Ne frétillez pas bande de coquins, ici je ne parle que de vin et mon ex-reine de beauté n’exhibe pas ses charmes sur des podiums elle se contente de poser son cul sur le haut d’une banale étagère d’un magasin de hard discount parisien dans le 15ième arrondissement.
Le hasard est souvent mon meilleur allié, en effet mardi dernier sortant de mon bureau je me suis dit que j’allais traverser la rue de Vaugirard pour aller fourrer mon nez chez ED pour voir si les rouges qui bougent, ceux du Roussillon, y étaient en rayons. Sans être mauvaise langue et vouloir faire des rapprochements osés, c’était le bordel total : des cartons entravaient les allées, des épluchures de légumes jonchaient le pavé... J’accédais donc avec difficulté au rayon pinardier pour n’y découvrir qu’un vulgaire rosé roussillonnais à 1,70 € embouteillé par un drôle d’oiseau qui fait des Trilles. Comme dans l’histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide j’étais à la fois déçu et content de voir qu’aucun rouge roussillonnais ne se trouvait dans ce type de maison de basse extraction.
C’est alors que mon œil acéré est tombé sur le joli minois de l’ex-reine de beauté dont je vous ai parlé. Vous me connaissez j’en fus tout bouleversifié. Beau corps élancé, svelte, habillage sobre, beau médaillon gravé, superbe origine... mais que venait-elle faire dans cette galère cette belle dont je tairais le nom. Oui, après mure réflexion, j’ai décidé de vous conter mon histoire sans dévoiler l’identité de l’ex-reine de beauté car l’important ce n’est pas elle mais le miroir aux alouettes des concours.
Je m’explique, le médaillon fort alléchant, la médaille d’argent, silver métal, apposé sur la poitrine de la belle faisait référence au Concours des féminalise de Beaune 2009. J’avoue mon ignorance crasse, et pourtant je me pique d’être bien informé, j’ignorais jusqu’à l’existence de cette manifestation. Rentré at home je sollicitais Google et je tombais sur www.feminalise.com
« Concours exclusivement réservé aux femmes. »
Les dégustatrices professionnelles et oenophiles du concours des Féminalise sont réunies une fois par an pour déguster les Vins de France. Elles attribuent la distinction Féminalise Or, Argent ou Bronze à seulement 1/3 des vins présentés. Les femmes sont devenues amatrices du vin, 45 % d’entre elles en consomment.
En France, 78 % des femmes achètent le vin en grande surface, en Allemagne 70 % et aux Etats-Unis 80 %.
Ne dit-on pas que les femmes ont l’art et possèdent le talent de savoir déguster le vin ?
N’est-il pas vrai que les résultats des dégustations féminines participent à l’évolution du goût du vin ?
20 ans d’expérience d’organisateur de Concours de vins, ont permis à Didier Martin de constater l’impact économique des femmes sur le monde du vin. Il a eu donc cette idée originale de créer Féminalise :
Le concours des Féminalise est ouvert à tous les vins de France
AOC-AOVDQS-VDP (blanc/rosé/rouge et effervescent) de viticulteurs, viticultrices, caves coopératives, négociant(e)s.
Chaque vin est dégusté par 3 femmes placées à des tables éloignées.
18 vins environ sont dégustés pour stimuler l’excitation de tous les sens, sans fatiguer le palais.
Les vins présentés et servis par des sommeliers sont dégustés à l’aveugle, les bouteilles glissées dans des chaussettes opaques de couleur pour cacher l’étiquette.
Chacune déguste un vin différent de sa voisine, il n’y a donc ni commentaire ni influence mais le silence total, la concentration et l’harmonie pour un résultat optimal.
Commentaires d’un homme qui aime les femmes:
Voilà bien une idée d’homme mais si des femmes se prêtent au jeu je n’ai rien à reprocher au concept s’il participe à l’extension du domaine du vin. Ce qui m’intéresse en la matière c’est la crédibilité des résultats d’une telle compétition. Dans la mesure où je ne dispose d’aucun élément sur les juges – est-ce important d’ailleurs ? – puisque l’organisateur ne donne aucune précision sur elles, ce qui m’intéresse c’est la représentativité des lauréats dans leur région, appellations ou dénominations, couleur... Là aussi, ne disposant que des chiffres globaux ci-dessous pour l’année de référence de ma reine de beauté : 2009, la profusion de médailles laisse songeur. En effet, ce qui serait probant c’est de mettre en évidence face à la médaille d’argent de ma compétitrice le nombre de compétiteurs ou compétitrices qu’elle a affrontée. Je sais que l’organisateur va me rétorquer que les médailles sont décernées dans l’absolu pour les qualités intrinsèques du produit et non dans une compétition entre des vins d’une même appellation ou dénomination ou région ou couleur. Un peu de transparence ne nuirait pas tout de même et la publication sur le site de statistiques anonymes sur la provenance des vins donnerait une image un peu plus réaliste de la situation. 751 médailles c’est quand même de l’inflation.
Beaune, le 23 avril 2009
Concours présidée par Macha Meril, actrice, écrivain.
2350 échantillons de toute la France
350 dégustatrices
31% des vins sélectionnés
225 Médailles d'or
310 Médailles d'argent
216 Médailles de bronze
Reste un dernier détail qui m’a fait garder l’anonymat sur la détentrice de la médaille d’argent : le prix. En effet, comme je suis un fouineur je suis allé voir les détails la concernant sur le site et j’ai pu constater que le prix de référence était affiché comme étant > à 10 €. Un beau prix donc mais assez en adéquation avec la notoriété de ce cru d’une appellation des Côtes du Rhône. Mais c’est là que mon titre se justifie puisque que chez ED je l’ai acheté 4,59€, sacrée décote, non ! Mais comme me le faisait remarquer mon ami Yannick, jeune acheteur de vins pour la GD, pour un certain public une médaille ça fait vendre. Tant mieux donc mais là je trouve que le malaise s’installe, ça me gêne de voir exhiber des médailles qui, sans être en chocolat, me semble tout de même distribuée avec une certaine facilité à grande brouettée...
Mais pour ne pas me faire taxer d’atteinte au droit des femmes à déguster des vins – étant quand même entendu que mes remarques s’appliqueraient à un concours réservé aux hommes – je vous offre en bonus l’hommage de Julio Iglesias...