Je ne vais pas vous faire le coup de « je vous l’avais bien dit » mais me contenterais de rappeler que souvent je vous ai demandé de réfléchir avec le recul nécessaire.
La profondeur chère à Alessandro Baricco, tout le contraire des barbares qui ont inventé l’homme horizontal qui consacre tout son temps, son intelligence à voyager en surface, au lieu de se damner à plonger en profondeur.
Le surf, l’instant, l’absence d’effort, le flux tendu, la superfiacilité…
- En février 2008 j’avais écrit une petite chronique à propos de La société de défiance.
C'est le titre d'un petit opus (99 pages format 14x18) qui a été élu par le magazine Lire MEILLEUR ESSAI 2007, il est sous-titré : « Comment le modèle social français s'autodétruit » il est signé par Yann Algan et Pierre Cahuc du Centre Pour La Recherche et ses Applications dirigé par un économiste dont j'apprécie les analyses Daniel Cohen.
« Même si je ne suis pas très amateur de grandes enquêtes internationales menées par des officines spécialisées, les grandes tendances qu'elles dégagent sont significatives et donnent une grille d'analyse intéressante. Pour avoir vécu en direct, les mains dans le cambouis, le blocage des routes par les camionneurs, le « siège » de Paris par les tracteurs de la « Coordination Rurale », les exactions en tout genre des CAV, des producteurs de pomme de terre bretons, des éleveurs de moutons contre les camions anglais... Je partage largement le diagnostic avancé par les auteurs dans la seconde partie de l'ouvrage. Comme à l'accoutumé je vous livre des extraits de l'introduction pour vous inciter à lire l'ensemble.
Pourquoi les Français ne se font-ils pas confiance ? Pourquoi se méfient-ils autant de leurs voisins que des politiciens, de la Justice, ou des médias ? Et surtout quelles sont les conséquences pour notre capacité à faire société et à dégeler notre économie ?
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- La Chronique de Brice Couturier du 09.09.2014 La société de défiance
« Pourquoi les Français ne se font-ils pas confiance ? Pourquoi se méfient-ils autant de leurs voisins que des politiciens, de la Justice, ou des médias ? Et surtout quelles sont les conséquences pour notre capacité à faire société et à dégeler notre économie ?
Dans une étude devenue classique de 2007, « La société de défiance, comment le modèle social français s’autodétruit », les économistes Yann Algan et Pierre Cahuc pointaient le rapport étroit entre défiance et incivisme. La France, selon un sondage du World Values Survey est le pays où la plus forte proportion de personnes interrogées ne trouvaient « pas injustifiables de réclamer indûment des aides publiques ». Et c’est aussi l’un des trois pays où la méfiance envers les autres et les institutions est la plus élevée.
Explication : dans une société où chacun soupçonne son voisin de tirer avantage du système, chercher à en faire autant n’apparaît pas comme fautif. Quand les règles passent pour universellement tournées, ceux qui les respectent se sentent floués. Quand les simples citoyens apprennent qu’un député, voire un ministre, ne paye pas ses impôts, ils sont incités à frauder eux-mêmes. Le niveau élevé de la fraude, fiscale et sociale, dans notre pays, qui contraste avec la vertu des Scandinaves, pourtant bien taxés, eux aussi, s’explique de cette manière. »
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- « La Fabrique de la défiance... et comment s'en sortir », de Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg : le pessimisme, un mal français
Cinq ans après la sortie de leur premier livre commun, La Société de défiance (Ed. Rue d'Ulm, 2007), salué par la critique, Yann Algan et Pierre Cahuc revisitent, avec leur confrère André Zylberberg, le pessimisme français. A partir des résultats d'une série d'enquêtes internationales comme le World Values Survey ou européennes comme l'European Social Survey, et des travaux de recherche en sciences humaines les plus récents sur le capital social, les auteurs insistent sur l'ampleur du mal-être des Français, qui "grandit".
« Des informations, disséquées par des milliers de chercheurs montrent que le bien-être dépend de la qualité des relations sociales", soulignent les auteurs... Ils observent que, depuis l'après-guerre, la hausse des niveaux de vie dans les pays industrialisés ne s'est pas accompagnée d'une hausse significative du bien-être. Ce paradoxe, ils l'expliquent pour la France par la conviction que « la défiance est au cœur de notre mal » et « détruit notre lien social ». Ils décrivent une société « refermée sur elle-même » dont « la défiance par indifférence réciproque s'entretient d'elle-même ».
Comment expliquer ce travers français ? D'abord par notre école, « archétype de l'enseignement vertical ». « Nous sommes les champions de l'absence de travail en groupes », déplorent les auteurs, dont deux sont enseignants, en insistant sur le coût de ce dysfonctionnement, à savoir des résultats médiocres et des inégalités. « Nos méthodes pédagogiques et la formation de nos enseignants favorisent un élitisme forcené qui se révèle contre-productif. Y compris dans l'entreprise », écrivent-ils.
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