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22 août 2016 1 22 /08 /août /2016 06:00
« Saint-Sulfite, priez pour nous ! » Jean-Yves Bizot vigneron instille de l’intelligence dans la bataille de chiffonniers autour d’Onfray.

Le titre est de mon cru.

 

Le choix de la photo aussi, j'ai toujours aimé Reiser...

 

Le verbe instiller m’a été révélé par le François de Jarnac, grand maître de l’ambiguïté, lorsqu’il a, pour les élections de 1986, instillé une dose de proportionnelle aux législatives, provoquant le départ au cœur de la nuit de mon ministre Michel Rocard.

 

Quant à l’intelligence, il serait bon qu’elle revienne au galop dans tous nos débats.

 

Pour la bataille de chiffonniers, ma chronique Pour Onfray Steiner est un imposteur mais notre conteur de philosophie se prend les pieds dans le tapis de l’œnologie en faisant 1 drôle de méli-mélo entre les vins bios, biodynamiques et les natures. roule tranquillement vers ses 6000 lecteurs.

 

Depuis l’irruption de Face de Bouc sur la Toile les commentaires se font rares sur les blogs et pourtant certains s’y risquent encore tel celui-ci :

 

« Michel a raison sur bien des points surtout la dégustation des vins natures et autres biodynamique ...pour avoir dégusté de nombreux vins de la sorte j’en ressort toujours déçu bon à mettre à l’évier... aucune finesse...border line sur la volatile ou avec une bonne salade… désolé mais c’est la réalité d’un bon nombre de ces affreux breuvages...alors sous prétexte de l'écologie bobo parigo on devrait se coltiner ces vins infâmes… non, stop !

Après vous parlez de Pontet-Canet… ah oui très bien vin mais à quelle prix????? Descendez dans le monde réel et venez déguster des vins bio ou nature a 20 euros...et là c’est un autre plaisir… beurkkk… »

 

Seb œnologue de métier et passionné de bons vins (Sébastien Cruss)

 

NB. Même si plus personne ne s’en inquiète sur FB je me suis permis de corriger les nombreuses fautes d’orthographe, comme diraient les dégustateurs de Siqocert ce sont des défauts.

 

J’ai donc commis une nouvelle chronique Pourriez-vous me dire ce qu’est un amateur de bons vins ?  pour que cet homme de l’art me réponde, mais, sans doute trop occupé à préparer sa trousse pour la prochaine campagne de vinification, il est resté muet.

 

Et pendant ce temps-là sur Face de Bouc, les divers camps s’écharpaient, s’invectivaient, les coups volaient parfois très bas, même au-dessous de la ceinture, et fallait même que Pierre Guigui, grand maître des amphores bios sommât l’inénarrable Fuster, grand vendeur de poudres et d’onguents, de débattre sur le sujet. Ayant viré ce dernier de mes amis FB je ne puis vous relater l’empoignade. Mais, avait-elle un quelconque intérêt ?

 

Je ne sais, mais ce que je sais c’est que le sujet révèle une ligne de fracture qui inquiète de plus en plus les tenants de l’idéologie dominante. Le revirement du couple Bettane&Desseauve sur la bio et la biodynamie en est la preuve la plus mercantile. Dans le dernier En Magnum l’immense Michel, Bettane, concède que le « désolant concept de vin nature » (sic) « produit de plus en plus souvent des vins bien fait et très plaisants. »

 

Bref, y’a le feu au lac ! Les grands de la chimie rachètent à tour de bras des start-ups de biotechnologie, beaucoup d’œnologues, tels St Paul sur le chemin de Damas, se convertissent, du moins officiellement, le CIVB bat sa coulpe doucement et lentement, le grand Gégé en bon commerçant se voit déjà en pape de la biodynamie, comme c’est étrange Michel Chapoutier est resté muet, et même si le millésime 2016 fut compliqué, provoquant la remontée des on vous l’avait bien dit, le virage d’une viticulture plus respectueuse de l’environnement se prend au grand dam de certains dirigeants aux casquettes multiples.

 

Le vin n’est pas pour moi une nourriture, même spirituelle, c’est un plaisir partagé et ceux qui mettent des tonnes de mots sur « leur dégustation » me saoulent. Je me contente de boire ce que j’aime, sans exclusive mais avec le souci que ceux qui le font aient une ligne de conduite qui corresponde à mes valeurs.

 

Comme je fais mien les propos de De Gaulle à propos des vins dit nature « Naturellement on peut sauter sur sa chaise comme un cabri, en criant l'Europe, l'Europe, l'Europe ... mais ça ne mène à rien ! »

 

Mon passé de Vendéen qui a sifflé le vin des burettes fait que je ne suis idolâtre de rien, vin nature compris.

 

Ce qui me plaît, me passionne, c’est ce que font ceux des vignerons qui ne suivent pas les chemins balisés pour emprunter les chemins de traverse, libre ensuite à chacun d’aimer ou de ne pas aimer, de ne pas acheter leur vin, de dire qu’ils sont bons pour l’évier, mais comme ils ne mettent qui que ce soit en danger je demande un peu plus de respect.

 

Je me tais et je laisse la parole à un vigneron dont j’aime les vins et apprécie sa pratique : Jean-Yves Bizot de Vosne-Romanée.

 

 

Lors d’un cours de vinification que je donnais à des BTS, je posai la question : « que faut-il pour faire du vin ?

 

Du sulfite. »

 

Euh…

 

Même pas une cuve, ou un pressoir ou mieux encore, du raisin ? Non. Du sulfite. Le reste est secondaire.

Serait-ce de l’idéologie…

 

« Je compris que ce vin avait moins à voir avec le raisin qu’avec l’idéologie et qu’il procédait d’une croyance qui lui donnait sa loi.

 

Remplaçons « ce vin » par « le vin » et tout le monde sera en phase.

 

Merci Michel, finalement ! Car quelle que soit l’approche, on va dire usuelle (ou conventionnelle ?), biodynamique et/ou naturelle, il y a toujours une idéologie, quasiment la même d’ailleurs, qui se cache : la foi absolue dans la technique, la primauté de celle-ci sur sa finalité, qui la rend plus importante que le produit lui-même ; ce vin est bon (ou mauvais) parce qu’il est nature ; ce vin est bon (ou mauvais) parce qu’il est « technologique » (faute de mieux).

 

 

Dans le cas de l’approche usuelle, plus personne ne se rend compte de ce renversement. Elle est devenue naturelle à force d’être conforme. Impression renforcée par le profil des vins obtenus, qui répondent parfaitement à la définition des « bons » vins pour lesquels Seb se passionne. Mais profil tout autant conforme donc devenu naturel que la technique qui préside à leur élaboration. On est qu’on le veuille ou non, dans la convention. Technique et (donc) esthétique.

 

la photo n'est pas de moi, qui n'achète pas En Magum, mais de Vincent Bonnal vigneron

la photo n'est pas de moi, qui n'achète pas En Magum, mais de Vincent Bonnal vigneron

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13 août 2016 6 13 /08 /août /2016 06:00
Les illusions de « la cavalcade du grand vin » par Louis Latour « … l’affirmation naïve d’une supériorité de principe accordée à nos vins, par un providentiel décret de la nature. »

Ce que j’aime dans ce texte, hors le fond, c’est le ton, une liberté de ton emprunte d’une grande érudition, d’une langue maîtrisée et d’un humour sans férocité.

 

Ce n’est pas faire injure à Louis Latour que de penser qu’il aurait été, s’il en avait eu le loisir et la volonté, un grand chroniqueur sur la Toile.

 

Admiration !

 

Texte dédié au nouveau directeur du BIVB Christian Vanier tout droit venu de notre beau Ministère de l’Agriculture ICI 

 

Bonne lecture…

 

« Une certaine vision de l’histoire du vignoble a depuis longtemps pris racine en Bourgogne. Elle se singularise par un panégyrique répétitif à la gloire des grands vins de la Côte. Selon cette conception, l’analyse des causes de la qualité conduit automatiquement à l’accumulation de bonnes notes décernées rétrospectivement par l’historien au « terroir » du grand vin, décliné en ses divers grands crus. Pour faire court, nous appellerons « cavalcade du grand vin » le récit coloré de sa destinée historique, telle qu’elle est perçue en Bourgogne par les divers protagonistes qui participent à sa promotion et lui manifestent, sans aucune réserve, une admiration indéfectible.

 

Les récits consacrés à la gloire des grands crus n’admettent en conséquence aucun faux pas dans un parcours de près de vingt siècles. Ils n’ont que faire de la recherche des paramètres œnologiques d’une qualité présumée absolue et définitive. Selon eux, la supériorité de nos grands vins s’impose toujours et en tout lieu. Il est donc sacrilège de la soumettre au moindre questionnement. La Côte apparaît alors comme une sorte de mine d’or, dont on a su à toute époque exploiter avec succès l’inépuisable filon. Le bruit de fond qui accompagne cette présentation simpliste est le cuivre des trompettes de la renommée, embouchées par tout ce que la Bourgogne compte de propagandistes convaincus et acharnés. Cette « réclame », comme on disait autrefois ne s’embarrasse pas de nuances et inspire encore aujourd’hui d’auteurs, dont l’unique ambition est d’entretenir une sorte d’exaltation collective. Cette appréciation, sans doute excessive de la qualité des vins de la Côte, bien qu’elle soit fondée sur des informations historiques parfaitement exactes, soigneusement choisies et mises en valeur.

 

La critique qu’on peut adresser à cette conception exaltée d’une qualité « historique », ne porte pas sur l’insuffisance de preuves qui existent, bien réelles et parfaitement convergentes, mais sur l’affirmation naïve d’une supériorité de principe accordée à nos vins, par un providentiel décret de la nature. Cette présentation est contraire à toute réalité, car seule l’œnologie, c’est-à-dire la mise en valeur patiente et obstinée du terroir bourguignon par des vignerons compétents et expérimentés, explique la qualité et donc le succès des vins de la Côte. Leur suprématie fut toujours contestée par les prétentions concurrentes d’autres genres, qui lui ont de tout temps disputé le champ étroit de la notoriété suprême. Elle fut aussi menacée par les faiblesses d’une pratique œnologique qui n’a pu constamment se situer au plus haut niveau, car l’œnologie est œuvre humaine et ne peut manquer d’être entachée d’erreur, ce qui veut dire que certains vins ne furent pas à la hauteur de la réputation européenne des vins de Bourgogne.

 

La faveur accordée par de grands personnages aux crus d’un vignoble connu, était autrefois par définition le ressort qui permettait d’étendre la notoriété et d’augmenter leur prix, comme plus tard pour le « vin de Nuys », remède miracle qui aurait permis la guérison de Louis XIV après l’opération de la fistule. L’usage du bourgogne en cette occasion exceptionnelle, imposait le respect et témoignait de la qualité hors du commun des vins consommés par ces personnages illustres, mais on ne peut résumer à ce seul trait l’activité viticole d’une province entière. »

 

[…]

 

« … l’orgueil bourguigno ne peut manquer d’être tempéré par la présence en Avignon du vin de Saint-Pourçain, qui eut, lui aussi, son heure de gloire au Moyen Âge avant d’être englouti dans une décadence irrésistible, dans des circonstances mal élucidées. À l’égal des vins de Beaune et malgré un parcours par voie de terre immensément coûteux, le vin de saint-Pourçain a participé, aux côtés de la Bourgogne, à l’approvisionnement des caves pontificales. Son prix d’achat était égal à celui des vins de Beaune, ce qui signifie qu’à cette époque il surclassait lui aussi, les abondantes productions provençales dont le niveau de qualité n’était pas jugé suffisant, au goût des princes de l’Église. Ces remarques seraient évidemment sans portée aucune, si les vins de Beaune envoyés au pape, auraient été des tonneaux de vinaigre. »

 

Les illusions de « la cavalcade du grand vin » par Louis Latour « … l’affirmation naïve d’une supériorité de principe accordée à nos vins, par un providentiel décret de la nature. »
Les illusions de « la cavalcade du grand vin » par Louis Latour « … l’affirmation naïve d’une supériorité de principe accordée à nos vins, par un providentiel décret de la nature. »
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13 juillet 2016 3 13 /07 /juillet /2016 06:00
Jean-Yves Bizot vigneron bourguignon « le cahier des charges et le contrôle ont remplacé l’ambition par le grégarisme, la personnalité par le panurgisme, la lucidité par la conduite du groupe. »

Dans ma chronique du 6 juillet « Le tri sélectif selon SIQOCERT ou l’art de la sanction et de l’exclusion en mode bourguignon… » je soulignais que « la machine à éliminer les déchets tourne à plein sur elle-même, dans des conditions qui diffèrent d’une région à l’autre.

 

La bureaucratie comme toujours se nourrit de sa propre substance, il y va de sa survie. Nous avons l’art de nous lester de boulets aux pieds pour mieux rouscailler contre la prolifération des contraintes.

 

Le paradoxe c’est que le système mis en place l’est avec la caution des dirigeants professionnels et que son fonctionnement reçoit une approbation sans faille de leur part.

 

La mécanique est infernale car elle permet à l’ensemble des géniteurs du système le Ministère, l’INAO, le CAC, les ODG… de se retrancher derrière un ponce-pilatisme bien commode.

 

C’est la faute du système chante le chœur sauf qu’ils sont que nous sommes tous le système. »

 

Étrange dérive d’un système de gestion, longtemps vanté, mis en avant, pour sa capacité à générer de l’excellence, à préserver la diversité, à laisser éclore des produits originaux, dans un monde où l’uniformisation, la standardisation, la normalisation devenaient la règle.

 

Les pommes devaient être lisses, fermes, sans défaut… adieu les petites pommes ridées, onctueuses, goûteuses… vive le calibre… la normalisation… sauf que dans les deux hémisphères on produisait des pommes, toutes les mêmes… tout au long de l’année dans les allées de la GD toutes les pommes sont cousines germaines.

 

Triste comme l’ennui qui naquit dit-on de l’uniformité, alors pourquoi diable ce vin français qui revendique haut et fort son origine, son terroir, l’intelligence de la main, se fourvoie-t-il dans un système ubuesque, kafkaïen ?

 

Pour trier le bon grain de l’ivraie me rétorquera-t-on.

 

Pour nous soumettre aux exigences européennes se lamentera-t-on.

 

Pour que les vins d’une même appellation aient tous le même air de famille.

 

De la gueule de qui se fout-on ?

 

Qui pilote la machine infernale ?

 

Plus personne ou plus précisément ceux qui ont intérêt à ce qu’elle continue de fonctionner.

 

Bref, lorsque l’on constate le niveau de médiocrité qualitativement correcte qu’adoube le système on est en droit de se demander « tout ça pour ça… »

 

L’analyse que nous livre Jean-Yves Bizot est à lire avec attention car elle a le mérite de susciter la réflexion sur le devenir de notre système d’AOC.

 

De toute ma vie je n’ai jamais douté de la force de l’intelligence…

 

« Les signes d’intelligence : école buissonnière, indiscipline, grain de folie, distraction, refus d’obéir. »

 

Félix LECLERC chanteur québécois

Jean-Yves Bizot vigneron bourguignon « le cahier des charges et le contrôle ont remplacé l’ambition par le grégarisme, la personnalité par le panurgisme, la lucidité par la conduite du groupe. »

Partant du principe qu’un bon schéma vaut mieux qu’un long discours, mon père accueillait toujours mes idées par cette réflexion : « Dessine-la. Si tu n’y arrives pas, si le dessin est trop compliqué, reformule ! » Je fais de même aujourd’hui avec mes enfants : « représente ton idée. » Car une idée, c’est déjà une forme, un volume. Pas quelque chose d’amorphe. Et bien la construire, bien en saisir la forme, c’est encore le meilleur moyen de la faire partager.

 

Lorsqu’elle est improbable, que le dessin alors devient impossible, aberrant, alors le biais est dans l’idée elle-même, non dans la capacité à la représenter.

 

Ici, la représentation a été tentée, c’est louable : ce qu’elle révèle de l’idée est sa propre monstruosité.

 

Ce qui se cache derrière ce schéma, qui tente vainement de masquer le vide sur lequel il est bâti par ce tricot de flèches et d’accolades, ce n’est rien d’autre que la bienséance. La bienséance ne signifie pas clairvoyance.

 

A-t-elle été un jour suffisante pour savoir ce qui est bon ou mauvais ?

 

À partir du moment où tout le monde suit la même conduite… Je deviens bon parce que je ressemble et je peux juger parce que je ressemble. Beaucoup d’oubli là-dedans. Rappelons-nous, quelqu’un a dit : « que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre. »

 

Le cahier des charges et le contrôle ont remplacé l’ambition par le grégarisme, la personnalité par le panurgisme, la lucidité par la conduite du groupe. Tout est sûr : on est tenu par des équerres, des supports. Rien ne bougera. On pédale, les roues tournent, mais c’est du vélo d’appartement. Alors que, Jacques le sait très bien, un vélo tient parce qu’il est en mouvement, pas parce qu’il est fixé.

 

A l’entrée, en haut à gauche, vous avez la « non-conformité ». Tout en découle pour aboutir, en bas à droite, à la « sanction ». En soi même, la non-conformité n’est pas une aberration, mais là, si. Le jugement précède : ce qui est « non- conforme » est une erreur , un biais, ou une aberration voire même un vice, puisqu’on peut « corriger », donc remettre droit. Si le vin est non-conforme, c’est parce qu’il y a eu un « manquement ». Il est donc, par a priori, forcément diminué, amoindri, gauchi. A aucun moment, il n’est supposé que la démarche puisse être inverse, et que la non-conformité existe aussi par excès. Le manquement pourrait-il être collectif ? Non, bien sûr : je suis bon parce que je ressemble. Un système statique sans autre volonté que la fixité

 

Je reviens sur ma conclusion de ma chronique de janvier : « Peut-on être plus ambitieux que son appellation ? ».

 

La réponse est : non, définitivement non.

 

Chacun a sa place et chacun à sa place.

 

 

Jean-Yves Bizot

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6 avril 2016 3 06 /04 /avril /2016 08:00
De ce jour, les fascistes désertèrent le bordel. Le fréquenter revenait à se proclamer antifasciste.

Si vous n'avez pas lu les 3 épisodes précédents c'est ICI

 

 

Alors, pour la première fois en soixante ans d’existence, le professeur Santino alla au bordel. Ce fut pour supplier Oriana de lui accorder un quart d’heure.

 

Il sut se montrer convaincant, mais pendant ce quart d’heure il ne consomma pas, se limitât à interroger la jeune femme.

 

Il apprit ainsi qu’Oriana, originaire de Bologne, avait travaillé comme ouvrière à dix-huit ans. On l’avait licenciée parce qu’elle était la fille d'un cheminot, qui lui aussi avait été licencié vingt ans plus tôt pour ses idées socialistes. Accusé de complot contre le fascisme, il avait été arrêté.

 

Le travail d’Oriana constituait la seule source de revenus de la famille, parce que sa mère, institutrice, avait perdu son poste quand elle avait refusé de prendre la carte du parti fasciste.

 

Pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses parents, Oriana avait été obligée de mener cette vie. Mais la police politique s’en était mêlée, craignant que dans l’exercice de sa profession Oriana ne répande les idées socialistes. Par conséquent, pas de contacts prolongés avec les clients, durée maximum un quart d’heure.

 

« La haine mortelle qu’elle voue aux fascistes se concentre chez elle en cet endroit, et les envoie au tapis, expliqua le professeur aux membres du club. J’en veux pour preuve que l’aviateur en est sorti indemne. »

 

De ce jour, les fascistes désertèrent le bordel. Le fréquenter revenait à se proclamer antifasciste.

 

La période écoulée, on ne put renouveler la quinzaine, impossible de voyager sous les bombardements et mitraillages alliés. La maison de tolérance fut fermée. Les filles se dispersèrent.

 

En reconnaissance pour ses mérites, Oriana fut embauchée chez maître Guarnaccia, avocat et vieux député socialistes qui lui aussi avait payé cher ses idées.

 

Quand, trois semaines plus tard, les Américains arrivèrent aux portes de la ville, le comité antifasciste qui les accueillit comptait parmi ses membres Oriana, en pleurs, un drapeau rouge au poing.

 

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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 08:00
Accompagné d’1 garde rapprochée de 3 chemises noires le federale annonça le regard fier : « Je suis venu sauver l’honneur des fascistes. »

Si vous n'avez pas lu les deux premiers épisodes c'est ICI 

 

 

 

 

Il était plus qu’évident que le vice-federale Pasquinotto avait passé l’arme à gauche parce que c’était une mauviette, comme tous mes fascistes, ajouta une voix, et pas parce que le, disons, poing d’Oriana était doté d’une puissance particulière.

 

Cette nouvelle thèse arriva aux oreilles du federale. Lequel, trois soirs plus tard, dépêcha un de ses sous-fifres à la Pension Ève avec ordre que la clientèle vide les lieux dans la demi-heure. Puis il apparut en uniforme, fit le salut romain devant Madame et annonça le regard fier :

 

« Je suis venu sauver l’honneur des fascistes. »

 

Il était accompagné d’une garde rapprochée de trois chemises noires. Mais le federale était disposé à s’exposer jusqu’à, un certain point. En effet, il ne demanda à Oriana que la demi-heure, et cette dernière, dûment chapitrée par Madame, ne fit pas d’histoires.

 

Trente-cinq minutes plus tard, le federale sortait de la chambre d’Oriana, un sourire aux lèvres. Il se montra à la rambarde devant ses hommes, qui se levèrent d’un bond et se figèrent au garde-à-vous.

 

« Mission accomplie. Saluons le Duce !

 

- A noi ! »

 

Le federale descendit la première des dix marches qui menaient au salon, puis il vacilla, porta une main à son cœur, s’effondra et dégringola les neuf autres, s’arrêtant inerte au pied de l’escalier.

 

Le docteur Sciacchitano réussit à le réanimer, mais ordonna qu’on le conduise dare-dare à l’hôpital.

 

L’incident se sut et acheva de jeter le discrédit sur les fascistes locaux.

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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 08:00
Une légende circula, à savoir que le commun des mortels ne résistait pas aux talents amoureux d’Oriana qu’un temps limité

Si vous n'avez pas lu le premier épisode c'est ICI

 

 

 

Mais le lendemain surgit un imprévu. Six dignitaires fascistes emmenés par le vice-federale d’Agrigente, Pasquinotto, débarquèrent dans la maison de passe, firent évacuer les clients et prirent leur place. Les fascistes s’engagèrent auprès de la tenancière à occuper ces dames jusqu’à l’heure de la fermeture ou à payer de toute façon l’équivalent de la recette d’une soirée normale.

 

Pasquinotto choisit Oriana, en lui proposant de passer avec lui les quatre heures disponibles.

 

Oriana opposa un refus ferme. Au mieux, considérant qu’il était vice-federale, elle pourrait monter à une demi-heure.

 

Pasquinotto piqua une colère et alla protester auprès de Madame, laquelle prit Oriana à part et fit tant et si bien que, pour cette seule et unique fois, la jeune femme obtempéra.

 

Une petite heure plus tard, Oriana sortit en trombe de sa chambre en poussant de grands cris et courut chercher madame. Celle-ci monta, entra dans la chambre de sa pensionnaire et se mit à crier elle aussi. Les cinq dignitaires accoururent, toutes affaires cessantes, en costume d’Adam.

 

Pasquinotto gisait en travers du lit, bouche déformée, langue pendante, les yeux révulsés. Mort sur le coup.

 

« Infarctus », certifia le docteur Sciacchitano, appelé en grand secret.

 

Ses collègues rhabillèrent le cadavre tant bien que mal, l’installèrent dans la voiture, se firent promettre le silence par les filles et repartirent pour Agrigente.

 

Mais la chose s'ébruita quand même.

 

Aussitôt une légende circula, à savoir que le commun des mortels ne résistait pas aux talents amoureux d’Oriana qu’un temps limité, qui oscillait précisément entre le quart d’heure et la demi-heure. Au-delà, on s’exposait à un risque mortel.

 

« Elle a le c… comme le poing de Primo Carnera expliqua le professeur Santino. On encaisse un coup, voire deux, mais cinq vous envoient ad patres. »

 

Trois soirs plus tard se présenta un as de l’aviation, un lieutenant médaille d’argent, qui avait vu plusieurs fois la mort en face et qui voulait la revoir en passant une heure avec Oriana. Laquelle se fit d’abord prier, mais finit par accepter.

 

Le lieutenant monta l’escalier un bras autour de la taille de la jeune femme et l’autre levé pour répondre aux souhaits de la bonne chance et aux incitations des clients.

 

Il le redescendit indemne et souriant une heure et cinq minutes plus tard, parmi les applaudissements de l’assistance.

 

La thèse du professeur Santino recevait un démenti cinglant.

 

à suivre

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1 avril 2016 5 01 /04 /avril /2016 06:00
Dis papy c’est quoi l’agroécologie ? Leçon de choses en prenant tous les  « chemins à l’envers » pour Martin au domaine de Cadablès

Avec Christine et Bernard Isarn du domaine de Cadablès ça a commencé ainsi 11 septembre 2012 :

 

« Au Bourg-Pailler, la nuit comme le jour, les portes étaient toujours ouvertes, c’est-à-dire jamais fermées à clé. Qu’avions-nous à voler ? Pas grand-chose certes, mais cette attitude reflétait surtout une façon d’être. Seule la tante Valentine pestait sur ce qu’elle considérait comme du laisser-aller. Je dois dire que tout le monde s’en fichait. S’encombrer de clés, se barricader, n’était pas inscrit dans notre ADN de bons campagnards. J’aime toujours les portes ouvertes où l’on frappe et où l’on répond : entrez !

 

Quand j’étais mioche, du fait du métier de mon père : entrepreneur de battages et de travaux agricoles la salle commune était très souvent occupée par des clients qui venaient soi-disant régler leur note mais qui très souvent après avoir éclusé quelques verres repartaient comme si de rien n’était. Cette forme de table ouverte, de maison où l’on entre et l’on sort, le ballet matinal des bonnes qui venaient quérir le lait pour leurs patronnes (tous les ragots venaient à mes oreilles), m’ont marqué à jamais.

 

De plus, mon pays étant un pays d’épais bocage où la clôture de fil de fer n’existait guère : le buisson entourait les prés et les champs et il était toujours possible de sauter les échaliers qui étaient comme des fenêtres sur.

 

Vous comprendrez donc plus aisément tout le plaisir que j’ai à accueillir du monde sur cet espace de liberté. Vigneronnes et vignerons vous êtes donc en permanence les bienvenus ici alors, une fois la vendange engrangée – faites de belles photos pendant – en surveillant le vin qui se fait profitez-en pour laisser libre-court à votre plume. Vous êtes les bienvenus. Aujourd’hui c’est Christine et Bernard Isarn qui s’y collent, merci à eux. »

 

Les revoili les revoilà :

 

 

Aujourd’hui, mieux campés sur nos terres, nous nous sommes ouverts à la culture car le vin est un esprit et l’entourer de beau est essentiel. La soirée d’opéra sous la lune, les amis corses venus chanter ici, les vendanges nocturnes au piano ou à l’orgue de barbarie, les concerts d’été ne nous ont pas fait oublier l’aspect cultural de la chose.

 

Métier éclectique : culturel et cultural. C’est en observant, en reniflant, en touchant qu’une évidence nous ait apparu. Travailler naturellement, aider, souligner, renforcer l’équilibre existant afin de laisser vivre le système pour qu’il nous délivre le meilleur.

Des raisins à l’état optimum, au paroxysme de leur forme, à la maturité complexe, à l’équilibre satisfaisant pour donner des vins fins, des vins différents, peut- être plus profonds, plus digestes, dès vins qui vous apportent un supplément d’âme, un « je ne sais quoi » de différent comme une étincelle de folie dans un monde technologique, standardisé. Une tache rouge dans le gris ambiant. Une tache rouge indélébile.

 

Le Domaine de Cadablès, sis sur un volcan, est principalement composé de terrasses qui s’étagent plein sud, surplombant la plaine. Au pied, le mas traditionnel abrite le chai. Vingt- cinq hectares de bois, de landes, de friches, de champs dont sept de vignes que nous cultivons dans le respect de l’environnement. Depuis longtemps nous travaillons en bio. Depuis cette année nous nous engageons vers un label reconnu, ainsi avons-nous préféré nous « purifier avant de rentrer dans l’église ». Et puis il nous fallait du temps pour absorber, pour ingérer tout ce système administratif et légal si complexe et retors qui use plus qu’on ne le croit. Qui empêche, qui surveille, qui scrute, qui tranche, qui inspecte, qui juge, qui interdit, qui désespère… Mais fi des paperasses, revenons à nos cultures.

 

Très vite, nous nous sommes penchés sur le concept d’agro- écologie, l’intégration de la vigne dans un ensemble afin de trouver une cohérence. Les vignes ceintes de nos terres, nos landes, nos bois poussent dans un espace protégé où nous avons banni tout intrant chimique en utilisant uniquement des traitements et des amendements autorisés en agriculture biologique.

 

C’est avant tout un ensemble que nous gérons et nous favorisons la bio-diversité en plantant de nouvelles essences, en gardant les haies, et, en éradiquant, mécaniquement, la mauvaise herbe uniquement où cela est nécessaire car on le sait, chaque essence favorise une vie intrinsèque qui équilibre le tout. Friches fleurie, eucalyptus, bientôt des fruitiers donnent une allure plus poétique à la chose et le regard au quotidien n’en est que plus flatté. Dans le fond des dizaines de plantes croissent sur la colline. Sauvages ou cultivée elles apportent au paysage senteur, équilibre et beauté… Les points d’eau aménagés ou naturels, rappellent que sous le volcan la nappe phréatique est bien là. Richesse sudiste absolue l’eau du calcaire rejaillit en des endroits secrets où les soirs d’été les croassements font écho aux hululements. Oiseaux, insectes improbables, venus d’on ne sait où, comme preuve tangible d’un équilibre sauvegardé.

 

 

 

 

Le sol : phénomène complexe vivant - pour peu que l’on ne l’ait pas tué – est rempli d’une vie incroyable de micro-organisme, de vers, de bactéries mieux décrite que je ne le fait par des scientifiques bien renseignés sur le sujet… Nous, c’est à la fois à l’instinct, à l’atavisme, en écoutant, en questionnant, en lisant, en étudiant que l’on comprend comment améliorer cette usine à vie, comment réinsuffler cette énergie vitale pour une vigne les pieds sur terre. Retrouver finalement une culture oubliée par une ou deux générations de chimistes inconditionnels. La chance a sourît aux débutants que nous étions, lorsque nous avons acheté Cadablès en 2004, les vignes étaient plus ou moins à l’abandon car l’ancien propriétaire préférait les joies de la bohème à celle du travail et avait toujours cultivé de manière plus ou moins sensible à l’environnement.

 

Ce merveilleux métier est école de patience. Un laisser venir pas un laisser-aller. On observe, on se questionne et les hasards, pourvoyeurs de bonheur, nous font rencontrer, il y a deux ans une jeune femme qui cherche à installer des vaches jersiaises afin de produire des yaourts. Nous lui proposons alors nos champs et, arrive à Cadablès, un troupeau qui paît l’hiver dans les vignes (tondeuse à l’avant épandeur de fumier à l’arrière) et l’été dans les champs. C’est aussi dans l’humain que l’on avance au quotidien, pas à pas, en confiance.

 

Les vaches, les veaux d’un côté, l’âne et les juments de l’autre, les volailles au milieu donnent au tableau une idée de nature vivante. Entretien animal de nos vignes. Il ne manquerait que des moutons et un berger dans le secteur proche. Il y a un potentiel terrible et nous nous chargerions, si tant est qu’un candidat surgisse, de convaincre les édiles panurgiques d’aller dans ce sens. Le sens du positif, le sens de la vie, le sens de l’évidence. Dussions nous allégrement leur mettre la pression L’idée est lancée : avis aux amateurs…

 

C’est avec l’ami Pierre, compagnon fidèle, que nous avons rajouté les abeilles. Féru d’apiculture et initiateur, il nous a installé quelques ruches pollinisatrices au-dessus du nouveau « terret ». Ses visites donnent lieu à des initiations apicoles, à des échanges fructueux sur l’équilibre global, à des dégustations grisantes où l’on revisite l’agriculture version paysanne, environnementale, humaniste, amicale et joyeuse. Le sens de l’humain au travail, le sens de l’intelligence de la main… Et Dieu sait si l’ami Pierre s’y entend.

 

L’ami Jean Louis, dit « l’expert Fouzilhon », jamais très loin, science paysanne locale, toujours debout, nous apporte en dehors de sa joie de vivre, de ses expressions occitanes, une véritable expertise empirique héritée de tant d’année à côtoyer le paysage.

 

Et le clan ? Au plus proche de l’aventure, nos enfants et leurs compagnes si soudés, si solidaires. Quatorze mains assidues toujours promptes à aider, à soutenir. Sept têtes en réflexion. Sept caractères en action pour le dessein global. Enguirlandages récurrents à l’aune de nos feux intérieurs rééquilibrés par l’immense bonheur d’être ensemble pour une cause commune.

 

L’agro écologie commence ici par les gens, les amis, les copains car faute de moyens financiers débordants nous nous sommes toujours tournés vers des richesses parallèles. Chacun vient ici donner, puiser et repart vers sa vie, puis repasse à son gré faire une bise, un salut, prendre des nouvelles. Cadablès, comme une ile, un foyer bien ardant. Le partage, l’entraide, le soutien, le conseil comme antidépresseur systématique.

 

Trombinoscope non exhaustif de notre petit monde créé sur mesure. Pour dire, il y a aussi des Parisiens, un Québécois qui use de sa faconde pour nous commercialiser à « la capitale « et des Suisses, et des Belges, même un Ricain et j’en passe… Le spectre est large. La galerie Cadablésienne s’enrichit chaque année de nouveau membre qui apporte au système, qui y puise aussi à l’instar de Jean Marie notre boulanger paysan local, époux de Miss yaourt, intarissable sur la farine, le pétrin, la boulange.

 

Les quelques têtes décrites ici ne sont qu’une partie d’un ensemble. La partie culturale. Peut-être devrais-je vous présenter aussi la partie des amis artistes plus éthérés venus maintes fois nous encourager dans nos pérégrinations. Mais pour l’heure nous parlons agro écologie, de façon culturale. Il va falloir aussi, un jour ou l’autre, que le Grand Manu, ami et soutien historique inconditionnel de nos balbutiements viniques, nous forme à l’alchimie de la bio-dynamie. Cela viendra peut-être via nos enfants… Cette entreprise : c’est une vie, me disait dernièrement Christophe, collègue châtelain.

 

Devant le temps qui court sans cesse nous mettons en place à Cadablès un système durable et produisons essentiellement du vin in situ. Un peu d’huile d’olive, un potager, des œufs, des volailles destinés seulement à notre consommation…

 

L’aspect cultural dans le but de produire du bon. C’est toujours difficile de dire que ses vins sont bons, on a du mal. C’est un peu comme ses enfants. Une pudeur s’installe lorsqu’on est tant engagé. C’est les autres qui en parlent le mieux. On ne fait que répéter leur avis. Etudiés depuis cette année à l’école hôtelière de Lausanne, adoubés par des chefs de talent, par de grands guides, exportés outre atlantique et en Europe, nos vins nous racontent la satisfaction de leurs buveurs.

 

Nos événements au Domaine nous font rencontrer tout ce monde. Echanges prolixes qui redonnent sans cesse la foi, qui recentre la voie. En définitive il y a toujours au bout du bout un quidam qui boit un verre et y prend du plaisir ou pas. C’est le sens de notre métier : donner du plaisir aux gens et pour cela il faut en prendre en fabriquant. C’est chose faite. Dans le respect, l’éthique, l’humain mais aussi, en prenant tous les « chemins à l’envers ».

 

Tout naturellement…

 

Bavardages incessants de vignerons enflammés capables d’user et d’abuser de la liberté à laquelle nous invite Jacques que nous remercions de son chaleureux accueil. Concluons prosaïques :

 

Pour plus d’infos : ICI et ICI 

 

Et puis, au plaisir.

 

Christine et Bernard Isarn vignerons indépendants

Dis papy c’est quoi l’agroécologie ? Leçon de choses en prenant tous les  « chemins à l’envers » pour Martin au domaine de Cadablès
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16 janvier 2016 6 16 /01 /janvier /2016 06:00
Délit d’initié au Mercato des vins nus : Olivier Grosjean dit Olif pressenti par Bettane&Dessauve pour tester et approuver la fine fleur des naturistes…

Dans ma prime jeunesse, sur Radio-Luxembourg – l’actuelle RTL – Geneviève Tabouis (à écouter sur la vidéo ci-dessous) chroniqueuse politique commençait ses billets par « attendez-vous à savoir »

 

 

Ce matin, en abordant la présentation de cette chronique de l’ami Olivier Grosjean, je n’ai pu résister à l’envie irrépressible de faire un remake. En effet, hier l’une des tronches de vin, Guillaume Nicolas-Brion, le plus extrémiste de la bande des licheurs de vin nu, annonçait que le Stéphane Bern de la maison B&D recherchait un goûteur de vins nus pour étoffer leur équipe de rabatteurs.

 

Étonnant non ! Mister B, l’inépuisable pourfendeur des vins qui puent, aurait-il soudain mangé son chapeau, retourné sa veste, serait-il tombé de son cheval sur le chemin de Damas ?

 

Ou alors, est-ce la récente et soudaine conversion du RP. Saverot de la RVF, les lauriers de blogueur 2015 attribués à une autre tronche de vin, Antonin Iommi-Amunategui par le Sacré Collège de la vieille maison, le recrutement de Sylvie Augereau grande-prêtresse de la Dive et de Sébastien Lapaque le « situationniste » du jaja nu, qui aurait poussé le duo à succomber, en dernière extrémité, à recruter.

 

Je ne sais mais ce que je sais c’est qu’attendez-vous à savoir que leur choix s’est porté sur le plus ancien dans le grade le plus élevé des licheurs de vins nu, le Pontissalien Olivier Grosjean dit Olif.

 

Normal face l’offensive perfide de la RVF il fallait sortir un beau calibre, le nec plus ultra du naturisme, l’alter ego de Michel Bettane versus vin à poils.

 

Comme vous vous en doutez mon chaleureux soutien à Olivier a pesé lourd dans la balance de pharmacien de Michel et Thierry.

 

En fait, tout cela est parti du défi que j’ai lancé le 6 janvier : Supplique au Pontissalien Olivier Grosjean dit Olif : accouche-moi d’un accord vin nu pour mon Morbier au confit d’échalotes !

Délit d’initié au Mercato des vins nus : Olivier Grosjean dit Olif pressenti par Bettane&Dessauve pour tester et approuver la fine fleur des naturistes…

C’est fait !

 

Voici la réponse d’Olivier :

 

Testé et approuvé.

 

Bouteille introuvable, par contre. Mais je donne quelques pistes de remplacement.

 

Pour bien faire, je me suis procuré une tranche de fromage et le magazine susmentionné. Ainsi qu'un confit déjà apprêté, par commodité. Histoire de voir et goûter. Dans la recette initiale, le morbier est donc fourré avec un confit d'échalotes au balsamique truffé d'épices.

 

Ma première idée d'accord fut évidemment régionale: un Macvin rouge. Qu'il faudra d'ailleurs bien tester un jour ou l'autre. Vin de liqueur, muté à l'eau de vie de marc de Franche-Comté exclusivement. D'où son nom: marc-vin. Un seul exemplaire en cave, de couleur rouge, hors AOP et non étiqueté, pas très photogénique. Mais néanmoins excellent, Selim Bassa, du domaine de l'Octavin. Cela aurait pu fonctionner.

 

Mais, brouillons l'écoute. Une raie, un téton, délire d'initié. Vin de table de France, plus spécifiquement du Languedoc, dans sa partie basse, mais pas en dessous de la ceinture. Un nu suffisamment artistique pour ne pas être vulgaire, n'en déplaise à Kevin. Maria Fita, le nom fait tout. Délire d'initié et vin OVNI. Maccabeu passerillé sur souche ramassé le 3 novembre 2001 et élevé pendant 5 ans, non muté, goûtant rancio mais sec. Parfait pour le fromage et le confit. Parfait tout seul, aussi.

 

Merci Olivier pour ta participation à l’extension des vins nus et à la glorification des fromages qui puent de ta belle région.

 

NDLR : Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite.

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26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 06:00
Août chez les Berthomeau c’était « Le temps des battages » pas celui des mariages à Pied-sec : « Bue au goulot, la bouteille de noah fait le tour du pailler. »

Le mois d’août chaque année était donc le mois de mon père. Dieu qu’il aimait ses battages. Il était dans son élément au contact des gens. Moi j’allais trainer mes culottes courtes sur les sacs de blé qui étaient tarés à la bascule et surveillés par le maître (le propriétaire) ou son régisseur (nous étions sous le statut du métayage avec partage des fruits et rappelez-vous celui de la Terre qui meurt de René Bazin, guêtré, vêtu de vieux velours à côtes, craint et détesté) et j’étais «le petit gars d’Arsène». Ce qui nous amusait beaucoup avec les autres galopins c’était d’aller nous faire « flageller » face au tuyau qui projetait la balle du blé en un grand tas. Les batteries c’était une vraie fête si bien décrite par mon pays Henri-Pierre Troussicot.

 

Henri-Pierre Troussicot, le fils du grand Alfred de la perception, et le frère de Gervais et de Jack mes copains d’enfance.

 

Henri-Pierre, qui est un excellent peintre et graveur (l’illustration est de sa main), écrit des nouvelles. En voici une « Les batteries à Pied-Sec » extraite de son livre «Ceux des bords de l’Auzance» chroniques vendéennes aux éditions Hérault.

Août chez les Berthomeau c’était « Le temps des battages » pas celui des mariages à Pied-sec : « Bue au goulot, la bouteille de noah fait le tour du pailler. »

Les battages de la moisson avec la tournée des métairies – c’était le temps du métayage – c’est mon enfance dans la trace de papa et de sa batteuse Merlin. « T’es le fils d’Arsène ! » me disaient les gars des sacs. J’opinais. J’étais fier. Henri-Pierre écrit sur le temps de la locomobile, moi je n’ai connu que le Société Française Vierzon,  mais l’ambiance qu’il fait revivre dans sa nouvelle est bien celle que j’ai connue. Temps englouti retrouvé sans nostalgie au fil des lignes.

Août chez les Berthomeau c’était « Le temps des battages » pas celui des mariages à Pied-sec : « Bue au goulot, la bouteille de noah fait le tour du pailler. »

« La nuit venue, un ultime coup de sifflet avait annoncé le dernier sac de la dernière métairie depuis déjà un moment. A vrai dire on ne termine pas si tard, mais pour ne pas avoir à démarrer pour peu de temps on a poussé un peu plus loin ce soir.

 

Il était presque onze heures du soir, lorsque du bas de la Doucerie il a fallu atteler quatre paires de bœufs pour tirer la « vapeur » et autant pour la Mécanique qui est presque aussi lourde et pour hisser tout cela jusqu’au haut de la Marière et mettre en chantier pour le lendemain matin.

 

oooOooo

 

Le soleil n'est pas encore levé ; des reflets violacés teintent l'horizon. Un voile de brume éphémère s'élève encore des prés bas où dort l'Auzance en accrochant aux peupliers et aux fougères la fraîcheur de l'aiguail. L'étang est immobile, rien ne bruit aux alentours, la brise est même trop fragile pour troubler les roseaux et c'est tout juste si, venant de là-bas, en bout de la grande prairie, le couplet des oiseaux qui s'émoustillent dans les taillis du bois de Lézardière nous rappelle que la nature s'éveille...

 

Bonne lecture… la suite ICI

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25 juillet 2015 6 25 /07 /juillet /2015 06:00
C’est la Saint-Jacques j’ai taxé PAX qu’a payé cash avec une chronique de derrière les tonneaux du Trentin
C’est la Saint-Jacques j’ai taxé PAX qu’a payé cash avec une chronique de derrière les tonneaux du Trentin

Qu’il est bon d’avoir de fidèles lecteurs que l’on peut taquiner, mettre à contribution à la première occasion. Ne jamais rien lâcher ça fortifie l’amitié. Oui, oui, Patrick Axelroud, ce serait mal me connaître, avec mon air de ne pas y toucher, « à l’image des « petits masques » de la comtesse de Ségur (née Rostopchine ­ l’un ne va pas sans l’autre comme le souligne la Bibliothèque Rose) j’attendais la première occasion pour tomber sur votre râble de pauvre lecteur régulier afin de me procurer de quoi faire relâche.

 

Je passe sur le détail de notre petite passe d’armes à propos du requin de Claire.

 

Il ne vous restait plus cher PAX qu’à obtempérer même si, cédant à une certaine exagération pagnolesque, vous ne risquiez en rien de vous voir interdit de blog.

 

Fine lame vous esquiviez par avance le reproche « Je sais, je sais j’entends d’avance les quolibets : complètement parano le mec ! Tut tut tut s’il vous plait. »

 

« Même les paranos ont de vrais ennemis » disait Roland TOPOR.

 

Bref, avec générosité vous m’offriez pour me faire fête une chronique de derrière les tonneaux :

 

Un CHAPEAU DE PAILLE EN Italie « Chronique d’un voyage d’études dans le TRENTIN »

 

Jeudi 22 Août 1996 – 5h10

 

Le car se met en marche.

 

Miracle ! Aucun retard, aucune impatience.

 

Chacun se replonge dans son activité précédente (sommeil, bavardage, rêverie, angoisse : n’ai­je pas laissé le gaz allumé ?)

 

Voilà un voyage qui démarre sur les chapeaux de roues. Tout cela est de très bon augure.

 

Midi : déjeuner sympathique au GOLDENER ADLER à Innsbruck avec vins étrangers : un Grüner Veltliner en souvenir d’un précédent voyage de l’Académie dans la WACHAU et un Blau Burgunder.

 

Le car poursuit son chemin empruntant une autoroute féerique en raison des superbes ouvrages d’art mis en œuvre pour franchir les vallées.

 

La première visite, en fin d’après-midi, est celle du Domaine HOFFSTETTER à Tramin. Nous nous perdons dans une montagne couverte de vignobles cultivés en pergola, apparemment sans désherbage, ce qui nous sera confirmé.

 

Léonard* (Léonard HUMBRECHT du Domaine ZIND HUMBRECHT aujourd’hui à TURCKHEIM) téléphone. Le car retrouve son chemin, peine, l’embrayage fume mais nous arrivons au Domaine de la Villa PARTHENAU. Accueil sympathique et plein de chaleur.

 

Visite du vignoble : on constate que la culture en pergola présente, vu d’en dessous, d’aussi beaux points de vue qu’au-dessus.

 

Notre hôte nous informe que son vignoble (45 ha en pleine propriété et 25 ha en location) est situé à une altitude allant de 270 à 450 m.

 

La Villa BARTHENAU fait l’unanimité. Elle sert de résidence d’été et présente le drapeau du Sud Tyrol agrémenté d’un flamand rose. De superbes rosiers en tête de rang ajoutent à la séduction des lieux.

 

Diverses informations techniques sont fournies. Des échanges de vues se font concernant l’arrosage : notre hôte présentant une installation performante à ce sujet.

 

Distrait, Léonard évoque ses rendements qui sont faibles et se plaint que s’il coupe, il ne reste rien. Un ami bien intentionné compatit : « Pauvre Léonard, sache que, chez moi, tu pourras toujours compter sur un bol de soupe ! »

 

Le groupe s’empreint de la sérénité qui se dégage du lieu. Nous passons enfin en salle de dégustation après 5 invitations ignorées par le groupe tant les abondantes questions nous ont maintenus à l’extérieur.

 

La dégustation commence par un Pinot Bianco 1995 qualifié de « croquant ». Entre deux présentations s’établit une joute oratoire à propos du Tokay, du Furmint, du Traminer.

 

Notre hôte nous fait la surprise et l’honneur de nous faire déguster la première cuvée d’un vin mono cépage LAGREIN 1993. Il s’agit de sa première vendange. Le Lagrein qui s’écrit aussi bien avec un A qu’avec un E serait un cépage cultivé presque exclusivement dans le TRENTIN­HAUT ADIGE. Ce cépage typiquement local avait été un peu délaissé ; il semble récemment remis au goût du jour.

 

Nous redescendons dans la vallée et prenons possession de nos chambres au LORD HOTEL à SAN MICHEL. Nous nous rendons à pied au restaurant voisin où nous faisons connaissance avec la gastronomie locale et, il faudra nous y faire, l’omni présence des pâtes.

 

Vendredi 23 août 1996

 

Frais et dispos, le groupe, après un petit déjeuner parfois laborieux à obtenir, monte dans le car. A l’annonce du programme et de la visite d’une coopérative, Léonard à le cri du cœur : « Enfin des cuves». Nous nous retrouvons vite dans le vignoble et notre première visite est pour l’INSTITUTO AGRARIO de San Michele all Adige.

 

L’institut a entrepris avec la Cave de La Vis l’établissement d’une carte viticole permettant pour les 800 adhérents de se situer dans la Vallée de la Cembra et de l’Adige. Il s’agit de développer l’adéquation entre les terroirs, les microclimats et les 12 cépages cultivés.

 

Après cette première phase, des expériences sont menées pour affiner l’adéquation évoquée par une conduite appropriée de la vigne, tenant compte des apports, de la taille, et l’optimisation des vendanges. Il ne s’agit pas d’une approche purement théorique ; aux nombreuses questions du groupe, passionné, il est répondu qu’il s’agit d’établir le rapport le plus étroit entre l’attente de la cave et l’évolution qualitative du vignoble.

 

Une dégustation suit l’exposé.

 

La dégustation nous fait percevoir les typicités et arômes pris par des Pinots Gris et des Cabernets Sauvignon en ces terres italiennes ; suis un Lagrein que nous connaissons déjà un peu. Nous découvrons le Teroldego. Il s’agit d’un cépage presqu’exclusivement cultivé dans le Trentin. Il est pauvre en tanin mais riche pour tout le reste. Tel le gamay il n’est vraiment à l’aise que dans une région déterminée.

 

Préalablement à cette dégustation de vins rouges c’est avec un Nosiola qu’ont été sollicitées les papilles du groupe.

 

C’est un cépage secondaire blanc «autochtone » qui lui aussi, nous dit on, ne s’épanouit que dans le Trentin, de préférence sur des coteaux de l’ordre de 300 m d’altitude.

 

Avant le départ : un beau et long discours en italien. L’ami WILLM * rappelle le chroniqueur à l’ordre :

 

« Patrick, tu as bien noté j’espère ! »

 

Déjeuner copieux au restaurant Da Pino (rizotto, macaronis al ariab, salade, vitello, cerf, flan aux fraises, café, grappa !)

 

Après le déjeuner, en route pour le lac de Garde : sieste et conversation.

 

Arrivée : le lac est à peine entrevu, et encore, entre quelques toits ! Arrêt d’un quart d’heure (pipi ?) Le chroniqueur errant prend plus d’un quart d’heure et n’arrive pas, pour toute excuse, à mettre en avant les obligations qui lui ont été confiées.

 

Retour vers une cave : la Cantina di Toblino. Suspens : les cuves seront elles plus cuves que les autres cuves ?

 

Cette cave va révéler à beaucoup, une réelle surprise. Sa spécialité est l’élaboration d’un vin de paille : le Vino Santo. Il s’agit du cépage Nosiola déjà goutté le matin même. Cueilli en sur­maturation puis placé sur des claies. Ils ne peuvent en faire tous les ans.

 

Pour le diner, une somptueuse réception attend le groupe dans l’ancienne résidence d’été des évêques de Trente. La résidence, au bord d’un lac, sert également de musée et d’archives du vignoble. La propriété est complantée de tous les cépages possibles tel un conservatoire.

 

Samedi 24 Août 1996

 

Petit déjeuner de plus en plus laborieux. Avant l'heure, ce n'est pas l'heure.

 

La bonne humeur du groupe n'est en rien entamée, malgré une déception générale à l'idée que dans la journée, une seule cave sera visitée : ainsi le groupe va se voir privé de cuves, de chaînes d'embouteillage, d'ordinateurs, de gyrpalette, etc. !

 

Pour l'instant, le car a pris la route du VAL DI CEMBRA vers les Demoiselles Coiffées. Le car se gare et le groupe, moins le chroniqueur paresseux, s’élance pour une rude marche. Au retour, Gérard LAUGEL * a le cri du cœur : « j'ai connu dans le temps des demoiselles qui m'ont fait transpirer, mais celles-là, aujourd'hui m'ont fait suer ! ».

 

Le car repart et mène le groupe par une route à flan de montagnes, permettant d'admirer des paysages enchanteurs et plus particulièrement des carrières de porphyres. La façon dont ces carrières affectent la montagne évoque pour certains, à très grande échelle, ce que le dentiste fait dans nos dents lorsque l'on est assis sur le fauteuil.

 

La seule cave de la journée sera la cave/distillerie POJER et SANDRI.

 

Cette cave a 20 ans d'existence et produit des vins blancs avec le cépage local Nosiola, le Muller Turgau, le Riesling Renano qui est le synonyme du Welch Riesling et quelques autres cépages plus connus.

 

Une dégustation de classe, tout au moins par le cadre dans laquelle elle s'effectue : sous une tonnelle face à la montagne qui se découpe sur un magnifique ciel bleu.

 

Hasard ou préméditation ! La distillerie de pêche est normalement interdite en raison de l'acide prussique contenu dans l'amande du noyau. Deux bouteilles d'alcool de pêche sont néanmoins offertes et remises à l'ami Christian WILLM, seul distillateur du groupe.

 

Tant bien que mal, on regagne le car, dont le chauffeur fait preuve d'une amabilité digne de tout éloge.

 

Le déjeuner a lieu dans une avenante Ferme­Auberge MASO NELLO à FARDO.

 

Une fois encore, pour nous mettre en appétit, nous apprécions l'amabilité du chauffeur et c'est une alerte marche qui nous mène à l'Auberge où un repas campagnard roboratif et succulent apaise les appétits et renforce la bonne humeur commune.

 

Le repas s'est pris en plein air sous un beau préau ou d'aucun se sont ingénié à poursuivre l'effet maléfique de la climatisation du car par création de courant d'air en ouvrant……les fenêtres !

 

Après déjeuner, visite du Musée des arts et traditions populaires de San Michele.

 

Beau bâtiment à l'architecture hétérogène, mixte : mélange de légèreté (italienne ? méridionale ?) et de massivité (locale, montagnarde, campagnarde).

 

Des escaliers s'élancent derrière des arcades, sous des voûtes massives et trapues. Légèreté du jet de pierres souligné par un garde-corps en fer forgé filigrané ou tout au plus dentelé.

 

Superbe contenu du Musée : ingéniosité des artisans, richesse de l'objet, souci d'une réponse immédiate à un problème essentiellement pratique : ici et maintenant.

 

Dîner au restaurant CHIESA à Trento. Décor sympathique, ambiance mode. Il semble, que pour le moment, ce soit un des grands restaurants de Trente. La chaire se révélera moins bonne que le décor, mais cela est de peu d'importance car il est temps de se rappeler l'amicale et très dévouée présence, tout au long de ces jours, de notre hôte, Monsieur Graziano BACCA qui a su se faire l'interprète et le chantre de sa région, nous permettant ainsi de la pénétrer au plus profond de son âme et de mieux la comprendre que si nous avions été de simples touristes en goguette.

 

Dimanche 25 Août 1996

 

En compagnie de l'inénarrable et de plus en plus aimable chauffeur, chargement des vins dans le car, les achats apparaissent comme plus nombreux qu'on aurait pu le croire.

 

Arrivés à STABIO, accueil très sympathique et visite du vignoble MONTALBANO, cité enchanteur et bucolique à souhait.

 

Après avoir apprécié dans le TRENTIN le savoureux mélange Italie/Autriche, c'est un non moins savoureux mélange Suisse/Autriche avec lequel nous sommes amenés à faire connaissance.

 

L'accueil est généreux, les explications intéressantes, les vins simples et bien faits, apparemment sans grand avenir. Il apparaît à beaucoup que dans une Europe en train de se faire et dans une mondialisation de la production de vins, ces charmants vignobles, aujourd'hui déjà, passablement subventionnés, ne survivront pas, sauf à trouver une autre vocation. De là à imaginer que des vignobles seraient conservés comme des alpages confiés à des agriculteurs de hautes montagnes dont la vocation n'est plus l'élevage, mais la conservation du paysage.

 

Vaste problème, mais cela est une autre histoire.

 

Déjeuner en apothéose au restaurant MADONINA à CANTELLO, de loin la meilleure table rencontrée lors du voyage. Et s'il est à présent relaté avec sérénité, il fut néanmoins fertile en péripétie comme ces très nombreuses traversées de la frontière Italo-suisse, pour, tout d'abord trouver CANTELLO, puis le restaurant et retrouver le chemin du retour.

 

Retour sans encombre avec bonne humeur persistante, détente générale et nombreuses visites des uns et des autres dans le petit salon qui s'est installé au fond du car.

 

A l'arrivée, grande et toujours sympathique effervescence pour se répartir des divers achats de vins qui ont voyagés en soute.

 

Le temps d'une bise toute amicale à Marie­Reine promotrice de cette superbe virée et à Martine notre mentor efficace et précis, le groupe se disperse comme un vol d'hirondelles automnal.

 

Merci à tous.

 

Strasbourg, le 01/10/96

 

* Patron de la Distillerie NUSSBAUMER à 67220 Steige

** Ancienne grande maison de négoce à 67520 Marlenheim. Aujourd’hui dans le giron d’ARTHUR METZ

C’est la Saint-Jacques j’ai taxé PAX qu’a payé cash avec une chronique de derrière les tonneaux du Trentin
C’est la Saint-Jacques j’ai taxé PAX qu’a payé cash avec une chronique de derrière les tonneaux du Trentin

« Enclavée entre les Alpes de Rhétie et le massif des Dolomites, aux confins de l’Autriche et de la Suisse, la région du Trentin Haut-Adige est la plus septentrionale d’Italie. Ses rares terres cultivables sont essentiellement vouées à la viticulture qui prospère sur des terrasses abruptes au charme indéniable. Le Trentin Haut-Adige, comme son nom l’indique, se divise en deux zones distinctes : le Trentin, au sud, historiquement italophone, et le Haut-Adige (aussi appelé Südtirol), au nord, officiellement bilingue italien-allemand. La viticulture de la région est toutefois beaucoup plus proche de l’Autriche et de l’Allemagne que de l’Italie méridionale. On y retrouve une trentaine de variétés acceptées dont une série de grands cépages blancs d’origine germanique tels que le Gewurztraminer, le Müller-Thurgau, le Sylvaner et le Riesling qui s’expriment ici avec une rare finesse. La production vinicole est néanmoins dominée par les vins rouges commerciaux à base de Schiava que cultivent massivement les nombreuses coopératives de la région. Le Teroldego Rotaliano dans la zone de Campo Rotaliano près de Mezzacorona, dans le Trentin, et le Lagrein du Alto Adige se classent parmi les grands vins du nord de l’Italie. Dans les deux zones, on rencontre des plantations de plus en plus importantes de Cabernet Sauvignon, de Merlot et de Pinot Noir qui contribuent à rehausser l’extraordinaire potentiel qualitatif de la région. Le Trentin Haut-Adige se spécialise aussi dans la production de mousseux de style champenois fort appréciés sur le marché international. »

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