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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 00:09

« Pour changer cette région - et c'est ma pratique - c’est la maïeutique platonicienne :   il faut provoquer pour que les gens soient contre et ensuite, ils se prononcent favorablement » Tout Georges Frèche se cachait derrière cette phrase. Dans un article de la revue Persée  : « Languedoc-Roussillon, vivre en cacophonie » Jérôme Gastambide  rappelle qu’en avril 2004 Georges Frèche lançait « le Languedoc- Roussillon doit se lever. C'est la Septimanie qui ressuscite» Ainsi, près de la moitié du discours d'intronisation à la présidence du conseil est consacré à l'histoire de la région. Son auteur plonge dans le passé pour en extraire un ensemble d'images. L'heure est à la pédagogie, il s'agit de savoir d'où l'on vient pour dessiner l'avenir, et y laisser sa trace. »

 

Certes la Septimanie n’a pas vu le jour, en bon pragmatique Georges Frèche s’est    rallié à Sud de France, mais ce volontarisme, cette fierté assumée, ce désir de s’inscrire dans l’Histoire pour tracer les voies de l’avenir, expliquent grandement l’adhésion de la population et donne aux gens du Nord, aux élites parisiennes, les clés pour comprendre l’hommage rendu par les anonymes au Président de la Région disparu. Au temps de mes responsabilités au 78 rue de Varenne j’ai pratiqué le Grand Georges qui, comme tous les grands chênes, ne laissaient guère de lumière aux jeunes pousses, j’en connaissais donc toutes les facettes ce qui ne me prédispose ni à l’hagiographie, ni a un hommage posthume courtisan. Simplement, pour avoir traîné mes semelles de crêpe depuis presque 30 ans dans le vignoble du Languedoc et du Roussillon je dois à la vérité de mettre en avant que Georges Frèche au-delà de ses mots – et Dieu sait qu’on les aime là-bas – de ses outrances, a su redonner un élan, un cap aux hommes et aux femmes, vignerons ou non, de cette région qui en avaient bien besoin.

 

Alors ce matin pour le geste voici pour l’homme de la Septimanie :

 

- Un beau texte « Feu de Sarments » de Jean Lebrau « né le 20 octobre 1891 à Moux (Aude) où il est mort le 11 octobre 1983, est un poète et écrivain français.

Initié à la poésie par son compatriote Henry Bataille, Jean Lebrau a eu une carrière professionnelle anodine : attaché à Genève au consulat de France, attaché à la préfecture de l'Aude à Carcassonne, il était également propriétaire-viticulteur. Après une rencontre en Béarn avec Francis Jammes, le poète de Hasparren, fort de l'amitié de Joë Bousquet et de François-Paul Alibert, Jean Lebrau entre en poésie et devient le poète de la montagne d'Alaric, des vignes et du vin des Corbières. Il est élu mainteneur de l'Académie des Jeux floraux en 1942. Il laisse une production importante, pleine de finesse empreinte de sensualité. Jean Lebrau repose dans le cimetière de Moux. » Source Wikipédia.  img188-Lebrau

 

- Un bois gravé en 3 couleurs de Rochette Raymond. « Artiste peintre français, né le 25 mai 1906 au Creusot et mort le 26 décembre 1993 au Creusot.

Né aux frontières de la forêt morvandelle et de l’usine du Creusot, ses premières huiles représentent les paysages du Morvan, des scènes de la vie rurale et de nombreux portraits.

Dès son enfance, il est fasciné par l’univers de la métallurgie lourde. Du Maroc, où il réalise son service national, il rapportera des paysages lumineux, mais dès cette époque il écrit à ses parents « Je crois qu’il serait intéressant de peindre les hommes au travail, suant, rouges avec les énormes machines, la poussière et la vapeur ».

En 1949, (13 ans après sa première demande), il obtient l’autorisation d’entrer dans l’usine et d’y peindre. Rapidement accepté par les ouvriers, il les représente de plus en plus souvent, minuscules à côté des machines qu’ils dominent, ou en centre de tableaux. Pendant 70 ans, Raymond Rochette n’a cessé de peindre : un paysage, un visage, un fruit, des objets simples, tout fascinait son regard. Il décède en 1993 dans sa maison natale. » Source Wikipédia.  img189-septimanie.gif

Ces deux œuvres sont tirées de Septimanie une revue fondée en 1927 par le docteur Paul Duplessis de Pouzilhac (1882-1958). « Médecin des riches, des pauvres et des cheminots, et je me dépense également pour tous mes malades ; mais mon luxe, ma danseuse, c'est ma revue, c'est Septimanie. » disait-il. Candidat malheureux aux élections législatives de Narbonne en 1929 contre Léon Blum, cet homme de lettres, maurrassien, donc pétainiste, contribua à donner à sa ville de Narbonne « une belle existence artistique et littéraire grâce à sa somptueuse revue d'art Septimanie qui réunissait dans une présentation luxueuse et originale, les écrivains, les poètes et les artistes de la région. »

280px-Septimanie.jpg

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 00:09

J’ai passé deux ans de ma vie à Constantine où, en tant que VSNA (service militaire) j’étais maître-assistant à l’Université de Constantine dans un magnifique bâtiment (voir vidéo) de béton conçu par Oscar Niemeyer qui avait la particularité de s’enfoncer dans le sol – un ancien cimetière à flanc de colline – et d’être inchauffable et Dieu sait qu’il fait froid sur le plateau constantinois. Bénéficiant d’une solde de 900 francs et du Renault 4 j’ai beaucoup bourlingué dans l’Est algérien. Mes étudiants francophones, dont certains étaient des quadragénaires ayant connus la « guerre », m’invitaient chez eux et c’est avec eux que j’ai découvert la musique arabo-andalouse qui est le plus saisissant reflet de l’énorme melting pot de cette Algérie qui fut française. À Constantine, la rue qui tranchait la casbah en descendant jusqu’à la Medersa siège du recteur de l’Université officiellement rue Larbi M’Hidi, héros de la résistance liquidé par le sinistre Gal Aussaresses et respecté par le père Bigeard, était toujours désignée comme la rue de France par eux et, le quartier « juif » lui aussi bénéficiait du même traitement. Les cassettes circulaient sous le manteau et chez le coiffeur la transgression absolue consistait à écouter Enrico le natif de Constantine, il d’une famille juive de musiciens du malouf. Son père était violoniste dans l’orchestre de Raymond Leyris dit Cheikh Raymond (beau-père d'Enrico Macias).

 

Cette musique du petit peuple, celui des gens de peu qui se côtoyait « avant » dans cette rigoureuse et si musulmane Constantine, n’était guère du goût du régime Boumediene qui du passé faisait table rase. Nulle nostalgie ni regret dans ce goût d’une musique puisant ses racines, sa source dans des cultures méditerranéennes, mais simple héritage d’une histoire commune. Réécrire l’Histoire est vain, c’est le fait des pouvoirs sans légitimité. Alors, lorsqu’au début des années 90 Lili Boniche est comme l’écrit avec beaucoup d'empathie et une grande justesse Magali Bergès http://lili_boniche.mondomix.com/fr/portrait213.htm « sorti des oubliettes de l'histoire de la musique. A peine plus ridé qu'aux temps bénis de ses plus grands succès, la démarche parfois incertaine mais toujours aussi pimpant, il est revenu sur le devant de la scène. Et il obtient aujourd'hui une audience qu'il n'avait jamais atteinte. La vie de celui que l'on surnomme le crooner de la casbah ressemble à un scénario. Et pourtant tout est vrai… »

 

« Lili Boniche est né en 1921 à Alger, Alger la Blanche, Alger sa ville. A l'âge de 10 ans, il quitte le domicile familial pour suivre l'enseignement d'un maître du haoussi, Saoud l'Oranais. A ses côtés, il apprend pas à pas le répertoire de la musique arabo-andalouse, côtoie la célèbre Reinette l'Oranaise et devient un virtuose du oud. Un jour, il n'a alors que 15 ans, il débarque à Radio Alger et, avec tout le culot propre à son âge, propose un projet au directeur. Celui-ci est emballé et lui octroie une émission hebdomadaire. Porté par son succès naissant, le jeune Lili Boniche compose chanson sur chanson et les interprète en direct à l'antenne : « Elles me venaient comme ça, sans réfléchir «  raconte-t-il. Peu à peu, il crée un style (typique de la musique populaire algéroise) où se mélangent flamenco, arabo-andalou, paso doble, mambo et tradition juive. Il devient une star à Alger puis à Paris. Dans les années cinquante, il rencontre une comtesse : « Elle était belle, riche et folle de moi », se souvient-il en souriant ; il l'épouse illico. ». Il se reconvertit dans les affaires achète quatre cinémas à Alger et devient un homme d'affaires prospère. Lorque la tourmente embrase l'Algérie et avec l'Indépendance ses salles sont confisquées, comme les pieds-noirs il rentre en France et repart à zéro.

 

Mais, comme l'écrit Magali Bergès   « Aux débuts des années 90, toute une génération de réalisateurs redécouvrent ses chansons et les utilisent dans les bandes sonores de leurs films. "Le Grand Pardon", « La vérité si je mens », « Mémoires d'immigrés » : à travers le cinéma, Lili Boniche retrouve les lettres de noblesse que sa comtesse l'avait contraint à abandonner. En 1998, il sort un album intitulé « Alger, Alger » produit par… le patron d'une maison de couture. Le succès est mitigé mais l'américain Bill Lasswell reprend la production et la machine repart (…) et l'histoire reprend, comme si le conteur reprenait sa lecture exactement là où il l'avait laissée. A l'aube de ses 70 ans, Lili Boniche peut se targuer d'avoir rempli l'Olympia, de rassembler un public qui va bien au-delà de la communauté juive et de faire danser différentes générations de juifs, de catholiques et de musulmans qui tanguent en cadence, unis par la musique d'un crooner oriental aux allures de rocker suranné... »

 

Il s'est éteint discrètement le 3 mars 2008.

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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 12:36

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Chère maman,

 

Toi qui savais si bien faire le beurre blanc, monter des œufs en neige, confectionner un Paris-Brest, je t’écris ce matin à la fois pour te rendre hommage et surtout pour te rendre ton du. Oui maman outre que tu fusses un vrai cordon bleu, tu ne te contentais pas de mettre la main à la pâte, tu ne laissais à quiconque le soin de dresser la table. Nous n’étions ni riches, ni pauvres, mais dans la salle à manger – qui te servait en semaine d’atelier pour ta couture, ton univers d’organdi, d’organza, de crêpe de Chine ou georgette, de popeline, de gabardine, de flanelle ou de taffetas, là où tu taillais les patrons des robes que tu allais monter avec du fil à faufiler avant de les coudre sur ta machine Singer à pédale – sur la table à rallonges le bulgomme d’abord puis la nappe Linvosges impeccablement repassée avant d’y dresser la vaisselle de porcelaine de Limoges si diaphane, les couverts de la Ménagère étrange boîte verte où ils semblaient dormir pour l’éternité, les verres de cristal que je faisais chanter, en un ordonnancement dont les règles elles aussi semblaient venir de la nuit des temps. Venait ensuite un discret chemin de table : quelques pétales de fleurs du jardin, du houx ou du gui, puis les dessous de plats et de bouteilles. Parfois, les serviettes étaient mises en éventail dans le verre à eau mais maman tu préférais de loin la discrétion d’une position couchée sur l’assiette. Enfin, dans des vases cigognes de discrets bouquets venaient donner une touche champêtre à la table dressée.

 

Jamais au grand jamais il ne te serait venu à l'idée de nous expatrier au restaurant pour ces repas de fêtes scandant le calendrier liturgique ou les évènements heureux ou malheureux de notre vie. Pourquoi diable aller dépenser beaucoup d’argent pour moins bien manger et surtout nous retrouver dans un cadre qui ne pourrait jamais égaler la chaleur de la salle à manger familiale. Dans le fin fond de notre Vendée crottée nulle trace de restaurants gastronomiques – le mot même ne faisait pas parti de notre vocabulaire même si le Larrousse gastronomique faisait parti de ton univers – quand aux étoilés nous ignorions jusqu’à leur existence. Tu étais maman, et tu m’as transmis ta main, celle qui savait pétrir, assembler, monter, décorer, tu étais donc le plus bel exemple donné de transmission immatérielle de ce repas à la française qui chez nous n’avait rien de guindé, de chichiteux. Tu faisais tout, orchestrais tout, et nous te donnions simplement un coup de main.

 

Alors chère maman lorsque j’entends Francis Chevrier, cheville ouvrière du classement affirmer que tout ça c’est : « D’abord faire comprendre aux Français que la cuisine est une culture qu’il convient de préserver et de transmettre aux générations future » les bras m’en tombent ce qui je l’avoue complique ma tâche pour t’écrire. Je te fais sourire sans doute mais plus sérieusement, même si je ne suis pas toujours d’accord avec lui, seul JR Pitte a su trouver les mots justes  en affirmant au journal La Croix – ce qui ne saurait te déplaire chère maman toi si attachée à la religion – « ce qui distingue la cuisine française des autres : ses rituels, ses pratiques, ses traditions vivantes et une certaine manière d’être à table. Une façon de dresser la table, de s’y installer, de goûter des saveurs particulières qui ont une personnalité, de valoriser les différences d’une région à l’autre. Associer certains vins à certains plats est une invention française. De même que le déroulé qui va des entrées au dessert et impose le pain, le vin et le fromage ».

 

J’en serais resté là si je n’avais lu les habituelles fureurs de Perico Légasse. : «La nouvelle est de taille, considérable, historique. D’abord parce que, au moment où le chef de l’Etat prend des distances avec le concept d’identité nationale, la plus humaniste des instances internationales sacralise ce qui symbolise le mieux l’identité nationale française, sa gastronomie » proclame-t-il avant d’ajouter « Sans paysans, pas de produits. Sans produits, pas de cuisine. Sans cuisine pas de gastronomie. Donc, sans paysans, pas de gastronomie. Il est là le trésor à préserver. Le repas gastronomique des Français, c’est celui qui met ces richesses en valeur et permet de les partager autour de la table dans un acte sensoriel et convivial qui rend hommage aux êtres humains qui se donnent du mal pour notre plaisir. Tel est le message culturel de cette heureuse et grande nouvelle. Veillons à ne pas le galvauder et à ne jamais le trahir ».

 

Tu trayais les vaches maman mais tu n’aimais pas qu’on te traita de paysanne car ce mot-là était de ceux que jetaient les gens de la ville aux crottés que nous étions. Alors la moutarde m’est montée au nez. Tu le sais maman j’ai la tête près du bonnet alors c’est pour cela que j’ai décidé de t’écrire pour te rendre ton bien. Pour parodier notre Georges Clémenceau « Le repas à la française est une chose trop sérieuse pour être laissé aux cuisiniers étoilés... » Certes beaucoup d'entre eux sont talentueux mais ils ne sont pas les seuls dépositaires de notre art de vivre. Ils se doivent de faire vivre, de renouveler le repas à la française mais non le cantonner dans l’élitisme car se serait signer son arrêt de mort. La transmission maman c’est nous : tes enfants, tes petits enfants, tes arrières petits-enfants, nous tous, là où nous sommes, là où nous vivons, en nos villes ou nos campagnes.

 

Quand aux paysans qui reviennent à la mode, en grâce tu aurais dit toi qui aimait tant le français, ne confions pas à certains démagogues urbains,  même s'ils s'autoproclament critique gastronomique, le soin de les préserver, de les protéger mais sachons, comme le faisait si bien papa, ton Arsène toujours souriant, prenons-nous en mains. Retrouvons le chemin du Bien Public. Occupons-nous de nos affaires grandes ou petites. Cessons, comme on dit dans les grandes écoles, de tout externaliser. Tu le sais mieux que quiconque maman je crois aux vertus de l’intelligence. Sans doute suis-je un grand naïf mais je préfère le rester plutôt que d’enfourcher des haridelles fatiguées. Si je n’avais pas peur de te choquer je dirais « Vivons bordel ! » Je l’ai dit mais je t’assure maman ce n’est pas péché mortel.

 

Voilà c’est écrit maman. Comme je ne sais où tu séjournes en ce moment, sans doute sur un beau petit nuage tout près de ton cher Bon Dieu, je confie cette lettre à Toile pour qu’elle te parvienne tout en haut des cieux.

 

Je t’embrasse maman. Je n’ose te dire à bientôt car étant un mécréant je ne sais quelle destination la vie me réserve.

 

Ton fils chéri

 

Jacques

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 00:09

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Depuis 2007 j’examine avec attention le Top 100 du Wine Spectator's car, au-delà du côté un peu vain de ce type d’exercice si ce n’est en termes de buiseness, il est révélateur de l’état d’esprit de nos grands voisins américains :

- 2007 Cocorico ! Le Clos des Papes number one du Top 100 de Wine Spectator's http://www.berthomeau.com/article-14371516.html

-Petites notations sur les notes du Top 100 de Wine Spectator's http://www.berthomeau.com/article-14382998.html

- 2008 Le Top de Wine Spectator's 2008 in Technicolor : la France tient son rang http://www.berthomeau.com/article-25042080.html

- 2009 L’effet Madoff sur le Top 100 2009 du Wine Spectator's : la bulle se dégonfle grave !http://www.berthomeau.com/article-l-effet-madoff-sur-le-top-100-2009-du-wine-spectator-la-bulle-se-degonfle-grave--40630519.html

 

Pour 2010 les données brutes du classement sont révélatrices d’un réel repli sur soi, l’isolationnisme doctrine si prégnante aux USA en temps de crise : 44 vins locaux (le dessin ci-dessus est d'Avoine dans  le Monde : la case de l'oncle Sam). La France avec 19 vins fait mieux qu'en 2009 (17) mais reste loin de ses scores de 2008 (31) et 2007 (17). L'Italie chute brutalement : 9 vins au lieu de 19 en 2009. 

 

Le 1ier est étasunien : Saxum James Berry Vineyard paso Robles 2007 /98/ 67$ http://www.saxumvineyards.com/

 

Dans les 5 premiers : 4 USA et 1 Australie second

Dans les 10 premiers : 5 USA, 2 Australie, 1 Portugal, 1 Italie, 1 France (10ième) Clos des Papes blanc 2009.

Dans les 20 premiers : 14 USA, 2 Australie, 2 Portugal, 1 Italie, 1 France.

Dans les 50 premiers : 29 USA, 2 Australie, 3 Portugal, 6 Italie, 4 France (Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 2007, Domaine le Colombier Vacqueyras Cuvée G 2007, Château de Flaugerges Coteaux du Languedoc La Méjanelle cuvée sommelière 2007), 3 Espagne, 2 Nouvelle-Zélande, 1 Hongrie.

 

De 51 à 76 : 20 USA, 6 France (Godemé Père&Fils Brut Champagne Réserve, Christian Moreau père&fils Chablis les Clos 2008, Didier Dagueneau Pouilly-Fumé silex 2007, Trimbach Riesling Alsace Réserve 2008, Domaine les Pallières Gigondas Terrasses du Diable 2007 et J-C Pichot Vouvray domaine Le peu de la Moriette 2008), 2 Italie, 4 Espagne, 2 Australie, 3 Argentine, 2 Allemagne, 1 Autriche et 1 Chili.

 

De 77 à 100 : 10 USA, 9 France (Perrin&Fils Gigondas la Gille 2007, Château de Lascaux Coteaux du Languedoc 2008, St.Cosme Côtes du Rhône 2009, Domaine Leflaive Puligny-Montrachet Clavoillon 2007, Louis Jadot Moulin à Vent Clos des Jacques 2009, Château de la Greffière Mâcon La Roche vineuse vieilles vignes 2008, Château Rollan de By Médoc 2008, Bouchard père&fils Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot domaine 2008, Domaine Tempier Bandol rosé 2009) 2 Argentine, 2 Espagne, 1 Allemagne, 1 Italie, 1 Autiche, 2 Chili, 1 Grèce, 1 Afrique du Sud (100ième)

 

Donc 44 vins US pour 46 UE (19 France, 9 Italie, 9 Espagne, 3 Portugal, 3 Allemagne, 2 Autriche et 1 Grèce) ce qui presqu’équivalent aux proportions habituelles mais les vins européens sont très mal classés.

 

Pour les autres pays pas de grands changements si ce n’est l’Argentine qui place 5 vins (66ième, 68ième, 74ième, 82ième et 90ième) et le Chili qui se retrouve lui aussi dans les profondeurs du classement (56ième, 89ième et 92ième). Enfin l’Australie avec 4 vins est peu présente mais avec un bon classement (2ième, 7ième, 55ième et 63ième)

 

Place moyenne des 3 premiers vins par pays :

- USA : 2,66

- Portugal 15

- Italie 21

- Australie 21,3

- France 28

- Espagne 36

- Argentine 69

- Allemagne 69,3

- Chili 79

 

¨Pour notre beau pays exit les châteaux de Bordeaux à l’exception de Rollan de By Médoc 2008 qui avec sa 96ième place 96 30$ sauve l’honneur.

 

La vallée du Rhône avec 6 représentants:

- Le Clos des Papes Châteauneuf du Pape blanc 2009 10ième 95 100$

- Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 2007 35ième 99 535$

- Domaine le Colombier Vacqueyras Cuvée G 2007 39ième 92 24$

- Domaine les Pallières Gigondas Terrasses du Diable 2007 67ième 92 28$

- Perrin&Fils Gigondas la Gille 2007 78ième 92 35$

- St.Cosme Côtes du Rhône 2009 88ième 90 20$

 

La Grande Bourgogne tient son rang en nombre avec 5 représentants :

- Christian Moreau père&fils Chablis les Clos 2008 59ième 95 75$

- Domaine Leflaive Puligny-Montrachet Clavoillon 2007 91ième 94 145$

- Louis Jadot Moulin à Vent Clos des Jacques 2009 94ième 90 18$

- Château de la Greffière Mâcon La Roche vineuse vieilles vignes 2008 95ième 90 18$

- Bouchard père&fils Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot domaine 2008 98ième 92 61$

 

Le Languedoc tire son épingle du jeu avec 2 représentants bien classés avec des prix doux :

- Château de Flaugerges Coteaux du Languedoc La Méjanelle cuvée sommelière 2007 50ième 91 17$

- Château de Lascaux Coteaux du Languedoc 2008 85ième 91 16$

 

La Loire avec 2 représentants fait bonne figure :

- Didier Dagueneau Pouilly-Fumé silex 2007 60ième 94 125$

- J-C Pichot Vouvray domaine Le peu de la Moriette 2008 76ième 90 16$

 

Reste le Champagne avec Godemé Père&Fils Brut Champagne Réserve 53ième 93 52$ l’Alsace avec Trimbach  Riesling Alsace Réserve 2008 62ième 92 25$ et la Provence avec le rosé Domaine Tempier Bandol 2009 99ième 91 35$.

 

Le vin le plus cher reste français : Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 2007 35ième 99 535$

 

9 vins ont un prix supérieur ou égal à 100$ 5 américains, 1 italien et 3 français : le plus cher cité, Domaine Leflaive Puligny-Montrachet Clavoillon 2007 91ième 94 145$ et Didier Dagueneau Pouilly-Fumé silex 2007 60ième 94 125$

 

29 vins ont un prix inférieur ou égal à 20$ :

- 6 USA

- 6 Espagne

- 5 France

- 3 Italie

- 2 Allemagne

- 2 Argentine

- 1 pour Australie, Grèce, Chili, Autriche

 

Le vin le moins cher est Australien 11$ d’Arenberg The Stump Red South Australia 2008.

 

Voilà pour cette année... mon interprétation du classement est peut-être contestable mais elle reflète mon premier sentiment lorsque je l’ai parcouru et je m’en suis tenu à cette ligne de conduite.

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 00:09

Ne frétillez pas bande de coquins, ici je ne parle que de vin et mon ex-reine de beauté n’exhibe pas ses charmes sur des podiums elle se contente de poser son cul sur le haut d’une banale étagère d’un magasin de hard discount parisien dans le 15ième arrondissement.

 

Le hasard est souvent mon meilleur allié, en effet mardi dernier sortant de mon bureau je me suis dit que j’allais traverser la rue de Vaugirard pour aller fourrer mon nez chez ED pour voir si les rouges qui bougent, ceux du Roussillon, y étaient en rayons. Sans être mauvaise langue et vouloir faire des rapprochements osés, c’était le bordel total : des cartons entravaient les allées, des épluchures de légumes jonchaient le pavé... J’accédais donc avec difficulté au rayon pinardier pour n’y découvrir qu’un vulgaire rosé roussillonnais à 1,70 € embouteillé par un drôle d’oiseau qui fait des Trilles. Comme dans l’histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide j’étais à la fois déçu et content de voir qu’aucun rouge roussillonnais ne se trouvait dans ce type de maison de basse extraction.

photo-ED2.jpg 

C’est alors que mon œil acéré est tombé sur le joli minois de l’ex-reine de beauté dont je vous ai parlé. Vous me connaissez j’en fus tout bouleversifié. Beau corps élancé, svelte, habillage sobre, beau médaillon gravé, superbe origine... mais que venait-elle faire dans cette galère cette belle dont je tairais le nom. Oui, après mure réflexion, j’ai décidé de vous conter mon histoire sans dévoiler l’identité de l’ex-reine de beauté car l’important ce n’est pas elle mais le miroir aux alouettes des concours.  photo-ED1.jpg

Je m’explique, le médaillon fort alléchant, la médaille d’argent, silver métal, apposé sur la poitrine de la belle faisait référence au Concours des féminalise de Beaune 2009. J’avoue mon ignorance crasse, et pourtant je me pique d’être bien informé, j’ignorais jusqu’à l’existence de cette manifestation. Rentré at home je sollicitais Google et je tombais sur www.feminalise.com

 

« Concours exclusivement réservé aux femmes. »

 

Les dégustatrices professionnelles et oenophiles du concours des Féminalise sont réunies une fois par an pour déguster les Vins de France. Elles attribuent la distinction Féminalise Or, Argent ou Bronze à seulement 1/3 des vins présentés.   Les femmes sont devenues amatrices du vin, 45 % d’entre elles en consomment.

En France, 78 % des femmes achètent le vin en grande surface, en Allemagne 70 % et aux Etats-Unis 80 %.

 

Ne dit-on pas que les femmes ont l’art et possèdent le talent de savoir déguster le vin ?

 

N’est-il pas vrai que les résultats des dégustations féminines participent à l’évolution du goût du vin ?

 

20 ans d’expérience d’organisateur de Concours de vins, ont permis à Didier Martin de constater l’impact économique des femmes sur le monde du vin. Il a eu donc cette idée originale de créer Féminalise :

 

Le concours des Féminalise est ouvert à tous les vins de France

AOC-AOVDQS-VDP (blanc/rosé/rouge et effervescent) de viticulteurs, viticultrices, caves coopératives, négociant(e)s.

 

Chaque vin est dégusté par 3 femmes placées à des tables éloignées.

 

18 vins environ sont dégustés pour stimuler l’excitation de tous les sens, sans fatiguer le palais.

 

Les vins présentés et servis par des sommeliers sont dégustés à l’aveugle, les bouteilles glissées dans des chaussettes opaques de couleur pour cacher l’étiquette.

 

Chacune déguste un vin différent de sa voisine, il n’y a donc ni commentaire ni influence mais le silence total, la concentration et l’harmonie pour un résultat optimal.

 

Commentaires d’un homme qui aime les femmes:

 

Voilà bien une idée d’homme mais si des femmes se prêtent au jeu je n’ai rien à reprocher au concept s’il participe à l’extension du domaine du vin. Ce qui m’intéresse en la matière c’est la crédibilité des résultats d’une telle compétition. Dans la mesure où je ne dispose d’aucun élément sur les juges – est-ce important d’ailleurs ? – puisque l’organisateur ne donne aucune précision sur elles, ce qui m’intéresse c’est la représentativité des lauréats dans leur région, appellations ou dénominations, couleur... Là aussi, ne disposant que des chiffres globaux ci-dessous pour l’année de référence de ma reine de beauté : 2009, la profusion de médailles laisse songeur. En effet, ce qui serait probant c’est de mettre en évidence face à la médaille d’argent de ma compétitrice le nombre de compétiteurs ou compétitrices qu’elle a affrontée. Je sais que l’organisateur va me rétorquer que les médailles sont décernées dans l’absolu pour les qualités intrinsèques du produit et non dans une compétition entre des vins d’une même appellation ou dénomination ou région ou couleur. Un peu de transparence ne nuirait pas tout de même et la publication sur le site de statistiques anonymes sur la provenance des vins donnerait une image un peu plus réaliste de la situation. 751 médailles c’est quand même de l’inflation.

 

Beaune, le 23 avril 2009

Concours présidée par Macha Meril, actrice, écrivain.

 

2350 échantillons de toute la France

350 dégustatrices

31% des vins sélectionnés

 

225 Médailles d'or

310 Médailles d'argent

216 Médailles de bronze

  

Reste un dernier détail qui m’a fait garder l’anonymat sur la détentrice de la médaille d’argent : le prix. En effet, comme je suis un fouineur je suis allé voir les détails la concernant sur le site et j’ai pu constater que le prix de référence était affiché comme étant > à 10 €. Un beau prix donc mais assez en adéquation avec la notoriété de ce cru d’une appellation des Côtes du Rhône. Mais c’est là que mon titre se justifie puisque que chez ED je l’ai acheté 4,59€, sacrée décote, non ! Mais comme me le faisait remarquer mon ami Yannick, jeune acheteur de vins pour la GD, pour un certain public une médaille ça fait vendre. Tant mieux donc mais là je trouve que le malaise s’installe, ça me gêne de voir exhiber des médailles qui, sans être en chocolat, me semble tout de même distribuée avec une certaine facilité à grande brouettée...

 

Mais pour ne pas me faire taxer d’atteinte au droit des femmes à déguster des vins – étant quand même entendu que mes remarques s’appliqueraient à un concours réservé aux hommes – je vous offre en bonus l’hommage de Julio Iglesias...

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 00:06

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Oui mes biens chers frères, oui mes très chères sœurs, en vérité je vous le dis le vin délie les langues, le vin réchauffe le cœur, le vin élève le débat, le vin attise l’intelligence, le vin dessine des sourires sur toutes les lèvres, le vin donne de la lumière à tous les regards, le vin rend les hommes beaux, le vin rend les femmes désirables, le vin rend les femmes et les hommes bons, le vin est le seul lien qui unit sans annexer, en un mot comme un seul : le vin rend libre...

 

Je suis très bon public, j’adore les discours décalés, la bouffonnerie, le comique de répétition, les traits d’esprit assaisonnés de légèreté et vraiment dimanche dernier à Beaune le ludion Luchini, roulant comme à plaisir sur les jantes, m’a ravi. Je sais qu’il en énerve plus d’un mais, comme vous vous en doutez, ça n’est pas pour me déplaire. La petite vidéo qui circule sur le Net en témoigne : nous ne nous sommes pas ennuyés avec notre Fabrice très en verve sous l’effet magique de ce vin de Bourgogne qu’il découvrait. Il a su trouver le mot juste pour qualifier leur palette extraordinaire : « la nuance »

 

À l’heure de la vente du tonneau de charité Fabrice s’est emparé de la tribune, sans surjouer, tel qu’en lui-même il a su transmettre à la salle des vibrations, de l’émotion, bête de scène bien aidé par la pugnacité d’un Jacques Boisseaux qui, avec un allant coupant le souffle à l’assistance, lui tirant des ah de surprise, avalait l’obstacle sans sourciller : à 200 000 euros mon voisin anglais s’agitait puis à 300 000 il grimaçait : ils sont fous ces froggies ! La salle n’en croyait pas ses oreilles. Fabrice haranguait le peuple frigorifié au dehors, collé à la vitre, le réchauffait, en appelait à Victor Hugo, mettait le feu en chantant Johnny. Face à Jacques Boisseaux, à coup de 5000 euros le challenger relançait l’enchère. Même Fabrice restait un instant interloqué pressentant le sublime, le moment rare. La salle retenait son souffle, Jacques Boisseaux imperturbable, grand seigneur, y allait de son enchère à 400 00 euros. La salle debout trépignait, applaudissait, mon voisin anglais s’affaissait de douleur muette. Fabrice trouvait les mots justes, s’emparait de l’évènement avec humanité, et même si certains vont y trouver à redire, à ironiser, moi en ce milieu d’après-midi dans la halle de vente je trouvais ça beau.

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Même si cela vous surprend en ce monde comme on dit financiarisé, pendant ces quelques minutes nous étions loin du charity buiseness, nous étions à Beaune en Bourgogne, nous ne nous sentions pas des nains mais une once plus humains... Merci Fabrice d’avoir à ta manière réhabilité les saltimbanques, les héritiers de Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, ceux qui faisaient rire le peuple en se moquant des grands, ceux que l’on privait de sépulture. Merci d’avoir mis ton talent au service d’une belle cause. Moi j’avais à cet instant une pensée pour Danielle, la femme de mon grand-frère, emporté il y a quelques mois par ce foutu chancre qu’elle avait su défier pendant plus de 8 ans. Oui merci Fabrice d’avoir donné gratos deux journées de ta vie...  

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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 00:04

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Au temps où j’occupais le bureau du rez-de-jardin de l’Hôtel de Villeroy je reçu la visite de Claude Mauriac, le fils de aîné de François Mauriac qui « reçu à sa naissance, le 25 avril 1914, un nom qui allait devenir prestigieux. Toute sa vie il s’efforcera de se faire un prénom. Entreprise d’autant plus difficile que le fils se situait sur le terrain de son père : l’écriture. » Il venait me parler du vignoble de Malagar, en piteux état, donc de son devenir. La figure du père pesait sur lui, il me parla avec pudeur et retenue de ses soucis. Je lui consacrai bien plus de temps que j’avais de temps mais le garçon qui s’était vu censuré « Thérèse Desqueyroux », pour pornographie, par le frère supérieur de ND de la forêt, prenait ce temps sur lequel flottaient une histoire familiale et l’Histoire tout court. « François Mauriac qui tenait ce patrimoine de son arrière grand père, y était fort attaché, y venait très souvent et écrivit beaucoup.  C’était sa résidence d’été, et il en appréciait particulièrement le vin blanc doux, vin d’ailleurs traditionnel de ce pays de coteaux ensoleillés, qui dominent la vallée de la Garonne et le Sauternais. »

 

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Je promis à Claude Mauriac de m’occuper des vignes de Malagar. Ce que je fis en m’adressant à un ancien collègue, Jean-Louis Blanc, énarque et agronome, ancien du bureau de la viticulture, qui dirigeait la maison Cordier à Bordeaux pour le compte d’un groupe bancaire dont j’ai oublié le nom. L’affaire se fit avec Cordier pour le vignoble pendant que la maison passait dans le patrimoine du Conseil Régional d’Aquitaine. Maintenant le vignoble appartient à deux viticulteurs bien connus en Gironde, le négociant Jean Merlaut et l’œnologue Georges Pauli. Tous deux se sont associés pour vinifier et commercialiser les vins de Malagar. 

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Avant de vous offrir du François Mauriac, je vous propose un extrait de : François Mauriac à Malagar de Jean Mauriac, entretiens avec Eric des Garets, édition revue et augmentée, Fayard 2008.

 

« Aujourd’hui, il n’y a plus de chevaux, il n’y a plus de vaches, il n’y a plus de bœufs dans les prairies et dans les vignes de Malagar. Plus une seule sauterelle, un seul grillon – ni les gros noirs, que je faisais sortir de leurs trous avec un brin d’herbe, ni les petits des vignes, gris, aux longues pattes – plus une seule mante religieuse, verte ou couleur d’aiguille de pin. […] On ne voit plus, le long de l’allée des cyprès, les criquets aux ailes rouges ou bleues qui précédaient nos pas ni, après la pluie, tous ces petits escargots à la coquille jaune et rose, ni dans les charmilles, les gros crapauds qui surgissaient tard le soir. […] Je vous le demande : y a-t-il encore des chauves-souris ? Y a-t-il encore des lézards, je parle des petits lézards les plus communs, gris, dits "de muraille", à la terrasse ? Quant aux longues et belles couleuvres, dont je ramassais les fragiles enveloppes de peau blanche et fi ne, elles sont classées parmi les espèces disparues, comme le sont les papillons machaons, plus beaux que ceux de l’Amazonie. […] Où sont « les prairies murmurantes des nuits d’été » si chères à François Mauriac, "l’immense vibration des grillons, des sauterelles et des cigales" ? J’avais oublié les cigales de Malagar ! Elles ne chantent plus aujourd’hui que dans notre souvenir. Leur disparition, déjà lointaine, complète, définitive, fait régner sur cette campagne, dans la canicule des étés, un silence de mort. Seules rescapées de cet anéantissement, quelques libellules, au corselet vert ou bleu, surgissent encore brusquement, zigzaguant et troublant un instant le silence de leur vol métallique. »

 

François Mauriac, Préséances.

 

« Les fils de famille des Grandes Maisons en quelque manière sont interchangeables, tous corrects (habillés par le même tailleur), tous sportifs et délivrés du bureau vers 5 heures, tous enfin exempts des lois communes de la civilité, maîtres de saluer ou de ne pas saluer, dispensateurs incorruptibles de mépris (...) »

 

« Je passais une partie de la nuit à fumer et à rêver dans mon cabinet plein de livres dont les Fils eussent été fort choqués de voir que les pages étaient coupées (...) »

 

« Ces messieurs des Grandes Maisons, qui dans ce temps-là m’honoraient de leur faveur, me firent entendre qu’ils ne pouvaient souffrir le « genre artiste ». Je me le tins pour dit »

 

Régine Deforges situe l’action de La Bicyclette bleue dans le domaine de Malagar, qui appartenait à François Mauriac. « Je suis rentrée dans cette famille quand j’ai épousé son petit-fils, le dessinateur Wiaz. » dit-elle. Elle avoue aussi que ce liquoreux produit dans l’aire des premières Côtes de Bordeaux Saint-Macaire, elle l’a dans la peau. « C’est un vin que l’on buvait à l’apéritif. Il est frais, parfumé, élégant. Avec un crottin de Chavignol, un roquefort ou un foie gras, c’est un plaisir. » Elle cite aussi Meursault et l’Anjou. « Les bons vins me procurent de la joie. » Elle dit encore qu’une bonne bouteille peut surprendre mais ne pas tromper. Pour elle, le vin reste davantage lié au cigare. « Depuis que je suis allée à Cuba, j’ai découvert leur ressemblance. Le torcedor, c’est l’oenologue du cigare. Avec un vieux vin de Malagar, c’est idéal. » « Dans Et quand viendra la fin du voyage... Fayard, 2007, le dixième et dernier de la série commencée par La Bicyclette bleue, Léa fait des allers-retours entre la Bolivie et son domaine de Montillac, inspiré de Malagar... »

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 00:15

Le 11 novembre sur Paris il régnait un temps à ne pas mettre un chrétien dehors donc je suis sorti dans le vent, la pluie, la sarabande des feuilles mortes dont ce n’était pas le jour de les ramasser à la pelle, pour faire quelques courses. Notre police nationale, sans aucun doute payée en heures supplémentaires, bravant elle aussi les intempéries, carnet de souches à la main, renflouaient les caisses de l’État en verbalisant sans aucun discernement des autos garées sur les emplacements de livraisons qui, comme chacun sait, ne sont pas utilisés les jours fériés. Mais force est à la loi, faut dire que le VIIe arrondissement est plus pénard que le neuf-trois, pas de risque de se faire caillaisser par les bourgeois du quartier. Comme je suis un mécréant je ne pouvais m’empêcher de penser que mettre des gardiennes de la paix sur le trottoir par un jour pareil c’était péché de la part du PP bien au chaud dans ses charentaises.

Je les laissais à leur triste besogne, mon but se situait sur l’autre rive : j’allais voir les chapkas chez Victoire http://www.victoire-paris.com/esprit-victoire/et j’écoutais l’album « Route Manset » lorsqu’en traversant la Seine sur le Pont de la Concorde les voix cristallines des Petits Chanteurs de Saint Marc s’élevaient. Ben oui les Choristes (les Petits Chanteurs de Saint Marc doublaient les voix dans le film) s’attaquaient au répertoire du solitaire...

 

Mes souvenirs d’enfant de chœur remontaient en mon cœur solitaire, les vêpres du dimanche après-midi, l’encensoir grillant et m’enfumant, l’ostensoir du Saint-Sacrement, les ornements sacerdotaux, le Tantum Ergo :  

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TANTUM ergo SacramentumVeneremur cernui:Et antiquum documentum Novo cedat ritui: Praestet fides supplementum Sensuum defectui. Genitori, Genitoque Laus et Jubilatio, Salus, honor, virtus quoque Sit et benedictio: Procedenti ab utroque Compar sit laudatio. Amen.

 

Le Tantum Ergo est un extrait (les deux dernières strophes) de l'hymne eucharistique (Pange Lingua), composée par Saint Thomas d'Aquin pour la célébration du Saint-Sacrement (Fête-Dieu). De nombreux compositeurs ont mis en musique ce texte liturgique, dont: Bruckner Tantum Ergo en ré majeur pour chœur à quatre voix  Fauré Tantum Ergo, Op. 65 No. 2, Mozart Tantum Ergo en ré majeur KV 197 Déodat de Séverac Tantum Ergo, 1920 Schubert Tantum Ergo en mi bémol majeur, D.962 Giuseppe Verdi Tantum Ergo en fa majeur...

 

Vous me croirez si vous le voulez mais lorsque j’ai recherché sur le Net la discographie des Petits Chanteurs de Saint Marc devinez ce que j’ai trouvé : il avait le Tantum Ergo à leur répertoire (en haut de la chronique). Alors, ni une ni deux, je me suis saisis mon carnet à souches, pardon des touches du clavier pour vous proposer quelques versions du Tantum Ergo, la première étant la plus proche de celle de ma jeunesse. En bonus, en souvenir de la chape du curé doyen de l’église Saint Jacques le Majeur de la Mothe-Achard je vous offre un article sur un créateur de mode ecclésiastique : ça se dit paramentique. http://mgrellul.over-blog.com/categorie-277817.html

 

INSTITUT DE LA MODE 
septembre - octobre  2009  - EMM n° 12
LE MAGAZINE DE L'ESPACE MODE MEDITERRANEE
Avec tous mes remerciements à Mme Maryline Bellieud-Vigouroux 
et à toute son équipe pour cet article
Texte : Pascale Meunier
Photos : J.P Herbecq de Ker Morvan / CAMàYEUX - Marseille

  



 
Je précise que les vidéo ici proposées me sont fournies par mon hébergeur Overblog
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20 novembre 2010 6 20 /11 /novembre /2010 00:08

Nul besoin de présenter Érik Orsenna il le fait mieux que moi « Je ne suis pas agriculteur mais économiste, juriste, romancier – c’est-à-dire infiniment curieux de cet étrange et difficile métier que l’écrivain italien Cesare Pavese appelait « le métier de vivre » et, maintenant, promeneur professionnel. De mes deux tours du monde pour étudier le coton et l’eau, de mes innombrables visites de mon cher pays de France, j’ai retenu six convictions. » à propos de sa contribution au Groupe de Réflexion sur l’avenir de l’Agriculture regroupant 17 témoins réunis par Bruno Le Maire Ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche. Les contributions de ses grands témoins sont réunies dans un document Regards sur l’avenir de l’agriculture que vous pouvez vous procurer auprès du Ministère coralie.garnier@agriculture.gouv.fr       

La première est que la question de l’agriculture est stratégique. Et pas seulement pour d’évidentes raisons alimentaires. Le passage de 6 à 9 milliards d’habitants en même temps que la modification des régimes alimentaires (le développement économique s’accompagne toujours d’un accroissement de la consommation de viande) vont nous obliger à doubler notre production de nourriture dans les 30 ans à venir. Ceux qui pensent que ce doublement se fera sans difficultés sont des irresponsables. Je pourrais citer des noms, notamment au sommet de la Commission européenne.

 

Hélas rien n’est plus certain dans l’avenir que le renouvellement des émeutes de la faim. Comment imaginer un instant que cinq à six pays pourront répondre à cette demande en offrant au reste du monde des produits aux prix les plus bas ? Que deviendra la diversité des espèces ? Comment, dans un univers biologique ainsi concentré et appauvri, résister aux épidémies et aux ravageurs ? Comment stabiliser des pays dans lesquels les campagnes deviennent des déserts, et les villes de véritables bombes sanitaires et sociales, des accumulations de populations sans équipements les plus élémentaires, terreaux de tous les désespoirs et donc de toutes les violences ? Et comment gérer la rareté principale – déjà présente et qui va ne faire que s’aggraver – la rareté de terres arables ?

 

Deuxième conviction, fille de la précédente : les agriculteurs sont des producteurs, non des aménageurs d’espaces ou des jardiniers (pour lesquels j’ai le plus profond respect : j’ai présidé cinq belles années l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles). Et ces producteurs doivent être des entrepreneurs. C’est cet objectif que nous avons voulu défendre à la fondation FARM : sans formation des agriculteurs du Sud, pas de rentabilité de leurs exploitations (d’où l’exode rural) et pas d’offre suffisante pour nourrir les villes.

 

Troisième conviction, qui n’est qu’une remarque de bon sens. Aux gens des villes, si souvent méprisants envers les agriculteurs, surtout dans les milieux économiques, j’aimerai demander ; sauriez-vous, vous les donneurs de leçons, sauriez-vous gérer votre entreprise si vos coûts pouvaient varier d’un tiers d’une année sur l’autre et si les prix auxquels vous vendez votre production pouvaient soudain s’envoler de 200% pour retomber de 150% le trimestre d’après ? De même qu’il faudrait imposer aux architectes de vivre dans les maisons par eux conçues, de même il faudrait placer les irresponsables, précédemment cités, à la barre de ces bateaux ivres que sont devenues les exploitations agricoles du fait de la volatilité des prix. Une seule journée dans cette galère les guérirait peut-être de leur mysticisme du marché, de leur obstination néfaste à vouloir détruire un à un les outils de régulation.

 

Autre question concernant les prix et autre mépris scandaleux envers les agriculteurs français, tout le monde sait qu’il faut renforcer les filières, sans doute concentrer les forces, bref améliorer au plus vite notre productivité. Encore faut-il que les règles du jeu soit semblables pour tous. Loin de moi l’idée de dénigrer la réussite allemande et ses succès splendides. Ce pays ne vient-il pas de dépasser la France pour les exportations agricoles, secteur où, telle la reine de Blanche Neige, nous nous croyions sans rivaux ? Mais quand je parle avec mes voisins bretons producteurs de porcs ou de pommes de terre, j’en apprends de belles, le coût d’une heure de travail est chez nous de 12 à 1 » euros contre 6 à 7 en Allemagne, où il est facile d’employer çà très bas salaires des ouvriers de Pologne ou de Roumanie.

Alors je m’interroge : la nullité de nos agriculteurs est-elle en cause ou plutôt une scandaleuse distorsion ?

 

Quatrième conviction, née d’une petite confidence : un producteur de Dordogne m’a avoué qu’il envoyait les noix de ses arbres se faire ouvrir... EN Moldavie ? car la main d’œuvre y était moins chère. Ensuite, contents d’avoir vu du pays, les cerneaux s’en retournaient vers les amateurs de notre si beau sud-ouest. Personne ne me fera croire que ce genre de circuit est efficient, économiquement parlant. Et je ne parle pas d’écologie... Nous avons besoin de toutes les agricultures pour nourrir tant de monde, et notamment de cultures « hors sol ». Mais une voix de plus en plus insistante me dit qu’une certaine re-localisation ne ferait pas de mal. Je ne suis pas seulement romancier mais infiniment gourmand (grand-mère lyonnaise oblige) : j’aime connaître l’identité et l’origine de ce que je mange. Une marchandise « muette », c’est-à-dire indifférenciée, j’ai du mal à l’avaler.

 

Cinquième conviction : si les agriculteurs doivent plus produire, ils doivent aussi mieux protéger. Car la Nature n’en peut plus. Vulgairement parlant, elle est « au bout du rouleau » et commence à présenter la facture de ses malaises. Certains, de plus en plus rares, continuent de croire que l’environnement n’est que source de tracas administratifs. Les autres, la plupart des autres, ont déjà grandement modifié leurs pratiques. Je persiste à considérer que les deux principales échéances européennes à venir – la réforme de la PAC et la mise en œuvre de la directive sur « le bon état des eaux »– sont les deux versants de la même montagne : 2013 et 2015, même combat !

Remarque corollaire quand je vois certains combats entre deux groupes de producteurs-protecteurs (par exemple entre « écologistes » et « raisonnés »), je pense qu’il y a mieux à faire que s’insulter : travailler ensemble. Je préside depuis deux ans le Jury des Trophées de l’Agriculture durable organisés par le Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche. Les expériences que nous avons primées sont passionnantes et mériteraient d’être mieux connues pour être imitées. Elles prouvent que, de ce point de vue aussi, le monde agricole, même en tordant le nez, change. Mais pensez une seconde, ô gens des villes, au nombre d’adaptations qu’on lui a imposées depuis 30 ans et saluez !

 

Dernière conviction. Évoquer les lendemains de l’agriculture revient à croire au Progrès. Et qui dit Progrès dit Science, pour être plus précis, relative conscience en la Science.

Je ne suis pas naïf. Je connais les intérêts en jeu. Je ne confonds pas science et technologie. Mais quand je vois des groupes s’arranger pour faire interdire la recherche, quand je vois d’autres groupes décider de leur propre chef que telle ou telle expérimentation est dangereuse et qu’il faut détruire des plantations qui sont en fait des laboratoires, quand je vois qu’ils commettent des dégradations sous le regard bienveillant des juges, je me dis que nous marchons sur la tête.

 

Cela dit, bon appétit ! Et vive, oui vive l’agriculture !

 

Pour ceux qui s'intéressent à la liberté d'informer vous pouvez lire la chronique d'Hervé Lalau à propos d'une minuscule affaire concernant mon Espace de Liberté

http://hlalau.skynetblogs.be/archive/2010/11/19/que-peut-on-publier-sur-un-blog.html

 

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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 08:35

Le domaine Coirier à Pissotte www.domainecoirier.com qui possède déjà une particularité peu commune : être à soi seul un fief de l’appellation qui monte Les Fiefs Vendéens vient d’en ajouter une autre : Fabrice Luchini « dandy nonchalant tout de noir vêtu, le sourire jovial et la main tendue » y est apparu dans leur jardin où « il profitait du soleil pour faire un tour sur le domaine, attendant le service chez mon oncle Philippe, crêperie « Le Pommier ». Imaginez le saisissement : « Monsieur Luchini ?? » S’ensuit une « discussion amicale et intéressée avec Fabrice Luchini en croisant mon père, sourire interrogateur et perplexe de ma grand-mère quand il lui demande si elle a toujours été là (non, pas assise là maintenant sur son banc en pierre, sous le tilleul !..). » Avec notre Fabrice national on ne s’ennuie jamais.  

  

Tout ému notre jeune Coirier raconte « Je crois qu’il a réellement apprécié les vins de Pissotte, les trois couleurs, pris au repas avec modération car il jouait 2 heures plus tard au château de Terre-Neuve, à Fontenay le comte. Le regret est de ne pas avoir pu accepter son invitation à venir plus longtemps à sa table, malgré son enthousiasme, son côté chaleureux et sa volonté à vouloir faire plaisir. Il avait promis de repasser me voir à la cave et il l’a fait.

La suite sympa est que l’attaché presse de Fabrice Luchini, ayant liché les bouteilles que celui-ci avait ramenées, a dû appeler pour passer commande. Alors merci Fabrice pour ce numéro »

 

Démonstration est donc faite que Fabrice Luchini aime le vin, et qui plus est le vin vendéen. C’est donc un grand amateur et sa venue à la vente des Hospices de Beaune doit donc être saluée chapeau bas.

 

Merci Fabrice.

 

Mais je ne puis m’en tenir à mon seul plaisir vendéen je me dois se suivre Fabrice Lucchini sur d’autre chemins. Comme lui j’aime Philippe Murray (lire ma chronique sur le sourire de Ségolène) http://www.berthomeau.com/article-5980933.html qui, je l’espère me pardonnera, là où il se trouve, de la légère compression de son beau texte due au nombre de caractères qui me sont impartis pour mes titres par mon hébergeur. Son texte, tel que dit par Fabrice Lucchini, est celui-ci« Comme toutes les radasses, toutes les pétasses, toutes les grognasses, toutes les bécasses, elle aimait Marguerite Duras »

 

J’imagine donc notre Fabrice national lisant entre deux coups de marteaux, juste avant la mise aux enchères du tonneau de charité, ce texte de Philippe Murray.

Moteur !

Fermez les yeux !

Ouvrez-les !

Vous y êtes, Fabrice vous prend sous son charme de grand diseur... qui est aussi un grand « vagabond idéologique » Je le cite rien que pour le plaisir :

 

« Je peux me lever réactionnaire, avoir un élan de générosité vers 13 heures, aller jusqu’à Besancenot sur le coup de 15 heures, revenir à un réformisme à la Strauss-Kahn pour le thé, sans cracher sur Hollande et, le soir, finir par penser que la droite a la vision la moins irréelle du réel. Je suis un vagabond idéologique. » L’Express 15 mai 2010 

 

  
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