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6 février 2016 6 06 /02 /février /2016 06:00
« Mgr Ducourtray n’a rien compris au préservatif, il l’a mis à l’index » André Santini disserte sérieusement à Toulouse au colloque « Rire, Droit et Société » en qualité de Grand témoin.

André Santini, le député-maire d’Issy-les-Moulineaux, est un grand amateur de bonne chère, de gros cigares, en 1991, il a créé le « Club des parlementaires amateurs de havane », dont il est président à vie, de bons mots. Il est aussi très connecté.

 

Santini a écrit « Ces imbéciles qui nous gouvernent » et premier membre d'honneur intronisé Commandeur de la Confrérie Saint Vincent d'Issy-les-Moulineaux s'est donné pour objectif de promouvoir « la renaissance, le développement et l'exploitation de la Vigne d'Issy-les-Moulineaux et toutes activités annexes en découlant ».

 

Très récemment, il a participé, le jeudi 3 décembre 2015 au très sérieux colloque IDETCOM « Rire, Droit et Société » organisé par l’Université Toulouse-I Capitole, salle de la Manufacture des Tabacs, en qualité de Grand témoin. 

 

« Le rire méritait bien qu’on lui consacre un colloque, dans un moment où la gravité nous oppresse. C’est un rayon de lumière qu’on ne peut manquer de savourer. Comme RABELAIS, je vous le dis donc : vivez joyeux ! », André SANTINI.

 

 

L’humour et les politiques ne font pas souvent bon ménage, surtout lorsque celui-ci est manié par les politiques eux-mêmes.

 

La vidéo ci-dessous vaut la peine d’une audition attentive, Santini, face à un auditoire sérieux, donne le meilleur de lui-même.

 

Comme chacun sait François Hollande a toujours été amateur de bons mots.

 

Cabu, un an avant l’attentat, lui avait rendu visite à l’Élysée. Il tournait un documentaire d’après son dernier livre « Peut-on encore rire de tout ? » et il avait aussi alerté le Président de la situation dramatique de Charlie-Hebdo. Avant de partir, Cabu avait lancé « Surtout ne perdez pas votre humour. »

 

« Je me retiens parfois », avait répondu Hollande.

 

Lors du débat télévisé du second tour de l’élection présidentielle Nicolas Sarkozy lança « Ce n'est pas le concours de la petite blague, Monsieur Hollande », allusion transparente au surnom que lui avaient accolé ses rivaux socialistes. « La flèche avait été soigneusement affûtée, trop soigneusement peut-être. Elle alla se ficher dans le décor du studio, loin de sa cible. » rapporte un journaliste du Monde.

 

François Hollande en effet n'avait pas toujours tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de blaguer. Aquilino Morelle, alors plume de Lionel Jospin avant de faire cirer ses pompes chez François, rapporte ce trait d'humour hollandais qui avait « blessé » le premier ministre accueilli par ce message ironique en plein conseil national du PS : « Entre, Lionel, nous parlions de ton bilan mais nous n'en étions pas encore au droit d'inventaire. » Quelques jours plus tard, l'austère Jospin, que certains trouvaient aussi drôle qu'un pasteur suédois, prophétisa : « François, un jour, ton humour te perdra. » Finalement, c'est plutôt l'humour qu'il a dû perdre pour gagner.

 

« Le député centriste André Santini, triple lauréat du prix de l'humour politique, n'a jamais consenti à un tel sacrifice. Il ne regrette aucun de ses bons mots tout en se disant convaincu que sa langue trop bien pendue a nui à sa carrière ministérielle. Alain Juppé et Valéry Giscard d'Estaing, en particulier, n'ont jamais franchement rigolé en entendant ses saillies « A force de descendre dans les sondages, Alain Juppé va finir par trouver du pétrole », « Je me demande si on n'en a pas trop fait pour les obsèques de François Mitterrand, je ne me souviens pas qu'on en ait fait autant pour Giscard ». Le député, maire d'Issy-les-Moulineaux, reconnaît volontiers que ses formules piquantes lui ont permis de sortir de l'ombre : « Si vous êtes à l'Assemblée parmi les obscurs, les sans-grades, vous n'êtes personne. L'humour vous permet d'exister, dès que vous balancez une vacherie, les journalistes viennent aussitôt vous chercher. »

 

« Hervé Morin est un peu court, il va sauter du pont de Normandie mais je ne sais pas si l'élastique est bien fixé. »

 

Prix Press Club humour et politique 2012.

 

À propos d'Alain Juppé « Le Premier Ministre souhaite un Gouvernement ramassé; il a parfaitement réussi. »

 

À propos de Raymond Barre « Quand je le vois roupiller à l'assemblée nationale et qu'il ne roupille pas, il se tourne les pouces et je me dis: tiens il fait son jogging. »

 

« Les experts naquirent du grand besoin qu'ils avaient d'eux-mêmes. »

 

« Si Saint-Louis rendait la justice sous un chêne, Arpaillange la rend comme un gland.»

 

François Goulard qui a aussi emporté le prix de l’humour politique pour cette phrase :

 

« Être ancien ministre, c'est s'asseoir à l'arrière d'une voiture et s'apercevoir qu'elle ne démarre pas. »

 

« La Ve République n'a pas totalement anesthésié l'esprit en politique, mais le genre reste un art mineur réservé aux seconds couteaux et aux porte-flingues… André Santini voit dans cette incapacité des politiques français à prendre une distance amusée sur eux-mêmes l'influence de l'énarchie : « Pour entrer à l'ENA, il faut être tout sauf drôle. Il faut être classique, convenu, conventionnel. Les jeunes y sont formés à la langue de bois. Avant, il y avait chez les politiques bien plus d'avocats et de professeurs habitués aux amphithéâtres et aux plaisanteries de carabins

 

 

Georges Clemenceau avait le verbe assassin, il reste l'une des grandes références de François Hollande « Il y a deux organes inutiles : la prostate et le président de la République »

 

« La guerre ! C'est une chose bien trop grave pour la confier à des militaires ! »

 

« Ci-gît Marcellin Berthelot. C'est la seule place qu'il n'ait jamais sollicitée »

 

« Donnez-moi quarante trous du cul et je vous fais une Académie française. »

 

« Les fonctionnaires sont un peu comme les livres d'une bibliothèque : ce sont les plus haut placés qui servent le moins. »

 

« Celui qui quitte votre parti pour aller dans un autre est un traître. Celui qui vient d'un autre parti pour rejoindre le vôtre est un converti. »

 

« En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables. »

 

« Il suffit d’ajouter « militaire » à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n’est pas la justice, la musique militaire n’est pas la musique. »

 

« La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts. »

 

« Il voulait être César, il ne fut que Pompée » à propos de Félix Faure président de la République mort au cours d’une partie de jambes en l’air avec sa maîtresse Marguerite Steinheil.

 

Lorsque le prêtre mandé pour lui administrer les derniers sacrements se présente, quelques heures plus tard, il demande à un garde du palais : « Le président a-t-il encore sa connaissance ? », s’attirant la réponse mythique : « Non, elle vient de s’enfuir par l’escalier de service. »

 

 

Les saillies de Churchill sont célèbres, normal de la part d’un homme qui déclarait « les paroles sont les seules choses qui durent »

 

Elles fusaient, « d’innombrables idées jaillissaient quotidiennement de son cerveau, y compris dans la baignoire où il aimait travailler… »

 

« Il compte parmi ces orateurs dont on dit fort justement : « avant de se lever, ils ne savent pas ce qu’ils vont dire ; pendant qu’ils parlent, ils ne savent pas ce qu’ils disent; et quand ils se rassoient, ils ne savent pas ce qu’ils ont dit. »

 

À propos de Lord Charles Beresford, amiral et député conservateur

 

Sur le parti conservateur… quand il en était membre (ndlr il faut aussi membre du parti libéral)

 

« C’est un groupe de messieurs tout ce qu’il y a de respectables, braves et honnêtes, qui sont prêts à de grands sacrifices au nom de leurs opinions, mais qui n’ont pas d’opinions. Ils seraient prêts à mourir pour la vérité, si seulement ils savaient à quoi elle ressemble. »

 

« Les oiseaux morts ne tombent pas du nid »

 

Comme on lui fait remarquer que sa braguette est ouverte.

 

Lire ICI 

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4 février 2016 4 04 /02 /février /2016 06:00
« Il faut passer du vin produit au vin expérientiel » Jean-Noël Kapferer Les vins de Bourgogne sont-ils devenus des produits de luxe ?

Jean-Noël Kapferer « l’expert français des marques, est reconnu mondialement comme un des tous premiers spécialistes du sujet et un des plus influents » c’est la page d’ouverture de son site qui le dit, a donné une conférence organisée par l’INSEEC, le 28 janvier dernier sur le thème « Les vins de Bourgogne sont-ils devenus des produits de luxe ? »

 

Kapferer est une marque

 

Un compte-rendu assez exhaustif a été transcrit sur ce site 

 

Je vous en propose la lecture, sans faire le moindre commentaire, ce qui est de ma part une prise de position, car en creux elle est très révélatrice du regard d’un éminent spécialiste des marques sur le monde du vin français.

 

Jean Noël Kapferer, si je puis l’écrire, je connais.

 

En effet, lors de la préparation de mon rapport, lors de l’assemblée générale la FEVS, alors présidé par Patrick Ricard, il avait planché sur le sujet suivant : les marques sur les chemins de la reconquête.

 

Les AG raffolent de ce genre d’exercice, juste avant le déjeuner, dans le cadre élégant de la Maison de l’Amérique Latine. C’est chic. Tout le monde, c’est-à-dire la fine fleur de l’establishment du vin de Paris et de nos belles provinces, applaudit.

 

L’exposé de Jean Noël Kapferer, très Power Point, bien rodé, 7 visuels, je m’en souviens bien, avait fait sourire Louis-Fabrice Latour.

 

Son diagnostic était rude :

 

1- Trop de nos signes (noms, appellations…) sont liés à une définition objective du vin (optique producteur) ;

 

Alors que le consommateur des pays sans « culture vin » achète une garantie subjective et une constance d’expérience sensorielle (son goût) ;

 

2- Trop de nos signes sont inconnus, illisibles, incompréhensibles pour le non connaisseur ? Mais c’est le marché !

 

3- Nos quelques signes connus sont trompeurs. Exemple : CHÂTEAU

 

- sous une origine, on trouve le meilleur et le pire

 

- sans fonction-garantie, nos signes perdent toute valeur.

 

4- L’empilage de signes a créé une distance avec le consommateur amateur et a ouvert un boulevard aux vins du Nouveau Monde, plus proche du client

 

- goût adapté

 

- prix stimulant

 

- étiquettes : simples, sobres, compréhensibles, modestes

 

5- Vins français (la référence) perçus comme les meilleurs mais faibles sur les vins accessibles, complexes, compliqués, sectaires, parfois mauvais.

 

D’où : attente d’un « safe choice » non français occasion de rejeter le système des vins du Vieux Monde : confusion, prétention, complication. Un autre rapport au vin

 

6 - Nous avons bâti un écheveau de règles de production, de codes et interdits de consommation : excès de formalisme.

 

Les consommateurs des pays non producteurs ne connaissent pas ces règles

 

Vins du nouveau monde = pas de formalisme

 

Innovations – Adaptation au marché – Simplicité de la relation.

 

Voilà, je m’en tiens donc là…

 

Bonne lecture et si ça vous dit vous pouvez commenter…

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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 06:00
« Vous y verrez la belle Lison. Oui, elle est quelque chose comme cantinière, marchande de singe et de pinard » Albert Londres

Mon grand ami JP Lubot DG délégué de Marie-Claire m’a offert mon HOROSCOPE CHINOIS

 

2016 l'année du Singe

 

« Quand le Singe entre dans l’univers temps (le 8 février 2016), on ne sait jamais s’il s’agit d’un ouistiti ou de King Kong… C’est ce qui est comique ou peu rassurant.

 

Les chinois sont tous d’accord sur une chose : durant l’année du Singe, tout peut arriver ! De la même façon que le Singe oscille entre le fantasque et la grimace, l’humour et la dérision, l’intelligence et la ruse, l’année du Singe peut balancer entre l’imprévisible et l’irrationnel, la surprise et le bouleversement, entre la prise de risque et l’effet boomerang, la spéculation et l’escroquerie…

 

Il paraît qu’il faut avoir des idées lumineuses durant l’année du Singe et que l’argent y est une denrée foisonnante. Vous savez tout ou presque…

 

On rajoutera que 1968 était une année sous le signe du Singe : indice ou fausse piste ? »

 

Diane Boccador

 

Mon titre « Vous y verrez la belle Lison. Oui, elle est quelque chose comme cantinière, marchande de singe et de pinard » Albert Londres 1924. Dante n'avait rien vu, pourrait vous laisser accroire que je vous suggère de manger du singe en buvant votre pinard…

 

Que nenni !

 

Horreur, en Chine, et dans d'autres pays, le singe est parfois présenté vivant et le crâne ouvert aux convives. L'animal est ivre et attaché et ne sera servi que lorsqu'il aura perdu connaissance. On prête à ce plat la vertu de guérir l'incontinence. Rien n'est moins vrai et le consommer n'est pas sans risque. Les cellules cérébrales peuvent en effet être porteuses de maladies graves comme celle de Creutzfeldt-Jakob.

 

Mon singe à moi, c’est du bœuf en conserve, la ration du poilu de 1914-1918. Grâce à la stérilisation inventée par Nicolas Appert au XVIIIe siècle on peut enfermer dans des boîtes en fer-blanc à ouverture facile des sardines, des viandes, des pâtés, des légumes et des fruits.

 

Scène de repas au front, 1915. BM Dijon. Est 2148. Album photographique (fonds Robert). 

 

Le poilu y prend goût, même s'il les dénigre : du « singe », dit-il des boîtes de boeuf !

 

Les plus grandes entreprises comme Cassegrain (1856) ou Saupiquet (1891) sont les principaux fournisseurs et connaissent un bel essor, qui se poursuit après-guerre : tout le secteur profite alors à plein des nouvelles habitudes alimentaires nées de la guerre qui se propagent surtout dans la population urbaine, devenue aussi nombreuse que la population rurale à la fin des années 1920.

 

«Un poilu de mes amis m'a affirmé que jadis les boîtes de boeuf assaisonné portaient un nom de fabricant : Singer, d'où était venu le mot de singe» (Dech1918)

 

«Je me souviens particulièrement du « singe aux oignons », une salade de boeuf de conserve accompagnée de pommes de terre, légumes divers et relevée d'oignons crus.»

 

Jean Renoir 1966. Les cahiers du capitaine Georges - Souvenirs d'amour et de guerre (1894-1945)

 

« On profite de la halte, qui se prolonge, pour manger. Le menu est simple : boules de pain et boîtes de singe. Mais l'appétit est bon et l'on aurait tort de médire de ce boeuf à la gelée que les soldats dénomment singe par dérision »

 

Jean Petithuguenin 1918. La barrière des Vosges

 

« Je tends mon dos à la chaleur qui grandit, en mâchant du singe filandreux et du pain élastique. » 1914-1919

 

« Le singe est la viande en conserve de l'armée, du boeuf bouilli tout préparé, dont la qualité est remarquable. On arrivait toujours à trouver des boîtes, et elles étaient toujours bonnes. »

 

Maufrais Louis J'étais médecin dans les tranchées (2 août 1914-14 juillet 1919)

 

« Et pendant cette soirée du 19 [mai 1916] (soirée d’angoisse et de tristesse), l’on nous a distribué à chacun 4 boîtes de singe, 48 biscuits et 300 cartouches, tout un fourbi qui nous donnait le cafard ; ça commençait à sentir mauvais car les munitions que l’on donnait, ainsi que les vivres, n’étaient sans doute pas pour aller au grand repos ».

François BargeAvoir vingt ans dans les tranchées, Saint-Pourçain-sur-Sioule, C.R.D.P., 1984, p. 17.

 

 

Grande question : le singe est-il du corned-beef ?

 

Oui mais l’appellation corned-beef couvre 2 formes :

 

  • soit en une pièce de viande généralement la poitrine, dite « demi-sel », qui a été préparée dans une saumure,

  • soit en « menus morceaux agglomérés de bœuf maigre, additionnés d'un mélange salant et mis en conserve, qui se consomme tel quel en tranches ne se déchiquetant pas » moulé en forme de pain.

Selon le Dictionnaire du Français non conventionnel de Cellard et Rey, l'appellation serait née au XIXe siècle, lorsque les soldats français en poste en Côte d'Ivoire auraient été réduits à manger de la viande de singe. D'aucuns pensent qu'une étiquette de boite de corned-beef représentait l'animal. D'autres encore rappellent qu'un ouvre-boite faisant partie du paquetage réglementaire en 1916-1918 portait la marque « Le singe».

 

« En 1904, le journaliste Upton Sinclair enquête pendant sept semaines, en vivant parmi les ouvriers, sur les conditions de travail dans les abattoirs de Chicago. La Jungle, le livre qu'il en tire, sort le 28 février 1906 et fait l'effet d'une bombe : il y dénonce non seulement des conditions de vie et de travail atroces, les magouilles électorales, la corruption, le pouvoir des trusts mais y expose aussi, en long en large et en détail, les procédés de fabrication du corned-beef, des saucisses, du saindoux, etc. Les Américains et le monde découvrent l'horreur. Les produits manufacturés contiennent de tout jusqu'aux déchets de fabrication, aux rats, jusqu'à de la viande de bœufs tuberculeux et à celle des ouvriers tombés dans les cuves géantes de préparation des produits ! Le scandale est tel que l'écrivain est reçu par le président Théodore Roosevelt et que le Pure Food and Drug Act, constituant un premier pas pour la protection des consommateurs, est voté le 30 juin de l'année même de la publication de l'œuvre. »

 

« Après le débarquement, le passage de l'armée américaine fut un choc pour les Français : c'est la révélation de l'extraordinaire puissance américaine, c'est la jeunesse et la modernité qui viennent bousculer une France figée dans ses archaïsmes et ses routines. Les Français découvrent les cigarettes blondes, Camel et Philip Morris, le chewing-gum, le corned-beef, le café en poudre, les œufs en poudre, la pénicilline. Les Américains semblent tout avoir, toujours en quantité inépuisable.»

 

Philippe Roger, Rêves et cauchemars américains. Les États-Unis au miroir de l'opinion publique française (1945-1953)

 

Lire La fermentation de la viande : le corned-beef, ce n'est pas ce qu'on croit par l’auteur du livre ni cru ni cuit Marie-Claire Frédéric 

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2 février 2016 2 02 /02 /février /2016 09:30
« Tous les problèmes auxquels notre filière est confrontée ne sont pas forcément de plus en plus complexes, mais les solutions, si ! » Jean-Yves Bizot viticulteur à Vosne-Romanée

La PQR, la presse quotidienne régionale, face à l’uniformité et la fugacité de l’information dites générale, profitant de sa proximité joue, de plus en plus, sur les questions économiques locales, loin des marronniers habituels, la carte du contenu.

 

Et Dieu sait que sur l’approche de l’économie de la vigne et le vin nous vivons sur une masse de lieux communs, d’images d’Épinal, de faux-semblants, de comparaisons éculées et que la parole est le plus souvent donnée à une petite poignée de chantres, plus ou moins lyriques, du vin.

 

L’irruption des réseaux sociaux dans le paysage médiatique jusqu’ici bien contrôlé bouleverse de plus en plus la donne. La construction de l’image du vin change :

 

« L’influence c’est la qualité du contenu, ce n’est pas quelque chose qui s’achète mais se construit. »

 

C’est un mouvement de fond qui, comme tel, n’est encore peu perceptible à la surface car notre faculté d’anticipation est toujours aussi faible. En terme footballistique nous bétonnons, nous sommes les rois de la défense et, comme chacun sait, la meilleure défense c’est l’attaque.

 

J’arrête là mon bla-bla-bla pour vous donner à lire ce que Le Bien Public le quotidien de Dijon et de la Côte d'Or, donc de la Bourgogne vinicole, nous proposait dans son édition d’hier : l’interview de Jean-Yves Bizot, président du Groupement d’intérêt public « Pôle Bourgogne Vigne et Vin »

 

Les mauvais esprits vont railler : un zinzin de plus

 

Qu’importe ! L’intelligence économique est un outil, pour ne pas écrire une arme, dont nous aurions tort de nous priver dans la grande foire d’empoigne du monde mondialisé. Faire émerger sa différence exige bien plus que des discours et des affiches 4x3…

 

Viticulteur à Vosne-Romanée, Jean-Yves Bizot est, depuis le mois d’octobre dernier, le président du « Pôle Bourgogne Vigne et Vin », le nouveau Groupement d'intérêt public (GIP) relatif au vin. La structure rassemble et unifie l’ensemble des acteurs régionaux de l’innovation et de la recherche dans le domaine viti-vinicole.

 

Lire ICI 

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2 février 2016 2 02 /02 /février /2016 06:00
« Les producteurs de vin ont du mal à vendre leurs vins. Il faut donc s’atteler à aider les producteurs à vendre les vins, et pas à aider les consommateurs à choisir les vins. » Marc Roisin

C’est la conclusion d’une chronique du sieur Roisin, un peu belge sur les bords, fondateur du site de vente et de conseils Vinogusto.com.

 

Avec ses mots, son style et son approche, il met le doigt là où ça fait mal chez les auto-proclamés « je choisis le vin à votre place, sur le woueb bien sûr. » marque de la quintessence d’une forme de mépris « braves gens vous ne comprenez rien au vin je vais vous guider et la plus belle expression de la supériorité des « élites » du vin sur le vulgaire. Constat amer que le vulgaire peuple n’en a rien à péter de ces cicérones qui ne s’adressent qu’au peuple élu avec un petit côté curé en chaire prêchant aux ouailles vivant dans le péché de chair dont ils ignorent, ou sont sensés tout ignorer.

 

Bref, vendre du vin et vendre des conseils ou des services ce n’est pas tout à fait la même chose, et vendre l’ensemble du paquetage relève très souvent d’un mélange des genres qui ne séduit ni ne convainc l’acheteur. De plus, tout ce petit monde qui veut mettre rapidement du beurre dans son pinard se rue sur le même segment de marché bien étroit par ailleurs. C’est l’océan rouge !

 

Mais comme je ne vends rien, ni vin, ni conseils, ni services n’attendez pas de moi que je me lance dans une fine analyse d’un modèle économique en capacité de faire vivre durablement les startups du vin.

 

Roisin lui n’y va pas par 4 chemins :

 

 

Les startups du vin ont tout faux !

 

« Depuis le lancement du guide du vin Vinogusto.com en 2007, j’ai pris connaissance d’une multitude de projets de startup liée au monde du vin, entre autres via le Founder Institute, les Vinocamps, le Wine Business Innovation Summit, la European Digital Wine Communication Conference ou les salles de cours de l’INSEEC à Bordeaux. Et je pense que les aspirants entrepreneurs font systématiquement l’erreur que Vinogusto, Cork’d, Snooth, Findawine, Adegga,… et bien d’autres guides du vin sur Internet ont faite il y a 7-8 ans.

 

Ils pensent encore et toujours que les consommateurs sont malheureux dans leurs achats de vin et espèrent que quelqu’un va les aider à mieux choisir leurs bouteilles. Mais ce n’est pas le cas. La majorité des consommateurs sont très heureux avec leurs achats de vin tels qu’ils sont et ne sont pas du tout à la recherche de solution pour les aider à mieux choisir. Les vins qu’ils achètent un peu au hasard chez le caviste, en grande surface, sur internet, au resto ou dans les bars à vin leur conviennent très bien. Toujours plus ou moins bon, dans leur budget, sans se casser la tête, et avec la fonctionnalité la plus recherchée qui est bien au rendez-vous : le vin contient de l’alcool, on peut le boire en société, ça rend heureux et beau, lubrifie les relations humaines, et c’est avant tout cela qu’on lui demande. »

 

Sa conclusion « Car sans clients potentiels, pas de vente.

 

Et cela nous amène au vrai problème à résoudre : les producteurs de vin ont du mal à vendre leurs vins. Il faut donc s’atteler à aider les producteurs à vendre les vins, et pas à aider les consommateurs à choisir les vins. »

 

Aider, s’entraider donc, en voilà de beaux sentiments mais j’avoue que ça me chagrine un chouïa car je sens sous cette bonne volonté afficher une légère pointe de supériorité « les braves gars, z’ont du mal à vendre leurs vins, nous qui savons faire nous allons les tirer de ce pétrin… »

 

Pour me convaincre de la bonne foi de cette main tendue il me semble que, son ou ses promoteurs, se doivent de me dire :

 

  • Pourquoi, selon eux, les producteurs de vin ont du mal à vendre leur vin ?

  • En quoi consiste cette fameuse « aide » à la vente ?
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1 février 2016 1 01 /02 /février /2016 15:45
photo www.svendandersen.fr

photo www.svendandersen.fr

En notre vieux pays nous n’aimons rien tant que les classements de toutes natures aussi bien celui de la sortie de l’ENA, être dans la botte ou pas, que celui maintenant célèbre des GCC de Saint-Émilion… Si j’évoque ce dernier, à propos de la dernière cuvée des étoilés du Guide Rouge Michelin, c’est qu’il y a, dans les 2 cas, des déclassés : ceux qui perdent 1 étoile.

 

Cette perte a pu prendre par le passé une tournure dramatique pour un chef au faîte de la notoriété. Les enjeux économiques sont tels, excessifs souvent, disproportionnés au vu de ce qui n’est, après tout, qu’une activité économique s’apparentant de plus en plus à un luxe du paraître qu’à une saine conception de la haute gastronomie, que la digue bien fragile qui retient les hommes à la vie se fissure et lâche…

 

L’irruption des réseaux sociaux dans le paysage médiatique, avec leur aspect caniveau plus ou moins nauséabonds, n’a fait qu’amplifier un phénomène exécrable, une forme de jouissance malsaine à jouer les oiseaux de malheur. C’est le phénomène bien connu des voyeurs qui se précipitent sur les lieux d’un drame pour contempler, avec « émotion » le malheur des autres.

 

Les bonnes nouvelles ne font guère recettes… sauf à propager des fausses bonnes nouvelles.

 

On me rétorquera qu’il y a pire sur l’échelle du malheur. Je n’en disconviens pas mais, dans le même esprit que le vieil adage « qui vole un œuf vole un bœuf », il me semble salutaire, comme le fait, Franck Pinay-Rabaroust d’Atabula, de remettre les pendules à l’heure. Il n’y va pas avec le dos de la cuillère, c’est tout à son honneur.

 

« Thibaut Danancher et Gilles Pudlowski qui ont pignon sur rue avec leur média respectif – Le Point pour le premier, Les Pieds dans le Plat pour le second – et qui agissent contre les principes mêmes de leur profession.

 

Nulle analyse, nul recul, nulle volonté d’informer, juste l’envie de montrer qui a la plus grosse en sortant le premier les scoops étoilés.

 

En annonçant « en exclusivité » la troisième étoile au Plaza Athénée d’Alain Ducasse, Thibaut Danancher prouve une fois encore qu’il reste le meilleur attaché de presse du chef monégasque qui se réjouit de perturber les plans du Bibendum en laissant fuiter l’info… »

 

« Quant à Gilles Pudlowski, c’est peu ou prou la même chanson : il met la pression chaque semaine aux chefs pour tenter de sortir des « chuchotis » qui tiennent la route ; il a juste accélérer la cadence pour être le « prem’s » à sortir ses scoops michelinés. Nous touchons ici au niveau zéro du journalisme… »

 

Journalistes, vous avez dit journaliste, Franck n’est-ce pas là une appellation bien trompeuse… et sûrement pas d'origine contrôlée...

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1 février 2016 1 01 /02 /février /2016 06:00
Après les vins de petit garage, les grands dégustateurs de Primeurs GCC vont découvrir les vins de grand stade…

C’est la Révolution dans le petit monde de la dégustation des Primeurs de l’UGCC….

 

Adieu les 5 grands châteaux, leurs allées gravillonnées, leurs beaux buffets, leurs belles hôtesses, place aux travées grises du Matmut Atlantique moquette juste posée, à l’accueil de Chevallier et Laspalès, que vive le Silent Tasting !

 

Du passé faisons table rase « Redonner un professionnalisme sans faille aux dégustations »

 

Points sur les i, revenir aux fondamentaux, silence dans les rangs, Olivier Bernard, le président de l’UGCB c’est le chef comme dans Full Metal Jacket « … les conditions de dégustations que l’on va proposer n’ont jamais été vues. D’avance, je ne veux rien entendre ! »

 

Exit les qui n’avait rien à y faire « … hier on cherchait à faire plaisir à tout le monde… Depuis 25 ans, nous avons gentiment laissé rentrer dans les dégustations des gens qui n’avaient pas grand-chose à y faire. »

 

Le chef n’a pas tout à fait tort sur ce point, mais la faute à qui ?

 

Aux organisateurs bien sûr, mais bon, passons.

 

Pauvres journalistes, une centaine, qui n’auront plus droit au charroi en 5 groupes pour déguster du lundi au vendredi en commençant à Sauternes dans 5 châteaux différents 5 groupes d’AOC crus.

 

Chef Olivier Bernard justifie ce rationnement « 25 châteaux, dans lesquels les conditions de dégustations n’étaient évidemment pas homogènes »

 

Sans être mauvaise langue la nouvelle organisation coûtera moins de pognon, façon de faire pour rationaliser le retour sur investissement.

 

Donc, les quatre matinées de dégustations seront désormais concentrées en deux et surtout centralisées au nouveau stade de Bordeaux, le bien-nommé Matmut-Atlantique. Une destination moins glamour, mais permettant selon Chef Olivier Bernard « un cadre professionnel inégalé. »

 

Si c’est lui qui le dit, ça aura sans doute la même gueule qu’une dégustation primeurs délocalisée à la Porte Maillot : sinistre !

 

« Pour les metteurs en marché, une journée de dégustation est également créée le lundi, réunissant au nouveau stade bordelais l’ensemble des 120 propriétés de l’UGCB dans un Silent Tasting, qui se veut aussi efficace que silencieux. Ce nouveau concept de dégustation studieuse propose à ces opérateurs l’inscription sur quatre créneaux de deux heures (entre 9h30 et 17h30, sans possibilité de déjeuner), avec la possibilité de reconduire de deux heures leur session.

 

« Ces gens doivent pouvoir déguster dans de très bonnes conditions » résume Chef Olivier Bernard.

 

J’adore !

 

« De 9 à14h, la matinée de mardi sera dédiée aux vins de Graves, Pessac-Léognan, Pomerol et Saint-Emilion, puis celle de mercredi aux Médoc (dans les deux cas avec possibilité de revenir sur les Sauternes présentés lundi). Balayant toute critique sur une telle concentration des dégustations, le président de l’UGCB estime que « les pros savent déguster 25 vins à l’heure. Robert Parker nous a habitués à déguster l’intégralité des vins de l’Union en une demi-journée… »

 

Lot de consolation les critiques et journalistes pourront cependant participer aux dégustations en propriétés pour la distribution, ainsi qu'au Silent Tasting.

 

Et toc !

 

Et cerise sur le gâteau : plus de dégustation à l’aveugle !

 

Là, Jancis Robinson MW s’étrangle, peu convaincu par les règles chères au théâtre classique : unité de temps et de lieu « Mais là où j’en veux le plus à ces changements, c’est que l’UGCB ne permettra plus les dégustations à l’aveugle » estime-t-elle, ajoutant « qu’ils pensent sans doute que nous pénalisons leurs vins dégustés à l’aveugle, mais ce changement proposé nous prive de l’un des principaux aspects des primeurs ».

 

Vous allez me dire que vous n’en avez rien à péter de l’organisation des dégustations des primeurs GCC. J’en conviens aisément mais si j’ai pris la peine de vous en informer c’est pour participer à l’immense peine causée à mes chers collègues de la petite critique. C’est horrible se taper le Matmut-Atlantique et voyager en car avec les acheteurs de la GD !

 

Mais rassurez-vous tout cela c’est pour la piétaille.

 

Il y a quelques années, un de nos plus immenses critiques que le monde entier nous envie déclarait « il est très évident que si je voulais m’asseoir dans le salon d’un grand hôtel et faire défiler les propriétaires, chacun avec son échantillon, je pourrais le faire. Si je ne le fais pas, c’est par respect du système en place et par déontologie. »

 

Fort bien, il ajoutait « Du premier moût à l’ouverture des primeurs, je goûte tous les vins que je veux quand je veux… »

 

Il ponctuait sa leçon « … il y en a qui gardent le vin en bouche 20 secondes, réfléchissent 45 secondes à ce qu’ils ont ressenti et consacrent 1 minute et demie à rédiger leur commentaire et attribuer leur note et, hop au suivant…

 

Moi je goûte les vins entre 4 et 6 fois chacun, à des moments différents, des jours différents. En amont, j’ai goûté des raisins, et des pépins, fin août, j’assiste aux vendanges, aux vinifications. Je suis dans le vignoble d’un bout de l’année à l’autre. C’est ce qui me permet de décrire le potentiel et de donner des conseils… »

 

Quel surhomme ! Bordeaux lui doit tout…

 

Je comprends mieux qu’il traitât les Primeurs de simple grand’messe lui, qui tel un moine selon la règle de saint Benoît, fixée vers 530, fait Matines entre minuit et le lever du jour fait Laudes : à l'aube vers 6 heures, Tierce troisième heure après le levant : à 9 heures ou avant la grande messe, Sexte sixième heure après le levant : à midi environ, None neuvième heure après le levant : à 15 heures environ, Vêpres : au début de soirée vers 17 ou 18 heures, Complies : le soir, avant le coucher du soleil…

 

Récemment dans son style alambiqué il regrettait sans vraiment regretter que :

 

« Certes certains crus célèbres (et hélas de plus en plus nombreux) n'acceptent que présenter leurs vins primeurs qu'à la propriété. Ne pas les déguster alors qu'ils sont les plus recherchés de tous c'est trahir quelque part notre devoir d'information. La dégustation demie aveugle est un exercice indispensable à l'hygiène du dégustateur et à l'entretien de sa compétence, et c'est pour cela que j'ai toujours milité pour que le maximum de collègues puisse y avoir droit. Mais elle n'est en aucun cas gage de vérité supérieure. Et pour les obsédés de l'échantillon traficouillé rien n'empêche de le mettre en dégustation aveugle! Pour ma part la synergie entre tous les types de dégustation (y compris dès la fin des vinifications ou à la veille de la mise en bouteille et bien sûr à tous les stades de vieillissement post mise) reste la seule façon de comprendre non seulement le potentiel de départ mais aussi la valeur globale de chaque château. C'est un long, constant et souvent ingrat travail qu'on ne souhaite pas aux amateurs dont on envie parfois la liberté de ton et même le droit d'avoir des préjugés et de la mauvaise foi. »

 

Là je dis joker, sinon je deviendrais vulgaire…

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30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 06:00
« Exagérément libres » : existe-t-il un plus beau programme de vie aujourd’hui ? La magistrale leçon de Patrick Boucheron historien !

Souvent les jeunes gens du Lapin Blanc, lorsque nous partageons un verre servi par nos cantinières d’altitude me disent « Le vin c’est ta passion » et ils sont très surpris lorsque je leur réponds sans hésitation « non ».

 

La monoculture n’est pas ma tasse de thé car je suis né en un pays bocager où l’on pratiquait la polyculture-élevage, la diversité des champs, des labours, des prés, du verger, des carrés de choux et de navets, des vaches, cochons, couvées…

 

Aimer ce n’est pas se confiner dans une spécialité mais accueillir par les fenêtres grandes ouvertes tout ce qui fait la complexité et la richesse de notre monde.

 

Pourquoi me priverais-je de la musique, de la peinture, de la sculpture, des arts de toute nature, de la simplicité d’un repas partagé, de la danse, de la littérature, de l’amour des femmes, du sport, des affaires du monde, de la politique, de la géopolitique, de l’économie et de l’Histoire

 

J’ai placé un H majuscule à dessein car cette discipline, depuis mon plus jeune âge, me passionne.

 

Au temps de mes humanités j’ai englouti de lourds pavés et j’ai longtemps songé à embrasser le métier d’historien. Je me voyais bien passer ma vie penché sur des manuscrits anciens dans le silence d’une bibliothèque.

 

Mon goût de l’action m’a tiré vers le brouhaha du monde sans pour autant me faire oublier ma passion de jeunesse.

 

Et puis voilà qu’hier matin, sur France-Inter Patrick Boucheron vint.

 

Sa magistrale leçon inaugurale de Patrick Boucheron au Collège de France en décembre dernier m’avait enthousiasmé et j’avais songé à chroniquer.

 

 

« Ce que peut l’Histoire », c’était le titre de la leçon.

 

Boucheron y a tordu le cou à l’idée que l’Histoire serait là pour remonter aux origines et fixer des identités. Il a taclé les déclinistes de tous poils, qui «répugnent à l’existence même d’une intelligence collective». Il a contesté que l’Histoire soit finie. «Pourquoi se donner la peine d’enseigner sinon, précisément, pour convaincre les plus jeunes qu’ils n’arrivent jamais trop tard?»

 

Pour Boucheron, rien n’est plus mortifère que de faire l’Histoire une machine à fabriquer des leçons de désespoir et à propos d'Alain Finkielkraut, je souscris à son propos « On a mieux à faire que de se porter au chevet des mélancoliques »

 

Nora en désaccord avec Finkielkraut sur l'immigration

 

« À l'issue de son discours, Alain Finkielkraut a été officiellement reçu à l'Académie par Pierre Nora qui lui a répondu avec un discours. « Je pourrais dire sur vous des horreurs. (...) Rassurez-vous, je n’abuserai pas du privilège momentané", a lancé l'historien qui n'a cependant pas manqué de marquer son opposition avec l'une des thématiques privilégiée par le nouvel académicien.

 

« D’accord avec vous sur le constat – la désintégration de l’ensemble national, historique et social et même sur le naufrage d’une culture dans laquelle nous avons tous les deux grandi – j’exprimai mon désaccord sur les causes de cette décomposition. Vous aviez tendance à en faire porter la responsabilité principale sur l’immigration et à réduire le phénomène à la confrontation avec l’Islam. À mon sens, le mal vient de plus loin », a estimé Pierre Nora.

 

Celui-ci a également pointé « l'omniprésence médiatique » d'Alain Finkielkraut. « La télévision, m’avez-vous dit, vous obligerait à être un personnage, la radio vous laissait être vous-même. Et pourtant, quel personnage télévisuel vous êtes devenu! Survolté, convulsif, habité d’une gestuelle, disons, bien identifiable", a-t-il lancé, rappelant aussitôt la colère la plus mémorable du philosophie. »

 

Oui comme le dit Patrick Boucheron « Nous avons besoin d’histoire car il nous faut du repos »

 

« Une halte pour reposer la conscience, pour que demeure la possibilité d’une conscience, non pas seulement le siège d’une pensée, mais d’une raison pratique, donnant toute latitude d’agir. Sauver le passé, sauver le temps de la frénésie du présent : les poètes s’y consacrent avec exactitude. Il faut pour cela travailler à s’affaiblir, à se désœuvrer, à rendre inopérante cette mise en péril de la temporalité qui saccage l’expérience et méprise l’enfance. ‘Étonner la catastrophe’, disait Victor Hugo, ou avec Walter Benjamin, se mettre en travers de cette catastrophe lente à venir, qui est de continuation davantage que de soudaine rupture ».

 

« Voici pourquoi cette histoire n’a, par définition, ni commencement ni fin. Il faut sans se lasser et sans faiblir opposer une fin de non-recevoir à tous ceux qui attendent des historiens qu’ils les rassurent sur leurs certitudes, cultivant sagement le petit lopin des continuités. L’accomplissement du rêve des origines est la fin de l’histoire, elle rejoindrait ainsi ce qu’elle était, ou devait être, depuis ces commencements qui n’ont jamais eu lieu nulle part sinon dans le rêve mortifère d’en stopper le cours. »

 

Patrick Boucheron, historien, médiéviste, est réputé, auprès de ses élèves, pour la qualité de son enseignement, soucieux qu’il est de la transmission du savoir en affirmant que la jeunesse « nous oblige ».

 

Professeur il aime à rappeler tout ce qu’il doit à ses maîtres, Roger Chartier, Georges Duby, Jacques Le Goff, Fernand Braudel…

 

« Ce qui surviendra, nul ne le sait. Mais chacun comprend qu’il faudra, pour le percevoir, être calme, divers, et exagérément libres… »

 

« Exagérément libres » : existe-t-il un plus beau programme de vie aujourd’hui ?

 

Il écrivait 6 janvier 2016 dans Libération :

 

«Les événements de janvier nous somment, ceux de novembre nous assomment» 

 

« Depuis janvier 2015, comme une houle battant la falaise, le temps passait sur le socle des pierres blanches qui fait un piédestal à la statue de Marianne. Le temps passait, les nuits, les jours, la pluie, le vent qui délavait les dessins d’enfants, éparpillait les slogans, estompant leur colère. Et l’on se disait : c’est cela un monument, qui brandit haut dans le ciel une mémoire active, vivante, fragile. Ce n’est que cela une ville : cette manière de rendre le passé habitable et de conjoindre sous nos pas ses fragments épars. C’est tout cela l’histoire, pourvu qu’elle sache accueillir du même front les lenteurs apaisantes de la durée et la brusquerie des événements ».

 

Une année de publications

 

« Outre la reprise en poche de son formidable Essai sur la force politique des images, à partir des peintures siennoises d’Ambrogio Lorenzetti, Conjurer la peur (Points Histoire, Seuil), l’édition, avec Jacques Dalarun de l’introspection biographique de Georges Duby, Mes égo-histoires (Gallimard), parallèlement à la direction d’un collectif, emmené par les mêmes maîtres d’oeuvre, Georges Duby. Portrait de l’historien en ses archives (Gallimard), Patrick Boucheron a assuré avec Stéphane Gioanni la publication des fruits d’un chantier international transdisciplinaire sur les « usages politiques et sociaux d’une autorité patristique en Italie (Ve-XVIIIe siècle) », La Mémoire d’Ambroise de Milan (Publ. De la Sorbonne) et dialogué avec Mathieu Riboulet sur les événements de janvier 2015 (Prendre dates, Verdier).

 

Depuis l’automne, on peut retrouver son Éloge dantesque de la transmission, prononcé à Bordeaux, puis à Pau en septembre 2014 (Au banquet des savoirs, P.U. de Bordeaux/P.U. de Pau et des Pays de l’Adour, 7 €) et son échange avec le théoricien politique américain Corey Robin, à Sciences Po Lyon en novembre 2014 (L’Exercice de la peur. Usages politiques d’une émotion, P.U. de Lyon, 10 €). Lire surtout sa lumineuse introduction à la Chronique de l’Anonyme romain qui relate la révolte du tribun romain Cola di Rienzo au mitan du XIVe siècle (Anarcharsis, « Famagouste », 320 p., 24 €) et découvrir Un Tyran attirant, le premier chapitre d’un récit à paraître chez Verdier, donné en ouverture de la livraison que la revue Critique consacre à Patrick Boucheron : l’histoire, l’écriture (n°823, décembre 2015, 11,50 €) et qui se clôt sur un entretien mené par Marielle Macé et Vincent Azoulay, interrogeant les adresses de l’historien (« défaire les continuités »).

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28 janvier 2016 4 28 /01 /janvier /2016 06:00
La Tartarie du steak « Quand le seigneur à envie de boire, les coupes se soulèvent de leur place sans que nul ne les touche et s’en vont devant le seigneur… » Michel Strogoff, Giovanni Drogo, Jules Verne et Dino Buzzati

Bien avant de consommer un steak tartare, ce que je n’ai fait que sur le tard vu que chez moi dans ma Vendée profonde manger de la viande crue aurait relevé de la barbarie.

 

Dans nos esprits peu éveillés le barbare absolu était Attila « le fléau de Dieu » « Là où mon cheval passe, l'herbe ne repousse pas. » et ses Huns, peuple asiatique turco-mongol, de langue turque, tribus nomades qui surpassèrent les autres « dans la maîtrise du cheval, grâce à leur promptitude et à leur étonnante mobilité, ainsi qu’à la dextérité de leurs cavaliers, entraînés dès leur plus jeune âge. Cette habileté, couplée à l’arc court pouvant être utilisé depuis le dos de la monture, fut un avantage lors des nombreuses batailles que livrèrent les Huns. »

 

« Les Huns furent des éleveurs consommant principalement de la viande (en abondance, qu’ils mangent crue et qu’ils font aussi sécher) et des produits laitiers. La chasse avait également une grande importance dans leur économie, notamment la chasse des grands-roi pour l’alimentation de l’armée.

 

Leur bétail fournissait également le cuir, la laine et les os. Le cuir servait à la fabrication des bottes, du harnachement, du carquois ; la laine à celle du feutre des tentes, des capes et peut-être des tapis. »

 

Ils pratiquaient l’infanticide des filles et le géronticide.

 

Bref, de quoi peupler mes nuits de rêves d’images sanglantes.

 

Les tartares sont apparus dans mon imaginaire par la littérature :

 

- Michel Strogoff le roman de Jules Verne paru en 1876

 

 

Michel Strogoff, capitaine cosaque, est chargé par le Tzar Alexandre II de porter une lettre stratégique de Moscou à Irkoutsk, pour prévenir le grand-duc, frère du Tzar, de l’arrivée prochaine de hordes tatares commandées par un officier russe félon, Ivan Ogareff, à la solde d’un Khan de Boukhara, Feofar Khan, en révolte contre l’empire russe et qui essaye de déstabiliser le Kirghizstan puis la Sibérie.

 

La naissance du steak tartare à Paris

 

Jules Verne n’a pas inventé le steak tartare, mais c’est le succès de sa pièce de théâtre (Jules Verne en 1880 a adapté Michel Strogoff pour le théâtre) qui a incité les cuisiniers des plus grandes brasseries parisiennes se sont inspirés du « Koulbat » de la pièce de théâtre en créant cette recette à base de viande de boeuf ou de cheval, coupée en petits morceaux et servie crue avec un œuf et des épices. Cette recette sanguinaire collait parfaitement à l’image des tatars, qui depuis leurs présumés ancêtres « les Huns » mangeaient de la viande crue, attendrie seulement sous la selle de leurs chevaux !

 

Cette recette est donc inspirée de seulement cinq répliques de la scène 5 de l’acte 2 entre deux personnages secondaires, un journaliste anglais Harry Blunt et un hôtelier tatar le Maître de Poste :

 

...

 

LE MAÎTRE DE POSTE. – Je puis offrir à Monsieur du koulbat.

BLOUNT. – Quelle est cette chose... koulbat ?

LE MAÎTRE DE POSTE. – Un pâté fait avec de la viande pilée et des œufs.

BLOUNT. – Alors, servez koulbat. Et vous avez encore ?

LE MAÎTRE DE POSTE. – Du kwass.

 

Bien évidemment cette anecdote, au fin fond de mon bocage, je l’ignorais.

 

Michel Strogoff fut adapté au cinéma en 1956 par Carmine Gallone, je l’ai vu au REX de la Mothe-Achard, avec de grands acteurs : Curd Jürgens : Michel Strogoff/Geneviève Page : Nadia/Jacques Dacqmine : Le grand-duc/Sylva Koscina : Zingara/Gérard Buhr : Blond/Jean Parédès : Jolivet/Françoise Fabian : Natko/Henri Nassiet : Ivan Ogareff/Sylvie : Marfa Strogoff/Louis Arbessier : le tsar/Michel Etcheverry : le général Krisloff…

 

 

Les yeux bleus d’acier de Curd Jürgens, brûlés, la beauté des femmes : Geneviève Page, Sylva Koscina, Françoise Fabian, ma machine à rêves les plus fous.

 

- Le Désert des Tartares (Il deserto dei Tartari) roman de Dino Buzzati paru en italien en 1940, traduit en français par Michel Arnaud, publié en 1949 aux éditions Robert Laffont.

 

 

Ce roman je l’ai lu adolescent et il a beaucoup compté dans ma destinée de petit Vendéen crotté :

 

« Tout près de la frontière, aux confins de mon univers connu, j'attendais le jour où la vraie vie commencerait. J'étais le clone de Giovanni Drogo, ce jeune ambitieux pour qui " »tous ces jours qui lui avaient parus odieux, étaient désormais finis pour toujours et formaient des mois et des années qui jamais plus ne reviendraient... » Aux yeux du clan des femmes je croissais, en âge et en sagesse, dans l'étroit périmètre de notre bocage cernée de hautes haies, alors que je ne poussais vraiment que dans l'obscurité du Rex et du Modern. Perfusé par les yeux verts et le nombril de Debra Paget dans le Tigre du Bengale et par les bas de soie glissant sur les cuisses diaphanes de Catherine Deneuve dans Belle de Jour, je me lignifiais en silence. Jour après jour j'accumulais la chlorophylle des belles étendues sur le papier glacé des magazines de mode de ma mère. Je thésaurisais de la beauté pour gagner les centimètres qui me placeraient au-dessus du commun. C'était le bonheur de jours passés à regarder filer les heures, hors des limites du réel, avec pour seule ligne d'horizon la belle destinée qu'allait m'offrir la vie, au plus haut, à l'étage des seigneurs. Quand parfois le doute m'effleurait - allais-je pouvoir m'extraire de ce monde contraint ? - je me parais des oripeaux d'Edmond Dantès, le trahi, le paria surgi de nulle part accomplissant son implacable vengeance ; les yeux topaze d'Yvonne Furneau m'irisaient... »

 

  • Le Désert des Tartares, Valerio Zurlini, en fit un film sorti sur les écrans en 1976, avec une brochette de grands acteurs : Vittorio Gassman : Filimore/Giuliano Gemma : Mattis/Philippe Noiret : le général/Jacques Perrin : le lieutenant Drogo/Francisco Rabal : Tronk/Fernando Rey : Nathanson/Laurent Terzieff : Amerling/Jean-Louis Trintignant : le médecin-major Rovin/Max von Sydow : Ortiz.

 

Le beau Jacques Perrin incarnant Giovanni Drogo je me voyais bien me glisser dans sa peau…

 

Mon premier tartare je l’ai mangé à Paris dans une grande brasserie dont j’ai oublié le nom.

 

Les origines du steak tartare sont difficiles à déterminer, plusieurs versions circulent :

 

  1. « Parce qu’à l’origine, le tartare est tout sauf français. Il n’est même pas européen. Il nous vient en réalité des Cosaques Zaporogues et non des Tartares, que nous avons rencontrés en Ukraine et dont nous avons piqué l’idée au début du XVIIème. Nous avons amalgamé Cosaques et Tartares car leurs cultures de cavaliers nomades d’Asie centrale étaient suffisamment semblables aux yeux des Français du XVIIème siècle pour être confondues. Les Zaporogues plaçaient des filets de viande de cheval crue et salée sous leur selle et galopaient jusqu’à totalement vider la viande de son sang, puis la mangeaient simplement tranchée ensuite. Nous avons repris l’ingrédient de base, mais sans la selle, et avec deux ou trois ingrédients supplémentaires bien locaux. La viande de cheval est utilisée chez nous aussi, mais la plus courante de nos jours reste le boeuf. »

2. « le steak tartare tel que nous le connaissons aujourd’hui nous provient plus probablement de la ville de Hambourg, en Allemagne, où l’on servait un plat de viande hachée assaisonnée et généralement crue, accompagné d’oignons et de chapelure. Ce plat, appelé « steak d’Hambourg », a donné naissance à deux mets tout à fait différents, mais néanmoins très populaires, le steak tartare et le… hamburger.

 

La ville d’Hambourg étant une très grande ville portuaire, il fût facile pour le steak d’Hambourg de se transporter à travers les grandes villes maritimes d’Europe, et c’est probablement en Belgique qu’il est devenu ce que nous connaissons comme le steak tartare, c’est à dire une préparation de cheval ou de boeuf hachée au couteau (car c’est la tradition, même si plusieurs endroits le font au moulin) et assaisonnée de mayonnaise, de câpres, de cornichons, de moutarde, de sauce forte... C’est d’ailleurs en raison de son origine belge que l’accompagnement traditionnel du steak tartare est la pomme frite. »

 

Selon chef Simon du Monde la Recette de tartare de boeuf pour 4 personnes se décline ainsi :

 

 

400 à 500 g de filet de boeuf (vous pouvez également utiliser toutes les pièces de boeuf tendres) - 4 échalotes ciselées (ou oignons blancs) - 4 cuillers à soupe de câpres - 1/2 bouquet de persil plat - 10 cornichons - 4 jaunes d'oeufs - 4 cuillers d'huile de tournesol - 2 cuillers à soupe de worcestershire sauce - 2 cuillers à soupe de moutarde - Quelques gouttes de tabasco - sel et poivre du moulin.

 

 

Mais revenons à la TARTARIE la Terre des diables extraits de l’Atlas des Contrées Rêvées de Dominique Lanni chez Arthaud illustrations Karin Doering-Froger.

 

« Il en est des Empires comme des glaciers qui couvrent le flanc des montagnes : ils grandissent ou s’amenuisent selon les âges. Celui que le Moyen Âge appelait Tartarie s’étendait au XIIIe siècle de l’Oural à l’océan Pacifique. Et si les Tartares désignèrent le peuple mongol, leur territoire dépassait les frontières qu’on leur connaît actuellement : Gengis Khan les mena jusqu’aux portes de l’Europe. Au milieu du XIIIe siècle, la chrétienté s’interroge avec anxiété et effroi sur « cette race épouvantable de monstres qui n’ont rien d’humain. »

 

« En 1245, le pape Innocent IV charge le franciscain Giovannni di Pian Carpino d’une mission pour le moins délicate : se rendre auprès du Grand Khan Guyuk afin « d’examiner toutes choses avec soins. »

 

Malgré les risques le moine est convaincu de « porter la bonne nouvelle au-devant de « nations barbares ».

 

Dans son Histoire des Mongols il livre ce portrait :

 

« L’aspect des individus diffère de celui des autres hommes. Entre les yeux, en effet, et entre les pommettes, ils ont plus d’écartement que les autres hommes. De plus leurs pommettes sont saillantes par rapport aux joues, ils ont le nez plat et petit, ils ont les yeux petits et les paupières tirées jusqu’aux sourcils. Ils ont, en général, la taille mince, sauf quelques-uns ; presque tous sont de statures moyennes. »

 

Louis IX, le futur Saint-Louis, en 1254-1255, envoie lui aussi un franciscain, le flamand Guillaume de Rubrouck, auprès du Grand Khan.

 

Mais c’est Marco Polo, « le vénitien raffiné, rompu aux mœurs d’une Italie déjà saisie du frisson de la renaissance » qui fera disparaître la frontière entre l’Occident médiéval et cet empire du bout du monde.

 

Le chroniqueur Rustichello de Pise, sous la dictée de Marco Polo écrira sur la découverte des mondes inconnus apportant son lot de merveilles.

 

« Ces enchanteurs, dont je vous ai parlé, font tant par leurs enchantements que, quand le seigneur à envie de boire, les coupes dont je vous ai parlé, se soulèvent de leur place sans que nul ne les touche et s’en vont devant le seigneur… »

 

Que boire avec votre tartare ?

 

Je vous conseille : BRUTAL

Rouge brutal 2012
La Tartarie du steak « Quand le seigneur à envie de boire, les coupes se soulèvent de leur place sans que nul ne les touche et s’en vont devant le seigneur… » Michel Strogoff, Giovanni Drogo, Jules Verne et Dino Buzzati
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27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 06:00
Le vin nature est-il vulgaire « Aucun crime n'est vulgaire, mais la vulgarité est un crime. La vulgarité, c'est ce que font les autres. » Oscar Wilde

Suis-je vulgaire ?

 

Les vins nature et leurs défenseurs sont-ils vulgaires ?

 

De hautes plumes le pensent et l’écrivent, libre à eux de le penser et de l’écrire.

 

Mais qu’est donc que la vulgarité ?

 

Longtemps la vulgarité fut un préjugé de caste, et dans la bouche ou sous la plume de certains qui se vivent comme l’élite elle le reste encore car elle est la marque infâmante du vulgum pecus, de la masse et du bas peuple.

 

« Prenez un homme d'une capacité ordinaire, vous savez toujours ce qu'il va dire dans un cas donné (...) La société d'élite raille impitoyablement cette vulgarité, elle se croit beaucoup plus originale, beaucoup plus personnelle » J. Simon, Devoir, 1854.

 

En février 1857, le gérant de la Revue de Paris dans laquelle Madame Bovary a été publiée sous la forme de feuilletons, l’imprimeur et Gustave Flaubert sont jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ».

 

Gustave Flaubert sera blâmé pour « le réalisme vulgaire et souvent choquant de la peinture des caractères » mais il est acquitté malgré le réquisitoire du procureur Ernest Pinard.

 

Évoquer la vulgarité, ce qui est vulgaire, ce qui manque de distinction, de délicatesse, ce qui choque la bienséance, forme de bassesse, de grossièreté, de trivialité, et le souci de la combattre, cache souvent l’ambiguïté du propos car il peut se retourner contre ceux qui en font un argument imparable.

 

Vulgarité morale, physique…

 

Vulgarité prétentieuse…

 

Vulgarité de caractère, de conduite, des goûts, des mœurs, de parole, des sentiments, du style, du ton, des traits…

 

« Un jour que la conversation tournait à des vulgarités écœurantes (...) elle dit à Fred: « Je ne sais pas si les gens dont vous parlez sont horribles comme vous le dites, mais je sais qu'ils vous ressemblent (...) »

 

Aragon, Les Communistes, t. 1, 1982

 

Je partage l’opinion d’Oscar Wilde « Aucun crime n'est vulgaire, mais la vulgarité est un crime. La vulgarité, c'est ce que font les autres. »

 

Florilèges

 

L’origine du Monde de Courbet est-elle une œuvre vulgaire ?

 

Reiser était-il vulgaire ?

 

Le Pr Choron était-il vulgaire ?

 

Les Hara-Kiri, Charlie and Co étaient-ils et sont-ils encore vulgaires ?

 

Madame Sans-Gêne était-elle vulgaire ?

 

« Casse-toi pauvre con ? » était-il vulgaire ?

 

« Les Bio-cons » était-ce une désignation vulgaire ?

 

Certains critères du classement de Saint-Émilion sont-ils vulgaires ?

 

Les prix de certains GCC sont-ils vulgaires ?

 

Les salaires de certains footballeurs sont-ils vulgaires ?

 

« Merci pour ce moment » est-il un livre vulgaire ?

 

Les Balkany sont-ils vulgaires ?

 

Éric Zemmour est-il vulgaire ?

 

Nadine Morano est-elle vulgaire ?

 

Pamela Anderson est-elle vulgaire ?

 

« On s’en bat les couilles » vin de Pascal Simonutti est-il vulgaire ?

 

Les paroles de certains rappeurs sont-elles vulgaires ?

 

Les tatouages sont-ils vulgaires ?

 

La Rolex de Séguéla est-elle vulgaire ?

 

Mouton-Cadet est-il vulgaire ?

 

Nul n’est à l’abri de la vulgarité… moi le premier… mais ne pas confondre vulgarité et grossièreté car si cette dernière est fracassante elle est curable, alors que l’autre est insidieuse et profondément enracinée.

 

Pour reprendre l’imagerie populaire, la poissonnière ou le charretier, au langage grossier, valent souvent bien mieux que les monstres de vulgarité au langage châtié.

 

Le monde du vin, son bling-bling, ses nouveaux riches, son paraître, sa nuée de courtisans n’est donc pas exempt d’une forme de vulgarité.

 

La vulgarité moderne est violente car elle nivelle et abaisse sous le prétexte de se mettre à la portée, d’être plus accessible, plus compréhensible, plus intelligible pour l’autre, « l’autre » étant l’auditeur, le spectateur, l’électeur…

 

Dans notre monde pressé, qui se dit et se veut efficace, c’est le chemin le plus court pour être compris. La vulgarité est alors un artifice au service d’une communication de proximité, une sorte de communication identitaire. Se faire comprendre de son interlocuteur nécessiterait de se mettre à son niveau. Être vulgaire pour être sûr d’être compris par la base que je cherche à séduire…

 

« Regarde-moi, je parle, j’écris comme toi, je suis toi ».

 

Une faute de français pour « faire peuple »

 

Mais de quel niveau parle-t-on ?

 

Claude Cabanes écrivait dans son Éloge de la vulgarité aux éditions du Rocher lire ICI

 

« Nomenclature sémantique en forme de monologue que le « dominant » adresse au « dominé » sous les vivats du public du chapiteau :

 

« Je suis distingué, tu es vulgaire.

 

Je suis rare, tu es commun.

 

Je suis unique, tu es quelconque.

 

Je suis irremplaçable, tu es habituel.

 

Je suis incomparable, tu es banal.

 

Je suis brillant, tu es terne.

 

Je suis fin, tu es grossier.

 

Je suis raffiné, tu es trivial.

 

Je suis aisé, tu es pauvre.

 

Je suis le consommé, tu es la soupe (le public rit)

 

Je suis un prince, tu es un bouseux.

 

Je suis profond, tu es futile.

 

Je suis mince, tu es gras. »

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