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21 février 2016 7 21 /02 /février /2016 06:00
Jean-Paul Kauffmann n’écrit pas de romans et pourtant j’ai lu son dernier livre OUTRE-TERRE comme un roman.

Lorsque j’entre dans un livre qui me plaît, me captive, j’ai du mal à en sortir. JPK a eu l’amabilité de me faire parvenir son dernier opus OUTRE-TERRE, je l’ai lu comme un roman presque d’un seul trait.

 

Pour la présentation du livre je vous renvoie à son éditeur ICI 

 

 

Ma présente chronique est plus personnelle, elle est la compilation de ce qui, si je puis l’écrire, me relie à JPK.

 

Je vous confie donc une partie de ce que j’ai souligné, avec mon fidèle crayon de papier, au fil de ma lecture.

 

Une autre chronique suivra, plus Vin&Cie…

 

« J’ai un faible – plus qu’un faible, une complaisance – pour les lieux qui n’entretiennent aucune illusion. Aller voir lorsqu’il y a rien à voir. »

 

 

« Königsberg, ce nom me faisait rêver. Kant y était né, Hanna Arendt, l’auteur de De l’humanité dans de sombres temps, y avait passé une partie de sa jeunesse. »

 

La Prusse-Orientale coupée du Reich, après le traité de Versailles, par le fameux couloir de Dantzig.

 

 

Königsberg, ancienne place prussienne, devenu Kaliningrad port militaire le plus occidental de l’Empire Soviétique, cité interdite jusqu’en 1991.

 

Royaume oublié « enserré par la Pologne au sud et la Lituanie au nord… l’indépendance des trois pays baltes et leur intégration à l’Union Européenne ont isolé un peu plus cette région de la « Grande Russie ».

 

« … cette enclave cachée entre la Pologne et la Lituanie. Elle m’apparaît comme un île, un arrière-monde, un fragment bien détaché. Il y fait un froid du diable mais je me sens bien dans cette encoignure prussienne. »

 

Eylau le 9 février 1807 « restera le jour le plus cauchemardesque de la Grande Armée avec le lendemain de la bataille de Borodino. »

 

« La victoire m’est restée mais j’ai perdu bien du monde. »

 

Lettre de Napoléon à Joséphine dictée à trois heures du matin.

 

« La boucherie d’Eylau », expression due à Percy, le chirurgien en chef de la Grande Armée.

 

La toile du Baron Gros exposée salle Mollien au Louvre: Napoléon sur le champ de bataille d’Eylau, œuvre de commande de l’Empereur qui organise un concours « l’autorité impériale prescrit ce qu’il convient de peindre : l’église d’Eylau, le ciel livide, la neige (mais pas la boue), les blessés et les morts, enfin et surtout l’Empereur. Non pas en vainqueur mais en consolateur. La notice du concours précise qu’il doit être vêtu d’une « pelisse ou polonaise de velours gris de perles, ganses d’or, fourrure de martre. »

 

« Malgré le blanc de la neige – ou plutôt à cause de ce blanc – cette peinture est noire… »

 

« Le gris insurpassable du baron Gros… c’est un gris qui n’en est pas un. Au lieu de composer une couleur intermédiaire entre le blanc et le noir, un gris tourterelle, ardoise, souris, perle ou anthracite, Gros a inventé une autre, le gris d’Eylau, couleur intermédiaire qui n’est ni le froid ni le feu. Camaïeu du désastre à venir. Grisante, elle aussi. »

 

Colonel Chabert ? La transaction de Balzac.

 

« Le bétail de l’Éternité » Léon Bloy.

 

Le film d’Yves d’Angelo Le colonel Chabert avec Gérard Depardieu et Fabrice Luchini.

 

Pierre Benoît et le Roi des Aulnes de Michel Tournier.

 

Bouvines un moment important comme l’analyse Duby. « Eylau n’aura jamais cette portée, même si les mots de « boucherie » et de « chair à canon » imaginés pour la circonstance ont fait florès. »

 

« Le ciel, les champs, tout était noir » Hugo dans son poème sur Eylau.

 

Le clocher de l’église d’Eylau l'obsession de JPK lui rappelant le film d’Hitchcock Vertigo.

 

Kubrick et son projet avorté de film sur Napoléon « ce qui fascinait le plus Kubrick, c’est l’échec ultime du personnage, « la chute sans appel dont il fut, en définitive, le seul responsable ». La figure de Barry Lindon emprunte beaucoup de traits à Napoléon, « il va chuter du fait de ses émotions, de sa vanité, de sa folie. »

 

« Je signale à mon compagnon que nous marchons probablement sur les morts. »

 

« Je suppose que la terre, elle aussi, possède une mémoire. Elle stocke et restitue objets et informations. Puis, peu à peu, cette vie des profondeurs s’épuise et redevient inerte, frappée d’amnésie. »

 

Julia, prononcez Ioulia, l’interprète « qui pourrait appartenir à la catégorie fashionista russe. Elle porte des mitaines en cuir, un élégant manteau d’hiver et des bottes à talons aiguilles. Les lunettes de soleil qu’elle exhibe dans la voiture proviennent, semble-t-il, de chez Dior – c’est indiqué sur l’une des branches. Aujourd’hui elle est particulièrement en beauté. Son maquillage qui n’est pas outrancier met en valeur l’harmonie des traits. »

 

La famille Kauffmann, Joëlle « heureuse… elle est avec ses trois hommes, Jean-Pierre et les 2 garçons. Julia plaît bien à l’aîné…

 

Les années de pensionnat de JPK « cette époque n’est pas la plus heureuse de mon existence, cependant elle me fut pleinement profitable. J’eus pour toujours la révélation de la vraie vie, cette vie rêvée et « pleinement vécue » dont parle Proust à propos de la littérature. »

 

« Pendant mes années de pensionnat, le dimanche soir était le moment le plus sinistre de la semaine. Après la messe du dimanche matin, nous subissions les vêpres l’après-midi puis les complies, le dernier office célébré le soir. Je n’ai jamais autant ressenti le rabâchage des jours et la tristesse du monde que durant cette cérémonie. Je me réfugiais dans les livres. »

 

« J’ai mis longtemps à comprendre que le passé n’était pas un refuge. Il ne me console aucunement de la médiocrité d’aujourd’hui. C’est la mise en absence qui m’émeut, le signe irrémédiable qu’il manquera toujours quelque chose. »

 

« Ce voyage est un acte de fidélité à l’enfance. »

 

« On prend pour de la froideur ce qui est chez moi de la crainte d’empiéter chez autrui. »

 

« Écrire : le seul moyen que j’avais trouvé pour me tirer d’une situation embarrassante. Sur les livres et les écrivains, je n’ai jamais perdu la foi. Suis-je devenu excessivement dévot ? Cette réflexion de Peter Tarnepol, un personnage de Philippe Roth, s’applique parfaitement à moi : « La littérature m’a mis dans le pétrin. À elle de m’en sortir. »

 

 

À propos de Kant « Si cela existe, cela doit être intelligible » ce qui donne le vertige à JPK qui note, et la suite vous fera saisir que ce n’est pas une réflexion en l’air : « C’est dommage : il méprisé l’odorat. Ce sens le dégoûtait. Je constate d’ailleurs que sa ville natale n’exhale rien. Aucune haleine. Dans un congélateur, c’est certain on ne sent pas grand-chose. »

 

Jean-Paul Kauffmann est un grand capteur d’odeurs  la preuve à nouveau ci-dessous.

 

« L’escalier que Julia a du mal à monter avec ses talons aiguilles sent le placard à balais et cette odeur aigre, humide propre aux lieux qu’on néglige de chauffer en hiver.»

 

« Julia a raison, c’est la nuit noire. L’odeur grasse de lignite flotte dans l’air. »

 

« Dehors, l’atmosphère est imprégnée de cette odeur de fagots brûlés et d’allumettes qu’on vient d’enflammer. »

 

« Il paraît que le sang exhale une odeur de fer. »

 

« Malgré la température glaciale, on peut imaginer que le champ de bataille répandait nombre d’effluves : outre les exhalaisons croupies de la neige fondue, mêlée à la boue, cela devait sentir l’acier refroidi, la paille brûlée, le cuir roussi, le soufre et la suie de la poudre à canon. « Partout des excréments, du fumier, des ventres de bestiaux, des chevaux écrasés, de débris pourris et infects », constate encore Percy. Il est le seul à parler de la merde. »

 

« Au fond du minibus où flottent l’odeur poussiéreuse de tissu surchauffé et le parfum français de Julia… »

 

« L’air répand une odeur figée de vapeur d’eau épaissie par le froid avec cette empreinte grasse de suie. »

 

« Cela sent un mélange de vieux tapis, d’odeur vanillée de poudre de riz et de cornichons aigre-doux. Une senteur en effet orientale, légèrement renfermée, nullement rebutante comme si tous ces effluves de confinement nous protégeaient du monde extérieur où le froid violace le visage des passants. »

 

« Nous nous sommes habitués à l’odeur de l’habitacle, un parfum démodé des sièges de vieux cinéma auquel se mêlent les fragrances poudrées et enivrantes de Julia (Mitsouko de Guerlain, nous a-t-elle précisé fièrement, sans d’ailleurs qu’on le lui ait demandé.) »

 

« La maison sentait la caverne, une odeur spongieuse de mousse et de terre battue. J’avais l’impression de me trouver dans une champignonnière. »

 

« La resserre sentait la souris crevée. »

 

« Par bouffées, nous arrivent de la petite ville des émanations de lignite, ce charbon bon marché en usage dans les pays de l’est, mélange de bitume et de pyrite qui peut rappeler l’œuf pourri. L’odeur des ex-pays communistes. »

 

« Comme toute chose ici-bas, le froid possède une empreinte olfactive. Il exhale une odeur opaque et crissante où prévalent des senteurs métalliques, des notes d’oxydation qui rappellent la rouille, quelque chose d’astringent. Cette sensation resserre l’odorat. »

 

Chronique à suivre… Bon dimanche… et bonne lecture future d'OUTRE-TERRE...

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commentaires

P
Enfin une bonne nouvelle, le Kauffmann nouveau arrive ! Jeudi 25/2, tous chez notre libraire !
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