Nos grands experts de Santé Publique, à défaut d’être efficaces, sont de grands communicants. Emmenés par l’inénarrable Didier Houssin directeur d’une DGS, qui s’est illustrée lors de la canicule par son sens de l’anticipation et de l’humanité, suivi de Dominique Maraninchini de l’INCA dont j’espère qu’il tirera moins sur les notes de frais que son prédécesseur David Khayat débarqué en 2006, et d’une soi-disant directrice de recherche de l’INRA Paule Martel, ces maîtres de notre santé nous ont joué leur partition habituelle. « Pas de dose protectrice» pour le premier. « Les petites doses, avec leurs effets invisibles, sont les plus nocives » pour le second. « Toute consommation quotidienne de vin est déconseillée » surenchérit la dame de l’agronomie qui doit sans doute encore porter des pantys.
Profitant de la sortie de la brochure : Préventions Nutrition& Préventions des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations destinée aux professionnels de Santé qui remplace une première édition parue en 2003 intitulée « Alimentation, nutrition et cancer : vérités, hypothèses et idées fausses ». Ils nous ont refait le coup du premier verre. Le n’y touchez jamais. Bref, sur un sujet aussi sensible dans la population qu’est le cancer ils étaient sûrs de leur effet.
Pour ceux qui en auront le courage je vous propose l’extrait concernant l’alcool. Rien de nouveau sous le soleil. Extrapolations, amalgames, le convaincant et le probable de leurs statistiques amalgamées et invérifiables sont érigés en oukases. Ces messieurs, veulent terroriser le bon peuple. Ils ont tort. La communauté scientifique médicale, que je respecte, ne peut s’ériger ainsi en pouvoir dictant les règles de conduite de la vie des hommes en Société. C’est un abus de pouvoir car il n’y a pas de contre-pouvoir. Les détenteurs de la « Science » se contrôlent entre eux et dans le domaine de certaines études le doute est plus que permis sur leur méthodologie. De grâce revenons à la raison nous sommes déjà dans une société hautement anxiolytique alors n’en rajoutons pas messieurs une couche supplémentaire.
Ils « s’appuient » sur le rapport du WCRF/AICR « Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer : a Global Perspective »3 qui a été publié en novembre 2007, à l’issue d’une expertise collective internationale de grande envergure, et qui était l’actualisation complète du premier rapport publié en 1997, il fait le point des connaissances dans le domaine des relations entre nutrition et cancers. Ce rapport a été analysé par moi-même aussitôt. Je vous redonne ci-dessous ma chronique de l’époque. Sans vouloir ramener ma fraise je suis en droit de m’interroger sur l’utilité de certains payés pour ça et qui ne sont même pas capable de faire ce travail c'est vrai que c'est plus rigolo de se payer des 4X3 dans le métro...
Voici ma chronique du 9 janvier 2008
"Les morts des « suites d’une longue maladie » peuplent notre quotidien. Le cancer, les cancers de tout acabit emportent nos proches, nos amis, nos enfants et l’odieux chancre fait peur. La lutte contre le cancer est donc, à juste raison, une grande cause nationale mais, à trop vouloir agiter des épouvantails, formes modernes des spectres, à trop vouloir prouver, les scientifiques, toujours à la recherche de liens de causalité pour prévenir le mal, se coupent du corps social, lui donnent le sentiment de le priver des plaisirs de la vie, de l’assimiler aux souris de leurs laboratoires, de le réduire à des séries statistiques aussi froides que les murs de leurs hôpitaux. La complexité de la vie, la diversité de nos modes de vie, les écarts qui se creusent à chaque extrémité de l’échelle sociale, l’extrême hétérogénéité des situations économiques et sociales nées de la mondialisation, font que les méta-analyses, chères à nos chercheurs, sont à manier avec bien des précautions. La mise en ligne du rapport « Alcool et risques de cancers » : état des lieux des données scientifiques et recommandations de santé publique est caractéristique de l’effet « tour d’ivoire » caractéristique de ces expertises scientifiques qui font subir au mot risque des glissements sémantiques qui n’ont rien de scientifiques.
(voir ma chronique du 22:09/2006
et celle du 22/11/2006
La part de risque, celle que tout individu se doit d’assumer aussi bien en tant que personne exerçant sa responsabilité individuelle et en tant que citoyen enserré dans un corps de règles de vie en commun, est toujours difficile à quantifier.
L’excès, même s’il prête à interprétation, est assez facile à identifier : l’abus de consommation alcoolique est chiffrable. En revanche, la plage entre l’abstinence et la consommation modérée a des contours difficiles à délimiter. En ce domaine, comme dans tous les autres, le mieux est l’ennemi du bien : prôner, comme le Pr Houssin, la prohibition, relève d’une conception infantilisante de la société. Le n’y touchez jamais est l’équivalent du « cachez-moi ce sein que je ne saurais voir », pure hypocrisie et méconnaissance dramatique des ressorts profonds de l’être humain.
Nos politiques de santé publique, si elles ne veulent pas se réduire à de piètres campagnes de communication, doivent se frotter à la société telle quelle est et non, continuer de véhiculer des présupposés idéologiques. L’entre-soi, qui vaut aussi bien pour les hygiénistes que pour ceux d’entre-nous qui font semblant d’ignorer les méfaits de l’alcoolisme, n’est plus de mise dans une société démocratique. Même si ça choque les beaux esprits pudibonds, je préfère le modèle politique à l’ancienne, bon vivant, soucieux des libertés publiques, aux tenants d’une société pure et dure, liberticide où le risque de mourir n’est plus assumé.
Pour ne pas être en butte aux critiques des « scientifiques » j’ai lu les 60 pages de l’expertise collective et je vous en livre quelques morceaux choisis.
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AUGMENTATION DU RISQUE DE CANCERS
Depuis plusieurs décennies, les études épidémiologiques ont montré clairement que la consommation de boissons alcoolisées augmente, chez l’homme et la femme, le risque de cancers, dont certains sont fréquents en France.
La consommation de boissons alcoolisées augmente fortement le risque des cancers des voies aérodigestives supérieures* (VADS). Le niveau de preuve est jugé convaincant.
La consommation de boissons alcoolisées augmente le risque de cancer du foie, généralement après le développement d’une cirrhose alcoolique.
Les études récentes montrent également une association entre la consommation d’alcool et le risque de cancer du sein chez la femme, et le risque de cancer colorectal dans les deux sexes. Bien que l’augmentation du risque soit modeste, en raison de l’incidence très élevée de ces cancers en France, la prévention ciblée sur ce facteur de risque contribuerait également à réduire fortement l’incidence et la mortalité des cancers liés à l’alcool.
Pour d’autres types de cancers, le rôle potentiel de l’alcool est moins bien établi.
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1. INTRODUCTION GÉNÉRALE
Les cancers sont des maladies multifactorielles impliquant des facteurs individuels et des facteurs environnementaux au sens large. Le développement de ces maladies se déroule généralement sur une ou plusieurs décennies. Pour identifier les facteurs de risque ou de prévention il faut faire appel à différents types d’études. Les études épidémiologiques d’observation (études cas-témoins, études de cohortes) permettent d’établir des associations entre l’incidence des cancers et certains facteurs de risque. Les études expérimentales sur animaux ou cellules permettent de proposer des mécanismes biologiques plausibles. Pour les facteurs de risque (y compris l’alcool), pour des raisons éthiques, on ne peut entreprendre des études d’intervention chez l’Homme qui permettraient d’établir facilement la causalité entre le facteur étudié et le risque de cancers. Dans ce cas, la causalité est démontrée par le grand nombre et la cohérence des résultats des études cas-témoins et des études de cohortes, confortés par des mécanismes biologiques vérifiés. Selon les données disponibles, le niveau de preuve sera jugé convaincant, probable, possible ou insuffisant [WCRF, 1997].
Page 37 : ces petits crobars quantifient le risque selon la dose ingurgitée, on peut remarquer malgré le flou qu'à dose zéro le risque est souvent équivalent jusqu'à 20g/jour...
Page 40 à propos des bienfaits du vin sur MCV
Par ailleurs, il est également apparu que les relations entre alcool et MCV ainsi que les relations entre types de boisson alcoolisée et MCV sont complexes. En particulier, divers facteurs alimentaires et socioculturels, qui sont difficilement dissociables de l’effet lié à l’alcool proprement dit ou à tel ou tel type de boisson alcoolisée [Tjonneland, 1999; Reynolds, 2003], ne sont généralement pas pris en compte dans les études comme facteurs de confusion. C’est ce que démontre l’étude de Ruidavets les consommateurs d’une quantité modérée de boissons alcoolisées (1 à 19 g/j) et les buveurs de vin ont une alimentation et un style de vie plus favorables à la santé que ceux qui n’en consomment pas et que ceux qui en consomment plus. Il est donc possible que l’association de la consommation modérée d’alcool ou de vin avec la faible incidence de MCV résulte en fait de l’effet du profil alimentaire et du style de vie favorable qui caractérise les consommateurs d’une quantité modérée de boissons alcoolisées et les buveurs de vin [Johansen, 2006].