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31 mai 2009 7 31 /05 /mai /2009 00:08

Comme je ne sais pas dire non aux jolies filles, et comme la perspective d’une paternité tardive ne troublait en rien ma sérénité retrouvée, les termes du contrat passé avec Jasmine dans le fond du taxi tenaient en une phrase très révélatrice de mon personnage « c’est oui mais c’est toi qui décide de tout… » Après avoir déposé nos bagages dans son appartement, après lui avoir fait l’amour avec une tendresse de vieux caïman fécondant une frêle tourterelle, après l’abime d’une petite mort qui me précipitait dans un état proche de l’attrition, nous étions allé fêter ça au bar Hemingway du Ritz. Face à moi une Jasmine transfigurée, rayonnante, aspirait à la paille un cocktail de fruits pressés en me déclarant qu’elle allait maintenant faire de vraie nuit, se nourrir sainement, proscrire les substances aériennes, marcher, faire même du vélo mais pas trop parce que ça pourrait être dangereux pour la graine fécondée, nager, respirer, couver. J’opinais en descendant un flacon de vin de pays de Champagne millésimé. Nos voisins, des gominés du Sentier, parlaient haut du président comme si c’était un de leurs potes, avec une familiarité désarmante. Depuis notre retour tout le monde parlait du président, même le chauffeur de taxi un grand Malien placide. Manifestement Nicolas Sarkozy occupait l’intégralité de l’espace médiatique. Moi, tout juste sorti de mon éprouvette des premières années du septennat écourté du Président Pompe ça me défrisait. Ils me saoulaient avec leur parler gros, leurs phrases standards, leur manie de ponctuer tout et rien de « y’a pas de souci… ». Ils me gonflaient avec les sonneries à la con de leur flopée de téléphones cellulaires en tout genre.  Imperméable à leur cinoche Jasmine abordait par la face Nord un sujet redoutable : le prénom du petit.

Pour Jasmine, aucun doute n’était permis, la graine fécondée par mes soins une petite poignée d’heures plus tôt – même si j’objectais faiblement que le déclin, la rareté, l’indolence de mes vieux spermatozoïdes rendaient l’opération très aléatoire –, allait lui donner un beau garçon joufflu avec de beaux cheveux bouclés. Avec un sourire désarmant elle me retoquait « Tu es plus frais qu’un mec de quarante ans mon tout beau. Tes petits machins qui vibrionnent je suis sûr qu’ils vont monter à l’assaut de mes trompes de Fallope comme des morts de faim. Comprends-les ces malheureux, tu ne leur as donné aucune perspective, ils piaffent d’impatience mon superbe géniteur.» Pour me gratifier de ce qualificatif elle avait légèrement élevée la voix en caressant de ses longues mains, à hauteur de son visage, une croupe imaginaire. À nos côtés les lustrés à Ray Ban et Rolex tiquaient, leurs neurones se connectaient, ils découvraient notre existence. Consciente de son avantage Jasmine contre-attaquait « Comment as-tu pu un seul instant croire que j’allais te laisser filer à l’anglaise. Sous tes airs de vieux matou revenu de tout se cache un grand gamin qui dit aimer les filles mais qui n’a jamais vraiment compris ce qu’elles sont les filles. Elles calculent tout les filles. De vraies manipulatrices, ce qu’elles veulent elles l’ont, comme moi avec mes airs d’évaporée j’ai toujours su qu’un jour tu nicherais un petit dans mon ventre. J’aurais pu faire ça en loucedé, sans te prévenir mais ça aurait été moche et puis je n’aurais pas connu l’instant magique où j’ai senti la fusion de ta semence se projeter en moi. Ta délicatesse, cette inimitable façon que tu as eu de me faire cet enfant avec profondeur et douceur. Ce ne sont pas les gros cons d’à côté qui peuvent s’élever à une telle hauteur… »

Je vous épargne l’échange un peu vif qui s’ensuivit. J’y fus, entre autres qualificatifs, traité de vieux saligaud et Jasmine de petite salope alors que je me contentais de m’étonner de l’absence de belles à leur table. Lorsque le barman, Edward, un compagnon de nuit blanche, vint me demander si tout allait bien ils battirent en retraite. Ce signe, marquant mon importance, témoignant de ma position eut-on dit autrefois impressionnait ces petits rouleurs respectueux des puissants. Jasmine qui après avoir allumé la mèche s’était abstenue de souffler sur les braises embrayait comme si de rien n’était « et si je l’appelais Louis comme ton grand-père ? » Edward, incrédule, me contemplait en quêtant une explication. Face à mon mutisme il se risquait à poser une question embarrassée « vous… je veux dire elle… elle attend…pourtant elle est plus fine qu’un haricot vert… vous… elle va avoir un enfant de… de toi c’est ça ? » Résigné je haussai les épaules tout en entendant Jasmine rétorquer à Edward, sans minauder, comme si ça relevait de l’évidence « c’est cela nous venons de lui donner la vie juste avant de venir ici… » Comme je lui avais demandé de décider de tout je dis oui à tout ou presque. Ma seule exigence, car je n’avais plus envie de vivre seul, fut que nous habitions sous le même toit. Pas ensemble mais tout près l’un de l’autre, dans une grande maison à Paris avec de l’herbe et des arbres. Jasmine pleurait en silence.

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30 mai 2009 6 30 /05 /mai /2009 00:02

Vous étiez prévenus, c'est pour moi un beau jour que ce jour anniversaire de mon petit espace de liberté : Vin&Cie né dans le petit bureau, 232 rue de Rivoli, où j'ai écrit mon fichu rapport. L'enfant se porte bien, le père aussi, quand à la mère elle pourrait se prénommer Marie - pour ceux qui lisent mon petit roman dominical - et vous, chers lecteurs, qu'en pensez-vous ? En vous attendant je lève mon verre, ma coupe, ma flute : à vous, à nous, au vin de toutes les couleurs avec ou sans bulles !

Le gâteau d’anniversaire :
de chez Laurent Duchêne 2 rue Wurtz 75013 Paris

 

La bouteille qui va avec, offerte par l'ami Erwan Thill :

Champagne Prin Père&Fils Blanc de Noirs 100% Pinot Noir millésime 1995
www.champagneprin.fr/


 
























Les chiffres :

-         370 000 visiteurs depuis l’origine

-         1 306 000 pages lues depuis l’origine

-         Sur les 12 derniers mois 132 000 visiteurs

-         Sur les 12 derniers mois 391 260 pages lues

 

La gestation : 23/05/2005

L'aventure a commencé chez un premier hébergeur, pour continuer de faire dans l'imagerie du vivant : mon blog fut conçu dans le silence le 23 mai 2005 avant de voir définitivement le jour le 30 mai 2005 sur overblog. 7 jours de gestation c'est court mais ça n'a pas empêché l'enfant de croître en âge et en impertinence...

Naissance

C'est jour de naissance : un petit bouchon qui saute pour « Vin&Cie » gage d'une longue et belle vie !

A bientôt sur mon « espace de liberté »

Jacques BERTHOMEAU


Ma toute première chronique : 25/05/2005

Dans les années 80, les frères Jolivet contaient l'histoire des désastronautes, c'était drôle... Ce matin, sur mon vélo, avec un soleil de fin de mois de mai à la hauteur de mes espérances, je me disais que les viticulteurs qui vont battre le pavé de Nîmes pour manifester contre la mévente de leurs vins devraient, sur leurs banderoles, demander des comptes à leurs « désastronautes »...

4 années d'inertie, de bras ballants, de non-décision, de leurres, de slogans éculés; bien sûr il est plus facile d'envoyer de braves gens badigeonner les murs des caves de "non à Cap 2010", que de se colleter à la réalité... J'avoue que dans le cas présent je ne trouve pas l'histoire des « désastronautes de notre viticulture » très drôle car ce qui est en cause c'est le travail et la vie de milliers de viticulteurs...

La viticulture française n'est pas en crise, pas encore, certains de ses navires doivent changer de cap pour retrouver les vents portants, et le bon sens me souffle qu'à la barre de ces navires il vaudrait mieux avoir des hommes lucides, déterminés, qui savent là où ils veulent aller, plutôt que des adeptes de l'immobilisme...

Moi je vote oui car le plombier polonais, à Varsovie bien sûr, boira des canons de vin français à l'avenir d'une Europe de paix. Si les Polonais sont si épris de « libéralisme » c'est que, contrairement à Marie-Georges Buffet, ils ne trouvaient pas globalement positif, la vie dans une démocratie populaire...

Mon Premier slogan :

« si vous n'avez pas peur des mots : lisez le blog Berthomeau ! »

Et c'est toujours signé :  Berthomeau

 

 


 

 

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29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 00:07

 

Le très récent emballement médiatique lié aux annonces tonitruantes « sur les effets dévastateurs du premier verre de vin… » http://www.berthomeau.com/article-28144386.html de la triplette : Maraninchi, Houssin, Martel, suivi de près de l’interview du Président de L’INCA, très « je te sers la soupe », de la complaisante Sandrine Blanchard du Monde « Le vin est un alcool, donc cancérigène » http://www.berthomeau.com/article-30304997.html , comme la très récente Conférence de Presse cornaquée par l’ANPAA pour faire barrage à l’amendement INTERNET« Mobilisons-nous face à une risque sanitaire et social majeur » http://www.berthomeau.com/article-31508788.html , et dans une moindre mesure le mode de traitement, exclusivement à charge, de l’affaire dites du « rosé pur » par certains journalistes de la presse nationale : JJ Chiquelin du Nouvel Observateur ou Philippe Reltien grand reporter de France Inter entre autres, montrent à l’évidence que beaucoup de journalistes français ne relatent pas des faits mais expriment leurs opinions violant ainsi la première règle du journalisme : « la séparation sans équivoque des faits et des opinions. »

 

Entendons-nous bien, les journalistes ont aussi le droit de donner leur opinion mais qu’ils disent clairement que c’est la leur. Alors, et ce n’est pas moi qui pose la question, mais un jeune homme bien sous tous les rapports : François Dufour éditeur de quotidiens pour la jeunesse (Le Petit Quotidien, Mon quotidien, l’Actu…) et co-président des Etats Généraux de la Presse convoqués par le Président de la République, « Les journalistes français sont-ils si mauvais ? ». Tel est le titre de son livre publié chez Larousse dans la collection à dire vrai dirigé par le fonctionnaire multicartes de l’Education Nationale (c’est un fait avéré), le très bavard (c’est mon opinion) Jacques Marseille.

 

Dans son « Pour conclure » François Dufour répond clairement à la Question :

« Les journalistes français séparent-ils faits et opinions ? Très peu, surtout dans la presse écrite. Séparent-ils information et publicité ? Mal, surtout dans les magazines ou les parties plus « magazines » des quotidiens. Respectent-ils les règles du métier ? Insuffisamment, quel que soit le média. Ecrivent-ils pour leur public ? Très, très peu, notamment dans les quotidiens »

 

C’est sans appel même si cette formule ne veut pas dire grand-chose dans le cas d’espèce où il ne s’agit pas d’instruire un procès mais de regretter un état de fait. J’ai découvert ce livre dans les pages du Nouvel Observateur qui, jamais à une hypocrisie bien-pensante près (c’est mon opinion d’abonné), dans un 3 Questions à François Dufour, met en lumière ses propres dérives. Je ne résiste pas au plaisir de vous proposer la lecture de la 1ière Question et la réponse de François Dufour.

 

Le NO : Dans votre ouvrage, vous instruisez le procès des journalistes français. Quels sont, selon vous, les principaux chefs d’inculpation ?

 

François Dufour : Notre principal défaut consiste à confondre information et commentaire. Les journalistes français sont très souvent des « opinionistes » qui préfèrent livrer leur point de vue plutôt que de se contenter de restituer les faits avec le plus de précisons possible. Ce travers, renforcé par les blogs d’opinion (je souligne), explique, à mon sens, la méfiance du public à l’égard de la profession. Ensuite, de nombreux journalistes français oublient le b.a.-ba du métier : la vérification de l’info. Quand j’entends un journaliste parler au conditionnel, je sors mon révolver ! Mais il y aurait beaucoup à dire sur le non-respect de la vie privée et les fautes de français. J’ajoute que les journalistes préfèrent souvent écrire pour les élites que pour le grand public. Ce travers consiste à faire le journal que l’on aimerait lire plutôt que celui que les lecteurs voudraient acheter. Le dernier grief, c’est le franchissement du « mur » entre les intérêts publicitaires et l’information. Des titres prestigieux sont dirigés par des patrons qui confondent allègrement les fonctions de directeur de la publicité et de la rédaction. Or on ne peut pas diriger à la fois une équipe de journalistes et une régie publicitaire : les conflits d’intérêts sont alors inévitables…

 

Sur ce dernier point, dans son livre, François Dufour, donne des noms – je n’ai pas écrit livre car c’est une information non une délation – « Le laxisme français s’exprime quand le directeur de la rédaction devient aussi directeur de la publicité d’un journal : Eric Fottorino au Monde, Laurent Joffrin à Libération, Franz-Olivier Giesbert au Point, Denis Olivennes au Nouvel Obs., Edwy Plenel à Médiapart, Bruno Frappat à la Croix, François-Régis Hutin à Ouest-France… » et « Pire : comme l’avoue candidement Laurent Joffrin, à propos de son journal Libération, dans son livre Média-paranoïa, en 2009, « on accroît certaines rubriques, comme la mode ou la consommation, dans l’espoir d’amadouer les pourvoyeurs de budgets publicitaires. » Le Nouvel Obs. ne s’en prive pas avec ses rubriques : Styles 4 pleines pages, Air du temps 6 pleines pages, Voyages 4 à 6 pleines pages… ce modèle économique restreint à la portion congrue le droit d’exigence du cochon de payant qu’est l’abonné…

 

Enfin, pour clore cette chronique et en revenir au lobby blanc prohibitionniste, champion toute catégorie de la Com auprès de l’opinion publique – théorisée par Claude Got La stratégie du Go de Claude GOT http://www.berthomeau.com/article-18021256.html – je cite encore François Dufour : « La formule est connue : « La com. progresse, l’info régresse. » D’un côté, les services de communication deviennent de plus en plus professionnels. De l’autre, les rédactions, de moins en moins professionnelles (moins spécialisées, avec moins de personnel, moins rigoureuses, moins riches…), s’appuient davantage sur les services communication des organisations, des partis, des associations, des entreprises, etc. Les attachés de presse fournissent toujours plus d’infos directement recopiables : des interviews, des photos, des idées de reportage, etc. Ces outils de travail, efficaces pour journalistes  rigoureux, se transforment vite en « copiés-collés » pour journalistes paresseux (voire corrompus !) Les experts en com. mettent en scène (ce qu’on appelle le « storytelling ») les déclarations de leurs « clients », à commencer par les stars de la politique, pour que les médias « accrochent » et accorde leur espace »

 

Ayant pratiqué au-delà du miroir il m’est arrivé d’écrire des articles sur des sujets très pointus (les sujets agricoles européens par exemple) pour le compte de journalistes et lorsque je relisais ma prose, comme je suis d’un incommensurable orgueil, je ne pouvais m’empêcher de penser : voilà un bon papier coco…

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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 00:03

Moi – le moi est haïssable, je sais mais je n’ai rien de mieux en magasin pour me désigner – qui ne fut pendant de longues années passées sous les ors des palais de la République, qu’une éminence grise chuchotant des conseils à l’oreille de son Ministre, qu’un « nègre » suant sang et eau sur d’importants discours aux producteurs de fraises des bois ou de cochons en batterie, qu’un affreux nomenklaturiste rose qui ne doit son avancement qu’à son encartement, comme le dit de moi l’aimable Pierre Leclerc, qu’un sombre technocrate incolore, inodore et sans saveur, j’ai toujours apprécié les gens hauts en couleurs, un poil provocateur et un chouïa borderline. C’est mon côté soixante-huitard non révisé, ce qui bien sûr est péché.

L’art officiel me gonfle. J’aime les provocateurs ! Mais j’aime les provocateurs qui donnent un sens à leur provoc’. Alors vous comprendrez aisément que les « Terroiristes du Midi » m’aient de suite plu moi qui aie tant fréquenté des gugusses en costume à Paris et en cagoule sur le terrain. J’avoue qu’ils n’étaient pas très terroir les adeptes du double langage mais plutôt des abonnés aux délices de la distillation. Sur de telles bases je ne pouvais que soumettre cette joyeuse bande des 23 à la question. Merci à eux !

  1ière Question : Serge Gainsbourg chantait les aquabonistes. En dehors de sa saveur, est-ce aussi pour « lutter » contre l’éternel « à quoi bon » de certains dans le Sud de France que vous avez créé cette explosive appellation ?

Réponse des Terroiristes : Effectivement, il serait très facile, tellement plus facile de succomber au défaitisme ambiant. Puisque nous arrivons à la fin de l’histoire, il n’y aurait plus rien à faire. Certains nous proposent même d’arrêter de boire du vin, source de tant de maux. Eh bien non, n’en déplaise à certains, nous n’adhérons pas à ces idées. Sans être pour autant idéalistes, nous avons opté pour une attitude radicalement différente. La période compliquée que nous traversons est l’opportunité de se remettre en question, de se renouveler. Alors, vous dîtes que notre nom est explosif. Peut-être l’est-il un peu mais les Terroiristes ont aussi et surtout les pieds sur terre, les pieds dans la terre.

 

2ième Question : Comme vous le savez, j’adore les « marques ombrelles » avec un grand B, allez-vous en offrir, une ombrelle bien sûr, aux londoniens et londoniennes pour qu’ils s’abritent du soleil ? Plus sérieusement : mouvement de circonstance ou entreprise pérenne que ces Terroiristes du Midi ?

 

Réponse des Terroiristes : Les Terroiristes du Midi regroupent 23 producteurs du sud de la France. L’idée à l’origine de ce regroupement n’est certainement pas de s’abriter sous une ombrelle et attendre que la tempête passe. Notre démarche est foncièrement dynamique. Dans les temps difficiles que nous traversons, nous cherchons une voie, peut-être parfois hors des sentiers battus. Et dans cette recherche, nous faisons nôtre la devise des mousquetaires : « un pour tous, tous pour un ».

 

Cette démarche se veut pérenne. Même si notre participation à la London International Wine Fair a particulièrement marqué les esprits, nos premiers faits d’armes ont eu lieu en Belgique et en Hollande à la fin du mois d’avril, et nous avons d’ores et déjà prévu de nouvelles actions, à commencer par la venue de journalistes anglais dans notre région au mois de septembre prochain. Non, les Terroiristes du Midi ne sont pas un simple feu de paille !

 

3ième Question : Tout naturellement, par construction oserais-je dire, les Terroiristes du Midi ne sont-ils pas des membres naturels de l’Amicale du Bien Vivre à la française, version Sud de France of course ? Êtes-vous prêts à un ralliement massif pour cette juste cause ?

 

Réponse des Terroiristes : Votre proposition illustre votre bonne lecture du concept des Terroiristes du Midi. En fait, plusieurs d’entre nous sont déjà membres de l’ABV. Pourquoi pas un ralliement massif ... pour montrer que l'on peut consommer sainement, boire modérément et partager convivialité et joie de vivre!


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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 00:02

Rassurez-vous bonnes gens ceci n’est qu’une petite chronique sur une dégustation de vins de couleur rose. « Au XIXe siècle, les théoriciens de la couleur, refusèrent au rose le statut de véritable couleur et préfèrent voir en lui un mélange de blanc et de rouge… » écrit Michel Pastoureau spécialiste des couleurs.  Les ennuis commencent...

Fut un temps, pas si lointain, où chroniquer sur le vin de couleur rose équivalait à tenter de faire publier dans Le Monde une tribune libre sur La Face cachée du Monde: du contre-pouvoir aux abus de pouvoir de Péan et Cohen, ça relevait de la faute de goût, du « dégustativement » incorrect. Maintenant c’est tendance, c’est chic, ça relève même, aux dires de « l’agité du bocage » de la croisade pour la défense des valeurs françaises contre l’hydre européiste et ses valets. Grosse caisse et cymbales, les barbares ne corrompront pas notre pur nectar pink ! Dès l’origine j’ai pressenti que l’affaire, dite du « rosé pur », relevait de la patate chaude chère à PPDA, un bel embrouillamini à la française, version Pagnol, et je me suis bien gardé d’y mettre mon grain de sel. Je me suis contenté de compter les points, de peser les doses de mauvaise foi, d’apprécier la paresse intellectuelle de certains journalistes de la presse nationale, de me désoler aussi de tout ce ram dam. Mais comme a toute chose malheur est bon, petit à petit le dossier a eu au moins le mérite de faire progresser mes connaissances sur le contenu des décrets de certaines appellations. Mon ignorance dépassait l’entendement. Pour le reste, le fond du dossier, tout commentaire est inutile : en France il faut être pour ou contre, pétitionner, se victimiser, stigmatiser les eurocrates, prendre des poses, parler « gros »… sinon les médias ne se bousculent pas au portillon. Alors l’avenir nous dira à qui profite ce « crime » contre l’authenticité du rosé provençal ?

 

Bref, moi pendant ce temps-là je vaquais à mes occupations et à mes emplettes vineuses : le premier rosé acheté fut vin de pays de la Loire Groslot (5) 2007 de l’abbaye Ste Radegonde acheté 8,90 euros chez l’épicier tunisien du Bd St Jacques. Le second et le troisième furent acquis lors d’une virée sur les bordures nord du Marais : chez Julien un caviste rue Charlot pour le vin de pays d’Oc 2008 Domaine des Maillols (7) : 6,90 euros et chez une caviste, au marché des Enfants Rouges, pour le Coteaux d’Aix 2008 Château Bas (8) 7,90 euros. Vint ensuite ma tournée audoise avec l’Orangeraie (12) vin de pays d’Oc de Lorgeril à 4 euros , Il Emma (13) Domaine des Hautes Terres 2008 vin de pays de la Haute Vallée de l’Aude 6,10 euros départ et Rosmarinus (11) Corbières d’Embres&Castelmaure 4,65 euros départ. Puis ce fut une percée un soir  à la Gde épicerie du BM pour acquérir le rosé discount Adhémar (15) 4,45 euros un vin de pays des collines de la Moure Cinsault 2007. Lors de mon reportage au Carrefour d’Auteuil je revins avec 4 bouteilles sous les bras : Augustin Florent (2) vin de pays coteaux de l’Ensérune 2008 2,40 euros, la Roche Mazet (3) vin de pays d’oc Syrah 2008 2,41 euros, [yellow tail] (1) 2008 5,69 euros et un Domaine de la Sauveuse (4) Côtes de Provence 2008 AB 5,70 euros. De passage à l’Etoile je faisais l’acquisition au drugstore Publicis de Cabochard (6) Côte Roannaise 2008 domaine Robert Sérot à 6,90 euros. Pour clore ces achats sans rime ni raison j’achetais Le rosé de Malartic (9) Bordeaux 2008 7,90 à Monoprix Daviel et l’Argentin de Malartic (10) 2008 me fut envoyé directement du château (devrait être vendu en CHR autour de 5 euros). Ma besace ainsi remplie le temps était venu de se siffler la ligne de rosés à laquelle 2 corses labellisés B&D pour Monop venait s’ajouter : un Patrimonio Clos Teddi (15) 2008 à 9,90 euros et un Sartène Domaine Fiumicicoli (16) 2008 à 11 euros.(les photos sont visibles en Wine News N°54 en haut à droite du blog).

 

Les n° entre parenthèses indiquent l’ordre de passage dans la dégustation.

Nous avons dégusté nos vins le 20.

6 dégustateurs : Flore, Margot, Erwan, Matthieu, Michel-Laurent et Yannick.

Méthode Parker sur fiches : 50+ robe /5, nez /15, arômes et finale /20 et qualités d’ensemble /10. Bouteilles découvertes sans commentaire.

 

Nos dégustateurs après collation de leurs notes se répartissent en 3 groupes :

-         le clan des 1200 : Yannick 1209 et Michel-Laurent 1265

-         le clan des 1300 : Margot 1329 et Erwan 1333,5

-         le clan des 1400 : Matthieu 1415 et Flore 1424

Soit une moyenne de 1329 ce qui donne Margot comme représentative du groupe.

 

Sur le tableau ci-dessous 2 notes sont  indiquées entre parenthèses :

 

- la première est arithmétique : c’est le total des notes de l’ensemble / 6

- la seconde est le résultat de la moyenne de l’ensemble des notes dont on a enlevé, pour chaque dégustateur, la meilleure et la plus faible et dont le diviseur est 4.

 

Cette dernière lisse l’emballement ou la sévérité d’un dégustateur et me semble plus représentative du jugement d’ensemble.

 

La notation Parker a été choisie par pure commodité. L’échelle des valeurs Parkérienne n’est pas applicable au cas d’espèce.

 

En dépit du caractère d’apparence j’m’enfoutiste du choix des vins, les lieux d’achat, la gamme de prix, tout comme la provenance, donnent à l’échantillon une forme de représentativité.

 

Les 2 Révélations :

-         Cabochard (83 et 83,5)

-         Rosarismus (82 et 83,5)

 

Les 2 Corses se détachent :

-         Sartène (85 et 84,5)

-         Patrimonio (82,5 et 84)

 

Les 3 qui ont plu :

-         domaine des Maillols (81,5 et 81,5)

-         château Bas (79 et 81)

-         l’Orangeraie (79 et 80)

 

Les Malartic se sont bien tenus :

-         le Rosé de Malartic (81,5 et 78,5)

-         l’Argentin de Malartic (79,5 et 79,5)

 

Les 3 qui ont clivé les dégustateurs :

-         Adhémar (78 et 79)

-         La sauveuse (77,5 et 76)

-         Il Emma (76 et 77,5)

 

Augustin Florent fait bonne figure : 77 et 78,5

 

La Roche Mazet à la peine : 75 et 77

 

Les 2 déceptions :

-         [yellow tail] : (73,5 et 73)

-         Groslot : (72 et 72)

 

Les  coups de Cœurs des dégustateurs :

 

- Cabochard

- Rosarismus

- Patrimonio

 

Le coup de cœur des filles (étiquette+vin) : le domaine de Maillols

 

Le rosé préféré de :

 

-         Flore : le Sartène (95)

-         Margot : Cabochard (même si elle n’aime pas le nom) (86)

-         Erwan : Rosarismus (85)

-         Matthieu : Le rosé de Malartic (90)

-         Michel-Laurent : Le rosé de Malartic (83)

-         Yannick : Le Sartène (85)

 

En fonction du porte-monnaie :

-         Augustin Florent : 2,40

-         L’Orangeraie de Lorgeril : 4

-         Rosarismus d’Embres&Castelmaure : 5

-         Cabochard de Robert Sérot 6,90

-         Domaine de Maillols 6,90

-         Château Bas : 7,90

-         Le rosé de Malartic 7,90

-         Le Patrimonio de Clos Teddi : 9,90

-         Le Sartène  Domaine Fiumicicoli : 11

 

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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 00:00

 

Goûter le vin http://www.berthomeau.com/article-31561023.html, le déguster, l’enluminer de mots, de qualificatifs, le noter même, pour guider le choix de connaisseurs, d’amateurs ou de simples consommateurs : vaste programme ! aurait sans doute proclamé le Général qui ne crachait pas sur son vin quotidien et n’aimait rien tant que proclamer sa singularité, c’est le métier de la critique au sens de la critique littéraire ou cinématographique. L’ami Jacques Dupont Merveilleux du Vignoble http://www.berthomeau.com/article-22333999.html l’exerce dans le Point avec pertinence, tranquillité, loin du tam-tam médiatique, et surtout une humanité qui met les vins dégustés en perspective. Loin du pur jargon d’expert Jacques sait mêler Histoire et histoires, il s’intéresse à la chose publique, à la vie des vignerons, aux grandes tendances de notre société. Dut-il en rougir, il fait parti pour moi de la petite poignée d’hommes qui, au cours de ces 20 dernières années, ont œuvré pour sortir le vin de son ghetto esthétisant et le replacer à nouveau dans l’imaginaire populaire.

 

Hasard du calendrier sitôt ma chronique La « tension » du vin selon Jacques Dupont Merveilleux du Vignoble en dégustation à Bordeaux publiée je reçois de mes amis de Sève La Dégustation : Discuter, ne pas se Disputer que bien sûr je m’empresse de mettre en ligne http://www.berthomeau.com/article-31641753.html Et là, par la grâce de Goulebeneze, qui assurément à la goule bien pendue, le débat s’instaure avec l’ami Michel, ça décoiffe ! Normal, il s’agit d’une forme particulière de la dégustation qui, de part sa fonction de tri, et sa tendance à la normalisation, met le feu aux esprits. J’aime le débat. J’aime plus encore faire avancer les causes qui me paraissent justes. Alors, si la CNAOC s’engage prudemment mais résolument, sous la houlette de l’ami Pierre Aguilas, sur le bon chemin je ne puis que m’en réjouir, applaudir des deux mains.

 

Donner la parole à Jacques Dupont m’apparaissait donc relever de la pure évidence. Il s’est soumis à mes 3 Questions avec un Bis pour la 3ième. Merci Jacques et, assurément, à une autre fois pour prolonger le débat. L’art de la conversation fait partie intégrante du Bien Vivre que notre petite Amicale s'efforce de promouvoir (voir N° 49 Wine News à droite en haut du blog).


Question N°1 :

Jacques, nous sommes bien sûr sur la lancée de ton n°spécial Bordeaux 2008. Si j’ai bien lu ton commentaire sur ma chronique, les vins patapoufs, comme ceux du millésime 2003, ne sont pas vraiment ta tasse de thé. Je t’avoue que ça m’a fait sourire car, dans mes années culottes courtes, sur le Pèlerin de ma pieuse tante Valentine, je suivais les aventures de Pat’Apouf de Gervy. Mais revenons à ce millésime 2008 où pour les rouges, qui mettent en avant une certaine acidité et des tanins un peu vifs, tu avoues aimer assez ce profil. Finesse, vivacité, acidité d’un côté, le charme discret de la vieille Europe, de l’autre : embonpoint, apathie, sucrosité ou pour être plus sympathique : poignées d’amour, richesse et confiture, le résistible attrait du Nouveau Monde… Suis-je trop réducteur, ai-je trop extrait ?

 

Réponse de Jacques Dupont :
Tu es un peu réducteur et beaucoup provocateur, ce n’est pas une révélation. Le problème n’est pas Nouveau Monde contre vieille Europe. Il est dans la transposition d’un modèle universel qui a fonctionné largement naguère, continue de fonctionner mais peut-être un peu moins aujourd’hui. J’aime les vrais chiantis aux senteurs de violette et de résine, un peu rugueux en bouche qui me parlent de chez eux. Les super toscans faits de merlots trop mûrs déglacés à la barrique made in France m’ennuient. J’aime les vins du Dao que j’ai « explorés » en 2008 pour le Spécial Vins du Point. Si tu le permets, je me cite c’est moins fatiguant : « Le Dao est au centre du Portugal, un peu à l’écart, bordé par des montagnes. A l’ouest, la Serra do Caramulo, au nord, la Serra da Nave et à l’est, le massif le plus haut du pays, la Serra de Estrele, la montagne des étoiles. Elles constituent des barrières naturelles aux intempéries venues de l’Atlantique ou aux vents brûlants du continent. Le vignoble s’étale sur les pentes. Rien que du granit, dégradé en surface et fissuré en sous-sol. Des conditions idéales pour faire du vin typé, original, de terroir. C’est bien ce que nous avons dans l’ensemble trouvé. D’autant que les cépages sont « indigènes » : touriga nacional originaire du Dao mais que l’on retrouve aussi en Porto, tinta roriz, qui est le tempranillo en Espagne, le cépage de la Rioja, ou le racé alfrocheiro au nom difficile à mémoriser mais dont on se rappelle mieux les saveurs poivrées… Rien à voir avec les vins internationaux, lourdingues, vanillés comme des Danette (à la vanille), produits dans le Nouveau Monde avec les cépages de Bordeaux ou du Rhône. »

J’aime les sauvignons simples de Nouvelle-Zélande qui te désaltèrent comme un sorbet au citron vert, les pinots noirs de l’Orégon, les cabernet franc de Tracey et John Skupny en Napa Valley ou les syrahs de Sean Tackrey à Bolinas… En France aussi on a notre Nouveau Monde. Pendant un temps, c’était la course à celui qui vendangeait en dernier pour être certain d’avoir des raisins encore plus en sur maturité que le voisin. On en revient, tant mieux. Les déviations aromatiques que l’on a trouvées au bout de quelques années dans certains de ces vins à Saint-Emilion, en Bourgogne aussi quand une certaine mode était d’avoir des rouges issus de pinot noir aussi colorés que des tannat de Madiran (je ne parle pas de certains blancs qui s’oxydent plus vite qu’une pomme coupée) et partout ailleurs ont contribué à rendre les gens plus raisonnables. Dans le Sud, ici ou là, on m’explique qu’il est impossible de faire du vin avec du raisin mûr en dessous de 15°. Peut-être ! Mais j’ai bien plus de plaisir à boire les vins d’Olivier Jullien (coteaux du Languedoc) qui ne font que 13°. Comment fait-il Olivier ? Il cherche. Il ne s’est jamais contenté d’une seule et unique réponse.

Dans ta chronique, tu me chambres sur l’usage du mot tension et de son adjectif tendu. Je l’ai volé à mon ami Philippe Bourguignon (sommelier et directeur du Laurent à Paris) un jour que nous étions en Suisse à goûter des vins blancs tranchants comme des Opinel. Tension, cela me fait penser à la cordelette de l’arc, à l’électricité. Bref, je trouvais cela assez facile à interpréter pour les lecteurs. Davantage que fraîcheur qui me semble un peu passe-partout et peut induire une notion de température du vin. J’aime les vins tendus, vifs, parfois un peu granuleux (en rouge) mais il m’arrive de sélectionner en l’écrivant des vins un peu rondouillards (pas patapoufs) car ils peuvent avoir un coté initiatique pour ceux qui découvrent le vin.

Mes racines sont dans le chablisien, là où Philippe Bourguignon a appris aussi à aimer le vin. Je m’en excuse pour ceux que cela agace mais s’il est une région où les mots minéralité et tension ont un sens, c’est bien à Chablis.

Par ailleurs, l’éternel débat sur les mots du vin est un peu ridicule. Jean-Claude Berrouet a dit un jour qu’il pourrait suffire de 12 mots pour tous les décrire. C’est sans doute vrai, sur un plan purement technique. Mais le vin est là pour faire rêver, parler, échanger, délirer aussi un peu (tard le soir), déclencher des émotions ou du moins des sensations. Nous essayons de le faire du mieux que l’on peut. C’est parfois maladroit, répétitif. Le pire serait l’abstinence.

Question N°2 :

Dans ta notice sur Pontet-Canet – coup de cœur et 17,5 – tu écris « Virage à fond donc vers une agriculture respectueuse, biodynamique qui faisait rigoler les voisins jusqu’à… Les temps changent et les mentalités aussi, poussées par le vent de la nécessité. Désormais, un peu partout dans les grands crus, on nous annonce que, discrètement, on essaie, on s’initie à des pratiques culturales bios… » Alors Jacques, effet de mode ou véritable mouvement de fond ? Sans trahir la discrétion qui sied si bien aux GCC pourrais-tu nous en dire un peu plus ?

 

Réponse de Jacques Dupont :
En 1989 ou 90… Pierre Crisol et moi avions pris la défense de la biodynamie en mettant en vedette Nicolas Joly (qui l’a un peu oublié depuis) et Noël Pinguet (qui a très bonne mémoire). Je me souviens d’articles parus « ailleurs » faisant la démonstration de la totale inefficacité de la biodynamie. Nous nous faisions flinguer, traiter de mystiques etc. Il n’y a pas si longtemps, en 2001 je crois, je suis revenu à la charge dans Le Point. J’ai reçu une avalanche de lettres, souvent des retraités de l’INRA, m’expliquant que j’étais un benêt. C’est fou comme l’INRA compte de retraités qui n’ont rien d’autre à faire que d’écrire des lettres, me disais-je cette année-là. N’ont-ils donc pas appris à jardiner pendant tout ce temps passé au service de notre agriculture nationale m’ajoutais-je ! A Bordeaux, parler de bio ou de biodynamie dans les crus classés revenait voilà peu à évoquer l’usage du préservatif au séminaire devant Benoît XVI. Surtout dans le Médoc… La rive droite avec Alain Moueix et son délicieux château Fonroque, Régis Moro en côtes de Castillon avaient pris un peu d’avance. Alain était autrefois très isolé. Signe des temps, il est aujourd’hui président des crus classés de saint-émilion. C’est vrai que le climat est tout de même moins favorable à la bio qu’au Pic Saint-Loup : pluviométrie considérable, influence Atlantique etc. Il faut aussi tenir compte d’un facteur important : dans les grands crus le chef d’exploitation n’est souvent pas le propriétaire. Il a fréquemment au-dessus de lui des investisseurs, des actionnaires, un conseil d’administration, des gens qui manient rarement le sécateur et ont assez peu l’occasion de conduire un enjambeur. Alfred Tesseron, quand il a commencé avec Jean-Michel Comme à Pontet Canet, nous demandait le silence. Les voisins quand ils ont su le vannaient sans ménagement. Jean-Michel essuyait les quolibets ou pire se heurtait à l’indifférence. Mais d’autres faisaient discrètement des expériences (Beychevelle notamment). Depuis cette année, on sent que le vent a tourné. Nécessité commerciale – la clientèle internationale est et sera de plus en plus exigeante en matière de traçabilité, de respect de l’environnement – vraie prise de conscience ou besoin d’allumer des contre-feux face aux quelques analyses publiées ici ou là montrant des traces résiduelles de pesticides ? Peu importe finalement ; l’essentiel est ailleurs. Quand de puissantes machines comme les premiers grands crus classés (Latour met 2,5 ha en conversion biodynamie) se lancent sur une piste, ce n’est pas un détail. En matière de recherche et d’innovation, ils jouent en quelque sorte le rôle des formules 1 pour l’industrie automobile. Si ce type de comparaison, ne t’attire pas, mon cher Jacques, un courrier un peu pimenté, c’est que nous ne sommes plus en France !

 

Question N°3 :

Quand je reviens de Bordeaux – car moi aussi je vais à Bordeaux, même que cette année j’ai fait la tournée des GCC primeurs – mes amis languedociens, les Terroiristes du Midi et les autres, me font un peu la tête. Jacques, tu me vois venir avec mes gros sabots plein de paille, Bordeaux certes c’est vendeur – ce n’est pas une critique mais un pur constat – mais le Languedoc, dans toute sa diversité, ne mériterait-il pas un tout petit quelque chose de spécial ?

 

Réponse de Jacques Dupont :
A Bordeaux, tu auras noté que je ne m’intéresse pas qu’aux grandes étiquettes, aux « GCC primeurs ». Même si ce sont celles-ci qui ont inventé la vente en primeur. Cela m’oblige à rester 5 semaines et à déguster beaucoup de vins mais cela permet aussi à des appellations qui n’ont pas la notoriété de margaux – les côtes, les bordeaux simples etc- d’avoir un accès à ce marché et cela permet aussi à mes lecteurs de s’offrir des vins de bordeaux « consommables », pas des flacons de collectionneurs.

Le premier guide que j’ai co écrit avec mon copain Crisol s’appelait « Les vins du Languedoc ». C’était en 1987. A l’époque, on aurait pu se croiser. Quoique, les R5 Renault, du moins celles que nous louait AVIS volaient moins haut que les hélicos ministériels. Et ta chère cave coopérative d’Embres et Castelmaure y figurait en bonne place avec un millésime 1984 ! Je suis d’ailleurs resté fidèle dans mes goûts car avec Olivier Bompas, dans le spécial vins de 2003 nous avons de nouveau sélectionné leur « Grande Cuvée » avec ce commentaire :  « Grande pureté de fruit, notes de cassis, confirmés par une bouche fraîche, sur des tanins réglissés, équilibré, long sur le poivre. » Et la note de 15. Depuis cette époque glorieuse -je parle de 1987- je n’ai cessé de m’intéresser au Languedoc. Je ne fais plus de guide national. C’est un travail impersonnel même si on le signe. Seul, il est impossible annuellement de faire le tour complet des appellations. Je préfère cibler et passer davantage de temps dans chacune d’elle (comme disait Vian à propos de le bombe atomique de son oncle « infâme bricoleur » : ce n’est pas la portée qui compte mais l’endroit où ce qu’elle tombe !). Dans Le Point, en plus des chroniques, j’ai au mois de septembre un spécial vins où je passe au crible 13 appellations, 12 françaises et 1 « étrangère ». Il y figure toujours une appellation du Languedoc.

Cela me plait que tu mettes en parallèle Bordeaux et Languedoc. Pourquoi, le monde entier court à Bordeaux pour la « semaine des primeurs » ? Pourquoi l’une a toujours su se vendre – même si régulièrement on annonce la fin du système bordelais – et pas l’autre ? Pourquoi commercialement le Languedoc est en panne depuis si longtemps ? Nous avons tous des éléments de réponse et toi le premier. Mais c’est assez curieux de constater que souvent on en rejette la faute sur l’extérieur. Là encore, toi le premier à me dire le Languedoc « ne mériterait-il pas un tout petit quelque chose de spécial ? » Je ne vais pas faire d’énumération mais j’ai fait plus que du « tout petit » pour cette région et je ne suis pas le seul. Pendant un temps, c’était le rendez-vous obligatoire le Languedoc. La presse, les acheteurs anglais, les cavistes… C’est retombé, sauf pour les grands vignerons, ceux qui savent faire du vin et le vendre au bon prix. J’ai de grands regrets pour d’autres. Je pense à la cave de Saint-Saturnin et sa cuvée Seigneur des Deux Vierges. Un régal ! Le directeur de la cave et son conseil d’administration avaient demandé de gros efforts aux vignerons pour produire cette cuvée. La commercialisation n’a pas permis de les rémunérer convenablement. « A quoi sert un grand vignoble si n’êtes en mesure de la vendre » demandait en 1600 Olivier de Serres. Rien n’a changé.

Question N°3 bis :

Les vignerons de Sève, lors du dernier Congrès de la CNAOC, à propos du débat sur la place de la dégustation, déclarait : «  Déjà Joseph Capus, fondateur de l’INAO, hésitait sur la place de la dégustation : en 1906 il écrit : « On demande à un vin connu le retour de certaines sensations gustatives agréables déjà éprouvées ». Mais en même temps : « la dégustation malheureusement n’est pas une science, elle est impuissante à exprimer ses appréciations en caractères objectifs et concrets. (…). Les divers éléments du vin, l’arôme, le bouquet, la saveur, la sève que la dégustation perçoit ne peuvent s’apprécier d’une façon tangible par le nombre et la mesure. » Qu’en penses-tu Jacques ?

Réponse de Jacques Dupont :
Dans mon supplément Bordeaux, je cite Lucien Guillemet, vinificateur et propriétaire de Boyd Cantenac : « on sait depuis longtemps que le plaisir n’a rien à voir avec la taille… » Plus sérieusement, je pense que SEVE pose bien le problème de l’appellation contrôlée. Hélas, il est un peu tard. Roger Dion, historien et géographe avait dés les années 1950 soulevé quelques unes des questions reprises par SEVE. A l’époque, le monde viticole lui avait répondu sur l’air de la mauvaise foi. Ce serait bien qu’au travers de SEVE, on entende aujourd’hui ce qu’il disait il y a un plus d’un demi-siècle. On a divinisé le terroir en tant que sol au lieu de placer l’homme au cœur de l’action. C’est dans l’interprétation par le vigneron d’un sol favorable à la vigne que se définit le terroir. A partir de là, la querelle sur la typicité ressemble à celle de l’œuf et la poule.

C’est vrai, si on prend l’exemple de la Bourgogne, que tel premier cru correspond à des critères communs. Je veux dire que Rugiens à Pommard ou les Preuses à Chablis ou les Genévrières à Meursault peuvent être définis avec des adjectifs précis. Ce n’est pas stupide d’affirmer que les tanins des margaux sont plus soyeux que ceux des Pauillac. Personnellement, je pense reconnaître facilement un  champagne en provenance de Chouilly et un autre du Mesnil et pourtant ce sont tous les deux des chardonnays. Le nier serait imbécile. Mais dans l’expression d’un Champagne du Mesnil, on va trouver la signature du vigneron. Un Mesnil de Moncuit par exemple ne ressemble pas à celui de Peters. Je n’ai pas envie d’aller plus loin.

La « divinisation » des terroirs telle que nous l’avons vécue a d’autres conséquences. Plus graves. Mais c’est un autre débat… Si tu m’invites, j’y répondrais.

 

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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 00:02

Pas très vendeur Clairvaux me direz-vous ?

Certes, mais avant de répondre à cette question, pour ceux qui n’auraient pas le courage de lire mes explications je me dois d’indiquer que cette cuvée, élaborée par la maison Drappier dans les anciennes caves de l’Abbaye de Clairvaux à Urville, je l’ai dégustée et appréciée au Salon des Vins d’Abbayes – Cellier du Collège des Bernardins 20, rue de Poissy 75005 Paris – (pour plus d’explication lire l’article très bien documenté, « Sur la route des abbayes qui font encore du vin » de Raoul Salama avec de belles photos d’Amarante Puget dans la RVF de novembre 2008).












« Il y a un mythe de Clairvaux, sans doute lié à la continuité qui existe entre l’enfermement volontaire des moines pour prier et l’enfermement imposé aux condamnés pour expier. Lieu de mémoire, Clairvaux est aujourd’hui encore un lieu de mystère avec ses trente hectares clos de hauts murs interminables… » écrit Jean-François Leroux-Dhuys dans « Les Abbayes Cisterciennes ».

Étrange destin que celui de cette abbaye située aux confins de la Bourgogne et de la Champagne, à proximité de la grande route des foires de Champagne, construite au cœur d’un vallon isolé dans la forêt, bien orientée est-ouest, avec une rivière, des étangs et une source non polluée. C’est ici que Bernard de Clairvaux a exercé pendant trente ans un pouvoir religieux et politique presque sans partage. Défenseur d’un Occident chrétien dirigé par la seule Église, cet homme de Dieu, petit moine famélique, mal habillé de la robe de laine écrue des cisterciens, va être investi par les papes, les rois et les princes vêtus de pourpre et d’armures d’un pouvoir à nul autre pareil. À sa mort, en 1153, l’ordre qui ne regroupait que 10 implantations en 1119 compte 351 abbayes, dont la moitié hors de France et 169 pour la seule filiation de Clairvaux »

« L’église scintille de tous côtés, mais les pauvres ont faim. Les murs de l’église sont couverts d’or, les enfants de l’église restent nus. Pour Dieu, si vous n’avez pas honte de tant de sottises, que ne regrettez-vous tant de dépenses ! Vous me fermerez la bouche en disant que ce n’est pas à un moine de juge, plaise à Dieu que vous me fermiez aussi les yeux afin que je ne puisse voir. Mais quand je me tairais, les pauvres, les nus, les faméliques se lèveront pour crier… » Apologie à Guillaume 1124

L'abbaye de Clairvaux fut acquise par l'État le 27 août 1808 en même temps que treize autres anciens monastères pour mailler le territoire de « maisons centrales de force et de correction ». La Révolution ayant érigé la liberté en valeur fondamentale le nouveau système pénal s'élabore autour de la privation de liberté, éventuellement associée aux travaux forcés. Quelques aménagements suffirent à transformer en bureaux, en dortoirs et surtout en ateliers, les immenses bâtiments dont l'autre intérêt résidait dans son haut mur d'enceinte. De quoi faire de Clairvaux dans les décennies suivantes, non pas une maison centrale parmi d'autres, mais la plus grande de France : 1 456 détenus en 1 819 ; 2 700 en 1 858 dont 1 650 hommes, 489 femmes et 555 enfants.

Un enfer lié à la surpopulation – pour une capacité initiale de mille places elle compta jusqu'à trois mille condamnés – et le système de la concession : le directeur et les surveillants étaient des fonctionnaires mais l'entretien des détenus – l'habillement, l'alimentation, le chauffage, le couchage – étaient confiés à l'entrepreneur qui avait soumissionné auprès de l'État le prix de journée le plus bas. En échange, il avait une main-d'œuvre taillable et corvéable à merci. La nuit, entassés dans de vastes dortoirs, livrés à la loi des plus forts,  les détenus tombent comme des mouches « La mortalité qui était de 1 sur 63 s'est élevée à la moyenne formidable de 1 sur 11. En Belgique, elle est de 20 sur 700 », s'indignent déjà les députés. En 1832, l’exécution de Claude Gueux à Troyes donna l'occasion à Victor Hugo de pointer sa plume sur Clairvaux et d'entamer un réquisitoire tant contre la peine de mort que contre la prison.

En dépit de l’instauration en 1834, d'un quartier de quatre-vingts places, destiné aux «politiques», un lit par condamné et pas de travail obligatoire, le quotidien des détenus fut sans grand changement. Il y eut bien pire ailleurs quand, à partir de 1852, les condamnés furent déportés dans les bagnes de Guyane puis de Nouvelle-Calédonie… Il fallut attendre la loi Bérenger de 1875 pour un premier vrai progrès : la généralisation de la cellule individuelle, au moins pour la nuit. Autre grande avancée pénale, en 1885 grâce au même Bérenger : la loi inaugurant le sursis et la libération conditionnelle.



Clairvaux, la Centrale fut rendue « célèbre » par « l’affaire Buffet/Bontemps », et le réquisitoire de Robert Badinter contre la peine de mort.

Clairvaux, où fut enfermé un certain Jean Genet, qui y rédigea le « Journal d’un voleur ».

Clairvaux est l’une des maisons centrales les mieux gardées de France ses hauts et longs murs interminables, en rangées successives, interdisent toute vue sur les vestiges des splendeurs d’autrefois. Les privilégiés qui peuvent y pénétrer découvrent que cette ville close recèle des trésors d’architecture (cf. pages 174-175 les Abbayes Cisterciennes éditions Place des Victoires). Les bâtiments historiques ont été libérés par la Ministère de la Justice. Ils sont en cours de restauration sous l’égide du Ministère de la Culture par l’Association Renaissance de l’Abbaye de Clairvaux. La « cuvée de Clairvaux » est vendue dans le cadre d’une action de mécénat qui permet à l’Association de participer aux travaux de rénovation.

« Mais il faudra encore de nombreuses années pour que le centre pénitentiaire et la vieille abbaye, chacun dans son pré-carré, puissent occuper ensemble le Val d’Absinthe… » François Leroux-Dhuys.

Renaissance de l’Abbaye de Clairvaux Hostellerie des Dames Clairvaux 10130 abbaye.clairvaux@orange.fr  tél. 03 25 27 52 55

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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 00:08

« Pour la droite Louis-philipparde l’avènement à la Présidence d’une République, dont les institutions avaient été taillées sur mesure pour le Général, de l’ancien fondé de pouvoir de la Banque Rothschild, bien plus qu’une revanche constituait le gage d’une réunification des droites françaises. De Gaulle, avec ses idées de grandeur, son aura et son mépris pour les partis, ratissait large jusque dans le petit peuple de gauche. La déroute des socialistes emmenés par l’improbable couple Deferre-Mendès-France, lors de l’élection présidentielle, le chant du cygne des communistes avec le score pharaonique du petit pâtissier rondouillard Jacques Duclos stalinien débonnaire, l’incapacité du Centre, au travers de la baudruche Poher, de coaliser les antigaullistes modérés, ouvraient un boulevard pour la réintégration de tous ceux que la collaboration puis le soutien à l’OAS avaient tenu éloignés des allées du pouvoir. Giscard attendait son heure pour ramasser la mise. Le début des années 70 marque vraiment une ligne de fracture idéologique, une tectonique des plaques, la grande plaque du communisme entamait sa lente dérive qui la conduirait à sa désagrégation laissant le champ libre à la montée d’une France petite bourgeoise avide de profiter des dividendes de la société de consommation.

Pour autant, cher Raphaël, les bubons de la période précédente n’étaient pas tous crevés : la police restait tenue par une hiérarchie extrême-droitière, cocktail de vieux chevaux de retour collaborationnistes partisans de l’Algérie Française et d’opportunistes issus de la barbouzerie anti-OAS, un vrai cloaque où tous les coups semblaient permis. Le SAC réactivé lors de la grande peur de mai 68 occupait une place quasi-officielle. Dans les grandes entreprises, surtout celles de l’automobile, les milices patronales agissaient au grand jour avec la complicité de syndicats maisons, tapant indifféremment sur les gauchistes ou sur la CGT. L’Université, champ clos d’affrontements, restait hors du contrôle du pouvoir. Tout ça pour te dire, même si ça peut paraître étrange au regard des gens d’aujourd’hui, que tout ce que j’ai fait au cours de cette période n’avait rien d’extraordinaire. J’ai simplement profité de toutes les failles, les espaces ouverts entre les factions, les groupuscules, pour ajouter du bordel au bordel. Quand tout le monde manipule tout le monde il devient plus facile de jouer dans tous les camps sans qu’aucun d’entre eux n’y prenne attention. Si j’ai pu faire tout ce que j’ai fait c’est aussi parce que je bénéficiais de la haute protection du père de Marie : dans les allées du pouvoir pompidolien être adoubé par un réseau affilié aux barons du gaullisme était un viatique très sûr et très efficace. Et puis, en ce temps où l’argent commençait à devenir roi, la part d’héritage de Marie me donnait une indépendance économique et un pouvoir corruptif dont peu de mes confrères de l’ombre disposait. »

Jasmine dans sa nudité matinale venait me caresser la nuque. « Nous devrions rentrer, Paris me manque… » me susurrait-elle. Le soir même nous embarquions tout trois à Poretta dans l’avion du soir car à moi aussi Paris me manquait. Allais-je reprendre mon travail d’écriture ? Je ne me posais même pas la question tant j’avais soudainement envie de renouer avec le présent. À Orly, sous un crachin gras, l’odeur du bitume me revigorait. Le chauffeur de taxi nous baladait dans Paris au gré d’un GPS bavard. Jasmine pelotonnée à mes côtés ressemblait à un oisillon fragile. Raphaël, lui, avait décidé de reprendre pied dans Paris en solitaire et il s’était embarqué dans l’Orly bus de la RATP après nous avoir embrassés. À la Madeleine Jasmine murmurait à mon oreille : « je veux un enfant de toi… »

-         Mais je suis trop vieux pour être père…

-         D’abord tu n’es pas vieux et puis je n’ai pas besoin d’un père pour mon petit je suis assez grande pour l’élever seule…

-         Tu as besoin d’un géniteur…

-         Non, j’ai besoin de toi car je t’aime, je n’aime que toi et je n’aimerai que toi et je veux un enfant de toi mais comme toi tu ne m’aimes pas je n’ai pas besoin de toi comme père…

-         Je n’aime personne d’après toi ?

-         Oui mon beau, ce n’est pas de faute car tu es comme moi tu n’as su aimer qu’une seule personne dans ta vie : Marie.

-         Je n’aurais pas du…

-         La question ne se pose même pas idiot. T’as pas choisi c’est la vie qu’a choisi à ta place c’est tout !

-         Oui et je vais vieillir comme un vieux con solitaire…

-         Tu viendras voir le petit et tu iras le promener au square…

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23 mai 2009 6 23 /05 /mai /2009 00:00

En 2004, dans le cadre de « LA PATATE EN FÊTE » www.etpatati.comopération sponsorisée par Germicopa www.germicopa.com/  créateur variétal de pomme de terre basé à Quimper (Amandine, Charlotte…) une brochure, préfacée par Stéphane Bern, de 50 recettes signées par 45 peoples et 5 inconnus, était vendue au profit des Restaurants du Cœur. Comme j’ai un temps donné, dans l’exercice de mes fonctions de « dénoueurs » de nœuds, dans la semence de pomme de terre à propos de la pratique millénaire de la reproduction fermière, c’est-à-dire la reconnaissance du Droit à trier et ressemer à partir de sa propre récolte, je m’octroie le plaisir de vous reproduire la recette de PPDA, alors au faîte de sa gloire, pour souligner que ce cher homme, eut égard à ses hautes fréquentations, était un grand spécialiste du délestage rapide du tubercule tout juste sorti des braises… 

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22 mai 2009 5 22 /05 /mai /2009 00:00

 Ce matin je verse au débat cet intéressant texte de Sève, présenté par Marc Parcé, lors d’une table ronde sur la dégustation organisée par la CNAOC lors de son AG de Carcassonne.


La réforme de l’AOC, bien que sortant la dégustation des vins de la place centrale qu’elle avait puisqu’il n’y a plus agrément des vins, mais habilitation des domaines, remet pourtant cette question, pour l’instant, au centre de nos préoccupations. Formation des dégustateurs, fiches de dégustation, définition des défauts, caractérisation éventuelle d’un « air de famille », budgets, validité juridique de la procédure et des éventuels refus : c’est au goût du jour !

 

« Des goûts et des couleurs… il ne faut pas discuter », dit en latin ce qui est devenu un proverbe, d’origine médiévale. Et pourtant, nous ne faisons que cela, quotidiennement, que ce soit de ce que nous mangeons, de la façon dont nous nous habillons, de films, de nos préférences musicales, amoureuses…et bien sûr, du vin…en  famille, entre amis, au restaurant, ou… dans les dégustations  qui ne sont plus d’agrément. Car il faut bien admettre que sur tous ces sujets, si nous en discutons, et donc n’obéissons pas du tout au proverbe, c’est que nous sommes rarement unanimes, en particulier sur ce que nous préférons. Mais une part de vérité, et de la difficulté, est peut-être dans l’ambiguïté de la traduction du proverbe qui en latin se dit : « De gustibus et coloribus NON EST DISPUTANDUM ». Alors, il ne faut pas en discuter, ou ne pas s’en disputer ?? Car en français, le mot disputer vient du latin disputare, qui se traduit d’abord par discuter, puis par extension….se disputer, se fâcher. Tant nous savons tous que le délai peut être court, de la discussion à la dispute… Alors, le dicton nous dirait-il que c’est-ce par crainte de la dispute qu’« il ne faut pas discuter » ? Si oui, pourquoi, ce danger ?

 

Que vient faire une discussion étymologique sur un mot latin en Assemblée Générale de la CNAOC ? Eh bien, cette locution médiévale porte en elle toute la modernité des enjeux de la dégustation dans notre profession.

 

Déjà Joseph Capus, fondateur de l’INAO, hésitait sur la place de la dégustation : en 1906 il écrit : « On demande à un vin connu le retour de certaines sensations gustatives agréables déjà éprouvées ». Mais en même temps : « la dégustation malheureusement n’est pas une science, elle est impuissante à exprimer ses appréciations en caractères objectifs et concrets. (…). Les divers éléments du vin, l’arôme, le bouquet, la saveur, la sève que la dégustation perçoit ne peuvent s’apprécier d’une façon tangible par le nombre et la mesure. »

 

Nous sommes continuellement dans cette contradiction, tiraillés entre ce que nous vivons tous les jours, notre expérience intime de ce que le goût peut avoir de très personnel, et une pression sociale, professionnelle, pour une approche « objective », une norme « scientifique », du goût du vin.

 

Nous vous proposons d’essayer de distinguer les différents termes de cette contradiction, et d’explorer brièvement les pistes éventuelles de son dépassement. Pour parvenir à en discuter sans disputes.

 

Nous allons donc aborder : le point sur les connaissances scientifiques sur le goût, les jurys de dégustation,  l’histoire de la typicité dans la dégustation d’AOC et la question de l’  « air de famille », la législation européenne. En conclusion, dans quelles directions travailler, dans quelles impasses éviter de se fourvoyer, quels enjeux juridiques, quelques conséquences concrètes.

 

LES CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES SUR LE GOUT

 

Aborder la question de la dégustation sans chercher à savoir ce que les travaux scientifiques récents en disent n’est pas satisfaisant, notre profession doit faire preuve de sérieux. Il y a autour de ce mot, le « goût », une ambiguïté fondamentale, qui ne doit rien au hasard. La plupart du temps, on utilise ce mot en confondant la nature objective du produit lui-même, et la perception de celui qui le goûte, en faisant comme si l’objectivité du produit, son caractère physico chimique unique et indiscutable, pouvait déboucher sur une objectivité, une unité, un consensus descriptible et fiable de son appréciation par plusieurs personnes.  Mais le « goût d’un vin », c’est la rencontre entre un verre de vin qui a effectivement ses propriétés physico-chimiques intrinsèques, les mêmes pour tous au même moment, et le goût de chacun des goûteurs…personne n’ayant le même goût. Le goût du même vin n’est le même pour…personne, ni dans les perceptions qu’il crée, ni dans les émotions (plaisir/déplaisir) que ces perceptions déclenchent. Le professeur Patrick Mac Leod, chercheur en neurobiologie sensorielle qui travaille depuis des années sur ces questions, et a créé l’Institut du goût avec Jacques Puisais, l’explique : « le goût n’est pas une  propriété intrinsèque du produit qui, lui, est invariant ; c’est le résultat d’une confrontation avec nos récepteurs et notre cerveau. Ce que chacun sent, c’est le dessin d’une partie de lui (ses récepteurs), réveillée par ce qu’il a mis dans sa bouche. Le goût du vin dépend donc autant du dégustateur que du vin lui-même. » Et pourquoi ? Parce que de tous les sens qui concourent à former une appréciation gustative, l’odorat (olfaction et rétroolfaction) et le goût (perception des saveurs) sont ceux qui ont le plus de variabilité génétique individuelle. Quand quatre gênes codent notre perception des couleurs, ce qui fait que nous voyons à peu près tous la même chose, c’est 347 gênes qui sont dédiés à l’olfaction, dont 50% sont différents d’un individu à l’autre. Mc Leod dit ainsi : « Dans ces conditions, il est rigoureusement impossible de sentir pareil et de s’entendre sur un vocabulaire approprié. »

Quand en plus on sait que le plaisir, ou le déplaisir, déclenchés par ces perceptions déjà très personnelles dépendent étroitement de l’histoire de chacun (la confiture de grand-mère, la punition par les épinards, le parfum de son premier amour…), on commence à toucher les limites de la recherche d’une « objectivité » ou d’un consensus par des jurys de dégustation.

Alors oui, « il ne faut pas discuter des goûts », si nous oublions cela, si nous pensons que tout le monde goûte comme nous, si nous pensons que nous sommes la référence en la matière, si nous nions l’autre et son identité. La dispute sur le goût vient de la négation de l’autre, soit par ignorance, soit par prétention.

 

LES JURYS DE DEGUSTATION

 

Mac Leod : « Les autres ne perçoivent pas les mêmes odeurs que vous. Aussi, chacun a-t-il le droit d’avoir ses mots pour traduire ses perceptions ». « Deux dégustateurs ont naturellement tendance à penser qu’ils perçoivent la même chose puisque rien ne vient les en détromper. Ils recherchent le consensus dans les mots utilisés pour décrire le vin ». « Nous avons cette dure vérité à digérer : en matière de goût les repères qui pourraient nous amener à trouver un consensus se réduisent à bien peu de choses.  Il y a seulement quatre petits domaines de consensus parmi une infinité de saveurs. Un petit nombre de produits sont amers pour tout le monde, acides pour tout le monde, etc.. » A une journaliste qui lui pose la question de ce qu’on entend régulièrement dans des dégustations « « je ne suis pas très doué, je ne dois pas avoir le goût très développé », Mc Leod répond : « Ces personnes s’appliquent à analyser ce qu’elles sentent dans le sens du consensus qu’on leur demande et elles n’y arrivent pas. »

Un autre scientifique, Marc Danzart, chercheur et professeur à Ecole Nationale Supérieure des Industries Agroalimentaires, qui a mis au point la méthode statistique de la cartographie des préférences, et travaille pour des industriels à la recherche de l’adéquation produit/marché, expliquait récemment dans un colloque à Paris : « il faut quatre mois pour entraîner un panel de cinq à six personnes à l’analyse sensorielle, et cela sans arriver à un consensus sérieux » « pour ce qui est du travail sur la préférence des consommateurs, il faut un panel de 120 personnes minimum, pour un segment de marché. »

TYPICITE ET AIR DE FAMILLE

 

Le mot, et le concept, de typicité, sont très récents. Leur origine n’est pas dans un travail scientifique sur le terroir, dans une recherche fondamentale sur l’AOC. C’est une proposition de stratégie commerciale datant du début des années 1990, qui repose sur un cocktail d’erreurs, et qui a fait faillite, est-il besoin de le prouver aujourd’hui ? Le raisonnement était le suivant : la concurrence internationale va être très dure sur le marché du vin, nos terroirs sont inimitables, faisons en sorte que le goût de chaque AOC soit toujours typique, reconnaissable par les acheteurs, et nous gagnerons la bataille. L’erreur est à tous les niveaux : ce raisonnement ne tient pas compte de la nature de l’AOC. Pour les qualités intrinsèques d’un vin : comme l’a expliqué depuis Christian Asselin, de l’INRA d’Angers, il y a au moins trois variables importantes dans l’expression du terroir d’une AOC : la variabilité terroir interne à l’aire délimitée, l’effet millésime, le facteur humain. Pour rendre homogènes, « typiques », les vins, la solution proposée revenait à éliminer ces variables, donc à éliminer…le terroir, en « homogénéisant les itinéraires techniques à la vigne et à la cave ». Le résultat a été : bouteille témoin, recherche de la standardisation, élimination des vins non seulement à défaut, mais différents, la différence étant assimilée souvent à …un défaut.

Quant à la recherche du produit miracle qui va être reconnu par tout le monde et plaire à tout le monde…voir plus haut. Cela ne correspond ni à ce qu’attend le marché des AOC, ni à la réalité du goût.

Ou on retrouve notre vieux proverbe…La typicité n’a pas été un facteur de discussion, mais de dispute, à partir du moment où c’était un moyen d’exclusion de la différence, de standardisation de l’AOC.

« L’air de famille », à notre avis, n’est fondamentalement qu’une typicité édulcorée. Ce concept nous semble relever des mêmes erreurs fondamentales sur le goût, remises en cause actuellement par la science, et sur le marché. De plus, cela nous semble en contradiction avec la recherche d’une nouvelle authenticité dans l’expression de nos terroirs, en lien avec la réforme des AOC.

 

LA LEGISLATION EUROPEENNE

 

Effectivement, le règlement 510/2006 du Conseil de l’Union européenne, étendu au vin par le 479/2008 demande de ce fait la description  « pour un vin bénéficiant d’une appellation d’origine, (de) ses principales caractéristiques analytiques et organoleptiques. ». Une fiche technique par produit à indication géographique doit être adressée à la Commission, comprenant « les principales caractéristiques physiques, chimiques et/ou organoleptiques du produit… ». Cependant, les difficultés, voire les impossibilités de telles descriptions fiables et non contestables en matière de goût sont reconnues, y compris sur le plan juridique par le droit des marques. Nous avons par ailleurs obtenu une modification importante de la directive du CAC sur la dégustation, allant dans ce sens.  A nous, dans la rédaction des « fiches techniques », de ne pas tomber dans le piège de descriptions trop précises qui n’auraient d’autre sens que donner des bâtons pour nous faire battre. A nous aussi de travailler avec les scientifiques et les juristes pour rendre impossible toute sanction de nos vins sur ce point. Certes les règlements européens existent, mais ne leur faisons pas dire plus qu’ils ne le font eux-mêmes, et soyons compétents pour leur imposer des limites.

 

EN CONCLUSION : FAUT-IL SUPPRIMER LA DEGUSTATION DANS LE CONTRÔLE DES AOC ?

 

MAIS NON, bien entendu ! A condition d’en faire un réel outil correspondant à l’éthique, au progrès, de l’AOC : un outil de discussion, de progrès de nos vins, de culture collective, et  non de dispute.

 

Nous ne devons pas sous-estimer les dangers d’un retour de la dégustation « d’agrément », de la typicité sous quelque forme que ce soit. Non seulement cela serait trahir les objectifs de la réforme et replonger l’AOC dans l’échec, mais cela serait très dangereux juridiquement, cela pourrait être aussi un désastre financier pour la profession. Norbert Olszak, professeur à Paris 1 et directeur du master de droit européen de l’agriculture, soulève cette question dans une récente communication. Par exemple, la directive du CAC permet, sans l’imposer, le recours à « l’échantillon de référence ». Outre que cette pratique, selon lui, est  « un élément important de normalisation qui risque de ne pas trop favoriser l’admission de variétés », il expose : « l’échantillon doit pouvoir être accessible à tous les opérateurs concernés avant et après les dégustations. En effet, le principe de sécurité juridique exige que les références opposables soient connues à l’avance, et qu’on puisse aussi vérifier ultérieurement la non-conformité en cas de contestation sur des refus d’agrément. De toute façon, on pourrait aisément soutenir qu’il s’agit d’un document administratif communicable en vertu de la loi du 17 juillet 1978. Ceci ne manquera pas de poser de nombreux problèmes techniques et matériels, sans même parler des difficultés de conservation de ces références. (…) Il n’est pas sûr que tout ceci ait été bien pris en compte quand on a songé aux échantillons de référence… »

De même, en cas de refus de vins basés non sur des défauts reconnus juridiquement, étant donné l’évolution des données scientifiques sur le goût et celle de la jurisprudence, la responsabilité juridique des OI ou OC risque d’être lourdement engagée…

 

Détecter les défauts indiscutables, mais avec un recours possible, s’en servir comme d’une sonnette d’alarme permettant d’aider le vigneron en amont, déguster collectivement pour mieux travailler ensemble et connaître ses terroirs : voilà, pour nous, les seuls objectifs de la dégustation que notre profession doit avoir dans le cadre de la réforme.

 

Plutôt que de reprendre la voie de la dispute, c'est-à-dire de l’exclusion des autres vins, des autres vignerons, par la recherche forcément vaine, et forcément génératrice d’injustice et d’appauvrissement, d’un consensus impossible sur le goût, la profession a tout intérêt à tirer un trait sur cet épisode. A s’ouvrir aux débats d’aujourd’hui sur ces questions, à travailler avec les nombreux scientifiques, consommateurs, amateurs, prescripteurs, compétents dans ces domaines, et amoureux du vin.

Et tourner cette page, laisser tomber cette illusion, n’est pas un drame.

Admettre qu’il ne faut plus chercher le consensus sur le goût, ce n’est pas renoncer à l’esprit collectif de l’AOC, c’est, au contraire, comme le relevait l’article sur Mc Leod dans « Bourgogne aujourd’hui », le journal du BIVB, « la porte ouverte à tous les échanges, tous les débats. Comme le vin stimule nos centres du plaisir : il reste le sujet d’inépuisables échanges, plaisants et conviviaux. Avec au passage une claque pour les gourous, ceux qui voudraient que leur goût soit aussi le nôtre. Voilà qui nous éloigne aussi de l’époque où l’on nous dressera la formule chimique du vin idéal. Le portrait moléculaire de la bouteille implacable que tout le monde appréciera n’existe pas. Qui s’en plaindra ? La part de magie et de poésie de la rencontre entre un homme et un vin demeure. »

 

On pourrait ainsi dire : des goûts et des couleurs (du vin), il faut en discuter, pour ne pas se disputer » ???

 

SEVE

Le 18 mai 2009

 

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