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20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 00:02

Mon histoire de ce matin est un deux en 1, car avec moi tout commence souvent par une lubie, un grain de folie, pour finir non pas par des chansons mais sur le même petit refrain : tiens voilà un joli vin. Aujourd'hui c'est un vin diablotin du "domaine de la femme allongée" C'est parti !
 
En le découvrant, au lendemain du Second Conflit mondial du XXe siècle, haut perché, un peu gauche, frêle et dégingandé comme un gamin qu’aurait poussé comme une asperge, rouge vif comme un puceau timide et hésitant, lui qui venait de traverser l’Atlantique, un beau modèle du Nouveau Monde, dans ma Vendée crottée et étriquée, les paysans du bocage, bien aidés en cela par leurs pieuses épouses, pensaient que le malin, ce diable fourchu et cornu dont le curé leur rebattait les oreilles, s’était travesti dans ce petit monstre agile qui allait, ça ne faisait aucun doute, les foutre dehors de leurs métairies. Trop de bras, pas assez de terre, les chevaux-vapeurs poussaient les jeunes gars à s’engager aux chemins de fer et les filles à se gager chez les bourgeois des grandes villes. Les grandes bâtisses allaient se vider. Les familles s’éparpiller. Un nouvel exode, rapide et sans retour, le début d’une « Révolution » qu’un petit gars du Puy-de-Dôme, pur produit de la JAC, qualifiera de « Silencieuse ».

 

Dieu qu’il était beau ce diable rouge ! Un beau rouge vermillon qu’aucune femme d’ici n’aurait jamais osé se parer. Un rouge de fille de mauvaise vie, pulpeux et lisse tel le rouge baiser de Bourgeois. Présenté au Salon de l'Agriculture à Paris en 1935, le Farmall F12 d’International Harvester (littéralement « tout pour les fermes ») Illinois, surprit les agriculteurs français par sa roue avant unique et ses grandes roues arrière dépourvues de garde-boue. Bien peu de ces étranges engins, avant la guerre, pénètreront dans une Vendée encore fidèle à ses bœufs et à ses Parthenaises de labour. Trop cher à l’achat, avec lui on mangeait du bel argent alors qu’avec nos ruminants, lorsque sonnait l’heure de leur retraite, le prix de leur viande arrondissait le portefeuille. Mon Farmall à moi, le modèle H, avec ses roues avant jumelées, né en 1946, est un tracteur du baby-boom, un enfant du plan Marshall bien adapté à l’exigüité et à la sinuosité de nos champs bocains enserrés de hautes haies. Et, comme promis, tout en bas, il est là : " le diable rouge "

 

Étrange télescopage entre un monde englouti, immobile, routinier, où dominaient le noir et le gris et ce bel objet rouge vif, pétaradant, dessiné par le grand designer Raymond Loewy, un français qui a fait ses études au lycée Chaptal, naturalisé américain en 1938, créateur de logos célèbres pour les plus grandes marques : Coca Cola, Shell, LU et dessinateur en 1953 de la fameuse Studbaker. Irruption d’une modernité belle et séduisante dans un monde qui exècre le paraître. Loewy est un perfectionniste, attentif au moindre détail – il redessinera le logo pour renforcer la puissance de la marque IH – ses efforts porteront sur l’ergonomie du poste de conduite : il regroupe les instruments de bord pour qu’ils soient facilement lisibles, il place les leviers et les pédales à bonne portée pour qu’ils soient faciles à manier. Pour moi le Farmall des années 50 est le seul et unique beau tracteur que l’on n’a jamais créé. C’est un objet rare, mythique, le symbole d’un temps conquérant, celui de ma jeunesse sauvageonne en culottes courtes où je rêvais de poser mes fesses dans le baquet de ce Farmall haut sur pattes, de manier son grand volant tel un Fangio du bocage, de partir sur les chemins de terre conquérir un peu de liberté. Péché d’orgueil, déjà, mes pieds n’atteignant pas les pédales je devais me contenter d’un humiliant sur-place au milieu des poules et des poulets indifférents à mes rêves de gloire.Et, comme promis, tout en bas, il est là : " le diable rouge " allez-y, descendez si vous voulez monter au ciel avec le diable...


C'est un Saint-Chinian Le Diable rouge 2007 45% grenache, 30 % Syrah, 25 % mourvèdre, qui va comme un gant de velours à ma chronique, il provient du " Domaine de la femme allongée ", une appellation qui me comble d'aise, il est l'enfant de  Fabienne et de Jean-Paul Gracia à Villespassans 34 360  Tel : 04 67 93 51 16 / 06 50 59 11 24 mail : jean-paul.gracia@wanadoo.fr acheté à la Cave des des Martyrs, au 39 de la rue, c'est le IXe arrondissement, à 7,30 euros www.lacavedesmartyrs.com . Je ne l'ai pas encore eu le temps de le goûter mais la maison où je l'ai acheté est une maison de confiance alors, faites comme moi, qui ai ce matin du rouge plein les yeux, achetez-le les yeux fermés...

Vous pouvez, pour celles et ceux qui n'ont pas encore adhéré à l'Amicale des Bons Vivants, aller à la rubrique PAGES (en haut et à droite du Blog) consulter la Wine News N° 48  « Profession de foi de l’Amicale des Bons Vivants » Tous les détails pour adhérer.

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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 00:06

À la mi-carême, mémé Marie faisait des crêpes de deux sortes :

- les bretonnes classiques que nous mangions avec du sucre ou de la confiture,

- les vendéennes : les mêmes passées dans de la friture ce qui les doraient, les boursouflaient, les rendaient craquantes et nous laissaient les doigts bien gras.

En plus elle nous faisait des tourtisseaux qui sont l’équivalent des oreillettes du Sud en plus bourratifs.  

Tout ça avec plein de sucre dessus mais pas de cidre !

La Vendée ignorait le cidre. Normal la Vendée ignorait beaucoup de choses.

 

Ce 19 mars c’est la Mi-carême alors parlons cidre !

 

Au temps de ma présidence – et oui, nul n’est parfait – de l’interprofession des AOC, normandes et bretonnes, issues de la pomme et un peu de la poire, le cidre, dont nous représentions qu’une faible part de la production, me semblait vivre hors du temps, en état de survie. Trop de paille dans ses sabots et une image scotchée à la trilogie chandeleur, mardi-gras, mi-carême : le temps des crêpes, et aux incontournables galettes de sarrasin – chez moi on disait blé noir –  jambon-œuf-fromage bolée de cidre des abords de la gare Montparnasse. En dépit des efforts de certains, tel Eric Bordelet, pour le rendre tendance, ou de la seule grande entreprise du secteur : CCLF pour monter en gamme avec sa marque Intense, il est peu probable qu’un de vos invités arrive dîner chez vous avec une bouteille de cidre sous le bras ou que vous ayez l’idée d’en servir à vos convives. Et pourtant, lorsqu’il est bien fait, et c’est souvent le cas, lire ou relire « Les cidres "industriels" » raflent la mise... » http://www.berthomeau.com/article-15766220.html « Poulet au vinaigre de cidre augeron » http://www.berthomeau.com/article-21223208.html c’est un très beau et bon produit, sympathique, rafraîchissant, des fines bulles et un faible degré ce qui faire devrait de lui une boisson moderne. Tout pour plaire à des consommateurs à la recherche d’un produit festif, simple, et pourtant, sauf revirement récent de la consommation, ça ne décolle pas.

 

Le vin de pomme – traduction littérale du mot basque sagarnoa désignant le sydre introduit, au VIe siècle, depuis la Biscaye, par des navigateurs dieppois en Normandie – n’en finit plus d’espérer retrouver une place plus permanente sur les tables françaises. Le cidre est donc, et reste, essentiellement normand mais, sa popularisation et sa diffusion, sont liées aux crêperies qui sont d’abord bretonnes. À Paris, dans le périmètre de la gare Montparnasse, le cidre résiste, et il est plutôt breton, alors qu’autour de la gare Saint-Lazare, dans les bars, où l’on était petit Calva, et on ne l’est plus. Avant que la SNCF ne naisse, la Bretagne comme la Normandie étaient desservies par le réseau de l’État, mais ces deux belles provinces, voisines pourtant, s’ignorent, se tournent le dos et pour ce qui concerne le cidre, gardent leur particularisme. L’une des marques les plus populaires est bretonne : Loïc Raison. Bref, avec 2 Interprofessions, l’une pour la grosse cavalerie drivée par la Groupe coopératif Agrial, marques Ecusson et Loïc Raison, l’autre pour les AOC, le cidre français ne me semble pas sur le chemin du renouveau et je le regrette.

 

Mais le jour de la Mi-carême je ne vais pas être bonnet de nuit mais vous proposer une confrontation tout à fait pacifique entre l’Ancien Monde représenté par le cidre bouché du Père Jules – Léon Desfrièches était membre de mon Conseil – et le Nouveau Monde, nos cousins de la Belle Province, le Québécois, les inventeurs du cidre de glace, le cidre léger rosé mousseux de Michel Jodoin. Ce n’est qu’un simple face à face, une présentation visuelle, non que je ne veuille pas prendre parti pour ne chagriner qui que ce soit. La raison est beaucoup plus simple : pour que ma chronique soit en ligne pour le jour de la Mi-carême je dois l’écrire la veille donc comme les crêpes et le cidre c’est pour le lendemain, la messe est dites. De plus, je ne suis pas un dégustateur, mais un buveur en situation, je n’allais pas infliger l’exercice à ces 2 belles bouteilles. Bref, je vais, comme d’habitude, blablater pour la plus grande gloire du cidre.

 
















À tout seigneur tout honneur, d’abord : la TRADITION : LE PERE JULES
Maison fondée en 1919 Léon Desfrièches, fils et petit fils, Clos de la Pommeraye propriétaire-récoltant en Pays d’Auge www.leperejules.com/  La bouteille de cidre bouché présentée je l’ai acheté à LAVINIA, 6 euros 10 et elle est à l’image de Léon Desfrièches augeronne sans concession. Chez les Desfrièches le cidre est une passion familiale. En effet, c’est au retour de la 1ière guerre mondiale que Jules Desfrièches s’intéresse au cidre  en vendant essentiellement du cidre en vrac à Lisieux, ses alentours, Rouen et Le Havre. Puis il se met à distiller. En1949, Léon son fils rejoint l'exploitation familiale qu’il reprendra quelques années plus tard et créera la marque “ LE PERE JULES ” en hommage à son père. En 1976, Thierry le fils ainé de Léon (troisième génération) rejoint l'exploitation familiale et en 1979 c’est au tour d’un autre de ses fils Hugues de se joindre à eux. Enfin, en 2002, Guillaume, la quatrième génération, permet à la maison d’afficher Léon Desfrièches, fils et petit fils. À Caen, à l’Interprofession, j’ai bien sûr connu Léon et son fils Thierry qui en étaient membres. Léon me racontait qu’il venait livrer son cidre à Paris, en camionnette, avec son petit-fils. La proximité, la perpétuation d’un savoir-faire familial, le Père Jules est une marque et ce n’est pas pour rien que Lavinia le met en avant. C’est une approche qui se défend et qui, contrairement à ce que certains pensent et écrivent, n’est pas antinomique de celle qui suit. L’important pour un produit, s’il veut garder sa place, se développer, c’est de savoir garder, fidéliser ses consommateurs tout en créant de nouveaux.
























La MODERNITÉ c’est le Québécois
Michel Jodoin : « 
D'abord initié à la cidriculture par son père et son grand-père qui, comme tant d'autres pomiculteurs produisaient du cidre en cachette avant qu'il ne soit légalisé (entre 1921 et 1970), Michel Jodoin parfait ses connaissances en Bretagne, en Normandie, à l'Institut d'œnologie d'Épernay et à l'université de Stuttgart (Allemagne). Michel Jodoin est considéré comme un pionnier de la cidriculture québécoise et sa renommée, vingt ans plus tard, ne fait plus aucun doute.
Toujours à l'avant-garde, il est reconnu pour son sens de l'innovation, ses produits originaux et raffinés ainsi que pour ses installations exceptionnelles. » Pour plus de renseignements reportez-vous à www.kanata.fr/terroir/cidrerie_jodoin.php . Le produit présenté ici est « un cidre léger rosé mousseux, produit selon la méthode champenoise à partir de pomme à chair rouge Geneva, vieilli sur ses lies pendant 15 mois » 7% alc. /vol , acheté à la Cave des Martyrs, au 39 de la rue, 17 euros 50.

 

Comme promis je m’en tiendrai là. Lorsque vous lirez cette chronique j’aurai préparé ma pâte à crêpe puis viendra l’heure du petit coup poignet pour les faire sauter de la poêle. Tout un art ! Et puis, je ferai péter le bouchon. Dans quel ordre ? Secret d’État, l’important : « c’est le Cidre ! » et comme vous êtes des gens curieux vous pouvez, en d’autres occasions, le faire découvrir à vos amis : Ancien ou Moderne ? Les deux mon capitaine !

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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 00:03

Dans notre société frileuse, craintive, perméable aux grandes peurs, où les individus, tout en revendiquant haut et fort le respect de leur liberté personnelle, rejettent toute forme de responsabilité individuelle pour se réfugier dans un système où la loi s’immisce dans les moindres replis de leur vie, s’il est un mot largement galvaudé c’est bien celui de qualité. L’irruption, dont je ne conteste pas les principes, des normes d’hygiène dans notre univers alimentaire fait que, le plus souvent, un produit dit de qualité en possède bien peu. Le camembert Président est un produit de qualité mais est-ce un camembert ? Mais à contrario, le camembert Président dit de « campagne » révèle bien plus de qualités que certains camemberts de Normandie d’appellation d’origine contrôlée. Rien d’étonnant à cela beaucoup de ceux-ci sont fabriqués à partir de lait de vaches qui ruminent de l’ensilage.


Puisque nous français, nous nous revendiquons comme cartésien, souvent de façon indue en confondant rigidité et rationalité - n’oublions pas que Descartes fut le plus grand des premiers mathématiciens modernes et que sa méthode était fondée sur le doute - je m’en remets au philosophe pour explorer cet aspect sensible et non mesurable qui s’oppose à la quantité. Dans ses Méditations Métaphysiques il écrit « Quand aux autres choses, comme la lumière, les couleurs, les sons, les odeurs, les saveurs, la chaleur, le froid, et les autres qualités qui tombent sous l’attouchement, elles se rencontrent dans ma pensée avec tant d’obscurité et de confusion, que j’ignore même si elles sont véritables, ou fausses et seulement apparentes, c’est-à-dire si les idées que je conçois de ses qualités, sont en effet les idées de quelques choses réelles, ou bien si elles me représentent que des êtres chimériques. »

 

Ça devrait rendre modeste certains dégustateurs patentés, à qui des responsables professionnels ont étrangement conféré un droit de vie ou de mort « économique » au nom d’une soi-disant référence aux qualités de leur appellation. Exclu, carton rouge, interdit de jeu : pourquoi ? Aurais-je violé les règles fondamentales de l’appellation ? Non ? Suis-je alors un mauvais sujet, un bad boy qui nuit par son comportement ou ses pratiques à la renommée de l’appellation ? Silence gêné ou indifférence. Mais je ne comprends pas, mon vin plaît à mes acheteurs, à leurs clients, ne sont-ce pas eux les vrais juges des qualités de mon produit ? Comme c’est étrange, combien de vins sans qualité, mais bien abrité dans la médiocrité normée, passent avec facilité au travers de ce crible subjectif ? En ce début du XXIe siècle, dans la lignée de ses mots valises : brunch,drunch, nous adorons les mots fourre-tout qui rassurent le bon peuple, lui font accroire que l’on veille à sa place sur son bien-être. Étrange transfert que celui-ci, où l'on mélange joyeusement dans le même grand sac des signes, dit de qualité, des produits venant d'univers antinomiques, et que notre vieil Institut de l'origine se pare d’un Q pour emboîter le pas de ceux qui cultivent l’ambiguïté. 


Lors de la grande transition du vin quotidien vers le vin plaisir occasionnel, lorsque les Vins dit de Consommation Courante en déclin se sont vus inexorablement remplacés par les Vins d’Appellation d’Origine Contrôlée, notre génie français de la catégorisation nous a fait vendre à l’Europe naissante le génial concept des vins dit de qualité sous le sigle élégant de VQPRD (Vins de Qualité Produits dans une Région Déterminée). En faisant ce constat, je ne me dédouane pas de ma propre responsabilité car j’ai aussi, à ma manière, participé à l’édification de ce monument. Ainsi, nous avons, en creux, jeté dans les ténèbres extérieurs tous les autres vins qui, dans notre esprit cartésien, ne pouvaient être que des produits dépourvus de qualité. Au-delà de ce débat sémantique, certains grands encenseurs de la qualité, à leur corps défendant, j’en suis persuadé, ont donné des armes à nos adversaires hygiénistes. Tout consommateur d’un produit de non qualité ne saurait être qu’un ivrogne ou un individu peu soucieux de sa santé. Nous sommes-là dans l’univers des échelles de valeurs « ce qui fait qu’une chose est plus ou moins recommandable, par rapport à l’usage ou au goût humain, qu’un autre de même espèce. »

 

C’est fait, le mot est lâché : le goût, notre goût. Je n’entrerai pas dans l’inextricable débat entre le bon ou le mauvais goût mais me contenterai de faire référence à l’une de mes passions : la lecture. Depuis ma tendre enfance je suis un très gros consommateur. Selon l’épaisseur de 4 à 6 livres par semaine. J’en consomme plusieurs à la fois, bien sûr pas en même temps, mais en alternance. Dans mon métier, j’ai du aussi beaucoup lire, non pour mon plaisir, mais pour tenter de comprendre, des notes, des rapports, des lettres, des projets de loi et autres joyeusetés. Pour en revenir au lire plaisir j’ai toujours été frappé par l’ostracisme des milieux intellectuels ou littéraires français face aux livres à grand tirage américains ou aux romans policiers.

 

Ce dernier genre est devenu aujourd’hui tendance grâce à certains auteurs, Fred Vargas, Arnaldur Indridason entre autres, mais pendant tout un temps il fut considéré comme un vil produit à peine plus estimable que les romans à l’eau de rose. Moi j’ai lu des romans de Delly quand j’étais en culottes courtes et je trouve que c’est très initiatique la bluette. Dans le monde du vin le small is beautiful apparaît pour certains comme le seul gage de cette fameuse qualité. Entendez-moi bien, en écrivant cela je ne prêche pas pour la daube, je ne dénigre pas les vins de vignerons, bien au contraire, mais je revendique le droit à l’éclectisme de mes goûts, donc celui d’apprécier des vins roturiers eux aussi parés de belles qualités. Comme dans la palette des livres que je lis chaque jour, j’aime varier les plaisirs. Je ne consomme pas que du génie. Je consomme aussi des talents plus modestes, plus simples, mais qui n’en sont pas pour autant dépourvus de qualités.

 

Nous vénérons le supérieur, alors que dans la géographie de mon enfance, dans la liste de nos départements nous avions droit à ces pauvres Inférieurs : la Seine-Inférieure, la Loire-Inférieure et la Charente-Inférieure ; à ces malheureux du Bas : le Bas-Rhin, les Basses-Pyrénées et les Basses-Alpes, la modernité a poussé, comme les titulaires de noms jugés ridicules, les élus à les faire changer d’appellation. Ceux d’en haut : Haute-Marne, Haute-Saône, Haute-Savoie, Haut-Rhin, Hautes-Alpes, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Haute-Vienne, bien sûr, sont restés sur leur piédestal : en France on ne déchoit jamais. Reste le cas des Côtes-du-Nord qui, sans rejeter ce patronyme chti comme infamant, se sont accolées à l’Armor plus porteur du fameux soleil breton.

 

Nous, dans les vins, nous eûmes droit aux VDQS : Vins Délimités de Qualité Supérieure, forme d’antichambre d’attente pour l’accès au Saint des Saints et aux Vins de Pays, dénomination sympathique pour sortir de l’anonymat des Vins dit de Table - comme si la consommation à table avait quelque chose de vulgaire - mais sans ticket d’accès pourl'accession à la catégorie du dessus. La nouvelle phraséologie européenne est plus juridique, plus de référence à la qualité mais à l’origine : Appellation d’Origine Protégée, AOP, Indication Géographique de Provenance, IGP, Vin sans Indication Géographique. Y perdrons-nous ? Je n’en sais rien mais, ce dont je suis sûr, c’est que dans le domaine alimentaire, contrairement à l’idée reçue et répandue, la mauvaise monnaie ne chasse pas la bonne, bien au contraire les produits normalisés, aseptisés, de qualité certifiée, renforcent chaque jour qui passe le retour en force des bons produits, encore faut-il que ceux-ci soient accessibles au plus grand nombre.

 

 En guise conclusion très provisoire, pour ceux qui aiment se remuer les méninges, je vous livre ce qu’écrit Arnaud Milanese dans la notice du Robert sous le titre la fragilité des qualités « Les qualités, si difficiles à attribuer à une « nature » qui nous échappe, sont en fait rapportées les unes aux autres et deviennent relatives. La nature des choses qu’elles qualifient indirectement ne semble évocable que par une hiérarchisation de leur attribution. Alors s’explique que la notion de « qualité » puisse glisser jusqu’à ne désigner qu’une valeur relative. Admettre cette ambiguïté entre « identité » et « valeur », que manifeste le langage ordinaire, serait renoncer à la notion même de « qualité, soit au profit de celle de « valeur », soit, pour s’y soustraire, à celle de « quantité » requise par la connaissance scientifique.

* référence au livre de Robert Musil "L'homme sans qualités"


 

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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 00:08

La maison Vin&Cie, comme vous le savez, innove en permanence, cherche de nouveaux angles, hume les tendances, batifole, vous sollicite, vous provoque, aime sans aucune modération vous conduire sur les chemins de la découverte. Alors, ce matin, pour celles et ceux apostrophé(e) par leur conjoint sous la forme d’un post it collé sur la porte du réfrigérateur « chéri(e) surtout n’oublies pas d’acheter le vin », qui les plonge dans une perplexité proche de l’angoisse, j’ouvre une nouvelle rubrique, que j’aurais pu baptiser « SOS Vin ».

 

Je l’inaugure mais, mon souhait le plus cher c’est de la faire tenir par des experts qui viendraient vous sauver du genre de réflexion auquel on s’expose lorsque, faute de s’y retrouver dans le maquis de nos vins petits et grands, on a choisi au pif, pour le prix, l’étiquette ou je ne sais quel souvenir de ce qui se buvait à la table familiale, « t’as encore acheté n’importe quoi ! » Avec nous, même si pour l’heure je suis un peu seul, plus de lazzis, nous vous livrerons les commentaires compris. Ainsi vous pourrez briller en société, pérorer, en mettre plein la vue à votre beau-père qui se pique d’être un expert, savourer avec délectation l’étonnement et la stupéfaction de tous les garçons et les filles de votre âge face à tant de connaissances œnophiles (prononcer zen ‘ô).

 

Comme sur le fronton de la maison ça n’est pas écrit la Poste – surtout depuis que le facteur de Neuilly est considéré selon un sondage* BVA-Leo Burnett pour BFM et La Tribune, publié samedi dans le quotidien économique qu’avec Nicolas Sarkozy, il est l’homme politique que les Français estiment le plus capable de faire bouger les choses et qu’il fait presque jeu égal avec le chef de l'État en obtenant, pour les mêmes questions, respectivement 35 % et 36 %. – nous nous contenterons de vous conseiller un vin par mois.

 

J’ouvre le bal avec « Les petits pas » un Coteaux du Languedoc 2007 du Domaine du Pas de l’Escalette qui doit être le digne continuateur de la cuvée « Le premier pas »
définie par ses concepteurs, Julien Zernott&Delphine Rousseau comme « Un clin d’oeil au premier pas de leur fils, Jules. » qui doit grandir en âge et en sagesse. Pour plus de détails – ceux dont vous aurez besoin pour river le clou de vos détracteurs es-experts en bouche en cul de poule et langage fleuri – allez visiter le site du domaine www.pasdelescalette.com/ vous y serez accueillis par les sourires avenant de Delphine et de Julien.

 

Le Pas de l'Escalette est, depuis la haute antiquité, un lieu de passage emblématique entre la Méditerranée et le Plateau du Larzac. Au cours des siècles, il s’est transformé en fonction des divers moyens de transport pour aujourd’hui être transpercé par un tunnel autoroutier. Le percement du Pas de l'Escalette, afin « d’aménager une route a été réalisé en 1860-1861 par l'entrepreneur MIALANE qui a utilisé pour la première fois en France la dynamite. Ainsi disparut le sentier muletier avec ses nombreux lacets donnant une impression d'escalier, d'ou le nom "Escalette". »

 

J’ai découvert et apprécié, les vins du Domaine du Pas de l’Escalette dans un charmant bistro de la place du Marché St Honoré : « le Point Bar » d’Alice Bardet, aujourd’hui fermé car celle-ci a ouvert un nouvel établissement  Le Boudoir au 25, rue du Colisée – 75008. Samedi dernier, pour célébrer mon appétit revenu, je suis allé slalomer dans le temple de la Rive Gauche : la Grande Epicerie du BM en quête de quelques délices solides et liquides. Pas besoin de cliquer pour mettre une bouteille dans mon panier : « Les petits pas » 9,30 euros, à propos Jules ça te fait quel âge aujourd’hui ?

 

Le plus dur, pour moi, reste à faire : « causer avec les mots qu’il faut » de ce nectar dont Julien&Delphine disent qu’il « assemble harmonieusement l’ensemble des cépages du domaine ». J’chui pas doué pour ce genre d’exercice mais je me soigne pour atteindre la perfection du Guide des Vins Paquet&Paquet « Le buveur en col blanc » link. Non vraiment ce n’est pas mon truc, je ne trouve pas les mots. Je préfère vous dire, à ma manière, pourquoi « les petits pas » me plaisent et m’enchantent.

 

C’est tout d’abord une affaire très personnelle car, en ce moment, j’ai envie de manger sur le pouce : des rillons, de l’andouille, des pieds de cochon et, pour faire couler la miette, il me faut choisir le vin qui va avec. Un vin plein de vitalité, de légèreté, qui aiguise les papilles. Du plaisir simple avec un chouia de gourmandise, c’est ce qui m'a plu de suite avec « les petits pas » : un nez frais et fringant, une belle couleur rouge franche qui scintille, et la première gorgée qui vous emplit de bien aise. Manger à la bouchée, avec son couteau, assigne au verre de vin une fonction essentielle : il doit ne pas s’imposer, être présent tout de même, se lier, se fondre, aller à l’essentiel pour que chaque gorgée soit une parcelle de plaisir. En plus, ce « garnement » va bien avec tout mon repas jusqu’à mon bout de fromage : en ce moment je suis très Neuchâtel fermier. Ceci écrit, vous pouvez le servir aussi, sans problème, à votre belle-mère ou au patron de votre moitié (e), sur un repas plus conventionnel, ce jeune homme sait se tenir. Comme dirait nos enfants avec lui y’ a pas de souci !

 

Voilà, c’est fait, et j’entends déjà l’écho de votre voix « Chéri(e), tu ne vas pas en revenir j’ai déniché un vin super, de « derrière les fagots » comme le disait mon père. Surprise ! »

 

J’entends certains me dire que les parigots sont un peu saoulant avec leur manie de croire qu’on trouve tout partout. J’en conviens, le vin que je vous conseille je l’ai acheté à la Grande Epicerie du Bon Marché, qui n’est certes pas un discounter, 9,30 euros. Comme je ne veux pas vous laisser dans l’embarras, outre le fait que vous pouvez commander directement au domaine, vous pourrez peut-être aussi trouver « Les petits pas » chez Laurent Baraou www.lesvinsdesaintantoine.fr qui propose des vins du Domaine du Pas de l’Escalette. Bonne recherche et à bientôt pour un autre choix.

 

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16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 00:09

Sauf, bien sûr, à être beurré comme un Petit Lu, à toute heure du jour et de la nuit, ce qui, vous le savez, n’est pas notre philosophie de la vie à l’ABV, cette citation que certains attribuent à un journaliste belge, va comme un gant à une large part de ceux dont le regretté Coluche disait que « si on leur vendait le Sahara, dans cinq ans il faudrait qu’ils achètent du sable ailleurs. » Cependant, afin de ne pas nous dédouaner de notre propre connerie, je me réfère à « L’autopsie de la connerie » de Denis Faïk, une chronique très complète et très savante publiée le 30 janvier 2009


  
« 
Quand on a défini un con, alors on a l’illusion d’être soi-même prémuni. La « cible » donne le sentiment que nous sommes en face d’elle, donc hors du champ de la connerie… »

 

Afin de bien cerner le champ de la connerie, de ne pas s'en exclure car, comme le fait justement remarquer Frédéric Dard «Traiter son prochain de con n'est pas un outrage, c'est un diagnostic » je vous livre quelques extraits de cette chronique.

 


« Un con, en effet, ne tire aucune conclusion de son échec et continue. Il persévère dans son comportement, de même que l’attitude dogmatique fixe l’individu dans une croyance constante qui le met complètement à l’écart des faits […]

 

La connerie est une insistance établie que rien ne peut déstabiliser […]

 

Un con a tendance à généraliser : il élargit son ego au reste du monde, pensant alors que chacun doit penser et agir comme lui.[…]

 

L’ego, trop fort, finit dans la psychorigidité. Têtu, il ne bouge pas d’un iota. Mais parfois le nombril est trop petit, alors un con, loin d’être enraciné, flotte aux quatre vents, il change sans cesse d’avis, prêt à suivre les propos du premier beau parleur venu. C’est alors sans doute dans les extrêmes que l’on trouve le plus de cons. […]

 

S’il fallait une devise à la connerie, celle-ci lui irait à ravir : Un point c’est tout. Un point c’est tout’désigne que tout l’Être est dans le jugement énoncé et qu’il est alors impossible de rajouter quelque chose. ‘Un point c’est tout’ signifie en d’autres termes : « Taisez-vous ! » j’ai « métaphysiquement » raison. Or cela va de pair le plus souvent avec une certitude suffisante, arrogante, dédaigneuse, méprisante.

 

Le con est un gros-plein-de-satisfaction : « Avez-vous réfléchi quelque fois (…) à toute la sérénité des imbéciles ? La bêtise est quelque chose d’inébranlable, rien ne l’attaque sans se briser contre elle. Elle est de la nature du granit, dure est résistante. » (Flaubert, Lettre à Parain, 6 octobre 1850). »

 

 

Fort bien, mais pourquoi diable m’en prendre une nouvelle fois à ces « pauvres dégustateurs » pas à tous d’ailleurs, qui n’aiment rien tant que de se référer à la fumeuse « typicité » et de condamner à mort des vins qui selon eux ne sont pas dignes de faire partie de la famille, serait-ce de l’acharnement malsain pour gonfler mon tirage ?

 

Nullement, je n’ai aucun goût pour ce type de pratique et je ne tire ni sur les ambulances ni sur qui ou quoi que ce soit. À l’image du petit peintre de la marque Valentine je me démultiplie pour tenter de faire barrage à ceux qui vont contre l’esprit de la réforme en s’accrochant comme des chancres à leurs mauvaises habitudes et leurs vieux réflexes. N’oublions pas que c'est dans le plan d'inspection qu'il faut définir la place et le rôle que l’on veut donner à cette commission de dégustation.

 

Le problème ubuesque de la situation actuelle c'est que beaucoup d’OI se retrouvent à ne faire pratiquement que du contrôle produit parce qu’ils n'ont encore ni plan d'inspection, ni de cahier des charges. Alors que l'esprit, et même la lettre, de la loi privilégiaient les contrôles plus importants en amont, revenant en cela à la philosophie de l’appellation d’origine contrôlée, au respect des fameuses conditions de production, dans la pratique certains font exactement le contraire avec le risque de voir se professionnaliser la dégustation. La directive du CAC est claire cette commission de dégustation doit être composé de différents collèges. Donc, si vous m’avez bien suivi, beaucoup de décisions de suspension du bénéfice de l'appellation sont à ce jour juridiquement mal fondées et ne résisteront pas à un recours devant le tribunal administratif.

 

Le problème c’est que pendant ce temps-là, des vignerons ou des vigneronnes en butte à ces décisions couperets se trouvent confrontés à des situations économiques et commerciales qui peuvent prendre des tours dramatiques. En effet, détail d’importance, ces vignerons sont des chefs d’entreprise qui vendent et exportent leurs vins à des clients qui les ont dégustés et appréciés. Qui s’en soucie ? Il est vrai que la situation économique est en ce moment un long fleuve tranquille, les banquiers sont sympas, les clients empressés, les consommateurs euphoriques et que je suis un « emmerdeur » qui s’occupe de  ce qui ne le regarde pas. De qui se moque-t-on ? Des hommes et des femmes qui n’entrent pas dans les clous, ceux-ci étant par ailleurs inadaptés à ce que doit être un vin d’AOC.

 

Ces pratiques sont des insultes à l’intelligence. Elles font de nous la risée de tout ce qui compte dans le monde du vin dans notre vaste Monde. Que par 5 voix contre 4 des « censeurs étriqués»  puissent faire jeter au caniveau un vin sélectionné par ceux qui font que ce vin existe, c’est-à-dire qu’il soit acheté, proposé, vendu, bu et apprécié, ça dépasse l’entendement. Le concept de connerie touche là des sommets himalayens, à la différence près que ceux-ci sont beaux alors que dans le cas présent nous pataugeons dans la médiocrité.

 

Moi je le dis tout net, même si comme l’écrivait le regretté Desproges « Dieu est peut-être éternel, mais pas autant que la connerie humaine. » je suis assez con, mais je me soigne, pour continuer de croire que l’intelligence triomphera un jour de la connerie et que Jean-Pierre Amoreau, dont le Château le Puy, un Côte de Franc, est cité comme le « choix de Dieu » dans le Manga « Les Gouttes de Dieu », passe à la télé japonaise, pourra se sortir du pétrin où certains « dégustateurs » l’ont précipité en retoquant ses 2005 et 2006 en Vin de Table. «  Il faut sauver le soldat Amoreau » vigneron d’une famille vigneronne de père en fils depuis 1620, et bien aux actes les citoyens !  

Cette chronique écrite je suis sorti et en passant à la Madeleine je suis entré chez Lavinia. J'aime aller humer la cave des vins rares et fragiles au sous-sol. Là, sur la gauche, sur plus d'un mètre linéaire : que du Château le Puy, des vieux millésimes, des grands flacons aux noms qui me fascinent : jéroboam, nabuchodonosor... : impressionnant ! Mon petit doigt me dit que les ventes Château le Puy sont l'un des plus beaux chiffres de Lavinia, en France comme à l'export, comme c'est étrange ! La première réflexion que je me suis faite : est-ce qu'un jour 4 ou 5 petits mecs dans un labo retoqueraient un Latour ?

 

Hilarant ! Vin de Table ! Cuvée François Pinault !

 

Je ne galèje pas car, là, sous mes yeux, toute petite, elle est là, orpheline, la bouteille cuvée Marie-Cécile 2006 Vin de Table qui est un Château le Puy privé de son nom. Entre nous je trouve l'affaire plus que saumâtre. C'est une mise à mort que de priver "de jure" une entreprise de sa "marque", de son identité. Intolérable ! Quand on pense aux agréments à la Bordelaise qui ont amené certains, lors de la dernière crise, à demander la distillation, même le père UBU trouverait que c'est ubuesque. Proposition iconoclaste : et si on faisait une vidéo des conditions de la dégustation que l'on pourrait visionner en cas de litige ?  

 

 

 

Pour ceux qui, comme moi, aimaient Alain Bashung, une chronique de nuit avec paroles et musique :

« Un jour je parlerai moins, jusqu'au jour où je ne parlerai plus » Bashung Alain parti sans laisser d’adresse… l

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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 06:16


Mon cher Alain,

 

Que les autres cons, les comptables de la sinistre liste, qui vont t’agréger à leurs foutus statistiques, ne ramènent pas leur fraise sur les raisons du triomphe de ce putain de chancre immonde sur ta vie.

Moi je te dis grand merci.

T’as enchanté ma vie et aujourd’hui que t’es parti, « Gaby oh Gaby,
Tu devrais pas m'laisser la nuit

J'peux pas dormir j'fais qu'des conneries

Oh Gaby, Gaby… »

Quand t’as déboulé au début des années 80 nous étions jeunes et beaux et t’as oxygéné mon cerveau de techno avec tes mots de zigoto. Oui, « Gaby, j't'ai déjà dit qu't'es bien plus belle que Mauricette

Qu'est bell' comme un pétard qu'attend plus qu'une allumette

Ça fait craquer, au feu les pompiers… »

Maintenant tu me fais pleurer.

Eux les crocodiles vont te couvrir de fleurs.

Nous, tes amis, notre peine n’a pas de mots, nous préférons les tiens, en boucle jusqu’à s’en saouler, pas pour t’oublier, cher Alain, mais pour combler ce grand vide que tu nous laisses après ton grand saut.

Bravo l’artiste !

A bientôt…

 

« En r'gardant les résultats d'son check-up

Un requin qui fumait plus a rallumé son clop

Ça fait frémir, faut savoir dire stop

Tu sais, tu sais c'est comm' ce typ' qui voudrait que j'me soigne

Et qu'abandonn' son cleps au mois d'août en Espagne

J'sens comme un vide, remets moi Johnny Kidd »


Gaby Oh Gaby
http://www.youtube.com/watch?v=mey8GokRFf4


Vertige de l'amour
http://www.youtube.com/watch?v=tI0Te4oGVgs


Les Mots Bleus http://www.youtube.com/watch?v=qrNtnefMU5c

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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 00:19

 

La première demi-heure fut à fleuret moucheté, les protagonistes s’observaient. Nous étions au cœur de la nuit, sur une mer d’huile, confinés dans un espace saturé de fumée, et la bataille des nerfs n’allait pas tarder à s’engager. Je profitais du répit pour observer Zavatsky. Tout chez lui sentait le frelaté, de sa pochette coûteuse qui bavait avec ostentation sur le noir anthracite de son veston jusqu’à ses fines lunettes cerclées d’or qui juraient avec ses yeux globuleux et sa face boursouflée de rouquin en passant par ses manières qui se voulaient raffinées alors qu’elles puaient l’affectation. Ce type se rêvait aristocrate alors qu’il peinait à assumer son statut de crapule enrichie. Chloé, fraîche comme une rose du matin entre deux donnes se roulait un joint. Les marseillais, estomaqués, ne pipaient mot. Elle aligna une série impressionnante, alternant le bluff et des quintes flush. Trichait-elle ? Elle ne m’en donnait pas l’impression mais, par nature, comme  cet exercice se doit d’être indécelable je n’en aurais pas mis ma main au feu. Si elle trichait, elle trichait bien car c’était face à des professionnels. L’odeur douce de l’herbe dissolvait celle du tabac froid et c’est le moment que je choisissais pour demander un temps mort.

À la réflexion, depuis l’irruption de cette ordure de Zavatsky dans la partie, notre projet de dépouiller les marseillais pour le compte de d’Espéruche perdait tout intérêt. Ils n’étaient que du menu fretin. J’en informais Chloé qui partageait mon analyse. Elle me donna carte blanche. J’intimais l’ordre à Annabelle de nous servir du champagne. Monsieur Paul et monsieur Albert froncèrent leurs sourcils mais, en vertu d’une jurisprudence adoptée depuis le début des hostilités, ils se tinrent dans une prudente expectative. Zavatsky me fixait de ses yeux bovins, partagé entre l’étonnement et la crainte d’un coup fourré. Dick, lui, souriait bêtement. D’un signe de tête je lui demandais de me rejoindre. Il s’exécutait. Je lui chuchotai mes ordres à l’oreille. Il pouffait puis, tout en ondulant du cul, la fiotte se dirigeait vers Zavatsky pour lui transmettre mon message. Celui-ci serrait les poings de rage mais obéissait. Lorsqu’il fut confiné dans la salle de bains avec Dick je fis part aux Marseillais des termes du contrat que je leur proposais. En substance, nous récupérions sur la reconnaissance de dette du Polack trois patates le solde leur revenant et nous nous quittions bons amis. Ils acceptèrent sans discuter. Je n’eus nul besoin d’assortir l’accord d’une clause d’amnésie, celle-ci allait de soi pour ces bons pères de famille fuyant toute forme de publicité malsaine. Avant de sceller définitivement notre contrat, Chloé, avec doigté me libérait de mon plâtre. Nous nous serrâmes la main et ces messieurs se retirèrent pour profiter d’un repos bien mérité.

D’Espéruche nous rejoignait. Je libérai Zavatsky. Il n’avait en rien perdu de sa superbe. Dick me chuchotait à l’oreille que sa mission gâterie avait bien fonctionné et que je lui étais redevable du prix de son labeur. Je lui fourrais une poignée de biffetons dans la main et le congédiais. Mon geste provoquait l’explosion du sac à merde. « Bande de petits salauds vous ne l’emporterez pas au paradis ! J’ai le bras long… » « Et la bite molle » gloussait Dick. Chloé se délestait de sa veste et défaisait les trois premiers boutons de son corsage en s’approchant de Zavatsky « nous, mon gros, nous n’avons pas de bras mais l’impunité, et je t’assure que c’est très excitant. Crois-moi tu vas nous lécher les pieds à quatre pattes. Même si je suis très chatouilleuse j’adore ! C’est jouissif… » L’aristo de pacotille n’en revenait pas, il commençait vraiment à s’inquiéter mais il savait qu’il n’avait pas d’autre choix que de nous obéir. Fataliste il se laissait choir sur le canapé. Après tout, par le passé, ce bon père de famille, avait du affronter des évènements bien plus dramatiques. Sauf que, aujourd’hui, sa position sociale confortable le rendait plus sensible aux vicissitudes de la vie. Se voir délesté de dix millions, même si ça ne lui plaisait guère, il l’avait déjà intégré mais affronter ce couple étrange ne lui disait rien qui vaille. Mon discours lui confirmait, au-delà de ses craintes, qu’il aurait mieux fait de ne pas céder aux sirènes de son ami Frenkel et de rester sagement dans son magnifique duplex de l’avenue Foch en compagnie de son caniche et de sa vieille maman.

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14 mars 2009 6 14 /03 /mars /2009 00:04

 
« À l’époque gallo-romaine, et alors que l’empereur Julien habitait le palais des Thermes, Paris, encore Lutèce, commençait à devenir un vignoble.

Après l’invasion franque, les jardins des villas abandonnées sur le plateau de la montagne Ste Géneviève et ses versants furent livrés à la culture, coupés de chemins qui les desservaient et habités par des laboureurs et des vignerons ; ils devinrent des clos plantés de vignes.

Les noms de ces clos sont venus jusqu’à nous et persistent dans quelques dénominations urbaines : le clos Gorgeau, qui a donné son nom à une rue ; le clos Hallier, où se trouve aujourd’hui la rue Bergère ; le clos Margot, à travers lequel on a percé la rue St Claude, au Marais ; le clos Saint-Symphorien, grand vignoble situé vers la rue de Reims ; le clos Bruneau, près la rue des Carmes ; le clos des Vignes, qui s’étendait de la rue des Saints-Pères à la rue Saint-Benoît ; le clos Saint-Etienne-des-Grès, contre l’église de ce nom ; le clos Sainte-Geneviève, non loin duquel se trouvait le pressoir du roi ; le clos Vigneron, remplacé par le jardin du Luxembourg ; le clos Garlande, le clos Saint Victor, le clos des Arènes et d’autres. Paris, dès Lutèce, n’est qu’une vigne. Il aurait pu pousser au premier rang des crus notoires, si, au clos Guerlande ou des Arènes, la nature avait bien voulu conférer quelques-uns des dons du clos Vougeot.

Le vignoble parisien est l’un des plus importants à l’époque franque. Il ne donne, cependant, qu’un vin léger, de conservation difficile. »Par un temps sec, il tire à l’aigre, au gras et au roux, et le plus souvent il est faible et sent son verjus. » Argenteuil et Suresnes n’en feront pas moins des vendanges attendues, et des vignes de Montmartre, dont nous avons vu la dernière, il sera souvent parlé dans les actes concernant la vieille abbaye.

Le Paris gallo-romain, émerveillé du succès de ces vignobles, en voulut rendre grâces ; mais à quels dieux ? Ceux des Gaulois, couronnés de feuilles de chêne, ne connaissaient pas le vin.»


 

Texte de Georges Montorgueil

 

 


à suivre samedi prochain

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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 00:05

Du fait de la profession de mon père, entrepreneur de battages et de travaux agricoles, la salle commune de la maison familiale, ancienne auberge autrefois, située à l’entrée du bourg, voyait défiler beaucoup de monde, surtout les jours de foires et marchés. Chez moi on ne poussait pas les gens à boire mais, selon le degré d’intimité avec ceux qui passaient, deux formules rituelles étaient de rigueur : « vous prendrez bien un verre… » pour ceux que l’on connaissait bien et, pour les autres, les notables surtout, une forme de reproche gentil « mais vous n’avez même pas bu quelque chose ! » Comme l’écrivait l’ethnologue Claude Lévi-Strauss en 1974, le vin n’a pas seulement une valeur nutritive c’est une boisson à consommer ensemble. C’est d’autant plus vrai de nos jours où le vin plaisir s’est substitué au vin quotidien.

La légende veut que Dionysos ait offert le vin à Icarios en récompense de son hospitalité. Presque partout dans toutes les cultures et à toutes les époques, nous trouvons le vin associé à l’hospitalité. Mot un peu tombé en désuétude l’hospitalité. Serait-ce que son contraire, l’hostilité, dont il serait étymologiquement dérivé, a pris le pas ? Bien sûr, certains esprits chagrins, du type Chabalier, affirmeront que l’offre de boire peut être dangereuse et que  le refus de boire n’est pas une offense. Je peux en convenir comme je suis prêt à admettre que le héros de René Fallet dans Beaujolais Nouveau  lorsqu’il affirme « T’es en France, mon gars, et en France on boit le coup quand on a quelqu’un à la maison, on n’est pas des sauvages ! Vide-moi ça cul sec, c’est du nanan. […] Le canon, faut comprendre aussi que c’est pas seulement du pinard mais de l’amitié. » sent un peu le folklore piccolo. Pour autant, l’asepsie ambiante, la froideur ou l’absence de chaleur humaine, le chacun pour soi et le chacun chez soi, nous font basculer dans une société inhospitalière.

Que ça déplaise ou non à nos détracteurs l’un des antidotes puissant pour contrer l’émergence de ce monstre froid, normé, enserré dans des préceptes intangibles édictés par les « gardiens » de notre Santé Publique, c’est la promotion du bien-vivre ensemble. Et le bien-vivre ensemble c’est à nous, pas à eux, de le définir, de le bâtir. Et le vin fait partie du bien-vivre, qui peut le contester ! Les causes de l’alcoolisme se situent ailleurs, dans le mal-vivre, le désespoir, la solitude et les difficultés économiques et sociales. Quand j’entends seriner par les radios et les télévisions que le lobby viticole à fait reculer la puissance publique dans sa juste lutte contre l’alcoolisme les bras m’en tombent. Sont-ce des journalistes ou de simples haut-parleurs des peurs de l’époque ? Font-ils encore le métier d’informer ou est-ce que leurs à priori privés prennent le dessus sur l’objectivité ? Le vin et les vignerons sont des boucs émissaires commodes, faciles à stigmatiser, j’écrirais même que ce lobby blanc se sert d’eux comme des leurres pour masquer son impuissance. L’irruption du binge drinking, ce shoot violent, destructeur, montre à l’évidence qu’ils sont toujours en retard d’une guerre.

 Suivez mon regard seule l'adhésion à l'Amicale des Bons Vivants est le  geste qui sauve notre bien vivre ! Pensez-y un petit clic http://www.berthomeau.com/article-28670551.html et venez vous joindre au réseau de l'ABV avec vos amis...

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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 00:06

Dans le dessin animé, datant de 1954, tiré de la fable politique écrite par George Orwell en 1946, la Ferme des animaux, racontant la révolte d’un groupe d’animaux contre la brutalité de leurs maîtres, les meneurs sont des porcs et tout particulièrement Napoléon « un grand verrat du Berkshire d’aspect plutôt féroce ». Au départ « tous les animaux sont égaux » mais très vite « certains animaux le sont plus que d’autres ». Napoléon et ses sbires vont instaurer une police d’Etat.

 

Traiter un type de porc ou de cochon ou qualifier une femme de grosse truie n’est ni agréable pour ceux que l’on qualifie ainsi, ni très gentil pour ce pauvre porc accablé des pires défauts de l’humanité. Dans notre langue le porc souffre d’un mépris profond et d’une réputation exécrable, les expressions sont légion : « vivre dans une porcherie », « manger comme un porc », être un vieux cochon », « faire des cochonneries », « jouer un tour de cochon », « un spectacle cochon »… De plus, plus d’un tiers de l’Humanité mourrait plutôt que de manger de la viande de porc. Et pourtant depuis plus de cinq mille ans l’Homme et le cochon partagent leur destin. C’est un contrat : pour satisfaire leurs besoins alimentaires les hommes offrent au porc le gîte et le couvert en échange du sacrifice de sa vie.

 

Bien plus que les bovins, les ovins, les caprins et plus encore les équins élevés pour leur lait, leur laine ou pour la traction, le cochon est en première ligne pour le sacrifice. C’est dans l’ordre naturel des choses me rétorquera-t-on mais lui se satisfait-il de cet inégal contrat ou en souffre-t-il ? John Berger, un écrivain anglais, note « qu’un paysan peut s’attacher à son cochon et être heureux de saler son porc. Ce qui est significatif, et si difficile à comprendre pour le citadin, est que les deux énoncés de cette phase sont liés par un « et » non par un « mais ».

 

Des liens complexes lient donc les humains et les porcs et, Winston Churchill fin observateur de la gente humaine, notait que si les chiens nous regardent d’en bas, et que les chats nous regardent d’en haut, les porcs nous traitent d’égal à égal. Paradoxalement, quand il est petit et tout rose  pour les enfants, le cochon est un gentil animal. Autrefois sur les manèges mais aussi tirelire le cochon se voit aduler. La fablee des 3 Petits Cochons, avec leurs histoires de maisons, popularisée par Walt Disney The Three Little Pigs rejoint dans le bestiaire enchanté des gamins des animaux bien plus redoutables. Comment un si adorable petit animal peut-il se muer l’âge venu en un être sale,  lubrique, vorace ? Dans ma jeunesse j’ai aidé au vêlage des truies, coupant le cordon de ses petites choses qui s’expulsaient comme une bordée de saucisses et pourtant je n’ai jamais eu une once de mauvaise conscience lorsque je mangeais une tartine de pâté.

 

Le jour du cochon c’était du sport. Brailler comme un goret prenait tout son sens. Au petit matin, le préposé au sacrifice avec ses instruments, flanqué des hommes de la maison, dirigeait la manœuvre. Maîtriser l’animal n’était pas chose simple et surtout, entre le moment où on allait l’estourbir puis lui trancher la gorge il fallait le mettre en position pour pouvoir recueillir dans un seau son précieux sang qui servirait à la confection des boudins et de la fressure. Pour certaines âmes sensibles cette mise à mort peut paraître barbare. Enfant elle ne m’a jamais choqué alors que je n’aurais jamais pu assister à l’abattage d’un cheval ou que j’ai toujours refusé de consommer la viande des chevreaux de ma biquette Grisette. C’était le destin du cochon. Lorsque les flammes du feu de paille environnaient sa carcasse et que ça sentait le cochon grillé je frissonnais. L’épandage de la ventraille m’impressionnait. Ensuite ce n’était plus que de la technique puis de la cuisine. Les femmes entraient dans la danse et la maison embaumait le pâté. Plus tard, à la veillée, mon père préparait le salage des jambons qu’il frictionnait au préalable à l’eau-de-vie.  

 

Certains vont me dire « et notre saucisson beurre cornichons avec son ballon de rouge » ont les attends comme sœur Anne ». J’en conviens mais avant qu’il arrive tout embeurré, permettez-moi d’en finir, de trouver ma chute avec Miss Piggy la cochonne du Muppet Show, une grosse qui ne sait pas s’habiller mais qui rêve de faire carrière à Hollywood. Un de ses créateurs dira d’elle « Elle est de la race des chefs. Elle peut survivre à l’échec ; elle sait quand il faut foncer. Elle est capable de tout. Si elle pense que le travail en vaut la peine, elle peut même devenir présidente des Etats-Unis. » Maintenant vous pouvez savourer, en bon vivant que vous êtes, votre sandwiche saucisson beurre cornichons avec un verre de WALDEN qui est un Roussillon rouge 2007 de l’ami Hervé Bizeul puisque maintenant le nectar est distribué à Pantruche par les établissements Richard.

Simple rappel : l'adhésion à l'Amicale des Bons Vivants est le seul geste qui sauve le saucisson beurre cornichons avec un ballon de rouge ! Pensez-y un petit clic http://www.berthomeau.com/article-28670551.html et venez vous joindre au réseau avec vos amis...

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