Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 février 2016 3 24 /02 /février /2016 06:00
Quand Jacques Dupont met Bordeaux sur le divan pour une analyse Junguienne il convoque Jean-Paul Kauffmann…

Je suis fou des clins d’œil que me fait en ce moment l’actualité.

 

Hier je défendais les petits producteurs avec Merci Patron  et ce matin le film faisait la une de la critique de France-Inter.

 

Dimanche j’accompagnais Jean-Paul Kauffmann Outre-Terre  et il était au micro de France-Inter.

 

Et ce n’était pas fini car en début d’après-midi l’un des « bordeaulogues » Jacques Dupont – il y eu au temps des Soviets des kremlinologues – le plus pointu et avisé de notre doulce France des terroirs, nous délivrait une consultation sur un patient souffrant de désamour : Bordeaux.

 

Chaussant ses petites lunettes notre analyste bas-bourguignon convoquait pour conforter son ouvrage Jean-Paul Kauffmann :

 

« À cause de cette vision purement comptable et financière, une fidélité est en train de se perdre auprès des amoureux du vin de Bordeaux. Perte de confiance qui constitue une cassure. Il n'est jamais sain que la flamme cesse d'être entretenue par les amateurs du pays producteur. Quand une habitude, un goût, une pratique se perdent, difficile de les reconquérir. »

 

Je riais dans ma barbe blanche de 3 jours.

 

Voici quelques saillies extraites du long texte que vous pouvez consulter ICI de notre « bordeaulogue » plus junguien que freudien mais par bonheur en ne dérivant pas dans le langage lacanien. Sans doute est-ce là l’influence de Michel Onfray grand amateur de Sauternes

 

« Alors que l'œnotourisme bat son plein et que même le Médoc s'entrouvre, qui longtemps sur l'échelle de l'accueil jalousait Pyongyang… »

 

Évidemment, on pourrait se demander : mais pourquoi ne communiquent-ils pas sur cette question ? – ndlr La certification bio – Pourquoi, tous ces porte-drapeaux ne marchent-ils pas en tête d'une troupe conquérante en vue d'un Valmy viticole, au son d'une Marseillaise (écrite à Strasbourg, ça c'est la France !) abreuvant les sillons de cabernet et de merlot en bataillons d'assemblage ? »

 

Le classement de saint-émilion qui entraîna toute une série de péripéties judiciaires pour aboutir à un remaniement clientéliste qui fait rire ou pleurer bien au-delà de nos frontières et qui a failli provoquer le départ volontaire d'Ausone et Cheval Blanc du podium. L'affaire n'est d'ailleurs pas close.


- La notation Parker qui, si elle a rendu de grands services à l'export vers les États-Unis, contribua grandement à donner du monde viticole bordelais une image trouble où se mêlaient amitiés et prébendes.

 

« Chez nous, on parle terroir ; chez eux, on parle d'argent ! » s'amuse le vigneron bourguignon invité aux primeurs… Comment le contredire ? »

 

« À la décharge de ceux qui dirigent ces grands crus, difficile, pour ne pas dire schizophrénique, d'agir en faveur de l'intérêt commun tout en ayant une pensée obnubilée par la place de son domaine dans la hiérarchie des crus. »

 

« On rencontre dans ces lieux des gens raffinés, intelligents, généreux, parfois d'une grande humanité, mais capables de devenir des loups pour peu qu'on touche à leur grisbi, de se transformer en Rastignac ou, plus modestement, en César Birotteau et l'univers balzacien de la Comédie humaine y semble parfois encore d'actualité. »

Partager cet article
Repost0
23 février 2016 2 23 /02 /février /2016 06:00
Sous l’or des belles filles de Dior se cache aussi la misère : allez donc voir « Merci Patron » de François Ruffin et soutenez les petits producteurs !

Dans le boboland parisien les petits producteurs ont la cote, ils touchent au cœur celles et ceux qui comme moi n’ont pas été nourri au lait cru du pépé Louis, au beurre de la tante Valentine, aux poulets de la mémé Marie et au colin au beurre blanc de maman.

 

Certains chantres des petits producteursqui vivent sur la bête, en arpentant les temples de la bonne bouffe, exploitent le filon en se faisant sponsoriser à l'occasion de leur raout par les géants : les producteurs de lait de Danone vous disent merci pour ce moment. Moi je n’y mets pas les pieds...

 

Moi aussi j’ai mes petits producteurs : Mille et une production 

 

C’est une société française de productions de films de longs métrages pour le cinéma. Créée en 1998, elle est dirigée par trois producteurs associés : Anne-Cécile Berthomeau, Edouard Mauriat et Farès Ladjimi.

 

Ils ont produit 16 fictions et 5 documentaires et notamment : «Le cauchemar de Darwin», «Je veux voir», «Le plaisir de chanter», «Nos héros sont morts ce soir», «Les chèvres de ma mère».

 

Le mercredi 24 février sortira dans cinquante puis dans deux cents salles le documentaire « Merci patron ! » de François Ruffin.

 

 

Merci patron ! ou comment un couple de chômeurs et un journaliste ont piégé Bernard Arnault 

 

Mais Bernard Arnault, le héros, pourrait riposter en ayant recours à un référé pour contrarier sa sortie.

 

Europe 1 : La direction décommande un invité de Frédéric Taddeï

 

Le réalisateur du film Merci patron ! ridiculisant Bernard Arnault devait participer mardi prochain à l'émission de Frédéric Taddeï, "Europe 1 social Club". 

 

L’histoire :

 

« Pour Jocelyne et Serge Klur, rien ne va plus : leur usine fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes, mais elle a été délocalisée en Pologne. Voilà le couple au chômage, criblé de dettes, risquant désormais de perdre sa maison.

 

C’est alors que François Ruffin, fondateur du journal Fakir, frappe à leur porte. Il est confiant : il va les sauver. Entouré d’un inspecteur des impôts belge, d’une bonne sœur rouge, de la déléguée CGT, et d’ex‑vendeurs à la Samaritaine, il ira porter le cas Klur à l’assemblée générale de LVMH, bien décidé à toucher le coeur de son PDG, Bernard Arnault. Mais ces David frondeurs pourront-ils l’emporter contre un Goliath milliardaire ?

 

Du suspense, de l’émotion, et de la franche rigolade. Nos pieds nickelés picards réussiront‑ils à duper le premier groupe de luxe au monde, et l’homme le plus riche de France ? »

 

Si vous souhaitez connaître l’histoire de la saga de Bernard Arnault commencée avec les frères Willot lisez cette chronique :

 

 

D’où viens-tu Bernard ou la résistible ascension d’un p’tit gars de Roubaix dénommé Arnault «Férinel, propriétaire à la mer» ?

 

Il s’appelle Bernard Arnault (…) Un Français, qui a quitté l’Hexagone pour les États-Unis lors de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 (…) Personne ne le connaît ou presque. Son père possède une entreprise, Férinel, qui construit des résidences secondaires. Il est originaire du Nord de la France et polytechnicien » Il est né le 5 mars 1949 près de Roubaix. Son père, entrepreneur en bâtiment, a créé une entreprise moyenne mais prospère, qui se spécialise dans les appartements de tourisme avec un slogan « Férinel, propriétaire à la mer ». Nommé directeur de la construction de l'entreprise en 1974, il en devient le directeur général en 1977 avant de succéder à son père à la tête de la société en 1978. « L’homme est ambitieux. Outre-Atlantique, il a tenté sa chance en réalisant quelques opérations immobilières mais sans grand succès. »

La suite ICI 

 

Si vous souhaitez soutenir les petits producteurs allez au cinéma voir « Merci Patron» qui sort demain près de chez vous.

 

Merci pour eux !

 

"Merci patron", le docu qui titille Bernard Arnault : "J'ai bien senti que le sujet dérangeait"

 

INTERVIEW - François Ruffin, journaliste et réalisateur du film "Merci Patron !", privé, dans un premier temps, de promotion sur Europe 1, a répondu à nos questions. Il dénonce les méthodes de LVMH pour censurer la sortie du film.

 

Aux projections presse, j'ai bien senti que le sujet dérangeait. Un journaliste du Parisien est venu voir mon attachée de presse pour lui dire qu'il adorait le film mais qu'il n'écrirait pas une ligne dessus. Pareil pour la journaliste des Echos qui a vu le film (les deux titres sont détenus par le groupe LVMH, ndlr). Déjà à la production du film, le CNC (Centre national du cinémanous a refusé tous les financements. Et alors qu'on devait avoir un partenariat avec une association caritative, elle s'est retirée en raison de ses liens avec LVMH. 

41 salles joueront le film tous les jours du 24/02 au 1er mars :

Amiens (Ciné Saint-Leu)

Angers (400 coups)

Annecy (4 Nemours)

Avignon (Utopia)

Bayonne (Atalante)

Bordeaux (Utopia Saint-Siméon)

Caen (Lux)

Chambéry (Astrée)

Clermont-Ferrand (Rio)

Colmar (Colisée)

Dijon (Eldorado)

Fontenay-sous-Bois (Kosmos)

Grenoble (Club)

Le Mans (Cinéastes)

Lille (Métropole)

Lyon (CNP Bellecour)

Marseille (César)

Metz Caméo (Ariel)

Montbéliard (Colisée Concorde)

Montpellier (Diagonal Capitole)

Montreuil (Méliès)

Nancy (Caméo Saint-Sébastien)

Nantes (Concorde)

Nice (Mercury)

Paris (La Bastille)

Paris (Espace Saint-Michel)

Paris (Gaumont Opéra)

Paris (Louxor)

Paris (MK2 Beaubourg)

Paris (Sept Parnassiens)

Perpignan (Castillet)

Poitiers (TAP Castille)

Rennes (Ciné TNB)

Saint-Claude (Maison du Peuple)

Saint-Etienne (Méliès)

Saint-Ouen-l'Aumône (Utopia)

Strasbourg (Star)

Toulouse (Utopia)

Tournefeuille (Utopia)

Valence (Navire)

Sous l’or des belles filles de Dior se cache aussi la misère : allez donc voir « Merci Patron » de François Ruffin et soutenez les petits producteurs !
Partager cet article
Repost0
21 février 2016 7 21 /02 /février /2016 06:00
Jean-Paul Kauffmann n’écrit pas de romans et pourtant j’ai lu son dernier livre OUTRE-TERRE comme un roman.

Lorsque j’entre dans un livre qui me plaît, me captive, j’ai du mal à en sortir. JPK a eu l’amabilité de me faire parvenir son dernier opus OUTRE-TERRE, je l’ai lu comme un roman presque d’un seul trait.

 

Pour la présentation du livre je vous renvoie à son éditeur ICI 

 

 

Ma présente chronique est plus personnelle, elle est la compilation de ce qui, si je puis l’écrire, me relie à JPK.

 

Je vous confie donc une partie de ce que j’ai souligné, avec mon fidèle crayon de papier, au fil de ma lecture.

 

Une autre chronique suivra, plus Vin&Cie…

 

« J’ai un faible – plus qu’un faible, une complaisance – pour les lieux qui n’entretiennent aucune illusion. Aller voir lorsqu’il y a rien à voir. »

 

 

« Königsberg, ce nom me faisait rêver. Kant y était né, Hanna Arendt, l’auteur de De l’humanité dans de sombres temps, y avait passé une partie de sa jeunesse. »

 

La Prusse-Orientale coupée du Reich, après le traité de Versailles, par le fameux couloir de Dantzig.

 

 

Königsberg, ancienne place prussienne, devenu Kaliningrad port militaire le plus occidental de l’Empire Soviétique, cité interdite jusqu’en 1991.

 

Royaume oublié « enserré par la Pologne au sud et la Lituanie au nord… l’indépendance des trois pays baltes et leur intégration à l’Union Européenne ont isolé un peu plus cette région de la « Grande Russie ».

 

« … cette enclave cachée entre la Pologne et la Lituanie. Elle m’apparaît comme un île, un arrière-monde, un fragment bien détaché. Il y fait un froid du diable mais je me sens bien dans cette encoignure prussienne. »

 

Eylau le 9 février 1807 « restera le jour le plus cauchemardesque de la Grande Armée avec le lendemain de la bataille de Borodino. »

 

« La victoire m’est restée mais j’ai perdu bien du monde. »

 

Lettre de Napoléon à Joséphine dictée à trois heures du matin.

 

« La boucherie d’Eylau », expression due à Percy, le chirurgien en chef de la Grande Armée.

 

La toile du Baron Gros exposée salle Mollien au Louvre: Napoléon sur le champ de bataille d’Eylau, œuvre de commande de l’Empereur qui organise un concours « l’autorité impériale prescrit ce qu’il convient de peindre : l’église d’Eylau, le ciel livide, la neige (mais pas la boue), les blessés et les morts, enfin et surtout l’Empereur. Non pas en vainqueur mais en consolateur. La notice du concours précise qu’il doit être vêtu d’une « pelisse ou polonaise de velours gris de perles, ganses d’or, fourrure de martre. »

 

« Malgré le blanc de la neige – ou plutôt à cause de ce blanc – cette peinture est noire… »

 

« Le gris insurpassable du baron Gros… c’est un gris qui n’en est pas un. Au lieu de composer une couleur intermédiaire entre le blanc et le noir, un gris tourterelle, ardoise, souris, perle ou anthracite, Gros a inventé une autre, le gris d’Eylau, couleur intermédiaire qui n’est ni le froid ni le feu. Camaïeu du désastre à venir. Grisante, elle aussi. »

 

Colonel Chabert ? La transaction de Balzac.

 

« Le bétail de l’Éternité » Léon Bloy.

 

Le film d’Yves d’Angelo Le colonel Chabert avec Gérard Depardieu et Fabrice Luchini.

 

Pierre Benoît et le Roi des Aulnes de Michel Tournier.

 

Bouvines un moment important comme l’analyse Duby. « Eylau n’aura jamais cette portée, même si les mots de « boucherie » et de « chair à canon » imaginés pour la circonstance ont fait florès. »

 

« Le ciel, les champs, tout était noir » Hugo dans son poème sur Eylau.

 

Le clocher de l’église d’Eylau l'obsession de JPK lui rappelant le film d’Hitchcock Vertigo.

 

Kubrick et son projet avorté de film sur Napoléon « ce qui fascinait le plus Kubrick, c’est l’échec ultime du personnage, « la chute sans appel dont il fut, en définitive, le seul responsable ». La figure de Barry Lindon emprunte beaucoup de traits à Napoléon, « il va chuter du fait de ses émotions, de sa vanité, de sa folie. »

 

« Je signale à mon compagnon que nous marchons probablement sur les morts. »

 

« Je suppose que la terre, elle aussi, possède une mémoire. Elle stocke et restitue objets et informations. Puis, peu à peu, cette vie des profondeurs s’épuise et redevient inerte, frappée d’amnésie. »

 

Julia, prononcez Ioulia, l’interprète « qui pourrait appartenir à la catégorie fashionista russe. Elle porte des mitaines en cuir, un élégant manteau d’hiver et des bottes à talons aiguilles. Les lunettes de soleil qu’elle exhibe dans la voiture proviennent, semble-t-il, de chez Dior – c’est indiqué sur l’une des branches. Aujourd’hui elle est particulièrement en beauté. Son maquillage qui n’est pas outrancier met en valeur l’harmonie des traits. »

 

La famille Kauffmann, Joëlle « heureuse… elle est avec ses trois hommes, Jean-Pierre et les 2 garçons. Julia plaît bien à l’aîné…

 

Les années de pensionnat de JPK « cette époque n’est pas la plus heureuse de mon existence, cependant elle me fut pleinement profitable. J’eus pour toujours la révélation de la vraie vie, cette vie rêvée et « pleinement vécue » dont parle Proust à propos de la littérature. »

 

« Pendant mes années de pensionnat, le dimanche soir était le moment le plus sinistre de la semaine. Après la messe du dimanche matin, nous subissions les vêpres l’après-midi puis les complies, le dernier office célébré le soir. Je n’ai jamais autant ressenti le rabâchage des jours et la tristesse du monde que durant cette cérémonie. Je me réfugiais dans les livres. »

 

« J’ai mis longtemps à comprendre que le passé n’était pas un refuge. Il ne me console aucunement de la médiocrité d’aujourd’hui. C’est la mise en absence qui m’émeut, le signe irrémédiable qu’il manquera toujours quelque chose. »

 

« Ce voyage est un acte de fidélité à l’enfance. »

 

« On prend pour de la froideur ce qui est chez moi de la crainte d’empiéter chez autrui. »

 

« Écrire : le seul moyen que j’avais trouvé pour me tirer d’une situation embarrassante. Sur les livres et les écrivains, je n’ai jamais perdu la foi. Suis-je devenu excessivement dévot ? Cette réflexion de Peter Tarnepol, un personnage de Philippe Roth, s’applique parfaitement à moi : « La littérature m’a mis dans le pétrin. À elle de m’en sortir. »

 

 

À propos de Kant « Si cela existe, cela doit être intelligible » ce qui donne le vertige à JPK qui note, et la suite vous fera saisir que ce n’est pas une réflexion en l’air : « C’est dommage : il méprisé l’odorat. Ce sens le dégoûtait. Je constate d’ailleurs que sa ville natale n’exhale rien. Aucune haleine. Dans un congélateur, c’est certain on ne sent pas grand-chose. »

 

Jean-Paul Kauffmann est un grand capteur d’odeurs  la preuve à nouveau ci-dessous.

 

« L’escalier que Julia a du mal à monter avec ses talons aiguilles sent le placard à balais et cette odeur aigre, humide propre aux lieux qu’on néglige de chauffer en hiver.»

 

« Julia a raison, c’est la nuit noire. L’odeur grasse de lignite flotte dans l’air. »

 

« Dehors, l’atmosphère est imprégnée de cette odeur de fagots brûlés et d’allumettes qu’on vient d’enflammer. »

 

« Il paraît que le sang exhale une odeur de fer. »

 

« Malgré la température glaciale, on peut imaginer que le champ de bataille répandait nombre d’effluves : outre les exhalaisons croupies de la neige fondue, mêlée à la boue, cela devait sentir l’acier refroidi, la paille brûlée, le cuir roussi, le soufre et la suie de la poudre à canon. « Partout des excréments, du fumier, des ventres de bestiaux, des chevaux écrasés, de débris pourris et infects », constate encore Percy. Il est le seul à parler de la merde. »

 

« Au fond du minibus où flottent l’odeur poussiéreuse de tissu surchauffé et le parfum français de Julia… »

 

« L’air répand une odeur figée de vapeur d’eau épaissie par le froid avec cette empreinte grasse de suie. »

 

« Cela sent un mélange de vieux tapis, d’odeur vanillée de poudre de riz et de cornichons aigre-doux. Une senteur en effet orientale, légèrement renfermée, nullement rebutante comme si tous ces effluves de confinement nous protégeaient du monde extérieur où le froid violace le visage des passants. »

 

« Nous nous sommes habitués à l’odeur de l’habitacle, un parfum démodé des sièges de vieux cinéma auquel se mêlent les fragrances poudrées et enivrantes de Julia (Mitsouko de Guerlain, nous a-t-elle précisé fièrement, sans d’ailleurs qu’on le lui ait demandé.) »

 

« La maison sentait la caverne, une odeur spongieuse de mousse et de terre battue. J’avais l’impression de me trouver dans une champignonnière. »

 

« La resserre sentait la souris crevée. »

 

« Par bouffées, nous arrivent de la petite ville des émanations de lignite, ce charbon bon marché en usage dans les pays de l’est, mélange de bitume et de pyrite qui peut rappeler l’œuf pourri. L’odeur des ex-pays communistes. »

 

« Comme toute chose ici-bas, le froid possède une empreinte olfactive. Il exhale une odeur opaque et crissante où prévalent des senteurs métalliques, des notes d’oxydation qui rappellent la rouille, quelque chose d’astringent. Cette sensation resserre l’odorat. »

 

Chronique à suivre… Bon dimanche… et bonne lecture future d'OUTRE-TERRE...

Partager cet article
Repost0
20 février 2016 6 20 /02 /février /2016 06:00
nature morte au pain - peinture murale - Musée de Naples (photo © Patricia Carles)

nature morte au pain - peinture murale - Musée de Naples (photo © Patricia Carles)

De nos jours dans les cantines bistronomiques le pain perdu c’est chic et cher…

 

Le pain au Bourg-Pailler c’était sacré. Avant de le trancher, à la pointe du couteau du pépé le pain de quatre livres était signé de la croix.

 

Pour ne pas donner le pain rassis à manger aux cochons on en faisait des grillées, de la chapelure ou du pain perdu.

 

Simple comme le lait de nos vaches, les œufs de nos poules et le beurre baraté à la main, et salé au gros sel, de la tantine Valentine.

 

Son origine me dit-on serait associée au premier lundi qui suit l’Épiphanie, la fête des Rois mages appelé « lundi perdu », car chômé.

 

La recette traditionnelle consiste à tremper des tranches de pain rassis dans un mélange de lait et d’œufs battus : 2 pour ½ litre. Les tranches, une fois imbibées puis égouttées, sont cuites à la poêle dans du beurre. Lorsqu’elles sont dorées sur les deux faces, il suffit de les saupoudrer de sucre glace avant de servir.

 

Appelé « pain crotté » en Alsace, dans le Nord ou en Poitou-Charentes.

 

« Dans ma Normandie natale, vous pourrez le trouver flambé au Pommeau ou au Calvados, servi avec de la confiture de pommes. » chef Simon Le Monde

 

Chez les Ch'tis, on emploie parfois le terme «pain ferré». Le sucre est remplacé par de la cassonade dans le Nord.

 

En Espagne c’est « torrija ».

 

En Allemagne, on parle de «Armer ritter», «chevalier pauvre», qui désigne un repas pouvant être préparé avec peu de moyens financiers grâce aux ingrédients bon marché.

 

« Croûte dorée » en Suisse.

 

Au Portugal, où il appelé « rabanadas » c’est à la période de Noël qu’on le déguste.

 

Au Maghreb, le pain perdu se dit «khobz m’hamar», et au fil du temps, d’autres aromates ont été rajoutés à la recette basique pour donner plus de goût et de saveur, en ajoutant par exemple de la cannelle, de la vanille, de l’orange…

 

« Pain doré » au Québec accompagné de sirop d’érable et « french toast » aux États-Unis.

 

Bref, depuis quelque temps ce plat de pauvre est, comme on le dit, revisité par les stars de la haute cuisine comme par les chefs barbus et chevelus.

 

« S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche... »

 

La légende prête ces mots à Marie-Antoinette. Elle les aurait prononcés à la fenêtre du château de Versailles, le 3 octobre 1789, devant le peuple Parisien venu se plaindre auprès de Louis XVI de l'augmentation du prix du pain.

 

Les remakes du pain perdu se parent donc aujourd’hui « de chapelure d’épices…cannelle, coriandre, macis…, le pain brioché remplace le pain rassis, la crème fraîche se mélange à part égale avec le lait et il se sert accompagné de fruits rouges…fraises, framboises, myrtilles, groseilles… et de glace au gingembre. »

 

« Ailleurs, plus simplement, les disques de brioche, dont la croûte a été ôtée, sont caramélisés dans du beurre additionné de sucre, après leur bain dans un mélange de lait, de crème fraîche et de jaune d’œufs uniquement. Ils sont ensuite enfournés une dizaine de minutes pour parfaire leur cuisson…La recette peut s’enrichir de nouvelles saveurs : cannelle, muscade, vanille, amandes effilées, noix de coco, chocolat, sirop d'érable, flambée au Grand-Marnier ou au rhum, accompagné de crème anglaise, de glace à la vanille, de crème chantilly… »

 

Dernières tranches

 

« Avec le reste de la miche de pain, quand arrivait le moment où elle avait bien durci, on coupait les dernières tranches pour faire du PAIN PERDU. Le croûton ne partait pas aux cochons: on en faisait de la chapelure pour faire des klops et boulettes de viandes.

 

En Ashkénazie occidentale (je vois que avez du mal à situer cette région: c’est-à-dire entre le sud de l’Ouest de l’Allemagne et les premiers contreforts des Vosges), on appelle ça Zimmet Schnitte parce qu’on y met de la cannelle et que ce sont des tranches. Les Allemands, toujours simples, lui donnent au moins quatre noms différents, les Américains et les Anglais nomment ça French Toast et de toute façon, je vous conseille de ne pas en manger là-bas: le pain est industriel et c’est tout le contraire de l’esprit du pain perdu. »

Le Canon Primeur NV Le Grande Colline Ardèche , mousseux , naturel , 750ML Muscat de Hambourg

Le Canon Primeur NV Le Grande Colline Ardèche , mousseux , naturel , 750ML Muscat de Hambourg

Partager cet article
Repost0
19 février 2016 5 19 /02 /février /2016 06:00
« Un certain nombre de parents mettent dans le panier de l'enfant la boisson de leur choix et qui est souvent 1/2 litre de vin, ou de cidre, ou de bière suivant la région » Dr Suzanne Serin, chef de clinique en hôpital psychiatrique
« Un certain nombre de parents mettent dans le panier de l'enfant la boisson de leur choix et qui est souvent 1/2 litre de vin, ou de cidre, ou de bière suivant la région » Dr Suzanne Serin, chef de clinique en hôpital psychiatrique

Thomas Snégaroff, le mardi 29 septembre 2015, sur France-Info, racontait « Dans les années 1950, l’État s'attaque fortement à l'alcoolisme infantile qui sévit dans les foyers mais aussi dans les écoles! Certains parents s'y opposent...

 

Retour en février 1956. Et il y a près de soixante ans en France, l’enjeu n’était pas encore la présence ou non de menus de substitution dans les cantines. Non, à l’époque certains parents exigeaient autre chose pour leurs enfants le midi à l’école :

 

« Un certain nombre de parents mettent dans le panier de l'enfant la boisson de leur choix et qui est souvent 1/2 litre de vin, ou de cidre, ou de bière suivant la région. J'ai eu vent récemment, dans la région parisienne, d'un petit drame: les parents insistant pour que la boisson soit donnée aux enfants, le discours s'y refusant, les parents ont décidé que les enfants boiraient leur vin avant d'aller à l'école. Les enfants arrivent à l'école rouges, suant et dorment à moitié toute la matinée... »

 

Cette voix est celle du docteur Suzanne Serin, chef de clinique en hôpital psychiatrique, qui évoque à la radio le problème de l’alcoolisme infantile.

 

Rappelons-nous, dans le film-culte d’Yves Robert, La guerre des boutons, la réplique du Petit Gibus : « C’est bon la goutte ! » Jacques Dufilho claironnant « Le Calva ça n’a jamais fait de mal à personne !»

À la Mothe-Achard, dans mes jeunes années, je n’ai pas fréquenté la cantine pour la bonne et simple raison qu’il n’y en avait pas. De toute façon je n’ serais pas allé car j’habitais à deux pas de l’école. J’étais un gars du bourg (sans jeu de mots car le lieu-dit de la maison familiale était le Bourg-Pailler). Ceux des fermes mangeaient à la gamelle sous le préau de l’école.

 

Je n’ai aucun souvenir de mes petits camarades biberonnant du rouge. Et pourtant, en ce temps-là en Vendée presque tout le monde possédait des bouts de vigne. 10ième département viticole et 2d pour l’alcoolisme juste derrière le Calvados. Régulièrement, nous voyions partir, « aux fous » disait-on, à l’hôpital psychiatrique départemental de la Grimaudière, les poivrots qui allaient se faire désintoxiquer. Chez-moi, en dehors de légèrement colorer de temps en temps l’eau du puits il était hors de question de s’enfiler un verre. Quant à la goutte, la gnôle, que mon père « bouilleur ambulant » fabriquait avec son alambic pour tous les récoltants, « le droit des bouilleurs de crus » dont PMF supprimera la transmission, les parents n’en mettaient pas dans les biberons et les mères veillaient à notre tempérance.

 

Pierre Mendès-France fut baptisé Mendès-lolo pour sa distribution de lait dans les écoles en 1954, une décision radicale afin d’éradiquer la présence de l’alcool à l’école. Il s’est aliéné ainsi le vote de ceux qui lui reprochait sa croisade contre les bouilleurs de cru et a été vilipendé dans les campagnes. Pour autant, était-ce un mauvais dirigeant politique ? Il était l’élu d’un département normand, l’Eure, où l’on ne suçait pas que de la glace et son combat était respectable.

« Un certain nombre de parents mettent dans le panier de l'enfant la boisson de leur choix et qui est souvent 1/2 litre de vin, ou de cidre, ou de bière suivant la région » Dr Suzanne Serin, chef de clinique en hôpital psychiatrique
« Un certain nombre de parents mettent dans le panier de l'enfant la boisson de leur choix et qui est souvent 1/2 litre de vin, ou de cidre, ou de bière suivant la région » Dr Suzanne Serin, chef de clinique en hôpital psychiatrique

Alors, tous ceux qui se lamentent sur le « C’était mieux avant » oublient que le vin, la bière et le cidre ont fait des ravages dans nos campagnes et dans ce qu’on appelle aujourd’hui les banlieues alors peuplées par la vague de l’exode rural. Les ligues antialcooliques se font fondées sur ce terreau et, si aujourd’hui, on peut pendre le parti d’en rire, elles participaient au mouvement d’émancipation populaire très ancré à gauche.

 

Le RP Denis Saverot, jamais en reste de monter sur ses grands chevaux, avec son gros marteau établissait dans un édito en 2011 un lien de cause à effet entre la lutte contre l’alcoolisme, la chute de la consommation de vin et l’explosion de celle des tranquillisants. Je le cite :

 

« Officiellement, il s’agit de lutte contre l’alcoolisme. Le résultat, c’est l’explosion des ventes d’anxiolytiques et d’antidépresseurs, dont notre pays est devenu le premier client européen. »

 

« Depuis 1960, la consommation de vin a été divisée par plus de deux dans notre pays. Or, au cours de la même période, les ventes de tranquillisants ont bondi de zéro à plus de 60 millions de boîtes par an. C’est un fait, la France officielle a tourné le dos à son vin, le plus subtil, le plus civilisé des anxiolytiques, celui que le monde entier nous envie, pour gorger son peuple d’antidépresseurs. Avec quel succès ! Plus, ils en ingurgitent, plus nos concitoyens sombrent dans la morosité et le pessimisme, comme l’a souligné un récent sondage international. »

 

Je lui avais répondu ICI

 

Mais de quel vin parlez-vous Denis Saverot ?

 

Celui de Roland Barthes dans Mythologies (1957) cette boisson totem qui se chiffrait en millions d’hl ou les vôtres, ceux qu’à juste titre vous défendez, qui se comptent en bouteilles ?

 

Ce passage du singulier au pluriel est capital car cette consommation dont vous regrettez la chute vertigineuse cachait d’énormes disparités : de très gros buveurs de Vin de Consommation Courante, des ouvriers, des marins-pêcheurs, des mineurs, des travailleurs de force qui gonflaient le chiffre de la consommation moyenne per capita et les buveurs réguliers ou occasionnels dont la dose journalière restait modeste. L’alcoolisme se nichait là Denis Saverot et le combat d’un Mendès-France député de Louviers en Normandie, raillé (Mendès lolo : distribution de lait dans les écoles), était légitime. Je suis natif de la Vendée, classée à l’époque de ma jeunesse second département alcoolisé de France après le Calvados et je puis témoigner du nombre impressionnant de mes compatriotes qui allaient régulièrement se faire désintoxiquer à la Grimaudière (aux fous disait-on en ce temps où le langage ne prenait guère de précaution)

 

Mon combat constant contre les prohibitionnistes de toute obédience me permet aussi de contester le lien que vous faites entre la chute de la consommation de vin et l’explosion de l’absorption de tranquillisants. Que ça vous plaise ou non, Denis Saverot, les causes de cette surconsommation sont de même nature que celles qui poussent nos compatriotes à boire avec excès, y compris du vin. Je ne vais pas avoir l’outrecuidance de vous rappeler que ces causes sont multiples : médicales, économiques, sociales, sociétales : stress, solitude, monoparentalité, modèles de consommation radicaux... etc. Que les prescripteurs de médicaments aient failli à leur mission je suis le premier à le reconnaître mais n’écartez pas d’un revers de main la forte demande des patients qui s’exercent sur eux : le Médiator a été prescrit comme coupe-faim car l’obsession de la ligne est aussi un fait de société. Que la consommation de vin soit un facteur de sociabilité ce n’est pas à celui qui a tenté, dans l’indifférence de la RVF, d’initier l’Amicale du Bien Vivre, que vous allez faire un dessin.

 

À trop vouloir prouver Denis Saverot le risque est grand de prendre un beau râteau dans la tronche, d’alimenter le camp d’en face qui s’appuie, comme le disait avec morgue le Pr Got sur une majorité de nos concitoyens. Certes ça fait plaisir à une partie de vos lecteurs, ça les confortent, eux qui ne boivent, que dis-je, ne dégustent, que des hauts nectars, dans leurs idées reçues. Ce type d’affrontement est vain et inutile car c’est celui des extrêmes qui ne débouche que sur de l’incompréhension et de l’immobilisme. Au risque d’être taxé de provocation j’affirme que ces dernières années le vin, les gens du vin, ont marqué des points dans l’opinion publique et qu’il suffirait pour transformer l’essai - les politiques sont des élus et ils sont fort sensibles au poids des bulletins de vote - de laisser au camp d’en face des arguments éculés du même type que ceux qu'ils utilisent pour nous discréditer. »

 

Ma jeunesse sobre ne m’a en rien empêché d’aimer le vin et j’ignore, pour n’en avoir jamais consommé, ce que sont les antidépresseurs. Alors cessons de véhiculer des images éculées du bon vieux temps où le vin pouvait être servi aux gamins. Autre temps, autres mœurs, je n’en disconviens pas, les gamins touchent aujourd’hui à des substances aussi redoutables, mais ça ne justifie pas des couplets qui méconnaissent ce que fut l’histoire de l’alcoolisme dans notre pays.

 

Récemment, autour d’un verre, au Lapin Blanc, j’ai rencontré un jeune homme dont le frère avait sombré dans l’alcoolisme. Écouter ses propos aurait fait le plus grand bien à tous les Saverot de chez nous. Drame humain, familial, déchéance sociale et puis, grâce au combat du Dr Olivier Ameisen, la baclofène l’a sauvé…

 

Partager cet article
Repost0
14 février 2016 7 14 /02 /février /2016 06:00
Lorsque Cécile Duflot convoque l’Histoire au nom des valeurs de la République elle donne la preuve de son ignorance crasse… Vichy son eau, ses pastilles, son régime… Juger Pétain.

En notre vieux pays qui a beaucoup de mal à cautériser les plaies de son Histoire, dès que l’on veut disqualifier un contradicteur, un adversaire politique, on sort le régime de Vichy. Le père François et sa francisque en sait quelque chose.

 

Madame Duflot, adoubée par Martine Aubry alors 1ier Secrétaire du parti du Père François pour se faire élire dans un fauteuil dans XXe, n’a pas fait exception à propos du débat sur la déchéance de nationalité.

 

« Le dernier régime à avoir massivement utilisé [la déchéance de nationalité] fut le régime de Vichy »

 

Réplique gaullienne de Valls :

 

« Vichy, ce n'est pas la République. C'est une part de la France, et je rappelle mes mots, mais ce n'est pas la République. Ce n'est pas la République ! »

 

Réponse de Duflot :

 

« Quand on parle des valeurs, il faut pouvoir convoquer l'Histoire ».

 

Fort bien chère madame mais que savez-vous du régime de Vichy ?

 

En première analyse des bribes, les lieux communs habituels, de l’ignorance ordinaire qui permet d’interpréter l’Histoire au bénéfice d’un malheureux fonds de commerce qui part en quenouille.

 

En écrivant ce que j’écris je ne prends pas position sur le fond du débat sur la déchéance de nationalité que je considère hors de propos, surmédiatisé, mais sur l’utilisation abusive de la référence au régime de Vichy pour justifier des positions, par ailleurs pertinentes et justifiées dans un débat démocratique.

 

Madame Duflot je suppose que vous avez lu, comme moi, L’histoire de Vichy de Robert Aron (1954), La France de Vichy de Robert Paxton, Pétain de Marc Ferro, Vichy 1940-44 de Jean-Pierre Azéma et O.Wieviorka … etc.

 

Si vous ne l’avez fait je vous recommande une bande dessinée, à priori à votre portée, JUGER PÉTAIN, ça vous fera le plus grand bien…

 

Scénario : Saada Philippe et Vassant Sébastien

Dessin : Vassant Sébastien

 

Basé sur le documentaire du même nom signé Philippe Saada, Juger Pétain, est un album très documenté et structuré, et c’est avant tout le travail d'un historien qui raconte minutieusement le procès le plus retentissant du XXe siècle. L'accusé, un vieillard de quatre-vingt-neuf ans au moment des faits, doit rendre des comptes. Ce 23 juillet 1945, avant même que les américains ne bombardent Hiroshima, c'est plus qu'un homme qu'on juge, c'est un pays ! « Sébastien Vassant décortique ces trois semaines d'audience avec la justesse d'un chirurgien. Précisions biographiques, mises en contexte historique, chaque intervenant et chaque témoignage sont clairement décrits. Résultat, l'immersion est totale et, plus de soixante ans après, le lecteur a l'impression d'être dans la salle […] »

 

Philippe Saada et Sébastien Vassant ont construit scénario et dialogue en évitant la facilité. « Ils ne se contentent pas de relater les différents éléments apportés par les témoins, mais apportent un éclairage sur ceux qui étaient présents. Les grands journalistes comme Joseph Kessel, l'écrivain Albert Camus, sont mis en scène à travers leurs prises de position dans des éditoriaux. Et quelques passages en présence de Winston Churchill, ou dans un journal imaginaire de Pétain, donnent une distanciation délibérée à leur travail. »

 

« Les dessins de Sébastien Vassant ne donnent pas une vraie idée du talent de cet illustrateur, la mise en images d'orateurs à la barre laissant peu de place à l'épanouissement graphique. Il suffira de regarder les très belles vues de Paris qui ouvrent l'album pour s'en convaincre. Mais le reportage fonctionne, instructif et suffisamment personnel pour donner probablement lieu à des avis divergents ou des polémiques. Indispensables ou en tout cas inévitables lorsqu'on couvre les grandes heures de l'Histoire. »

Lorsque Cécile Duflot convoque l’Histoire au nom des valeurs de la République elle donne la preuve de son ignorance crasse… Vichy son eau, ses pastilles, son régime… Juger Pétain.
Lorsque Cécile Duflot convoque l’Histoire au nom des valeurs de la République elle donne la preuve de son ignorance crasse… Vichy son eau, ses pastilles, son régime… Juger Pétain.
Lorsque Cécile Duflot convoque l’Histoire au nom des valeurs de la République elle donne la preuve de son ignorance crasse… Vichy son eau, ses pastilles, son régime… Juger Pétain.
Lorsque Cécile Duflot convoque l’Histoire au nom des valeurs de la République elle donne la preuve de son ignorance crasse… Vichy son eau, ses pastilles, son régime… Juger Pétain.

 

Vichy, la ruée vers l’eau

 

« Au milieu du XIXe siècle, la bataille de l’eau fait rage tout autour de Vichy. La bouteille aiguise les appétits dont celui de l’intrépide Nicolas Larbaud, le père de l’écrivain, à l’origine des eaux de Saint-Yorre.

 

Sept sources (dont la fameuse Célestins) sont déclarées d’intérêt public. Dans la périphérie, le terrain libre ouvre les bras aux entreprenants. Saint-Yorre, à 7 km au sud-est, abrite le filon le plus précieux, par la qualité de son débit. Un homme, en particulier, va s’en emparer. Nicolas Larbaud, avant de devenir père, de Valery, l’auteur de Barnabooth, donnera naissance aux eaux de Saint-Yorre. Il les porte sur les fonts baptismaux en 1858 à coups de forages… et de procès avec la Compagnie fermière.

 

Quelques mois plus tard, sa cargaison est confisquée par le préfet. Car il exploite trois sources sans le feu vert des autorités. Les cinq mille bouteilles commercialisées cette année-là pèsent une goutte d’eau comparées au million écoulé par « l’ennemi » vichyssois. Mais l’Etat veille au grain et surveille la concurrence comme le lait sur le feu.

 

Il faudra à l’audacieux Larbaud attendre 1863 pour vendre légalement. Les chiffres explosent, atteignant 135.000 bouteilles en 1869. « Nicolas Larbaud commercialise son eau minérale essentiellement pour un usage thérapeutique, note la bibliothécaire Isabelle Minard, dans sa recherche sur la figure du père de Valery (2). Elles sont prescrites par des médecins pour la consommation à domicile, dans le traitement des maladies des voies digestives, engorgement du foie et de la rate, calculs biliaires, affections des reins, diabète, goutte. »

 

La Chateldon, un goût de luxe

 

« Vice-président. En 1932, Pierre Laval, natif de Chateldon, avocat célèbre et déjà plusieurs fois ministre, sauve la source en la rachetant, ainsi que le château, la scierie et autres bâtiments du village. L'eau doit donc sa survie et son positionnement haut de gamme au vice-président du gouvernement formé par le maréchal Pétain. En effet, Laval, entrepreneur avisé, use de tous les registres promotionnels : non content d'obtenir de l'Académie de médecine le titre d'eau minérale gazeuse et de faire construire l'usine d'embouteillage, il fait figurer «le cru» en exclusivité au Fouquet's, chez Maxim's, au cercle de l'Automobile Club, sur les tables des ambassades et du paquebot Normandie, au banquet de l'Exposition universelle de New York. Mais si l'avocat n'a aucun mal à se recommander de Louis XIV, les divers groupes qui rachètent, par la suite, la Châteldon ont plus de scrupules à faire cas de Laval. »

 

La pastille Vichy: histoire d’un médicament devenu bonbon.

 

« Depuis 1825, la pastille Vichy est bien connue des français. Inventée par un chimiste français, Jean-Pierre-Joseph D’Arcet, cette pastille fut d’abord un médicament, car elle concentrait tous les bienfaits de l’eau thermale de Vichy, située au coeur de l’Auvergne. C’est en 1855 que la première pastillerie de Vichy (l’usine de fabrication) est ouverte, et en 1856 qu’elle prend sa forme octogonale si reconnaissable. »

Partager cet article
Repost0
13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 06:00
Badinguet, alias Napoléon III fit 75 fautes à la dictée concoctée par Prosper Mérimée… et nos ardents défenseurs de l’orthographe pure et dure en feraient combien ?

Notre vieux pays fourbu, ronchon, vient de vivre l’un de ces emballements médiatiques dont il raffole à propos d’une réforme, qui n’en était pas une, avec le summum de l’outrance badine d’un Jean d’Ormesson « Quand il y a des gens qui n’ont pas de travail, quand le niveau de vie a baissé comme il a baissé et que les agriculteurs se suicident, je refuse de parler d’accent circonflexe » c’est le Cercle d’Or un Club Belge d’orthographe qui m’a mis la puce à l’oreille. Grevisse, Charlier, la fine fleur de l’écrit de notre belle langue…

 

 

 

« Il arrive parfois qu'entre gens de bonne société la conversation tombe sur une question d'ordre orthographique.

 

Si quelqu'un évoque alors la dictée de Mérimée, dictée dont on a généralement entendu parler, mais que l'on n'a pas toujours vue, chacun craint que cette épreuve ne lui soit proposée.

 

Songez donc! Lorsque Mérimée, voulant donner ce divertissement à la cour de Compiègne, lui soumit la dictée qu'il avait composée, l'impératrice Eugénie, qui, ne l'oublions pas, était née Espagnole, fit soixante-deux fautes.

 

Il est probable que les fautes d'accents, de traits d'union, de trémas, etc., furent sévèrement relevés par Mérimée, pour que Napoléon III ait, de son côté, fait quarante-cinq fautes (ndlr 75 fautes), tandis qu'Alexandre Dumas et Octave Feuillet, tous les deux académiciens, en commettaient, le premier dix-neuf, le second vingt-quatre ; à moins qu'empereur et courtisans en aient commis sciemment par un souci de galanterie, assurés d'avance que l'impératrice en ferait beaucoup.

 

Quant à la princesse de Metternich, elle était responsable de quarante-deux fautes.

 

Mais le grand vainqueur de ce petit tournoi fut le prince de Metternich, l'ambassadeur d'Autriche, avec trois fautes seulement.

 

Et pourtant, cette fameuse dictée n'apparaît pas tellement hérissée de difficultés. »

 

« Si Mérimée éprouve une véritable tendresse pour Eugénie, il montre davantage de réserve face à l'Empereur. Il l'a écrit maintes fois à ses amis : "je suis trop bien avec elle pour être bien avec lui". Cependant, il apprécie peu à peu certaines qualités de Napoléon III : "il a un talent singulier pour gagner la confiance et mettre les gens à leur aise... Il est extrêmement poli et bienveillant mais réservé. Il sait faire parler." Selon Prévost-Paradol, peu soucieux de sympathie à l'égard de l'Empereur, "c'est un parfait gentleman" et pour Mérimée ce point est d'importance. »

 

Les ébraiements des politiques, les coquetteries de Jean d’Ormesson, même Bernard Pivot s’y est mis, sur le dernier avatar d’une soi-disant atteinte féroce à notre belle orthographe m'a incité à proposer cette dictée pour contrôle des connaissances de celles et ceux qui en ont fait des tonnes.

 

1-Voici le texte de « la fameuse dictée » publiée par Léo Claretie en 1900.

 

Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l'amphitryon, fut un vrai guêpier.

 

Quelles que soient et quelque exiguës qu'aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu'étaient censés avoir données la douairière et le marguillier, il était infâme d'en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis et de leur infliger une raclée alors qu'ils ne songeaient qu'à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.

 

Quoi qu'il en soit, c'est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s'est laissé entraîner à prendre un râteau et qu'elle s'est crue obligée de frapper l'exigeant marguillier sur son omoplate vieillie. Deux alvéoles furent brisés, une dysenterie se déclara, suivie d'une phtisie.

 

  • Par saint Martin, quelle hémorragie, s'écria ce bélître ! À cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l'église tout entière.

 

2-La dictée de Mérimée avec ses difficultés expliquées par le menu*, règles d'orthographe et de grammaire et digressions sur la langue 

 

 

3-La dictée du bicentenaire de Mérimée

 

En septembre 2003, en hommage à Mérimée, Bernard Pivot a créé la dictée de Compiègne du bicentenaire de Mérimée, texte qui est publié dans l'ouvrage de Françoise Maison, La Dictée de Mérimée, Château de Compiègne, Séguier, 2003, 64p.

 

NAPOLÉON III : MA DICTÉE D'OUTRE-TOMBE

 

Moi, Napoléon III, empereur des Français, je le déclare solennellement aux ayants droit de ma postérité et aux non-voyants de ma légende : mes soixante-quinze fautes à la dictée de Mérimée, c'est du pipeau ! De la désinformation circonstancielle ! De l'esbroufe républicaine ! Une coquecigrue de hugoliens logorrhéiques !

 

Quels que soient et quelque bizarroïdes qu'aient pu paraître la dictée, ses tournures ambiguës, Sainte-Adresse, la douairière, les arrhes versées et le cuisseau de veau, j'étais maître du sujet comme de mes trente-sept millions d'autres. Pourvus d'antisèches par notre très cher Prosper, Eugénie et moi nous nous sommes plu à glisser çà et là quelques fautes. Trop sans doute. Plus que le cynique prince de Metternich, à qui ce fieffé coquin de Mérimée avait probablement passé copie du manuscrit.

 

En échange de quoi ?

 

D'un cuissot de chevreuil du Tyrol ?

Partager cet article
Repost0
9 février 2016 2 09 /02 /février /2016 06:00
Ramon Mason Le départ des fruits et légumes du cœur de Paris

Ramon Mason Le départ des fruits et légumes du cœur de Paris

C’est Camille Labro qui l’écrit vendredi dernier dans M le magazine du Monde.

 

«Longtemps dédaigné, relégué au rang des légumes grossiers, éclipsé par son cousin le brocoli et par un chou kale surmédiatisé, le chou-fleur connaît enfin son heure de gloire gastronomique. Voilà plusieurs années que quelques cuisiniers s'échinent à le valoriser, comme Yotam Ottolenghi, grand chef d'origine israélienne installé à Londres, qui tient une chronique régulière dans The Guardian : « Depuis 2007, je fais campagne pour convaincre le monde que le chou-fleur n'est pas un légume terne et fade. La bataille semble enfin gagnée ! », se réjouissait-il l'an dernier.»

 

Sans trop ramener ma science, affirmer que j’ai du nez pour humer les tendances, le 3 janvier 2015 sur mon espace de liberté je chantais déjà les louanges du chou cramé à la Miznon.

 

« Je plonge le chou-fleur dans une grande casserole remplie d'eau, je chauffe et fais cuire 15 minutes à partir de l'ébullition. J'égoutte le chou-fleur, puis je le mets dans un petit plat allant au four. J'arrose de 2 c.s. d'huile d'olive, je sale et j'enfourne environ 45 min à 230 °C (mode grill), le temps que le chou-fleur noircisse un peu. »

 

 

Bien sûr la journaliste du Monde peut se permettre, contrairement au modeste chroniqueur que je suis, de faire un tour exhaustif des tables de la haute-cuisine où le chou-fleur fait un beau retour en grâce :

 

« Et qui déboule aujourd'hui en force sur les tables étoilées : Pierre Gagnaire le rôtit en croûte d'épices tandoori et fromage blanc ; Romain Meder, au Plaza Athénée, le sert brioché et contisé* à la truffe ; Alexandre Gauthier La Grenouillère l'associe, en lamelles crues et purée mœlleuse, à des Saint-Jacques « calcinées », pour un contraste de couleurs et de textures ; quant à Julien Dumas, qui a pris la relève au Lucas Carton, place de la Madeleine, il a créé un chou-fleur « croustillant » d'anthologie. »

 

 

Elle cite aussi Marc Paugam, agriculteur bio à Lanhouarneau (Finistère) « Le chou-fleur, c'est dans nos gènes. Nous produisons une quinzaine de variétés, des anciennes et des hybrides, Medaillon, Carantic, Pierrot ou Belot, plus ou moins précoces ou tardives, pour en avoir toute l'année. »

 

En 1998, Jo Guivarch, de la Confédération paysanne, constatait « Gorgés de pesticides, dopés pour pousser plus vite, les choux-fleurs auraient perdu toute saveur. De quoi expliquer le désamour croissant dont ce légume souffre auprès des consommateurs. »

 

Il attaquait alors frontalement, Alexis Gourvennec le chef des légumes bretons « … une très grosse légume lui-même. Autoritaire, charismatique, doté d'une éloquence tribunitienne, il tient ses troupes depuis quarante ans. »

 

Tout avait commencé, en compagnie de Léon, avec la «prise» de la sous-préfecture de Morlaix, à l'aube du 8 juin 1961. Il avait 25 ans. Les années qui suivront organisera la production et la mise en marché des légumes bretons, artichauts et chou-fleur. C'est grâce à lui que la zone de production de Saint-Pol-de-Léon se verra qualifier de «ceinture dorée» de la Bretagne dans les années 60. A la même époque, il sera également à l'origine de la création de la marque Prince de Bretagne.

 

Ma chronique du 3 janvier 2015 comptait donc la saga du chou-fleur au temps d’Alexis Gourvennec (décédé en 2007) ICI 

 

Camille Labro, cerise sur le gâteau, donne la recette du chou-fleur croustillant de Julien Dumas du restaurant Lucas Carton 

 

Mais comme la plupart des chroniqueurs gastronomiques elle ne nous dit pas ce qu’elle boirait avec…

 

 

J‘ai choisi Le Clou 34 de Claire Naudin http://www.naudin-ferrand.com/philo.asp

 

« Clou est le patois local oral pour « Clos » : cette vigne est située en face du lieu-dit « Le Clos de Magny ». 1934 est l'année de plantation... Vin de France puisque le vin n'est pas dans les clous de l'AOC, justement... »

Le chou-fleur « injustement mésestimé, dédaigné, relégué au rang des légumes grossiers connaît enfin son heure de gloire gastronomique » accompagné de l’aligoté Le Clou 34 de Claire Naudin…
Partager cet article
Repost0
8 février 2016 1 08 /02 /février /2016 06:00
Nénuphar géant, Victoria d'amazonie

Nénuphar géant, Victoria d'amazonie

Comme l’aurait dit ma mémé Marie « ils n’ont que ça à faire » la flopée d’abruti (e)s qui, sans savoir, sans comprendre « ces gens-là ne lisent pas », racontent n’importe quoi sur les réseaux sociaux, injurient, braillent à la destruction de notre belle langue, de son orthographe inimitable, de son fameux accent circonflexe.

 

Chapeau les idiots !

 

Et si nous vous convoquions à la dictée de Pivot pour un petit contrôle de vos belles connaissances ? Sans nul doute ce serait, pour beaucoup, un piteux « courage fuyons » la queue entre les jambes…

 

Sachons raison garder.

 

Comme l’écrit avec justesse sur son blog son blog Charivari à l’école, une professeur des écoles (une institutrice « maitresse de CM1-CM2 ») en Sologne :

 

« Oui, Victor Hugo, Monet, Zola... écrivaient nénufar. Mais en 1935, on s’est trompé en pensant que le mot était de la famille du mot grec nymphéa, alors on a décidé de l’écrire avec ph. Depuis lors, on s’est rendu compte de l’erreur. Le mot vient du persan et le ph n’est pas du tout justifié. On réserve la graphie ph aux mots qui viennent du grec (lettre phi). Donc on écrira nénufar, mais on ne touche pas à éléphant ni à philosophie ! 

 

Autre voix celle de Lucille Bluth @ayyyvocado sur Twitter :

 

J'ai résumé pourquoi le débat accent circonflexe/ognon/nénufar est stupide

 

 

Comme l’aurait dit Tonton qui croyait aux forces de l’esprit : « Encore un mauvais coup de Rocard… »

 

« Lorsqu'il présente son rapport, devant le Conseil supérieur de la langue française, le 19 juin 1990, Maurice Druon, alors secrétaire perpétuel de l'Académie française l'accompagne d'un propos liminaire, à l'adresse du Premier ministre Michel Rocard. «Quand un Premier ministre se penche sur l'état de la langue française, ce qui n'arrive pas tous les jours, il met ses pas, volens nolens, dans ceux de Richelieu» écrit Maurice Druon. Une manière d'appeler à la prudence et à la mesure en rappelant que «quand le Cardinal fonda l'Académie (ndlr : en 1634 et officialisée le 29 janvier 1635), il lui assigna pour principale fonction de donner des règles certaines à notre langue, de la rendre éloquente et pure, capable de traiter des arts et des sciences».

 

« En 1990, l’Académie française avait planché sur une grande révision du français, afin d’en simplifier l’apprentissage. Cette réforme proposait une série de modifications : harmonisations lexicales (« charriot » avec deux « r » pour être similaire à « charrette »), regroupement de noms composés (« portemonnaie » plutôt que « porte-monnaie ») et suppression de certains particularismes, dont l’accent circonflexe.

 

Cette réforme, violemment combattue et qui avait suscité des débats passionnés, ne présentait pas de caractère obligatoire. Elle constituait une série de suggestions. Et, si la plupart des dictionnaires les proposent comme graphie alternative, dans l’enseignement proprement dit, elle est restée lettre morte durant un quart de siècle. »

 

Lire ICI Non, l’accent circonflexe ne va pas disparaître c’est le journal le Monde qui le dit. 

 

Chemin faisant en écrivant cette chronique il m’est venu à l’esprit que je pourrais, une nouvelle fois, marier le bel exercice du maniement de la langue française avec celui de la cuisine de ménage.

 

Effilocher

 

Défaire un tissu fil à fil, notamment pour en faire de la bourre ou de la charpie.

 

« La mer, sertie entre les montants de fer de ma croisée comme dans les plombs d'un vitrail, effilochait sur toute la profonde bordure rocheuse de la baie des triangles empennés d'une immobile écume linéamentée... » Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918

 

Conjugaison du verbe effilocher

 

Verbe du 1er groupe

 

Le verbe effilocher peut se conjuguer à la forme pronominale : s'effilocher

 

Le verbe effilocher se conjugue avec l'auxiliaire avoir 

 

Du côté cuisine, la lumière est venue de la Belgique

 

 

Effiloché de porc – Pulled pork

 

« Ahhh le pulled pork, une vraie recette américaine comme je les aime! Savoureuse, réconfortante… qui se détache d’une facilité déconcertante… Miam! Et puis j’adore la sauce barbecue, qui fonctionne extrêmement bien avec le porc. »

 

Le premier secret de cette recette consiste à trouver une partie bien grasse du cochon, telle que l’épaule par exemple, ou le spiringue. Le deuxième consiste quant à lui à ne pas être pressé et à arroser régulièrement la viande. J’ai cuit le porc pendant près de 5 heures au four, mais vous pouvez aussi utiliser une cocotte ou même un barbecue. Tant que la chaleur est douce. Vous pouvez après manger la viande comme vous le préférez »

 

Nappez la viande avec la moitié de la sauce barbecue. Laissez mariner quelques heures. Enfournez au four 5 heures à 110°. De temps à autre, retournez la viande et versez un filet d'huile d'olive. Arrosez-la souvent avec le jus de cuisson. A moitié de la cuisson, nappez à nouveau d'un peu de sauce barbecue. Gardez le reste pour la dégustation. Si la viande vous parait sèche, versez un peu d'eau dans le plat et arrosez de plus belle. La viande est prête lorsqu'elle se détache facilement, à l'aide d'une fourchette. »

 

Me reste plus qu’à trouver une palette de porc noir de Bigorre pour me préparer une belle effilochée de goret…

 

Avec ça, sur les conseils  de  Patrick Böttcher je boirai une Cantillon

 

Partager cet article
Repost0
7 février 2016 7 07 /02 /février /2016 06:00
« Mitterrand - Un jeune homme de droite » : le jeune Mitterrand fut le produit de son temps et de son milieu social…

Nous venons de commémorer le 20e anniversaire de la mort de François Mitterrand, deux t, deux r, ses adversaires le dénommait à plaisir Mitrand, ce que le premier cercle de la Mitterrandie exécrait, et l’actuel Président, flanqué de Mazarine, a fait le pèlerinage de Jarnac.

 

En France nous commémorons beaucoup et nos hommes politiques n’aiment rien tant que la captation d’héritage.

 

Madame Taubira lorsqu'elle prend la plume est plutôt gentille avec François Hollande. Dans Murmures à la jeunesse, l'ancienne Garde des Sceaux ne se livre à aucune attaque personnelle ni à aucune critique déguisée à l'égard du chef de l'État. Sans doute parce que les écrits restent alors qu’en revanche les paroles volent.

 

« Il a jonglé entre opposants et partisans, fait plaisir à la droite et au FN. Il s'est pris pour Mitterrand, mais il lui manque un étage. »

 

Propos rapportés par Le Canard Enchaîné le mercredi 3 février.

 

Michel Rocard, dont on connaît les relations exécrables avec Mitterrand, lorsque Léa Salamé lui a demandé, lors de son interview sur France Inter de mardi dernier : « si on en faisait trop sur l'ex-chef de l'Etat » a lancé avec son franc-parler coutumier :

 

« Oui. Je pense que l'histoire lointaine réglera ça. »

 

« N'en mérite-t-il pas tant? », l'a alors relancé la journaliste.

 

« C'est mon sentiment », a lâché Michel Rocard, avant de reconnaître, « Il y a un peu de partialité là-dedans, sans doute. »

 

Dans la roue de Michel Rocard j’ai passé dix années de ma vie alors qu’il bouclait ses deux septennats, j’ai même dirigé le cabinet d’un Mitterrandien du premier cercle, Louis Mermaz, alors ne comptez pas sur moi pour jouer les « vierges effarouchées » à propos de son passé. Sans tout savoir de celui-ci, je n’ai jamais fait semblant d’ignorer les zones d’ombre de sa jeunesse, ni son échine souple, ondoyante sous la IVe et pire encore, son intransigeance en tant que Garde des Sceaux. Bref, j’avais beaucoup lui sur lui et, en dépit de sa victoire en mai 1981, j’ai toujours estimé que le contrat initial qu’il avait passé pour prendre le pouvoir au Congrès d’Épinay, alliance de la droite du PS Gaston Deferre et des crypto-marxistes de Chevènement, portait en lui toutes les ambigüités d’une gauche qui prétendait marier l’eau et le feu. Les dividendes de ce PS attrape-tout, sans colonne vertébrale, repaire de candidats aux mandats, sont aujourd’hui au rendez-vous et, comme Michel Rocard, je le regrette.

 

La dernière biographie vraiment originale est due à la plume d’un anglais Philippe Short « François Mitterrand » Portrait d’un ambigu. L’auteur dans son prologue annonce la couleur « Les autres nations font face à des scandales. Les Français, eux, font face à des affaires » et dans ses remerciements il remercie le ciel de l’avoir envoyé en France sous la présidence de François Mitterrand. Comme je le comprends moi, l’homme de l’ombre, qui a passé sa vie à se glisser dans les plis. Souvenir d’André Rousselet, premier directeur de cabinet du nouveau Président de mai 81, «dont les récits tendres et ironiques et lucides sur son ami, François Mitterrand » ont été précieux pour Philippe Short. « Grâce à lui, Anne Pingeot accepta de mettre sa discrétion légendaire de côté pour me parler de l’homme avec qui elle partagea pendant plus de trente ans un amour extraordinaire et courageux. Elle fut « l’héroïne d’un film que personne ne verra jamais », selon les mots de leur fille, Mazarine. »

 

 

Aujourd’hui c’est un scénariste belge Philippe Richelle et le dessinateur français Frédéric Rébéna qui lui consacrent un admirable album de bande dessinée «Mitterrand - Un jeune homme de droite ». Une bande dessinée subtile et élégante, sans concessions, exigeante, fondé sur récit qui oublie de séduire.

 

Comme l’aurait écrit au temps de ma jeunesse la Centrale Catholique : à mettre entre les mains de lecteurs avertis.

 

« Les auteurs se sont penchés plus sur les années 36-45, les plus troubles de son parcours politique, sans pour autant charger la bête : le jeune Mitterrand fut le produit de son temps et de son milieu social mais ne sombra jamais dans les pires excès nationalistes dont l’antisémitisme. »

 

Mitterrand personnage de roman, c’est l’opinion de Philippe Richelle : « La révélation tardive de son passé vichyste, par exemple, a alimenté ce constat. Ça a ajouté à son parcours tout à fait atypique, exceptionnel, tortueux une dimension effectivement romanesque ».

 

« François Mitterrand m’intéresse et m’intrigue fortement depuis près de vingt ans. Même avant, remarquez : Je me souviens qu’en 1981, alors que j’étais en terminale, notre prof de lettres nous avait presque obligés à acclamer son élection. Globalement, on était aussi excités que nos jeunes voisins français, on sentait poindre un souffle nouveau dans la vie politique. Même si la suite nous a tous quelque peu déçus – et c’est un euphémisme ! ».

 

« Établi à partir d’une documentation solide - mais sans la consultation de ses héritiers -, ce portrait présente donc un jeune Mitterrand pour ce qu’il est alors : un jeune homme de droite, issu de la droite traditionaliste, provinciale et profondément catholique, et qui n’avait jamais vraiment accepté la République »

« C’était un personnage complexe, plein de contradictions. Mais malgré le fait qu’il ait été « façonné » par son extraction traditionaliste, il s’est, peu à peu, construit, il a souffert - notamment au stalag - et fait des rencontres qui ont élargi son horizon intellectuel », note Philippe Richelle.

 

Le découpage en 6 chapitres est pertinent, jamais on ne perd le fil de l’histoire familiale, amicale et amoureuse du jeune Mitterrand et celui de l’Histoire troublée de cette période. Biographie toute en finesse, ni à charge, ni à décharge, à la bonne distance qui laisse au lecteur sa liberté de choix. Le trait du dessinateur Frédéric Rébéna est incertain, changeant, volonté de traduire le flou, l’incertain, ou difficulté à saisir la véracité du personnage central ? Je ne sais mais la suite se devra d’être plus précise, le visage de Mitterrand, son masque est partie intégrante de sa vérité intérieure.

 

Ambitieux, fat, séducteur, déplaisant, arrogant, fascinant aussi, ambigu, pompeux, lyrique, pugnace, tenace, courageux, sûr de lui, déterminé, ondoyant, fidèle en amitié : Georges Dayan le socialiste, Patrice Pelat alors communiste, le Mitterrand jeune porte en lui tout ce qui façonnera le Mitterrand de la IVe ne rêvant que de devenir Président du Conseil, puis celui de l’Union de la Gauche, du Programme Commun qui accédera le 10 mai 1981 à la fonction présidentielle qu’il occupera, avec deux intermèdes de cohabitation, 14 ans.

 

À lire, à offrir à vos grands adolescents, cette biographie est de qualité et mérite d’être présente dans vos bibliothèques.

 

« Mitterrand - Un jeune homme de droite », de Philippe Richelle & Frédéric Rébéna - Éditions Rue de Sèvres, 18 euros

 

1 second volume devrait suivre, qui couvrira de l’immédiat après-guerre à la fin des années 1950 …

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Archives

Articles Récents