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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 00:09

 

 

« Le repas mafioso est une liturgie (…) il revêt dans l’histoire de la Mafia, toute révérence gardée, une importance similaire à celle qu’il a dans les Évangiles : la multiplication des pains, les noces de Cana, la Cène » Pour Jacques Kermoal et Martine Bartolomei co-auteurs d’un petit livre de cuisine original « La Mafia se met à table » chez Babel 7,50€ raconte quelques-uns de ces repas « où se sont décidés le sort de quelques-uns, mais aussi des moments d’histoire. C’est ainsi que les noms de Garibaldi, de Cavour, de Mussolini, de Roosevelt, du maréchal Juin, de Vychinski, de Churchill, d’Enrico Mattei, du général Dalla Chiesa, surgissent entre deux coups de fourchette pour se mêler à ceux de Don Vito, Don Calogero Vizzini, Don Genco Russo, Vito Genovese, Lucky Luciano… »

 

« Les chefs de familles savent également être d’excellents chefs de fourneaux (…) Il s’agit là aussi d’une  tradition sicilienne, car dans cette île il est d’usage d’honorer ceux que l’on reçoit à sa table en leur disant : « Et vous savez, c’est moi qui ferai la cuisine. » Les restaurants jouent un rôle important dans la geste mafiosa. C’est dans un restaurant italien que Capone met au point les derniers préparatifs du massacre de la Saint Valentin. C’est au restaurant Scarpato, le meilleure table de Coney Island, que Luciano se débarrasse de Giuseppe Masseria, surnommé Joé le Boss, en le faisant descendre par ses tueurs le 15 avril 1931… »

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Don Vito revient de suite 1909

 

Je vous propose le menu du déjeuner privé à Palerme chez le député Petrani en compagnie de Don Vito Cascio Ferro où entre la poire et le fromage, ce dernier, premier empereur mafioso « s’essuya les lèvres et, posant sa serviette devant lui, s’excusa auprès de son hôte, le député Petrani, en disant : « Continuez, je reviens sans tarder…»

 

Pourquoi ce choix ?

 

Pour Palerme en 1909 « année bénie » qui « était encore la cité décrite par Lampedusa. Une ville de velours et de plantes verts où les carrosses, tirés par des attelages sélectionnés dans les meilleurs haras d’Autriche, emmenaient vers les amours inavouables ou des fêtes de légende les nouveaux riches et les aristocratiques survivants du Gotha bourbonien de l’ancien royaume de l’ancien royaume de Naples et des Deux Siciles. À la tombée de la nuit, les grandes avenues bordées de platanes et de palmiers voyaient passer les équipages de la gente per bene palermitaine qui, par tradition, venait se donner en spectacle entre dix-huit et vingt heures, chaque jour que Dieu faisait, à l’heure de la passagiata ».

 

Pour le nouveau venu « un certain Don Vito Cascio Ferro, natif d’une bourgade de la Province, la petite ville de Bisacquino(…) Pour ses deux lipizani gris-blanc attelés au tilbury gris et or qui « faisaient pâlir de jalousie la noblesse locale et jaser toute la ville (…) Celui-ci, « la cinquantaine juvénile »« n’avait cure de l’ironie de ces aristocrates qui vivaient les dernières heures de leur gloire fanée » Lui, lorsqu’il se présenterait à la Birrerria Italia, « le café réservé à l’élite palermitaine où il avait sa table retenue à l’année » la foule se précipiterait pour lui baiser la main. Don Vito Cascio Ferro « se moquait bien de cette noblesse décatie et de ces princes qui venaient lui demander de l’argent pour conserver un train de vie auquel leur fortune ne suffisait plus à faire face. Il connaissait au centime près l’état de leurs finances, presque aussi bien que l’anatomie de certaines de leurs épouses qui venaient le retrouver, l’après-midi, dans ses appartements de l’hôtel Sole. » Mais « issu d’une humble famille de paysans »« Personne à vrai dire, ne pouvait imaginer que ce seigneur, grand, distingué, était en réalité un criminel endurci, doublé d’un analphabète. »

 

Pour aussi « son très cher ami le député Petrani, amiciu di l’amici, c’est-à-dire un de ces parlementaires qui servaient d’intermédiaires entre l’Honorable Société et le gouvernement de Rome. » Don Vito Cascio Ferro, « premier empereur véritable de la Mafia, patron incontesté des trois quarts de la Sicile, y taxait toutes les sources de revenus. » même les amoureux qui, lorsqu’ils se promenaient sous les fenêtres de leurs bien-aimées, devaient payer a cannila, c’est-à-dire le prix symbolique d’une chandelle qu’un membre de la Mafia, en tant que chaperon appointé et éclairé, était censé tenir pour eux. »

 

Pour l’histoire bien sûr, que je ne vais pas vous raconter. Rien qu’une petite interruption de déjeuner « entre le fromage de chèvre de Caltanissetta et la cassate sicilienne » qu’il s’absenta pour une vingtaine de minute pour « un geste magnifique » de l’uminu di pansu l’homme de courage, qui régla son compte à l’intrus américain du FBI et qui, à treize heures quarante « plongeait sa cuiller à entremets dans la cassate napolitaine. »Bien sûr du député Petrani, en passant par son cocher et tout le personnel de la maison : majordome, valets de pied, soubrettes et gens de cuisine » « jurèrent leur grand dieux que jamais, Don Vito Cascio Ferro n’avait quitté le palais de son hôte. »

 

Jusqu’à son incarcération n 1923, il ne manqua en tout cas jamais d’aller chaque mercredi, quand il était à Palerme, déjeuner chez son bon ami le député Petrani(…)Naturellement, on y servait des rougets aux graines de fenouil, un agnelet nouveau-né en sauce et aux herbes des pentes volcaniques, des fromages de chèvre de Caltanissetta et cette merveilleuse cassate napolitaine, devenue palermitaine depuis le débarquement des Mille. Le tout arrosé parles merveilleux Velutirano dont les pentes de l’Etna ne produisaient que cent-vint barriques par an, et dont, bien entendu, Don Vito, qui en était propriétaire, se réservait l’entière production. Car comme l’affirmait un vieux dicton sicilien : « Déguster une goutte de vin de l’Etna est aussi agréable au cœur de l’honnête homme qu’une goutte de sang qui coule dans les veines de son ennemi. »

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Pour les histoires et les recettes il vous suffit d’acheter le livre de cuisine de Jacques Kermoal et Martine Bartolomei original « La Mafia se met à table » chez Babel 7,50€.

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 16:00

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Le Monde titrait en bas de première page de son numéro du 31 janvier « en Algérie, la prohibition assèche les bars » et toute la page 3 était consacrée, sous la plume d’Isabelle Mandraud à deux articles très intéressants  link et link

 

Quelques extraits :

 

« Plus aucun bar n'existe à Constantine. Ni à Chlef, Tlemcen, Batna ou Boumerdès. A Sétif, il n'en reste plus que deux. A Alger, réputée autrefois pour ses nombreux bistrots, une quinzaine seulement subsiste. Le 23 janvier, deux des plus vieux estaminets bien connus dans la capitale algérienne, la Butte et la Toison d'or, ont baissé leur rideau. Les uns après les autres, les bars vendant de l'alcool ferment, les points de vente se raréfient. L'Algérie glisse vers la prohibition. »

 

« Les débits de boisson étant souvent contraints de fermer dès 20 heures, ces réseaux prennent le relais à bord de véhicules-bars ambulants, ou, plus rarement, à domicile. La vente est furtive, les boissons sont dissimulées dans des sacs opaques, mais les rassemblements sont bien visibles et font mauvais genre. Dans la région de Sétif, un vendeur à la sauvette fait ainsi le tour des clients avec sa fourgonnette et son téléphone portable. Car la consommation, elle, ne baisse pas : elle reste stable, voire progresse même un peu.

 

En moyenne, selon l'APAB, les Algériens consomment 1,1 million d'hectolitres de bière par an, 500 000 hectolitres de vin, et 80 000 à 100 000 hectolitres de spiritueux. " Ces chiffres nous placent loin derrière le Maroc et représentent la moitié de ce que consomment les Tunisiens ", relativise M. Hamani. La fermeture des bars a généré de nouvelles habitudes. Dès le milieu de l'après-midi, le long des routes, des voitures s'arrêtent et leurs occupants boivent leur bière à même le capot. Sur les bas-côtés, des milliers de canettes en aluminium, non récupérées, sont ainsi laissées à l'abandon. " Si ça continue, cela va devenir un problème de santé publique ", soupire un distributeur. " Les gens ont appris à boire comme ça, à la sauvette. Ils ne cherchent même plus à aller dans les bars ", affirme M. Delabeche. »

 

« Les quelques débits de boisson qui exercent encore n'ouvrent plus leurs portes qu'à une clientèle d'habitués, triés par un gardien à la porte. Les pétitions de voisins contre la présence de bars ou de points de vente d'alcool dans les quartiers se sont multipliées. En septembre 2011, tout près du magnifique jardin d'Essai, au coeur d'Alger, un point de vente a été contraint de fermer ses portes sous la pression de la foule qui s'était rassemblée devant. Un autre a été saccagé et pillé à Belouizdad après une semaine de manifestations. Dans la commune touristique d'Aïn Bénian, de violents incidents entre jeunes ont été imputés à l'alcool.

 

Les fabricants locaux de bière ont toutes les peines du monde à recruter et des chauffeurs routiers ont refusé de transporter leurs marchandises. «  Certains salariés demandent à ce que l'on change l'en-tête de leur bulletin de paie, pour une autre marque de boisson gazeuse dans le groupe par exemple », indique Ali Hamani, président de l'Association des producteurs algériens de boissons. « C'est un monde d'hypocrisie », lâche-t-il. Propriétaires, grossistes, distributeurs réclament l'anonymat pour s'exprimer, non par crainte de représailles, mais « pour que les enfants ne soient pas embêtés à l'école ". Samir, représentant en marques de bière conseille à ses clients de ne pas jeter les emballages vides à côté des poubelles : " Les éboueurs ne les prennent pas. »

 

J’ai vécu deux ans à Constantine  sous le régime de fer de Boumediene, toutes les tentatives

de prohibition pure et dure : bière et vin ce sont soldées par des horreurs pour la santé publique. Et comme le rappelle Isabelle Mandraud « Ben Bella, le premier président algérien après l'indépendance, avait signé en 1963 un décret interdisant à tout Algérien de confession musulmane de boire de l'alcool. En vain. »

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 00:02

Dès que l’on aborde la Bourgogne par son versant terrien profond, là où des femmes et des hommes cultivent des produits d’exception, les moines cisterciens. L’Abbaye de Cîteaux, située entre Dijon et Beaune, fondée par Robert de Molesme en 1098, est le berceau de l'ordre cistercien et reste la maison-mère de l'ordre, toujours habitée par des moines cisterciens. Cette abbaye recèle de beaux vestiges du XVème siècle : le cloître des copistes (enluminures du XIIe, l'art de la reliure) et la bibliothèque récemment restaurés L'Abbaye de Cîteaux est aussi célèbre pour son fromage : le Cîteaux au lait de vache à pâte pressée, fruité, au goût de pâturage. Il s'achète directement au magasin de l'abbaye où les moines cisterciens perpétuent la tradition fromagère.

 

C’est donc à partir du lait d’un troupeau de 70 Montbéliardes vivant à la ferme de l’Abbaye qu’est fabriqué, deux fois par semaine, ce fromage parent du Reblochon mais en plus épais et plus fruité. Il est lavé et affiné en 4 à 6 semaines. « Un moment exceptionnel » s’exclame Philippe Alleosse !

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Ce matin pourtant je vais aborder la Bourgogne fromagère par sa star : l’Époisses qui tire son nom du village éponyme qui accueillait dès le XVIe siècle des moines cisterciens férus de fromages et producteurs de talent. L’Époisses fut introduit à la table de Louis XIV par le comte de Guitaut, Napoléon l’appréciait dit-on avec un verre de  Chambertin. Au congrès de Vienne en 1814 il obtint le deuxième prix du concours de dégustation. Enfin, comme vous le savez sûrement Brillat-Savarin lui décerna le titre de « roi des fromages ».

 

Très beau CV donc pour ce fromage qui est l’un des derniers à caillé lactique. Qu’est-ce à dire ? Tout simplement que la coagulation du lait de vache se fait avec très peu de présure : ce sont les bactéries lactiques à elles seules qui font le boulot pendant les 16 à 24 heures. Certains pourront le regretter mais après la Seconde Guerre Mondiale l’Époisses fermier a quasiment disparu. Il est produit par 3 fabricants et un producteur-fermier, qui collectent le lait : 16 millions de litres de 53 éleveurs, et commercialisent un millier de tonnes. Les races laitières autorisées sont la Brune, la Montbéliarde et la Simmental française.

 

L'Epoisses est un fromage au lait de vache entier, à pâte molle et croûte lavée, d'au moins 50% de matière grasse. Sa couleur, due à la pigmentation naturelle de ses ferments, est rouge orangé. Sa pâte, de couleur beige clair, est molle et souple et présente un cœur légèrement friable plus ou moins étendu selon la maturité du fromage. De forme cylindrique, il existe en deux formats : diamètre de 95 à 115 mm, pour un poids de 250 à 350 g, un autre plus grand de diamètre de 165 à 190 mm, pour un poids de 700 g à 1,1 kg.

 

Pour l’affinage, les fromages placés sur des planches de sapin sont frottés tous les deux jours avec de l’eau salée pour éviter qu’une mousse se forme qui empêchant le développement de bacterium linens responsable de la belle couleur orange de la croûte. Dans le dernier mois d’affinage, les fromages sont frottés avec une solution contenant du Marc de Bourgogne qui confère à L'Epoisses le supplément d’âme contenu dans l’esprit du vin.

 

Chez Philippe Alleosse www.fromage-alleosse.com ma référence fromage de haute expression, où l’affinage est un art subtil, celui qui donne ses lettres de noblesse à l’artisan, le Marc de Bourgogne est celui de la maison Jadot.

Donc ce matin j’offre, à vos papilles de fine gueule le fruit de la dégustation de 3 grands fromages Bourguignons que m’avait confié Philippe Alleosse :

-         un Époisses affiné au marc de Bourgogne Jadot,

-         un Affidélice affiné au Chablis

-         et un Aisy cendré sarments de vigne.

 

L’Affidélice de la maison Berthaut c’est tout comme l’Époisses mais en plus car il est affiné au Chablis ce qui lui apporte encore plus de finesse. Il et il est vaporisé de Chablis 1 fois par semaine pendant les 6 semaines de son affinage qui doit l’amener à être crémeux à cœur. « Un mariage subtil » selon Philippe Alleosse. 

Bouquet-007.JPGL’Aisy cendré est sûrement le moins connu des 3 bourguignons mais c’est incontestablement une vraie pépite à découvrir. Il est recouvert de cendres de sarments de vigne. Très fin grâce à un affinage optimisé de 6 à 8 semaines il garde comme ses deux autres compagnons un beau caractère. Il est crémeux et onctueux

 

La petite bande assemblée chez Antonin et Samia, Eva, son petit frère Charly et son homme Laurent, accompagné d’un vrai fondu de fromages Guillaume, représentait un bel échantillon représentatif de l’avenir des produits de bouche à fort caractère. Hormis qu’une belle ligne de quilles ne leur fait jamais peur, et ici les 6 d’Olivier de Moor n’étaient pas là pour faire de la figuration, nos larrons sont de fines gueules qui ne rechignent jamais devant une nouvelle expérience. Détail important, que j’ignorais au départ, le plus jeune : Charly avouait une forte prévention vis-à-vis du fromage. Dernier point : un dernier  fromage venait couronner notre dégustation mais son nom ne sera pas révélé ce matin car il vaut à lui seul une chronique. Suspens donc !

de-Moor-002-copie-1.JPG Nous commençâmes par les De Moor : Aligoté 2009 puis Saint Bris 2009 qui passaient leur examen de passage Vindicateur. J’ai adoré, comme l’ensemble de la petite bande, le Saint Bris. Laurent laconiquement fait remarquer : « ça ne crache pas beaucoup ! »

 

Le temps était alors venu avec les 4 Chablis restants (Bel Air et Clardy et l’Humeur du temps 2009) de s’attaquer d’abord à l’Époisses puis à l’Affidélice. Ma voisine Eva s’extasiait, Samia appréciait, Charly se risquait, Laurent ne demandait pas son reste, Guillaume se délectait, seul Antonin tout a sa tâche de Vindicateur noircissait ses fiches. Une unanimité qui n’avait rien de façade s’exprimait soulignée par le soin à ne laisser aucune trace dans les  deux boites. J’osais une remarque ôsée sur les senteurs des bouts de nos doigts. Restait l’Aisy cendré pour lequel Laurent éprouvait une forte prévention due à une expérience malheureuse de la consommation récente de ce fromage. Guillaume addict de l’Aisy cendré ramait pour le convaincre. Nous attaquions le dernier des bourguignons. Verdict sans appel : du grand, et surtout bravo à Philippe Alleosse. Même Charly, passé le temps de la réticence, avouait que si c’était ça le fromage il voulait bien aller plus loin. Quant à Laurent il avait donné sa langue au chat et contribuait sans réticence à la destruction gustative de cet Aisy cendré.

 

Après ce fut l’autre, l’inconnu transalpin mais je vous en parlerai demain ou après-demain. Tout ce puis écrire c’est qu’Eva se transforma en arme de destruction massive de ce fromage exceptionnel. Puis Samia, en maîtresse de maison attentionnée, présentait le gâteau au chocolat sans farine de Pierre Jancou confectionné par Guillaume, et le découpait pour que nous attaquions aux Juchepie d’Eva. Nos carburateurs carburaient encore à l’optimum et nous terminions nos agapes fromagères en beauté. Je promettais à Guillaume de l’amener rue Clairaut pour visiter les caves de Philippe Alleosse. Les 3 de Montreuil s’emmitouflaient et toutes chapkas dehors fonçaient vers le dernier métro. Belle soirée chez Samia et Antonin. 

 

En avant-première, les notes (finales, recalculées, "vindiquées") des de Moor !link

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 00:09

300px-Chapelle-Gaudrelle.JPGQuand j’aime je ne compte pas mais je conte ! Alors pour Vouvray, le Vouvray, les Vouvray et les vignerons qui les font rassurez-vous je ne vais pas vous chanter une chanson mais ce matin troquer ma plume pour celle d’un autre et faire comme si, à bicyclette, avec une nuée de copines emmitouflées « Pour aller à Vouvray, nous quitterions Tours par ce chemin ravissant qui emprunte la rive droite de la Loire, en suivant l’étroite laisse d’alluvions sur laquelle se dresse, toute droite, une colline percée de grottes en parties habitées ; revêtues de vignes et de parcs, elle est soulignée d’imposantes ruines : celles de l’abbaye de Marmoutiers, ou celle du château de Rochecorbon, d’où la tour de guet surveillait la Loire. Des villages s’ouvrent dans la falaise, des sources y ont creusé des ravins. À l’issue d’un de ces ravins, c’est Vouvray. »

 

Dans notre petite bande d’adeptes de la petite reine nous avions une Reine, dont je tairais le nom pour ne pas la compromettre, qui nous a dit : « Ici, le vignoble est établi sur un sol particulièrement propre à la vigne, qui est plus généralement argilo-calcaire et presqu’uniquement planté en gros pinot chenin greffé. Il donne ces vins dont on fait grand estime pour la délicatesse de leurs bouquets fruités. Ils son un don de la nature, mais la science du vigneron et sa conscience y ajoutent ce qui est peut-être l’essentiel de leurs mérites. »

 

Mais notre Reine a aussi, accroché à ses basques, une douairière, une duègne comme on en trouve dans nos belles dégustations parisiennes, des mesdames qui savent tout. Celle-ci, rajustant vaillamment sa mise en plis mise à mal par le vent, nous harangua « Les vignerons travaillent leurs vignes, préparent et soignent leurs vins avec une intention jalouse, et plus en artistes qu’en producteurs avides de profits. C’est à qui aura les ceps les plus verts et les plus vigoureux, avec les plus beaux fruits. C’est à qui pourra présenter le vin le plus fin et le plus distingué. Une réelle émulation les pousse à toujours mieux faire ; elle se transforme parfois en une véritable rivalité de propriétaire à propriétaire et même de commune à commune. Cette rivalité s’est révélée particulièrement ardente lorsqu’il s’est agi de délimiter l’aire géographique du Vouvray. »

 

Les filles pouffent. La duègne prend un air pincé. Alors pour détendre l’atmosphère, une petite boulotte, toute tachetée de son, se hisse sur un petit surplomb « Le village de Vouvray dont le nom est devenu si populaire, n’est que viticole ; situé au bas  de son coteau, il n’a d’autres annales que celles de son vignoble ; elles  suffisent à son ambition. Ses maisons sont groupées avec agrément autour de son clocher trois fois centenaire. Là encore les caves sont pittoresquement taillées dans le tuffeau et réputées pour leur aménagement et leur grandeur. Sous l’une d’elles, située dans le bourg même de Vouvray, des voitures peuvent aisément circuler. Ces dispositions troglodytes, qui ouvrent des horizons sur la vie de nos ancêtres des époques préhistoriques, s’associent si docilement avec le confortable des exigences modernes que c’est à peine si l’on y est frappé du contraste. »

 

Trêve de bavardage « nous entrons à Vouvray, dans un de ces domaines où un peintre de théâtre n’aurait qu’à copier ce qu’il aurait sous les yeux pour planter un décor pittoresque à souhait. La porte d’entrée, à claire-voie, ouvrant de la rue sur la cour intérieure et fleurie, a des façons de cottage. C’est, d’un côté, la maison d’habitation d’une rusticité élégante, et dont la terrasse donne sur le moutonnement des ramures et la verdure des vignes ; de l’autre côté de la cour c’est la falaise crayeuse à pic ; les bureaux s’ouvrent dans le rocher, et leurs parois sont des pierres frustes. Des escaliers intérieurs taillés dans le roc conduisent, d’étage en étage, au sommet. On sort des entrailles de la terre pour se retrouver en belle lumière, dans un vignoble d’un vert vigoureux, étalé d’un seul tenant. En redescendant par quelque trappe, on retombe dans des caves hautes et profondes, à l’abri des variations de la température et de l’humidité ; elles ne sont pas sans rappeler celles de la Champagne, et l’analogie est surtout frappante là où le Vouvray, qui incline, par première intention, à pétiller, est rendu mousseux à la façon que le cellerier enseigna aux vignerons champenois. »

 

J’arrête là de vous mener en bateau sur mon beau vélo. Partis emmitouflés nous sommes passés sans barguigner à l’été car tout bêtement le taulier a surfé sur le texte de Georges Montorgueuil écrit en 1927 pour la maison Nicolas. Bien sûr il ne s’agit là que d’une belle entrée, en matière, car dès que mes vaches me laisseront un peu le temps de souffler, je vous conterai sans compter mon morceau d’histoire avec les vignerons de Vouvray, chez moi, à Paname, du côté de la Butte où le Lapin est agile, le Moulin de la Galette et où le dialogue entre le Nord et le Sud s’établit grâce au talent conjugué d’Antoine Heerah qui sait si bien conjuguer les vins de taffetas avec les saveurs lointaines. Normal nous sommes au Chamarré… À bientôt donc sur mes lignes pour un périple aux parfums de la Compagnie des Indes.

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 17:00

Alain de Greef, l’ex-Directeur des Programme de Canal+ historique qui, après un mai 68* passé en pantoufles (il s’était cassé un pied en tombant sur un protège-arbre)  et avoir fait des études qualifiées par lui de « lamentables, de sociologie à la Sorbonne, tenté l’IDHEC l’ancêtre de la Fémis, s’être rabattu sur une école bidon, passe le concours d’entrée à l’ORTF en 1971. « Je n’avais aucun talent particulier, ni intellectuel ni manuel,  et donc le cinéma et la télé ça paraissait bien. »

 

Donc alors qu’il est peinard à l’ORTF l’arrivée de Pierre Desgraupes en 1981 avec Pierre Lescure « aux divertissements « Christian Dutoit, à l’époque responsable de la production d’Antenne2, s’est dit qu’on devait s’entendre et nous a demandé de travailler ensemble. On s’est vu la première fois au Sancerre de l’avenue Rapp (Antenne2 était juste à côté), et on y a très logiquement commandé du Sancerre, du rouge, Pierre est resté fidèle au rouge, moi depuis ma radiothérapie, je bois plutôt du blanc… On a bu quasiment trois bouteilles, c’était bien parti ! En gros, on a vu qu’on appartenait à la même culture – même si lui était plus rock, plus intéressé par les États-Unis, et moi plutôt pop, plus Angleterre. On a commencé à bosser sur des émissions, et à passer de plus en plus de temps ensemble. Très rapidement, il n’y a plus eu de discontinuité entre notre vie privée et le boulot ; ça s’est bien sûr amplifié au moment de la  création de Canal+. »

  • « Ce qu’il y avait de formidable, c’est qu’i faisait très beau : le mois de mai était magnifique, comme un mois de juillet, et boulevard Saint-Michel, tout le monde parlait dans la rue. »
  • Au temps de Messier où les réunions de direction se faisait en anglais car le directeur financier était américain. Refus de de Greef. Lescure lui disait « Mais Alain, tu parles bien anglais ? » - Oui, mais pas en France ! À une réunion de Canal+, je parle français ! Y’a quand même des limites à ce qu’on peut accepter dans la société française ! »
  • « Moi, c’était plutôt le rouge : le Bordeaux, le Côtes-du-rhône… C’est Hervé Chabalier (fondateur de l’agence CAPA connu pour son livre Le dernier verre pour la route) qui m’a expliqué qu’en fait j’étais un ivrogne, pas un alcoolique… Je n’ai pas un comportement addictif. Il m’arrive de boire un verre pour certains repas, et de m’arrêter là. »

Extrait de l’entretien accordé à Christophe Ernault & Laurence Rémila dans le n°2 de Schnock la revue des Vieux de 27 à 87 ans.

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 00:09

Même si je ne pousserai pas la provocation jusqu’à proclamer « Vive la crise ! » comme l’avait fait Yves Montand en 1984 link je suis de ceux qui, comme le Pousson des Corbières et de la Catalogne réunies, estime que le seul antidépresseur qui vaille, qui fait du bien au corps, au cœur et à l’âme, en ces temps de morosité, c’est la, ou les, belles quilles « dézinguées » entre amis. Alors, lorsque que notre Eva altière, conquérante, monte sur le tonneau pour proclamer, à la suite du Guillaume le Conquérant des belles « fillettes natures »*, que la patrie des bons vivants est en danger, qu’il faut, toujours et encore, se laisser aller aux petits plaisirs, le Taulier secrétaire autoproclamé de l’ABV crie ollé ! Oui phoque la crise ! Je me rallie à son panache blanc. J’enfourche mon fier destrier noir et je vais m’asseoir pour boire en savourant sa chronique de février.

  • Notre ami Guillaume se fait des « fillettes » au sens du grand historien Marcel Lachiver qui dans son Dictionnaire des mots du passé : « en Anjou, et dans bien d’autres provinces, le tiers de la pinte, du litre, la moitié de la bouteille, de 30 à 35cl environ » Ouf ! photo Eva

 

La crise. On commence à savoir qu’on a les pieds dedans. Et on n’a pas fini d'en bouffer. Les médias, les gens aussi, nous le rabâchent assez pour qu'on ne l'oublie pas, ne serait-ce qu'une seconde. Et c’est loin de s’arrêter. On en ingurgite tous les matins, tous les soirs. Le fait est que tout cela entretient une ambiance morose, complètement négative et pas franchement encourageante. On est bougon, de mauvais poil, angoissé, parano. Alors quoi? On doit se laisser envahir par cette ambiance, se laisser mourir au fond de son fauteuil et ne plus sortir de chez soi? Ne plus rien dépenser de peur de culpabiliser d'avoir trop dépensé?

 

Non ! Mince à la fin !

 

Au contraire, permettons-nous de temps en temps des petits plaisirs, qui nous font respirer un peu et apprécier la vie surtout. Des petits plaisirs gourmands, qui nous sortent de notre torpeur négative quotidienne pour nous régaler et nous faire un peu positiver. L'idée d'un luxe anti-crise ne vient pas de moi, rendons à Guillaume ce qui lui revient. C’est Guillaume, du blog Du Morgon dans les veines, qui a commencé cette série en octobre 2010 (oui déjà). link Proposer des plans luxe anti-crises pour continuer à se faire plaisir tout en restant raisonnable, j'adhère. link  Guillaume en a déjà parlé, mais il est parfois bon de revenir sur les bonnes choses, surtout quand elles viennent de Loire.

 

Jo Landron, viticulteur du Muscadet à succès et à moustache, fait de très bons Muscadets. Des à-boire-maintenant et des à-conserver-au-frais-dans-sa-cave. Mais il est aussi l’auteur d’une quille fort sympathique, Atmosphères.  Atmosphères, c'est la bulle qu'on ouvre sans complexe, pour fêter quelque chose ou simplement pour prendre un apéritif entre amis. Avec deux cépages, folle blanche (80 %) et pinot noir (20 %), ces sont des bulles assez fines qui viennent nous chatouiller la bouche tout en réveillant furieusement notre palais. Ça bulle agréablement, c’est vif, c’est agréable, ça appelle immédiatement un autre verre. Les arômes et la fraîcheur des bulles surprennent tout le monde.

Atmospheres-de-crise.jpg 

Et alors ces bulles, on peut se les acheter à un prix tout à fait raisonnable. 7 € chez le producteur, 10 € en caviste (prix à-peu-prèstiste). Le bon plan idéal pour se faire plaisir à moindre coût, sans se résigner à boire du moins bon. Alors sortons un peu de notre morosité, allons papoter un peu avec un caviste sympa (là, en l’occurrence, c’était Mikael de Crus et Découvertes, sympa et avec une sélection qui fait chauffer ma carte bleue), invitions quelques copains, préparons quelques cochonnailles (les bons plans cochonnailles, c’est chez Guillaume que vous les trouverez) et trinquons !

 

À la bonne vôtre et f*** la crise !

 

PS : Précision importante : cette bouteille se déguste aussi très bien hors période de crise !

Domaines Landron Les Brandières 44690 LA HAYE FOUASSIERE

Tel  : +33 2 40 54 83 27

E mail : domaines.landron@wanadoo.fr

http://www.domaines-landron.com

 

Crus et Découvertes 7, rue Paul Bert 75011 PARIS Tel  : +33 1 43 71 56 79 Métro Faidherbe-Chaligny

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 00:09

Ouille, ouille, Jacquouille, je vais encore me faire des copains dans le landerneau des guides. Pensez-donc, dans le dernier numéro du magazine Challenges dans un face à face étrange avec une star de la haute-cuisine Alain Dutournier, je suis présenté comme une arme de dissuasion massive contre les guides de vin.


Moi je n’ai jamais dit qu’il ne fallait pas en acheter. Moi, bien au contraire, j’aime plus que tout le travail Jacques Dupont Merveilleux du Vignoble même si je le titille sur ses bouches tendues ; je considère, n’en déplaise à certains, que Michel Bettane est une référence et l’un des meilleurs dégustateurs qui soit ; que le grand Bob est aussi une belle pointure avec sa stratégie de businessman ; que l’équipe de la RVF est d’excellente facture.
Donc, j’espère que mes éminents confrères ne viendront pas me chercher des poux sur la tête car je n’en n’ai pas et je n’en ai jamais eu.  Bref, comme je suis totalement transparent je vous relate comme cette interview s’est déroulé.
 

 

1e acte : La demande
 

 

Bonjour
Je me permets de vous contacter dans le cadre d'un article sur les guides de vin (Bettane & Dessauve, Hachette, Revue du vin de France, Parker...).
Serait-il, en effet, possible de vous interviewer par téléphone (15 à 20 minutes) dans le cadre d'un petit témoignage sur ce sujet .Comme amateur et fin connaisseur utilisez-vous ces guides ou pas du tout ?
Quelles sont selon vous les avantages et les inconvénients de ces guides ?
Trouvez-vous  le langage utilisé abscons et prétentieux ou au contraire accessible ? Ces guides sont-ils bien faits ?  Avez-vous une préférence pour l'un d'entre-eux ? Préférez-vous faire confiance à une connaissance pour choisir vos vins plutôt qu'à cette littérature de spécialiste ?
Merci pour votre aide
Respectueusement
Jean-Pierre de La Rocque
Challenges
 

 

2e acte : Ma réponse
Bonjour,
Je veux bien répondre à votre interview à propos des guides cités mais il me sera difficile de porter une appréciation sur eux car je ne les utilise pas. Ce qui ne signifie pas qu'ils fussent mal fait mais tout bêtement parce que je n'éprouve pas le besoin de me référer à un guide papier.
Bref mon téléphone est le 06 80 17 78 25 si ça vous dit.
Bien à vous
JB
 

3e acte : interview au téléphone
 

 

4e acte : le tête à tête Alain Dutournier et du Taulier

Bouquet-021.JPG
Mon commentaire
 

Comme vous le savez je n’ai que peu de goût pour les notes et pour le vocabulaire de la dégustation. C’est ce que je me suis contenté de répondre au journaliste. D’ailleurs Dutournier évoque lui aussi « un style parfois hermétique ». Il donne d’ailleurs une bonne définition de l’acheteur de guide : celui qui ne veut pas prendre de risques. Comme lui j’adore prendre des risques et je ne me balade pas bardé de guides de ceci ou de cela. Ce n’est que mon choix qui comme je l’ai écrit en préambule ne remet pas en cause la qualité du travail des dégustateurs cités.
 

 

Je revendique le droit de privilégier le côté critique de vin, ce que j’appelle une approche plus émotionnelle, à celui de notateur-commentateur de vin. Cependant un bon critique doit, bien sûr, s’appuyer sur une solide expérience et une belle culture du vin sans pour autant l’étaler. Tout ce que je souhaite c’est que les Guides aient beaucoup plus de lecteurs qu’ils n’en ont car, en cela, ils participeraient, bien plus qu’ils ne le font, à l’extension du domaine du vin. La Toile peut les y aider : j’ai assisté récemment à de beaux échanges, lors d’une dégustation, entre Michel Bettane et Fabrice Le Glatin l’animateur de Vin sur Vin. La pollinisation croisée est bien plus fructifère que les cultures sous serres.
 

 

Dernier point à souligner : si je n’utilise pas de guides j’en reçois donc je suis en mesure de porter une appréciation sur leur contenu.  
 

 

Le journaliste a assez bien rendu mon verbiage mais alors pourquoi me flanquer sous un titre pareil : DISSUASIF ?

 

Suis-je étiqueté ad vitam aeternam comment étant ABRASIF ? Le tampon JEX du vin, merci très peu pour moi…

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 11:52

Bouquet-022.JPG

Vincent Pousson est un merveilleux allumeur de mèches et, comme je suis de mèche avec lui, même le dimanche je me laisse entraîner sur ses sentiers non balisés ou sur les chemins vicinaux chers à notre ami commun François des Ligneris. Bref, j’avais lu l’édito de Vitisphère « des blogueurs et des journalistes » link, non signé, mais qui portait la trace évidente de Michel Remondat. Mon sentiment a fort bien été traduit par Ophélie Neiman, la célèbre Miss Glou-Glou, sur le mur Face de Bouc de l’ex SBF Vincent Pousson : « Bon sang qu'est-ce que moche de pondre un édito aussi mauvais dans un journal! C’est bien la preuve qu'un « journaliste » peut rédiger (et publier!) des chroniques plus lamentables que ne le ferait un blogueur: zéro source, zéro info fiable, zéro objectivité, zéro... « Déontologie », pour reprendre un terme lu plus haut. Un texte écrit en 5 min sur un coin de nappe après un repas... et qui en plus pontifie et donne des leçons : pitoyable. L'édito nous parle d'un « drame » (!) probable et à éviter. Mais drame pour qui? Le lecteur? Le consommateur? Le vigneron? ... ou drame pour le pré carré de l'auteur ? »

 

Donc pas la peine de chroniquer me suis-je dit ! Mais c’était sans compter sur notre Ryan O’Connell, qui tire plus vite que son ombre. Dans sa langue maternelle il répondait, point par point, de façon très professionnelle, à l’édito de Michel Remondat.link Sans être mauvaise langue je me suis dit qu’une majorité des habitants de notre beau pays souffrait d’une grave et rédhibitoire allergie à la langue anglaise, tout comme d’ailleurs beaucoup de pratiquants de l’anglais ne savent pas aligner deux mots de français. Donc j’ai demandé à Ryan une version française de son texte. Ensuite je vous livre toute chaude la réponse de Michel Remondat publiée sur le mur du Sieur Pousson l’arpenteur de vin

ryan-barrel-room.jpg 

Les simples consommateurs de vins sont-ils qualifiés pour partager leur opinions?

 

C'était avec un petit choc que j'ai lu l'édito dans le dernier Vitisphère qui termine avec cette petite conclusion:

 

« Enfin, il faudra accepter une certification des acteurs de la critique, de la notation, par une Autorité, sinon les technologies du numérique pourraient imposer la dictature d’une démocratie virtuelle. 

La Dictature d'une Démocratie ? »

 

Mon premier réflexe est de dire que l'édito est un peu ridicule.  Finalement, les consommateurs savent ce qu'ils aiment et ils sont spécialement qualifiés pour être prescripteurs et de décider quoi acheter.  Mais donnons l'édito sa chance pour convaincre.  Quelles sont les pires qualités d'un monde sous la « dictature d'une démocratie virtuelle? »

Je suppose qu'il y a un risque de se trouver dans un monde où les vignerons essaient de faire des vins oubliables et inoffensifs que personne ne déteste (mais que personne n'adore non plus).  Comme je l'ai déjà mentionné sur un autre article du blog de mon Domaine, je ne souhaite pas voir cela!  Et il ne faut pas dire c'est de la paranoïa car des grand volumes de vins sont déjà produits de cette manière. 

 

Et la musique à la radio est sélectionnée d'une manière assez proche ou le monoplage n'est presque jamais la meilleure chanson de l'album.  C'est juste celui qui déplaît le moins tout en étant un peu entraînant (mais pas trop entraînant!)  Cela rappelle des histoires ou les grandes boites de distribution font jouer l'album pour un groupe test et choisissent après le single avec le score le plus moyen au lieu de la chanson que certains adorent et d'autres détestent.

Citons le vote du  « Design a Sam Adams Beer » qui démontre que certaines boissons recherchent d'être littéralement sous une dictature de la démocratie. Et c'est vrai que c'est un peu n'importe quoi. 

 

Par contre cet édito a une sorte de nostalgie pour une période passée où toutes les poches étaient pleines de francs et tous les verres remplis de bon vin.  Mais honnêtement, il y a toujours eu des vrais vignerons et des producteurs qui cherchent à faire des vins de grandes surface (mais pas de grands plaisirs).  Il y a même un moment où j'ai l'impression que l'édito suggère que la baisse en consommation est faute d'un manque de voix d'autorité dans le journalisme du vin:

 

« Et au 3ème et dernier acte, disparition de l’art de la critique du vin… Perdu par la multiplicité des références, des origines, des prix, le consommateur perd confiance et se protège en réduisant ses achats de vins ! »

 

Cela me semble un peu fou. Les gens boivent moins en France à cause d'un manque de confiance dans leur habilité à choisir la bonne bouteille?  J'ai mes doutes. La consommation diminue parce qu’on a peur de souffler dans le ballon. Ou parce que les cocktails gagnent en popularité.  Ou même parce qu'il y a plus de choix autre que le vin (on ne buvait pas de Red Bull il y a 20 ans).  Il y a maintes raisons à une baisse de la consommation de vin. Il n'y a pas de raison de croire que cette baisse de la consommation est liée à un manque de confiance du consommateur. Un manque de confiance qui existe d’ailleurs aussi dans les pays ou la consommation augmente.

 

De plus, je ne suis pas convaincu que la croissance des blogs ou la perte de voix de l'Autorité sur le vin, peuvent faire baisser la confiance du consommateur. Au contraire, j'imagine que la notion que n'importe qui peut publier une opinion sur l'Internet rendrait plus de confiance aux consommateurs qui pourraient être intimidés dans un monde où il existe des voix certifiées dont ils ne trouvent pas toujours le temps de découvrir. Je crois que le consommateur aurait plus de confiance dans un monde où la seule chose qui compte est son opinion personnelle et celles des personnes avec qui il partage sa bouteille.

 

De toute façon, je commence à perdre le fil de cet édito.

 

Mon expérience dans la communication égalitaire

 

Une des meilleures choses qui s’est passé pour mes vins c'est l'interface client de mon importateur au Royaume Uni, Naked Wines.  Les clients qui achètent mes vins peuvent laisser un commentaire sur le site.  C'est aussi simple que ça.  La majorité ne se considère pas comme blogueurs, gourous, ou experts.  Ils font simplement une petite revue pour les amis.  La plupart mettent un simple oui ou non à la question « rachèterez-vous ce vin? », et d'autres écrivent des petits commentaires.

 

Au début de ma jeune carrière comme vigneron je me disais qu'aucun critique ne pouvait influencer ma philosophie de vigneron ou le style de mes vins.  Mais une fois que les clients sont devenus critiques... j'ai un peu changé d'avis. Quand des milliers de gens goûtent mon vin et des centaines d'entre eux me laissent une note honnête et détachée de publicité et sans inquiétudes sur la circulation ou les impressions de leurs écrits, ça fait du bien.  J'aime alors entendre ce qu'ils ont à dire. Bien sûr, il faut toujours faire du vin qu'on aime boire.  Mais je veux bien prendre en compte le fait que des centaines de personnes préfèrent le Trah Lah Lah 2009, un peu moins tannique que le 2008. Cela me donne confiance pour faire dans le futur un assemblage plus raffiné si ça me dit de le faire. 

 

Et bien entendu il faut éviter de fabriquer des vins inoffensifs qui passent pour tout le monde sans vraiment faire plaisir à personne.  Mais en même temps, est-il si terrible de prendre en compte l'opinion de mes clients (qui eux boivent un peu plus de mes vins que la majorité des journalistes)?  Et je suis donc heureux qu'ils peuvent partager leur opinons sur le net, indépendamment de ce que les autorités certifiés veulent dire.

 

Qui donne l’autorité aux autorités?

 

Et la dernière chose que je ne comprends vraiment pas : qui pourrait donner l’Autorité aux critiques? L'édito suggère:

 

« Pour éviter le drame, journalistes et éditeurs, du papier ou du numérique, devraient se réunir pour redonner un sens au journalisme du vin, redéfinir l’art de la critique. »

 

Si tous les journalistes et éditeurs du papier et du numérique se rassemblent pour décider comment on peut écrire sur le vin, cela  inclura tous les blogueurs et réseaux sociaux qui font tant trembler dans le reste de l'édito !

 

Et pourquoi avons-nous cet impératif pour définir l'art de la critique?  Est-ce que c'est véritablement pour donner plus de plaisir aux consommateurs ?  Ou pour donner plus de confiance au consommateur qui doit choisir une bouteille au restaurant?  Honnêtement, l’idée est terrifiante qu'il y a des spécialistes certifiés qui ont des opinions plus valides que celle de chacun de nous a la table.  Je ne veux pas me sentir coupable pour n'avoir pas lu toutes les opinions expertes qui ont été publiées avant d'acheter une bouteille recommandée par un ami.

 

Non, je suis bien à l'aise dans la dictature de la démocratie.  Finalement, on est peut-être bien dans le meilleur des mondes. »

indexRemondat.jpgMichel Remondat

 

Bonjour Vincent

 

Merci de m’avoir invité hier soir. Je suis rentré tard. Il n’y a pas que le vin et le Web dans la vie ! Difficile de répondre à tous ces mots et à toutes ces phrases. Ceci n’est pas une réponse, car je respecte trop les opinions de chacun. Juste quelques explications :

- Je m’intéresse depuis longtemps au vin, plutôt aux vins, mais ce que j’apprécie le plus ce sont les gens du vin.

- Un édito en 10 ou 15 lignes est forcément réducteur. Je regrette d’avoir offensé tes amis. Chaque semaine, Vitisphère essaie d’attirer l’attention des professionnels du vin sur un point, qui pèse ou pourrait peser, changer l’évolution de l’économie du vin. Je défends l’idée que les éditos ne soient pas signés car je préfère le nous au je.

- Le vin est aussi et surtout une activité économique, créatrice de valeurs. C’est précieux. Vitisphère a démarré il y a plus de 10 ans. Nous avons créé 12 emplois, sans subventions, grâce seulement aux efforts de l’équipe. Nous sommes très attentifs à ces notions d’économie, d’indépendance.

- A propos de « journalistes et bloggeurs ». Je ne suis pas journaliste, mais comme tout le monde, je constate les difficultés de la presse du vin. Il serait dommage que ce métier disparaisse. Vitisphère est du côté du numérique, et nous savons très bien qu’il y a du talent, de l’avenir et même de la modestie chez les bloggeurs.

Le vin n’est pas une œuvre d’art (même si certains défendent cette idée) dont la valeur serait corrélée à la force de la critique. C’est un produit qui permet aux vignerons, aux négociants de « gagner leur vie ». C’est un produit commercial avec des contraintes techniques, œnologiques, de marketing et il faut de la formation, de l’apprentissage, de l’expérience pour l’évaluer.

Pour ceux qui croient à l’avis des consommateurs donné sur Internet. C’est vrai ça fonctionne pour l’hôtellerie, pas sûr que ça fonctionne pour le vin !

- Enfin, si j’ai parlé de « certifier les certificateurs », c’est parce que j’ai pensé aux agences de notation et leur AAA. C’était un peu osé et ironique !

- Pour finir : Depuis deux ou trois ans, les attachés de presse des salons de vins se flattent d’organiser un « autobus de bloggeurs ». Autobus et bloggeurs, vous ne trouvez pas ça choquant. C’était le point de départ de l’édito !

 

Michel REMONDAT

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 00:09

La RVF qui a, ses petites et ses grandes entrées, après nous avoir convié au Bristol pour la remise de ses trophées de l’année 2012, ce dernier dimanche de janvier a traversé la rue du faubourg Saint-Honoré pour nous convier au dîner donné jeudi soir en l’honneur du nouveau président ivoirien Alassane Ouattara. Nous avons droit au menu « Après le carpaccio de homard breton, le moelleux de volaille à la truffe fraîche et le dessert au chocolat noir… » La photo qui illustre l’article est du JDD.

 

Outre que, bien sûr, la vieille dame du vin s’intéresse aux vins servis à la table présidentielle link ce qui a accroché mon regard acéré de défenseur patenté de la France des terroirs c’est la remarque suivante « certains convives auraient peut-être apprécié un peu de fromage, cette spécialité si française qu'on trouve difficilement en Afrique. Mais l'absence de cet aliment calorique n'étonne guère à la table d'un président soucieux de sa ligne. »

Bouquet-018.JPGLa RVF, très impertinente pour une dame en permanente, a même sous-titré : PRIVÉS DE FROMAGE. J’approuve et je signe et je soussigne à cet accès d’impertinence au service des grands fromages de France (je ne suis pas franchouillard pour autant je suis aussi laudateur sur ceux de nos voisins : voir ma chronique sur le Castelmagno link). Si nous souhaitons que nos éleveurs de vaches, de brebis ou de chèvres vivent de leur métier dans des pays pas faciles encore faut-il qu’ils valorisent leurs litres de lait. Et qui, mieux qu’un vrai fromage, d’appellation ou non, est en mesure d’apporter cette valeur à ce que les chantres de l’authenticité appellent le terroir. J’ai toujours eu coutume de répondre à ceux qui se lamentaient sur l’exode rural et qui prônaient le maintien des paysans : vous voulez les attacher ! La seule accroche à la terre pour un paysan, un vigneron, un éleveur, c’est la capacité de cette terre à le faire vivre normalement. Tout le reste n’est que propos de salon sans contenu, sans lien avec la réalité. Allez donc en parler aux 70 producteurs de lait du Forez qui contribuaient à la fabrication de Fourme de Montbrison. link

 

Pour autant je ne vais pas faire tout un fromage de l’absence de fromages à la table du Président mais me contenter de chroniquer à la mode du taulier, soit un joyeux mélange de légèreté et de gravité.

 

Tout d’abord je pose la question à Denis Saverot : qui c’est qui de chez lui qu’était invité à l'Élysée ? Mon petit doigt me dit que je sais qui c’est mais je peux me tromper.

 

Ensuite, signe du destin, jeudi dernier, alors que je chevauchais mon fier destrier sur l’esplanade des Invalides vide de voitures et pleine de police, un motard du même modèle que celui qui a buté sur une passant de l’avenue du Gal Leclerc alors qu’il ouvrait la route à une sous-Ministre soi-disant pressée, m’intime l’ordre de stopper pour éviter que j’obstrue la chaussée qu’allait emprunter le cortège officiel d’Alassane Ouattara. Ce fonctionnaire de police zélé s’est cru obligé d’ajouter « que cela vous plaise ou non… » Pourquoi m’apostropher ainsi, je n’avais strictement rien dit, même pas protesté ? Après ces messieurs se plaindront d’être des mal-aimés, qu’ils arrêtent de se prendre pour des Rambo sur leurs motos ! Par bonheur, un agent tout proche m’a gentiment dit « ils arrivent, ça ne va durer que quelques minutes… » J’ai répondu « que j’avais toute la vie devant moi… » Quand est-ce que nos gouvernants comprendront – j’exclus le cas des visites officielles – que nous les parisiens cyclistes en avons ras-le-bol des voitures, dites officielles, à vitres fumées qui roulent à tombeaux ouverts, deux tons hurlant, alors que 90 fois sur 100 il n’y a aucune urgence pour l’occupant à ne pas se conformer au code de la route. C’est inutilement dangereux.

 

Revenons au fromage avec une question : dans combien de restaurants trouve-t-on encore de vrais chariots à fromages ?

Chariot-de-fromages.jpg

Enfin pour terminer, et montrer que votre Taulier préféré n’est pas un va-de-la-gueule, je vous propose de contempler la photo ci-dessous d’un assortiment de beaux et de grands fromages que j’ai proposé samedi soir à mes convives après une belle platée de spaghetti alla carbonara link

Bouquet 012Je reviendrai lors d’une prochaine chronique sur l’histoire de ce plateau de fromages, car il n’est pas tombé du ciel. Il est le fruit d’un choix d’un grand affineur de fromages, Philippe Alleosse, qui veut bien consacrer un peu de temps à un foutu blogueur défenseur des gens du terroir, ceux par qui tout commence. À bientôt donc sur mes lignes pour échanger sur ces produits qui doivent beaucoup à la main de l’homme, à sa capacité de tirer le meilleur de cette fichue terre que l’on disait autrefois nourricière…

Bouquet-004-copie-1.JPG

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 07:00

La table italienne reste ma table de prédilection car la pasta y est un plat à part entière et non un simple accompagnement de la viande comme en France. Nous enfournâmes donc, face à face, une platée de spaghettis ruisselant d’une sauce tomate comme je n’en avais jamais encore mangé. Comme elle j’adoptais la position milanaise, penché sur l’assiette, et non la romaine où l’on enroule les spaghettis sur sa fourchette à l’aide d’une cuillère. Efficace mais redoutable pour la chemise qui, si l’on n’y prend garde, se voit constellée d’une myriade de taches rouges. Pour prévenir le désastre j’avais consciencieusement étalé une grande serviette sur ma poitrine. Ça avait fait beaucoup rire Lucia. Pour faire l’intéressant je lui avais dit « C’est la posture des radicaux cassoulets ! » Face à l’incompréhension de Lucia je m’étais lancé dans une longue explication besogneuse où mes lacunes de vocabulaire s’étalèrent au grand jour. Pour compenser je m’essayai, avec un certain succès, au parlé avec les mains et je savourais avec délice la prononciation chantante de notre cassoulet par une Lucia qui, elle, bien mieux que moi parlait avec les mains. Nous bûmes sec. Au café, un peu pompettes mais sans débordements, Lucia en me servant un café, comme seul les italiens savent en faire, me déclarait avec une pointe d’angoisse et en français « tu sais Jacques, ils ne sont pas très marrants nos petits camarades. Si tu le veux bien, nous nous... comment dire... nous nous réserverons des moments à nous, rien que pour rire... eux ils ne savent pas rire... c’est petit-bourgeois de rire... leur sérieux est pesant... mortel... et moi je n’ai pas envie de mourir... tu comprends ! » Ce fut notre pacte. Mon oxygène dans un climat qui ne fit que s’alourdir. En la présence de nos colocataires ou des camarades de passage, Lucia et moi adoptions ce que nous appelions notre position de survie : elle faisait la cuisine et moi le service. Distance que ne saisissaient pas nos révolutionnaires qui, en dépit de leurs beaux discours sur la lutte des classes, s’accommodaient fort bien, de retour à la maison, d’être servis.

 

Au soir de cette première journée de contact avec la lutte des masses mes camarades m’entraînèrent à une réunion au siège de Lotta Continua d’Arèse pour faire justement le bilan de cette journée. Le local n’était pas un trou à rats humide et puant, comme je le constatai par la suite, mais un premier étage propre et bien éclairé. Ce fut le petit Sarde volubile de l’atelier de Peinture qui entra de suite dans le vif du sujet et, si je puis dire, passa une nouvelle couche des exploits des 8 fouteurs de merde. « On a maintenant une carrosserie à vaporiser toutes les 8 minutes. C’est dingue dès qu’une est terminée l’autre se pointe et on a même plus le temps d’aller pisser. Dans les cabines on ne respire plus parce qu’il y flotte toujours un peu de gaz. Nous voulons 4 personnes de plus pour qu’un groupe de quatre se repose deux fois plus qu’avant. C’est ça ou plus une bagnole ne sort de chez Alfa ! » Suivirent une flopée de situations similaires qui confortaient le groupe dans sa volonté d’en découdre mais les dirigeants de LC plaidaient pour que ça ne parte pas dans tous les sens et que la direction en tire profit pour monter les ouvriers les uns contre les autres en bouclant l’usine. Pour eux il fallait échelonner la grève pour priver la direction de l’argument du manque de pièces. Je pourrais leur faire remarquer qu’en France ce type d’arrêt de travail se nomme grève tournante mais je m’abstiens d’intervenir car je n’ai nulle envie de jouer au professeur. Le petit Sarde se la joue pessimiste : l’exécutif du comité syndical et la direction ont une rencontre informelle demain après-midi et il déclare qu’il est sûr qu’ils se préparent à tout brader. Radical mais sans pour autant pousser le bouchon trop loin. Lucia comme moi ne dit mot.

 

La salle est maintenant pleine comme un œuf et les ouvriers de Lotta Continua insistent pour que l’assemblée aborde la question du « pillage » du supermarché. Ça leur tient à cœur et je sens que mes « amis » autonomes eux n’ont guère envie de la voir remise sur le tapis. Pourtant Vittorio, le beau barbu, s’impose « avec vous les autonomes c’est toujours le même bordel. On ne peut jamais vous faire confiance vous nous mettez en permanence devant le fait accompli. C’est intolérable et ça nuit gravement à notre crédibilité... » Je ne pouvais m’empêcher de penser à Benny Levy qui lui aurait dit, de son ton péremptoire « à notre crédibilité auprès des larges masses. » La différence entre la France et l’Italie c’est que manifestement dans les usines milanaises les larges masses étaient bien au cœur des mouvements mais en opposition frontale. D’un côté la mouvance PCI et FIOM, de l’autre la kyrielle de mouvements d’ultra-gauche et une FIM assez flottante. Vittorio, sûr de sa capacité à dominer les autres leaders, tapait fort « Pour nous l’expropriation collective au supermarché est une grave erreur, pas en soi, mais tactiquement. Nous avons déjà à gérer le conflit de l’atelier Peinture face au syndicat et à la direction, nous mettre en plus cette action sur les bras nous expose aux attaques du PCI. Votre extrémisme ne mène à rien de concret. Vous êtes des chiens fous incontrôlés et incontrôlables. Nous devons tenir compte des équilibres très délicats au sein de la mouvance syndicale. La FIM ne nous suit pas sûr le terrain de « l’expropriation collective ».

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