Ouille, ouille, Jacquouille, je vais encore me faire des copains dans le landerneau des guides. Pensez-donc, dans le dernier numéro du magazine Challenges dans un face à face étrange avec une star de la haute-cuisine Alain Dutournier, je suis présenté comme une arme de dissuasion massive contre les guides de vin.
Moi je n’ai jamais dit qu’il ne fallait pas en acheter. Moi, bien au contraire, j’aime plus que tout le travail Jacques Dupont Merveilleux du Vignoble même si je le titille sur ses bouches tendues ; je considère, n’en déplaise à certains, que Michel Bettane est une référence et l’un des meilleurs dégustateurs qui soit ; que le grand Bob est aussi une belle pointure avec sa stratégie de businessman ; que l’équipe de la RVF est d’excellente facture.
Donc, j’espère que mes éminents confrères ne viendront pas me chercher des poux sur la tête car je n’en n’ai pas et je n’en ai jamais eu. Bref, comme je suis totalement transparent je vous relate comme cette interview s’est déroulé.
1e acte : La demande
Bonjour
Je me permets de vous contacter dans le cadre d'un article sur les guides de vin (Bettane & Dessauve, Hachette, Revue du vin de France, Parker...).
Serait-il, en effet, possible de vous interviewer par téléphone (15 à 20 minutes) dans le cadre d'un petit témoignage sur ce sujet .Comme amateur et fin connaisseur utilisez-vous ces guides ou pas du tout ?
Quelles sont selon vous les avantages et les inconvénients de ces guides ?
Trouvez-vous le langage utilisé abscons et prétentieux ou au contraire accessible ? Ces guides sont-ils bien faits ? Avez-vous une préférence pour l'un d'entre-eux ? Préférez-vous faire confiance à une connaissance pour choisir vos vins plutôt qu'à cette littérature de spécialiste ?
Merci pour votre aide
Respectueusement
Jean-Pierre de La Rocque
Challenges
2e acte : Ma réponse
Bonjour,
Je veux bien répondre à votre interview à propos des guides cités mais il me sera difficile de porter une appréciation sur eux car je ne les utilise pas. Ce qui ne signifie pas qu'ils fussent mal fait mais tout bêtement parce que je n'éprouve pas le besoin de me référer à un guide papier.
Bref mon téléphone est le 06 80 17 78 25 si ça vous dit.
Bien à vous
JB
3e acte : interview au téléphone
4e acte : le tête à tête Alain Dutournier et du Taulier
Mon commentaire
Comme vous le savez je n’ai que peu de goût pour les notes et pour le vocabulaire de la dégustation. C’est ce que je me suis contenté de répondre au journaliste. D’ailleurs Dutournier évoque lui aussi « un style parfois hermétique ». Il donne d’ailleurs une bonne définition de l’acheteur de guide : celui qui ne veut pas prendre de risques. Comme lui j’adore prendre des risques et je ne me balade pas bardé de guides de ceci ou de cela. Ce n’est que mon choix qui comme je l’ai écrit en préambule ne remet pas en cause la qualité du travail des dégustateurs cités.
Je revendique le droit de privilégier le côté critique de vin, ce que j’appelle une approche plus émotionnelle, à celui de notateur-commentateur de vin. Cependant un bon critique doit, bien sûr, s’appuyer sur une solide expérience et une belle culture du vin sans pour autant l’étaler. Tout ce que je souhaite c’est que les Guides aient beaucoup plus de lecteurs qu’ils n’en ont car, en cela, ils participeraient, bien plus qu’ils ne le font, à l’extension du domaine du vin. La Toile peut les y aider : j’ai assisté récemment à de beaux échanges, lors d’une dégustation, entre Michel Bettane et Fabrice Le Glatin l’animateur de Vin sur Vin. La pollinisation croisée est bien plus fructifère que les cultures sous serres.
Dernier point à souligner : si je n’utilise pas de guides j’en reçois donc je suis en mesure de porter une appréciation sur leur contenu.
Le journaliste a assez bien rendu mon verbiage mais alors pourquoi me flanquer sous un titre pareil : DISSUASIF ?
Suis-je étiqueté ad vitam aeternam comment étant ABRASIF ? Le tampon JEX du vin, merci très peu pour moi…