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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 00:04

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Au temps où j’occupais le bureau du rez-de-jardin de l’Hôtel de Villeroy je reçu la visite de Claude Mauriac, le fils de aîné de François Mauriac qui « reçu à sa naissance, le 25 avril 1914, un nom qui allait devenir prestigieux. Toute sa vie il s’efforcera de se faire un prénom. Entreprise d’autant plus difficile que le fils se situait sur le terrain de son père : l’écriture. » Il venait me parler du vignoble de Malagar, en piteux état, donc de son devenir. La figure du père pesait sur lui, il me parla avec pudeur et retenue de ses soucis. Je lui consacrai bien plus de temps que j’avais de temps mais le garçon qui s’était vu censuré « Thérèse Desqueyroux », pour pornographie, par le frère supérieur de ND de la forêt, prenait ce temps sur lequel flottaient une histoire familiale et l’Histoire tout court. « François Mauriac qui tenait ce patrimoine de son arrière grand père, y était fort attaché, y venait très souvent et écrivit beaucoup.  C’était sa résidence d’été, et il en appréciait particulièrement le vin blanc doux, vin d’ailleurs traditionnel de ce pays de coteaux ensoleillés, qui dominent la vallée de la Garonne et le Sauternais. »

 

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Je promis à Claude Mauriac de m’occuper des vignes de Malagar. Ce que je fis en m’adressant à un ancien collègue, Jean-Louis Blanc, énarque et agronome, ancien du bureau de la viticulture, qui dirigeait la maison Cordier à Bordeaux pour le compte d’un groupe bancaire dont j’ai oublié le nom. L’affaire se fit avec Cordier pour le vignoble pendant que la maison passait dans le patrimoine du Conseil Régional d’Aquitaine. Maintenant le vignoble appartient à deux viticulteurs bien connus en Gironde, le négociant Jean Merlaut et l’œnologue Georges Pauli. Tous deux se sont associés pour vinifier et commercialiser les vins de Malagar. 

images Claude Mauriac

 

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Avant de vous offrir du François Mauriac, je vous propose un extrait de : François Mauriac à Malagar de Jean Mauriac, entretiens avec Eric des Garets, édition revue et augmentée, Fayard 2008.

 

« Aujourd’hui, il n’y a plus de chevaux, il n’y a plus de vaches, il n’y a plus de bœufs dans les prairies et dans les vignes de Malagar. Plus une seule sauterelle, un seul grillon – ni les gros noirs, que je faisais sortir de leurs trous avec un brin d’herbe, ni les petits des vignes, gris, aux longues pattes – plus une seule mante religieuse, verte ou couleur d’aiguille de pin. […] On ne voit plus, le long de l’allée des cyprès, les criquets aux ailes rouges ou bleues qui précédaient nos pas ni, après la pluie, tous ces petits escargots à la coquille jaune et rose, ni dans les charmilles, les gros crapauds qui surgissaient tard le soir. […] Je vous le demande : y a-t-il encore des chauves-souris ? Y a-t-il encore des lézards, je parle des petits lézards les plus communs, gris, dits "de muraille", à la terrasse ? Quant aux longues et belles couleuvres, dont je ramassais les fragiles enveloppes de peau blanche et fi ne, elles sont classées parmi les espèces disparues, comme le sont les papillons machaons, plus beaux que ceux de l’Amazonie. […] Où sont « les prairies murmurantes des nuits d’été » si chères à François Mauriac, "l’immense vibration des grillons, des sauterelles et des cigales" ? J’avais oublié les cigales de Malagar ! Elles ne chantent plus aujourd’hui que dans notre souvenir. Leur disparition, déjà lointaine, complète, définitive, fait régner sur cette campagne, dans la canicule des étés, un silence de mort. Seules rescapées de cet anéantissement, quelques libellules, au corselet vert ou bleu, surgissent encore brusquement, zigzaguant et troublant un instant le silence de leur vol métallique. »

 

François Mauriac, Préséances.

 

« Les fils de famille des Grandes Maisons en quelque manière sont interchangeables, tous corrects (habillés par le même tailleur), tous sportifs et délivrés du bureau vers 5 heures, tous enfin exempts des lois communes de la civilité, maîtres de saluer ou de ne pas saluer, dispensateurs incorruptibles de mépris (...) »

 

« Je passais une partie de la nuit à fumer et à rêver dans mon cabinet plein de livres dont les Fils eussent été fort choqués de voir que les pages étaient coupées (...) »

 

« Ces messieurs des Grandes Maisons, qui dans ce temps-là m’honoraient de leur faveur, me firent entendre qu’ils ne pouvaient souffrir le « genre artiste ». Je me le tins pour dit »

 

Régine Deforges situe l’action de La Bicyclette bleue dans le domaine de Malagar, qui appartenait à François Mauriac. « Je suis rentrée dans cette famille quand j’ai épousé son petit-fils, le dessinateur Wiaz. » dit-elle. Elle avoue aussi que ce liquoreux produit dans l’aire des premières Côtes de Bordeaux Saint-Macaire, elle l’a dans la peau. « C’est un vin que l’on buvait à l’apéritif. Il est frais, parfumé, élégant. Avec un crottin de Chavignol, un roquefort ou un foie gras, c’est un plaisir. » Elle cite aussi Meursault et l’Anjou. « Les bons vins me procurent de la joie. » Elle dit encore qu’une bonne bouteille peut surprendre mais ne pas tromper. Pour elle, le vin reste davantage lié au cigare. « Depuis que je suis allée à Cuba, j’ai découvert leur ressemblance. Le torcedor, c’est l’oenologue du cigare. Avec un vieux vin de Malagar, c’est idéal. » « Dans Et quand viendra la fin du voyage... Fayard, 2007, le dixième et dernier de la série commencée par La Bicyclette bleue, Léa fait des allers-retours entre la Bolivie et son domaine de Montillac, inspiré de Malagar... »

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commentaires

L
<br /> <br /> Le<br /> Premières Côtes de Bordeaux Château Malagar 1929 est encore un<br /> très bon vin (niveau très basse épaule/vidange ).<br /> <br /> <br />  Il accompagna de beaux fromages : Ossau,<br /> Lusseau, Fourme d’Ambert, Fourme Valcinières.<br /> <br /> <br /> <br />
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