Avec ce temps enfin d’hiver, pour chevaucher ma flèche d’argent, emmitouflé je suis, même la goutte au nez, et, lorsque j’arrive dans la caverne exquise d’Alessandra, tout près de l’église ND de Lorette, je goûte la douce chaleur du lieu, aussi bien celle des sourires que des calories.
Je viens récupérer un précieux et rare flacon et je tombe nez à nez en entrant avec les Croxetti d’Alessandra, pour être franc je découvre une petite affichette où tout est dit sur les Croxetti.
Pas le temps de respirer que me voilà embarqué dans une dégustation, sous les voutes de la belle cave de RAP, avec Loffredo Sabino vigneron à Pietracupa près d'Avellino, dans l’arrière-pays de la Campanie.
Mais revenons d’abord aux croxetti ou corzetti qui font battre mon cœur d’ex enfant de cœur : pensez donc ces pâtes, les plus classes d’Italie selon Alessandra, ont la forme d’une hostie (2,5cm de Ø) décorées de motifs apposés à l'aide d'un poinçon en bois réalisé à la main.
Alessandra est Génoise, et les croxetti « ont vu le jour dans les cuisines des riches familles patriciennes de la République de Gênes. Faites pour impressionner, ces pâtes étaient décorées à leurs armoiries : mets princiers pour maîtres puissants ! »
« Il ne reste plus qu'un seul artisan à perpétuer la tradition des croxetti, qui désignent à la fois les pâtes, mais aussi les poinçons en bois qui servent à imprimer les motifs qui les décorent. Pietro Picetti dont l'atelier se trouve à Varese Ligure, au sud de la Ligurie, grave ses croxetti d'étoiles, de rameaux d'oliviers, d'initiales ou de croix (qui sont avec les armoiries les motifs traditionnels et dont les croxetti tirent leur nom). Il se chuchote que l'empereur Akihito serait un client !
Ces poinçons ont deux fonctions. Le manche sert à découper la forme ronde des pâtes qui sont ensuite placées en sandwich entre le manche et la base du poinçon où sont gravés le motif qui va s'imprimer sur l’une des faces de la fameuse hostie.
Pour Alessandra « Les croxetti se dégustent idéalement nappés de pesto genovese. En effet, les rainures du motif absorbent et retiennent délicieusement la sauce. »
Comme les vins de Loffredo Sabino m’ont séduit, de grand blancs sur 3 millésimes : 2003, 2008 et 2010, monocépage fiano et gréco qui sont typiques de la Campanie. Produit à 300 mètres d’altitude sur une fine couche d'argile et de sable recouvrant du compact tuf, héritage des anciens volcans les raisins prospèrent dans un climat certes très méridional mais bénéficie d’une amplitude thermique très importante.
Ces vins, élégants, profonds, au merveilleux potentiel de vieillissement, les 2003 ont gardé une fraicheur exceptionnelle, sont d’une grande pureté, cristallins, avec une salinité remarquable pour le fiano et une pointe d’acidité que j’aime tant chez le gréco.
Les 2008 sont remarquables mais malheureusement quasi-introuvables. RAP bien évidemment vend les vins de Loffredo Sabino…
Belle découverte de 2 cuvées et d’un vigneron d’une grande simplicité…