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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 00:09

Danser n’est pas mon truc je suis très mal coordonné sauf pour le rock où là je le sens, pour faire simple, avec mes pieds. Dès les premiers accords ma tête abandonne tout pouvoir, tout contrôle, je me sens branché sur 100 000 volts. Alors le seul problème pour moi est de trouver une partenaire qui se laisse aller entre mes mains expertes, m’obéisse, me sente, aille à ma main. Pour autant je ne suis pas un adepte du rock acrobatique mais d’une fusion avec ma partenaire bien dans le tempo du rythme binaire. Les 3 S donc : swing, sueur et sexe à m’en faire péter le cœur : finir au bout de la nuit vaut mieux que de mourir dans son lit.

 

Tout ça parce que je suis né au rock par Bill Halley and His Comets avec le titre Rock Around the Clock (reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952). Je sais c’est simplet, c’est pour petit blanc à QI limité, c’est le premier tube de l'histoire du rock 'n' roll (figure au générique du film Graine de violence) numéro 1 des hit-parades aux États-Unis (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Je m’en tape. La petite galette vinyle 45Tque je découvris chez mon futur beau-frère au début des années 60 c’est ma petite madeleine de la danse. Je l’ai fait tourner jusqu’à m’en saouler sur mon électrophone. Après il y eut bien sûr Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran, Gene Vincent, Chuck Berry et Bo Diddley. Je n’ai jamais été amateur de Presley.

 

Rockabilly donc, musique du diable qui offusquait la bonne société américaine, rébellion bien tempérée certes mais, même si je n’en suis pas resté là, pour moi le rock n’est pas une musique à écouter le cul dans un fauteuil de concert, ni même debout aux eurockéennes de Belfort, j’ai besoin de mes 3 S. Merci de ne pas me prendre la tête chez moi le rock, pardonnez-moi l’expression, est « tripal ». Pour autant, comme je ne suis pas tout à fait un VC, que je suis un peu curieux, que je ne vis pas dans une petite chapelle, que je ne suis pas sectaire comme les mecs des Inrocks, pas d’oukases, d’interdits... j’écoute tout ce que m’apporte le vent. Je n’écris pas que c’était mieux avant, de mon temps, mais simplement que Téléphone me donnait mes 3 S. Et comme le faisait remarquer le sieur Charlier : il me reste Aubert et ironie plaisante de l’histoire dimanche dernier j’ai reçu de la part de Cédric&Cécile des places pour le Concert d’Aubert au Zénith le 27 avril 2011. Y’a des gens qui m’aiment et me comprennent même si je me vautre dans le rock variété qu’est bien trop populaire pour être sincère et obtenir le nihil obstat des gardiens de la Révolution...  Je plaisante bien sûr !  

 
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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 00:09

Deux Mille OnZ: Première année Z du XXIe Siècle !

 

Il y en aura Dix-huit en tout.

 

Rappelons-nous qu’au Siècle précédent :

- la première décennie Z fut celle de la Grande Boucherie de QuatorZe Dix-huit ;

- la seconde, celle des années 70, qui vit la fin des Trente Glorieuses ;

- la dernière, celle des années 90, qui fut bien poussive et dépressive...

 

Alors Deux Mille OnZe sera-t-elle au Zénith ? En ZigZag ? Une année Zip ? Une année Zéro ? Une année Zombi ?

 

Moi je vous la souhaite Zen, douce comme un Zéphyr, pour vous et tous ceux qui vous sont chers...

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Une jeune femme en chemise d’homme ample, à peine entrouverte...

Le noir et blanc adoucit le trait, oui elle est douce et pudique, féline, pour moi elle est symbole de :

Force et Fragilité,

Innocence et Sensualité

Beauté et Humilité,

Élégance et Simplicité...

L'Avenir 

Belle et Bonne Année 2011

 

Jacques Berthomeau

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 00:09

Mes bulles à moi dans une Bulle sont coquines, elles vont de Joséphine à madame Bollinger tout de rose vêtue qui se pose une belle question « comment donner un nom à des couleurs ? » et qui y répond joliment « la couleur du Bollinger rosé conjugue les reflets mordorés du Spécial Cuvée et la profondeur intense du vin rouge. Ce pourrait être la teinte de la chair crue du saumon sauvage à peine rougie sur les braises. C’est une lumière et une profondeur. C’est la couleur d’un grand vin. » Et comme en écho Bertrand Gautherot explore les nuances du Pinot Noir avec sa cuvée Rosé de saignée de Sorbée. Il revisite l’idée mythique du champagne des tsars, ce vin qui valait la peine de lui faire parcourir des milliers de kilomètres, image de l’élégance, de l’allure. Et puis l’histoire de la Côte des Bars qui vinifia longtemps le Gamay avant de devenir un terroir de Pinot Noir. Mais comme mon esprit batifole d’une radiale aussi rapide qu’une sabrée je vais d’Aÿ à Ayse : le Mont Blanc Brut zéro de Dominique et Patrick Belluard du domaine Belluard. La Savoie, son Gringet, avec un vigneron plein de talent qui m’enchante avec cette méthode traditionnelle exceptionnelle que je trouve chez mes amis de la Contre-Etiquette http://www.berthomeau.com/article-le-gringet-un-quasi-monopole-savoyard-de-dominique-belluard-vigneron-d-ayze-37799369.html . Les hauteurs du Mont Blanc m’enivrent sans pour autant me faire oublier mes amis de Limoux qui disent avoir inventé la bulle bien avant les gens de Champagne. L’ami Gilles Azam avec élégance et sourire avec sa cuvée Joséphine que j’ai déjà célébré http://www.berthomeau.com/article-avec-mon-paris--brest-garcon-ce-sera-une-cuvee-josephine-de-gilles-azam--43567884.html me comble.

 

Dans mes bulles j’ai glissé pour Gilles Azam et sa Joséphine un texte d’un bloggeur sudiste : Showviniste www.showviniste.fr avec une mention rétro à la méthode champenoise qui est dite maintenant traditionnelle hors la Champagne, pour le Bollinger rosé, le Mont Blanc et le rosé saignée de Sorbée des textes maisons qui m’allaient bien au teint. Qu’importe ! Avoir un faible pour n’est pas ici preuve de faiblesse mais l’expression d’un attachement au talent d’hommes croisés, pour qui j’ai de l’amitié, Gilles, Ghislain, Bertrand et Patrick... J'ai dégusté le  Joséphine  Crémant de Limoux et le champagne rosé de saignée de Sorbée 2007 au Paul Bert. Pour le Mont Blanc 2005 c'est en cave (voir ma chronique) et le Bollinger Brut rosé c'est au bar Bollinger du Bon Marché que je l'ai apprécié grace à un service impeccable et souriant assuré par le Forum www.bar-le-forum.com (voir reportage photos en fin de chronique). C'est que du bon chers lecteurs.

 

Pour plus de renseignements : www.vouette-et-sorbet.com www.domainebelluard.fr www.champagne-bollinger.fr et pour Gilles Azam les.hautes.terres@wanadoo.fr et 04-68-31-63-72

img205.jpgimg206.jpgimg207.jpgimg208.jpgGenou 0647saignee-de-sorbee-nouvelle.jpg

 

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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 00:09

Jacques Vivet rime avec discret, et pourtant avec sa carrure et sa prestance il pourrait en imposer à la République des dégustateurs autoproclamés. Il m’a fait récemment le plaisir un soir de me convier à son centre de dégustation situé face au jardin du Luxembourg à deux pas de Saint-Germain des Prés. Derrière la lourde porte cochère un autre monde où, sur les pavés de la cour, j’imagine le bruit sourd des tonneaux que l’on roule. Mais laissant ma folle du logis au cellier je me suis sagement assis à la table où se tenaient déjà les « élèves » de Jacques Vivet. Séance à l’aveugle, bien rythmée, sans pathos ni faux-semblants. L’homme est précis, pédagogue avec humour, il pratique le fleuret moucheté, taquine, met en scène avec sobriété la dégustation. J’y reviendrai en une future chronique mais ce soir-là moi, qui fut marchand de vins donc soucieux de mes clients, je retrouvais les fondamentaux du métier. Lorsque je me suis mis en tête de mettre des bulles dans une Bulle c’est donc tout naturellement que je me suis tourné vers lui. Ainsi dans la République des Jacques nous serions 3, le Dupont Merveilleux du Vignoble lui et moi. Merci donc à Jacques Vivet d’avoir accepté de venir buller sur mes lignes

 

« Ce que nous aimons avec le champagne c'est qu'il est multiple. Si cette diversité qui peut  aller du vin ciselé, construit sur la lame du rasoir, jusqu'au vin vineux puissant et long en bouche à la manière d'un meursault,  est susceptible de déstabiliser le premier venu fort de ses certitudes, c'est elle qui permet de trouver toujours un accord mets-vin judicieux. Et disons-le tout net le meilleurs des vins effervescents constitue un plaisir à lui tout seul.

Comme vous me le demandiez, je vous propose 3 d'entre eux, dégustés à l'aveugle avec verres INAO. » www.ecolededegustation.fr

 

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J’inaugure  ce matin une nouvelle rubrique : « à lire » si ça vous intéresse un clic http://www.berthomeau.com/article-pourquoi-l-ipad-16-giga-assemble-a-shenzhen-coute-499-dollars-us-3-326-yuans-piece-aux-etats-unis-et-3-988-yuans-en-chine-63813643.html

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 08:00

 

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Qui suis-je?

 

Une étudiante en école de commerce à Reims et qui fait son mémoire sur le vin? Une fille passionnée d'œnologie et qui adore les blogs sur le vin, en particulier celui de Jacques Berthomeau? Une jeune fille de 24 ans qui ne s'y connait encore que très peu?

 

Et Oui un peu de tout ça!! C'est pour ça que j'ai besoin de vous amis oenophiles ou amateurs de vin.

 

Remplissez-vite mon questionnaire de mémoire et vous en saurez plus sur vous et moi.

Transmettez-le à vos amis aussi!!

 

Voici le lien :

http://qtrial.qualtrics.com/SE/?SID=SV_a4pllqPlrkTpCIs  

 

Bonnes fêtes!

 

Léa PERROT-MINOT

 

Un clic, un tout petit peu de temps, et le tour est joué.

Faut que ça boum ou prenez de l'hépatoum !

 

Merci pour elle.

 

Et en prime : Léa par Louise Attaque

 

 

 

 

 

 

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 00:09

« L’araignée, ce morceau de gourmets qui est au bœuf ce que le sot-l’y-laisse est au poulet grillé... » est le sésame ouvre-toi d’André le jeune boucher de la boucherie Plomeur de Quimper « car c’était cette étroite languette persillée, aussi ferme que tendre, d’un rouge aussi foncé que le secret des lèvres, moelleuse, goûteuse, juteuse à souhait, qui donnait le signal » En effet, même « si physiquement rien ne disposait le si jeune boucher à autant de succès, dans ses mains la chair féminine se mettait à chanter. » La procédure se répétait chaque jour et « chaque fois que les gros doigts d’André aux ongles bien rongés, commençaient à tailler habilement la macreuse, les onglets, les bavettes, les prétendantes se massaient au-dessus du comptoir pour avoir les meilleurs morceaux, en exhibant les leurs. »

 

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Mais à quoi diable l’araignée donnait-elle le signal ? Au péché de la chair bien sûr car « celle à qui était échu le morceau de barbaque dans le papier journal savait qu’entre midi et deux... » André retrouvait l’heureuse élue derrière la cathédrale où il suivait « jusque chez elle l’élue à l’araignée ». Ceci est le début de la fable savoureuse contée par Martin Provost dans Bifteck chez Phébus 12€. La suite est du même jus, jubilatoire et tendre : sensualité et paternité... Si ce matin j’aborde la chair par le versant péché de chair c’est la « faute » à l’expression des goûts carnés de notre Charlier. Il aime la hampe ! Moi aussi ! Toujours précis, documenté, il la décrit : « muscle strié classique, morceau de diaphragme en fait ? » Il l’avait pour son déjeuner du samedi préparée grillée et muscadée mais ne l’avait point, faute aux pandores routiers, arrosée de vin. Pertinemment notre avaleur de hampe – pas mal non ça sonne comme astiqueur – faisait remarquer que ce morceau était en notre beau pays classé en abats ce qui à l’avantage d’en trouver à la fois chez les tripiers et les bouchers. Ces derniers la planquent car la hampe est visuellement du genre chiffon sale de garagiste, brunâtre, parente des bandes molletières ou des bas de contention pour femmes variqueuses, donc peu ragoutantes aux yeux des ménagères de plus de 50 ans.

 

Moi j’adore la hampe de bœuf (il en existe aussi de veau) 250 g de viande bien rassise, quasi-noire, acidulée, forte, grillée ou poêlée au beurre – dans ce cas je passe mes pâtes dans le jus de cuisson – pour un plaisir de flibustier. Cependant face à l’abstinence vinique de mon collègue je me trouve aujourd’hui dans les affres du choix du liquide qui va avec cette nourriture, qui s’apparente au steak des Tartares attendri sous la selle, donc vachement coriace. D’ordinaire je sais ce que je bois avec ma hampe, du lourd en verre Duralex, mais là, troublé, je me vois dans l’obligation de vous demander : que tèteriez-vous avec votre hampe ? Du cidre brut de Quimper en souvenir de l’André de la boucherie Plomeur ou un jus de treille du style Alicante Bouschet ? Ne m’en veuillez pas je n’ai pu m’en empêcher, en effet j’ai l’âme si noire que je vais devoir passer chez le teinturier...

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 00:09

1976-1986 le temps du « passage de l’ombre à la lumière » selon l’inénarrable Jack Lang à propos de l’élection le 10 mai 1981 du François de Jarnac comme premier président de gauche de la Ve République. Téléphone : Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac, Richard Kolinka et Corine Marienneau participe au gigantesque concert organisé le 10 juin, place de la République pour célébrer la victoire en partageant l'affiche avec Jacques Higelin. La chanson Faits Divers, interprétée en direct, tient lieu de générique au journal télévisé de la nuit sur Antenne 2.

 

Leur second album intitulé Crache ton venin sort le 2 avril 1979. « Enregistré en seulement 15 jours aux studios Redbus de Londres et produit par Martin Rushent, c'est l'album de la consécration : il est disque de platine, avec plus de 400 000 exemplaires vendus. Le single emblématique de l'album, La Bombe humaine est immédiatement n°1, et reste classé dans le hit-parade de l'époque pendant 53 semaines d'affilée. » Wikipédia.

 

Mes belles années Téléphone loin de l’omniprésent « Té où ? » des accros du téléphone portable... sans doute les puristes vont me reprocher la mièvrerie des paroles mais le rock n’est pas fait pour se prendre la tête mais s’éclater. Enfin, leur dernier album : Un autre monde... et c’est la fin... Je reste toujours accro de Téléphone le seul groupe rock made in France digne de ce nom...

 

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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 00:09

 

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C’est mon cadeau de Noel. Merci de lire ce texte fort, fort comme le Moonshine, l’alcool de contrebande fabriqué au clair de lune dans le comté de Franklin, Virginie, pendant la Prohibition qui était, selon Sherwood Anderson de Liberty Magazine en 1935, «la région où l’alcool illégal coulait à flot... et où la proportion par habitant atteignait un chiffre record... » bien plus qu’à New-York ou Chicago. 

 

 

« Dès l’adolescence, Forrest se levait avant l’aube et partait dans les plantations de tabac pour écimer les plants et arracher les drageons jusqu’à l’heure du déjeuner. Après manger, il repartait pour une marche de six kilomètres à travers Snow Creek Hollow jusqu’au campement de bûcherons où il maniait la scie de travers jusqu’au dîner. Le lendemain il se levait à la même heure et répétait le même programme, sept jours par semaine, alternant le bétail, les pommes, les châtaigniers, l’abattage des porcs, les foins, les cailloux à casser, la herse à passer, le labourage ou les travaux de menuiserie selon la saison, les besoins et les clients qui payaient. Avec Howard, il livrait des noix et des pommes en char à bœufs jusqu’à Roanoke et du tabac jusqu’à Harrisonburg, Martinsville et Richmond. Là-bas, il dormait en général dans l’obscurité des entrepôts, étendu sur une haute pile de palettes chargées de feuilles de tabac à rouler. C’est à cette époque qu’il commença à boire, acceptant la bonbonne noirâtre qui passait de main en main même s’il n’y prenait aucun plaisir – hormis celui de garder la tête baissée et les yeux fermement ouverts longtemps après que tout le monde était parti se coucher. Autour de lui, les gens se comportaient comme s’il était un chien errant dans la rue. »

 

Matt Bondurant Pour Quelques Gouttes d’Alcool à l’Archipel www.editionsarchipel.comOW4CAAKEWKFCAU2C761CA53E4EFCAI2BAZ3CA2BXQG1CAXZHPPICAK6VE06

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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 00:09

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Nous tous les discoureurs, les beaux parleurs, les gratte-papier, nous tous qui mettons des mots, trop de mots, sur le goût des vins, grands ou petits, lisons avec humilité et soin ce magnifique texte de Michel Serres.  

 

« Je me souviens, dit-elle, avec reconnaissance du moment où j’ai reçu d’un grand vin ma nouvelle bouche : le jour de ma deuxième communion. La bouche d’or commence à jaser, ne cessera de le faire. La parole, comme une reine, règne sans partage sur les lèvres et la langue. Impérieuses,  exclusives. Or, elles traversent des lieux sans bouquet ni saveur. Douces : non dures. Douces : plates et fades. Elles anesthésient la bouche, qui ne trouvent pas le goût des mots les mieux assaisonnés. L’éloquence la plus ample, la plus sonore poésie, le chant le plus incantatoire, le dialogue le plus vif donnent des palais de bronze ou d’airain, des caisses de violoncelle, mais ces cordes et ces métaux restes insensibles aux fleurs embaumés, aux arômes d’écorce et de terre, aux fragrances puissantes de musc et de peaux, pis, les chassent. La phrase, ni acide, n astringente, évite d’éveiller la langue à autre chose qu’elle. La sapidité dort sous la narcose des paroles. Gelées : frigides.

Voici celui ou ceux de nos cinq sens qui nous apparaissent les moins esthétiques, l’odorat et le goût. Je commence à comprendre dit-elle, la bouche d’or, pourquoi nous refusons, oublions, différons, leur art propre, comment et pourquoi je peux dire avec tant d’apparence que le donné ne se donne jamais que dans et par le langage : ceci tue cela, dans la bouche. Moi, bouche d’or, je tue la bouche d’yquem. Je ne tolère pas le doute, langue double dans la bouche, langue bifide, moi qui parle, elle qui goûte. Douce à ma victime aujourd’hui, jour du banquet, je vais dit-elle, essayer de passer le relais.

De réveiller le palis de l’anesthésie parlière par le travail d’un deuxième art. Qui retrouve une esthétique, sensible, dans l’œuvre d’une autre esthétique, artiste. Yquem réveille la deuxième bouche, la seconde langue, la révèle en la deuxième communion. Le goût, opprimé, trop voisin localement du langage, trop jumeau ou concurrent, ne se dit bien que rarement, s’exprime souvent dans une langue qui prête à rire, dont la bouche rit, comme si le langage en son lieu ne lui laissait pas la parole. Une bouche chasse l’autre, celle du discours exclut celle du goûter, l’expulse du discours. »

 

Michel Serres, « Les cinq sens », Grasset, 1985)

 

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 00:09

 

Monsieur le vaguemestre,

 

Par votre entremise électronique toute une flopée, que dis-je une cotriade, voire même une tripotée, pour ne pas écrire une chiée de garçons et de filles que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam me tombent sur le râble via ma petite boîte aux lettres pour, sous forme de lettre-circulaire – mon passé dit ministériel, qui plaît tant à mon ami Lefèvre, place la circulaire au rang le plus élevé de la quintessence de l’anonymat bureaucratique – commençant toutes par un tonitruant bonjour !

 

Vous ne pouvez pas savoir comme ce bonjour tout court m’irrite et comme ma brave mère, qui me tançait enfant, d’un « Merci qui ? » j’ai envie de rétorquer « Bonjour qui ? » Ce pourrait-être : Bonjour Jacques Berthomeau ou même pourquoi pas Bonjour Jacques même si nous n’avons pas forcément gardé les vaches ensemble – ayant pratiqué cette activité, mais en solitaire, je n’ai jamais vraiment goûté le suc de cette expression – pour autant je ne demande pas que l’on me donnât du Bonjour Monsieur Berthomeau car ce serait trop. Bien sûr le sieur Vincent Pousson me balance du Monsieur le Contrôleur Général mais lui, je le connais, c’est pour faire genre. Ce qui me plaisait au 78 rue de Varenne c’est que les gens du Sud me donnaient du Monsieur le Chef de Cabinet – le culte du chef bien sûr – alors que ceux du Nord s’en tenaient à mon vrai titre Monsieur le Directeur du Cabinet. Enfin, comme dans ma vie j’ai été deux fois Président : PDG et Président des AOC de la pomme&de la poire mais pas des scoubidous, se faire donner du Monsieur le Président, ça en jette un max. Puis, sans rire, lorsque j’ai quitté mon fauteuil de Directeur y’a un plumitif qui a écrit : celui qui tenait lieu de Ministre s’en va. Les chevilles, la tête, ça enflent vite vous ne pouvez pas savoir !

 

Bien évidemment la présente lettre ne s’adresse en aucun cas à mes fidèles lecteurs mais aux anonymes solliciteurs qui me chantent tous la même chanson, jouent tous du même pipo, me passent tous la brosse à reluire : « mes écrits sur la Toile les ont tant et tant charmés, stupéfiés même par leur qualité, leur élévation, leur originalité », que ma petite boutique à succursale unique se devrait de bénéficier pour sortir de sa confidentialité sympathique de leurs efficaces services. En clair ces joueurs de fluteaux me tartinent dans un style inimitable que si je parle d’eux chez moi, que si je collabore avec leur crèmerie dans un partenariat exclusif, que si je teste ceci ou cela en compagnie de petits camarades peloteurs de souris, que si je fais des petits papiers aux petits oignons à la gloire de flacons envoyés par la poste, que si je publie leur beau classement issu d’un algorithme de derrière les fagots, où bien sûr je figure en bonne place, une place qui ne demande qu’à être meilleure, alors bien évidemment en retour ils offriront à mon beau et merveilleux blog de vastes débouchés.

 

Me prennent vraiment pour un demeuré ! Franchement je n’en ai strictement rien à péter de ce démarchage à domicile du type passez-moi une commande pour l’encyclopédie des contrepèteries belges en 10 volumes et je vous offrirai un 45 Tours de Georgette Plana. Comme disait les économistes de ma jeunesse c’est de l’échange inégal, du foutage de gueule intégral. Que chacun sur la Toile veuille développer sa chalandise, élargir son fond de commerce, se bâtir un chouette modèle économique qui mettent du beurre dans ses épinards, je le conçois aisément. Il n’y a pas de sot métier. Cependant, je me permets de conseiller à ceux qui m’écrivent pour m’enrôler dans leur buiseness de faire un minimum d’effort afin que leurs mailing ne s’apparentent pas à des torchons mal foutus, mal écrits, creux et si généraux que même les services des Impôts font mieux qu’eux.

 

Et pourtant je suis « un homme facile », un rien me séduit, pour un sourire, un jupon qui froufroute, avec l’art et la manière tout est possible avec moi. Mon insoutenable légèreté, sans doute teintée de vanité, font de moi une proie sans grande défense, un être prêt à succomber aux délices du péché, aux joies de la transgression, un danseur mondain disposé à toutes les excentricités, un type capable d’animer une tombola, de vendre du vin... Suffit de me le demander gentiment, poliment, mais sachez que je ne supporte pas les sans-gênes, le genre je me pointe et sans qu’on m’y invite, avec un bonjour tout court jeté à la cantonade, se met à débiter sa salade prémâchée. Mon dieu que c’est fade comme de la laitue pour tortue ! Si vous voulez me séduire, me prendre dans vos filets, me débaucher, faites-moi rêver, séduisez-moi ou alors faites comme les gars de chez Leclerc ou les gonzes de Carrefour, qui n’aiment pas se faire charrier, évitez-moi, laissez-moi vivre ma vie de petit chroniqueur tranquille. Que voulez-vous, ce n’est pas la peine de vous épuiser avec vos petites lettres circulaire : « Je ne suis à personne. »

 

« Je ne suis à personne. » c’est le titre d’un livre de Louis Blanchet aux éditions du Chalet collection « chemins de la vie » 1965 avec la dédicace de l’auteur « à Jacques en lui souhaitant de réussir sa vie ». Que Louis Blanchet me pardonne je n’ai jamais lu son livre mais j’ai toujours aimé son titre car il m’allait bien, et en ce qui concerne son souhait je suis le plus mal placé pour affirmer que ma vie fut une réussite. Tel n’était pas d’ailleurs l’objet de mon propos matinal, encore que...

 

Un mot sur Louis Blanchet, pour moi l’abbé Blanchet, l’abbé de mon école d’agriculture nichée dans les bois : Notre-Dame de la Forêt qui, sans vraiment chercher à me convaincre, à fait prendre à ma vie un virage déterminant. Oncle d’un major de l’ENA, Michel Albert, fils de métayer du Haut-Bocage, à la Tardière, il m’affirma que cette voie « royale » devait être la mienne. J’ignorais jusqu’à l’existence de cette prestigieuse école – oui ce temps-là c’était ainsi – et comme je n’avais que 14 ans la perspective de me retrouver un jour dans la ville capitale fut douce à mon oreille. Je virai donc casaque : quittant les Sciences Expérimentales pour la Philosophie et puis, les gaz de mai 68 m’ayant fait tourner la tête, j’ai changé de cheval : l’ENA très peu pour moi. Mais, si je puis dire, c’était parti pour d’autres aventures avec, chevillé à ma petite tête imaginative, cette petite musique « Je ne suis à personne. »

 

Voilà, c’est dit même si, monsieur le vaguemestre, chez ces gens-là on ne lit même pas ce que j’écris. Pour eux l’important c’est le flux, le trafic, la mousse, le contenu ils s’en tamponnent presque la coquillette. Simplement, sans jouer les donneurs de leçon, la promotion et l’information ne font pas toujours bon ménage, que chacun fasse son turbin, moi je n’ai rien contre la réclame, la mise en avant, les petites, les grandes, les belles bouteilles faut bien les vendre, mais chez moi, sur mon Espace de Liberté, avec mes petits moyens, le seul slogan estampillé Berthomeau : c’est l’extension du domaine du Vin. Alors, vous tous, les garçons et de filles que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam, de grâce lâchez-moi la grappe, même si c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe faites tranquillement votre beurre dans le vôtre sans moi.

 

Oui « Je ne suis à personne. » et ma valeur vénale est inestimable. Méfiez-vous tout de même petits squales, sous des dehors bonhomme, eu égard aux marigots que j'ai fréquenté, je suis le Damien Hirst de la Toile, un prédateur redoutable très peu fréquentable.

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