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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 00:04

 

Qui peut encore ignorer le célèbre sigle rouge de Virgin, la marque du milliardaire britannique libertarien : Sir Richard Branson. Grâce au phénoménal succès de son label dès la publication de Tubular Bells de Mike Oldfield : 10 millions d’exemplaires en 10 ans, qui va assurer l’essentiel des bénéfices de Virgin, puis le changement d’image assuré par la signature des Sex Pistols et la diversification pop-rock consacrée par l’arrivée de Phil Collins ou de Culture Club, va lui permettre d’engager dans les années 80 une série de diversifications : livres, vidéo, restauration avec les Virgin Mégastores, dont celui des Champs Elysées, puis après avoir vendu son label à EMI de développer Virgin Airways : Atlantic (compagnie transatlantique) et America (compagnie intérieure low coast). La liste n’est pas close puisque l’entreprenant Bronson touche aussi à la téléphonie mobile, le tourisme spatial : Virgin Galactic, les boissons non alcoolisées : Virgin Drinks et bien sûr, le vin, avec Virgin Wines site de vente de vins sur internet et maintenant Virgin Vines les vins de Richard Branson : un Chardonnay et un Shyraz.

Créé au début de 2000, La nouvelle entreprise, Virgin Wines se voulait comme la suite normale des activités de Virgin Group qui en permanence cherche à tirer profit de son expertise dans les relations clients et de sa stratégie de marque globale. Celle-ci consiste à offrir des produits existants au moyen d'une approche personnalisée. En créant un nouveau magasin virtuel de vins point-com., qui s'adressait au grand public et était géré à partir du Royaume-Uni, les dirigeants de Virgin Group croyaient que Virgin Wines pouvait attirer les consommateurs qui achetaient du vin par les canaux traditionnels, et finir par révolutionner la façon de vendre et d'acheter le vin.
www.virginwines.com/

“We set up our Discovery Wine Club to share the wines we love with you - the most delicious, the most exciting and the best value wines from new, up and coming winemakers. People   who make their wine with love and passion. You can rest assured that you won’t come across any, mass-produced, supermarket wines in our Wine Club. Instead, just pure handcrafted wines, specially selected for you.” Andrew Baker, Wine Buyer, Virgin Wines “so many great wines”
Louise, Edinburgh

Prenez le temps d’aller visiter le site il est très bien fait mais, en soi, il n’a rien de révolutionnaire.

Pour Virgin Vines  www.virginvines.com/ qui un négoce de vins californiens avec Brown –Forman Wines International, cliquez sur le lien et vous verrez, c’est encore little mais ça mérite réflexion. Pourquoi ?

Virgin
est une marque mondiale très connue de la nouvelle génération.
C’est une marque entre les mains de différents propriétaires : le label c’est EMI, le mégastore des Champs-Elysées appartient au groupe Lagardère qui vient de changer l’appellation de sa radio FM : Europe2 en Virgin radio. La conséquence est que les frontières et les barrières législatives nationales seront inopérantes pour maîtriser sa communication. À la manière de la ligne de vêtement Marlboro Classics, avec son sigle universel Virgin pourra communiquer à sa guise en contournant tous les interdits. En France, alors que le législateur croit pouvoir cadenasser la publicité des vins et spiritueux sur l’Internet, il est clair qu’il s’agira d’une nouvelle ligne Maginot qui permettra aux sites basés hors de nos frontières de s’en affranchir. Le résultat en sera, bien évidemment, de donner une prime aux sites étrangers et de contraindre nos sites à s’expatrier s’ils ne veulent pas disparaître ou végéter. Les questions de logistique et de livraisons pouvant se régler par des partenariats avec des distributeurs situés sur notre territoire.

Pour ce qui concerne le négoce de vins, Virgin Vines, je me pose une question qui va sans doute vous surprendre : alors que nous cherchons désespérément à capter l’attention des jeunes consommateurs en leur proposant de venir vers le vin en le situant dans l’univers des marques pourquoi n’inciterions nous pas la compagnie de Richard Branson à venir chercher aussi sa ressource vin en France pour lancer un Virgin Viognier ou un Virgin Pinot Noir dans notre beau pays. La concurrence a du bon pour réveiller un marché ! Ou bien, si nous souhaitons que notre chasse gardée nationale reste inviolée, pourquoi l’un de nos grands négociants nationaux ne chercherait-il pas à exploiter la marque Virgin sous licence ? Le défi est lancé : qui le relèvera ? Entre nous ça vaudrait mieux que de lancer des marques bidon sans grands moyens…

 

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29 juillet 2008 2 29 /07 /juillet /2008 00:08

 

Les auteurs d’études adorent affubler les catégories de leur chère typologie – chères aussi – d’appellations qui décoiffent, ça fait très tendance. Le titre de ma chronique n’est donc ce matin que le copié-collé, du moins jusqu’aux deux points, d’une des 10 catégories inventoriées par le CREDOC pour le compte de la Confédération des VIF. Je la reprends, comme promis, car elle fait le pendant des « affreux » agri-managers de la viticulture, les gros de ma chronique du 23 juillet. Avant d’aller plus avant en écrivant me revient la réflexion d’un patron d’une grande entreprise qui, contemplant de son bureau de la Défense, la Tour d’en face, repère d’une grande société de consultants, me confiait : «  nous vivons vraiment une époque formidable, nous payons très cher des gens pour qu’ils viennent, chez nous, siphonner des idées auprès de nos proches collaborateurs. Ils prospèrent sur notre stupidité et une forme de couardise : en cas d’échec on se contente de changer de cabinet conseil. Entendez-moi bien, je ne vise pas ici l’étude du CREDOC, ni la démarche des VIF mais je veux souligner qu’une vraie démarche stratégique, débouchant sur des choix, doit être le fait des intéressés eux-mêmes et non du précuit à la sauce Ernest Young&Frères.

 

« L’installation en exploitation « agriculture biologique » ne constitue pas une simple évolution des techniques de production. Il s’agit d’un modèle économique à part entière basé sur une adaptation du produit à la demande des nouveaux consommateurs et aux exigences des Français en matière de respect de l’environnement. Il s’agit donc de vignerons particulièrement tournés vers l’aval, c’est-à-dire le consommateur final. Les exploitations installées en bio sont en règle générale plus récentes que les exploitations des autres classes de la typologie ce qui renforce leur adaptabilité aux évolutions du secteur de la vigne et du vin »

 

SAU moyenne = 25 ha (2 fois supérieure au VIF moyen 12,3 ha)

En 2007 le vignoble bio = 22500 ha (2,6% du total)

Le nombre d’exploitations bio a fortement progressé 1907 exploitations en 2007 (+ 16,6% par rapport à 2006.

Le vin issu de l’agriculture bio est bien valorisé CA moyen à l’hl = 337 euros (266 euros pour le VIF moyen).

 

«  Particulièrement jeunes – âgés entre 43 et 46 ans contre 48,6 pour la moyenne de tous les VIF – les vignerons installés en bio ont des compétences managériales supérieures à la moyenne des vignerons indépendants. De plus, les cibles marketing des vignerons produisant des vins issus  de l’agriculture biologique étant socialement favorisées, la valorisation des vins « bio » est généralement supérieure.

 

« Au final, le nombre de vignerons de la classe start-up bio devrait continuer de croître, en supposant que les vignerons des classes embouteilleurs AOC, Spécialistes du Blanc et Mixtes en particulier passeront en label AB. Nous estimons à 1676 en 2015 le nombre de vignerons de cette classe. La production totale de la classe augmentera en conséquence pour atteindre 2,3 M hl en 2015 (contre 338 000 hl en 2000).

2 infos :

- la chronique "Desproges fait l'éloge funèbre de Bedos" a été mise en ligne par erreur, désolé ;

-  je vous recommande le commentaire savoureux de l'anonyme et courageux COT sur ma chronique d'hier on ne m'avait    pas encore fait le coup de me reprocher mon inaction je transmets à qui de droit pour qu'on me redonne le pouvoir... 

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28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 00:01

Cher déconstructeur de Mac do aveyronnais,

 

Vous et les faucheurs volontaires d’OGM vous vous dites les derniers protecteurs de l’Humanité face au règne des marchands. J’avoue humblement que j’ai du mal à y retrouver mes petits dans les histoires d’OGM car, même si je n’ai aucune envie de voir le patrimoine génétique des plantes confisqué par Monsanto, je ne vous ai jamais considéré ni comme un parangon de la démocratie, ni comme un paysan éclairé. Votre goût prononcé pour la mise en scène, vos certitudes de gaucho non révisé, votre agitation médiatique, votre côté démagogue rural, me font vous considérer comme la branche rurale du jeune facteur de Neuilly, un merveilleux stérilisateur de voix, un allié objectif de ceux que vous dites combattre. En clair, vous n’êtes pas ma tasse de thé José Bové. Bien évidemment, je comprends aisément que vous vous en tamponniez la coquillette ou, plus plaisamment que, vous vous en battiez les couilles en référence au Never Mind the bollocks des Sex Pistols de nos belles années.

Mais alors pourquoi diable vous interpeller, dans cette lettre ouverte, aujourd’hui ? Tout bêtement parce qu’à la fin du Tour de France, à la veille des Jeux Olympiques, je reprends votre formule d’altermondialiste en l’appliquant aux athlètes : le sportif n’est pas une marchandise ! Et pourtant, comme l’écrit dans son livre « Le sport est-il inhumain ? » Robert Redeker : « Formulons, avant de l’examiner, une hypothèse : le sportif est un mutant soumis à l’impératif de la commercialisation. Il se doit d’être commercialisable. Il ne s’appartient pas – en ce sens, il est le contraire de l’homme libre - il appartient à ses sponsors, il appartient aux médias qui vivent de ses efforts, il appartient à la grande masse des consommateurs d’évènements sportifs. » Alors, continue-t-il « Personne ne se scandalise de ce que les footballeurs, les coureurs cyclistes, et à présent les rugbymen aussi, s’achètent et se vendent sur le mercato, marché interlope où pullulent des maquignons spécialisés dans la chair compétitive, assimilables à de véritables entremetteurs (…) Le sens de leur propre dignité s’est tellement éclipsé chez les sportifs professionnels qu’ils trouvent normale la tenue de pareils marchés. Comme s’ils étaient des bœufs, comme s’ils étaient des esclaves. »

Je sais que je risque de ne guère pas vous émouvoir car ce « bétail » palpe lourd, les salaires voisinent ceux des patrons du CAC 40. Mon propos ne se situe pas sur ce plan mais celui d’une véritable mutation des corps des athlètes de haut niveau.

Vous qui dézinguez dans la joie et la bonne humeur, comme au temps des chantiers de jeunesse, de braves épis de maïs mutants qui ne vous ont rien fait allez vous rester insensible à l’érection de Robocops en short. Bien sûr je pourrais vous la jouer en émotion rétrospective, en vous chantant les arabesques de Gachassin, les dribbles chaloupés de Rocheteau, les coups francs de Platini, ou les coups de pédales fluides d’Anquetil ou de Charly Gaul. Des mecs comme nous, des gus dans lesquels on aimait se projeter. Bien sûr, certains, comme Anquetil, se sont un peu dopé à l’ancienne : « bien souvent je me suis fait des piqures de caféine… » Tom Simpson, anglais sympathique, est mort sur les pentes du Ventoux, en plein cagnard, le 13 juillet 1967. Mais comme l’indique Redeker « le dopage de son corps ne se limite plus depuis belle lurette à l’absorption occasionnelle d’une potion magique afin de se surpasser artificiellement. Loin de ce folklore passé de saison, le dopage s’inscrit dans la science en tant que technologie systématique de fabrication de compétiteurs hors normes sur la longue durée. »

Je cite toujours : « Le dopage contemporain se définit par la possibilité de changer le corps sur le long terme. La substitution des dopages génétiques et basés sur les nanotechnologies au dopage exogène pointe à l’horizon. Avec le dopage contemporain, et plus encore celui de demain, nous frôlons l’univers des chimères – ces animaux étranges, mi-hommes, mi-bêtes, auxquels les biotechnologies donnent naissance, univers préparé aussi par le dopage génétique. Insuffler des cellules souches embryonnaires d’un cerveau humain à une souris met au monde une chimère. Les sportifs de l’avenir seront peut-être produits sur le modèle des chimères. »

Et plus dure sera la chute : « Le dopage high-tech – celui que les contrôles ne parviennent jamais à déceler, mais que tous les responsables du fait sportif, ainsi que la grande masse des observateurs savent l’existence – est sur le point de fabriquer des HGM, des humains génétiquement modifiés, destinés à assurer le spectacle permanent de la compétition. »

Alors José, sans te suggérer de lier tes efforts à l'indestructible BB qui à su défendre les animaux de laboratoire, je compte sur ton goût des voyages et des bons coups médiatiques pour, à l’instar de Tommie Smith et John Carlos les sprinters US levant le poing sur le podium des JO de Mexico en 1968, soit de déployer dans les tribunes du stade olympique de Pékin une banderole « Non aux HGM ! », soit de t’enchaîner aux grilles de ce même stade en criant « nous sommes tous des Lance Armstrong en devenir ! »

 

J’en reste là pour aujourd’hui. Bien à toi et je compte sur toi.

 

Jacques Berthomeau ancien passeur de La Vaillante Mothaise, élevé à l’ancienne, sans adjonction de produits prohibés.

 

PS. Si vous voulez bronzer intelligent je vous recommande la lecture le chapitre 2 du livre de Robert Redeker « La mutation du Tour de France cycliste et de ses coureurs »

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27 juillet 2008 7 27 /07 /juillet /2008 00:01

Chloé était une grande bringue aux cheveux décolorés et taillés à la serpe en une sorte de brosse broussailleuse, pleine de trous et de bosses, qui donnait à son visage bien dessiné, aux traits fins, à la peau nacrée, un air clownesque. Dans ses yeux, d’un bleu délavé piqueté de poussière d’or, flottait un étonnement perpétuel, Chloé semblait jeter sur son environnement un regard d’enfant surpris. Impression renforcée par la moue de sa bouche aux lèvres charnues, gourmandes, fraîches et humides, dévoilant une dentition digne des publicités pour Émail Diamant. Mais, ce qui peu paraître étrange, ce qui m’avait frappé de prime abord, lorsque je l’avais aperçu en arrivant dans la salle de réunion, c’était la forme de ses oreilles, pointues, aux pavillons transparents : des oreilles de louve où pendaient des grands anneaux de gitanes. Ça m’avait fait bander, sec et dur. Elle portait un tee-shirt moulant et court qui accentuait sa platitude de planche à pain plantée sur des hautes tiges assez fines sans être pour autant des cannes de serin. Quand elle s’était portée au secours de Gustave j’avais surpris les regards déshabilleurs des défenseurs des larges masses. Ces frustrés, tels une harde de jeunes loups affamés, si la peur de la réprobation collective ne les avait pas retenus, se vivaient en voyeurs et en violeurs au travers des grosses paluches baladeuses de l’immonde Gustave.

 

Les nuits de juin gardent une pointe de fraîcheur qui surprend ceux qui s’y engouffrent sans précaution. À mon côté Chloé frissonnait. Je lui jetais mon perfecto sur les épaules. Elle s’immobilisait. Me contemplait de ses grands yeux flous. Ses longs bras osseux, en une geste hésitante, m’enserraient. Elle me caressait la nuque puis nichait son visage dans le creux de mon épaule. Sa voix était rauque, cassée. « T’es un drôle de mec, toi… Tu es le premier qui s’intéresse à moi. Qu’est-ce que tu viens foutre dans ce merdier de sales petits cons ? » Chloé sentait le jasmin. Je le lui dis. Elle s’écartait de moi et riait d’un grand rire cascadant. « Vraiment tu n’es pas dans la norme. Tu aimes les femmes toi. Ça me fait tout drôle. Embrasse-moi ! » Nous sommes restés un long moment à nous bécoter et à nous tripoter au beau milieu du trottoir. Chloé avait la peau douce et les fesses glacées. Je le lui dis. De nouveau elle partait dans sa cascade de rire. La stoppait net pour proclamer : «  Beau gosse, j’ai peut-être le cul gelé mais pour le reste c’est l’Etna. T’as pas des mains d’ouvrier mec ! Je connais. Eux ils ne s’embarrassent de préliminaires. Ils te tirent. Te liment comme une queue de rat. Défouraillent. Leurs mains, à eux, tu les sens sur ton cul ou sur tes hanches. Bien arrimées. Bien dures. Les tiennent, elles, cherchent mon plaisir… »

 

Deux couples de gens bien comme il faut, des quadragénaires bien nourris, rentrant sans doute du cinéma, ralentissaient leurs pas pour ne rien perdre de l’adresse de Chloé. Arrivés à notre hauteur, tout en serrant leur rang, ils hésitaient. Notre spectacle les fascinait. Chloé, alors qu’elle parlait de mes mains cherchant son plaisir caressait du bout de ses doigts la protubérance de ma braguette. Moi, avec mon air de Lou Ravi, je me laissais faire tout en les contemplant. À coup sûr les deux types espéraient plus, un passage à l’acte, alors que du côté des femmes, l’une me semblait prête à sauter le pas, alors que l’autre marquait sa réprobation. Chloé, qui leur tournait le dos, mais qui sentait leur présence, hésitait. Allait-elle désincarcérer mon sexe ? Ses doigts tentaient de faire sauter les boutons métalliques de mon jeans puis s’immobilisaient. Cabotine, elle tortillait ses petites fesses, passait ses doigts dans sa toison hirsute et, en voltant, faisait face à nos spectateurs «  Braves gens, mon envie rejoint la vôtre mais, comme j’ai une soif de gueuse, faut que je m’envoie une petite mousse avant de consommer la sienne. Désolée… » Plantant-là nos voyeurs interloqués elle me tirait par le bras sur le trottoir comme si j’étais un mulet rétif.  

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26 juillet 2008 6 26 /07 /juillet /2008 00:02


 

J’aime les presqu’îles. Tout est dans le presque, comme l’épaisseur d’un petit trait d’union. Celle de Talmont sur Gironde, promontoire surplombant les eaux mêlées du plus grand estuaire d’Europe, offre au simple promeneur qui sait prendre le temps de s’attarder face à l’estuaire dans l’enclave qui ceint l’église romane, un sentiment de bout du monde qui le fait communier avec les éléments et atteindre le sublime. Alchimie régénératrice où la lumière sculpte la pierre, tire de la couleur compacte des eaux et de la matière déchiquetée de la falaise, un tableau sans pareil. Comme l’écrit Jean-Marc Soyez « En pays royannais, la Gironde n’est pas un fleuve impassible. La plus grande frayère d’Europe est un carrefour en perpétuelle turbulence, où se heurtent et se mêlent des eaux contraires. Deux fois par jour, l’Atlantique y renouvelle le mythe forcené de Sisyphe, repoussant en vain les eaux de Dordogne et de Gironde… »



 

J’y suis allé un jour de vent et de lumière blanche lors de mon séjour dans la région délimitée de Cognac. Ce fut un vrai coup de cœur. Me promener seul dans les ruelles et les venelles du village, aux maisons saintongeaises modestes, avec leurs murs en moellons apparents; où sont encastrés de gros galets noirs apportés de Bretagne ou même du Canada qui auparavant formaient le lest des cargaisons, légères ou venant à vide, charger le vin ou le Cognac. Mais le charme de la petite cité tient aussi à ses fleurs : " Talmont, capitale mondiale de la rose-trémière ! » proclame Michel Lis le jardinier de France-Inter. Des géantes en rangs serrés!



 

La renommée contemporaine de Talmont doit, dit-on, beaucoup aux chemins de fer et à Malraux. En effet, après 1955, une de ces affiches dont la SNCF avait le secret, exposait dans les gares et les wagons la superbe église romane dédiée à Ste Radegonde, reine de France, « morte en odeur de sainteté à Poitiers, en 587 ». Malraux, Ministre de la Culture, exigea qu’on l’apposât dans le passage donnant sur le Palais Royal. La montrant à des visiteurs il déclarait de sa voix au vibrato étrange « Voyez ces pierres sublimes, indifférentes aux rumeurs des âges… »



 

Aussi étrange que cela puisse paraître ce lieu sublime aurait pu être défiguré à jamais par le délire des hommes. L’histoire d’un drame évité commence en 1917 avec l’entrée en guerre des Américains. Ceux-ci eurent besoin d’un port en eau profonde pour débarquer hommes et matériel. Ils jetèrent leur dévolu sur Talmont. « À cette époque, le chenal des vapeurs montant vers Bordeaux, frôlait nos falaises, avec des fonds de 10 à 20 mètres, quelque soit le marnage. On demeure sans voix devant l’étendue du désastre menaçant alors la presqu’île. Plus de 5000 soldats américains et prisonniers allemands, travaillaient à établir des kilomètres de voies ferrées, d’entrepôts, de réservoirs. Ils dynamitèrent le Sphinx *. Les dessins montrent l’église posée comme une angélique erreur dans un panorama diabolique. Fort heureusement, le 11 novembre 1918 sonna l’Armistice, renvoya les soldats dans leurs foyers et expédia le projet aux calendes » écrivent Michel Guillard et Bernard Mounier.

 

Mais, certains grands esprits modernisateurs rêvèrent jusqu’en 1935 de voir Talmont choisi comme port avancé de Bordeaux. Ce fut le Verdon qui fut choisi mais je ne résiste pas au plaisir de vous offrir un extraordinaire morceau de stupidité humaine écrit par Georges Balande conservateur des musées de la Rochelle pour emporter la décision des politiques « De larges quais doivent surgir des canaux intérieurs et leurs écluses, coupant du continent le petit village dont le rocher ne sera plus que le piédestal isolé de la ravissante église romane. Des grues gigantesques, des élévateurs à grains, des frigorifiques, des cylindriques tanks à mazout, des hangars à marchandises, des dépôts de charbon, s’élèveront là où l’œil ne découvrait que la perspective ondulante des prairies verdoyantes, ou les croupes embroussaillées des mamelons sombres et le moutonnement des villages clairs. Le ciel sera sillonné d’innombrables fils, de pylônes, de cheminées ; d’énormes lampes à arc jetteront d’éblouissants éclairs de lumière brutale, là où jadis les maigres lueurs pâlottes du village troublaient à peine l’opacité de la  nuit. Dans le tumulte du travail, le vent de mer soulèvera des tourbillons noirs de fumée et de poussière, là où pendant les fêtes d’antan il faisait voltiger le pollen des fleurs. Tel est l’avenir. Tel était le passé. »

 

Adieu les carrelets, vive Fos sur Mer ! On tremble rétrospectivement et l’on imagine Noël Mamère, le maire de Bègles, s’étranglant de fureur. L’histoire des hommes est ainsi faites, de projets fous ou de marinas juteuses, si vous passez en Charente-Inférieure, pardon Maritime, distrayez un peu de votre temps de vacances pour aller au petit matin ou à la tombée du jour sur le promontoire de Talmont sur Gironde voir lever ou se coucher le soleil.

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25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 00:04

Pour m’y rendre, de chez moi, le 24 Boulevard Saint Jacques, avec mon vélo, je commence par emprunter la rue du Faubourg Saint Jacques. Au bout de celle-ci je bute sur la rue Saint Jacques que je ne peux prendre car elle est en sens interdit. Alors je prends la rue Pierre Nicole puis celle des Feuillantines et je passe à quelques pas de l’église Saint Jacques du Haut-Pas ( escale sur la route des pélerins de Saint Jacques de Compostelle) Je coupe la rue Gay-Lussac – celle qui fleure bon le pavé made in 68 – et je m’enfile la rue d’Ulm qui, elle, garde un petit goût de GP (Gauche Prolétarienne pour les initiés qui lisent mes écrits du dimanche) mais, juste avant que celle-ci ne se jetât sur la place des Grands Hommes – le Panthéon – je vire à gauche – pas celle du facteur de Neuilly – pour me retrouver dans la rue des Fossés Saint Jacques. Voilà, je suis arrivé sur la place de l’Estrapade qu’est toute mignonne avec sa petite fontaine et son jet d’eau, l’ombrage de ses arbres et ses quelques bancs. On se croirait presque arrivé sur la place d’une sous-préfecture endormie alors qu’on est à deux pas de

 

l’inexpugnable mairie de Tibéri.

Pour faire encore plus joli le lieu où je vous mène se nomme : Café de la Nouvelle Mairie. Pour faire court, avant de faire long comme d’habitude, c’est un café où l’on ne boit que des vins de paysans éclairés. Un must plein de little producteurs comme l’ancien patron : Nicolas Carmarans, qui a vendu le café au personnel pour devenir petit producteur de vin en Aveyron. Selon la légende – il en faut ça aide à rêver – c’est à la Nouvelle Mairie qu'il a bu son premier verre à treize ans. C'était un ami de son père qui tenait ce troquet. Son père, un fils de bougnat, bien sûr, monté à Paris dans les années 20 avec son charbon "sur le dos", coùùe toute une génération d'Aveyronnais qui succédaient aux porteurs d'eau. Alors, quand l'ami de son père a vendu la Nouvelle Mairie, il y a maintenant plus de dix ans, Nicolas Carmarans l'a repris.



Le bistro est beau, plus que cela il est vrai. Sa façade des années 20, son bar et l’agencement intérieur tranchent avec l’habituel décor toc des nouveaux bistros. Ici c’est du dur, de l’authentique. La première fois que j’y suis venu, un matin, pour bavasser avec Catherine, la néo-vigneronne (voir son blog http://www.rue89.com/riverain/catherine-bernard ) Nicolas Carmarans était de passage et, après les grands crèmes, j’ai dégusté son vin rosé de l’Aveyron. Je ferai une petite chronique sur lui un autre jour. Bref, aujourd’hui c’est pour becqueter que je suis là pile à l’heure. Je prends des photos et, comme le retard est consubstantiel aux filles, je m’offre une flute de Crémant d’Alsace 2004 de C.Binner. Je reçois un SMS : je suis là dans 7 minutes. J’admire la précision. La salle se remplit. Je potasse visuellement le tableau proposant les plats du jour. J’hésite mais, comme je ne suis plus seul, la promesse horaire étant, à mon grand étonnement, tenue, commande est passée illico pour la retardataire d'un verre de Muscat de Thierry Navarre de Roquebrun près de StChinian. Papotages et commérages étant les 2 mamelles des parisiens nous papotons sans trop commérer.

 


 

 

La commande : des œufs mayo et des endives Fourme d’Ambert puis 2 Pennes chipirons à l’encre et pour terminer 2 crumbles. Le serveur, qui est aussi un peu patron, est sympa. C’est excellent. Du côté arrosage j’ai choisi 1 Côtes d’Auvergne 2006 « Les Pierres Noires » de J. Maupertuis. Il se laisse boire sans me jeter dans l’extase. Le temps s’écoule dans cette petite enclave provinciale sans qu’on ne le sente passer. En contemplant l’ardoise des vins je me dis qu’au café de la nouvelle mairie le vin de table, ce gueux, ce banni, cet interdit de séjour, retrouve une nouvelle jeunesse et qu’après avoir végété dans son espace de réclusion le voilà qui pointe son nez dans un nouvel espace de liberté. Les soi-disant gardiens du Temple des AOC devraient méditer sur cette renaissance.


 

Bref si vous niaisez à Paris au mois d’août vous pouvez confier votre estomac, à midi comme le soir, à cette sympathique maison. L’addition y est légère (pas de CB). Les vins y sont bons. La nourriture simple mais de qualité. L’ambiance bonne enfant. Mais, me direz-vous, pourquoi diable avoir titré cette chronique : « L’adresse mystère d’un jour de fête » ?


Devinez !


Si vous ne trouvez pas je puis vous dire, tout de même, qu’au retour, j’ai pu, sur la majeure partie du trajet, emprunter la rue St Jacques avant de reprendre celle du Faubourg Saint Jacques et, bien sûr, terminer en roue libre – ça descend – sur la contre-allée du Boulevard Saint Jacques.


 

Bon, pour ceux pour qui ça reste encore un mystère, qui sèchent, ils peuvent bien sûr lancer une bouteille à la mer sous forme de commentaires.

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24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 00:04

Mes biens chers frères (les soeurs étaient systématiquement ignorées), c’est ainsi que le curé doyen, comme sans doute tous ses confrères,  commençaient ses sermons du haut de la chaire. Nous les fidèles nous étions assis. Dans mes débuts d’enfants de chœur pour scander les trois positions de la messe : assis, debout, à genoux, un préposé : le sacristain ou un enfant de chœur maniait avec vivacité un claquoir de bois.

 

C’est ce souvenir qui m’a inspiré l’idée de cette chronique sur les positions du vin, pour le boire bien sûr. À cette référence religieuse, certains d’entre vous eussent sans doute préféré que je m’appuie sur les positions du Kâma-Sûtra avec bien sûr photos en illustration : technique utilisée par les news magazines qui, sous le couvert d’enquêtes sérieuses sur des sujets de société, en profitent pour publier des photos suggestives. Comme je suis bon prince, et que les positions du vin n'ont pas le même potentiel de suggestion, je vous offre deux illustrations du livre originel.
 

Mais revenons à nos positions du Vin : debout, assis, couché… Qu’entends-je par là me direz-vous ? Pas grand-chose aurait répondu Pierre Dac dans le Sar Rabin Drana Duval mais moi je vais éclairer votre lanterne – notez que je n’ai pas écrit tenir la bougie.

 

DEBOUT


-         la position du buveur : position à l’origine exclusivement masculine très pratiquée dans les caves de Vendée qui s’est modernisée et un peu féminisée chez certains vignerons, dit paysans éclairés, qui ne répugnent pas d’amener au cul de la barrique leurs poteaux pour s’en jeter un ou deux derrière la cravate – façon de parler - dans des verres Duralex. Attention, ne pas confondre avec la position suivante car ici on ne recrache pas : on boit. La fonction sociale de cette position était très marquée : lieu d’échanges, où l’on se racontait des histoires, l’on concluait des affaires. Elle tend à se folkloriser pour séduire le bobo amateur d’authenticité.


-         La position du dégustateur : très en vogue de nos jours aussi bien chez les pros que chez les amateurs éclairés. Exige une certaine forme de résistance physique lorsqu’on la pratique dans les salons : RVF, Grand Tasting, VIF car elle peut s’apparenter à une lutte du type de celles que les femmes affectionnent au moment des soldes. Exige aussi une science consommée du crachement dans des récipients divers et variés si l’on ne veut pas se retrouver constellé de taches de vin. Exige enfin dans les salons une grande faculté de commentaires pour conforter sa position. Cette position se pratique aussi dans des quasis salles blanches, dites salles de dégustation, entre experts patentés. Chez certains vignerons ou même dans les châteaux se pratique dans la cave ou le chais, à la pipette, et il est de bon ton de reverser, ce qui reste dans le verre, dans la barrique. À noter que cette position est la position favorite des « acheteurs » mais qu’elle ne procure guère les mêmes sensations que celles éprouvées par le consommateur.


-         La position du clubber : pratiquée par de nouvelles couches de consommateurs en des lieux de perdition dit open bars, discothèques ou rave-partie mais ne concerne en général que, et très minoritairement, les vins à bulles. Le TGV : Tequila, Gin, Vodka est en butte à la réprobation collective car ce type de position ne vise qu’à atteindre rapidement l’ébriété et se retrouver illico en position couché dans le fossé,  ce qui vous le comprendrez n’est pas notre tasse de thé.


-         La position du piqueur d’assiette : pratiquée par la faune de ceux qui trustent les invitations pour des vernissages, inaugurations, décorations, départs à la retraite, garden-party… afin de se goinfrer gratis de canapés et de petits fours et, bien sûr, de faire couler la miette avec des breuvages appropriés. Le vin tranquille jusqu’à ces dernières années n’était pas très en vogue face à la toute puissance des bulles, le Champagne tout particulièrement. L’irruption des femmes dans l’univers du vin laisse de la place aux vins blancs et aux vins rosés. À noter la difficulté extrême, dans les buffets chics, de tenir dans une main une assiette pleine et dans l’autre un verre plein, et de manger ou de boire tout en causant avec les happy few.

 

ASSIS

 

-         la position du mangeur : elle fut pendant des décennies la position majoritaire à l’image de la position dite du missionnaire pratiquée par nos pères et nos mères mais elle tend à refluer sous la poussée du grignotage, du plateau télévision ou de l’eau minérale. Dans les milieux aisés ou intellectuels, composés d’esthètes ou de gens se prétendant tels, elle tend à rejoindre la position du dégustateur dans la mesure où les convives comme les hôtes d’un dîner n’ont de cesse de faire assaut de leurs connaissances de la science du vin qu’ils qualifient à tort d’œnologique. Bien évidemment dans cette position on ne crache pas son vin dans la soupière sauf que, très souvent, l’on peut constater, à la fin de ces repas, un niveau anormalement élevé de verres pleins.


-         La position du dragueur : est pratiquée assis en terrasse l’été ou sur les banquettes de skaï des cafés l’hiver par des individus cherchant, sans vergogne, à lier conversation avec des Chardonnay girls afin de pratiquer avec elles la position couchée. Contrairement à la précédente, en dépit de son ancienneté, cette position garde toujours la cote. À noter, qu’étant donné l’évolution des mœurs, elle est pratiquée de nos jours par toutes les orientations sexuelles.


-         La position du rêveur ou du lecteur : se pratique dans les mêmes conditions que la précédente mais en compagnie de soi-même ou d’un livre. À noter que la nouvelle génération peut la pratiquer avec un IPod sur les oreilles ou munie d’un téléphone cellulaire plutôt que d’un livre afin d’envoyer des sms du type : T' où. Dans certains cafés Wifi l’ordinateur portable est aussi de mise. Enfin, depuis l’avènement du Black Berry les hommes d’affaires ou les working women sont aussi adeptes de cette position. La généralisation de cette position est un fait de société les sociologues l’ont baptisé : position du zappeur.

 

COUCHÉE


-         la position du jouisseur : a pratiquement disparue avec les banquets et les orgies romaines. Aucun indice sérieux ne laisse à penser que cette position revienne à la mode comme d’ailleurs le port de la tunique au-dessus du genou pour les hommes.


-         Il existe une autre position couchée mais l’évoquer serait jugée politiquement incorrect. Le temps de Jean Gabin dans « Archimède le clochard » est englouti et ce n’est pas à l’honneur de nos sociétés dites modernes, si propres, si aseptisées, mais si froides. C’est un grand moment Audiardesque où notre divin nectar, le Muscadet en tête, tient le haut de l’affiche...

 

Pour conclure, je n'ai pas la prétention d'avoir épuisé toutes les positions comme par exemple celle du voyageur, ferroviaire ou aérien et il vous est loisible de contribuer à l'édification de la taxinomie des positions du buveur de vin...


ARCHIMEDE LE CLOCHARD " JEAN GABIN par richardanthony

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23 juillet 2008 3 23 /07 /juillet /2008 00:04

 

En notre monde du vin à la française, vu par ses chantres et ses bardes accrédités, hors les châteaux ou les domaines prestigieux, le vigneron qui fait son vin sur quelques arpents de terre pentue, souffre autant que sa vigne, est, telle une image d’Epinal rassurante, le seul modèle économique en capacité de garantir l’authenticité et l’expression de nos terroirs. Mon raccourci, je le concède, est réducteur, mais il traduit la vision partagée par les politiques et les défenseurs d’une viticulture idéalisée, en rupture avec le modèle dit « productiviste » qui prévaut de manière dominante dans le reste du secteur agricole. Entendez-moi bien, cette part de notre viticulture existe et se porte assez bien mais, ce que je veux souligner dans cette chronique c’est qu’elle n’est pas représentative de toute notre viticulture et qu’elle ne reflète pas ses évolutions profondes.

 

Plutôt que les images pieuses, dont je n’ai jamais été très friand, je préfère les données chiffrées sonnantes et trébuchantes car souvent elles sont déplaisantes et dérangeantes. L’étude réalisée à la demande de la Confédération des Vignerons Indépendants avec le soutien financier de Viniflhor par le CREDOC pour dégager, sur la base d’un état des lieux, les stratégies des vignerons indépendants à l’horizon 2015, même si elle cède au péché mignon des chercheurs français de vouloir à tout prix classifier, glisser les entreprises dans une typologie pas toujours signifiante, a le mérite de mettre en lumière deux phénomènes concomitants qui touchent notre viticulture. Ce matin je vais, sur la base des conclusions de l’étude, vous donner la traduction concrète du premier : la montée en puissance des très grandes exploitations. Dans une autre chronique j’aborderai le second phénomène – dont je ne déflore pas aujourd’hui le thème pour maintenir l’attente – qui est d’une ampleur certes encore modeste mais qui à mon sens ne peut que s’amplifier.

 

Je cite le CREDOC : « Ils appartiennent à un modèle tout à fait distinct de celui des autres exploitations. Ce sont de véritables « agro managers » parfaitement formés aux techniques de gestion puisque 99% d’entre eux possèdent une comptabilité de gestion (contre 69 pour le VI moyen) qui utilisent bien plus un ordinateur pour les besoins de leur exploitation (79% contre 38%). Avec près de 10 salariés en moyenne, ces vignerons sont des chefs d’entreprise qui ont investi dans la vigne avec des compétences managériales certaines. Ils suivent un plan de développement incluant l’augmentation de leurs parcelles dans un objectif de gains de productivité et d’économies d’échelle. Les PME les plu solides ont un modèle de production type « nouveau monde » qui leur permet de développer des produits marquetés et compétitifs à l’international. Le taux moyen d’export direct d’une entreprise-type appartenant à cette classe est de 11,6% (contre 7% pour le VI moyen).

 

SAU moyenne = 84,4 ha (presque 7 fois supérieur à celle du VI moyen 12,3 ha)

CA moyen à l’hl estimé = 194 euros contre 266 euros CA moyen du VI moyen

 

« En dépit de certaines faiblesses structurelles, comme leur lien étroit avec le négoce (56% des volumes commercialisés le sont par des grossistes, dont 39% en vrac) qui limitent leur marge commerciale, ils ont les moyens de bien réagir à la situation actuelle. Déjà peu nombreux, leur nombre devrait diminuer de 9% entre 2000 et 2015 pour passer de 950 à 860 vignerons.

Dans le même temps, les exploitations devraient voir leur taille progresser du fait des rachats d’exploitations : SAU moyenne devrait passer à 91 ha en 2015. »

 

À noter que ces très grandes exploitations se situent principalement dans le Grand Sud : Languedoc Roussillon, PACA, Midi-Pyrénées et Aquitaine et que cette classe qui ne représente que 2,5% du nombre pèse 16% des volumes vinifiés. "

à suivre...

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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 00:09


Quand j'avais utilisé dans mon rapport de 2001 l'image de la bataille d'Azincourt - gagnée par les Anglais, leurs archers, inférieurs en nombre, face aux seigneurs français empêtrés dans leurs lourdes armures et leurs certitudes - pour illustrer une certaine forme de suffisance de notre viticulture j'avais eu un franc succès Outre-Manche, un peu moins bien sûr du côté de Bordeaux. Dans ma jeunesse j'ai lu
“Les Silences du Colonel Bramble” d’André Maurois, anglophile distingué. C’était son premier roman, il l’a rendu célèbre et, pour l’écrire, il s’est inspiré de sa propre expérience d’officier de liaison auprès de l’armée britannique. Créant des figures atypiques et extraordinaires de soldats anglais flegmatiques, sages, philosophes, il rend compte d’une joie de vivre toute anglo-saxonne. Je suis donc un anglophile qui adore être aussi féroce avec nos amis anglais qu’ils savent l’être avec nous. Négocier, à Bruxelles, avec les Ministres anglais et leur cabinet m’a toujours procuré beaucoup de plaisir. Reste le sport : je suis Nantais donc le football anglais n’est pas ma tasse de thé – je ne parle pas des clubs mais de l’équipe nationale – et pour le rugby j’avoue humblement que j’ai toujours goûté avec un grand plaisir les victoires sur le XV de la Rose. Tout ça pour vous dire que mon plaisir est grand d’accueillir ce matin David Cobbold sur Vin&Cie l’espace de liberté pour répondre à mes 3 Questions. Ses propos devraient vous intéresser, ils sont pleins de bon sens et d’un franc amour du vin français.

Question 1 :

 

 

Bonjour David Cobbold, vous venez avec Sébastien Durand-Viel, de lancer ECCE VINO http://www.eccevino.com/, 1er Guide des Vins sur l'Internet. Pouvez-vous nous en dire plus ? Pourquoi ce site ? Pour qui ? Quels sont vos objectifs ?

 

Réponse David Cobbold

Ecce Vino est le premier site dédié aux vins vendus sur le web en France. Nous mettons en accès libre pour l’internaute toute l’information sur ces vins, et, progressivement, en faire aussi un lieu d'échange. Nous voulons offrir toutes les éléments du choix aussi bien pour l'amateur que pour le consommateur occasionnel en gardant un esprit ouvert, informatif et critique, mais loin de toutes les querelles de chapelle. Notre objectif est de devenir un réel lieu d’échanges et notre challenge d’être le site le plus consulté sur le vin en France.

Et pourquoi pas Ecce Vinum ? Au risque de faire bondir les latinistes, nous avons voulu jouer un peu sur la sonorité des mots, avec un clin d’œil au monde du vin actuel en mélangeant le latin et l’italien. Ecce Vino veut être le premier guide et site d’information sur le vin pour amateurs en France, comme pour les acheteurs occasionnels du vin sur la toile. Le tout entièrement gratuit et libre d’accès.

Qui sommes-nous ? Une petite équipe dynamique et très motivée qui souhaitons fournir de l’information sur le vin, sans esprit de clan particulier ni fanfaronnade commerciale. Deux journalistes, moi-même et Sébastien Durand-Viel, amateurs de vins du monde entier, un technicien du web et un spécialiste des télécoms. Vous trouverez nos CV sur le site.

Que proposons-nous ? Un guide, des cours et des informations aussi bien pour les débutants que pour l’amateur confirmé ; une encyclopédie, des bases de données dont l’évolution est progressive, mais aussi des rubriques qui se renouvellent toutes les semaines ou tous les mois. Des opinions, des informations et de notes de dégustation sur les vins du monde entier. Des liens avec des blogs et sites que nous aimons pour leur diversité, leur esprit libre, leur apport au monde du vin et ce qui l’entoure. Un guide des vins vendus sur le web, avec commentaires de dégustation et notations pour les vins que nous estimons biens faits, quel que soit leur style ou leur prix. Car un vin a un style, et se vend à un prix donné. Cela le rend attrayant (ou pas) à différents goûts et accessible à des bourses diverses. Nous en tenons compte et ne cherchons nullement à imposer notre propre goût en toute circonstance, mais juste à le signaler de temps en temps.

Pour nous le goût est individuel et ne doit pas être imposé par des diktats venus de « gourous », souvent autoproclamés et suffisants. Mais le goût de chacun peut être éclairé par l’avis de quelqu’un d’autre, surtout si cet « autre » est un professionnel de la chose et passe beaucoup de temps à comparer des vins les uns avec les autres. Un choix peut être éclairé, non pas formaté, par des informations et des avis, car il n’y a ni de « raison » ni de « tort » en matière de jugement esthétique.

Nous voulons partager un peu notre expérience, et aussi notre enthousiasme pour ce produit assez unique qui est le vin.

 

Question 2 :

Vous êtes un anglais à Paris David Cobbold, pour ceux des lecteurs de Vin&Cie qui ne vous connaîtraient pas, en quelques mots, dites-nous qui vous êtes. D'où venez-vous ? Quel à été votre parcours dans le monde du vin ?

 

Réponse de David Cobbold :

Je vis en France depuis 1973 et j'ai 61 ans. Donc j'ai passé plus de la moitié de ma vie en France. Mon père était négociant en vins à Londres, et le monde du vin fait donc partie de ma culture de base. Mais j'ai un parcours un peu bizarre. Ma formation est d'abord universitaire (littérature et philo), mais surtout beaux-arts (études de peinture à Londres). Puis j'ai exercé beaucoup de métiers : photographe, essayeur de motos, bucheron, menuisier-ébéniste, vendeur d'appartements, avant de revenir vers le vin en devenant caviste à Paris en 1983, puis responsable d'un réseau de vente national, puis responsable marketing et commercial d'une grande maison de Champagne, et enfin indépendant à partir de 1995. J'exerce depuis lors trois activités dans le vin : journaliste, formateur et consultant. Sébastien Durand-Viel travaille avec moi dans ces activités depuis 1998. En dehors de cela je continue à aimer beaucoup la peinture, la moto et le rugby.

 

Question 3 : Enfin, pendant que je vous aie sous la main David Cobbold, dite-moi qu'est-ce qui ne va pas dans le royaume des vins français ? Trop de tout ? Pas assez de rigueur ? D'après vous que devrions-nous faire ?

 

Réponse de David Cobbold :

Vaste question ! Trop de divisions, surtout, trop de clans et de trop de complexité inutile. Et trop de règlementations. Et cela entraine parfois une rigueur insuffisante, car les "mauvais" s'appuient sur le système (en se plaignant quand les choses vont mal), tandis que les bons sont freinés par un système trop rigide. Je crois qu'il faut libérer l'esprit de création des producteurs, en les laissant planter ce qu'ils veulent où ils veulent. Le marché sera la sanction et l'épreuve de vérité. Les dégustations de contrôle ne signifient rien, il faut les abandonner. En revanche, si une région ou appellation se décide sur des règles, il faut les appliquer à la lettre une fois ces règles acceptées, mais en offrant une voie de sortie (en vins de pays) pour celui qui veut traverser en dehors des clous. Et il faut surtout que les producteurs passent du temps (même un peu), chaque année, sur les marchés, à observer, à goûter la concurrence, et à parler avec les acteurs du marché et des consommateurs. Vivre dans un splendide isolement n'est plus possible. 

Quant au vocabulaire, j'aimerais entendre de moins en moins des mots comme "typicité" (un mot qui ne veut rien dire) ou "tradition" (quand commence et quand s'arrête l'histoire ? On parle maintenant d'élevage "traditionnel" en cuve inox, et pourquoi pas, mais cette tradition-là ne date que de 30 ans au plus). Et j'aimerais que le mot "terroir" soit bien compris (le milieu naturel, tout le milieu naturel, et rien que le milieu naturel), explicité et utilisé avec la même acception par tous, au lieu d'être brandi comme un étendard incantatoire.

Ce que la France devrait faire pour regagner ses parts de marché perdues est de laisser parler ses meilleurs producteurs. Il y en a des milliers dans ce pays, et dans toutes les régions et catégories de prix. Ce sont eux les meilleurs ambassadeurs des vins de la France. Cela m'est égal qu'il s'agisse de producteurs importants ou de "petits" vignerons. Regardons l'exemple de la Champagne pour voir que des grandes structures réussissent admirablement. Et oublions les fausses divisions stupides "bio" ou "pas bio", vins "de femmes" ou autre gadgets pour obtenir trois lignes dans un canard. Des bons vins, qui ont du goût et une histoire à raconter. Mais ensemble. On gagne un match de ce type en équipe, pas en solo.

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21 juillet 2008 1 21 /07 /juillet /2008 00:05

À Paris quand on dit VANEL, on pense bien sûr à Charles, le grand acteur de cinéma, le vieux Jo du « Salaire de la Peur ».

À Toulouse c’est à Lucien la toque légendaire, qui fut l'un des premiers à décrocher deux macarons au guide Michelin pour son restaurant de la rue Maurice-Fonvielle, véritable institution dans les années 70 et 80 à qui l’on pense de prime abord.

À Toulouse quand on dit Le Stade c’est à tout coup au rugby que l’on pense

Alors qu’à Paris, pour Le Stade, le populo pense d’abord de France celui de St Denis là où le 12 juillet 1998 : « on a gagné la Coupe du Monde » ; les bobos, eux, pensent à celui qui se dit Français, très chicos, qu’est accessoirement la danseuse de Max Guazzini et du maire de Paris et qui joue aussi au rugby entraîné par un gars de Colomiers.

Ça c’est Paris !

Indifférence ou arrogance, le Parigot tête de veau a la fâcheuse tendance de considérer la ville capitale comme le nombril du monde. Sa méconnaissance, très française, des langues étrangères, lui fait ignorer le touriste non hexagonal mais, en revanche, le provincial, surtout celui avec accent, paumé dans le métro, dînant à huit heures sur un bateau mouche, grimpant à la Tour Eiffel, se gobergeant aux Folies bergères, à droit à tous ses sarcasmes.

Je pousse à peine le bouchon… Mais comme je me veux trait d’union j’ai choisi VANEL pour la réconciliation Paris-Province, Toulouse-Paris, pour le rugby c'est réglé : le Stade Toulousain a  hissé le Bouclier de Brennus, pour le reste je brode en laissant aller mon imagination.

Las Piedras, misérable bourgade vénézuélienne, les années 50, la dèche totale, des épaves à la dérive. Travelling sur un bouge miteux puis gros plan sur Jo le vieux dur, Charles Vanel, et Mario le jeune coq, Yves Montand, qui se font face à une table. L’atmosphère est lourde. Demain matin ils vont monter dans les camions pourris de la SOC, la compagnie pétrolière américaine, bourrés jusqu’à la gueule de nitroglycérine… Qui ne connaît ou ne connaîtra, à la Télé ou en DVD, le fameux film de Clouzot : Le salaire de la peur… Pas grand monde.

Ok, fondu enchaîné, les mêmes, autour d’une bonne table, VANEL, Lucien, pose devant eux une de ses spécialités, pendant que le sommelier débouche avec soin une bouteille de VANEL. Ploc ! Le gazouillis du vin servi. Le cinéma habituel autour du verre. Dégustation. Émotion ! Soupirs d’aise… Clap de fin !


Explications.

VANEL est un Vin de Pays d’OC

VANEL est un Vin de Cépages : Cabernet-Sauvignon, Merlot et Chardonnay

VANEL est une sélection des Vignerons de Sieur d’Arques à Limoux

Ok d’accord me direz-vous mais pourquoi consacrer une chronique au dernier-né des gars de Limoux ? Pour pleins de raisons, d’abord le nom : VANEL qui permet toutes les variations, simple, connu, reconnu par Google, une signature s’appuyant sur une référence culinaire, un nom qui, à lui seul, raconte des histoires. Reste, derrière lui, à capitaliser de la notoriété. La notoriété c’est une alchimie complexe, parfois bien longue à se révéler, à la fois reconnaissance de l’excellence du produit et de sa capacité à positionner socialement celui qui le consomme. À Limoux, les vignerons de Sieur d’Arques, depuis des années, par leur patient travail sur la différenciation de leur parcellaire peuvent se permettre de faire du cousu main. Alors il me paraît normal de les mettre en avant. De dire aux consommateurs, aux amateurs, aux restaurateurs, découvrez ce VANEL c’est un vin de Vignerons. En écrivant cela je ne vous demande pas de faire une bonne œuvre mais tout simplement de sortir des sentiers battus, de découvrir, d’apprécier, de reconnaître la qualité du travail accompli. Comme vous le constaterez sur la photo les flacons sont élégants. Et le nectar qui va avec me direz-vous ? Réponse simple : quand on sait faire Toques et clochers on sait faire bon à tous les étages. D’ailleurs si Lucien Vanel a accepté d’associer son patronyme au dernier-né des vignerons de Limoux vous vous doutez bien que c’est parce qu’il juge le vin digne de sa renommée. Vin sur le fruit pour les petits repas entre amis au restaurant.

Pour info, car Vin&Cie c’est de l’info : le n° du Point du 15 mai 2008 consacrait un article à la gastronomie toulousaine titré : Toulouse : les toques en lutte. Extraits.

« Branle-bas de combat chez les derniers défenseurs de la gastronomie toulousaine. L'office de tourisme de Toulouse et le syndicat professionnel départemental de l'Union des métiers de l'industrie de l'hôtellerie (Umih) ont lancé une vaste opération de communication pour redorer le blason des traditions culinaires en souffrance (voir l'encadré). Avec près de 1 200 adresses, qui vont de la grande table au simple kebab, Toulouse revendique la place de deuxième ville de France en nombre de restaurants. Mais, dans cette profusion, la qualité n'est pas toujours au rendez-vous et le meilleur peut côtoyer le pire. A l'Umih, présidée au plan national par André Daguin, les chefs appellent de longue date à faire le tri entre les vrais cuisiniers et ceux qui se contentent d'ouvrir des boîtes ou de réchauffer des barquettes de surgelés. Les maîtres queux des fourneaux se révoltent contre la généralisation du micro-ondes.

A Toulouse, cette volonté de tri s'est traduite par le lancement d'une académie et la création d'un grand prix décerné par le public. Cette opération de séduction est placée sous les bons auspices de Lucien Vanel, toque toulousaine légendaire, qui fut l'un des premiers à décrocher deux macarons au guide Michelin. Son restaurant de la rue Maurice-Fonvielle, véritable institution dans les années 70 et 80, est désormais remplacé par une pâle cantine bio. Le vieux chef s'était indigné l'an dernier en constatant qu'il n'y avait plus qu'un seul restaurant étoilé (Michel Sarran) à Toulouse intra-muros. « Il y a plus d'étoilés dans le département du Lot que dans toute la Haute-Garonne, alors qu'il y a deux fois moins d'habitants qu'à Toulouse », calculait Lucien Vanel fin 2006. Le ratio s'est légèrement modifié depuis, avec l'attribution dans la dernière édition du guide d'une première étoile à deux jeunes chefs, Frank Renimel (En Marge), 31 ans, et Jérémy Morin (Le Met), 29 ans. Le Michelin a également décerné une deuxième étoile à L'Amphitryon de Yannick Delpech à Colomiers, 31 ans, plus jeune chef de France dans sa catégorie. »

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