'y porte bien."



(1) Me vient le souvenir d'une brève parue dans Marianne laissant entendre que j'avais conclu un pacte avec Josyane Savigneau, directrice du Monde des Livres, et donc rallié le système Sollers. Le naïf rédacteur de cette information courageusement signée sous pseudonyme (Périco Légasse ? Jean-François Kahn ? un ou une de leurs domestiques ?) aurait dû comprendre qu'il me manquera toujours quelque chose pour cela. Je ne bois jamais de bordeaux.

 

Ceux qui me lisent depuis longtemps savent que je ne suis pas un fan de Périco, ni un lecteur de Marianne, mais ce cher Lapaque qui n'a commis qu'un malheureux roman - mauvais d'ailleurs - lui claque le bec avec une suffisance qui me déplaît (le coup des domestiques aussi m'est resté sur l'estomac). Surtout lorsqu'il s'appuie sur une note en bas de page tout à fait dans le ton des "petits soucis" de la gent littéraire parisienne. Quand à la déconnade qu'il place dans la bouche de Sibard elle est sous sa plume, au fond, très méprisante et méprisable. Ainsi va le monde où tailler des costards à des gus, qui le portent déjà fort mal, est facile.

 

Trop facile donc dérisoire...

Attention demain, même si c'est un samedi. sera un jour important sur le blog Berthomeau. Prenez le temps d'aller y faire un petit tour rien que pour me faire plaisir...

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