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13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 00:09

Beaucoup d'entre vous sont de nouveaux lecteurs : depuis le début de l'année plus de 150 abonnés nous ont rejoint. Comme j'ai pondu plus de 1250 chroniques depuis l'origine de Vin&Cie l'espace de liberté, les lire toutes serait un véritable pensum. Alors, les jours de pont, je vous offrirai un petit retour en arrière comme celui d'aujourd'hui. La chronique la  gâche de Pâques date du 6 avril 2007, je vous la propose en ce lundi de Pâques. Bonne lecture ou relecture chers amis.

Au temps où, dans ma Vendée profonde, les pires mécréants acceptaient sous la pression de leurs pieuses femmes de faire leurs Pâques, chez nous on s'affairait pour préparer les douceurs d'après Carême : la gâche - en patois la fouace - et les fions. Dans cette entreprise tout le monde était sur le pont, y compris les hommes, plus particulièrement le pépé Louis, l'homme de la cuisson.  Le rituel était bien réglé et le processus de fabrication, comme la recette, étaient entourés de secret. Dans le pays, notre gâche était unanimement considérée comme la meilleure. Le clan des femmes en tirait une légitime fierté et moi, tel un jeune Proust - ne vous gondolez pas - savourant sa madeleine dans son thé  http://www.cherry.net/plus/madeleines_proust.html j'en garde un souvenir extraordinaire que le temps passé n'a jamais effacé. Dans cette chronique je ne vais pas vous donner la recette des femmes, je l'ignore. Tout ce que je puis vous dire c'est que celles que vous trouverez sur l'internet ne vous permettront pas d'atteindre la perfection de notre gâche. Je magnifie. J'exagère. Je vous assure que non et je vais m'efforcer de vous faire partager mon point de vue.

Tout commençait le vendredi saint par l'acquisition d'un pâton de pâte à pain levé chez Louis Remaud notre boulanger puis, le soir venu, autour d'une immense bassine, tel un pétrin, nos femmes s'affairaient. La gâche est un pain de Pâques qui n'a ni goût de pain, ni goût de brioche. C'est là toute l'alchimie de ce pain qui n'en n'est pas un et de ce gâteau qui n'est pas une friandise. Outre la qualité des ingrédients, le temps de pétrissage était essentiel. La pâte était lourde et nos femmes lui transmettaient ce qui la rendrait ferme, onctueuse et légère. Lorsque le temps était venu, en des panières de joncs tressés, les gros pâtons recouverts d'un linge étaient mis au levage dans une pièce ni trop chaude, ni trop froide. Là encore, toute approximation était interdite. Nos femmes se chamaillaient parfois sur la température idéale. Tout ça se passait la nuit et au matin, le pépé Louis entrait en jeu.

Notre maison familiale, ancienne auberge, était dotée d'un four à pain. Le porter à bonne température et surtout la maintenir constante pendant la cuisson était un art que notre orgueilleux Louis maitrîsait assez bien. Comme dirait nos djeuns il se la jouait un peu, dans le genre soliste qu'il faut enscencer. Y'avait de l'électrité dans l'air avec les jupons. Il chauffait son four avec des sarments de ses vignes. Par la gueule du four le rougeoiement me fascinait. Lorsque les tisons viraient de l'incandescence au gris, avec une grande raclette en bois, le pépé Louis, façonnait deux tas qu'il plaçait de chaque côté de la bouche du four. Venait alors l'opération la plus redoutable : la détermination de la bonne température pour enfourner. Trop chaud serait la cata : la gâche serait saisie et son coeur resterait mou car il faudrait éviter qu'elle crame ; trop froid ce serait l'affaissement lamentable. Tout se jouait autour de l'état d'un morceau de papier que le pépé plaçait sur la pelle au centre du four. Bref, là encore ça chicorait sec entre les protagonistes. La cérémonie d'enfournage me plaisait aussi beaucoup. Les pâtons levés, badigeonnés au jaune d'oeuf - qui ferait la belle couleur brun doré - posés sur des feuilles de papier kraft, faisaient 50 à 60 cm de diamètre (une brassée). A l'aide d'une grande pelle en bois le pépé Louis alliait force et doigté. Jamais l'opération n'a tourné au désastre. Les 7 ou 8 pâtons, tels des grosses corolles de champignons, allaient se transmuer en gâche onctueuse derrière la porte de fer. Le temps de cuisson était aussi une question de feeling. On discutait toujours beaucoup. Seule la tante Valentine en imposait au Louis. L'un des moments que je préférais c'était celui où les gâches cuites étaient posées à même le carrelage frais d'une pièce plongée dans la pénombre. Exhalaison extrême de sucs chauds, je m'y plongeais en salivant déjà du bonheur d'une belle tranche de gâche plongée dans mon cacao du matin. A cet instant une grave question, jamais tranchée, se posait : pouvait-on manger de la gâche chaude ? Le clan des femmes y était hostile avançant des raisons médicales : possible indigestion. Mon père passait outre, et moi aussi.

Ci-dessus : mémé Marie et la tante Valentine...

Dès le lundi de Pâques on se pressait chez nous pour goûter la gâche. Les amis repartaient avec de belles tranches enveloppées dans du papier beurre. Le clan des femmes croulait sous les compliments. La gâche, comme les grands crus, avaient ses grands millésimes mais jamais ne décevait. Question de temps (climat), d'humeur du temps et d'ancestral savoir-faire. Le clan des femmes s'est éteint avec maman. Elle a emporté avec elle le secret de la gâche mais j'espère vous avoir fait partager cet instant d'enfance, ce plaisir léger qui vous fait aimer la vie. Pour ceux qui voudraient se lancer dans l'expérience - moi je n'oserai jamais - ce que je puis vous dire c'est que jamais au grand jamais vous ne devez mettre de la fleur d'oranger dans votre gâche sinon au paradis mon clan des femmes vous vouerait aux gémonies. Le seul parfum admis dans notre gâche était le verre de goutte distillée par mon père. C'était là sa seule contribution mais il estimait qu'elle était de taille car elle donnait à la gâche sa touche finale. Voilà, c'est écrit. Pour les fions vous devrez attendre l'année prochaine si Dieu me prête vie et si ce blog est encore en vie. Joyeuses Pâques !

Ci-dessous une fouace achetée chez Moisan dans le 14 ème. Elle est sur le plan gustatif la plus approchante de la gâche de mon enfance, en moins moelleuse, le sucre et les fruits confits en plus. L'aspect visuel est très différent ma gâche était ronde et ventrue...  

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12 avril 2009 7 12 /04 /avril /2009 08:13
chimulus@gmail.com journaliste (dessinateur de presse) http://www.lepost.fr/perso/chimulus/

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12 avril 2009 7 12 /04 /avril /2009 00:03

M’aider, c’était vite dit car Yvette, la génitrice de cette belle plante, aux dires de Raymond son frère, n’était pas une femme facile. L’aborder par la face des sentiments, ou pire par celle du sexe, s’avérait mission impossible puisque, depuis qu’elle avait congédié le père de Marie-Églantine, elle vivait à la colle avec un ombrageux corse, commissaire divisionnaire à la PJ, de dix ans son aîné. M’aventurer sur ce terrain mouvant, surtout pour une affaire qui n’entrait pas vraiment dans mes plans, ne m’enchantait guère. En mots choisis, après avoir remercié Marie-Églantine de ses bonnes intentions, je lui fis part de mon souhait de ne pas mouiller sa mère dans une affaire qui risquait de la compromettre. Je me dépensais en pure perte car je faisais face à une étrange coalition. Raymond et sa nièce m’écoutèrent avec un semblant d’intérêt mais je dus me rendre très vite à l’évidence : ils ne lâcheraient pas le morceau. Leur silence amusé fut rompu par Marie-Églantine qui, en se laissant glisser du plateau de la table, lançait à la cantonade « de toute façon j’étais venu pour t’inviter à dîner tonton. Comme d’hab t’as oublié que c’est aujourd’hui l’anniversaire de ta petite sœur. En plus de ton beau copain tu lui amènes des fleurs et un mahous cadeau. Yvette elle adore les cadeaux… »

Bien avant sa popularité télévisée, due au commissaire Colombo, j’ai connu les délices de la 403 grise décapotable avec ce vieux dragueur de Raymond. Armé de sa nénette il la bichonnait comme un yearling de haute lignée. Roues à rayons, il avait bricolé des jantes de la nouvelle 404 cabriolet, sièges en cuir gold, autoradio, sa Peugeot était le seul vrai luxe de Raymond. Cap sur la rue du Faubourg Saint Honoré, direction Hermès, sapé comme un vieux milord, leggings et chapeau mou chocolat, au volant de son cabriolet, sommes toute très pépère, Raymond avait fière allure. Le carré Hermès, selon mon compère, allait ouvrir une belle brèche dans la muraille de son Yvette de sœur qui avait des goûts de luxe que son commissaire n’arrivait pas à satisfaire. Afin de ne pas provoquer l’ombrageux corse, officiellement, le présent d’anniversaire émanerait de Raymond qui, pour justifier cette folie, ferait état d’un pactole gagné aux courses. Même si à cette époque il était facile de se garer dans le quartier du Faubourg Saint Honoré, le voiturier de chez Hermès, de bonne grâce, nous déchargea du souci de trouver une place. Le look de Raymond ne passa pas inaperçu dans le petit monde, assez âgé, des vendeuses du célèbre sellier. L’une d’elles, port altier, chignon sévère, maquillage impeccable, ongles parfaitement faits, pris ses collègues de vitesse. Elle nous précéda et son popotin, encore haut et ferme, ondulait au rythme de ses pas précautionneux.

Raymond fit durer le plaisir du choix, ce qui semblait combler d’aise la dame bien conservée. Pour ne pas casser l’ambiance je m’esbignai sur la pointe des pieds pour aller prendre un petit noir à un bistro proche de la grande crèmerie de la rue des Saussaies où j’étais à peu près sûr de retrouver quelques vieux chevaux de retour carburant au petit blanc. Le bord de bar en était, en effet, infesté mais, surtout, je tombais nez à nez avec le traitant de la vieille roulure de Gustave. Gustave Porcheron. Gustave la balance, électricien au service d’entretien chez Wendel, que ces petits cons de la GP considéraient comme un vrai révolutionnaire, alors que les RG le tenaient pour une poignée de biftons, et un peu de cul dans une boîte des Champs. Pour amadouer mon collègue je le détournais de son blanc ordinaire en lui offrant une ligne de Muscadet Sèvre et Maine sur lie. L’effet ne fut pas immédiat car le vieux se méfiait. Bien évidemment je bavassais de tout autre chose, lui laissant entendre que j’étais dans les petits papiers de l’étoile montante des RG, l’ambitieux Bertrand. Le tarin bourgeonnant de mon collègue captait les doux effluves d’un avancement qui mettrait un peu de beurre dans ses épinards et il se déballonnait sans aucune réticence. Le Gustave se prenait pour un quasi dieu vivant de la GP. Il devenait incontrôlable depuis qu’il se tapait des filles de grands bourgeois qui cherchaient l’extase sous sa bedaine prolétarienne. Depuis quelques temps il vivait quasiment à temps plein, avec l’une d’elle, dans un duplex donnant sur les Invalides. Je griffonnai l’adresse sur le ticket de caisse. Notre après-midi, à Raymond et moi, allait être très sportif. J’en salivais d’avance en saluant mon collègue d’un généreux « je n’oublierai pas ton coup de main. J’ai le bras long… »


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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 00:18

 Chez moi, dans ma Vendée sous le joug du clergé, le clan des femmes pieuses de la maison exigeait des hommes qu’ils fassent leurs « pâques ». Ils s’exécutaient sans barguigner. Pour les mécréants, qui n’ont pas reçu comme moi une éducation chrétienne, je leur signale que depuis le décret du 4ème concile de Latran (1215), il était ordonné à tous les fidèles ayant atteint l’âge de communier, de « faire ses pâques », c’est-à-dire de communier au moins une fois chaque année, au temps de Pâques. J’ai toujours trouvé ce service minimal hautement pragmatique de la part de l’Église. Le nombre d’ouailles comptait plus que la qualité de leur pratique. Les séminaires étaient plein de fils de paysans. Ils seront siphonnés par mai 68.

 

Pâques, sauf pour les pratiquants, se résume de nos jours mercantis à  une bonne aubaine, pour les artisans chocolatiers et autres vendeurs de plus grande surface. Toujours pour les mécréants totaux, autrefois dans les campagnes, les cloches qui sonnaient chaque jour de l'année, pour inviter les fidèles à assister à la messe, restaient silencieuses du Jeudi au Samedi Saint. Ce silence s’étendait à la clochette que nous agitions en tant qu’enfant de chœur lors des célébrations pour marquer certains rituels, la Consécration par exemple. Elle était remplacée par une crécelle. Nous nous en donnions à cœur joie en la faisant pétarader ce qui nous valait les gros yeux du curé. D'après la légende, de retour de Rome pour annoncer la résurrection de Jésus, où elles étaient allées se charger en œufs de chocolat, les cloches sonnaient à toutes volées le jour de Pâques…Le matin de Pâques, en pyjama, nous allions dénicher les œufs dans le jardin.

 

Où veux-je en venir chers lecteurs ? À pas grand-chose comme à l’accoutumé. Je vais tenter de vous guider sans encombre sur mon chemin tortueux. Tout d’abord ma référence à mon pépé Louis n’a rien d’innocente. En effet, Louis Berthomeau, moustache à la Foch, était un paysan, un vrai, pas pour deux sous mercanti. Il professait un profond mépris pour les marchands de tout poils, avec au tout premier rang les maquignons. Vigneron totalement bio, il nous concoctait avec ses hybrides un vin nature qui flirtait très vite avec les fleurettes. Fort bien, il pratiquait sans le savoir une agriculture que l’on qualifierait aujourd’hui de durable. C’était un homme orgueilleux, fier plutôt, mais jamais au grand jamais il ne se serait permis de dénigrer ses voisins ou de se mettre en avant. Il faisait bien sûr ses Pâques sans se confesser ; qu’aurait-il eu à raconter au curé ?

 

Et alors ? Alors je vais vous expliquer.

 

L’autre jour j’ai reçu une invitation pour une dégustation de vins. Très chicos. Très branchée. Très fouillée. Très textes profonds. De la belle ouvrage de communicante pour séduire. Normal quand on se déplace à Paris, même si le vin n’est pas une marchandise, c’est pour attirer le client. Vendre son vin quoi ! Et c’est là que mon sang s’est mis à bouillir. Que lis-je sur le carton chic : que cette poignée d’hommes et de femmes sont unis « par une même philosophie, fruit d’une éthique de leur métier de vigneron-paysan. » Ce n’était plus une dégustation mais une adhésion. Pourquoi pas, mais j’ai toujours eu du mal à participer à une messe basse sans curé. Bien évidemment loin de moi de contester leur choix, il est respectable, et tout le monde sait que je le respecte, que je le défends même, mais cette mise en avant ostensible d’une philosophie sur une invitation à un exercice, somme toute, à finalité mercantile, ce port de l’éthique à la boutonnière comme un ruban d’honneur, cette référence lancinante au métier de paysan comme une référence, me choquent. Je les perçois comme une indécence à l’égard de mon pépé Louis qui faisait ses Pâques sans se confesser et qui n’avait nul besoin d’exhiber son éthique pour vendre ses bœufs à Mougard la vieille crapule de  marchand de bestiaux du coin. Ce merchandising du mieux disant éthique, chic et choc, est puéril et très représentatif de notre société où cultiver sa bonne conscience tient lieu de passeport pour la tribu ou la chapelle. Attention, bien que les intéressés s’en défendent, ça fleure bon le fond de commerce.

 

Joyeuses Pâques !

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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 20:51
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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 00:03
J’ai toujours fait les courses, même lorsque j’occupais des fonctions aux étages élevés, car c’est pour moi le premier poste d’observation de l’économie domestique. Nous n’avons pas en France de mouvement consumériste digne de ce nom c’est donc en consommateur lambda que je m’exprime ici face au discours des nouveaux épiciers qui parfois ont oublié la finalité de leur métier. Dans le cas d’espèce, « Une cave en ville » de la chaîne Monoprix, après vous avoir donné à lire les intentions de ses concepteurs, je vous livre les observations du consommateur que je suis. Celles-ci n’ont aucune vocation à la généralisation. Simplement je souhaiterais que les gens du siège central aillent un peu plus souvent se frotter à la réalité des magasins pour valider la pertinence de leurs beaux discours.

L’OPÉRATION « UNE CAVE EN VILLE » EN 3 ACTES
ACTE 1 :« En octobre 2008, sous la plume d’Yves Denjean de Rayon Boissons j’avais lu que L'enseigne de centre-ville rénove de fond en comble ses assortiments vins MDD. Début novembre, Monoprix lancera une nouvelle gamme en remplacement de la signature Landrillat et des références « élues par le jury Gault & Millau ». Elle se composera de 22 références issues des principales appellations génériques du vignoble (bordeaux, côtes du Rhône, etc.) Pour réaliser ce nouvel assortiment, Monoprix a fait appel au consultant Olivier Dauga. « Un grand professionnel qui vinifie des cuvées gourmandes et très fruitées, explique en avant-première pour Rayon Boissons Jean-François Rovire, responsable des achats vins de l’enseigne. Un profil de produits qui correspond à ce que nous voulions pour nos MDD. » Le consultant intervient donc au nom de l’enseigne dans tous les vignobles sur l'ensemble des sélections. Côté produit, cette gamme est cautionnée par la marque La Cave en Ville de Monoprix. Laquelle signe aujourd'hui l’offre MDD de vins de cépage « Une note de... » lancée en 2006. A l’image du positionnement de Monoprix, le packaging adopte des codes modernes : étiquette noire sur laquelle est inscrit verticalement le nom de l’appellation, une photo illustrant le vignoble… A noter également le travail pédagogique réalisé sur la contre-étiquette. Le distributeur renseigne le client sur le profil du vin grâce une échelle graduée de 1 à 5. Elle indique pour les rouges si le produit est souple (1) ou corsé (5). Pour les blancs, cet indicateur se focalise sur la teneur en sucres. Après ce lancement, Monoprix ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et devrait présenter début 2009 une gamme premium de vins de terroir. »

ACTE 2 : Je lis encore sous le titre et sous la plume de Sylvie Leboulanger « Les vins signés Monoprix Gourmet sont choisis par les consommateurs » que depuis le mois de novembre, le distributeur invite des consommateurs à des séances de dégustation en vue de créer sa gamme de vins signés Monoprix Gourmet. Une initiative originale pour une nouvelle MDD qui complète son portefeuille de marques propres. Des amateurs ? Oui, mais avec un palais fiable. Pour cela, Jean-François Rovire, responsable des achats vins de l'enseigne, a confié aux dégustateurs professionnels, Michel Bettane et Thierry Desseauve, la tache de débusquer quelques amoureux du vin, prêts à se plier à ce petit cérémonial. Un panel qui vient d'être complété par des clients de Monoprix, préalablement testés à la dégustation. Ainsi, depuis début novembre, une quinzaine d'anonymes - deux femmes seulement - se retrouvent, chaque mercredi matin à l'école de dégustation Grains Nobles (Paris Ve). Ils goûtent une quinzaine d'élixirs dont ils ne savent que le prix de vente et la région d'origine. 


Présent, Jean-François Rovire se garde bien de tout commentaire. Il note, enregistre les commentaires sur des vins qu'il a pourtant sélectionnés en amont : « Le niveau de qualité équivaut à celui des foires aux vins. Mais, à l'arrivée, ce sera meilleur, car le jury d'amateurs est intraitable. » De fait, sur 100 vins goûtés depuis novembre, seuls 28 sont validés. L'enjeu est de taille car, depuis 2004, Monoprix reconstruit méthodiquement la pyramide de ses marques propres. Ce fut, cette année-là, le lancement d'« Une Note de », dont les étiquettes colorées sont principalement apposées sur des vins de cépage. Puis, à l'automne 2008, est apparue la signature « Une Cave en ville », des vins d'appellations et de terroirs sélectionnés par l'oenologue Olivier Dauga. Signe de reconnaissance ? Une étiquette dentelée comme un timbre. Puis, dernier étage de la fusée, Monoprix Gourmet, indentifiable par une collerette et des prix oscillant entre 5 et 25 E. Chez Monoprix comme chez ses concurrents, les MDD du rayon vin ne sont plus les dernières roues du carrosse. Et les distributeurs n'hésitent plus à engager leur nom d'enseigne. »


ACTE 3 : Enfin, cerise sur le gâteau, l’agence Sowine qui bosse pour Monop s’enthousiasme : « En l'espèce, la maison continue donc d'innover sous l'impulsion de Jean-François Rovire, son responsable des achats vins, et l'enseigne annonce cette semaine dans le magazine LSA le lancement d'une gamme de vins MDD sélectionnés par les consommateurs. En effet, depuis le mois de novembre, le distributeur invite - sous le haut patronage des dégustateurs Michel Bettane et Thierry Desseauve - des consommateurs et clients à des séances de dégustation en vue de créer cette gamme de vins signée Monoprix Gourmet (avec une sélectivité importante et un jury d'amateurs qualifiés d'intraitables).

Et là, je dis C-H-A-P-E-A-U. C'est bougrement malin et parfaitement dans la tendance. Nous avions déjà parlé ici d'initiatives connexes, orientées 'transfert de pouvoir vers le consommateur' en mode tryvertising ou vin 2.0 .Cette démarche, initiée en précurseur par la marque label French Addiction en mode entonnoir à travers son club de dégustation Ze Addicted Club (voir aussi notre papier compte-rendu sur le SIAL présentant leurs nouvelles étiquettes didactiques) trouve ici un écho particulier au sein de l'enseigne Monoprix.


Je trouve cela formidable à double-titre. Du point de vue marketing, le bénéfice communication pour le distributeur est clair avec ce message : "des vins sélectionnés par des gens comme vous", qui est, pour moi, beaucoup plus fort qu'un tampon Produit de l'année . Du point de vue du consommateur, le bénéfice tient dans cette démarche consistant à considérer les clients comme des êtres intelligents et en capacité de faire un choix sur le vin à l'aide d'outils didactiques permettant de progresser et d'apprendre à décoder les cuvées.


Côté chiffres, les MDD représentent- en 2008 - 18% du chiffre d'affaires vin de l'enseigne (100 millions d'euros) avec la répartition suivante attendue en 2010 : 40% sur Gourmet (50 références), 45% sur Une Cave en Ville (40 références en 2009) et 15% sur Une note de (20 références).

Reste maintenant à évaluer la proposition packaging pour ces 3 segments. Nous n'en resterons pas là mais, je vous laisse, je file chez Monop. »


N’en jetez plus moi je rentre de mon Monop, celui de la rue Daviel, et je dis : « tout ça et bel et beau mais le rayon vins est toujours un rayon sinistré »


Je passe sur le bordel général régnant dans le magasin : caddies débordant de produits de lessives (j’ai même récupéré le planogramme Lessives 2008 – RY 06 – UG 88 Module 30 5 mètres, je pourrais même vous donner le nom du merchandiseur. Impec le mur lessivier), palettes un peu partout, cartons à l’abandon, on zigzague.

Bref, revenons à mes boutanches. C’est bien joli de faire bosser tout ce petit monde pour sélectionner de beaux vins, de mettre sur les bouteilles des étiquettes chiadées, pédagogiques, mais le pékin moyen se retrouve toujours face à un mur de vins sans aucune innovation ou ligne directrice sauf couleurs et AOC non AOC. Quand on affiche une « cave en ville » on a l’intelligence d’organiser visuellement une cave rassemblant toutes les références pour que le consommateur, qui fait confiance à l’expertise Monop, à sa fameuse signature confortée par Bettane&Desseauve et les « joyeux consommateurs amateurs », d’un seul coup d’œil puisse faire son choix, comparer les prix…

Rien de tout cela, par exemple le malheureux Cotes du Rhône de la « cave en ville » est paumé tout en bas, le Sylvaner se sent très seul et le consommateur lambda, n’en déplaise au « chanteur de youkoulélé » de Sowine, qui ne sait pas ce que c’est qu’un produit Monop signé Monop et puisqu’il n’y a pas la moindre personne dans le magasin qui puisse répondre à une quelconque de ses questions faut qu’il se démerde tout seul. Le seul petit effet de facing existe pour les poids lourds : Bordeaux surtout qui peut aligner 5 à 6 bouteilles côte à côte.     


Rocamadour Lot c'est pas tout à fait la zone de l'AOC Madiran... C'est beau mais faudra réviser la géo mes cocos de Monop. (merci Gus)

Qu’on ne vienne pas me dire que la place est rare puisqu’à Daviel, face à la poissonnerie, vient de naître un rayon vins blancs où, étrangement, on retrouve à côté des blancs secs, des moelleux et des vins étrangers de toute les couleurs. De l’autre côté, face aux produits bio, des vins bios pas très bien rangés avec on ne sait pas pourquoi, en bout de ligne, des châteaux de Bordeaux qui n’ont rien de bio. Honnêtement c’est le souk. Aide toi le ciel t’aidera ! On se la joue caviste sans se donner les moyens humains de l’être.

C’est du même tonneau que la caisse « verte » de Monop, celle où ne peuvent passer que les clients pourvus de cabas ou de machins à deux roues, elle est soit fermée ou encombrée par les abonnés aux sacs plastiques. Lorsqu’on pose la question au gérant du pourquoi de cette promesse non tenue la réponse est simple : ça choquerait les autres clients d’accorder la priorité aux clients qui font des efforts et que, de toute façon, il n’a pas assez de personnel pour ouvrir une caisse rien que pour des « gens comme moi ».
Promesse non tenue comme pour le vin où la « cave en ville » semble être le nouveau joujou du nouveau responsable vins Jean-François Rovire qui ferait bien de venir traîner ses godasses dans les magasins et nous proposer les services ad hoc. C’est bien joli de faire des effets d’annonces, comme ceux qu’on reproche tant aux politiques, mais justement il faut avoir les moyens de sa politique. Je suis client de Monop. Je ne conteste pas la progression de la qualité de l’offre produits mais je suis désolé de constater que la gestion de la ressource humaine dans les magasins ne suit pas et que la qualité de service s’en ressent. Mes deux épiciers tunisiens  sont, au total, bien plus performants : une belle gamme, des prix acceptables et le service. Voir ma chronique : du 04/04/2007 « Vin de l'épicerie du coin » http://www.berthomeau.com/article-6114021.html .

Dans le cas, fort improbable, où ce billet d’humeur serait lu par les intéressés, je leur signale que je suis un très vieux et très fidèle client de leur enseigne, comme en atteste ma carte, et que j’ai, de ce fait autant et même bien plus de droit à donner mon avis que le premier « grelu » venu supposé exprimer mes goûts. Quant à Jean-François Rovire je l’invite à un tour de chauffe au Monop rue Daviel, ensuite nous irons prendre un verre du côté de la Butte aux Cailles. Ainsi il pourra adhérer à l'Amicale des Bons Vivants.

Consultez le N°48 à la rubrique PAGES (en haut et à droite du blog) car il est temps pour vous d'adhérer à l'Amicale des Bons Vivants.

RENSEIGNEMENTS
auprès de Jacques Berthomeau

www.berthomeau.com et jberthomeau@hotmail.com

Secrétaire Perpétuel de l’ABV 06 80 17 78 25

BULLETIN D'ADHESIONà L'ABV

J’adhère à l’Amicale des Bons Vivants :

-        Nom, prénom :

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-        Raison sociale, adresse et téléphone 

 

 

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9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 00:00

Cher vous qui avez du faire HEC ou un machin assimilé,

 

Je ne sais à quel étage – on me dit qu’il y en a beaucoup chez vous à Levallois – vous êtes au siège de ce grand bazar moderne à l’enseigne Carrefour mais je me risque tout de même à vous écrire pour vous dire que je suis scotché par votre inventivité pour ce qui concerne votre nouvelle MDD vin de pays : Augustin Florent. Vraiment vous êtes forts les gars, z’avez du salement cogiter, z’avez du drôlement potasser les z’annuaires des marchands de vins du département de la Seine et de la Seine-et-Oise de 1920 à 1936, z’avez du vous z’abimer méchamment les yeux sur le bottin des maisons de Bercy, pour exhumer ce brave Augustin Florent de sa naphtaline. Vous m’direz que les prénoms de nos pépés reviennent en force chez les moutards poussés dans leurs poussettes Mac Laren par leurs bobos de parents : Jules par ci, Léon par là, des Robert, des Raoul, des Ernest et sans doute dans quelques temps des Eugène, des Mathurin, des Armand, des Norbert ou des Arsène… Bref vous avez flashé pour Augustin classé au 271em rang avec 8087 individus répertoriés dans l’hexagone. Moi j’aurais préféré Auguste car je dois vous avouer que votre Augustin Florent me fait penser au prototype des caciques SFIO du Nord : Augustin Laurent, celui qu’a adoubé Pierre Mauroy à la mairie de Lille qui lui même a mis le pied à l’étrier à Martine Aubry, la dame des 35 heures, auriez-vous subliminalement virés « socialos » les gars et les filles de chez Carrefour ?

 

 

Je plaisante bien sûr, mais tout de même, vous nous prenez – même si je ne suis pas client de la boutique, je m’assimile  aux pékins qui vous fréquentent – pour des demeurés avec vos signatures à deux balles. Augustin Florent, ça pose, ça rassure, ça fait très bedaine sous petit gilet avec montre à gousset, pantalon de velours et écrase-merde à semelles de crêpe, qui va acheter son vin aux braves vignerons des Coteaux de l’Ensérune ou des Cotes de Briant avec sa Juva 4, son portefeuille à élastique gonflé de grosses coupures, « tope là », cochon qui s’en dédit, à mon avis vous auriez du ajouter pour faire plus encore plus couleur locale : Augustin Florent père&fils.

 

Pour votre édification de jeunes as du marketing tous justes sortis de vos couches-culottes je vous propose un bel exemple du notre glorieux passé du vin quotidien : « La vinée du Bon Vieux temps » Jérôme Rollet. Admirez le travail ! C’est t’y pas beau ça ? Dans la plus pure tradition du marchand de vins, y’a pas de qui pro quo avec le Jérôme Rollet alors qu’avec vous l’étiquette est très copié-collé des petites récoltes de Nicolas. Vous êtes un peu fégniasses mes cocos, le genre coucous qui s’la pètent grave : « Le distributeur a retenu un packaging épuré sur le mode "tableau noir" avec un fond ardoise et une typographie à la craie pour un rendu aussi ludique que lisible » Et pis quoi encore, vous n'allez pas nous faire accroire que vous avez trouvé ça tout seuls.

 

 

 

Je m’emporte ! Mais ne me dites pas que vous êtes payés pour nous pondre des trucs pareils ? Si c’est le cas, un bon conseil à vos chefs des étages élevés : il vaudrait mieux que vous alliez exercer vos talents ailleurs ça allègerait les frais généraux ce qui ferait plaisir à Bernard Arnault. Bon, je redeviens hyper-sérieux : votre bousin c’est, me dit-on, une MDD et que la définition de ce genre de marques c’est de coller au cul des marques nationales en un peu moins cher. Pourriez-vous me dire à quelle marque nationale vous sucez la roue ? Si c’est à Petites Récoltes de Nicolas j’y perds mon latin de cuisine car je ne crois pas que vous détournerez un seul client de ce généraliste de quartier avec votre  Augustin Florent.

 

En fait, tout bêtement, j’ai le sentiment que vous faites de l’habillage de bouteilles pour votre entrée de gamme et que, lorsque vous écrivez sur votre catalogue que vous proposez « en exclusivité une gamme de vins authentiques pour se faire plaisir au quotidien. Des petits vins sympathiques et faciles à boire… » vous prenez le train avec un quart d’heure de retard. Disons que ce n’est qu’un banal relifting d’un sourcing existant de longue date. J’espère au moins que vos chefs de rayon auront à cœur de présenter un superbe facing de ces « 13 saveurs à découvrir » et non de les disperser dans le mur de vins en fonction des critères traditionnels. Rassurez-vous je ne vais pas sauter au-dessus du périphérique pour vérifier. Dormez tranquilles jeunes gens et jeunes filles  qui avez du faire HEC ou un machin assimilé, ce n’est pas avec le père Augustin Florent que vous allez décrocher la timbale de l’innovation. Il est vrai que les MDD adorent copier par-dessus l’épaule des grands.

 

 

Entendez-moi bien, ce que je raille c’est votre prétention à vous parer des plumes de créateurs avec votre approche ringardo-minimaliste de votre « collection de vins de terroir à petits prix ». Ils méritent mieux que votre pseudo-marketing ces vins sans prétention. En les personnalisant, par un patronyme à la con, vous dévalorisez le travail des vignerons des caves où vous achetez vos vins. Pour votre défense vous allez me rétorquer que le patronyme de fantaisie est un grand classique du négoce français. Je sais. En effet, je n’ai jamais croisé à Vinexpo ni le baron de Lestac, ni Jean-Pierre Chenet. En revanche, j’ai salué souvent Marcel Guigal et Gérard Bertrand qui signent des vins achetés chez d’autres vignerons. Ce goût très prononcé des marchands de vie pour des noms fleurant bon le terroir leur a toujours été reproché par les vignerons authentiques. Ça accrédite le soupçon de maquillage qui a produit en France la notion que je ne goûte guère : vins de propriétaires.

Bref, vous les gars d’une soi-disant grande maison, cotée à la Bourse, au CAC 40, qui s’est illustrée bien avant les autres en dotant son ex-patron d’un parachute doré, pourquoi vous z’osez pas baptiser vos vins dit de Distributeurs, les vôtres donc, de votre nom. Auriez-vous honte ? Ne serait-il pas de confiance ? Moi j’ai la nostalgie de Félix Potin et j’ai toujours détesté Justin Bridou (question à mes fidèles lecteurs : qui était-ce et quel est son rapport actuel avec le vin ?) alors pour vos vins de pays à petits prix j’aurais aimé, en souvenir d’un de vos patrons bien aimé, que vous la baptisiez cuvée Daniel Bernard. C’est du même tonneau, deux prénoms assemblés, que votre Augustin Florent, mais en plus rutilant.

 

Comme vous êtes jeunes dans la boutique, sans doute, il faut que vous sachiez que ce n’est pas la première fois que je souffle dans les bronches du Mammouth (lire ou relire ma chronique : « Ferme ta grande gueule CARREFOUR ! »link
 

Cette fois-ci c’est sur un sujet bien plus mineur mais, étant donné que vous dépotez avec vos « potes de la GD », surtout celui qui vous adore : le Michel-Edouard de Landerneau, beaucoup d’hecto de nos belles provinces de France, le moins qu’on puisse vous demander c’est de faire correctement votre métier. Sans vouloir vous vexer plus encore : vous le faites mal. Vous n’êtes pas à la hauteur des enjeux. L’imagination n’est pas au pouvoir : tristes rayons que les vôtres ! Comme je suis bien en jambes en ce moment sur le sujet GD, j’y reviendrai dans ma prochaine chronique à propos de « ma cave en ville » de votre collègue Monoprix.

 

Allez, vous qui avez du faire HEC ou un machin assimilé, autour de la machine à café de Levallois-Perret, positivez ! Saluez Augustin Florent de ma part lorsque vous le croiserez. Y doit s’ennuyer en votre compagnie le pauvre. Je vous salue très positivement.

 

Jacques Berthomeau

  

Secrétaire Perpétuel de l’ABV

 

D’ailleurs, les gars et les filles de Carrefour qui avez du faire HEC ou un machin assimilé vous devriez adhérer à l’Amicale des Bons Vivants, ça vous ferait du bien.

 

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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 00:05
Elles sont là, à hauteur de mon regard, posées sur leur petit cul, toutes menues à côté de leurs grandes sœurs bordelaises, avec leurs mensurations * de nymphettes : taille fine, poids plume, tout de noir vêtues, ou presque, avec leur papillon doré posé sur leur frêle poitrine, minimalistes à la manière des minettes Agnès B premier âge. Certes chics mais un peu rase-moquette, j’eusse préféré leur voir atteindre la taille d’Adriana Karembeu plutôt que de plafonner au module d’Audrey Tautou. Qu’importe, ces jeunes filles en fleur, très Nouvelle Star, épousent la tendance Dev Dur, elles surfent sur le carbone neutral, elles économisent votre dos, elles sont faciles… les Chamarré girls !
* 22 cm de tour de taille contre 24 pour une bordelaise verre, taille 26 cm contre 30, poids 800 grammes contre 1,2 Kg pour une bordelaise légère et 1,6 Kg pour une lourde (à une queue de vache près).
Redevenons sérieux, nous sommes en pleine Semaine Sainte, pour vous parler de la nouvelle ligne Eco-responsable de la marque Chamarré www.chamarre.com . Je l’ai découverte, en début de semaine, à mon Monop en faisant quelques courses. Par pure curiosité je fais toujours un détour par le rayon vins (y z’ont du encore du changer de gérant à Monop Daviel car rien n’est plus à la même place). Bref, je jette un œil sur la petite muraille toujours aussi peu attrayante et, tout au bout, je tombe en arrêt devant une p’tite bouteille bien mise avec une collerette verte. Donc je ne vous refais pas le film depuis le début mais je vous donne les arguments des concepteurs de la nouvelle bouteille PET à bouchage à vis bien sûr.
« La qualité d’un grand vin dans une bouteille pratique et éco-responsable »
Une bouteille pratique
-          Poids léger et incassable, elle est facile à transporter.
-          La capsule à vis préserve les arômes et assure une ouverture facile.
Une bouteille éco-responsable
-          Matériau 100% recyclable.
-          Nécessite moins d’énergie pour sa fabrication que le verre.
-          Économe en carburant pour le transport.
-          Préserve autant la qualité du vin qu’une bouteille traditionnelle.
J’ai acquis pour la somme de 16 euros 45 : 1 bouteille Pinot Noir 12,5 % vol et 1 bouteille Cabernet-Sauvignon 2006 13% vol Vin de Pays des Vignobles de France 4,70 euros le flacon et 1 bouteille de Bordeaux 2005 12 ,5% vol à 4,95 euros la bouteille. Ces 3 flacons sont pourvus d’une DLUO : date de consommation optimale le 2/10. L’embouteilleur est Paul Sapin F-71 150 www.paul-sapin.com/  « Paul sapin le nouvel esprit du vin »

















Dans ma vie antérieure j’ai fait des bouteilles en PET. La fin des années 80 ne naviguait pas dans l’éco-responsabilité mais les arguments pratiques étaient les mêmes surtout qu’il s’agissait de remplacer des litres 6 étoiles (consignés). Ces bouteilles n’ont jamais vu de clients pour des raisons que je ne peux vous donner, seul Michel-Laurent sait que mon nez y est pour quelque chose. 20 ans après que dire de l’innovation de Chamarré ?
1° Elle se veut rassurante, hors le texte qui souligne que cette bouteille est « respectueuse de la qualité et du goût du vin », tous les codes traditionnels sont mis en avant sur l’étiquette : armoiries et texte en bandeau : « issu de raisins nobles, ce vin est une délicieuse symphonie d’aromes », le papier est très classe et le graphisme chic pour les 2 vins de pays des Vignobles de France. Pour le Bordeaux c’est encore plus marqué sur l’étiquette : Réserve, Tradition, armoiries toujours, texte en lettres dorées « soyeux et équilibré, ce vin exprime tout le prestige du terroir bordelais », pastille d’or « Tradition&Terroir France » La contre-étiquette est elle aussi pas avare de superlatifs : « ce vin est la rencontre des plus prestigieux vignobles français autour d’un cépage unique : le Pinot Noir » , pour le Bordeaux  « ce vin allie subtilement Merlot, Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc et petit Verdot , dans la plus grande tradition des vins de Bordeaux » Compréhensible pour un produit qui s’attaque à 2 tabous français : le verre et le bouchon.
2° Ma question, face à ce positionnement produit statutaire relifté, est simple : l’éco-responsabilité touche-t-elle le type de consommateur intéressé par ce type de vin ? Pour le consommateur quotidien j’en doute vu son profil plutôt 3ième âge mâle ; pour le consommateur occasionnel, seule une approche par CSP, âge, sexe, permettrait de cerner la sensibilité des consommateurs. On peut cependant estimer, étant donné l’air du temps, que les nouvelles générations urbaines peuvent être attirées par le côté pratique et l’éco-responsabilité.
3° Pour ces derniers cependant, l’éco-responsabilité va de pair avec une approche produit Bio alors question : le PET est-il un emballage écologique? « Des études scientifiques prouvent les avantages du PET en ce qui concerne la charge polluante. Les bilans écologiques démontrent que le recours au PET, associé à un recyclage matériel, est avantageux. Les bouteilles en PET seul usage et les bouteilles de circulation en verre sont équivalentes sur le plan du bilan écologique global. » Rien de déterminant, d’ailleurs dans les magasins Biocoop les eaux minérales sont en bouteilles plastiques. Alors un couplage Vin issus de raisins de culture biologique et bouteille PET ? J’en doute car le consommateur Bio de vin est plutôt sensible à la vision traditionnelle vigneronne, très small is beautiful, tonneau, bouteille verre et bouchon et petit patapon…
Dernier point ne concerne pas Chamarré mais ceux qui conçoivent la mise en rayon des vins dans ce qu’il est convenu d’appeler la GD : à quoi bon que les « têtes d’œufs » de Chamarré se décarcassent à inventer des lignes de produits si c’est pour disperser leurs petits flacons partout dans le rayon en fonction de leur classification juridique et leur région ? La pauvrette de Bordeaux était totalement perdue, paumée, écrabouillée dans le grand troupeau des Bordeaux. Vous devriez aller prendre des cours de facing au rayon cosmétiques les p’tits gars car l’Oréal le vaut bien ! Vous z’allez me rétorquer que c’est que veut le consommateur. Vous lui avez demandé ? De plus sans vouloir vous chambrer grave : à quoi bon que les « têtes d’œufs » de Monop se décarcassent à créer des lignes de produits, la dernière en date étant : «  une cave en ville » si vous continuez votre petit jeu à la con. J’y reviendrai dans une future chronique pour enfoncer le clou. Indécrottables les mecs !

En attendant consultez le
N°48 à la rubrique PAGES (en haut et à droite du blog) car il est temps pour vous d'adhérer à l'Amicale des Bons Vivants.

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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 00:02

Mon titre vous intrigue. Suspens insoutenable ! J’ai tout bêtement parodié, Jean-Claude Berrouet, ex-maître de chais à Château Petrus qui, dans une récente interview, a dénoncé un système, celui des primeurs, qui encourage les spéculateurs. «Nous avons pris le vin en otage et il faut le libérer», a-t-il dénoncé. Ce point élucidé, je reprends ma chronique là où je l’avais interrompue hier.


















Pendant le week-end précédent mon périple au pays des châteaux, pour faire sérieux, en bon petit artisan que je suis, j’ai doté
Vin&Cie l’espace de liberté d’une enseigne que vous pourrez admirer sur les cartes ci-jointes. Pour les écolos, tendance dure, elles sont tirées sur papier recyclé. De plus, comme la maison ne recule devant aucun sacrifice j’ai ressorti mon costar Kennedy
http://www.berthomeau.com/article-3964995.html   bleu marine de la naphtaline. Sur ma chemise rose flashy – marque de fabrique à cultiver – col ouvert ça fait très parigot arrogant. Je passe sur mes Richelieu gold, et d’autres détails insignifiants, qui ne pourraient que conforter mon image de papy boomer ex-soixante-huitard non révisé. Avec mon chauffeur de luxe nous y sommes, nous pointons, sauf que mon nom n’est pas sur la liste – dans l’après-midi, une astucieuse, découvrira que je suis classé à Jacques ce qui est déjà mieux que rapport. La dégustation se déroule à l’étage en un lieu vaste et lumineux où les châteaux ne sont pas, si vous me permettez l’expression, les uns sur les autres. C’est très agréable, on se meut sans se cogner aux autres dégustateurs. Détail technique, comme nous ne sommes pourvus que de 2 mains l’exercice est complexe : tenir son verre d’une main et prendre des notes, sur le petit carnet de dégustation tenue par l’autre, tient pour moi de mission impossible. Sur un autre plan je constate que j’ai fait d’énormes progrès dans le jet buccal de vin (en 2 jours aucun dégât collatéral). Nous commençons par les blancs. J’avoue être très agréablement surpris mais, comme je n’ambitionne pas de marcher sur les plates-bandes du Bob je vous épargnerai mes notes sur les vins que j’ai dégusté. Sauf que, si vous êtes un lecteur fidèle, vous découvrirez sans doute des chroniques consacrées à des coups de cœur au pays des GCC.
Florence et Daniel Cathiard nos hôtes sont présents. Florence Cathiard assure même le service. Je dois avouer que je suis toujours sensible, quand je me rends dans un lieu où l’on me propose de déguster, au fait que, dans cet exercice ingrat, les propriétaires mettent les mains à la pâte. Bernard Magrez, lui aussi, est là. Nous échangeons. Il me donne son accord pour un 3 Questions sur Vin&Cie. C’est un euphémisme d’écrire que Bernard Magrez suscite dans le monde du vin des opinions très tranchées. Il ne laisse personne indifférent car il dérange et, bien sûr, il en joue. Moi ce que je retiens c’est qu’il a toujours su anticiper les évolutions du marché en s’impliquant, en mettant en avant une nouvelle image du propriétaire, en bousculant l’establishment, et même si c’est très personnel, son soutien, en des temps où certains me vilipendaient, ne m’a jamais fait défaut. Tout en me prêtant au rituel de l’exercice j’observe les pros, ou prétendus tels, négociants, courtiers, cavistes, acheteurs de la GD, importateurs, qui m’entourent et je m’interroge sur ce qu’ils recherchent. En effet, sur les tables, les vins présentés à leur sagacité, qui sont-ils ? Ceux que leurs clients trouveront dans la bouteille lorsqu’ils en feront l’acquisition ? J’en doute un peu. Ces jeunes pousses, à peine adultes, en devenir donc, sont, avec plus ou moins de bonheur ou de savoir-faire, préparées pour séduire lors de leur première sortie. C’est, me direz-vous la loi du genre, le principe même des primeurs. Je veux bien en convenir mais, en définitive, jusqu’ici, avant que l’éclatement de la bulle financière ne brise la spéculation, une fois passé le cérémonial de la dégustation par tous ces 5000 plus ou moins connus ou totalement anonymes, c’était le jugement, l’appréciation, la notation du ou des gourous – je m’abstiens de citer un ou des noms afin de ne froisser personne ou de m’attirer les foudres des pros ou des antis – qui calaient l’opinion commune et faisaient la cote.
En effet, sans vouloir être mauvaise langue, jusqu’à ces derniers mois, hormis les vrais amateurs ou les derniers esthètes cultivant leur quant à soi et qui en avaient encore les moyens, le gras du marché suivait la tendance donnée, par les nouveaux maîtres à penser en kit au travers de la médiatisation mondialisée. Le dégonflement de la bulle spéculative va sans doute redonner, au détriment des purs spéculateurs ou des nouveaux riches, de l’air à tout ceux qui vont, à nouveau, pouvoir acheter des grands crus parce qu’ils les apprécient, parce qu’ils veulent les déguster, les faire partager. Tout l’enjeu de la fixation de l’échelle des prix du présent millésime, d’une belle qualité au dire d’amateurs qui n’ont pas partie liée avec le buiseness, se situe donc dans la capacité qu’auront ceux qui donnent le la de comprendre que la thérapie d’un retour à des prix qui retrouveraient le niveau de 2004, ce qui n’aurait rien d’une catastrophe, permettrait de redonner confiance aux opérateurs – à leurs banquiers surtout – et de déclencher le mouvement des achats. Comme le dit l’adage populaire, à toute chose malheur est bon, ce réajustement des prix réintroduirait les icones des GCC, sans que leur aura en soit atteinte, dans l’univers du vin. Dans le langage actuel des médias : l’économie réelle retrouverait toute sa place et la place de Bordeaux, loin des folies spéculatives, des achats somptuaires, conforterait son image de référence mondiale du vin.
Comme d’habitude je glose à tort et à travers au risque de me voir clouer sur ma ligne par un passing shoot de revers. Et encore je vous épargne un couplet sur les taux de change, celui de la £ tout particulièrement. N’empêche que sur le terrain, comme aiment à le dire nos hommes politiques si proches de nos préoccupations quotidiennes, celui de la dégustation bien sûr, sans rouler des mécaniques, je me sentais à l’aise. Que voulez-vous, c’est si nouveau pour moi, en ce lieu béni des dieux, je vais et je viens, libre, verre à la main, au beau milieu de noms mythiques tel le Château Carbonnieux, ce grand blanc que j’ai découvert à l’Hôtel de Lassay. Plus personne ne me tombe sur le râble pour m’asticoter à propos de tout et de rien. Bien au contraire, je fais maintenant parti du paysage même si certains se demandent ce que je bricole. Mais non, mais non, je ne bricole pas, je travaille et je puis vous assurer que déguster c’est fatigant. Moins, bien sûr, que de repiquer des choux ou de biner des betteraves, mais la bouche fatigue. Par bonheur l’heure du déjeuner sonnait. Florence et Daniel Cathiard avaient bien fait les choses : des mets simples et roboratifs comme le sauté de veau tagliatelles qui m’a calé l’estomac. Quel plaisir que de se retrouver autour d’une table bien mise, assis, pour se redonner du cœur à l’ouvrage.
Nous prenons notre temps.













Rassurez-vous je ne vais pas vous infliger la relation de mes deux journées dans le pays des GCC, ça ne présenterait pour vous aucun intérêt. Pour mémoire le 31 après-midi nous fîmes après Haut Smith Haut Lafitte, le Château Chasse-Spleen où l’on pouvait déguster les Médoc, Haut-Médoc, Moulis&Listrac puis le Château Branaire-Ducru pour les St-Julien, Pauillac&St Estèphe pour terminer au Château Dauzac avec les Sauternes et Barsac. Le lendemain Château Figeac pour les Saint-Emilion Grand Cru et Château La Conseillante pour les Pomerol. Z’avons zappé les Margaux. Rudes journées pour les papilles mais satisfaction du devoir accompli et une envie folle de boire une bonne mousse : je suis un indécrottable mécréant. Que vous dire : les choses sont impeccablement organisées par l’Union des Grands Crus et dans ce genre de périple minuté j’apprécie. C’est sans doute un vieux reste de mes fonctions d’organisateur de voyage pour Ministre pressé. Le plus speed était Rocard qui, très souvent, sur les injonctions de l’intraitable Michèle, sa seconde épouse, devait être rentré pour l’heure du dîner afin de voir ses enfants. J’avais un chronomètre à la place du cœur. Je digresse.

Sur le chemin du retour ce qui me frappe, à chaque carrefour, c’est la multiplicité des sollicitations. Tout le monde y va de son évènement primeurs 2008, même les bio. Michel Rolland affiche sa collection, Stéphane Derenoncourt sa différence et ses vignerons à l’A breuvoir, le Cercle Rive Droite des Grands Vins de Bordeaux, l’Association des Grands Crus Classés, des associations aux noms imprononçables : c’est le syndrome du Festival d’Avignon avec son in et son off, de la Cour d’Honneur du Palais des Papes jusqu’à l’arrière-salle d’un bistro en passant par le plateau d’une fabrique désaffectée. Ici, au pays des « châteaux » la hiérarchie se décline depuis les dégustations privées sur rendez-vous dans le gotha des grands aux noms mythiques, à celles plus populaires sur le coin d’une barrique dans un chai vigneron en passant par celles où l’on promène les journalistes ou la mienne à mon bon gré. Foisonnement, diversité, vitalité, chacun se bat avec ses armes, le pays des « châteaux », ouvre ses portes, s’émancipe, force sa réserve, comble un peu son je ne sais quoi de distance, va au devant de ses clients. C’est heureux. Sur le quai de la gare je constate que j’ai l’index et le pouce de la main droite marqué de rouge. Comme le disait pépé Louis lorsque je me plaignais des ampoules qui tapissaient mes paumes suite au maniement intensif de la fourche pendant les foins « c’est le métier qui rentre mon garçon ».

Info de dernière minute : Château l'Angelus est sorti à 50 euros contre 80 euros... Le mouvement est-il lancé ?

Note du rédacteur en chef : si vous souhaitez lire des choses sérieuses sur la dégustation des primeurs 2008 je vous recommande :
1 - Un excellent papier de Véronique Raisin sur la dégustation des journalistes paru dan la newsletter Idealwine.
2 - le blog du Grand Jury.
3 - Les vins de Bordeaux testent la cote sur BFM radio.
Consulter la rubrique PAGES (en haut et à droite du blog) N°49.
et pendant que vous y êtes consultez le N°48 car il est temps pour vous d'adhérer à l'Amicale des Bons Vivants.

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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 00:06

« Aux yeux du monde, les vins de Bordeaux sont avant tout des vins de « châteaux ». L’existence de quelque cinq milliers d’exploitations utilisant aujourd’hui ce terme le confirme d’une façon éclatante. Le fait est là : près d’un viticulteur sur trois vend son vin sous le nom de « château ». Cette particularité bordelaise – il n’est pas ou peu de « châteaux » dans les autres vignobles du monde, sinon par imitation – mérite une analyse d’autant plus serrée que le terme est ambigu. » C’est ainsi que les auteurs de « Bordeaux vignoble millénaire » entament leur réflexion à propos du chapitre : Vins de Bordeaux vins de châteaux.

Profitant de la vague rose qui submergea le Palais Bourbon, en juin 1981, Catherine Lalumière, fut élue député de la Gironde et nommée, le 23 juin 1983, Ministre de la Consommation du second gouvernement Mauroy (elle finira sa carrière comme parlementaire européenne par la grâce de l’inénarrable Nanard qui, avec sa liste aux européennes de juin 1994 « Energie Radicale », où se trouvait aussi Noël Mamère, dézingua en plein vol celle de Michel Rocard où Rachida Dati se trouvait placée en 54e position et Bernard Kouchner en 3e : ambigüité vous avez dit ambigüité). Bref, la toute fraîche Ministre, sise au Louvre rue de Rivoli, avec un Jacques Delors Ministre de l’Économie et des Finances ne lui laissant guère d’espace, mais ayant les Fraudes mise à sa disposition – en ce temps-là elles étaient sous la tutelle du Ministre de l’Agriculture – et voulant imprimer sa marque jusque dans la 3ième circonscription de la Gironde, déclara vouloir mettre à plat l’épineux dossier des noms de châteaux. En 1981, les nouveaux arrivants avaient la mise à plat facile car c’était la version soft de « du passé faisons table rase ». Les hauts fonctionnaires des Finances, goguenards face à cette piétaille pépiante, eux, par leur silence hautain, jouaient « cause toujours tu m’intéresses. » Et moi dans tout ça je découvrais, pour parodier le nouveau slogan du CIVB : qu’on pouvait s’offrir un château de Bordeaux pour quelques euros. L’initiative de Lalumière fit long feu. Et moi, ayant la haute main sur la cave de la Présidence de l’Assemblée Nationale – fort bordelaise puisque nous succédions à Chaban-Delmas – je découvrais les « délices » des GCC avec Bruno Prats comme mentor.
Par la suite, hormis quelques passes d’armes avec les ténors bordelais de l’INAO, mes fonctions de soutier de cabinet ministériel m’amenèrent plutôt à fouler le terroir roturier voire prolétaire du Languedoc que celui plus castral du bordelais. La ponte de mon rapport provoqua de l’urticaire chez les tenants de l’indépendance girondine qui me qualifièrent du titre infâmant de « haut-fonctionnaire parisien » avec en sous-titre le coup qui tue « socialo » mais la crise aidant je devins abonné aux plateaux des colloques bordelais. Donc, tout ça pour vous dire qu’en ce dernier jour de mars lorsque je débarquais à la gare de Bordeaux Saint Jean avec dans ma poche le badge de l’Union des Grands Crus Classés pour la dégustation des Primeurs 2008 mon sentiment profond mêlait une forme saine de jubilation et une petite crainte de ne pas être à la hauteur dans l’exercice dégustatif. Cependant, comme je ne suis pas un perdreau de l’année, je m’étais flanqué d’un mentor fort expérimenté, pour avoir été l’un des poids lourds de la place de Bordeaux, qui me pilotait, me présentait, me rassurait. Dernière remarque dans le plus pur style Berthomeau : j’ai beaucoup de mal avec le mot « primeurs » car je l’associe à la pomme de terre primeur de Bretagne qui m’a pourri la vie lorsque j’opérais dans les soutes du cabinet. Vous ne pouvez pas savoir ce qu’une purée de patates primeurs épandue sur la chaussée de Morlaix représente comme nuisance. Quand aux producteurs drivés par feu Alexis Gourvennec ils m’ont dégoûté à jamais de leurs patates primeurs. Maintenant je suis Bonnottes de Noirmoutier addict.  
Avant de m’attaquer au vif du sujet permettez-moi de tailler un costard à nos « génies » du Ministère de la Santé qui, jamais en reste d’une énormité, au nom de la lutte contre les open-bars, voulaient interdire dans le même mouvement l’exercice dégustatif auquel j’allais me livrer. C’est beau comme de la connerie en barres. Comment peut-on en arriver à ce degré de stupidité ? Je ne ferai pas l’injure aux « braves » scribes de l’avenue de Ségur de penser qu’ils ne sont pas profondément convaincus de la justesse et de la légitimité de leur « combat » mais ceux des étages élevés, ceux dont on nous dit qu’ils sont là pour penser, l’élite quoi, sont-ils vraiment sincères ? Ne sont-ils pas tout bêtement en train de surfer, de profiter des peurs de nos concitoyens pour se pousser du col afin d’occuper le devant de la scène, passer à la télé comme un « vulgaire » pékin venant déballer ses malheurs chez Jean-Luc Delarue. Dans une société de l’émotion tous les amalgames sont efficaces car ils permettent de ratisser large, de toucher des populations très diverses. La mise en avant systématique du vin participe aussi à ce dessein : primo ça parle à l’inconscient collectif des Français, deuxio ça suscite de violentes réactions du monde du vin qui « montre » alors à l’opinion publique qu’il est un lobby peu sensible aux questions de Santé Publique. Nous pataugeons dans l’absurde : imaginez un seul instant la haute opinion de notre santé mentale collective que se seraient fait nos amis étrangers si la mesure envisagée avait été gravé dans le marbre de notre législation ?
Nous roulons vers le Château Smith Haut-Lafitte où sont présentés les Graves et les Pessac-Léognan. Nous devisons. Cette présentation des Primeurs 2008 sur fond de crise mondiale est inédite. Chacun retient son souffle depuis que la voix rare de Jean-François Moueix ait répondu à la question : « Peut-on imaginer qu'au printemps il n'y ait pas de ventes en primeur ? » par de sombres oracles : « On ne peut l'exclure. Les maisons de négoce qui ne peuvent pas s'autofinancer ou obtenir un crédit ne prendront pas leurs «allocations», les caisses qui leur sont réservées par les châteaux. Si trop d'acheteurs font défaut, il n'y aura pas de vente en primeur. Les propriétaires attendront que les vins soient élevés, mis en bouteilles pour les vendre. Or la vente en primeur est le cordon ombilical du négoce bordelais. Les châteaux vendent d'abord aux négociants bordelais, et seulement après au reste du monde. Si le négoce n'achète plus, adieu la place de Bordeaux, ses négociants et ses courtiers. » Pour ne rien vous cacher, au-delà de la pure découverte du millésime 2008, sonder les « reins et les cœurs » de tous les protagonistes de cette « fameuse place de Bordeaux » afin de savoir si une stratégie de la raison va s’élaborer et surtout se concrétiser, entre dans mes desseins. Lequel des grands aura le culot de sortir du bois, de donner le la. Des noms circulent, un surtout.

Mais n’anticipons pas.

 

 

Le Groupe de l'Alliance Radicale Européenne (ARE) était composé, entre 1994 et 1999, autour des radicaux français (liste Énergie Radicale conduite par Bernard Tapie), de radicaux italiens et de régionalistes de l'Alliance Libre Européenne (ALE) du 19/07/1994 au 19/07/1999 président : Catherine Lalumière PRG

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