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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 00:09

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« La confiance des Français dans les politiques continue de reculer, y compris pour les maires. Le fossé entre citoyens et élus se creuse. La défiance des Français envers leurs élus et dirigeants politiques s'est encore accrue en 2010, à en croire le dernier Baromètre de la confiance politique publié lundi par le Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences-Po.

83% des Français estiment en effet que les hommes politiques ne se préoccupent pas de ce que pense la population. En 2010, ils étaient 81% à exprimer leur défiance, lors de la première enquête de ce type réalisée par Opinionway pour le Cevipof et l'institut Pierre-Mendès-France. » source Europe 1 (suite après la Lettre)

 

Chers vous tous,

 

« En France, la politique a mauvaise réputation. Quand à la réputation de ceux que de Gaulle aimait à nommer « les politichiens », elle est tout simplement effroyable. Il n’est guère de pays qui aient aussi peu de considération, autant de mépris même, pour ceux qui les gouvernent, ou les représentent.

S’il est à droite, l’homme politique français est considéré comme un raté de la finance, de l’industrie, du commerce ou du moins l’un de leurs employés subalternes. Sa seule idée que rien ne change. À gauche, il passe pour un bureaucrate, un apparatchik guidé moins par la conviction que par l’ambition ou plus prosaïquement l’appétit. Son espoir : que tout change, c’est-à-dire que la queue de la poêle passe dans ses mains. Entre les deux, c’est le marais où s’embourbent ceux qui ne savent pas exactement de quel côté soufflera demain le vent et donc dans quelle direction ils doivent prendre. Et qu’on nous montre sur les bancs des assemblées et les états-majors des partis les grands intellectuels, les vrais savants, les champions de leur spécialité : ils se gardent bien d’aller perdre le temps dans ce monde de l’illusion et de la combine. Non, non : tous les mêmes, tous des médiocres, au mieux incompétents et inutiles, au pire véreux et pourris, qui ne sont là que pour se remplir les poches. Voilà, en gros, l’image que beaucoup trop de vos concitoyens ont de vous, les hommes politiques. Et c’est bien dommage.

C’est dommage d’abord parce que c’est faux. Vous n’êtes pas tous honnêtes, je le sais bien et il existe parmi vous des concussionnaires, des prévaricateurs, des arnaqueurs, les uns prêts à se vendre et les autres à se louer à la journée et même à l’heure. Mais ceux-là, chacun les connaît et on pourrait aisément les nommer. Et dans tout le personnel du régime et de l’opposition, dans toute la classe politique, on pourrait les compter sur les doigts d’une seule main – enfin disons par prudence deux.

Car le parlementaire et le technocrate de base sont dans l’ensemble honnêtes et désintéressés, contrairement à ce qu’un vain peuple pense. Seulement il faut reconnaître qu’une carrière politique pose tant de problèmes personnels, matériels et moraux, de système de vie et de travail, de relations et d’appartenance, d’opportunité, de tactique et de hasard que parfois tout se mêle dans un brouillard où il est aisé de se perdre. Je n’ai jamais rencontré un député, un seul, qui n’ait pas l’ambition d’être un jour ministre, et c’est normal : la finalité de son entreprise, c’est le pouvoir ou son apparence. Je n’ai jamais vu un ministre, un seul, qui ne soit soucieux de le rester ou à défaut, par une démission bien calculée ou un effacement provisoire bien orchestré, de le redevenir aussitôt que possible. Je ne connais guère de hauts fonctionnaires qui, un jour d’exaspération contre les tergiversations, l’ignorance ou l’indifférence de leur ministre ou des élus, n’aient souhaité une fois au moins entrer au Parlement, voire au gouvernement, pour apprendre leur métier à tous ces incapables. Et parmi les militants, j’en sais peu qui aient refus » de se dévouer en posant leur candidature à quelque mandat plus ou moins prestigieux, en acceptant quelque désignation flatteuse.

S’il existe des hommes politiques heureux, combien me sont apparus tenaillés par la peur : peur des « patrons » dispensateurs d’investiture et de responsabilités, crainte cyclique des chers électeurs, souci lancinant de leur personnage public, incertitude dans l’action, angoisse jusqu’au plus haut niveau parce qu’il leur faut, comme l’a dit l’un d’eux et non des moindres, en permanence « gérer l’imprévisible ».

Matériellement, ce n’est pas un métier et il en va du député comme du journaliste, auquel on dit volontiers « Ah ! c’est bien intéressant votre travail, vous avez de la chance. Mais, à part cela, comme métier, qu’est-ce que vous faites ? » Rien de pire que l’élu qui n’a pas d’autres sources de revenus, pas de position de repli en cas d’échec. Alors il est tentant de composer avec la déontologie non écrite et d’ailleurs plutôt laxiste du milieu.

Avocat et parlementaire, on plaidera peu mais on conseillera beaucoup, et de gros clients ; des clients, bien entendu, qui font toute confiance à votre science juridique et auxquels il ne serait jamais venu à l’idée de vous engager avec de si confortables honoraires parce qu’ils ont tout simplement besoin d’un porte-parole au Palais-Bourbon et d’un commissionnaire pour leurs démarches. Industriel, commerçant, on traitera de ce qu’on connaît bien et c’est évidemment un effet du hasard si des thèses qu’on défend au nom de l’intérêt général se trouvent coïncider avec quelques intérêts particuliers. Homme de la ville, on sera tout prêt à couper dans les subventions agricoles, beaucoup trop généreuses ; élu de la campagne, on sera peu enclin à voter des milliards de crédits que réclament les cités, et en particulier Paris, cette capitale du vice c’est-à-dire de la pornographie, de l’administration et du Coca-Cola. Fonctionnaire, on soignera son avancement en faisant jouer utilement les relations nouées dans la profession, ce qui crée un lien autrement puissant que des idées communes, puisque après tout il est logique que des années passées à servir la collectivité ne freinent pas une carrière administrative qui eût à coup sûr été brillante sans l’entracte du mandat.

Tout cela est évidemment plus aisé si on appartient à cette majorité que le soleil du pouvoir réchauffe de ses rayons. Mais qu’on ne s’y trompe pas : l’opposition, sauf communiste, n’est quand même pas cette banquise où l’on grelotte, comme certains le croient. »

 

C’est du cru janvier 1976 et signé Pierre Viansson-Ponté du Monde et c’est publié chez Albin Michel Lettre ouverte aux hommes politiques. La Ve République a alors 18 ans, elle n’a pas encore connue l’alternance. Elle a aujourd’hui 53 ans et ce texte est quadragénaire, la force de l’âge avec peut-être quelques rondeurs dues à l’embourgeoisement. PVP écrivait nommément à 9 personnalités, trois sont toujours vivantes : Valéry Giscard d’Estaing qui était Président de la République en 1976, Jacques Chirac qui allait le devenir après trois tentatives infructueuses et Michel Rocard qui se présentera deux fois comme outsider mais devra se contenter d’être le 1ier Ministre de son adversaire au sein du PS. Pour les disparus Pierre Mendès-France qui ne gouverna que quelques mois, François Mitterrand deux septennats, Michel Debré le père de la Constitution et des Debré actuels, Georges Marchais qui renaît avec l'aboyeur Mélenchon « Qu’ils s’en aillent tous » et le Prince des Ténèbres Michel Poniatowski l’homme de main de Giscard que tout le monde à oublié. L’extrait que je vous ai proposé s’adressait aux autres...

 

Pour les plus courageux d'entre vous qui voudraient encore lire, en ces temps de remises en question de l'impartialité des experts, par exemple à propos du Médiator, le suite ne manque pas de pertinence ni d’actualité.

 

« Il est impossible de tout savoir et un élu consciencieux trouve très vite ses limites. Comment pourrait-il, la même semaine, avoir à la fois un avis tranché et motivé sur une réforme de l’enseignement supérieur, une position sur la politique pétrolière, une conviction sur le choix de la meilleure filière nucléaire, un jugement sur l’aménagement de la région lyonnaise, une idée sur la fiscalité des cultivateurs de tabac ou des magasins de grande surface, et une opinion ferme sur la conduite monétaire du Japon, Et pourtant, sur tous ces sujets et bien d’autres, il faudra se prononcer, voter et décider. Le bon sens ne fait rien à l’affaire, surtout quand on n’a ni les possibilités intellectuelles, ni le temps, ni le goût d’étudier des dossiers qui, de surplus, ne sont pas à votre disposition.

Ces dossiers précisément, quelques-uns les détiennent. Les uns, ministres, rapporteurs, experts officiels sont censés les connaître. Les autres les possèdent sur le bout du doigt : ce sont eux qui les ont constitués, eux qui le plus souvent les ont fournis, tout préparés, aux ministres et hauts fonctionnaires et sous une forme édulcorée, orientée, aux quelques parlementaires utiles. Comme il est tentant de s’en remettre à ceux qui savent et s’offrent ainsi à vous éclairer. Ainsi les décisions sont-elles souvent arrachées à la faveur d’une savante mise en condition assortie de quelques facilités à la simple flatterie en passant par un bon déjeuner ou un menu service.

Après cela, on trouvera des naïfs pour s’étonner et même admirer que les groupes de pression, les lobbies, si bruyants et indiscrets sous la IVe République où l’on voyait certains jours leurs représentants s’abattre comme les hirondelles en vols serrés dans les couloirs du Palais-Bourbon et les antichambres des ministères, aient presque disparu sous la V é. Parbleu ! C’est qu’ils sont passés de l’antichambre au cabinet, voire au bureau du ministre et des couloirs dans l’hémicycle. Installés au cœur du dispositif exécutif, parlementaire et administratif c’est à peine s’ils ont besoin désormais de respecter les apparences. Au lieu de manipuler les pouvoirs, ils les contrôlent, les partagent et parfois les détiennent, se confondant largement avec eux... »

 

La confiance des Français dans les politiques continue de reculer, y compris pour les maires.

 

Les maires décrochent à leur tour

 

Jusque-là épargnés, les élus locaux voient désormais leur cote de confiance s’éroder sensiblement. Les personnes sondées ne sont plus que 52% à déclarer avoir confiance dans leurs élus locaux, contre 65% il y a un an.

 

Ces élus locaux « se présentent comme un filet de protection en cas de crise, ce qu'ils sont de moins en moins », a analysé le directeur du Cevipof, Pascal Perrineau.

 

Une démocratie qui patine

 

Plus généralement, 57% des personnes interrogées estiment que la démocratie en France fonctionne « pas très bien » ou « pas bien du tout », contre 48% il y a un an. 42% des personnes sondées ont au contraire répondu qu'elle fonctionne « très bien » ou « assez bien ».

 

Cette défiance dépasse les clivages politiques, puisque 56% des sondés déclarent n'avoir confiance ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays. Avec 22% de confiance dans ses capacités à gouverner, un score en hausse de sept points, la gauche passe cependant de justesse devant la droite, qui cède un point à 21%.

 

« On va dans une politisation négative, c'est-à-dire une politisation assez forte qui va de pair avec une défiance à l'égard des politiques, d'où un espace ouvert pour le populisme », a commenté le directeur du Cevipof

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 08:22

Suite à ma chronique du jour j'ai reçu ce texte de Michel Bedouet vigneron au Pallet en Muscadet.

 

 

«Si aujourd’hui vous êtes viticulteur en muscadet, si vous aimez être dans vos vignes et que vous n’avez pas développé votre propre réseau commercial en comptant sur le modèle producteur, courtier, négoce, à court terme vous êtes morts professionnellement.

 

Si vous êtes vigneron en muscadet, que vos parents ont eu la fibre commerciale, que votre tempérament et votre formation vous poussent  vers la vente directe et le commerce au sens large, vous êtes sans doute mieux armés pour faire vivre votre entreprise.

 

Si en même temps vous vous réjouissez du malheur de ceux qui doivent cesser leur métier en pensant que moins il y aura de producteurs, plus ceux qui resteront prospérerons, vous vous tirez une balle dans le pied, ou pour ceux qui jouent au foot, vous mettez un but contre votre camp.

 

Bien sûr qu’un certain nombre d’exploitations ne sont et ne seront plus viables et que des entreprises qui arrêtent il en existe tous les jours et  dans toutes les professions, mais ce n’est pas une raison pour ajouter l’humiliation à l’échec.

Nous devons au contraire faire preuve de solidarité pour faire en sorte que ceux qui arrêtent ne se dévalorisent pas et puissent ainsi retrouver confiance en eux  et un travail valorisant.

 

Si vous êtes courtier en muscadet, vous devez faire évoluer votre métier de « porteur d’échantillons » vers celui de technico- commercial spécialisé en vins.

Vous savez où sont les producteurs intelligents et sérieux qui sont capables de produire des vins de qualité adaptés aux différents  marchés, qui ne se sentent pas commerçants dans l’âme, mais qui ne demandent qu’à évoluer techniquement.

Vendez ce savoir faire aux différents opérateurs commerciaux de France et d’ailleurs !

 

Si vous êtes un négociant « historique » en muscadet, soyez conscient que votre relative petite taille et votre proximité avec le vignoble vous rapprochent plus des vignerons que des mégas structures internationales et continuez à croire en vous en construisant une filière de partenariat avec des producteurs motivés.

 

Si vous êtes un industriel du vin en muscadet, il est normal que votre priorité soit la rentabilité de votre entreprise par des marques fortes qui vous distinguent des autres et vous renforcent sur les gros comptes et au niveau international.

Sachez que le muscadet n’est pas une marque, mais un vignoble d’appellations au pluriel.

Occupez vous donc du marché mondial des vins blancs indépendamment de celui des différents muscadets et si vous ne voulez pas mettre en avant les vins de la région, créez des petites structures pour le faire ou investissez auprès de vignerons qui sauront innover.

 

Osons 2011 ! »

 

 

Michel BEDOUET                                                                                   

 

Le 10.01.2011

 

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 00:09

 

Antonin écrit sur son blog Vindicateur «  Des domaines viticoles, agricoles, se cassent la figure, ce n'est pas nouveau. Récemment, Olivier B (Rhône) et le Clos Romain (Languedoc) ont été sur le devant de cette scène bancale. Le premier recevant un soutien bienvenu, le second pour annoncer une décision sur laquelle il n'était déjà plus question de revenir… Au-delà, comment faire pour enrayer un système si prompt à casser les petits ? » Bonne question jeune homme mais quel est donc ce système si prompt à casser les petits ? Notre viticulture, largement artisanale, vivrait-elle hors ou à côté du système économique qui régit l’ensemble de la planète ? De plus est-ce vraiment à une casse des petits que nous assistons ?

 

Je n’ai bien sûr aucun élément pour analyser la situation des deux cas évoqués par Antonin et je me garderai bien de porter un quelconque jugement sur les raisons qui les ont amenés à cette situation où la pérennité de leur entreprise s’est trouvée mise en cause. De même je ne m’aventurerai pas sur le terrain de l’élan de solidarité qui s’est développé sur la Toile, via Facebook, pour aider au sauvetage d’Olivier B. Lorsque quelqu’un lance un SOS ou appelle au secours il est réconfortant de voir que des gens se mobilisent. Ce même type d’initiative est en train de se mettre en œuvre sur mon espace de liberté – de façon moins spectaculaire – pour donner un coup de main à un vigneron. Que l’on instille un peu de chaleur dans nos filières froides je ne vais pas m’en plaindre.

 

Il n’en reste pas moins vrai que s’en tenir à des sauvetages individuels, au gré d’un buzz sur le Net n’est guère satisfaisant. D’autant plus que l’élan de solidarité, hormis ceux qui peuvent vraiment acheter plus, se traduit par un déplacement des achats un simple effet de substitution. Le budget des uns et des autres n’est pas extensible à l’infini pour permettre de donner de l’oxygène à tous ceux qui peinent. En effet, les difficultés peuvent être structurelles : endettement trop lourd ou charges fixes incompressibles trop importantes ou faiblesse des ventes, alors elles relèvent d’un traitement de fond ; si elles sont conjoncturelles le coup de pouce sur les ventes peut permettre de surmonter une mauvaise passe. Que les amateurs de vin prennent enfin conscience que derrière les bouteilles qu’ils aiment il y a aussi des hommes et des femmes qui doivent gagner leur vie pour assurer la pérennité de leur entreprise, est un fait nouveau. Jusqu’ici j’ai souvent eu le sentiment que beaucoup, au nom de présupposés idéologiques, privilégiaient une approche a-économique, hors marché, comme si cultiver la vigne, faire du vin, relevait d’une forme de sacerdoce au profit des amoureux du vin.

 

L’accès au marché de nouveaux entrants, sur des créneaux déjà bien encombrés, occupés par d’autres vignerons ayant développé depuis des années une clientèle, est de plus en plus difficile. Nous nous trouvons face à « l’océan rouge » où tout le monde se rue mais où la ressource est au mieux sur le marché intérieur stable, au pire en effritement. Pour ceux déjà en place l’exacerbation de la concurrence, la multiplication des intervenants, l’archaïsme de certains réseaux de vente, rognent leurs prix et donc leurs marges, les contraignant à rechercher plus de nouveaux clients. L’exportation, avec des chiffres significatifs, n’est pas à la portée du premier venu : la prospection est coûteuse, les formalités lourdes et difficiles à gérer, la concurrence des producteurs d’autres pays sont autant de freins pour beaucoup quelle que soit leur taille. L’effet taille, n’en déplaise à ce cher Antonin, ne trace pas une ligne de démarcation entre des pauvres petits et de grands prédateurs mais prend en compte toute une série de facteurs liés à l’adéquation entre son mode de production et le positionnement prix des vins. Je ne vais pas jouer ici à Monsieur Conseil mais simplement écrire que les solutions ne se trouvent pas dans des fausses bonnes idées telles la solidarité entre ceux qui empochent des prix stratosphériques – peu nombreux pour peu de flacons – et ceux qui rament avec des prix de misère.

 

Je n’ai pas de solutions clé en mains bien évidemment mais plutôt que de s’en tenir à une forme de chacun pour soi, à un je me démerde tout seul avec l’appui de ma tribu, à une sorte d’absence de tout intérêt pour le devenir de ses voisins, je pense que réinsuffler le sens du collectif : le fameux mutualisme qui a su en son temps mettre en commun des moyens permettant à des agriculteurs et des viticulteurs de partager à la fois des idéaux, des matériels, des assurances et des financements. Bien sûr me rétorquera-t-on que sont devenus le Crédit Agricole Mutuel, Groupama ou les coopératives de production ? Je sais, mais pour autant l’armée mexicaine, des petits producteurs artisans-commerçants, ne pourra vivre ou même survivre si elle n’est pas capable d’imaginer et de mettre en commun des outils, tout particulièrement pour la distribution de ses vins vers des lieux de consommation de plus en plus lointains ou concurrencés. L’éparpillement, la multiplication des approches individuelles, les kilomètres parcourus, le temps passé en des salons, des dégustations, des foires, ne permettra pas à tous les intervenants de tirer leur épingle du jeu.

 

Je suis frappé par la profusion, l’agitation, l’activisme qui règne en notre beau pays autour du vin. C’est un produit qui attire comme la lumière des réverbères les lucioles mais, celles et ceux qui gravitent dans cet univers, qui est tout aussi redoutable que tous les milieux de commerce, de cette foutue concurrence, ne me semblent pas toujours avoir conscience que pour vivre sur un produit il est nécessaire de lui apporter un service réel, de lui ajouter de la valeur, de contribuer à son développement. Qu’en est-il vraiment ? Souvent je suis perplexe. Et pourtant il y a de beaux chantiers à ouvrir, beaucoup de pistes à défricher, de créneaux à explorer face à une demande mouvante, changeante, infidèle, zappeuse, solidaire dans les mots mais parfois si peu dans les actes. Dans un monde en pleine recomposition, où les grands ensembles économiques se heurtent en une tectonique des plaques, notre petit monde du vin parisien devrait lever le nez de son petit verre, de sa petite bouteille, ne pas s’en tenir à une vision étriquée du vin, ouvrir ses fenêtres, se colleter au réel. C’est à mon avis le meilleur service qu’il pourrait rendre à celles et ceux qui peinent ou qui sont dans la difficulté.

 

Mon approche qui peut sembler un peu froide, trop réaliste, n’est pas antinomique avec une démarche solidaire s’inscrivant dans la durée. Alors plutôt que des petites bulles sympathiques sans lendemain ne pourrions-nous pas au travers de ce fameux réseau social qu’est Facebook imaginer les voies et moyens pour épauler celles et ceux qui coulent. Plutôt que des conférences, où chacun étale à la face des autres l’étendue de son ego afin d’étendre l’étendue de son influence, nous pourrions nous retrouver, non pas pour faire la charité mais pour mobiliser nos énergies, nos moyens matériels et financiers, concilier comme l’a si bien fait Coluche avec ses Restaurants du Cœur la solidarité et le buiseness.

 

Hier au soir, à l'Hédoniste, Olivier B était l'hôte de la blogosphère parisienne pour une dégustation-vente. Excellente initiative c'est sûr ! Alors pourquoi n'y suis-je pas allé ? Parce que je suis un vieux ronchon au coeur de pierre qui se défie des engouements feu de paille ? Un peu sans doute mais pas seulement. Comme je l'ai écrit au début de ma chronique tous les élans de solidarité sont bons à prendre mais, comme je suis en ce moment le nez dans mon histoire d'éleveurs de vaches et de boeufs qui crèvent la bouche ouverte dans le fin fond de la France difficile, dans l'indifférence générale ou même parfois l'hostilité des sectes des nantis anti, je n'avais pas le coeur pour cette rassemblement qui je l'espère ne sera pas un simple coup de vent dans les voiles de la blogosphère du vin... Attention je ne suis pas en train de vouloir graduer la misère, ce qui serait une tâche impossible en notre vaste Monde, mais je plaide pour que nous tous élargissions la focale ensemble. Que nous sortions de nos chapelles ! Que nous retrouvions du lien en dehors de la pure émotion suscitée par un cas. Bonne journée à tous et à toutes.

 

Lire Le suicide des agriculteurs, symptôme d'une profession en mal de devenir

link

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 00:09

 

images PlastiscinesLorsque les Plastiscines sont sorti leur premier album LP1 le 12 février 2007 et que de cet album est extrait le single Loser qui apparait dans la bande originale du film L'Heure d'été d'Olivier Assayas, j’ai eu l’extrême mauvais goût de dire que ça me plaisait. Dans une chronique de mars 2007 très Berthomeau fait le beau : « Les béatitudes de B... » link à la n° 7- je déclarais : J'adore les Plastiscines, quatre jeunes nénettes qui jouent du rock à l'ancienne, c'est frais, ça déménage, ça racasse comme disait ma grand-mère... link cliquez vous aurez le son et la photo des minettes.

Bienheureuses les jeunettes

 

Que n‘avais-je dit-là, sarcasmes, les gardiens du bon goût du rock raillaient la pauvreté des paroles et de leur musique, ainsi que leur côté Yéyé. Pire, je me voyais accoler l’étiquette infâmante de vieux grigou qui aimaient les minettes. Bref je fus la cible de railleries. Vous commencez à me connaître j’ai laissé meugler les vaches sacrées et continué d’aimer les bonbons acidulés. De même que j’aime le côté un peu pompier de Verdi ou la quincaillerie de Bill Halley, il m’arrive fréquemment de m’offrir des frivolités qui m’aèrent la tête, me délassent, passent dans mes oreilles sans y laisser de trace, de l’air frais.

 

Ceci avoué je viens de découvrir que Les Plastiscines sont nominées aux Victoires de la Musique 2011 dans la catégorie « Groupe ou artiste Révélation Scène » et je dois avouer que leur prestation scénique ne m’a pas époustouflée. On me dit que c’est du garage rock. Dieu que le garage est mis à toutes les sauces mais ici ça prend vraiment des allures de ferraille sans grande originalité. Pour les accros la cérémonie des Victoires de la Musique 2011 aura lieu le mercredi 9 Février au Zénith de Lille.

 

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 00:09

Je suis un traqueur de mots, un orpailleur aussi car souvent c’est dans la gangue de textes anciens que j’en découvre de vieux si nouveaux. Les vignobles « tête du pays » ne trouvez-vous pas ça beau ? Moi si ! C’est d’une belle simplicité, c’est évocateur, ça sonne bien. Je suggère l’appellation à tous ceux et à toutes celles qui, las de côtoyer la médiocrité satisfaite de leur appellation, voudraient respirer, s’exprimer, mieux se faire reconnaître. Où l’ai-je trouvée? Plus exactement comment ai-je redécouvert le texte dans lequel elle était nichée ?  photo-Louise.jpg

Qui connaît Louise Bourgeois ? Moi bien sûr – je cultive mon ego super boursouflé – depuis son exposition au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1995. Elle née à Paris le 25 décembre 1911, y a passé sa jeunesse avant de s’installer à New York en 1938 après avoir épousé, contre l’avis de son père, l'historien d'art américain Robert Goldwater (1907-1973) Naturalisée américaine elle est morte à New York le 31 mai 2010. Grande artiste au caractère bien trempé elle et son œuvre m’ont alors fasciné. J’ai couvert mes petits carnets de ses mots « je suis devenue sculpteur car je ne pouvais faire autre chose » « le regard était plus important que la parole » « un refuge dans un art qui ne fait de mal à personne. »

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Moi, Eugénie Grandet, est une exposition qu’elle a conçue spécialement pour la Maison de Balzac à Paris. C’est son ultime projet auquel elle a travaillé jusqu’à ses derniers jours. Jean Frémon, qui avait présenté sa première exposition à Paris en 1985, alors qu’elle était quasi inconnue, a publié chez Le Promeneur pour cette exposition un de ces superbes petits livres dont je raffole Louise Bourgeois, Moi, Eugénie Grandet. Dans une chronique prochaine je tenterai de faire passer la magie de Louise Bourgeois au travers d’une Ode à Eugénie Grandet.

 

C’est grâce à lui que j’ai rouvert Eugénie Grandet et que j’ai découvert ma pépite. Lisez c’est plein d’enseignements pour les nostalgiques du bon vieux temps. Bonne lecture !

 

« Monsieur Grandet jouissait à Saumur d’une réputation dont les causes et les effets ne seront pas entièrement compris par les personnes qui n’ont point, peu ou prou, vécu en province. M. Grandet, encore nommé par certaines gens le père Grandet, mais le nombre des vieillards diminuait sensiblement, était en 1789 un maître tonnelier fort à son aise, sachant lire, écrire et compter. Lorsque la République française mit en vente, dans l’arrondissement de Saumur, les biens du clergé, le tonnelier, alors âgé de quarante ans, venait d’épouser la fille d’un riche marchands de planches. Grandet alla, muni de sa fortune liquide et de la dot, muni de deux mille louis d’or, au district, où, moyennant deux cents doubles louis offerts par son beau-père au farouche républicain qui surveillait la vente des domaines nationaux, il eut pour un morceau de pain, légalement, sinon légitimement, les plus beaux vignobles de l’arrondissement, une vieille abbaye et quelques métairies. Les habitants de Saumur étant peu révolutionnaires, le père Grandet passa pour un homme hardi, un républicain, un patriote, pour un esprit qui donnait dans les nouvelles idées, tandis que le tonnelier donnait tout bonnement dans ses vignes. Il fut nommé membre de l’administration du district de Saumur, et son influence pacifique s’y fit sentir politiquement et commercialement. Politiquement, il protégea les ci-devants et empêcha de tout son pouvoir la vente des biens des émigrés ; commercialement, il fournit aux armées républicaines un ou deux milliers de pièces de vin blanc, et se fit payer en superbes prairies dépendant d’une communauté de femmes que l’on avait réservée pour un dernier lot. Sous le Consulat, le bonhomme Grandet devint maire, administra sagement, vendangea mieux encore ; sous l’empire, il fut monsieur Grandet. Napoléon n’aimait pas les républicains : il remplaça M. Grandet, qui passait pour avoir porté le bonnet rouge, par un grand propriétaire, un homme à particule, un futur baron de l’Empire. M. Grandet quitta les honneurs municipaux sans aucun regret. Il avait fait faire, dans l’intérêt de la ville, d’excellents chemins qui menaient à ses propriétés. Sa maison et ses biens, très avantageusement cadastrés, payaient des impôts modérés. Depuis le classement de ses différents clos, ses vignes, grâce à des soins constants, étaient devenues la tête du pays, mot technique en usage pour indiquer les vignobles qui produisent la première qualité de vin. »

 

« M. Grandet obtint alors le nouveau titre de noblesse que notre manie d’égalité n’effacera jamais : il devint le plus imposé de l’arrondissement. Il exploitait cent arpents de vignes, qui, les années plantureuses, lui donnaient sept à huit cents poinçons de vins. Il possédait treize métairies, une vieille abbaye, où, par économie, il avait fait muré les croisées, les ogives, les vitraux, ce qui les conserva ; et cent vingt-sept arpents de prairies où croissaient et grossissaient trois mille peupliers plantés en 1793. »

 

 

Arpents, poinçons : ça fait combien de superficie et de contenance chers lecteurs ?

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 18:56

Question trouvée sur forum au féminin link : J'ai une 307. Je n'ai jamais fait l'amour dans une voiture et je voudrais savoir quels sont les meilleures positions pour que ma copine soit au 7eme ciel.

Merci

 

Réponse donnée par les revendeurs chinois de voitures qui se battent de plus en plus pour obtenir de plus grosses parts de marché. Pour appâter le client, certains ont donc décidé de placer dans la notice un guide de positions expliquant comment faire l'amour dans leur voiture. Ainsi, les constructeurs automobiles Lexus, Mercedes-Benz, Hummer et Bentley, ont placé dans la notice de leurs véhicules un guide expliquant comment... faire l'amour dans l'habitacle !

 

Commentaire : La 307 Pigeot c’est pour les Frenchies du terroir profond sans notice bien sûr et la Bentley c’est pour les nouveaux rois du monde avec croquis à l'appui. Grandeur et décadence de l’Occident... Que voulez-vous on n’arrête pas le « progrès » du grand n’importe quoi.

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 00:09

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C’est à dessein que je reprends à mon compte le titre du célèbre roman d’Alexandre Soljenitsyne, non pour son contenu, mais parce qu’il évoque la mise à l’écart. Le Cancer, comme le SIDA, fait parti des maladies innommées : « décédé à la suite d’une longue maladie... » écrit-on. Ce silence me trouble, la maladie fait peur, on la cache, on l’occulte, comme si ne pas en parler l’exorcisait. Je ne pousse pas plus avant car comparaison ne serait pas raison.

 

En effet, je reviens à mes moutons si je puis m’exprimer ainsi. Avec l’ESB puis le virus H5N1 les maladies de nos amis les bêtes sont entrées dans le cercle de nos peurs. Du côté du végétal ce ne sont pas les maladies qui effarent se sont les posologies qui qu’on leur administre qui jettent le trouble dans les têtes. « Ils nous empoisonnent avec leurs pesticides, insecticides et autres herbicides... » proclament les uns, et « le Cu c’est du lourd... » rétorquent les autres. Moi, qui ne suis pas très intelligent comme l'a souligné samedi un courageux commentateur anonyme, j’ai toujours du mal à me faire une opinion face au traitement de la maladie ou des maladies graves, celles qui mettent le pronostic vital en jeu. Comme je ne vais pas raconter ma vie, sinon les chasseurs d’ego vont me tirer à vue, mais simplement souligner que j’ai eu que très peu recours à la pharmacopée n’étant passé sur le billard que par 3 fois pour des histoires purement mécaniques (dont une le syndrome de Kent, dit Wolf Parkinson White qui aurait pu m’envoyer en l’air) je manque de recul, de vécu.

 

Éclairez-moi chers vous qui êtes dans vos vignes ! Dites-moi ! Comme l’écrit dans un futur livre une bonne amie il y a de quoi être tétanisé par l’oïdium qui aime la pluie, le mildiou le temps chaud, gris et humide. Quand ce n’est pas l’une c’est l’autre, elles se succèdent, se croisent, comme qui dirait selon l’expression en vogue « elles sont incontournables... » Alors médecines douces, homéopathie, recettes de bonne femme ou produits de la pharmacopée industrielle ? Est-ce tout blanc d’un côté et tout noir de l’autre ? En posant ces questions je ne joue pas au faux naïf je cherche à comprendre tout simplement.

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24 janvier 2011 1 24 /01 /janvier /2011 08:00

Un anonyme à écrit « qu’un blog est un blog je ne suis pas là pour m’afficher, je n’ai jamais demandé à recevoir votre billet de mauvaise humeur tous les jours dans ma boîte mail moi, mais ça ne m’empêchera pas d’émettre une opinion... »

 

Mensonge : pour recevoir mes chroniques tous les matins il faut s’abonner. Je n’ai nul pouvoir de le faire. La loi Informatique&Libertés est là pour servir de garde-fou. Nul n’est tenu de lire mes conneries. Ceux qui le font, le font librement, sans violation de leur messagerie. Que les mauvais coucheurs assument leurs commentaires au lieu de se planquer comme de vulgaires délateurs. (868 abonnés à ce jour) 

 

Les commentaires sur mon espace de liberté ne font l’objet d’aucun filtrage et je n’ai jamais retiré les propos de ceux qui émettaient des opinions contraires aux miennes mais dorénavant les commentaires des anonymes vindicatifs iront droit à la poubelle. Moi je signe. J’affiche ma tronche de cake. Alors plutôt que de traiter de ducon les mauvais coucheurs qui se défoulent en se planquant derrière des pseudos à la con je balaye devant ma porte et je continue mon chemin... Charbonnier est maître en sa maison...Pour mettre un peu de bonne humeur sur ce lieu mal famé vous pouvez aller lire une chronique tout ce qu'il y a de sérieuse :

 

Les chinois sont formidables « Comment faire l’amour dans votre Bentley ou votre Hummer ? » link

 

Pouffe 6802 

 

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24 janvier 2011 1 24 /01 /janvier /2011 00:09

Comme je ne passe pas ma vie le nez au-dessus des verres, que je n’essuie d’ailleurs pas au fond du café, je suis de plus en plus frappé par la lente régression, sans doute sous l’impact de la dureté des temps ou plus précisément l’exacerbation de la compétition, de ce qui nous permettait d’essayer de mieux vivre ensemble : l’écoute et la compréhension de ceux qui nous entourent. Les ceux qui ne sont pas comme nous, qui ne vivent pas comme nous, qui ne pensent pas comme nous. En soulignant ce phénomène je ne suis pas en train de badigeonner le passé en des tons pastels ni d’exprimer des regrets mais de tenter d’explorer le constat d’un de mes interlocuteurs dans mes pérégrinations bovines qui, face à mon étonnement du peu de dialogue et d’écoute entre ceux qui « vivent du même produit », m’a répondu en le regrettant « nous sommes une filière froide ».

 

Sans faire de mauvais jeu de mots ça sentait la glaciation des relations humaines jusque dans le fin fond de notre terroir. Nos contemporains urbains, si prompts à s’émouvoir face au bandeau déroulant des images des malheurs du monde, « le lointain », font preuve d’une grande cécité sur la détresse proche, celle des mecs allongés sur le trottoir comme de celle de ceux qui crèvent à petit feu dans le silence des petites fleurs et des oiseaux de nos terroirs. Et, en plus, pour nommer la chaîne qui part de celui qui produit le « minerai » et lie chacun des intervenants jusqu’à votre assiette, un bel esprit carré n’a rien trouvé mieux que filière. Je déteste ce mot qui est aussi froid que son origine métallurgique « instrument destiné à étirer un métal pour le transformer en fil » même si certains pourraient l’aimer pour des raisons plus «nature » : puisque c’est l’orifice par lequel les araignées, les vers à soie produisent leur fil. Bref, filière à pour moi un son d’uranium-graphite-gaz ou de blanche mais pas celui d’une petite musique humaine.

 

Sans aller jusqu’au ridicule des discours politiques qui évoquent sans rire « la nécessaire solidarité entre les différents intervenants de la filière » - en effet j’ai rarement vu un acheteur ne pas profiter d’une aubaine liée à une production surabondante ou un vendeur ne pas graisser sa tartine sur le dos du consommateur même lorsqu’il affirme qu’il fait dans le moins cher du moins cher – permettez-moi d’évoquer les deux extrémités de la chaîne en tentant d’y mettre un soupçon d’humanité. Tout en bas, au plus près du sol – sauf pour les productions hors-sol – y’a plein de gens éparpillés sur le territoire qui produisent, avec plus ou moins de bonheur, de soins, de savoir-faire, des trucs qui se mangent. S’ils font ce qu’ils font c’est que ça se vend, ils ne travaillent pas pour les beaux yeux du monde mais bien plus sous l’emprise de la nécessité pour en vivre. Sans eux, sans leur présence sur le territoire, surtout dans ceux qui sont difficiles, la vie s’effilochera et, sauf à faire des réserves d’Indiens pour touristes versus Houellebecq et sa carte du territoire, les braves gens des villes pleureront des larmes de crocodile face à la désertification de nos campagnes.

 

Entre eux, les gars et les filles d’en bas, et ceux qui mangent et boivent, y’a plein de maillons qui remplissent des fonctions plus ou moins utiles. Tout ce petit monde marge, c’est-à-dire se rémunère pour ce qu’il fait ou ce qu’il est supposé faire. Je ne vais pas entrer dans ce dédale, ceux qui s’y risquent : les observateurs de marges se contentent de constater sans vraiment débusquer la réalité. Au bout du bout de la chaîne, autrefois il y avait des épiciers et des artisans-commerçants qui tentaient d’allécher le chaland, alors que maintenant il y a des distributeurs, des grands et des hards. Leur « réussite économique » est évidente : il suffit de consulter le hit-parade des grandes fortunes françaises pour le constater : les petits prix multipliés par la multitude des pousseurs de caddies ça met beaucoup de beurre dans les épinards. Pour autant je ne vais pas instruire le procès de la GD et du hard mais seulement aborder la question de la dureté et de la froideur dans les relations entre les maillons de ces foutues filières.

 

Bien sûr, lorsque les Centrales d’achat causent avec Coca-Cola, Nestlé ou autres poids-lourds des IAA  elles baissent plus facilement leurs calcifs que lorsqu’il s’agit des armées mexicaines qui se tirent la bourre entre elles. Le « terrorisme » de ces gens-là est odieux et diffuse du dur, du cassant dans l’ensemble de la chaîne. De temps en temps, pour montrer leur empathie certains – je ne les mets pas tous dans le même sac – font ami-ami avec les PME du coin ou le genre circuit-court « néo-équitable ». Pour autant, dire qu’ils ne sont pas en phase avec les pousseurs de caddies serait faire preuve d’injustice à leur égard. Leurs grosses truffes hument assez bien les tendances des « indifférents » qui ne s’émeuvent que sur leur canapé face à l’écran-plat de leur télé. La dure réalité des évolutions de la consommation n’est guère plaisante à observer mais moi qui l’ai sous le nez, au travers de foutus chiffres, je ne peux que constater que beaucoup de consommateurs se contrefichent de ceux qui sont à l’origine de l’entrecôte qui s’étale dans la barquette operculée du rayon de son hypermarché ou la brique de lait UHT en paquet de 6 avec poignée.

 

Le produit est quasiment désincarné, éloigné de sa réalité, caché même, le poisson devient un bâtonnet enrobé de chapelure et le steak haché un truc prémâché facile à mélanger avec que la purée en sachet ou à réchauffer vite fait aux micro-ondes. Pas le temps, m’objectera-t-on ? J’en doute vraiment puisque le phénomène ne connaît pas la césure ville-campagne : les petits commerces et les artisans régressent plus fortement dans la France profonde que dans les grandes villes où le commerce de proximité retrouve des couleurs. Pour moi les grands distributeurs ne sont que la caisse d’amplification de notre indifférence aux autres. Alors, sans conclure, car cette chronique n’a pas valeur d’analyse, je continue de penser que notre société si froide, si propre d’apparence, si hygiénique, ne retrouvera de la chaleur, des couleurs, de la vie que si ceux qui se disent défenseurs des bons produits sortent de leurs petites crèmeries, cessent de se congratuler ou d’envoyer des oukases, prennent la peine de se retrousser les manches pour mener la seule bataille qui vaille la peine d’être livrer : celle de vivre ensemble dans la Cité...

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 00:09

Ce qui était « marginalement acceptable » il y a 25 ans ne l’est-il plus ?  

 

« The little faggot with the earring and the make-up/Yeah, buddy, that's his own hair/That little faggot's got his own jet airplane/That little faggot, he's a millionaire. »

 

« La petite tapette avec la boucle d'oreille et le maquillage/ Ouais mec, ce sont bien ses cheveux/ La petite tapette a son propre jet/La petite tapette, c'est un millionnaire»

 

Saisi de la question par une auditrice de 0ZFM d’une radio canadienne qui diffuse en version originale les classiques du rock, qui s'était plainte, le 1er février 2010, de ce que le terme était insultant, le Conseil canadien des normes de la radiotélévision s'est prononcé pour une interdiction de la version longue, arguant de ce que le mot faggot, « marginalement acceptable » il y a 25 ans, ne l'était plus. "Le Comité estime qu'il fait maintenant partie de la catégorie des désignations inacceptables eu égard à la race, l'origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l'âge, le sexe, l'orientation sexuelle, l'état matrimonial ou un handicap physique ou mental » le 12 janvier 2011. Et que la diffusion de la chanson dans sa version non modifiée viole, en conséquence, le code de déontologie de l'Association canadienne des radiodiffuseurs.

 

La chanson, qui est le monologue intérieur d'un vendeur d'équipement pour la maison qui rêve de devenir rock star, avait fait polémique dès son origine mais, 25 ans après, cette censure semble démontrer que les temps changent et que Coluche, Desproges n’ont plus droit de cité sur nos ondes.

 

« En guise de protestation, deux radios canadiennes ont décidé de diffuser en boucle la chanson délictueuse, pendant une heure »

 

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