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26 janvier 2016 2 26 /01 /janvier /2016 06:00
L’anti-Manifeste lâchez-nous la grappe « Ces vins sont en train de sauver l’image du vignoble français. » Olivier Roellinger

Pour parodier ce bon François Morel dans sa dernière chronique sur France-Inter, par les temps qui courent il pleut, dans le petit monde du vin, des Manifestes comme à Gravelotte.

 

Chaque camp est solidement retranché, celui des insurgés, qui tient dans un mouchoir de Chollet noué aux 4 coins, fait beaucoup de bruit médiatique, trop, ce qui irrite le camp d'en face celui des tenants de l’ordre établi.

 

Comme l’Islam est très tendance, ces derniers où se mêlent les repentis, les ouvriers de la 25e heure du bio et de la biodynamie, les purs et durs des produits en cides, les Paganini de l’œnologie de confort, balancent leurs scuds sur la piétaille naturiste : ayatollah, fatwa

 

Des mots qui se veulent assassins mais qui, à la manière de la désignation des pauvres automobilistes piégés par la neige sur l’autoroute, pris en otage, sont des abus de langage.

 

Un ayatollah à la mode iranienne n’est pas qu’un prêcheur mais quelqu’un qui impose sa loi au plus grand nombre. Il ne me semble pas vraiment que ce soit le cas des zélateurs des vins qui puent. Dans notre paysage du vin la force et le poids sont plutôt du côté de ceux que l’on qualifie de conventionnels, soit les tenants du modèle dominant.

 

Que la gente qualifiée par l’émigré d’au-delà des Pyrénées de « bobo-parigot-alterno-mélanchoniste » donnât de l’urticaire à l’establishment riquiqui des qui vivaient très bien dans le petit monde du vin de ces 20 dernières années, j’en conviens aisément. Pour autant, l’appel à la résistance d’un autoproclamé gardien du temple, «Contre la bêtise des gourous des vins nature», me fait rétorquer de quoi se mêle -t-il celui-là ?

 

« Viticulteurs, réveillez-vous ! Reprenez le pouvoir, il n’est que temps. » proclame-t-il !

 

Ha ! bon, les viticulteurs auraient donc perdu le pouvoir…

 

Quel pouvoir ?

 

Celui de faire du vin à leur manière ?

 

Il me semble que dans ce domaine, les exclus sont plutôt du côté des vins qui n’empruntent pas les autoroutes de l’œnologie moderne.

 

Mais ce fameux pouvoir, le seul juge de paix du devenir d’un vin n’est-il pas entre les mains de ceux qui le choisissent ?

 

Entre nous soit-dit, qu’est-ce qu’ils en ont à péter les buveurs des cris d’orfraies des défenseurs de ce qui se fait ou ne se fait pas ?

 

Rien !

 

Ils s’en tamponnent le coquillard…

 

Alors pourquoi une telle agitation du côté des défenseurs de la bienséance ?

 

Tout bêtement parce que derrière cet appel à la résistance se cache une volonté, celle d’exclure ces vins dit déviants, d’insinuer que ces vins, dit naturels ou nature, ne sont pas des vins. En effet, il s’agit d’un appel pur et simple à leur exclusion du champ du commerce alors que je sache à partir du moment où un vin est considéré par la répression des fraudes comme étant un produit sain, loyal et marchand c’est du vin soumis à l’acquittement d’un droit de circulation.

 

Si un vin circule pour arriver jusque sur les étagères d’un caviste ou la table d’un restaurant je ne vois pas au nom de quoi il faudrait le vouer aux gémonies parce qu'il ne plaît pas à un auto-désigné juge aux élégances.

 

Alors est-ce la peur de voir ces vins pleins de défauts faire une concurrence déloyale aux vins bien formatés, bien lisses, bien au goût des goûteurs patentés, qui anime la croisade de ce Godefroy de Bouillon du XXIe siècle ?

 

Si tel était le cas, et ça ne l’est pas, pourquoi en appeler à un sursaut des vignerons qui suivent le droit chemin ? De deux choses l'une : soit les vins dit déviants trouvent des consommateurs, soit ils n'en trouvent.

 

Les seuls décideurs ce sont les cochons de payant et non les conseilleurs, patentés ou non. Et c’est heureux…

 

Tous les goûts sont dans la nature dit l’adage populaire et François Jacob dans le Jeu des possibles, Fayard, 1981, rive le clou à tous ceux qui veulent nous imposer le leur « Vouloir séparer le biologique du culturel n’a pas de sens. Pas plus que de demander si le goût de Roméo pour Juliette est d’origine génétique ou culturelle. »

 

Pourquoi, dans ces conditions, instaurer un débat, ce serait du même tonneau que d'en instaurer un sur le sexe des anges ?

 

D'ailleurs je n’ai jamais assisté à un vrai débat entre les deux camps car tout bêtement aucun d'eux ne se risque à affronter l’adversaire, à confronter ses idées, tout le monde préfère l’entre-soi et l’instruction de procès à charges. C’est plus confortable.

 

L’intolérance est partout : essayez donc de contredire Nossiter !

 

Je fais un rêve : si un vrai débat s’instaurait, celui-ci mériterait mieux que l’échange d’horions, de raccourcis faciles peuplant les réseaux sociaux, qui permettent aujourd’hui de jeter principalement le discrédit sur un produit, le vin nature, qui se vend parce qu’il est apprécié par une catégorie, certes minoritaire, de consommateurs qui ne sont ni des déviants, ni des fauteurs de goût.

 

Le vin véritable n’existe pas mais la ligne de partage est bien entre ceux qui veulent définir des valeurs moyennes de composants avec une marge de tolérance et ceux qui affirme qu’un «produit naturel» est par définition soumis à des grands écarts du fait même des caprices de la nature.

 

Que je sache la liberté du consommateur de choisir son vin selon son goût, ses désirs, ses envies, son porte-monnaie, n’est entravé par qui que ce soit.

 

Alors où est le danger ?

 

Qui est en danger ?

 

Ceux qui ont peur de perdre ce qu’ils considéraient comme leur pouvoir, qui se vivaient – et qui en vivaient – défenseurs du bon goût, d’une forme d’académisme. Les gardiens de tous les temples, tous les musées, toutes les chapelles

 

En matière de vin, comme en tout, je suis athée et laïc.

 

Donc « Lâchez-moi la grappe ! »

 

Et je ne demande pas, à qui que ce soit, de me suivre comme les moutons suivent le Bon Pasteur. 

 

Mon phare, ma balise, mo étoile polaire c’est la sincérité. Pas la mienne, celle de ceux qui font le vin.

 

Et je souscris à 100% à ce qu’a déclaré Olivier Roellinger au sieur Sébastien Lapaque qui graphe maintenant dans la pointe avancée de la Résistance aux vins conventionnels : la RVF, environné qu’il est d’encarts vantant les mérites des plus beaux fleurons de ceux-ci. 

 

« J’avais besoin de cette forme de sincérité. Dans une Bretagne massacrée par l’agriculture chimique, il était inévitable que la rencontre se fasse avec des vignerons en train de proposer un autre modèle. J’ai toujours mis un point d’honneur à travailler avec des légumes bio, des œufs bio, des volailles bio. Ma femme Jane a même poussé la démarche jusqu’à exiger des fleurs bio pour nos bouquets. Il était normal que le vin suive. C’est une cohérence qu’on doit avoir. »

 

Dangereux extrémiste ce chef breton d’autant plus qu’il aggrave son cas en prenant fait et cause pour les affreux, sales et méchants naturistes.

 

« Nous avons commencé avec Bruno Schueller, Patrick Meyer, Dominique Derain, Claude Courtois et Pierre Overnoy.

 

… Aujourd’hui au Coquillage on peut boire un vin d’Auvergne de Patrick Bouju, un chardonnay de Noëlla Morantin

 

… Pour suivre il y a du Ganevat, du Arena, du Vallette, du Peron, du Jambon

 

Ces vins sont entrain de sauver l’image du vignoble français. »

 

La patrie du vin français n’est donc pas en danger du fait des vins de chemin de traverse mais plutôt du fait de l’ennui provoqué par l’uniformité des vins dont on peut douter de la sincérité…

 

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25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 06:00

 

Sur les réseaux sociaux tout un chacun s’essaie à sortir la tête du flux ininterrompu en jouant, avec un bonheur inégal, sur le registre de l’humour, de la vacherie, de la parodie, de la pochade. C’est à qui fera un « bon mot » pour attirer le gogo.

 

Jusqu’à ces derniers temps le monde du vin, toujours à la traîne, se complaisait dans les sempiternels j’aime ton cru, ça sent la pêche melba, ça goûte bien, assorti chez l’exilé d’au-delà des Pyrénées d’une iconographie dans le style LUI des origines.

 

Bref, on s’ennuyait ferme et petit à petit beaucoup de blogueurs jetaient l’éponge ou s’engageaient dans la sous-traitance là où affleure encore le peu de pognon de la presse écrite.

 

Et puis, surgissaient du diable vauvert, la Revue des Gros Vins de France d’un certain Marc Hélalie et le Glourafi sur Twitter. Des pseudos bien évidemment, c’est plus commode, ça évite comme pour moi de se faire blacklister par la RVF et interdire de séjour par B&D.

 

Qu’importe !

 

Mettre un peu d’animation, foutre le bordel dans les conventions, asticoter les prétendues icones, qui souvent rient jaune, se la jouer Canard Déchaîné avec un zeste d’impertinence, une pincée de méchanceté et beaucoup de mauvaise foi, ça ne peut nuire à l’extension du domaine du vin.

 

Bien sûr il leur faudra tenir la distance, durer sans lasser et ça c’est une autre paire de manches…

 

Ce dernier samedi, alors que j’avais d’autres chats à fouetter, façon de parler, en une concomitance étrange, j’ai assisté bien au chaud à une partie de ping-pong sur la Toile.

 

Tout d’abord via Bourgogne-Live voilà t’y pas que l’ami Confédéré Paysan, Lilian Bauchet, du fin fond de sa nouvelle patrie du Beaujolais, sortait de son long silence d’ermite :

 

« Bon, deuxième post de l'année et nous ne sommes pas encore fin janvier. Le moral est bon, les jambes aussi. Ah, j'en ai bouffé des kilomètres de brouillon pendant la morte saison, je suis affûté comme jamais, c'est sûr, le titre de blogueur vin de la RVF 2016 ne m'échappera pas.

 

Qui pour me barrer la route ?

 

Olif ? Trop orienté vins naturels. Escapades gourmandes ? Trop léger, le vin, c'est un sujet sérieux…

 

Du morgon dans les veines ? Au contrôle antidopage, il ne passera pas.

 

Nicolas Lesaint ? Trop sensible, ça se sent dans ses écrits, son côté poète va lui jouer des tours quand ça va frotter dans le peloton à l'approche de l'arrivée, il n'aura pas les nerfs pour rester au contact.

 

Jacques Berthomeau ?

 

La réponse de Lilian, pleine d’à-propos est ICI 

 

Sa conclusion m’a fait sourire « Tu dois te demander pourquoi je te donne tous ces conseils, toi qui es un de mes principaux rivaux pour le titre ? Parce que j'aime trop ce sport pour voir un compétiteur de ton calibre passer à côté de sa carrière. Maintenant, tu en fais ce que tu veux de mes conseils, si tu veux rester le Poulidor de la blogosphère vin, ça te regarde. »

 

 

 

Rassure-toi Lilian, Poulidor n’est pas ma tasse de thé et si le vélo est l’un de mes amours c’est parce que je suis un bobo parigot cher au blogueur de l’année 2016.

 

Et là cher Lilian, tout comme Marc Hélalie, vous êtes largués par le peloton lorsque vous prétendez postuler pour ce titre 2106 déjà attribué par le RP Saverot.

 

Ce sera pour 2017, année des revenants dans une autre compétition. Peut-être face à l’afflux de candidats de droite comme de gauche vous devrez passer par la case des Primaires. Pour ma part, le Soviet Suprême de la RVF sous la férule du petit père du peuple de Marie-Claire, la barbe de 3 jours JP Lubot, m’a assigné au Goulag de la Toile, et je ne pourrai être des vôtres. Ce que je ne regrette en rien, cher Lilian, je préfère mes belles amies du haut de Ménilmontant à l’engeance postulante au titre.

 

 

Pour finir avec toi, un reproche de haute portée politique : comment peux-tu Lilian Confédéré Paysan publier ton blog sur une plate-forme inféodée à l’impérialisme US comme on disait de mon temps.

 

Mais ce samedi me réservait d’autres surprises puisque No Wine is Innocent sur rue 89 L’Obs. publiait :

 

Le Glourafi et La Revue des gros vins de France se moquent du vin par Antonin Iommi-Amunategui. Publié le 23/01/2016 à 14h46

 

« La Revue des gros vins de France et le Glourafi sont apparus récemment, et vite tombés dans les radars des amateurs et pros de vin : deux producteurs d’infos factices, décalées, ironiques, railleuses du « mondovino ».

 

Le premier via un blog, le second sur Twitter exclusivement, où ils se moquent, avec un humour cruello-tendre, des postures, figures et tendances du vin actuel. Mais comme pour les sites parodiques dont ils s’inspirent, sous les délires, il y a le sens.

 

On a donc essayé de faire parler leurs deux créateurs/animateurs. Les réponses sont parfois à prendre avec deux-trois litres de pincettes (notamment celles de la RGVF qui sont toutes, faut-il le préciser, farfelues voire outrancières, à l’image de ce qui est publié sur le blog en question). »

 

La suite ICI 

 

Sitôt, l’Hélalie qui doit fichtrement s’emmerder le samedi, rétorquait :

 

« Une interview de notre cher leader a été diffusé sur le média communiste Rue 89. Malheureusement, le journaliste Antonin Iommi Amunategui a coupé l'interview de notre grand leader, Marc Hélalie. Il a de plus mis côte à côte le glourafi qui est le pendant "gendre idéal" de notre magnifique maître de la pensée, Marc Hélalie, loué soit-il. Nous apportons ICI la version originale pour éclairer cette sombre histoire.

 

MDR le « trio BNP » Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse, également principaux actionnaires du Monde, comme le disaient les jeunes avant que ce soit ringard : média communiste Rue 89 !

 

Qu’importe ce genre de détail, l’important c’est que face à ce déferlement, le duo Butane&Degaz sentait le couperet de la faux les frôler. Face à l’échec de leur stratégie d’entrisme chère aux trotskystes, menée par leur bedeau aux Richelieu bien cirées, il leur fallait réagir dans l’heure.

 

Comme je suis bon prince, lisant dans leurs pensées affolées, je leur ai proposé de recruter Lilian Bauchet pour lancer leur contre-attaque avec un titre qui en jette un max : En Bonbonne

 

De Gaz bien sûr !

 

La photo titre est tirée d'ICI 

 

Après Olif, c'est la deuxième grosse prise de guerre, dans le cercle très fermé des vins à poils, de l'infernal duo Butane&Degaz... Inutile de vous signaler que le répondeur de Nicolas 2 R répond inlassablement : j'ai piscine !

 

Désolé Lilian mais aller à vélo le week-end prochain, aux anonymes à Angers, est au-dessus de mes dernières forces. Je mandate donc la cantinière d’altitude du Lapin Blanc, mon amie Claire, elle aussi adepte du vélo de ville, un Poulidor je crois, tu n’y perdras pas au change…

 

 

Pour ton info, jeudi prochain, je vais écouter tes idoles José Bové et Carlo Petrini… Je les embrasserai de ta part…

Face à la résistible ascension de la Revue des Gros Vins de France et du Glourafi, Butane&Degaz lancent En Bonbonne avec Lilian Bauchet aux rennes…
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24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 06:00
Ettore Scola n'est plus, une journée particulièrement triste pour le cinéma et pour moi.

Un des derniers grands maîtres du cinéma italien Ettore Scola, réalisateur de chefs d'oeuvre mettant en scène Marcello Mastroianni, Sophia Loren, Vittorio Gassman ou Nino Manfredi avec, « Nous nous sommes tant aimés » 1974, « Affreux, sales et méchants » 1976, « Une journée particulière » 1977 est mort mardi à Rome à 84 ans.

 

 

Le 8 mai 1938, Rome en fête organise un grand défilé en l'honneur d'Adolf Hitler, venu en Italie pour consolider son alliance avec le Duce. Dans un immeuble d'un quartier populaire, Antonietta, Sophia Loren, épouse d'un petit fonctionnaire fasciste, se consacre aux tâches ménagères. Son mainate s'échappe et se pose sur le rebord d'une fenêtre. Antonietta en avertit le locataire concerné. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Gabriele, Marcello Mastroianni un commentateur de radio homosexuel, récemment licencié, qui attend son arrestation imminente...

 

 

Le décor de ce film prestigieux mais crépusculaire est un immeuble mussolinien filmé comme un tombeau : toute vie semble y avoir disparu en ce jour de mai 1938 où les Romains fêtent la visite de Hitler. Ne restent dans l'immeuble que deux exclus de l'héroïsme fasciste : un homosexuel persécuté et suicidaire, et une mère de famille abandonnée à ses casseroles.

 

Le film est un huis-clos dans un immeuble reconstruit en 1934, selon les critères de la nouvelle architecture fasciste pour les fonctionnaires viale XXI Aprile à Rome. Les distinctions sociales étaient prises en compte dans la répartition des logements. Tout était fait pour que les gens puissent s’épier, s’espionner, dénoncer.

 

 

Histoire d’apparence banale, mais qui ne l’est pas : deux êtres que tout sépare se rencontrent et s’aiment dans une période troublée, où triomphe l’exaltation de l'héroïsme fasciste. Une histoire d'amour qui semble la première pour Antonietta et la dernière pour Gabriele. Le contre-emploi de Sophia Loren, mal fagotée, mère au foyer abandonnée à son train-train quotidien, toute dévouée à sa famille correspond parfaitement au modèle de la mère prôné par le fascisme. Elle ne remet jamais en cause ce système, elle l’accepte docilement. Et le couple improbable qu’elle forme avec un Marcello Mastroianni, en intellectuel homosexuel, et donc forcément célibataire, raffiné et sensible, loin des valeurs viriles défendues par le fascisme, devient bouleversant. Aucun mélo, la peinture des sentiments est juste, sensible, émouvante.

 

J’ai pleuré.

 

Le fossé infranchissable, intellectuel, politique, social, et moral qui sépare ces deux êtres, est balayé par les circonstances exceptionnelles. Tout s’efface, les cases disparaissent, restés seuls dans cet immeuble mussolinien filmé comme un caveau : toute vie semble y avoir disparu en ce jour de mai 1938, Gabriele ne devrait pas pouvoir tomber amoureux d’une femme et Antonietta succomber à l’adultère. Tout devient possible du fait de leur fragilité, fragilité liée à leur solitude. Sans elle chacun serait resté sur ses positions, il n’y aurait pas eu de volonté de se lier à l’autre. C’est elle qui m’a bouleversé. Ce sentiment fort et irrépressible qui naît bouscule le système qui emmurait ces deux êtres si différents. L’amour l’emporte !

 

Tout cela est magnifié par une mise en scène impeccable, c'est du grand cinéma .

 

Les belles histoires sont intemporelles. Une journée particulière fait partie de ces films qui ne vieilliront jamais.

 

Dans un entretien avec Jean A. Gil, auteur du Cinéma italien (La Martinière), Ettore Scola expliquait, au sujet de l'homosexualité, que, «sous le fascisme, celui-ci n'existait même pas comme concept. Le mot n'est jamais apparu sur un journal de l'époque. […] Beaucoup d'homosexuels étaient indirectement accusés et éloignés de leur travail, ils étaient envoyés au confino de Carbonia, en Sardaigne, où étaient détenus également des subversifs non homosexuels.»

 

En 2012, lors une intervention à la Cinémathèque française, après la projection du film, Ettore Scola, cinéaste multi-récompensé, a confié que la distinction qui l'a rendu le plus fier lui a été donné par une association gay italienne, Fuori!, pour son respect des personnes homosexuelles.

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23 janvier 2016 6 23 /01 /janvier /2016 06:00
Henri Vincenot, le bourguignon chouchou de Bernard Pivot, aimait les gaudrioles, moi aussi !

Le maïs en grains au Bourg-Pailler c’était pour les poulets. Il séchait à l’air libre en des silos grillagés avant d’être égrené. Nos seules farines étaient celle de froment et de blé noir. J’ai découvert la polenta à la table d’une amie italienne de maman qui vendait du linge de table de la marque Linvosges.

 

Ha le maïs et ses poupées dont je fumais les « cheveux » séchés !

 

Je ne puis m’empêcher d’évoquer ce secrétaire d’État à l’Agriculture, vétérinaire de son état qui, suppléant le Ministre en titre, Pierre Méhaignerie, IGREF de son état, lors d’un Conseil des Ministres du Marché Commun, lisant un papier d’un conseiller, tout au long de son intervention, évoqua avec le plus grand sérieux le MAIS. Pauvre tréma !

 

Même si j’aime la gaudriole je ne galèje pas, le maïs fut humilié.

 

Mais, en voilà une belle transition, vous allez me dire quel rapport entre le maïs et la gaudriole ?

 

Patientez !

 

Un peu d’histoire et de géographie : comme vous le savez sans doute le maïs cultivé en Amérique centrale il y a 7000 ans, vénéré par les aztèques et les Mayas, arrive en Espagne avec Christophe Colomb en 1493 puis il migre dans la région de Venise vers 1530 où, par ignorance de son origine, il est dénommé «Blé de Turquie». De sa farine naîtra la Polenta chère à Alessandra. Ensuite le maïs traversera l'Italie du nord et les Alpes en empruntant le chemin des espagnols de Milan aux Pays-Bas. Il est attesté en Bresse pour la première fois à Flacey-en-Bresse en 1611, à Louhans en 1625.

 

Pour son haut rendement le maïs était considéré par les paysans comme une plante miracle et pour ne rien perdre, les épis étaient séchés au four à pain et un jour sans doute, certaines furent grillées. Finement moulu, ce maïs donne une farine odorante, colorée et bouillie au goût de noisette qu'on appela : LES GAUDES.

 

Dans son livre Célébration des gaudes, Robert Bichet, à la page168 écrit :

 

« Christophe Colomb rapporta le maïs en Europe à la fin du XVe siècle. La céréale parvint en Bresse deux siècles plus tard et servit initialement à la nourriture du bétail et du réputé poulet de Bresse. Cette variété était appelée blé de Turquie puis maïs jaune de Bresse. Très rapidement les paysans prirent conscience de ses qualités nutritives pour l'homme et commencèrent à en torréfier les épis afin d'en tirer une farine aisée à conserver. Échappant à la dîme, son succès fut très rapide. Au début du XIXe siècle, la pomme de terre devint une alternative et, le niveau de vie s'améliorant avec la diversification alimentaire, les gaudes ne se consommèrent désormais plus qu'au petit déjeuner. L'arrivée du café au lait dans les habitudes relégua les gaudes dès les années 1920 au rang de curiosité folklorique. »

 

À noter que « Les paysans étaient friands de la peau qui se formait à la surface de la bouillie, et pour la "rasure", récupérée au fond de la marmite, et craquant sous la dent.

 

C'est l'abus de gaudes qui est à l'origine du surnom des Bressans "les ventres jaunes". Il faut savoir aussi qu'en latin Gaude signifie Réjouissez-vous.

 

On disait aussi en mangeant quelque chose de bon : c'est de la peau de gaude.

 

 

Dans sa Cuisine de Bourgogne chez Denoël Henri Vincenot est plus prolixe :

 

Les Gaudes.

 

« Je classerai cette bouillie de farine de maïs grillé dans les soupes, car c'est au "souper" (repas du soir - le "diner" étant le repas de midi) qu'on la consomme, au lieu et place de la soupe.

 

Mais on n'en reste pas là et, comme on verra, l’on peut s'il en reste, en faire entremets ou desserts. Les vraies "gaudes" sont tout simplement une bouillie de "treuqué (1)", à l'eau, légèrement salée, de la consistance d'une bouillie pour bébé, assez épaisse. Elle est servie dans l'assiette-calotte "l'écuelle, pour parler français" que l'on n'emplit qu'à moitié. On finit de la remplir avec du lait cru, fraichement trait. On la mange savamment en prenant, dans sa cuiller, un peu de "gaudes", au fond de l’écuelle, et un peu de lait resté en surface et tiédissant au contact de la bouillie. Le raffinement est obtenu par le contraste entre la bouillie chaude légèrement salée et le lait naturellement sucré et frais, et encore entre la rugosité relative de la farine grillée et la douceur du lait, ou enfin, pour l'œil qui lui aussi doit se régaler, entre la belle couleur ocre doré du maïs et la blancheur et l'onctuosité lactique. C'est parce qu'il satisfait pleinement tous les sens épanouis que ce plat est très nourrissant et peut suffire au repas du soir, pour peu que l'écuelle soit d'une bonne contenance. Certains sucrent la bouillie à la cuisson, sans pour autant négliger de la saler légèrement.

 

Autre raffinement. D'autres enfin, en tout cas, y ajoutent, dans l’écuelle même, une cuillerée de crème. Enfin, au refroidissement, s'il en reste, cette bouillie se prend en gâteau. On peut alors, le lendemain matin, la couper en cubes ou en losanges et la faire griller au saindoux (version salée) ou au beurre (version sucrée). C'est, au petit matin, avant de partir au travail, ou à la chasse ou à la pêche, un viatique diablement roboratif, à condition de le compléter d'une tranche de jambon ou de "beursaudes salées"... Mais ceci est une autre histoire...

 

  1. "Treuqué" nom patois du maïs (de la vieille appellation: "turquis", ou "blé de Turquie"

Le « treuqué », maïs soufflé bourguignon

 

Gaudes au froment

 

« À défaut de maïs, mes grand-mères utilisaient, de la même façon, le blé. Nous avons conservé cette tradition. Il est facile, et amusant, de griller les grains de blé, le soir devant le feu, lorsqu'on a la chance d’en avoir un, dans une poêle à frire. Lorsque les grains sont bien dorés, on les concasse au moulin à café, plus ou moins finement selon les goûts et l'on utilise cette farine très grossière pour faire la bouillie de froment. Soit à l'eau, soit au lait exactement comme les "gaudes de treuqué". Cette bouillie de froment grillé est plus digeste que la bouillie de froment nature car le, grillage transforme l'amidon en dextrine très assimilable, comme diraient les diététiciens qui l'ont appris de nos grand-mères. Les "gaudes", (1 racine celtique god ou yod signifiant exactement : bouillie) que l'on baptise volontiers "étouffe-chrétiens", car elles constituent une nourriture solide, quoique délicieuse. »

 

À la table des Vincenot « On mange une cuisine simple, une cuisine familiale et bourguignonne, on n’a pas le droit de se plaindre pour dire que la purée est trop (ou pas assez) salée, on est là pour échanger en harmonie et pas pour se disputer !

 

À la table des Vincenot, les jours de fêtes, chacun met la main à la pâte : marinade, cuisson du sanglier et pauchouse réservées à Henri, le père, allumettes au fromage, desserts et gestion de l’intendance, prérogatives d’Andrée, la mère, assistés des enfants, trop heureux d’avoir « le museau au ras des plats »…

 

 

J’ai mis du temps mais j’y arrive à LA GAUDRIOLE ou plus précisément aux GAUDRIOLES qui sont des sablés aux gaudes,  « mondialement connu sous le nom des gaudrioles. Voici, selon un indigène la recette "ethnologique" de ces sablés à base de farine de maïs, que connaissaient toutes les bonnes grands-mères bressanes.

 

Ingrédients : 250g de gaudes, 250g de graisse végétale ou de beurre, 200g de sucre, 3 œufs, 1/2 sachet de levure chimique, 1 pincée de sel.

 

Préparation : délayer les œufs avec le sucre, incorporer les gaudes en pluie, la levure, ajouter la graisse ou le beurre par petits morceaux, le sel. Laisser reposer 1/2 heure. Étaler la pâte sur 1 cm d'épaisseur, détailler avec un moule ou un verre, poser sur une tôle et laisser reposer à l'abri de l'air 1/2 heure à nouveau. Cuire ensuite 10 minutes à 180°.

 

Si vous souhaitez acheter des Gaudes allez sur le site du MOULIN DE CHAUSSIN qui est l'un des fabricants les plus réputés de Gaudes. 

 

Pour les linguistes : source CNRTL

 

 

GAUDRIOLE, subst. fém

 

  1. Propos licencieux (généralement avec une valeur érotique). Synonymes gauloiserie, grivoiserie, polissonnerie.

Dire, chanter, débiter des gaudrioles.

 

« Les femmes apportaient leurs seaux et leurs terrines, remplis du lait de la veille; (...) le laitier, un petit homme moustachu, aux yeux câlins, leur lançait des gaudrioles » (Arland, Ordre, 1929, p. 32)

 

« Les voix lointaines se faisaient plaintives, les gaudrioles, les couplets obscènes, écorchés par des gosiers que l'absinthe avait brûlés, flottaient doucement, avec des tendresses et des mélancolies pénétrantes. Zola, M. Férat, 1868, p. 281.

 

B. − La gaudriole. L'amour physique. Synonyme la bagatelle le sexe.

 

« Paris se mettait à table et rêvait gaudriole au dessert » (Zola, Curée,1872, p. 367).

 

« Une femme gentille... bien nippée... et qui ne craindrait pas la gaudriole. Les marins, les militaires, c'est rieur, c'est farceur, c'est bon enfant (...) ça aime le sexe... ça dépense beaucoup pour le sexe... » (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 188) 

 

« ... je reproche à Maupassant son manque de sérieux dans le domaine de l'amour physique qu'il confond souvent avec la gaudriole. Miller a vu plus juste. L'érotisme est sérieux, parfois même tragique. Green, Journal, »1954, p. 244.

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22 janvier 2016 5 22 /01 /janvier /2016 06:00
En France on n’a pas beaucoup d’idées mais on a des vins pétrolés vous avez 3 heures pour commenter le texte ci-dessous.

Le texte ci-dessous n’est pas une invention personnelle mais un extrait d’un article bien réel puisé à la meilleure des sources de la presse du vin. Mon découpage n’en change pas le sens.

 

J’ai retiré toute référence au cru concerné afin que vous puissiez le commenter à l’aveugle…

 

Le commentaire devra analyser la richesse du vocabulaire et s’employer à mettre en exergue la pertinence de la description.

 

Votre dissertation ne sera pas noté, ni sur 20, ni sur 100… elle servira seulement à l’édification de celles et ceux qui se destinent au métier de dégustateur de vin.

 

« Dans ce fond de ce petit vallon… où souffle un air plus pur qu’ailleurs, une enclave préservée de toute urbanité… le petit vignoble est en grande partie dévolu au riesling… Les sols pauvres, formés de sédiments amalgamés depuis 250 millions d’années, sont difficiles à travailler… Ces terres exigent un labeur qui eut la faveur des moines, ceux de l’abbaye cistercienne toute proche qui cultivaient la vigne au XIIe siècle… Les énergies et les rayons du soleil s’y concentrent, forgeant des vins de belle étoffe, parfumés, élégants et suaves, capables de vieillir une vingtaine d’années. La partie ouest du cru est la plus sèche. C’est là que se trouvent ses plus intéressantes interprétations, surtout lorsque les vins sont vinifiés secs, sans apport de bois neuf qui masquent leurs nuances. La tension énorme qui s’en dégage appelle la patience, ne libérant qu’au fil des ans le potentiel de ces vins de gastronomie… peu de chances de remplir un baril avec les notes pétrolées du… vous gouterez ainsi plus pleinement l’énergie de de ces vins aptes à s’acoquiner avec de beaux poissons à la crème ou des viandes délicates. »

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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 06:00
« Du venin dans les vignes » suspens insoutenable dans les beaux terroirs…
« Du venin dans les vignes » suspens insoutenable dans les beaux terroirs…

Quel beau titre !

 

Évocateur à plus d’un titre… surtout dans les belles vignes à haut potentiel de rendement médiatique et financier…

 

« Les deux demoiselles jetèrent à Canalis un regard chargé d’autant de venin qu’en insinue la morsure d’une vipère. » — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)

 

Nœud de vipères, « Vipère au poing » d’Hervé Bazin, langue de vipère ou en langage populaire langue de pute, la vipère image emblématique du serpent tentateur d’Eve, le serpent rampant, sa langue fourchue, sa morsure mortelle, de quoi épouvanter les petits et les grands.

 

Au temps de mes culottes courtes les juvénistes de l’ordre des frères de Louis Grignon de Montfort (Le juvénat : dans certains ordres ou congrégations, période d'études et de formation qui suit le noviciat et prépare éventuellement au professorat; situation des religieux pendant cette période.) qui étudiaient sur le même site que mon école d’agriculture de la Mothe-Achard, occupaient leurs loisirs du dimanche, lors de la saison favorable, à ramasser des vipères avec des bâtons dotés d’une pointe à leur extrémité. Ils stockaient leurs prises dans des boîtes cylindriques et j’ai le souvenir de cet enchevêtrement de vipères qui me fascinait. Leur butin était expédié à l’Institut Pasteur pour la fabrication de sérum anti-venin.

 

En TP de sciences-naturelles j’ai disséqué une vipère sur une paillasse…

 

Mais le sommet de mon imaginaire érotique d’adolescent  fut sans conteste la danse de Debra Paget face au cobra dans « Le Tombeau Hindou » de Fritz Lang (1959) vidéo ci-dessous.

 

Pour ne rien vous cacher je n’ai aucun goût pour les serpents et je ne vivrais pas avec un boa dans mon salon, mais dans la nature, les leçons de choses aidant, je ne me promenais jamais en sandales dans certains lieux et je marchais un bâton à la main pour que ces « charmants » rampants surpris dans leur digestion au soleil détalent avant que je mette le pied dessus.

 

Et moi suis-je venimeux ?

 

Sans doute un peu, beaucoup, passionnément à l’endroit de certains de mes chers confrères de la blogosphère qui ne font que m’énerver. J’assume sans honte. Mes mots ne sont pas meurtriers.

 

Ceci écrit pourquoi avoir commis cette chronique ?

 

Tout bêtement parce que voguant vers Brest en TGV, à la gare de Rennes une flopée de panneaux publicitaires ont attiré mon regard acéré de chroniqueur journalier.

 

« Du venin dans les vignes » suspens insoutenable dans les beaux terroirs…

J’ai cherché et j’ai trouvé :

 

Kobra de Deon Meyer Seuil policier

 

« Paul Anthony Morris, mystérieux client britannique de la guest-house d'un domaine viticole de Franschhoek, a disparu, et ses trois gardes ont été tués. Seul indice : des douilles de cartouches gravées d'une tête de cobra. Dès le début de son enquête, Benny Griessel se heurte à la réticence du consulat et de sa hiérarchie.

 

Au Cap, le jeune Tyrone Kleinbooi dérobe sous l’œil d’une caméra de surveillance le sac d’une touriste dans la marina du port. Alors qu'ils s'apprêtent à l'interroger, les agents de sécurité sont abattus méthodiquement par un tueur cagoulé qui laisse sur place des douilles gravées d'une tête de cobra.

 

Tyrone réussit à s’échapper en emportant son butin, mais quand, peu après, sa sœur Nadia est kidnappée, Benny le soupçonne d'être en possession d’un élément crucial.

 

Le tueur semble être un professionnel surnommé Kobra, mais pour qui travaille-t-il ?

 

Quand à Paul Anthony Morris, il se révèle être un brillant mathématicien, inventeur d'un logiciel permettant de repérer, dans les transactions financières mondiales, le parcours de l’argent sale issu du crime organisé et du terrorisme. Qui a commandité son enlèvement? »

 

Conclusion : l’évocation de la vigne fait vendre…

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17 janvier 2016 7 17 /01 /janvier /2016 06:00
Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.

Dimanche dernier je vous confiais mon amour immodéré de la lecture, les livres furent les premiers ruisseaux de mon imaginaire. Tout à côté, le cinéma, celui du REX de la Mothe-Achard, puis du Modern des Sables d’Olonne, m’a livré les premières images animées d’un monde dont j’ignorais tout. En effet, je n’ai quitté le petit horizon fermé de ma Vendée bocagère qu’à l’âge de 17 ans pour entreprendre mes études supérieures à Nantes. Pas d’argent pour voyager, pas de télé si ce n’est le nez collé à la vitrine du revendeur ou 5 colonnes à la Une et le Tournoi des 5 nations au pensionnat.

 

Ma première fenêtre sur le monde, immense bouffée d’oxygène, grand accélérateur d’imaginaire, ce fut le cinéma.

 

Le REX, ciné de patronage, programmait aussi des films italiens…

 

Ainsi les Pain, amour et … de Comencini

 

Boudés par la critique et les cinéphiles, les Pain, amour… ces deux réalisations de Comencini sont des réussites commerciales exceptionnelles qui révèlent l’avènement du grand public qui souhaite renouer avec la commedia dell'arte après des années d'austérité néo-réaliste.

 

Ces 2 films sont de petits bijoux « des œuvres épanouies, rondes et parfaites (...), étrangères à toute école »

 

En français ils se déclinent en i, alors qu’en italien Pane, amore e fantasia… e gelosia riment avec l’époustouflante Gina Lollobrigida, encore très connue à cette époque, la Bersagliera dans le film, et le fabuleux Vittorio De Sica dont c’était avec ces films le grand retour en tant qu’acteur.

 

Toute l’histoire tourne autour du maréchal des logis Antonio Carotenuto (Vittorio De Sica), natif de Sorrente, qui est nommé dans un petit village isolé dans les montagnes des Abruzzes. Cinquantenaire mais toujours célibataire, charmeur invétéré, qui n'est pas insensible à la beauté simple de Maria (Gina Lollobrigida), surnommée la Bersagliera, une jeune fille très pauvre qui vit avec sa mère et ses jeunes frères et dont toute la richesse est un âne...

Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.

L’interprétation de Vittorio De Sica est toujours juste, il ne charge jamais ses effets comiques. Même dans ses extraordinaires uniformes d’apparat il y a chez lui une retenue, une façon de se moquer de lui-même d’une grande élégance. Il assume avec une ironique légèreté le ridicule des situations dans lesquels il se place.

Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.

Gina Lollobrigida, elle, est absolument époustouflante elle rayonne et illumine les 2 films en montrant une palette étonnante, capable de tout faire avec une spontanéité confondante et un charme érotique naturel. « Le meilleur rôle de toute sa carrière » selon beaucoup de critiques.

Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.
Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.

Le ton des 2 films reste le même avec une finesse dans la caricature et une réjouissante interprétation de Vittorio De Sica et de Gina Lollobrigida.

 

Deux acteurs omniprésents : le clergé gardien de l’ordre et de la morale populaire, en penchant très souvent du côté des puissants et l’extrême misère de ces paysans, qui la vivent dans une dignité à la fois sonore et bien vivante. Le double repas de baptême auquel le Maréchal doit se soumettre est une ode à la pasta des mamma italiennes. On mange, on boit, on chante, on se chamaille, on danse, on pleure, on se console…

Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.
Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.
Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.

Cette fenêtre ne s’est jamais refermée, à Nantes au Katorza 3, rue Corneille tout près de la place Graslin avec son magnifique café La Cigale, je me suis gavé de cinéma à 3 francs la place.

 

Et sans contestation le cinéma italien y a tenu la toute première place :

 

Roberto Rossellini commence sa carrière dans les années 1940, il signa ensuite de grands films comme Le général Della Rovere (1959) et dans Les évadés de la nuit (1960).

 

Vittorio De Sica adapte en 1960 le roman de Moravia : La Ciociara, puis signe Mariage à l'italienne en 1964 et Le Jardin des Fizzi Contini en 1970 avec Dominique Sanda.

 

Luchino Visconti dans les années 1960 signe sans doute ses meilleurs films. En 1960 Rocco et ses frères, un film assez proche du néoréalisme qui fait alors déjà partie du passé. Il réalise également des fresques historiques comme Les Damnés en 1969 et Le Guépard en 1963 l'une de ses œuvres les plus connues.

 

Michelangelo Antonioni atteint aussi sa maturité dans les années 1960 en réalisant sa trilogie des sentiments composée de L'Avventura en 1960, La Nuit en 1961, et L'Eclipse en 1962. À partir de 1964, il décide de voir le monde en s'aventurant dans la banlieue de Ravenne pour réaliser Désert Rouge en 1964, à Londres pour Blow up en 1967, en Amérique pour Zabriskie point en 1969.

 

Federico Fellini qui dans les années 1960, signe deux films majeurs La Dolce Vita en 1960 représentant la bourgeoisie romaine dépravée et 3 ans plus tard, il réalise Huit et demi, un film semi-autobiographique.

 

Pier Paolo Pasolini apporte lui un nouveau langage sulfureux, écrivain, homme de théâtre, journaliste, poète, artiste polémique, il dépeint souvent ses obsessions. Ainsi, en 1962, il réalise Mamma Roma, avec une formidable Anna Magnani, puis en 1964, c’est L'Evangile selon Saint Matthieu, OEdipe Roi en 1967, Théorème en 1968, Porcherie en 1969, et Médée en 1969.

 

Le cinéma politique s'épanouit aussi dans les années 1960 notamment avec des réalisateurs comme Francesco Rosi avec Salvatore Giuliano de 1961 qui traite des conditions de la mort du bandit sicilien du même nom. En 1963, il réalise Main basse sur la ville, film sur la spéculation immobilière à Naples et de l'implication de certains politiciens dans ce genre d'affaire. Rosi s'intéresse à la mafia et aux rapports étroits entre le milieu politique et le milieu des affaires avec Lucky Luciano en 1973, au problème du pouvoir personnel avec L'affaire Mattei en 1972 et à la question de la survie d'un Etat de droit avec Cadavres Exquis en 1976. Le réalisateur s'intéresse aussi au fascisme avec Le Christ s'est arrêté à Eboli (1979).

 

Bernardo Bertolucci se penche lui aussi sur la nature du fascisme avec La stratégie de l'araignée (1970), Le conformisme (1971).

 

Elio Petri signe même un triptyque politique : Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970), La classe ouvrière va au paradis (1971), La propriété n'est plus le vol (1973).

 

Ettore Scola qui débute sa carrière en 1960, s'affirme dans les années 1970 avec Nous nous sommes tant aimés en 1974, Une journée particulière en 1977.

 

Les frères Taviani signent en 1977 Padre Padrone, un film montrant l'ascension sociale vue comme une provocation du monde rural d'un berger devenu un professeur de linguistique.

 

L'Arbre aux sabots qu’Olmi réalise en 1978 a de nombreux points communs avec Padre Padrone En effet, ces 2 films sont réalisés avec de petits budgets avec des acteurs non-professionnels et des dialogues en dialectes italiens.

 

Le cinéma italien ce sont des femmes superbes : la Magnani, Silvana Mangano, Alida Valli, Sophia Loren, Monica Vitti, Gina Lollobrigida, Claudia Cardinale...

 

Et les hommes de la comédie à l’italienne, ne sont pas en reste, avec les extraordinaires Vittorio Gassman, Alberto Sordi, Ugo Tognazzi, Nino Manfredi et Marcello Mastroianni

Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.
Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.
Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.

Les réalisateurs italiens aimaient aussi les acteurs français : Jean-Louis Trintignant est un habitué du cinéma italien, il avec Dino Risi Le Fanfaron, Ettore Scola La Terrasse, Passion d'amour, la nuit de Varennes, Valerio Zurlini Été violent, le désert des Tartares...), Bertolucci Le conformiste, Comencini La donna della domenica...

 

Dominique Sanda est révélée en Italie par Bertolucci également dans le conformiste et enchaîne la même année avec Le jardin des Finzzi Contini de Vittorio de Sica, tournant ensuite pour Bolognini l'Héritage qui lui vaut le prix d'interprétation féminine à Cannes en 1976, encore Bertolucci (1900) ou Visconti Violence et Passion.

 

Les deux grandes vedettes de Rocco et ses frères de Visconti sont Annie Girardot et Alain Delon. Annie Girardot fera de récurrentes incursions dans le cinéma italien au cours des années 60 avec par exemple I compagni de Monicelli avec Mastroianni ou Le Mari de la femme à la barbe de Marco Ferreri.

 

Anouk Aimée, certainement l'une des plus grandes actrices françaises du cinéma, elle est l’interprète de Fellini à deux reprises La Dolce Vita et Huit et demi.

 

Jeanne Moreau joue aux côtés de Marcello Mastroianni dans La Notte d'Antonioni.

 

Belmondo tourne dans La Viaccia de Mauro Bolognini et avec Sophia Loren sa partenaire dans La Ciociara de Vittorio de Sica.

 

Quant à Delon, il doit évidemment sa consécration à Visconti, avec Rocco et Le Guépard.

 

Pour finir, deux géants du cinéma français Michel Piccoli, Philippe Noiret et deux géants du cinéma italien Ugo Tognazzi et Marcello Mastroianni réunis dans La grande bouffe (la grande abbufatta) de Marco Ferreri.

 

Mon amour de l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, il a commencé avec Pain, amour et fantaisie (1953) … et jalousie (1954) de Comencini.
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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 06:00
L’Audois Antoine Verdale était 1 précurseur de tendance : les hipsters new-yorkais ont une nouvelle passion le cassoulet de Castelnaudary.

C’était au temps où les politiques de tous bords surveillaient le Midi Rouge comme du lait sur le feu, les VCC : vins de consommation courante devenus le Vins de Table quittaient inexorablement la table du populo. Les Comité d’Action Viticoles avaient la mèche lente facile et les gros bataillons des caves coopératives fondaient comme neige au soleil.

 

« Les Événements de Montredon-Corbières » dramatiques marquèrent les esprits : 1 mort chez les vignerons : Émile Pouytès, un mort chez les CRS, le Commandant Joël Le Goff. Le 4 mars 1976. Lors d'une fusillade qui dura près d'une demi-heure, et durant laquelle plusieurs dizaines d'autres personnes furent blessées par balles ou chevrotine, près du pont de Montredon-Corbières. 

 

Pour apaiser les tensions toujours vives le gouvernement de Jacques Chirac créait par Décret n°76-302 du 7 avril 1976 l’OFFICE NATIONAL INTERPROFESSIONNEL DES VINS DE TABLE (ONIVIT).

 

L’homme-clé de ce nouvel Office était l’audois Antoine Verdale, de Trèbes, le tout président des Caves Coopératives Vinicoles alors CNCV devenu de nos jours CCVF.

 

Michel Rocard le reconnaît : « L’homme puissant était précisément le président de la Fédération des caves coopératives viticoles. Il s’appelait Antoine Verdale et il était de l’Aude (…) C’était un vieux de la vieille de la SFIO que j’avais le souvenir d’avoir rencontré dans quelques congrès. Bref, on se connaissait un peu. En qualité de vieux militants socialistes, nous nous tutoyions. Mais depuis que j’étais ministre, c’était complètement banni (…) Je ne comprenais que 25 % de ce qu’il me disait. Son accent était plus prononcé que l’Aveyronnais. Bref, c’était dur.»

 

Ayant travaillé de 1978 à 1981 à l’ONIVIT, sans me pousser du col, et les audois peuvent en témoigner, s’il était quelqu’un qui connaissait l’Antoine c’était ma pomme. Petite fourmi auprès du Ministre j’ai œuvré pour faire avaler aux durs des CAV, Jean Huillet en tête, le bougon des cépages, les accords de Dublin.

 

L’Antoine, qui avait le sens des relations publiques et qui aimait le rugby, organisait, lorsque le Tournoi alors des 5 Nations se jouait au Parc des Princes, un déjeuner d’avant-match au restaurant de Roland Garros tout proche. Au menu : Cassoulet de Castelnaudary et y’avait du beau monde autour de la table.

 

L’Antoine devint Président de la Sopexa et il voyagea beaucoup. Un jour qu’il séjournait à New-York on l’emmena dans le club de jazz où Woody Allen avait l’habitude de faire des bœufs et le Woody était présent. Je ne sais comment s’instaura la conversation entre lui et le cinéaste, sans doute par l’intermédiaire d’un collaborateur de la Sopexa car Antoine ne maîtrisait pas l’anglais, mais lorsque Woody Allen les quitta l’Antoine lâcha « C’est un petit con ce Woody Allen ! »

 

Bref, je trouve que le fait que les hipsters new-yorkais aient une nouvelle passion pour le cassoulet de Castelnaudary constitue, « assez curieusement d’ailleurs »* un hommage à la mémoire d’Antoine Verdale qui fut, à sa manière, l’un des artisans du renouveau du Languedoc du vin.

 

* Expression favorite d’Antoine Verdale

 

 

INSOLITE - De Castelnaudary à New York et Osaka. On a du mal y croire mais notre cassoulet, ce bon vieux plat du Languedoc, est la dernière sensation culinaire à New York et au Japon.

 

« Le cassoulet c'est tendance. C'est le nouveau ramen », peut-on lire dans l'interview d'un restaurateur et de blogueurs culinaires par le New York Post

 

Les Américains viennent donc découvrir notre ragoût de haricots blancs et ils en sont fous. Il est présenté par le quotidien new-yorkais comme un plat d'hiver "réconfortant" et parfait pour ce moment de l'année.

 

Le 9 janvier avait même lieu le troisième National Cassoulet Day où plusieurs événements étaient organisés aux États-Unis, notamment dans les restaurants Benoit d'Alain Ducasse.

 

Le propriétaire du restaurant Jimmy's No. 43 explique aussi au New York Post que son concours de cuisine autour du cassoulet n'a jamais attiré autant de monde. Il y a huit ans, sa clientèle était composée de nostalgiques de la période où les bistrots français étaient à la mode, aujourd'hui ce sont surtout des jeunes.

 

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 06:00
La Pèira en Damaisela Terrasses du Larzac est-il « Le Grand Cru du Sud de la France » ?

Comme je suis un ignare massif, que je ne suis ni abonné à LPV, à la RVF, à En Magnum, à Terre de Vins ou autres bulletins ; que je ne collectionne pas les guides papiers ou numérisés ; que je ne cours plus les dégustations diverses et plus ou moins variées, j’ignorais jusqu’à la réception de newsletter du Club des Amateurs de Vins Exquis d’une offre pour les vins de ce domaine j’en ignorais jusqu’à l’existence.

 

Languedoc, Les Obriers de La Pèira 2013
 
Fr. 13.60 la bt dès 6 bt achetées 
(au lieu de Fr. 16.-)
Fr. 31.05 la bt dès 3 bt achetées 
(au lieu de Fr. 34.50)
 
 
Fr. 59.40 la bt dès 3 bt achetées
(au lieu de Fr. 66.-)
 

Alors j’ai consulté mon pote Google qui ne m’a indiqué presqu’aucun site de grands nez français.

 

Frédéric Durand-Bazin en 2014 dans son dossier du Figaro Les Terrasses du Larzac, l'élite du Languedoc classait dans sa sélection en 7ième et dernière place le Domaine la Pèira en Damaisela - Las Flors de la Pèira 2011 :

 

« Le nez s’ouvre sur des arômes de fruits noirs, de roses et de Zan. La bouche est ample, intense, réglissée, épicée, longue. »

 

Seule la critique dite anglo-saxonne, ci-dessous (1), répond à mon interrogation par un OUI si franc et si massif, dithyrambique que pris d’un doute je m’interroge.

 

Je vous interroge.

 

Éclairez ma faible lanterne !

 

Sauvez-moi du ridicule !

 

La Pèira en Damaisela Terrasses du Larzac est-il « Le Grand Cru du Sud de la France » ?

 

Merci

 

(1)

 

Robert Parker

«Pour de nombreux observateurs, il s’agit du domaine le plus excitant du Languedoc.»

 

Jancis Robinson MW

« Que l’on ne s’y trompe pas, ce vin, comme le domaine dont il est issu, occupent une place résolument à part. »

 

Andrew Jefford – Decanter

« Capable de rivaliser avec les meilleurs vins de Bordeaux et du Rhône. »

 

Jeb Dunnuck – Wine Advocate

« Le meilleur producteur du Languedoc Roussillon. »

 

David Schildknecht – Wine Advocate « Des vins pouvant soutenir la comparaison avec les icônes mondiales parmi les grands vins. »

 

Gary Vaynerchuk – Wine Library

« La cuvée phare de cette nouvelle exploitation est tout droit destinée à devenir le nouveau vin culte du monde. »

 

Jay McInerney – Wall Street Journal

« Stupéfiant par sa texture et sa profondeur de goût, ce vin me rappela par moments le Château La Mission Haut-Brion 1989, le Fattoria Galardi Terre di Lavoro 2004 et le Henri Bonneau Réserve des Célestins 1990. »

 

Andrew McMurray Vice-président de Zachys (la plus célèbre et la plus grande maison d’enchères de vins fins aux Etats-Unis) fondée 1944

 

« La « dernière frontière » de la viticulture mondiale ne cesse de nous étonner. Si le sud de la France était autrefois uniquement connu pour ses appellations régionales proposant des vins corrects à prix modiques, ce sont désormais leurs déclinaisons géographiques qui gagnent en notoriété auprès du public amateur. En témoignent Bandol dans l’AOC Provence et les Corbières dans le vignoble du Roussillon. Et aujourd’hui, grâce à des vignerons de talent comme La Pèira en Damaisela, l’appellation Terrasses du Larzac fait honneur au Languedoc, s’imposant comme le berceau de vins de grande qualité, doté d’un formidable rapport qualité-prix. »

 

David Schildknecht, août 2011

 

« … Au cas où cela ne sauterait pas immédiatement aux yeux, il s’agit là d’un des trois ou quatre domaines les plus excitants du Languedoc, pour ne par dire conduits de main de maître, revendiquant une qualité dont La Pèira se prévaut pour transmettre ce message essentiel « les sols de la région comme ses vignes recèlent une grandeur latente, qui n’attend qu’une combinaison idéale d’inspiration, de travail et de chance pour se manifester ». Espérons seulement que sa voix soit entendue à travers le monde, et ce aussi bien par les viticulteurs et vignerons en herbe que par les amoureux du vin ». »

 

Normal me dire-t-on car « ce domaine languedocien de onze hectares, qui a vu le jour en 2004, a été créé par Rob Dougan, compositeur de musique connu notamment pour sa contribution à la bande originale du film Matrix.

 

 

Plus précisément le site indique « Notre équipe est constituée de notre viticulteur Jérémie Depierre (un jeune vigneron qui a effectué des stages au Château Margaux et au Château Guiraud), Karine Ahton (une avocate née dans le Languedoc) et Rob Dougan (un auteur-compositeur de musique). »

 

Après une campagne 2015 irréprochable, c’est avec grand plaisir que nous accueillons aujourd’hui Audrey Bonnet-Koenig. Audrey vient prendre la relève de Jérémie Depierre, oenologue chez La Pèira de 2005 jusqu’à son dernier millésime en 2014, dix années de réussites spectaculaires.

 

La Pèira en Damaisela Terrasses du Larzac est-il « Le Grand Cru du Sud de la France » ?

« Notre domaine a vu le jour en 2004 – dans un petit mas en pierre à mi-chemin entre La Grange des Pères et Daumas-Gassac. Il est situé au pied du plateau du Larzac où commencent les pâturages et la production du Roquefort. C’est un lieu où les étés sont chauds et les hivers froids et où la terre, pauvre et rocailleuse, sent bon le fenouil, le romarin et le thym.

 

Nous étions animés par une foi : qu’avec un travail rigoureux et sans concession dans le vignoble et une vinification non-interventionniste, le véritable caractère de ce terroir peut transmettre quelque chose de sa beauté et de ses paysages, quelque chose d’unique et d’expressif.

 

Cela impliquait une approche méticuleuse de la viticulture, de très petits rendements, une taille courte, l’ébourgeonnage, l’éclaircissage, l’effeuillage et la vendange verte, la cueillette à la main, à l’aide de petites cagettes, de raisins parfaitement mûrs, un tri double, une table de trie et finalement, l’élevage avec beaucoup de soin, de petites quantités de vin dans des barriques neuves

 

Le nom de notre domaine nous a été inspiré par une maxime des‘ travailleurs de la pierre’ de la région et par une ancienne expression occitane.

 

‘Plaçar una pèira en damaisèla’– (Litt.Placer une Pierre en Demoiselle)

 

Comme ces travailleurs d’antan, notre objectif est de prendre ce que la nature et cette terre rocailleuse ont à offrir et essayer de donner naissance à leur plus belle expression. »

 

Tout sur le domaine ICI

La Pèira en Damaisela Terrasses du Larzac est-il « Le Grand Cru du Sud de la France » ?
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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 06:00
En janvier le porcu neru vit ses derniers jours…c’est la saison du figatellu à manger rôti sur de la braise avec de la pulenta et des œufs au brocciu.

Le figatellu fermier, produit rare de saison froide, en effet au début du mois de décembre le porcu neru qui s’est gavé de glands vit ses derniers jour il va être sacrifié au pied d’un châtaignier (dernier carat fin du mois d'avril). C’est aussi la saison de fabrication du brocciu produit typique et identitaire de l’île. Emile Bergerat, poète et auteur dramatique, le décrivait ainsi : « Le brocciu est le mets national et le régal de la Corse… Qui n’en a pas goûté ne connaît pas l’île… ».

 

 

« Nustrale», est le nom officiel de la race porcine corse. Cette race, très ancienne est spécifique à la Corse, a été officiellement reconnue en 2006. Héritage séculaire des traditions pastorales de Corse elle constitue un pilier du patrimoine génétique insulaire. Cette race se reconnaît par sa morphologie générale, et en particulier la forme de la tête et de la cuisse, ainsi que par la couleur de sa robe (noir dominant, gris…).

 

Sa spécificité, repose sur son aptitude à vivre dans son milieu naturel, les parcours en zone de montagne, qui demande une certaine rusticité qui se traduit par des animaux à croissance lente, de formats plus petits que certaines races dites « améliorées ». En revanche, ces animaux ont une bonne aptitude à valoriser les ressources fourragères spontanées du milieu, et procurent une qualité de viande particulièrement adaptée à la transformation en charcuterie crue.

 

Les cycles d’élevage, calés sur le rythme des saisons, sont restés inchangés depuis des siècles. Les animaux sont élevés sur les parcours « i rughjoni » où ils trouvent une partie des ressources indispensables à leur croissance. Pendant la période d’automne les porcs élevés en bande parcourent les espaces forestiers chênaies ainsi que les châtaigneraies pour se nourrir de glands et de châtaignes. C’est uniquement après cette phase dite de « finition » que les animaux sont tués. L’abattage a donc lieu uniquement durant la période hivernale. »

 

 

Chez François Albertini, on est éleveur charcutier de génération en génération. On sait donc de quoi on parle lorsque l'on évoque la qualité, l'authenticité et le mode d'élevage.

 

« Composé de 225 porcs dont une vingtaine de truies, le troupeau de race corse permet à l'éleveur de garantir une viande de qualité.

 

Elevés en semi-liberté, nourris de blé, maïs et orge de février à septembre, les porcs gagnent ensuite chênaie et châtaigneraie. D'octobre à février, ils se nourrissent de glands et châtaignes.

 

Chaque année, 150 d'entre eux âgés de 16 à 24 mois sont conduits jusqu'à l'abattoir de Ponte Leccia. La méthode de fabrication, purement traditionnelle, se décline en découpe, salaison et maturation.

 

C'est entre une semaine à vingt jours que l'on peut déguster le figatellu, de quatre à six mois pour saucisse, coppa et lonzu. »

 

Les figatelli semblent être originaires du sud de la Corse, cette version est plus riche en foie. On la reconnaît à sa couleur très foncée, mais bien sûr il en existe aussi en Haute-Corse mais la recette y diffère un peu. Comme toujours sur l’île, chaque région, voire chaque village, sinon chaque famille, a ses variantes ou même ses secrets de fabrication. Richesse indéniable, ADN corse, en ces temps d’uniformisation, le signe d'une résistance à la standardisation industrielle.

 

Les figatelli sont produit à partir du foie de porc, qui leur donne ce goût si particulier. C'est le dénominateur commun, il y en a plus ou moins : ainsi dans la région de Bastelica « u fitonu » est un figatellu composé quasi-exclusivement de foie et qui se consomme après séchage complet. À ce foie sont ajoutés la plupart des abats, et certaines pièces de viandes : gorge, saignée...

 

Le figatellu accommode en fait les parties du porc qui se conservent difficilement, il doit donc être consommé le plus rapidement, quelques jours après sa fabrication.

 

L'assaisonnement, lui aussi, varie : sel, poivre bien sûr, parfois… ail, vin, herbes...

 

Il est aussi possible de le faire sécher, on peut le garder alors jusqu'au début de l'été sans problème, pour le consommer cru.

 

Les figatelli se consomment le plus couramment doucement rôtis sur de la braise du feu de cheminée en prenant bien soin, pendant la cuisson, de les presser régulièrement sur du pain frais pour ne rien perdre de leur suc si particulier.

 

Si vous voulez suivre la tradition insulaire, les figatelli se mangent avec la pulenta et des œufs et du brocciu.

 

Camille Costa Ceccaldi, gérant de la charcuterie Costa et fils à Urtaca en Haute-Corse, révèle quelques astuces pour dégoter une charcuterie corse de choix :

 

« Guettez la moisissure grise qui se développe à la surface des charcuteries entières. Loin d'être mauvais signe, elle est une marque d'âge, et montre une durée d'affinage suffisant. Notez que certains commerçants l'enlèvent, pour rendre leurs produits plus attractifs visuellement. »

 

« Au niveau de la taille, les grosses pièces doivent être privilégiées, car elles se dessèchent plus lentement en vieillissant. C'est aussi le signe que le produit a été fabriqué à partir d'un cochon adulte et bien en chair... »

 

« La charcuterie corse n'est pas un produit diététique. Pour être gouteuse, elle doit être grasse. »

 

Ainsi pour la coppa, le gras est présent à l'intérieur même de la viande.

 

Le lonzu, au contraire, doit être maigre au centre, avec la matière grasse à l'extérieur.

 

Les saucissons et figatelli présentent des gros morceaux de viande et de gras. C'est la méthode traditionnelle de hachage utilisée en Corse. »

 

Pour accompagner vos figatelli la cuvée grotte Di sole 2014 de Jean-Baptiste Arena s'impose.

 

Jean-Baptiste c'est la nouvelle génération du vignoble insulaire, vous savez comme je suis sensible à la transmission...

 

Les vignes d'où est issue cette cuvée 100% niellucciu ont 30 ans d'âge. Elles sont travaillées de manière traditionnelle et naturelle sur des coteaux argilo-calcaire exposés plein sud. Vinification naturelle bien sûr... 

 

J'ai toujours eu un faible pour la Corse, je fais mienne ce passage de Claude Arnaud :

 

« En survolant la Giraglia, j’ai l’impression de toucher des yeux ce caillou couvert de myrte et de lentisque. Les hublots deviennent autant de masques qui grossissent les contreforts du cap Corse, un index tendu vers le golfe de Gênes.

 

Une forte odeur de maquis me gagne à l’aéroport de Bastia-Poretta, quelque chose d’âpre et d’entêtant qui fait battre mon cœur et me confirme que je suis corse aussi. »

 

 La Corse « une île à faire rougir de honte les toutes les autres.»
 

 

 

En janvier le porcu neru vit ses derniers jours…c’est la saison du figatellu à manger rôti sur de la braise avec de la pulenta et des œufs au brocciu.
En janvier le porcu neru vit ses derniers jours…c’est la saison du figatellu à manger rôti sur de la braise avec de la pulenta et des œufs au brocciu.
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