Le très récent emballement médiatique lié aux annonces tonitruantes « sur les effets dévastateurs du premier verre de vin… » http://www.berthomeau.com/article-28144386.html de la triplette : Maraninchi, Houssin, Martel, suivi de près de l’interview du Président de L’INCA, très « je te sers la soupe », de la complaisante Sandrine Blanchard du Monde « Le vin est un alcool, donc cancérigène » http://www.berthomeau.com/article-30304997.html , comme la très récente Conférence de Presse cornaquée par l’ANPAA pour faire barrage à l’amendement INTERNET« Mobilisons-nous face à une risque sanitaire et social majeur » http://www.berthomeau.com/article-31508788.html , et dans une moindre mesure le mode de traitement, exclusivement à charge, de l’affaire dites du « rosé pur » par certains journalistes de la presse nationale : JJ Chiquelin du Nouvel Observateur ou Philippe Reltien grand reporter de France Inter entre autres, montrent à l’évidence que beaucoup de journalistes français ne relatent pas des faits mais expriment leurs opinions violant ainsi la première règle du journalisme : « la séparation sans équivoque des faits et des opinions. »
Entendons-nous bien, les journalistes ont aussi le droit de donner leur opinion mais qu’ils disent clairement que c’est la leur. Alors, et ce n’est pas moi qui pose la question, mais un jeune homme bien sous tous les rapports : François Dufour éditeur de quotidiens pour la jeunesse (Le Petit Quotidien, Mon quotidien, l’Actu…) et co-président des Etats Généraux de la Presse convoqués par le Président de la République, « Les journalistes français sont-ils si mauvais ? ». Tel est le titre de son livre publié chez Larousse dans la collection à dire vrai dirigé par le fonctionnaire multicartes de l’Education Nationale (c’est un fait avéré), le très bavard (c’est mon opinion) Jacques Marseille.
Dans son « Pour conclure » François Dufour répond clairement à la Question :
« Les journalistes français séparent-ils faits et opinions ? Très peu, surtout dans la presse écrite. Séparent-ils information et publicité ? Mal, surtout dans les magazines ou les parties plus « magazines » des quotidiens. Respectent-ils les règles du métier ? Insuffisamment, quel que soit le média. Ecrivent-ils pour leur public ? Très, très peu, notamment dans les quotidiens »
C’est sans appel même si cette formule ne veut pas dire grand-chose dans le cas d’espèce où il ne s’agit pas d’instruire un procès mais de regretter un état de fait. J’ai découvert ce livre dans les pages du Nouvel Observateur qui, jamais à une hypocrisie bien-pensante près (c’est mon opinion d’abonné), dans un 3 Questions à François Dufour, met en lumière ses propres dérives. Je ne résiste pas au plaisir de vous proposer la lecture de la 1ière Question et la réponse de François Dufour.
Le NO : Dans votre ouvrage, vous instruisez le procès des journalistes français. Quels sont, selon vous, les principaux chefs d’inculpation ?
François Dufour : Notre principal défaut consiste à confondre information et commentaire. Les journalistes français sont très souvent des « opinionistes » qui préfèrent livrer leur point de vue plutôt que de se contenter de restituer les faits avec le plus de précisons possible. Ce travers, renforcé par les blogs d’opinion (je souligne), explique, à mon sens, la méfiance du public à l’égard de la profession. Ensuite, de nombreux journalistes français oublient le b.a.-ba du métier : la vérification de l’info. Quand j’entends un journaliste parler au conditionnel, je sors mon révolver ! Mais il y aurait beaucoup à dire sur le non-respect de la vie privée et les fautes de français. J’ajoute que les journalistes préfèrent souvent écrire pour les élites que pour le grand public. Ce travers consiste à faire le journal que l’on aimerait lire plutôt que celui que les lecteurs voudraient acheter. Le dernier grief, c’est le franchissement du « mur » entre les intérêts publicitaires et l’information. Des titres prestigieux sont dirigés par des patrons qui confondent allègrement les fonctions de directeur de la publicité et de la rédaction. Or on ne peut pas diriger à la fois une équipe de journalistes et une régie publicitaire : les conflits d’intérêts sont alors inévitables…
Sur ce dernier point, dans son livre, François Dufour, donne des noms – je n’ai pas écrit livre car c’est une information non une délation – « Le laxisme français s’exprime quand le directeur de la rédaction devient aussi directeur de la publicité d’un journal : Eric Fottorino au Monde, Laurent Joffrin à Libération, Franz-Olivier Giesbert au Point, Denis Olivennes au Nouvel Obs., Edwy Plenel à Médiapart, Bruno Frappat à la Croix, François-Régis Hutin à Ouest-France… » et « Pire : comme l’avoue candidement Laurent Joffrin, à propos de son journal Libération, dans son livre Média-paranoïa, en 2009, « on accroît certaines rubriques, comme la mode ou la consommation, dans l’espoir d’amadouer les pourvoyeurs de budgets publicitaires. » Le Nouvel Obs. ne s’en prive pas avec ses rubriques : Styles 4 pleines pages, Air du temps 6 pleines pages, Voyages 4 à 6 pleines pages… ce modèle économique restreint à la portion congrue le droit d’exigence du cochon de payant qu’est l’abonné…
Enfin, pour clore cette chronique et en revenir au lobby blanc prohibitionniste, champion toute catégorie de la Com auprès de l’opinion publique – théorisée par Claude Got La stratégie du Go de Claude GOT http://www.berthomeau.com/article-18021256.html – je cite encore François Dufour : « La formule est connue : « La com. progresse, l’info régresse. » D’un côté, les services de communication deviennent de plus en plus professionnels. De l’autre, les rédactions, de moins en moins professionnelles (moins spécialisées, avec moins de personnel, moins rigoureuses, moins riches…), s’appuient davantage sur les services communication des organisations, des partis, des associations, des entreprises, etc. Les attachés de presse fournissent toujours plus d’infos directement recopiables : des interviews, des photos, des idées de reportage, etc. Ces outils de travail, efficaces pour journalistes rigoureux, se transforment vite en « copiés-collés » pour journalistes paresseux (voire corrompus !) Les experts en com. mettent en scène (ce qu’on appelle le « storytelling ») les déclarations de leurs « clients », à commencer par les stars de la politique, pour que les médias « accrochent » et accorde leur espace »
Ayant pratiqué au-delà du miroir il m’est arrivé d’écrire des articles sur des sujets très pointus (les sujets agricoles européens par exemple) pour le compte de journalistes et lorsque je relisais ma prose, comme je suis d’un incommensurable orgueil, je ne pouvais m’empêcher de penser : voilà un bon papier coco…