Le poids des mots du titre d’une chronique sur la Toile, pour un vieux taulier blanchi sous le harnois qui se décarcasse chaque jour que Dieu fait – grand bien lui fasse, personne ne lui demande rien à ce type – est extraordinaire.
Si vous surfez sur l’actualité, si vous choisissez des titres à la Libé sur des sujets qui hérissent la blogosphère dans tous les sens des poils, c’est bingo ! Vous ramassez une cotriade de lecteurs, c’est la ruée, les compteurs s’affolent, les statistiques s’envolent. C’est la loi du surf à partir de mots-clés. Mais, il y a un gros mais, l’effet dure le temps que dure une surchauffe. C’est un feu de paille. Vite, trouver un nouveau sujet brulant dans l’actualité et jeter les bons mots sur la Toile. C’est facile, c’est vite fait et, comme un shoot, ça vous envoie en l’air à tout coup.
En revanche, le sujet plus travaillé, qui sans forcément être de fond aborde des questions qui ne trainent pas dans toutes rubriques ou qui ne sont pas issues d’un communiqué de presse ou d’une visite guidée par une boîte de communication, va à sa publication être à la peine. Seuls, les curieux, ceux qui cherchent dans la lecture une source d’informations, prennent la peine d’ouvrir votre chronique. Je le dis tout net : ce ne sont pas mes meilleures chroniques qui font le buzz – si tant est qu’il y en eu de bonnes – mais je ne regrette jamais de les avoir mises en ligne. Pourquoi ?
Tout simplement parce que ce sont celles qui ont la plus longue durée de vie. Elles apportent, lorsqu’elles se sont installées, ou que le sujet par hasard s’immisce dans l’actualité, un flux régulier de lecteurs. Ainsi, des chroniques très anciennes vivent ou revivent. L’effet viral du Net joue à plein et je suis toujours surpris lorsqu’un commentaire émerge du diable vauvert. Exemple : une chronique du 9/04/2009 Signé Augustin Florent « négociant de nulle part »: avec Carrefour je ringardise…
En recherchant "la cave d'Augustin Florent" je suis tombé sur votre article qui m'a bien plu, même s'il date. Je n'ai pas l'habitude de faire mes courses dans la grande distribution, je suis adepte des marchés de producteurs. J'ignorais que "la cave d'Augustin Florent" était une marque crée par Carrefour.
Si je faisais cette recherche, c'est qu'à l'occasion de mes récentes vacances, je me suis dépanné d'une bouteille de vin d'Appellation Ventoux contrôlée 2011 dans une petite épicerie avec l'étiquette "la cave d'Augustin Florent", bouteille numérotée. Le vin était bouchonné et je voulais faire part de mon désagrément. Eh bien je comprends mieux à présent si c'est préparé pour Carrefour.
Je me suis promis de ne plus acheter d'Augustin Florent, mais encore plus à présent que je sais qui se cache derrière.
Mais alors vous allez m’objecter qu’en me laissant aller à pondre des chroniques sur des sujets chauds ou de pure actualité je cède donc à la facilité, à l’ivresse de l’audience et que je suis atteint du syndrome ebuzzing cher à l’un de mes collègues de la Toile.
Ma stratégie est tout autre. Depuis toujours je me suis fixé comme objectif : l’extension du domaine du vin et, ce n’est pas en s’adressant, comme le font la quasi-totalité des blogueurs de vin, à ceux qui en consomment déjà, que l’on fait œuvre utile. J’ai donc bien sûr choisi de centrer mes chroniques sur tout ce qui touche au Vin mais je ne m’en tiens pas à cette seule porte d’entrée. J’ouvre autant que je peux les portes et les fenêtres pour que ceux qui ne sont pas des nôtres soient tentés de venir y partager le pain et le sel, avec un verre de vin bien sûr. Ainsi des nouveaux lecteurs passent, certains ne reviendront sans doute jamais, mais une partie s’attarde, revient et s’abonne.
Simplement, pour terminer cette chronique de fin de semaine, permettez-moi de regretter que beaucoup de gens soient aussi chauvin, si peu curieux de tout ce qui se passe autour d’eux, et là je ne fais pas référence à la jupe de Duflot, mais par exemple à ma chronique d’hier sur le hôchô japonais. Je suis frappé par le fait que les Français ne s’intéressent que de très loin aux traditions des pays qui nous achètent du vin. Très forts pour débiter leur boniment sur nos terroirs, leurs notes de dégustation ou je ne sais quelle info usée jusqu’à la corde, mais totalement imperméable à tout ce qui touche à l’Histoire et à la vie de ceux qui se passionnent pour nos vins. Vendre du vin certes mais faire preuve d’empathie à l’égard de ceux qui l’achète me semble la moindre des politesses. Et Dieu sait que nos amis japonais y sont sensibles à la politesse.
Je profite de cette chronique pour faire la courte-échelle aux deux régionaux de l’étape : qui apportent de leurs mains larges et généreuses un soutien massif à la révolte des soutifs de Banyuls : DANIEL A RAISON ET RÈDE A TORT :link