Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 16:00

« @Taulier : Je suis très surpris de ne pas trouver ici de billet sur la mort de Whitney Houston. Non pas qu’elle soit mon idole, mais elle était jolie, avait quand même du talent et a dû pas mal faire bander Kevin Costner. »


Enfant : avancer en âge me disait-on, et en sagesse ajoutait-on, l’âge de raison, puis ce fut l’âge tendre avant l’âge ingrat de la puberté pour vivre le bel âge de ses 20 ans, la fleur de l’âge, atteindre la force de l’âge, s’entendre dire qu’on est d’un certain âge ou entre deux âges, soupirer qu’on a passé l’âge et que ce n’est plus de son âge parce qu’on se sent jeter dans le 3e âge, les seniors puis pour nous consoler affirmer qu’à chaque âge ses plaisirs…
J’avoue que j’étais fier adolescent de m’entendre dire que je faisais plus vieux que mon âge car c’était bon avec les filles et pour aller au cinéma voir des films interdits au moins de 18 ans… À mon âge, plus j’avance en âge moins j’avance en sagesse et plus je me fous de faire mon âge ou plus jeune que mon âge ou l’inverse, ce qui me cause souci, me fait peine c’est de voir partir des gens que j’aime quel que soit leur âge. Certes y’a pas d’âge pour mourir, mais je suis bien plus furieux de voir partir une Amy Winehouse qu’un ou une qui frise avec l’âge canonique.


Comme je tiens chronique tout naturellement j’ai versé dans la chronique nécrologique dès qu’un être connu, acteur-actrice, chanteur-chanteuse, surtout cher à mon cœur passe de vie à trépas. Maintenant que je suis doté d’un petit cancrelat, un IPhone fabriqué par des salariés chinois d’une société taïwanaise Foxconn Technology 1 million de personnes travaillent pour elle dont la moitié à Shenzhen en Chine) qui me balance des alertes dès qu’un célèbre trépasse je suis informé en quasi-direct live. En conséquence j’ai tendance à me ruer sur mon clavier dès que c’est quelqu’un que j’ai beaucoup aimé. Une façon de conjurer la faucheuse de lui faire un bras d’honneur, et en définitive de me rappeler de bons moments des beaux âges de ma vie.


Je ne sais pourquoi en ce moment, les week-ends sont meurtriers et, comme je me dis qu’il ne faut pas trop vous abreuver, vous saouler, avec un flux trop intense de mes chroniques, je retiens ma plume. Tel fut le cas dimanche pour Whitney Houston. Après réflexion je me suis contenté de poster ses albums via Deezeer sur Face de Bouc pour faire de la musique pour mes amis. Mais comme notre Léon se refuse à toute incursion sur les réseaux sociaux, il ne put en profiter. D’où son étonnement.


Ça m’a interpelé et, comme je ne perds jamais une occasion de chroniquer, je me suis dit « Taulier, n’y aurait-il pas une raison plus profonde, que le pur respect de tes abonnés, qui te pousserait à modérer ta plume de chroniqueur nécrologique ? » en dépit de mon âge cette interrogation n’est pas restée sans réponse.


La réponse la voici, elle n’a rien à voir avec celle que j’ai suggéré dans le titre : à savoir que je serais inquiet de savoir qui rédigera la mienne sur cette espace de liberté, en effet le jour où il n’y aurait plus de lumière, que le gaz sera coupé, l’écran vide et le silence tiendront lieu de faire-part. Ne me taxez pas d’idées noires, évoquer sa propre fin n’a rien de déprimant, c’est assumer le seul risque connu et certain de notre vie. Bref, pourquoi cette soudaine retenue de la part d’un chroniqueur chronique ? Tout simplement parce que le risque de la chronique nécrologique c’est de tomber dans l’hagiographie, à verser dans l’éloge funèbre, de se laisser aller à magnifier le disparu, à le transformer en statue, à l’affadir, à faire jolie. Même si ça va vous paraître prétentieux, suffisant, je ressens le besoin de réserver ma plume pour le petit cercle de ceux qui ont vraiment compté pour moi et Whitney Houston n’y entrait pas. Pour autant comme je suis devenu un petit commerçant j’offre à Luc Charlier la voix de la diva disparue.

 

Partager cet article
Repost0
16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 00:09

Dimanche dernier, après avoir battu la semelle au marché, j’étais en voie de congélation – les bons esprits ajouteront sans doute que ce n’est qu’une projection de ma pente naturelle – lorsque de retour rue Daguerre pour acheter de la viande pour déjeuner je fus pris soudain d’une envie irrépressible de pot-au-feu. Le problème c’était qu’il était déjà très tard et qu’un pot-au-feu ne supporte pas la précipitation, il lui faut du temps. Alors, j’ai fait un pot-au-feu rentré ce qui est un supplice abominable, genre tantale, car dans ma tête, mobilisant tous mes sens, je l’ai confectionné dix fois ce fichu pot-au-feu. Pour conjurer le sort qui a fait tomber sur nous le mou du redoux je me suis dit qu’il me fallait une thérapie et chez moi, vous le savez, c’est le clavier.


En effet, le pot-au-feu c’est d’abord le plaisir de le composer, de choisir ce que l’on appelait de mon temps les bas-morceaux, c’est un patchwork qu’énumère Hugo Desnoyer dans l’une de ses 8 recettes fondamentales pour les amoureux de la viande. Je vous les énumère, tout en soulignant que pour ma part, le pot-au-feu c’est du bœuf et rien que du bœuf. Si je suis ainsi c’est la faute de mon père qui, à chaque fois que Ratier le boucher – le camionneur marchand de charbon se dénommait Lebœuf – achetait un bœuf gras au pépé Louis il gratifiait mon père, grand-amateur de pot-au-feu avec une prédilection pour la queue de bœuf, de tous les morceaux ad-hoc. Donc, contrairement à maître Desnoyer point de veau dans notre pot-au-feu. Du pur bœuf !


-    Paleron de bœuf
-    Gîte de bœuf
-    Carotte de bœuf
-    Plat de côte
-    Macreuse
-    Basse côte
-    Jarret de veau
-    Joue de bœuf
-    Queue de bœuf
-    Crosse de veau
-    Crosse de bœuf
-    Os à moelle
 

 

Du côté des légumes je suis aussi puriste : carottes, navets des 2 couleurs violet et jaune, poireaux, oignons piqués de clou de girofle et surtout pas de pommes de terre.

Boeuf-002.JPG

Hugo Desnoyer dans le livre Un boucher tendre et saignant avec  François Simon chez Assouline conseille avec son pot-au-feu : un Pinot Noir, Le  Chant des Oiseaux de Bruno Schueller 2006


J’aurais pu en rester là mais j’adore aussi fouiner dans les vieux livres pour tirer de la naphtaline des vieux textes et, comme de bien entendu, je suis tombé nez à nez sur le Pot-au-feu de Dodin-Bouffant de Marcel Rouff La Vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet, Société littéraire de France, 1920


« Il arriva enfin, ce redoutable pot-au-feu, honni, méprisé, insulte au prince et à toute la gastronomie, le pot-au-feu Dodin-Bouffant, prodigieusement imposant, porté par Adèle sur un immense plat long et que le cordon-bleu tenait si haut au bout de ses bras tendus que les convives, anxieux, n’en aperçurent rien tout d’abord. Mais quand il fut posé avec effort et précaution sur la table, il y eut plusieurs minutes de réel ahurissement. Le retour au sang-froid de chacun des convives se manifesta suivant des réactions et des rythmes personnels. Rabaz et Margot, mentalement, se morigénaient d’avoir douté du Maître ; Trifouille était pris d’un saisissement panique devant tant de génie ; Beaubois tremblait d’émotion ; quant au prince d’Eurasie, son sentiment oscillait entre le noble désir de faire duc Dodin-Bouffant, comme Napoléon voulait faire duc Corneille, une envie furieuse de proposer au gastronome la moitié de sa fortune et de son trône pour qu’il consentit à prendre la direction de ses fêtes, l’énervement de recevoir une leçon qui était cette fois parfaitement limpide, et la hâte d’entamer la merveille qui étalait devant lui ses promesses et ses enivrements.


Le pot-au-feu proprement dit, légèrement frotté de salpêtre et passé au sel, était coupé en tranches et la chair en était si fine que le bouche à l’avance la devinait délicieusement brisante et friable. Le parfum qui en émanait était fait non seulement de suc de bœuf fumant comme un encens, mais de l’odeur énergique de l’estragon dont il était imprégné et de quelques cubes, peu nombreux, d’ailleurs, de lard transparent immaculé, dont il était piqué. Le tranches assez épaisses et dont les lèvres pressentaient la velouté, s’appuyaient mollement sur un oreiller fait d’un large rond de saucisson, haché gros, où le porc était escorté de la chair plus fine du veau, d’herbes de thym et de cerfeuil hachés. Mais cette délicate charcuterie cuite dans le même bouillon que le bœuf, était elle-même soutenue par une ample découpade, à même les filets et les ailes, de blanc de poularde, bouillie en son jus avec un jarret de veau, flottée de menthe et de serpolet. Et pour étayer cette triple et magique superposition, on avait glissé audacieusement derrière la chair blanche de la volaille, nourrie uniquement de pain trempée de lait, le gras et robuste appui d’une confortable couche de foie d’oie frais simplement cuit au chambertin. L’ordonnance reprenait ensuite avec la même alternance, formant des parts nettement marqués chacune, par un enveloppement de légumes assortis cuits dans le bouillon et passés au beurre ; chaque convive devait puiser d’un coup  entre la fourchette et la cuiller le quadruple enchantement qui lui était dévolu, puis le transporter dans son assiette.


Subtilement, Dodin avait réservé au Chambertin l’honneur d’escorter ce plat délite. Un vin uni aurait juré avec quelqu’une des parties qui le composaient ; le Chambolle nuancé, complexe et complet, recelait dans son sang d’or rose assez de ressources pour que le palais y pût trouver à temps, suivant la chair dont il s’imprégnait, le ton nécessaire, la note indispensable… »


Sans prendre de gants, le pot-au-feu de Dodin-Bouffant me reste sur l’estomac avant même d’avoir imaginé composer un tel amas. Autre temps, autre goûts, mais que c’est loin de la vérité de la viande de ces morceaux de bœuf maintenant négligés par les consommateurs. Dans mon pot-au-feu total bœuf c’est ce qui m’excite, m’attire, m’enchante, m’emplit de bien-être c’est la diversité des fibres, la variété de la palette des sucs, des couleurs, des saveurs de ces morceaux issus des membres comme le gite ou la crosse, de là où l’on enjuguait les bœufs : le collier, de l’accroche des membres antérieurs : la macreuse et le paleron, des côtes : le plat et les basses et bien sûr ces parties extrêmes que sont les joues et la queue… Le bœuf ne se résume pas aux 4 classiques : Faux-filet, Entrecôte, Rumsteak, Bavette d’aloyau… il recèle des morceaux qui sont des délices sans demander une préparation sophistiquée. Quoi de plus simple que la préparation d’un pot-au-feu ? Le temps est essentiellement un temps de cuisson, surtout pas d’autocuiseur ! Et puis, reste l’art d’accommoder les restes : un hachis Parmentier fait avec de belles Bintje dodues et surtout la viande du plat de côtes.

Camdeborde-009.JPGPour le boire j’ai choisi, pour mon pot-au-feu rentré, un Irancy 2010 Viti Vini Vinci acheté à la Cave des Papilles rue Daguerre en revenant de la boucherie où je m’étais contenté de prendre du foie de veau qui, avec un gratin de macaronis, fut le plat de ce dimanche d’hiver. Pour le pot-au-feu 100% bœuf j’attends la prochaine vague de froid !

Partager cet article
Repost0
15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 00:09

Ma chère, très chère,

 

Le vin fut une boisson populaire, trop sans doute, le litron sonnait comme pochtron, son goulot dépassait de la musette, de l’ouvrier ou du métayer, où il voisinait avec la gamelle du déjeuner. Au temps des grands jours du gros rouge il fut étoilé : 6 étoiles qui ne l’ont jamais porté au firmament des grands nectars. Sur sa fin il fut vilipendé, brocardé, tel le vin des Rochers dit velours de l’estomac ou le Kiravi grand objet de mépris. Capsulé, en casiers, consigné, lavé, re-remplissable, la honte quoi ! La Grande Distribution l’a achevée même si ce brave litron était très carbon neutral surtout lorsqu’il servait de contenant au vin à la tireuse.

 

Dans cette descente aux enfers du litron le vin de table fils adultérin des vins de consommation courante, nu comme un vers, sans âge : millésime interdit, sans papiers : cépage proscrit, sombrait lui aussi dans le discrédit. Vous vous n’imaginez pas une seule seconde ma chère, très chère, poser sur votre nappe amidonnée, face à vos invités empesés, une bouteille étoilée contenant un vin sans année. L’horreur absolue ! J’ai connu des farceurs qui achetaient du Vieux Papes puis le mettaient en carafe et se voyaient chaudement félicités par leurs invités pour la qualité de ce nectar qui avait beaucoup gagné à être aéré. Concomitamment, la chute du PC dans les abimes électoraux, la fin des rouges avec le couteau entre les dents, la résistible ascension des cols blancs, la montée des faits pas ci fait pas ça fouteurs de pétoches, le triomphe des boire moins mais boire mieux, coupaient la route des vins de table qui venaient par barges ou trains complets jusqu’au port de Gennevilliers. Le Midi rouge souffrait, les péages d’autoroutes aussi. Les derniers tribuns rangeaient leurs mèches lentes, troquaient leurs cagoules pour des pantoufles, achetaient des 4x4 japonais, vieillissaient. La bouteille bouchée liège jetable triomphait ! Tout allait être aoécisé ! C’était à qui péterait plus haut que son cul ! Même les petits vins cachaient leur roture sous des étiquettes ecclésiales ou des titres de noblesse en peau de lapin. Bref, nous nagions dans un océan de suffisance pendant nos voisins se gondolaient face à nos insuffisances.

 

Et pendant ce temps-là, alors que les hiérarques du vin regardaient passer les trains, que la défense des AOC s’apparentait à celle des droits acquis, de jeunes coquins venus du diable vauvert poussaient dans les vignes et les chais comme des adventices, contestaient la dérive de ceux qui avaient tant méprisés les vins de table jusqu’à faire accroire que leurs vins, purs cousins germains de ceux-ci, étaient dignes de leur origine affichée. Les contestataires, pas forcément des révolutionnaires, ne se contentaient pas de ces vins de papier. Eux, pour eux, l’AOC c’était toujours l’origine, un vin accroché à son petit quelque part qu’on avait coutume de dénommer terroir. Les grands bousins, les fourre-tout, les grands lacs de vin, très peu pour eux dans la cour des vins qui s’accrochent au terroir. Pour autant, les petits gars y voulaient bien que tout ça se passe dans un « espace de liberté », qui n’est pas, en dépit de ce continuent de croire les faiseurs de miracle, n’est pas un bassin déversoir. C’était leur vin à eux, bichonné, signé, identifié… Alors, soudain, dans les rayonnages des vendeurs de quilles de vignerons le vin de table réapparut tel le petit Jésus futur Messie. Et puis, petit à petit, au grand dam des grincheux ce fut l’explosion des étiquettes, des vins de tout acabit, chacun y allait de sa créativité. Mais le vin de table ressuscité, réhabilité ne tardait pas à décéder pour renaître sous l’affreuse dénomination de vin sans IG. Mais il gagnait au passage deux galons : le millésime et le nom de ses cépages et se voyait baptiser Vin de France…

 

Je cesse là mon ironie chère, très chère, pour te dire qu’en Italie tout cet embrouillamini n’a pas eu de raison d’être. Chez nos voisins transalpins, dans les villes et les villages, ils ont toujours vendus à la tireuse du Vino de Tavola, et dans les osteria, trattoria, ristorante, du Vino de la Casa. Le litre chez eux n’est pas tricard, pour preuve ce magnifique LITROZZO que j’ai acheté dimanche à la cave des Papilles rue Daguerre. Du Vino de Tavola venant du domaine « Le Coste Sul Lago C'est dans la région du Lazio, entre Toscane et Ombrie que Clémentine Bouvéron et Gian-Marco Antonuzi se sont installés. Dans le pittoresque village de Gradoli, près du lac de Bolsena. Un terroir de prédilection pour ces passionnés de vins nature. Gian-Marco s'est aguerri au contact de Philippe Pacalet et de Didier Barral, excusez du peu ! Clémentine un diplôme d'œnologie en poche: Ils louent 2,5 hectares de vieilles vignes et possèdent désormais 1,5 hectare en cépages autochtones: Greghetto, appellation locale du Sangiovese, d'Aléatico, un cépage aromatique de la famille des Muscat, de Procanico et de Malvoisie. » extrait du site Le Passeur de Vin link

Camdeborde-004.JPG

Comme tu vois chère, très chère, je ne suis pas chauvin n’en déplaise au grand internationaliste de Corneilla-la-Rivière. Je me targue même de ne pas avoir de patrie, non que je fusse un apatride, car j’en ai autant que d’amour des pays qui cultivent l’art du bien vivre. L’Italie en est un, et mon ami Daniele de Michele, natif des Pouilles, qui signe Don Pasta, peut en témoigner, c’est ma seconde patrie (j’en ai d’autres en magasin). S’il n’en tenait qu’à moi, l’Amicale du Bien Vivre snobée par le Léon, y aurait son siège social. Moi le bien-vivre à l’italienne me va bien ! Au temps de la guerre du vin entre la France et l’Italie, lorsque le bougon des cépages vidaient les pinardiers du port de Sète, je me rendais à Rome pour lancer des passerelles, négocier l’armistice, élaborer des compromis que nous acterions à Bruxelles, mais surtout j’assouvissais ma passion pour la cuisine italienne et pour les opéras de Verdi que j’allais écouter dans les arènes de Caracalla. Que du bonheur, et crois-moi a chère, très chère à chaque fois que mes pas m’amènent dans ce pays, ça me botte. Désolé !

Camdeborde-002.JPGReste, chère, très chère, qu’il faudra qu’on m’explique pourquoi entre la bouteille traditionnelle de 75 cl et le magnum de 175 cl, jugés nobles, sortables sur une table, pourquoi le malheureux litre, la 100cl, serait un outrage aux bonnes mœurs ? Les petites bouteilles de 37,5cl ça fait au mieux buveur rationné, au pire pingre, la 75 cl classique, le magnum un peu m’as-tu-vu, alors pourquoi ne pas faire de la 100cl le nouveau must. Un Pétrus ou un Lafite en litre je suis sûr que ça plairait aux chinois. Moi je trouve que ça aurait un côté canaille, épaules larges, le genre Gabin en marcel ou pour faire plus tendance Vincent Cassel en perfecto, en plus ça emmerderait les mecs de la GD car nos litrons post-modernes n’entreraient pas dans leurs étagères normalisées.

  

Comme j’ai dans mon proche entourage deux étiqueteurs de génie : Vincent Pousson et François des Ligneris, je leur suggère, rien que pour plaire au Secrétaire-perpétuel autoproclamé de l’A.B.V, de sélectionner un nectar du peuple là où bon leur semblera pour l’embouteiller dans un beau litron dont ils auront conçu la parure. Par avance je les remercie de leur contribution à la réhabilitation du litron.

 

Le Taulier écrivant à Marie de Saint-Drézéry marquise de Bonbom néo-vigneronne châtelaine de GCC qui attend son heure pour continuer de faire jaser la place de Bordeaux...

 

Partager cet article
Repost0
14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 16:00

Oui, je sais c’est le jour où les fleuristes touchent le jackpot, où les vignerons de Saint-Amour dépotent un max de…, alors ça se bouscule au portillon pour ramasser un max de pognon aux z’amoureux. Ça drague sec les minets et les midinettes ! Même les vendeurs de sextoys s’y mettent, amis de la poésie bonsoir. Nos potes les restaurateurs, qui aiment proposer des vins avec d’épais matelas, ne sont pas les derniers à faire dans la dînette aux chandelles. Manquerait plus que le clergé s’y mettent en réclamant un taxe d’usage sur Saint-Valentin pour alimenter le denier du culte – non Léon du cul…te – Bref, comme dirait les Alters : c’est la marchandisation de l’Amour !


Ayant peu de goût pour les célébrations obligatoires je n’envisageais pas de me joindre au troupeau des petits bécots lorsque dimanche je reçus dans ma boîte électronique un billet de Malou Martin dont je vous livre la teneur :


Bonsoir.
 

La saint Valentin approche à grand pas...
Pour cette occasion, le restaurant le Petit Paris met les bouchées doubles...
Dans un premier temps, le chef vous a concocté de nombreux plats.
2 menus seront proposés : un menu à 180 yuans comprenant 3 entrées, 3 plats et 2 desserts et un menu à 360 yuans comprenant 3 entrées, 3 plats et 3 desserts.
Enfin, de nombreux cadeaux surprises vous seront offert (gâteau Honiy, cristaux Swarovski, ...)
Venez nombreux mais n'oubliez pas de réserver avant au 0535-2123535 ou directement par messagerie à mon adresse.
à bientôt.

coeur-menu2bis.jpg
Précision d’importance pour ceux qui ignoreraient que le yuan est la monnaie chinoise : le Petit Paris se situe à Yantaï

image001.jpg 

Yantai (烟台 ; pinyin : Yāntái) est le port de pêche le plus important de la province chinoise du Shandong. On y parle le dialecte de Yantai du mandarin Jiao Liao. Le nom occidental ancien de Chefoo ou Tchefou est considéré aujourd'hui comme incorrect, car provenant de l’île de Zhifu qui gouverna Yantai autrefois. Yantai est une ville depuis 1950. Dans les environs de Yantai, on trouve un grand nombre de rivières, dont le Wulong (五龍河)
 

 

Séance tenante j’ai décidé de répondre positivement à Malou Martin :
 

 

Les billets d’avion en première 11 880€
 

 

Le 13 février :    AF4402     11:15     Paris (CDG)     05:50
+1 Jour     Guangzhou     durée : 21h20     China Southern    
    CA4898     Guangzhou  départ 12:35 Guangzhou - Yantai 15:35         
 

 

Le 16 février :
CA4851     07:35     Yantaï     08:45     Beijing (PEK)     durée : 17h05         AF125     13:40     Beijing (PEK)     17:40     Paris (CDG)        
 

 

L’ HÔTEL CROWNE PLAZA YANTAI SEA VIEW
Adresse: 299, EAST GANGCHENG STREET, LAISHAN DISTRICT YANTAI, CHINA #264003
-    2 nuits 226€ (sauf si je conclue…)
 

 

-    2 repas au Petit Paris de Yantaï : 360 yuans x 2 = 720 yuans soit 90€
 

 

Soit au total avec les frais annexes : 15 000€ (sponsorisés par Lafite)
 

 

Mon cadeau : le bouquet de fleur de Coluche

 

 

My Private Joke

 

Camdeborde-001-copie-2.JPG

Partager cet article
Repost0
14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 00:09

 9782705681791.jpg
« Ce n’est pas une histoire belge » prévient le très sérieux historien Emmanuel Leroy Ladurie, et pourtant associer l’étude des grandes gelées, les gelées extraordinaires, au phénomène dit du réchauffement climatique.


Tous les monuments historiques et physiques tendent à prouver que la terre que nous habitons, d’un état très humide et froid en raison des régions, passe insensiblement, mais très distinctement après une suite de siècles, à l’état opposé de sécheresse et de chaleur, qui ne cessent de gagner le dessus. » Théodore Augustin Mann Mémoires sur les grandes gelées et leurs effets, 17 avril 1777.
 

 

« En 1792 paraissait à la suite d’une approbation et d’un privilège de l’Académie impériale et royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles un ouvrage Mémoires sur les grandes gelées et leurs effets ; où l’on essaie de déterminer ce qu’il faut croire de leurs retours périodiques, et de la gradation en plus ou moins du froid de notre globe. » 162 pages in-octavo.


Le signataire « M. l’abbé Mann, chanoine de l’Eglise de N.D. à Courtrai ; membre de la Commission royale des sciences et belles lettres de Bruxelles ; membre de la Société royale de Londres, de l’Académie électorale palatine de Mannheim, des Sociétés de Milan, Liège, Rotterdam, Zélande, etc. »
 

 

Comme le note de Muriel Collart dans sa présentation « On n’insistera pas sur l’analogie que présente, avec la polémique actuelle sur le global warning, un débat où Mann, ainsi que l’écrit P.P.Gossiaux, se signale comme, « l’un des premiers à mettre en évidence le réchauffement climatique ». Reste à voir jusqu’à point la théorie de l’académicien bruxellois anticipe certaines des oppositions qui agitent aujourd’hui la communauté scientifique. Le partage entre la causalité attribuée aux activités humaines et la logique propre des causes naturelles y trouve un écho dont les modalités font l’objet de cette introduction. »
 

 

Bien évidemment je ne vais pas vous imposer la lecture parfois aride du texte de ce précurseur mais me contenter de mettre en avant quelques fragments, extraits de la remarquable introduction de Muriel Collart, qui me semblent intéressants pour vous.
Dans l’introduction au Mémoire sur le changement successif de la température et du terroir des climats, Mann précise « que l’hypothèse d’un réchauffement climatique a déjà été abordé par plusieurs auteurs anciens et modernes  « cependant, à la différence de ses illustres prédécesseurs et contemporains, Mann ne confine pas ce processus de réchauffement à des zones particulières, mais il le généralise à l’échelle mondiale et le rend irréversible » souligne Muriel Collart.
 

« Virgile et Ovide avancent que pendant les hivers danubiens et de la Thrace « on coupait le vin à la hache » (p.53) et qu’on en distribuait des  morceaux. »
 

 

« Si les vins et les huiles français, les vins du Rhin et de l’Autriche, et le Tokay de Hongrie sont aujourd’hui réputés, écrit Mann, les vignes et les oliviers et même les arbres fruitiers ne pouvaient être cultivés qu’à condition de les couvrir de fumier. »
 

 

« Et qu’on ne me dise pas qu’Ovide parle en poète », dit Mann, « car ici comme ailleurs, d’autres auteurs, qui ne sont pas poètes, mais géographes et historiens, confirment positivement ce qu’il dit. »
 

 

« La différence énorme » entre ces descriptions et le climat actuel de ces pays « saute aux yeux » s’exclame Mann
 

 

« Le changement climatique s’observe également au nord et au sud de ses latitudes. » (la Laponie, la Sibérie et le nord de la baie de l’Hudson.
 

 

« mais à l’inverse, le réchauffement a rendu les pays méditerranéens d’Europe arides et moins propres à l’agriculture, là où le sol autrefois riche et fertile « est à présent très pierreux et brûlé par la sécheresse » (p.58). Mann pointe du doigt l’Espagne jadis remplie de sucs nourriciers. Quelle différence entre la Tolède actuelle dégarnie d’arbres et la situation décrite par Martial il y a 1700 ans, temps où les rives du Tage étaient bordées de végétation. »
 

 

« L’histoire agraire représente pour Mann un indicateur de l’évolution climatique – indicateur qu’il juge insuffisamment exploité. Pourquoi faire appel à la physique moderne alors qu’il est facile de dater les étapes du réchauffement d’un pays en observant quand « on a commencé à planter […] des vignes, des olivier, ou telle autre espèce d’arbres fruitiers ou à semer tel grain ou tel légume, que la rigueur du climat n’y souffrait pas auparavant. » (p.60)
 

 

« Vers l’an 14, Strabon atteste, dans la Géographie, l’existence de vignes près du Bosphore de Thrace, mais rapporte qu’on doit les enfouir l’hiver sous de grands amas de terre. Vers 40, Pomponius Mela constate, dans le Livre II de la description de la terre, qu’elles se sont multipliées dans la Thrace, même si les raisins ne parviennent à maturité qu’à condition d’être abrités sous les pampres. Quel modèle de rapide réchauffement, en quelques années ! »
 

 

« Ainsi, au 1e siècle de notre ère, Columelle se plaint dans le traité De l’agriculture, qu’en Gaule les récoltes de raisins soient moindre en temps de paix, en raison de l’assèchement du sol, qu’elles ne l’étaient plusieurs siècles plus tôt en temps de guerre, quand fraîcheur et humidité favorisaient les conditions de production. »
 

 

Si Mann cite l’agronome Columelle « c’est aussi parce que, dès les premières lignes de son ouvrage, celui-ci fait allusion à « plusieurs auteurs estimables » qui dans la lignée de l’astrologue Hipparque, sont persuadés que l’état et la nature de l’atmosphère ont changé au cours du temps. Columelle fait référence au traité sur l’agriculture des Saserna, rédigé deux siècles plus tôt, qui accrédite, écrit Mann, « dans des termes les plus formels, ce changement de terroir et de température des climats, que j’ai cherché jusqu’ici à prouver » (p.62) il y ai dit en effet que le climat a éprouvé des changements tels « que certaines contrées, où la rigueur excessive de l’hiver ne permettait pas autrefois de conserver des plantations d’oliviers et de vignes, sont aujourd’hui très fertiles eb olives et raisins, ce qui fait supposer que le froid qui régnait auparavant dans ces contrées s’est considérablement radouci »
 

 

« Le titre de la seconde du mémoire – « Causes physiques du changement graduel du terroir et de la température des climats » - laisse peu d’ambigüités sur la direction que va prendre le raisonnement de Mann. D’entrée de jeu, l’académicien annonce la couleur : c’est bien du côté des causes naturelles que se trouve l’origine du réchauffement et non des causes humaines. » Là, je laisse aux esprits curieux le soin de lire « Mémoires sur les grandes gelées et leurs effets » chez Hermann 22,50€.
 

 

C’est une mine et je ne résiste pas au plaisir d’y grappiller
 

 

« Seth Calvisius rapporte, que l’an 859 de l’ère chrétienne, le  froid fut si rude pendant l’hiver que la mer adriatique fut glacée au point, que non seulement l’on pouvait aller à pied de la terre ferme à Venise ; mais que les marchands de la côte furent obligés d’y transporter par charroi leurs marchandises. »
 

 

« L’hiver de l’année 1124fut extraordinairement rude, et il tomba en très grande quantité de neige. Anselme de Gembloux, d’où ces circonstances sont tirées, dit, que dans le Brabant les étangs étant gelés jusqu’au fond, les anguilles en sortirent et se réfugièrent dans les meules de foin, où, cependant elles périrent par la gelée. N’aurait-ce pas plutôt été des couleuvres que des anguilles qu’on trouva mortes en ouvrant ces meules ? »
 

 

« L’hiver de 1422, dit M.Messier, dans son Journal de Paris contenu dans son Mémoire pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne « L’an 1422, janvier douzième jour, fit le plus aspre froit que l’homme ust veu faire ; car il gela si terriblement, qu’en moins de trois jours, le vinaigre, le verjus, geloient dedans les celliers, et pendoient les glaçons aux voultes des caves. »
 

 

« L’hiver de 1468 fut si violent, qu’en Flandres on fut obligé de rompre, à coup de hache, le vin que l’on distribuait aux soldats ; Philippe de Commynes nous l’atteste… »
 

 

« Galliot parle d’une gelée en 1481, qui ruina les biens de la terre par sa violence et sa durée. Le froid fut si excessif et continua si longtemps qu’il n’y eut ni moisson, ni vendange. »
 

 

« Ce fut le 20 janvier 1608 qu’Henri IV dit que sa moustache s’était gelée au lit. Trois jours après, le pain qu’on lui servit, se trouva gelé, mais le roi ne voulut pas qu’on le dégèle. »
 

 

« En l’an 1608, l’année du grand hiver selon le Mercure de France (…) le froid gela les vignes jusqu’à la racine… »
 

 

« Aubert le Mire dit à cette occasion, que « comme beaucoup de personnes avaient été gelées par le froid de l’hiver précédent, ainsi il y en avait plusieurs qui moururent l’été suivanr (de 1608) par l’excès de la chaleur. »
 

 

« M. l’abbé Papon, dans son Histoire de Provence, rapporte que l’année 1638, l’eau du port de Marseille fut gelée autour des galères… »
 

 

« Au mois de janvier des années 1655 et 1665, le froid fut si violent en Pologne, que les vins les plus forts furent gelés. »
 

 

« Cette grande gelée commença en Angleterre à Noël 1683 et continua avec peu de diminution jusqu’au 16 février 1684 (…) La Tamise à Londres fut si fortement gelée pendant une grande partie de cet intervalle, qu’on y érigea des cabanes et des loges, on y tint une foire qui dura deux semaines, et dès le 9 janvier les voitures la traversèrent et la pratiquèrent dans tous les sens comme sur terre ferme ; on y donna un combat de taureau, une chasse au renard, et sur la glace vis-à-vis de Whitehall on fit rôtir un bœuf entier. »
 

 

Janvier 1789 « quant au vent de bise qui souffla les dits jours (du 26 décembre au 13 janvier), il était froid et piquant au-delà de toute expression ; il soufflait avec une violence qui le rendit presque insupportable au dehors, et il pénétrait partout avec des sifflements aigres, au point qu’il était presque impossible d’échauffer les appartements. C’est c cruel vent qui donnait au peu de légumes qui restaient sur pied dans les jardins, une apparence comme si le feu y était passé ; et comme les terres labourées, par la sécheresse de la saison qui avait précédé la gelée, ainsi que par la force et la durée de celle-ci, étaient devenues très meublées ; ce vent, après avoir enlevé le peu de neige qui les couvrait, enleva de même la terre en forme de poussière, et la répandait sur la ville et les champs, au point que la neige changea partout de couleur et de blanche devint brune. »

 

« Les gazettes de France du 31 décembre marquaient que la Loire était prise à nantes, au point qu’il y était impossible d’y procéder aux acte de transport pour le commerce, les navires se trouvant engagés dans les glaces ; que la Saône était glacée depuis Gray jusqu’à Lyon, et le Rhône depuis le lac de Genève jusqu’à Pont-Saint-Esprit ; qu’une grande partie des noyers, des châtaigneraies, des oliviers et autres arbres fruitiers dans les provinces méridionales de France ont été détruits par cette gelée. Enfin, que toutes les rivières de la Bourgogne étaient taries ou glacées, et tous les moulins condamnés à l’inaction, de sorte qu’au milieu de l’abondance du bled, on manquait de pain pour la nourriture des habitants. »

Partager cet article
Repost0
13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 00:09

En ce temps de froidure la cuisine du gibier évoque des nourritures roboratives, des vins charpentés à fort caractère, des agapes où l’on mange parfois avec les mains, comme l’écrivent Carrie Solomon et Julien Fouin dans Saveurs Sauvages « porte ouverte à tous les phantasmes organoleptiques – pas très sexy l’organoleptique, c’est moi qui l’écrit – les festins rabelaisiens, les fêtes bachiques, les excès en tout genre où les bons vivants ne regardent plus systématiquement ce qu’ils dégustent avec un pied sur la balance… » Du lourd au bon sens du terme, soit de la portion non congrue dans l’assiette, et même qu’il est possible de se resservir. N’en déplaise aux auteurs : on mange ce qui ne signifie pas se bâfrer mais apprécier les parfums, les sucs, les chairs, s’en repaître à la mesure de son appétit… Pourquoi diable toujours avoir recours à l’euphémisme du verbe déguster qui évoque trop souvent le bout des lèvres, le pur exercice de soi-disant esthètes qui ne semblent être là que pour se mettre en scène en des chroniques publiées dans des revues pour happy few.  Reste, comme je l’écris dans mon titre : pour manger du gibier il faut qu’il soit chassé, c’est-à-dire tué dans son milieu naturel.

Camdeborde-001-copie-1.JPG

 

Dans beaucoup de catégories de la population, qu’elles soient rurales ou urbaines, la chasse, et plus encore les chasseurs, n’a pas bonne presse. Depuis qu’ils se sont invités à l’élection présidentielle ils sont perçus comme un lobby puissant et pas toujours transparent : 1,3 million de chasseurs. Pour ma part j’ai côtoyé des chasseurs : M. Pons et N. Douard dont la conception de la chasse m’allait, rien à voir avec les viandards adeptes des tableaux de chasse pour épater la galerie. Rue de Varenne, j’ai géré, au nom de mon Ministre, les listes des chasseurs des chasses du domaine de Chambord, Rambouillet et Auberive. Je n’ai jamais tenu un fusil de ma vie et, bien sûr, jamais chassé. J’avoue que je ne vois pas d’intérêt personnel à aller battre la campagne pour tirer du gibier et le discours qui affirme que la « chasse aide à dominer sa peur de la nature sauvage, à se la réapproprier, à l’amadouer, à la sentir vibrer, pleine de sève et de fougue… » s’apparente pour moi à de l’autojustification pure et simple. Pour autant je peux comprendre la chasse comme la perpétuation d’une forme de prédation, d’une ponction sur le faune sauvage, comme une confrontation loyale mais il ne faut pas trop en rajouter tout de même en assimilant le gibier à une « nourriture éthique » sous le prétexte d’une alimentation industrialisée dominante.

 

Ici je ne vais ni entrer dans les batailles frontales entre, pour faire simple, le clan Bougrain-Dubourd et le clan des chasseurs des chasses dites traditionnelles, ni rejoindre le parti de ceux qui rejettent la consommation de viande parce que, pour ce faire, il faut tuer un animal. Mon propos préfère se situer justement au niveau de l’acte de tuer lui-même et, je dois l’avouer, la mort d’un animal sauvage par le fait du tir d’un chasseur me paraît plus belle, plus noble, avec une chance, certes inégale, d’y échapper, que celle de l’animal domestique mené et tué dans un abattoir, car là la mort est programmée, inéluctable, et le caractère massif de cette mise à mort à quelque chose de difficilement supportable. Bien évidemment, je ne fais pas entrer dans cette approche les malheureux animaux d’élevage lâchés quelques heures avant la chasse dans la nature pour se faire dézinguer par des chasseurs d’abattage et j’ai peu d’intérêt, et même une forme de mépris, pour ceux qui vont chasser des grands animaux en Afrique ou ailleurs.  De plus, je n’aime pas beaucoup ceux qui considèrent la chasse comme une forme de sport de compétition où la performance semble n’être que la seule motivation. La chasse à courre n’est pas non plus ma tasse de thé. Mon image d’Épinal du vrai chasseur le représente en cueilleur, en préleveur précautionneux des équilibres, en marcheur heureux même lorsqu’il rendre bredouille.

 

C’est un Jim Harrison pour qui pêche et chasse « constituent le summum en matière de nourriture » car depuis l’époque où, gamin il courrait dans les bois, il adore « manger les poissons et les oiseaux que j’ai réussi à capturer. » et aime aussi « ramasser des baies et des morilles. » Alors quand il écrit que « la bécasse et la grouse, au même titre que la truite et la perche, appartiennent tout naturellement à la vie qu’il mène » je ne le vois qu’en compagnon de son setter Rose avec qui il entretient « une magnifique relation basée sur un langage secret. » Ça me rappelle Justine ma chienne épagneul breton qui avait chassé dans sa prime jeunesse et qui retrouvait tous ses instincts dès que nous nous promenions en plaine. Harrison retrouve en chassant et en pêchant sa condition de « bipède pléistocène » car tout simplement il accommode ce qu’il a tué ou pêché. Alors quand il parle d’une tourte à la grouse, j’en sens presque le fumet qui s’échappera lorsqu’il en fera sauter le chapeau.

 

Comme vous l’avez déjà compris je suis amateur de gibier à plumes je dois donc assumer qu’un prédateur humain le soustrait à son habitat naturel pour que je puisse le manger. Alors qui mieux que Gérard Oberlé peut exprimer mon goût pour les oiseaux sauvages comme il le fait dans une lettre du 4 novembre 1999 à Jim Harrison :

 

« Il y a très longtemps que je ne touche plus à un fusil, mais je n’ai jamais renoncé à la saveur des oiseaux sauvages. Le gibier à poil n’est pas mon ragoût et s’il existe, comme dans les contes romantiques allemands, un tribunal des bêtes, ce n’est pas moi qu’on accusera d’avoir orpheliné Bambi. Je laisse à d’autres les puissantes venaisons, les lièvres à la royale, les hures de sanglier à la Saint-Hubert, les selles de chevreuil et les sauces Grand-Veneur. Mais dans mon livre de l’amitié, je dédie le premier chapitre aux potes chasseurs et cuisiniers qui m’ont régalé de perdreau, de gélinottes, de colverts, de bécasses et de cailles, d’ortolans, de faisans et de ramiers, de bartavelles et de becfigues. »

 

Je suis toute comme Oberlé qui lui est qualifié par Jim Harrison de « Michael Jordan de la cuisine française » dans le beau livre SAVEURS SAUVAGES 28 chefs cuisinent le gibier Kéribus link éditions Rouergue link 35€

 

Dans cette belle palette j’ai choisi la recette d’Yves Camdeborde :

Bécasse « nourriture de Dieu » préparée sur sa rôtie.  Camdeborde-011.JPG

Je l’ai choisi pour la bécasse bien sûr, j’adore la bécasse, et pour Camdeborde, j’aime bien Camdeborde même s’il est maintenant quasiment impossible d’aller dîner à sa Comptoir du Relais au carrefour de l’Odéon car il faut, comme chez les grands pontes de la médecine, réserver des mois à l’avance et ça je déteste.  250px-Scolopax_rusticola.jpg

« Chaque soir ou presque, dès le crépuscule, la bécasse quitte ses remises forestières pour aller sur nourrir sur des prairies pâturées ou dans des vignes riches en lombrics où elle passe l'essentiel de ses nuits. »

 

Pour 4 personnes

 

2 belles mordorées

8 bardes de ventrèche

1 c. de cerfeuil haché

2 c. à soupe de graisse d’oie

Quelques morceaux de jambon de pays bien gras

200g de foie gras du Gers mi- cuit

1 vieil Armagnac

Sel, poivre du moulin

4 tranches de pain de campagne bien grillées

1 gousse d’ail hachée

1 échalote ciselée

 

La bécasse ne se vide pas : une fois plumée et flambée, ôtez-lui seulement le gésier. Retirez-lui les yeux ainsi que la partie basse du bec et de la langue. Puis troussez-la, traversez-la avec le bec de part en part, à l’arrière des cuisses. Bardez-la avec la ventrèche (enroulez-la de bardes), donnez-lui une belle forme et maintenez-la avec de la ficelle. Assaisonnez-la de bon goût, sel et poivre, et rôtissez-la dans un four chaud à 180°C dans de la graisse d’oie un quart d’heure. Prenez bien soin de la bête pendant la cuisson, gardez la chair rosée ;

Pendant la cuisson, faites fondre les parures de jambon dans une petite casserole et arrosez régulièrement votre gibier. A la fin de la cuisson de la bécasse, flambez-la avec le vieil armagnac. Retirez et réservez l’oiseau. Déglacez avec 15cl d’eau dans votre sautoir de façon à récupérer les sucs de cuisson. Faites réduire de deux tiers et réservez. Prenez délicatement vos bécasses, videz-les en conservant toutes les entrailles, réservez les oiseaux au chaud. Dans une poêle, faites suer un peu de graisse d’oie, l’ail et l’échalote. Ajoutez-y les entrailles de l’oiseau, écrasez soigneusement le tout avec une fourchette, vérifiez l’assaisonnement. Flambez d’une lichette d’armagnac, débarrassez le tout dans un saladier et incorporez-y le foie gras taillé en petits morceaux et le cerfeuil haché. Recouvrez de cette farce les tranches de pain de campagne grillé.

Partagez en deux les dames au long bec. Dressez chaque morceau sur les rôties,  les têtes fendues en deux, placées sur chaque moitié. Passer au four pour donner un peu de chaleur et servez ainsi accompagné du jus de cuisson et d’une poêlée de cèpes ou de girolles parfumées à l’ail.

 

Pour conclure, une confidence et une proposition de Gérard Oberlé tout à fait d’actualité.

 

La confidence tient dans une bouteille, qui n’est pas une bouteille à la mer, mais celle, pluriel ou singulier, que je poserais sur la table pour accompagner la Bécasse « nourriture de Dieu » préparée sur sa rôtie de Camdeborde. Je pousse même mon imagination jusqu’à penser que, suite à cette chronique, le taulier du Comptoir du Relais me ferait le privilège d’ouvrir son cahier de rendez-vous pour que je puisse inviter une fine gâchette à se régaler d’une de ses mordorées rosées. J’en profiterais pour lui offrir Saveurs Sauvages dédicacée par le taulier restaurateur mais pas chasseur « je n’aime pas les armes car j’en ai toujours eu très peur… » nous confie-t-il à la page 25


n3_2009.jpg 

 

« Ce vin est un symbole, le symbole du renouveau, d'un Languedoc décomplexé qui loin de l'inertie quasi kolkhozienne qui l'a trop longtemps gouverné n'hésite pas à se lancer des défis, à se donner les moyens de réaliser ses rêves. Née au milieu des années 90, la Cuvée n°3 symbolise bien cette vocation de Castelmaure à fédérer les énergies, les envies ; "ce n'est pas une cave, disait récemment un de nos amis, c'est un club de rencontres !" Et Dieu sait si il y a de ça dans la Cuvée n°3… Il y a d'abord cette rencontre, cette histoire d'amour entre les vignerons, un village et son terroir. Contre vents et marées, réunis autour de l'Altesse (Patrick de Marien NDLR) et du barbu (Bernard Pueyo). Puis arrivent les autres, Dominique Laurent et Michel Tardieu, le Bourguignon archi parkerisé et le Provençal gourmand, sublime connaisseur des vins du Sud. Ajoutez à celà le début des délires graphiques, photographiques et poétiques de Vincent Pousson et vous obtenez cette cuvée irréelle qui depuis le millésime 98 a fait le tour du Monde. »

 

Fin 2009, la cuvée n°3 a été sacrée meilleur vin du Languedoc-Roussillon par un jury réunit par Michel Bettane et Stéphane Derenoncourt pour le magazine Terres de vin.

 

La proposition de Gérard Oberlé :

 

« Si un jour on décidait de modifier quelque peu la constitution de la République française et si les législateurs s’avisaient de ma demander conseil, j’imposerais aux candidats à la présidence un examen de passage avec épreuve culinaire : confection d’une blanquette ou d’un mironton, d’une terrine de lapin ou d’une tarte aux pommes. Je me suis toujours méfié des citoyens qui n’étaient pas capables de se coller un tablier pour traiter leurs amis. L’amphitryon qui me gâte en ses pénates avec ses propres sauces et qui, comme l’exige la belle tradition, prépare et sert lui-même le café et les cigares, m’enchante bien plus que le cossu cossard qui me traite à grands frais, chez un rôtisseur étoilé. »  

 

Lettre à Jim Harrison du 25 février 2000

 

Le secrétaire perpétuel autoproclamé de l’ABV édicte cette règle dans notre charte fondamentale et demande qu’entre les 2 tours les candidats se soumettent à l’épreuve du Top chef d’Etat en direct live…

 

Bougez-vous le cul ! Adhérez ! Faites du porte à porte ! Tweetez ! Ecrivez sur notre MUR de Face de Bouc…

Partager cet article
Repost0
12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 07:00

Ce dont nous avions besoin, Lucia  surtout, simple compagne de route de types accrochés, tels des sangsues, à une idéologie dure, fragmentée, fermée, sans avenir, elle subissait toutes les contraintes, assumait tous les dangers, sans pouvoir exprimer ses doutes, ses craintes, c’était de nous extirper de cette gangue, de ce plomb encore mou qui menaçait de nous engloutir. Le fossé entre un discours basiste, soucieux de donner la parole aux ouvriers qui ne l’avaient jamais eu, et une pratique léniniste d’une soi-disant avant-garde de la classe ouvrière pétrie de certitudes, bordélique, bavarde, peuplée de jusqu’auboutistes, d’idéalistes, d’opportunistes, de couards futurs délateurs, les repentis, les dissociés de la loi de 1986, commençait de se creuser. Pier Paolo Pasolini, que l’on ne peut soupçonner d’être un réactionnaire, écrivait dans L’Expresso du 16 juin 1968, à propos des étudiants italiens soixante-huitard « … Maintenant les journalistes du monde entier (y compris ceux de la télévision) vous lèchent (comme on le dit encore en argot d’étudiant) le cul. Moi pas, très chers. Vous avez des gueules de fils à papa. Vous êtes  trouillards, pas sûrs de vous, désespérés… »

 

Nous sommes allés dans une boîte chic, un club privé du centre de Milan où les portiers laissèrent entrer Lucia en la saluant comme une habituée. Elle l’était, la fille du vestiaire en empoignant sa pelisse râpée lui donna un petit surnom italien dont le sens m’échappa mais qui témoignait d’une forme de complicité intime. Ma surprise fut encore plus grande lorsque je découvris les longues jambes de Lucia qui descendaient d’une mini-jupe de cuir noir qui laissait apparaître le haut de ses bas suspendus à un porte-jarretelles. « Je fais l’escort-girl pour boucler mes fins de mois… » se contenta-t-elle de me dire en me prenant le bras pour m’entraîner vers la gueule rouge d’un escalier qui menait à une cave d’où émanait une musique sirupeuse. Sa poitrine, avantageusement enserrée dans ce qui devait être une guêpière, attirait des regards concupiscents d’une clientèle d’hommes d’affaires en goguette. Nous nous assîmes dans l’une des nombreuses niches qui bordaient une piste de danse où quelques couples désaccordés : belles plantes et gras du bide, se préparaient à passer à des jeux plus rémunérateurs. Le champagne que l’on nous servit était bon, les italiens sont fous de champagne. Je ne savais que dire mais Lucia, elle, avait beaucoup à dire. « Pour nos petits camarades je suis ici en service commandé, en repérage, mais ils se gourent, je suis ici, parce que j’aime ça : le luxe, le fric, le plaisir, mais pour l’instant je ne couche pas… ces messieurs se contentent de mes services manuels et surtout buccaux, ça les change de bobonne et surtout je leur sers de la domination. Ils adorent se faire fouetter, se faire pisser dessus, me lécher les pieds et la chatte bien sûr… Le mâle italien rêve de mater deux lesbiennes en action, alors nous leur servons à la demande ce genre de gâterie, au prix fort bien sûr… »

 

Lucia volubile, passait de ses ébats tarifés à l’analyse politique de la situation avec facilité, une forme de défi de femme levant la chape du lourd machisme de ces temps, y compris bien sûr dans nos cercles dit révolutionnaires. Je l’écoutais sans poser de questions. « Si je te raconte tout ça c’est que tu n’es pas clair… tu es ambigu… mais tu aimes les femmes… et de toute façon j’ai besoin de me décharger de ce fardeau qui me pèse… je ne sais pas où je vais mais je n’ai pas envie de mourir d’une balle perdue et plus encore de croupir dans une geôle des années durant et surtout pas de me retrouver dans une cuisine à faire la bouffe et à torcher des gosses. Je veux vivre, vivre ma vie, hors d’ici, être indépendante, libre de mon destin… » Je ne savais que répondre. Lucia le sentait, elle me rassurait « t’en fait pas je ne te demande rien, sauf de partager avec moi mes secrets, et, le moment venu, peut-être de m’aider à me tirer de ce merdier… » Je lui prenais la main. Elle me disait « embrasse-moi ! » Je le faisais de bon cœur mais mes mains restaient sages car, même si j’étais dans le dur, je gardais assez de lucidité pour ne pas briser le fil de notre conversation. Lucia commandait une nouvelle bouteille de champagne. Ses yeux brillaient d’une lueur où se mêlaient lucidité et désespoir. « Dansons ! » Je m’exécutais tout en jetant un regard circulaire sur l’amas de gus vautrés sur des poufs. C’était ouragan dans les calbuts. Lucia se plaquait contre moi et je n’eus d’autre alternative que de poser mes mains sur ses fesses moulées par le cuir.  

Partager cet article
Repost0
12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 00:04

Ne me demandez pas pourquoi car je ne répondrai pas mais je sature, je sature même grave et pas pour de rire. Dans ces cas-là je prends la tangente, je m’évade et je méprise. Le 3 mai 1968, Georges Marchais, secrétaire du parti communiste, dénonçait dans l’Humanité : « ces groupuscules dirigés par l’anarchiste allemand Cohn-Bendit » et nous avons scandé, en signe de solidarité avec Dany le Rouge : « Nous sommes tous des juifs allemands ». Plus tard, Cohn-Bendit expliquera : « Georges Marchais qui m’avait traité d’anarchiste allemand faisait jouer la phobie antiboche : les étudiants à Nanterre ont crié ce qu’il n’avait pas osé dire : « juif allemand ». 

19271_43670.jpg

Réveiller les vieux démons ne me plaît pas, alors en vrac je déverse : Klaus Nomi découvert par David Bowie, chanteur d'opéra hors norme par sa tessiture très étendue : voix de baryton-basse mêlée à celle de contre-ténor et artiste de cabaret au look inclassable. Mort du SIDA en 1983, c’était le début de la grande fauche de ce foutus virus ; Nina Hagen ensuite, même si elle ne m'a jamais vraiment ni fasciné, ni même intéressé, mais parce qu’elle parce que sa voix déglinguée partait dans de vrais délires. Elle faisait le spectacle et horripilait les gens que j’adore voir s’exaspérer face aux provocateurs. L’intelligentsia la vénérait : la couverture d'Actuel, celle de Rock & Folk,  de la provoc bien modérée. Qu’importe ! Reste, pour finir sur une note apaisée, la grande Ute Lemper, que j’ai découvert en 1987 lorsqu’elle interprète des chansons du compositeur Kurt Weill link.En 1992, son album Illusions à reçu le Grand prix de l'Académie Charles-Cros. Son duo avec Art Mengo Parlez d’amour sera un grand succès.

 

Mon titre « Allemagne année zéro » est celui d’un film de Roberto Rossellini « Germania anno zero » sorti en 1948 année de ma naissance

 

Partager cet article
Repost0
11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 00:09

cosplay-hugo-cie.jpg

Le taulier vous le concède, parfois il vous mène sur des chemins de traverse, comme ceux que l’on qualifiait de creux dans son Vendée du bocage, mais c’est  à dessein pour vous faire lever le nez de votre verre et contempler ainsi le Monde, souvent un drôle de monde, loin du votre. C’est ce que je fais ce matin en vous entraînant vers celui des jeunes filles. L’illustration de ma chronique met en avant Eugénie Chidlin qui est écrivain et cosplayeuse. Le cosplay nous vient du Japon où il est apparu dans les années 80, et qui est la contraction de « costume player ». De quoi s’agit-il ? Tout simplement lors d’une soirée privée ou d’une manifestation publique de se déguiser en incarnant un personnage ou un icône de manga ou un avatar de jeu vidéo. Même si pour vous c’est tout bêtement un déguisement il s’agit, comme l’écrit Olivier Bardolle, « d’un jeu résolument kitch et furieusement hype » car ça va permettre à la jeune fille « de se libérer, de se défouler, de se débarrasser d’elle-même, le temps d’un rêve. » Gardez votre sang-froid, ne balancez pas ma chronique à la poubelle, ce qui va suivre va vous interpeler même si je me dois de vous signaler qu’Eugénie Chidlin sur la photo incarne le personnage de Chii, robot à forme humaine, du manga Chobits.  

 

Le concept  de la « jeune fille » a été élaboré par un Tiqqun une revue philosophique française, fondée en 19991 avec pour but de «recréer les conditions d’une autre communauté». Julien Coupat fut l’un de ses fondateurs. Le groupe a implosé à la suite du World Trade Center en 2002. Le livre de référence où est développé ce concept est Premiers matériaux pour une théorie de la jeune fille Mill et une nuits, 2001. Je l’ai découvert dans le livre d’Olivier Bardolle La vie des jeunes filles chez L’Éditeur 15€.

 

« Qu’en est-il aujourd’hui de la condition féminine ? La jeune fille est-elle libre ? se sent-elle libre ? N’est-elle as devenue au fil du temps, sous la pression de l’Oréal et de LVMH, le modèle dominant, l’image exemplaire qui s’impose à la psyché de tous ? L’être parfait sur lequel doivent s’aligner tous les autres s’ils ne veulent pas être considérés comme « ringards » ? Auquel cas, la jeune fille aurait réussi son coup au-delà de tout, et en tout cas, bien au-delà de ses espérances qui n’étaient d’ailleurs pas très claires » s’interroge-t-il dans l’introduction.

 

Pour lui le concept de la jeune fille, élaboré par Tiqqun, est certainement aujourd’hui la meilleure grille de déchiffrement du monde occidental tel qu’il ne cesse de se renforcer depuis la fin de la Première Guerre mondiale et qui va dans le sens toujours accru de la plus grande marchandisation possible dans tous les domaines de l’activité humaine, y compris les plus intimes. Cette évolution, à la fois insidieuse et spectaculaire, au caractère inexorable, s’accompagne d’un processus de dévitalisation des caractères qui tendent désormais à la standardisation la plus éhontée sous couvert d’une affirmation toujours répétée de l’individualisme. En somme, la jeune fillisation des citoyens du monde représente sans doute l’expérience la plus accomplie et la plus prometteuse de ce début du XXIe siècle. » Nous voilà prévenus.

 

« Entendons-nous : le concept de jeune fille n’est évidemment pas un concept sexué. Le lascar de boîte de nuit ne s’y conforme pas moins que la beurette grimée en porno-star. Le sémillant retraité de la com. qui partage qui partage ses loisirs entre la Côte d’Azur et ses bureaux parisiens où il a gardé un pied lui obéit au moins autant que la single métropolitaine trop à sa carrière dans le consulting pour se rendre compte qu’elle y a laissé quinze ans de sa vie. Et comment rendrait-on compte de la secrète correspondance qui lie l’homo branché-gonflé-pacsé du Marais à la petite-bourgeoise américanisée installée en banlieue avec sa famille en plastique, s’il s’agissait d’un concept sexué ? » prévenait Tiqqun.

 

Selon Voici « Le pétasson est une jeune fille de sexe mâle fasciné par son reflet dans les glaces ».

 

Bardolle revisite donc le concept en l’étendant à celui de la belle jeune fille sous la forme de fragments (des « pensées foudroyées dans les formules » selon le mot de Cioran). L’auteur se considère comme « une vieille jeune fille de sexe mâle et qui a un peu honte »  et pour goûter son texte, amusant et tragique, il vous faudra accepter de vous regarder en face.

 

La forme fragmentaire justifie mon choix du simple vrac qui n’est pas note de lecture mais simple glane au gré de mes humeurs de vieille jeune fille qui aime les filles…

 

Page 45 « C’est la fashion week à Paris, des « fraîcheurs », avec des barbes de trois jours, en costume gris et chemise blanche, arpentent les trottoirs délicatement, le portable vissé à l’oreille, ils ont l’œil absent et velouté, ils vous croisent et ne vous voient pas, ce qu’ils voient c’est leur propre reflet dans les vitrines des boutiques de la rue du Faubourg-Saint-Honoé. Quel adorable ballet… »

 

Page 59 Martin Amis Le Nouvel Observateur 14 avril 2011  « Dans ma jeunesse, la Grande-Bretagne était une société de castes. Ça ne l’est plus. C’est une société fondée sur la différence d’âge. Votre appartenance à une classe sociale et votre couleur de peau ne compte plus ; ce qui compte, c’est d’avoir 30 ans. C’est universel dans les sociétés occidentales. C’est d’ailleurs un meilleur système que celui des castes. Si la société doit être inégalitaire par essence, autant que les privilèges ne soient pas ceux de l’aristocratie ou de la race, mais de l’âge : nous sommes tous jeunes à un moment donné. »

 

Page 60 « Comme les jeunes filles peuvent en témoigner, on rencontre désormais, chez les trentenaires, beaucoup d’hommes soignés, parfumés, crémés, au sexe intégralement épilé, empreint d’un érotisme transgenre, qui vivent leur toute-puissance narcissique en « séduisant dans toutes les catégories ». Ils se posent en permanence en objets de désir et n’hésitent pas à se considérer comme « irrésistibles ». Ces nouveaux muscadins sont certainement plus efficaces que nos anciens play-boys. Avec eux, l’amour, le sexe, les sentiments et la séduction ne connaissent pas de temps mort, il s’agit d’une gestion à flux tendu, tout est parfaitement planifié ; le taux de rotation, la gestion des stocks et le contrôle de la qualité font partie d’un « modèle érotique » (comme il y a des « modèles économiques ») mis au point dans les écoles de commerce qui savent former des managers. Le Web est à ce titre largement mis à contribution en termes de planification amoureuse pour obtenir une efficacité optimale. Bref, ça dépote ! »

 

Page 61 « La jeune fille, qui s’habille souvent tout en noir est enfermée dans son moi comme dans un bunker, et les ouvertures qu’elle pratique dans son édifice mental s’appellent à raison des « meurtrières ».

 

Page 73 « La jeune fille raffole des « produits du terroir » dont on ne sait plus trop ce que cela signifie tant les étiquettes des produits importés semi-industriels, trimballés aux quatre coins du pays, ne veulent plus rien dire. Les « terroirs » sont notre avenir sous la forme d’écomusées que la jeune fille pourra aller visiter comme autrefois on allait au zoo : »Oh ! regarde-là, un topinambour ! »

 

Page 78 « Nous vivons dans une société urbaine encombrée de « petits lascars malins » (les plus retors des jeunes filles modernes) qui passent leur vie à s’infiltrer partout, issus généralement du Web, de la finance ou de la com., ils vont en costard sans cravate, ont du gel dans les cheveux et une barbe de trois jours. Ils affichent en toutes circonstances un cynisme tranquille consistant à la fois à chercher à faire le maximum d’argent le plus vite possible et à professer toutes les idées bien-pensantes du moment qui leur servent de pochettes de soie. Ils circulent en scooter MP3 et se faufilent aussi très bien dans la circulation en ne respectant aucune des règles élémentaires de conduite. Ils sont toujours pressés, quand ils sont jeunes on les appelle les « fraîcheurs », et les pompiers de Paris en ramassent une dizaine par jour, écrasés sur la chaussée. Bien fait ! »

 

Page 97 entretien de Jean-Luc Godard avec Maurice Pialat, Le monde du 16 février 1984 « La belle au bois dormant, ça s’arrête quand il l’a réveillée. Ensuite, on ne sait ce qu’ils sont devenus, heureusement. Parce que ça n’a pas du durer longtemps. »

 

Page 114 « Attraits, attributs, avantages, on n’en finirait pas d’énumérer les dénominations conquérantes que l’on donne aux appas féminins. Cela doit bien étonner la jeune fille en formation, la jeune fille de 12 ans, de constater cet étrange et soudain pouvoir d’attraction que son corps et ses seins naissants, suscitent chez les représentants de l’autre sexe. Quelle puissance ! C’est magique de pouvoir faire tourner les têtes comme ça alors qu’hier encore personne ne vous remarquait, c’est magique et ça fait quand même un peu peur. Comment se servir intelligemment d’un tel pouvoir ? Comment l’utiliser à bon escient, sans déchoir ? À moins qu’on en fasse définitivement une arme de conquête, comme la Pompadour ou Mata Hari, qui auraient pu avoir pour devise le mot de Christopher Walken dans le Prince de New-York : « Un poil de chatte peut tracter un navire de guerre ! » N’est-ce pas là une option intéressante pour la jeune fille ambitieuse qui voudrait jouer les Rastignac en jupons ? Et une possiblité de revanche sur les mâles ? »

 

Page 173 « les grands mâles blancs dans leurs berlines allemandes noires ou grises, crispés sur les commandes du pouvoir, ne veulent ni céder leur place ni réduire leur train de vie. Ils ont des réseaux, beaucoup de talent, et sont pour la plupart des bourreaux de travail. Si seulement il n’y avait pas cette foutue pulsion sexuelle ! »

 

En complément lire l'article du M le Magazine du Monde par Raphëlle Rérolle : Les Nouveaux codes de la beauté link

1640937_3_a294_photo_d73b395819d3ae7e8e1153451ebc69cb.jpg

Partager cet article
Repost0
10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 18:30

photomoi.jpgComme c’est la nouvelle coqueluche des agences de communication et des attachés de presse le blogueur, comme la blogueuse, est dragué sec pour aller traîner ses belles grolles ou ses hauts escarpins dans les salons. Oui, vous savez, ces foires-expositions revisitées et plantées dans des zones péri-urbaines où il faut galérer des heures en auto pour s’y rendre. L’oscar de la commodité étant détenu depuis toujours par Vinisud où pour sortir du parking lors de la dernière édition il fallait conjuguer l’astuce d’un chauffeur de taxi romain et la mauvaise foi d’un conducteur parisien. Je suis mauvaise langue mais, même Vinexpo, qui se veut très prout-prout ma chère, a des parkings du niveau de ceux du père Leclerc à ses débuts.

 

Avant de pousser plus loin mon bouchon de blogueur courtisé je ne puis m’empêcher de vous livrer  la description de l’ambiance qui règne dans le « in » c’est-à-dire le salon officiel œuvre de la plume virtuose de Vincent Pousson qui vient de commettre une excellente chronique sur les « off » link C’est tout à fait ça, et le pire, ce sont les invitations à des soirées. Là, je ne vous dit pas, c’est l’abomination de la désolation. Ne parlons pas des colloques organisés pendant les salons ça tient du remplissage pour présidents désœuvrés. Plutôt que de continuer dans cette veine, et me faire encore de bons amis, je laisse la parole à l’arpenteur Pousson.

 

 « En même temps, puisqu'on en parle, moi, j'ai tendance à les comprendre toutes celles et tous ceux qui ne se sentent pas à l'aise dans les "in" avec leurs banderoles ringardes, leurs moquettes qui puent la combine et leurs slogans à deux balles. Rien de tel qu’une bonne déco syndicale pour transformer, d'un coup de baguette magique, le plus authentique des vignerons en vendeurs de voitures ou d'aspirateurs! Il est évident qu'avec un peu plus de liberté d'expression, un esprit moins « caserne », moins « kolkhoze » nombreux sont ceux qui y réfléchiraient à deux fois avant de faire bande à part. Je vais d'ailleurs vous raconter une anecdote qui remonte à quelques années. J'avais organisé, dans Vinisud, un rassemblement de stands pour les domaines et les coopés du cru La Livinière, un lieu un peu rock n' roll et évidemment, aidés par la foule et l'ambiance, on avait fait un peu de bruit. Eh bien, figurez-vous qu'un de nos voisins de salon, un brave homme, viticulteur de Saint-Georges d'Orques que nous avions empêché de dormir derrière son comptoir désert durant ces trois jours, était allé porter plainte pour tapage au commissariat de Vinisud! »

 

Donc, en vertu de cette jurisprudence, fort pertinente, après le dernier Vinexpo où j’ai soigneusement évité tous les pinces-fesses de châteaux et n’avoir goûté que les vrais plaisirs du off, je me suis dit : « mais qu’est-ce que tu fous dans ces allées, Taulier ? » T’es pas un acheteur, t’es même pas un gouteur, t’es donc un imposteur qui sert à gonfler les statistiques de fréquentation…Attention je ne crache ni dans la soupe, ni dans les bassines prévues à cet effet, je fais preuve, bien au contraire, que de réalisme. Les salons sont des lieux où des acheteurs viennent pour rencontrer en un lieu ramassé un maximum de vendeurs. Comme le dit mieux que moi le lettré Pousson  c’est la déclinaison de «  la fameuse règle des 3 unités qui fit le succès du théâtre classique et que Boileau résume ainsi dans L'art poétique: "Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli."  Ces 3 unités, je les rappelle de façon plus didactique pour ceux qui dormaient durant les cours de français

- Unité de temps, la pièce devait se dérouler dans un laps de temps réaliste, on va dire que pour un salon, deux ou trois jours, c'est parfait.

- Unité d'action, tous les évènements doivent avoir une cohérence entre eux, être liés, pour que l'on se disperse pas et que l'attention des spectateurs demeure intacte.     

- Unité de lieu, enfin, là encore pour qu'on se s'éparpille pas. »

 

Alors, moi qui ne suis qu’un blogueur, un petit chroniqueur qui n’ai rien à acheter ni à vendre d’ailleurs, en dehors d’aller serrer la main des Bons Vivants exposants, de draguer les vigneronnes, de se la jouer dégustateur patenté, je ne vois pas ce que j’irais faire au Salon d’Angers, à Vinisud ou même à Vinexpo… Dans le temps, je l’avoue, en arpentant les allées j’y faisais un peu de politique, au sens où j’adorais voir la tronche de mes principaux détracteurs, c’était jouissif. C’était le côté rapport B en chair et en os qui se payait la fiole des ronds de cuir syndicaux, des buveurs de discours et autres allocataires de CVO. Ce temps est révolu. Bien sûr, je ne dis pas que, si Michel Rémondat m’avait invité à une Table Ronde de Vitisphère sur journalistes et blogueurs, je ne me serais pas déplacé ou si une agence payée par une Interpro m’avait confié de trimballer une nichée de blogueuses spécialistes de l’accord mets-vins je n’aurais pas joué les Jacques Dutronc…

 

Vous allez me dire que cette chronique est superfétatoire car tout le monde se fout comme de sa première chemise de l’absence du Taulier à Vinisud. J’en conviens aisément mais si j’ai commis ce billet c’est la faute de Vincent Pousson qui m’a mis l’eau à la plume. Désolé !

 

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Archives

Articles Récents