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14 juin 2020 7 14 /06 /juin /2020 08:00

 

Chaîne de montage de la 2CV dans l’usine Citroën de Levallois (vers 1981).

Pour qui, comme moi, a vécu mai 68, à 20 ans, au cœur de la Commune de Nantes, le livre de Robert Linhart, L'établi, aux Editions de Minuit, éclaira ma lanterne sur ces intellectuels qui s’embauchèrent comme simple OS dans les usines. Pour peu de temps pour la plupart, ce fut le cas de Robert Linhart.

 

Amazon.fr - L'établi - Robert Linhart - Livres

 

« Dans cet ouvrage étincelant comme une pièce d’usinage, net et précis, l'intellectuel proche de Louis Althusser raconte son expérience de manœuvre à l’usine Citroën de la Porte de Choisy, en 1968. Tout y est dit de la pénibilité des tâches, de la violence du management, du racisme décomplexé, de l’anéantissement de la volonté individuelle ou encore de la psychologie de la grève. Ce témoignage, le fondateur du mouvement maoïste français a mis dix ans avant de l’écrire. »

 

« Robert Linhart étant toujours en vie, il fallait l’interroger. Or depuis une tentative de suicide, en 1981, le philosophe s'est réfugié dans le silence. Dans l’intimité, comme l’a raconté sa fille Virginie dans le passionnant Le jour où mon père s’est tu (Editions du Seuil, 2008), mais aussi dans la vie publique. Une seule fois, Laure Adler l’a convaincu de se confier à elle pour son émission Hors Champs, sur France Culture; allait-il la recevoir une nouvelle fois, lui que la maladie bipolaire tient à l'écart de la société ? Ce fut encore oui.

 

D’une voix affaiblie, l’homme raconte comment, tant d’années après, il continue de rêver de la cadence de production, qu’il « n’arrive pas à suivre ». Entre deux souvenirs, les silences paraissent longs comme le passé. Quand il s'agit de tirer les enseignements de ses années militantes, les affirmations se font chancelantes.

 

« Est-ce que vous pensez que la révolution était une illusion ? » le bouscule Laure Adler, cruelle malgré elle.

 

« Oui, enfin bon, répond dans un murmure l’ancien militant de la Gauche prolétarienne. La révolution… Y avons-nous cru vraiment ? Je ne sais pas. » Un aveu qu’on dirait sorti d’un songe...même si, il y a près de 50 ans, ce rêve lui semblait bien réel. »

 

Robert Linhart intègre Normale Sup de la rue d'Ulm en 1963, adhère à l'Union des Etudiants Communistes l'année suivante et y anime le cercle des ulmards. Il est exclu de l'UEC pour ses positions prochinoise et ses critiques virulentes à l'égard du révisionnisme du PCF.

 

Il créé alors l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes. UJCML veut mener une lutte intransigeante contre l'idéologie petite-bourgeoise et son complice révisionniste, particulièrement l'idéologie pacifiste, humaniste et spiritualiste… Elle doit créer une université rouge qui pourra se mettre au service des ouvriers avancés, de tous les éléments révolutionnaires.

 

À l'été 68, l'UJCML se scinde et Robert Linhart rejoint la Gauche prolétarienne, fondée à la fin de l'année par Benny Lévy. Séduit par le mouvement des établis, il entre comme ouvrier spécialisé chez Citroën.

 

© Pascal Ito/Flammarion

 

Virginie Linhart avoue qu’elle s’est longtemps retenue d’écrire, empêchée par la figure paternelle — « Mon père est un grand écrivain, que j’admire énormément. Comment pouvais-je me comparer à lui ? »

 

Oui, certes Robert était, comme le confiait à Virginie ses ex-camarades gauchistes, « intellectuellement le plus fort de nous tous, celui qui parlait le mieux, celui qui réfléchissait le plus vite, celui qui comprenait tout avant tout le monde » mais Robert « au temps de sa gloire de grand timonier de l’UJC (ml) alors que les barricades s’érigeaient au Quartier Latin et que les « émeutiers » s’affrontaient avec les mobiles et les CRS et qu’il campait à Ulm dans son splendide et orgueilleux isolement, comme à l’habitude consistait en un ramassis de ragots de fond de chiottes et d’analyses foireuses. Il en ressortait tout de même que notre homme ne dormait plus, vivait dans une excitation extrême car, déjà, la réalité échappait à ses schémas théoriques. Lui qui rêvait debout de la jonction des étudiants avec le prolétariat assistait au dévoiement d’un puissant mouvement par des « petits bourgeois ». C’était infantile. Il enrageait. Voir des non-organisés confisquer le grand élan de la révolution populaire, la transformer en un happening violent, à coups de pavés, de manches de pioches, dans les quartiers bourgeois, le plongeait dans un abime d’incompréhension. Lui et ses amis prochinois avaient beau distribuer un tract « Et maintenant aux usines ! » pour exhorter les étudiants à migrer vers la banlieue, là où vivent et travaillent les larges masses, ils sont à côté de la plaque. Hors la vie, comme toujours. La garde rapprochée de Robert, même si certains sont ébranlés, comme Roland et Tiennot, par la spontanéité et la force de la rue, ne réfute en rien sa dialectique impeccable. La force des avant-gardes, ce noyau dur, d’acier trempé, est d’avoir raison contre tous. Personne n’ose l’interrompre, il sur l’Olympe, sourd dans sa bulle d’exaltation »

 

Amazon.fr - L'établi - Linhart, Robert - Livres

 

Déjà chez Citroën « je pressentais en lui tout le capital d’intransigeance des hommes d’appareil, sûr d’eux-mêmes, de leurs implacables analyses, imperméables à tout ce qui n’était pas la cause, insensibles aux petitesses de la réalité. Et pourtant, à l’atelier, sur les chaînes, dans le système Citroën, la vie de tous les jours ne collait pas avec les attentes de cet intellectuel en mal de contact avec les prolétaires. Loin d’être comme un poisson dans l’eau, mon Robert se retrouvait sur du sable sec, privé de son élément naturel, incapable d’agir selon ses schémas, soumis comme les autres à la chape du boulot, de la fatigue extrême, de la routine des gestes, de la connerie des petits chefs, de la suffisance des impeccables, de la soumission et parfois même du stakhanovisme de beaucoup de collègues, du temps qui file, des soucis familiaux, de la peur des nervis, de la débrouillardise et de la bonne humeur de ces damnés de la terre. Ici on survit. On s’économise. Parfois, comme une houle soudaine, la masse s’anime pour protester contre un temps de pause écourté. On court tout le temps après le temps. Tout n’est que parcelle, les conversations, les pauses, la cantine, l’embauche, la fin de la journée. On s’égaille. Les « larges masses » ne sont que des escarbilles, aussi grises que les poussières de l’atelier de soudure, qui flottent sans jamais vraiment prendre en masse. Je voyais bien que Robert était désemparé. »

 

Robert Linhart, comme tant d’autres ultras, les frelons de la Gauche Prolétarienne de Benny Levy, l’Althusser à rien, ont raté mai 68. Ils étaient « trop intelligents »

 

Virginie Linhart, la fille de Robert, a donc d’abord dit nous :

 

« L’histoire de son père, plutôt que de s’en emparer frontalement, Virginie Linhart en a nourri il y a douze ans un documentaire, 68, mes parents et moi (éd. du Seuil, 2008), et un récit, Le jour où mon père s’est tu, pour lesquels elle était allée rencontrer des hommes et des femmes nés comme elle dans les années 1960, et élevés dans l’effervescence post-Mai 68 par des parents engagés dans le combat politique — et bien moins investis dans l’éducation de leurs enfants, qui grandirent plutôt solitaires, livrés à eux-mêmes. De la même façon, dans le film Après les camps, la vie (2010) et l’ouvrage La Vie après (2012), la parole des survivants du génocide que Virginie Linhart a interrogés semblait pallier le silence obstiné de ses grands-parents paternels sur ce sujet : « C’est derrière les autres, à travers eux, que j’arrive à raconter les miens. »

 

La documentariste Virginie Linhart, en 2012.

 

Dans L’Effet maternel, publié le 5 février par Flammarion Virginie Linhart, passe  au nous :

 

L'effet maternel - Virginie Linhart - Babelio

 

Nathalie Crom dans Télérama note :

 

« Pour raconter sa vie au « je », et non plus au « nous ». Est-ce cette mise en avant d’elle-même qui la rend fébrile, intense autant que nerveuse, ce jour de janvier où on la rencontre, pour l’écouter évoquer la genèse de ce beau livre ? Une œuvre littéraire d’une spectaculaire franchise, qui fera sans doute frémir d’exaspération les contempteurs de la littérature intimiste, réputée narcissique… »

 

Dans L’Effet maternel, c’est donc de sa mère, sans prénom dans le livre, alors autant que je m’en souvienne elle se prénommait Nicole, seule voix discordante s’élevant pour contester le n°1, l’interrompre. Crime de lèse-majesté, cette femelle osait lui balancer que les choses ne se passaient plus ici, dans ce huis-clos surréaliste, mais dans la rue. Le maître l’avait viré sans ménagement, avec un argument d’autorité : « elle n’avait pas le droit de parler dans ce Saint des saints des détenteurs de la vérité révolutionnaire. »  dont parle Virginie Linhart

 

« À travers sa personnalité et ses choix, je voulais dire comment, dans les années 1970 et 1980, grâce au féminisme et à la révolution sexuelle, nos mères se sont émancipées de l’asservissement dans lequel étaient tenues leurs propres mères. Certes, notre histoire familiale est particulière, mais il me semble néanmoins qu’elle rencontre l’expérience commune des femmes. Même en écrivant à la première personne, ça ne m’intéresse pas de juste dérouler ma propre vie. J’ai besoin qu’elle soit universalisée, cela la rend à la fois plus commune et plus intéressante à mes yeux. »

 

Pour autant Virginie Linhart ne rejoint pas les contempteurs de ce mai 68, les procureurs de la permissivité mère de toutes les dérives libertaires de notre temps : « Certes, c’était une période excessive, mais nous, les enfants des années 1970, serons perpétuellement nostalgiques de ce moment, de la liberté qui régnait alors. Bien entendu, il ne m’est rien arrivé d’aussi dramatique qu’à Vanessa Springora, dont le livre m’a beaucoup touchée. Mais il ne faut pas tout  mélanger, tout confondre. Ces années ont été une ère de liberté et d’expérimentation, et la pédophilie a pu bénéficier alors d’un certain libéralisme. L’enfant était considéré comme autonome très jeune, parfois beaucoup trop jeune. Aujourd’hui, on sait qu’il doit être défendu contre les adultes, mais à l’époque, cette idée n’allait pas de soi. »

 

« L’histoire centrale est celle d’une jeune femme amoureuse et enceinte qui, abandonnée par l’homme qu’elle aime, décide néanmoins de garder l’enfant qu’elle porte, explique-t-elle. C’est, du moins, l’idée initiale. Cela m’est arrivé il y a vingt ans, et j’ai été bouleversée alors de découvrir combien notre société était encore patriarcale, archaïque, et jugeait sévèrement les jeunes femmes qui ont un bébé toutes seules. Je ne m’y attendais pas. Désormais, les choses ont enfin changé, mais je peux attester du fait qu’à l’aube du XXIe siècle encore on vous regardait bien différemment qu’aujourd’hui. » Pour résumer ce qu’elle ressentit alors, Virginie Linhart, la cinquantaine -juvénile et la parole rapide, a cette jolie formule : « J’avais le sentiment d’être au XIXe siècle, dans un roman de Maupassant, alors que j’ai été élevée dans un film d’Agnès Varda ! »

 

Tout ce qui concerne cette mère divorcée, indépendante, aux mœurs très libres et jalouse jusqu’à l’égoïsme de son indépendance nouvellement conquise et sourde au désarroi de sa progéniture m’a laissé de marbre, Virginie Bloch-Lainé dans Libération, note que « le récit manque d’air, d’universel et de distance pour toucher vraiment le lecteur. Comme si elle restait dans la bulle où ses parents se sont enfermés, et où ils l’ont enfermée. »

 

Mais si sa mère je la trouve moche, ce qui m’a bouleversé et ému dans ce livre c’est la relation de Virginie Linhart avec la maternité, à partir de la page 123 je n’ai pu décrocher de la narration de sa grossesse apocalyptique.

 

Bouleversant, bouleversé, j’ai refermé le livre tout chamboulé…

 

Pourquoi ?

 

C’est mon secret, ma part d’intime, mon présent partagé avec quelqu’un qui, comme l’écrit page 45 Virginie Linhart « Fidèle à une ligne de conduite, dont j’ai encore aujourd’hui du mal à me départir, plus on est odieux avec moi, plus je m’excuse et demande pardon. »

 

Ce livre est dérangeant, si vous n’aimez pas être dérangés ne faites pas l’acquisition de L’Effet maternel, de Virginie Linhart, éd. Flammarion, 240 p., 19 €

 

L'effet maternel - Virginie Linhart - Babelio

Le sucre et la faim par Linhart Le jour où mon père s'est tu - Virginie Linhart - Babelio

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14 juin 2020 7 14 /06 /juin /2020 06:00

 

L’ami Lilian Bauchet a posté sur mon mur Face de Bouc : Une émission pour toi Jacques

 

La bicyclette : résurgence d'une liberté ?

Bonne Pioche Lilian, en effet lorsque je débarquai dans Paris en 1975 pour y travailler, le Ministère de l’Agriculture, j’ai choisi aussi d’y vivre avec ma famille 3 personnes, même si vu mon salaire de contractuel qui ne pesait pas lourd c’était dans un minuscule appartement rue Mazarine.

 

La raison en était que je ne voulais pas être soumis à la dictature des horaires de la banlieue : voir les gens courir dans le métro, surtout les femmes qui bien sûr son astreinte à l’élevage des enfants, le matin comme le soir afin d’attraper le bon train. Paris n’était pas encore une ville chère, on y trouvait des logements à des loyers raisonnables.

 

Très vite, afin de découvrir le Paris profond pendant les week-ends  j’ai compris que le vélo serait le meilleur outil de cette liberté d’exploration et, par extension rien ne m’empêchait de m’en servir pour aller au travail.

 

J’ai donc opté pour un vélo de ville, un hollandais, un Royal Batavus, trois vitesses au moyeu, freinage par rétropédalage, chaîne carénée, selle Brooks, le nec plus ultra, indestructible : pour preuve il est toujours là, fringant, vaillant, admiré de tous.

 

 

Choix de vie, autonomie et liberté, ce fut fondateur.

 

Au travail on m’a traité de snob, puis les bonnes âmes m’ont dit d’un air contrit que c’était dangereux, je suis passé outre et, en costume-cravate été comme hiver je me suis rendu au travail à vélo et, bien sûr, j’ai sillonné Paris juché sur mon beau destrier noir.

 

Il n’y avait pas en ce temps-là de pistes cyclables, et dans certaines rues affleuraient encore les rails du tramway mais je n’ai jamais chuté. Souvenir d’une réunion très officielle où je suis arrivé trempé comme une soupe, mon costume pendouillait comme une serpillière, sous le regard stupéfait de mes collègues.

 

Les premières pistes cyclables dans Paris nous les devons à Jean Tiberi qui, avec Xavière, savait si bien faire voter les gens du village que Dieu avait rappelé au royaume des cieux. Hommage lui soit rendu, Jacques Chirac, lui, nous avait dotés des motos-crottes.

 

JACQUES CHIRAC, BOUILLONNANT MAIRE D'UN PARIS PROPRE ! UNE ENQUÊTE ...

 

Et puis, mai 81 vint. Nous passâmes aux dires de Jack Lang « de l’ombre à la lumière », pour ma part après la marée rose je rejoignais l’hôtel de Lassay, siège de la Présidence de l’Assemblée Nationale, où, je venais d’être nommé conseiller technique du Président en charge des dossiers de l’agriculture, du commerce et de l’industrie.  

 

Mon arrivée à vélo au poste de garde de l’entrée de l’hôtel  de Lassay fit sensation ; le factionnaire m’indiqua que le règlement de l’AN ne me permettait pas de circuler juché sur mon haut destrier noir mais que je pouvais pédestrement le pousser jusqu’au perron. Ce que je fis. Quelques jours plus tard le chef de cabinet du Président levait l’oukase pour le plus grand bonheur d’un administrateur lui-même cycliste.

 

Les socialos nous faisaient bosser jusqu’à pas d’heures, nous enfilions les séances de nuit comme un charcutier les saucisses ; revenir dans mon treizième arrondissement au cœur de la nuit à vélo était un vrai bonheur. Ce fut le cas un dimanche, où l’on avait infligé à ce pauvre Rocard de défendre le budget de son Ministère du Plan face à une assistance bien maigre. Il me passa une avoinée justifiée, je ne pus lui répondre que je n’y étais pas pour grand-chose et que j’en étais désolé. Ce lundi-là au petit matin, sur mon grand Batavus, je ruminais ma colère.

 

Et puis, en 1986, grand saut dans le privé, me voilà embauché à la SVF (Société des Vins de France n°1 du jaja devant Castelvin) dont le siège social se situait sur le charmant port de pêche de Gennevilliers. J’ai dû remiser mon Grand Batavus et traverser Paris Sud-Nord puis Nord-Sud tous les jours ouvrables. L’horreur absolu de la bagnole qui me fit migrer à Courbevoie.

 

 

1988, retour au 78 rue de Varenne, voiture de fonction avec chauffeur, le vélo c’était pour le week-end.

 

4 août 2009

La nuit du 4 août : abolition des privilèges, sauf le mien

 

En cette nuit du 4 août j’avoue tout : oui dans mes fonctions « ministérielles » me faire conduire fut toujours pour moi un vrai bonheur. ICI 

 

Pour conclure, j’ai découvert dans le numéro 16 /17 de la revue « Médium » un texte de Régis Debray « Pauvres riches » qui m’a ravi. Je vous offre l’extrait sur son goût prononcé pour la voiture avec chauffeur.

 

«  Le seul attribut du richard qui peut donner des aigreurs au Parisien surveillé et canalisé, recru de PV et d’embouteillages, c’est la voiture avec chauffeur. Le dernier luxe, la rente qui me fait rêver. Parce qu’elle part aux contredanses, autorise le travail continu sans rupture de charge et permet d’aller le soir voir des pièces d’avant-garde, au fond de ces ténébreuses et labyrinthiques banlieues qui découragent d’avance le cycliste que je suis. Rien que pour s’éviter la sinistrose des temps morts, gaspillés dans les couloirs de la station Montparnasse ou Châtelet, sans lecture ni téléphonage possible – je comprends qu’on puisse faire des bassesses dans les antichambres élyséennes. Quand j’entends qu’un ami a été nommé président de ceci ou directeur de cela (les bons emplois à la disposition du gouvernement permettent de rejoindre les milliardaires sur la question stratégique du véhicule confortable, gratuit et toujours à portée de voix), mon premier mouvement, noble, est de compassion, aussitôt tempéré par un second, moins reluisant : « Le salaud, avec ses deux chauffeurs attitrés (35 heures obligent) et ses vitres fumées, il va gagner deux ou trois heures par jour sur le bipède ordinaire (distorsion de concurrence), plus dans les 1000 euros par mois (tickets de stationnement et contraventions en moins). Injuste. Odieux. Pourquoi pas moi ? ». Il faut bien un exutoire au moche. De loin en loin. Ça purge les vilains sentiments. Par le bas »

 

Et puis, la vie normale a repris son cours, j’ai vécu un temps dans les bois du côté d’Ermenonville tout en restant fidèle à mon grand Batavus.

 

J’ai fait un Vinexpo à vélo.

 

Et puis un jour on m’a volé mon grand Batavus.

 

Triste, lorsqu’il s’est agi de remplacer mon vieux destrier je me suis tâté : allais-je pousser l’inconscience de ma vieillesse indigne jusqu’à acheter un vrai fixie ?

 

J’ai opté pour un compromis, un vélo caréné comme un fixie mais avec changement de vitesse à la poignée.

 

Deux raisons m’ont fait pencher vers le classicisme :

 

  • tout d’abord Paris n’est pas plat et l’absence de changement de vitesses, ce dont était pourvu mon Grand Batavus (3), est redoutable pour relancer la bête au bas de la pente de Ménilmontant ;

 

  • ensuite, comme je suis un garçon qui fait ses courses, l’absence de portebagages s’avérait un handicap majeur.

 

Bref, j’achetai à « En selle Marcel » un vélo Cooper que l’on me vola devant le Lapin Blanc ; fâché j’optai pour un modèle Zandvoort qui me valut des compliments de tous mes collègues cyclistes. Un bijou. C’est avec lui que j’ai pris ma première gamelle, il n’y était pour rien, j’étais en roue libre mais un ralentisseur Hidalgo bloqua mon cale-pieds et je valdinguai. 15 jours d’hosto.

 

1 an après j’ai opté pour l’assistance électrique

 

3 août 2018

Il beau mon nouveau vélo de bobo californien Electra LOFT GO ! 8i plus besoin de pédaler ou presque…  ICI 

 

 

Résumé :

 

Plus de 40 ans de vélo dans les rues de Paris ; 5 engins, le premier un vélo anglais qui n’a pas fait long feu, volé dans la cour du Ministre au 78 rue de Varenne, oui, oui, en ce temps-là on y entrait encore plus facilement que dans un moulin. Le second qui a eu la plus longue vie un Grand Batavus old Dutch avec freinage par rétropédalage, indestructible, volé lui aussi ; le troisième acheté chez En selle Marcel un Cooper Oporto, volé après un an ;  le quatrième toujours acheté chez En selle Marcel un Cooper Zandvoort, un vrai urban-cycle, léger, un bijou.

 

 

En 2008 je notais déjà :

 

À vélo, dans la ville, hormis que pour y survivre face à la horde motorisée – qui ces dernières années avec le boom des scooters est devenue quasi-sauvage – et l’indiscipline des piétons, on apprend la civilité et le calcul de la bonne trajectoire en partant du principe que pour les maîtres de la chaussée, les impérieux à moteur, le cycliste est un importun. Comme me le faisait remarquer finement, lors d’un déjeuner en ville, le gros Gérondeau, passé de la Sécurité Routière au tout pour la bagnole – c’est plus juteux – « le vélo n’a pas sa place à Paris… »

 

Il est vert de rage le Gérondeau avec le succès du Vélib mais ça ne l’empêche pas de vociférer contre l’arrogance des néo-cyclistes qui, entre nous soit dit, sont assez cons pour mettre leur vie en danger et, en plus, de faire réélire Delanoë. Même Bernard Arnault s'y met, chez Louis Vuitton les abonnements à Vélib (29 euros/an) sont pris en charge par la maison.

 

 Dans la ville les « sauvageons » en col blanc sont légions : sus aux feux rouges, pas de rémission, la rue est aux astucieux insoucieux des règles du code de la route et de la bienséance, insultes, bras d’honneur, même ces dames s’y mettent.

 

Mon drame c’est que ce sont eux qui donnent le « la » : le néo-cycliste est trop souvent un automobiliste à vélo. Les gardiens de l’ordre, eux, majoritairement automobilistes dans l’âme, sont beaucoup plus préoccupés par la fluidité du trafic, la verbalisation aveugle mais juteuse, le rodéo hurlant, que par la protection des usagers les plus faibles. La rue c’est la jungle, le vert en moins, les gaz d’échappement en sus !

 

Reste, les derniers aristos du vélo, dont je suis, soucieux de leur vie et de celle des autres, qui survivent dans cet univers impitoyable.

Un vélo électrique nouvelle génération et made in France ICI

 

Depuis le déconfinement, la pratique du vélo a le vent en poupe. SEB, le spécialiste français d’électroménager devient partenaire industriel d’une start-up de vélos électriques. Les vélos Angell, ultra connectés et portés par Marc Simoncini, seront assemblés dans l’usine historique du groupe SEB, à Is-sur-Tille en Côte-d’Or et les premiers vélos sont programmés pour l’été.

 

La pratique du vélo devient un nouveau geste barrière, car il permet de respecter la mesure de distanciation. Depuis le déconfinement du 11 mai, la fréquentation des pistes cyclables a augmenté de 44% et de nombreuses villes ont même aménagé des pistes cyclables temporaires “Spécial Covid”.

René Dumont - Une vie saisie par l'écologie - Ecologie - Sciences ...

À propos d’écologie : qui se souvient de René Dumont ?

 

«Avons-nous le droit de jouer sur des paris l’avenir de l’humanité ?»

 

Quarante après la première candidature écologiste à la présidentielle, et la parution de son livre-programme, les intuitions et avertissements de René Dumont sont toujours d’actualité.

 

René Dumont a eu un parcours multi-facettes dans le XXe siècle : pour paraphraser le titre du mathématicien Laurent Schwartz (1915-2002), on pourrait parler d’ « un agronome aux prises avec le siècle ». Jean-Paul Besset, journaliste puis député européen du parti écologiste, a consacré à Dumont une riche et nécessaire biographie. Une constante dans son parcours est la forte désillusion envers le colonialisme, dès les années 1930 où il est jeune ingénieur agronome en Indochine, réalisant sur le terrain que le système colonial français n’est guère adapté à la formation et à la montée en compétence des peuples autochtones, par exemple en agriculture qui est son domaine ; cette analyse le conduira à son premier best-seller, L’Afrique noire est mal partie (1962) . Plus lente est son évolution vers l’écologie : il est sous Vichy un expert du productivisme agricole, et reste jusque dans les années 1960 dans une mouvance productiviste, assez favorable aux engrais chimiques et aux pesticides, dans l’objectif, lié à sa passion du développement du tiers-monde, de lutte contre la faim dans le monde. C’est à la fin des années 1960 que Dumont achève sa mutation, véritable « révolution copernicienne » selon Besset, vers une écologie militante, consciente des limites nécessaires à une croissance tous azimuts et d’une préservation de la planète.

 

La suite ICI 

 

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13 juin 2020 6 13 /06 /juin /2020 06:00

Cardinal de Richelieu (1640) sur une toile de Philippe de Champaigne conservée à la Chancellerie des Universités de Paris

Pour faire l’intéressant je pourrais écrire en parodiant l’incomparable Pierre Vassiliu « C'était un pauv' gars / Qui s'appelait Armand / Y n'avait pas d'papa /  Y n'avait pas d'maman… » mais ce serait faire injure à Louis François Armand de Vigneron du Plessis, duc de Richelieu, destiné au métier des armes, mais contraint d'entrer dans les ordres afin de conserver à sa famille le bénéfice de l'évêché de Luçon, le plus crotté de France.

 

 

 

 

Luçon, c’est le sud du Bocage vendéen, situé au centre de la grande plaine, Luçon et sur la bordure du Marais poitevin. j’y suis allé gamin, contraint par le grand inséminateur des vocations à faire une retraite au Grand Séminaire, puis adolescent y jouer au basket-ball. Du côté évêque je fus confirmé par  MGR CAZAUX - UN COMBAT POUR DIEU ET POUR L´ÉCOLE LIBRE, à qui nous refilions chaque année un sac de blé pour ses séminaires (la Vendée était recouverte de séminaires)

 

Mais je ne suis pas là pour bavasser sur moi mais pour tresser des lauriers à une jeune pousse, à la tête bien faite, rencontré au temps du Lapin Blanc. Inclassable, même si il est totalement sinistra, intello border line qui rêve pourtant du poireau (le Mérite Agricole), esprit brillant, Jérémie Ferrer-Bartomeu est un grand moissonneur de correspondances (ça pourrait peut-être lui valoir le poireau), si vous souhaitez tout savoir de lui c’est ICI

 

Émigré en Suisse à l’Université de Neufchâtel

 

Le 6 juin sur Twitter il a publié une lettre de Richelieu

 

Dans les papiers de Richelieu, la lettre qui suit le renouvellement du serment de fidélité au jeune roi Louis XIII après l'assassinat de son père Henri IV est adressée à Madame de Bourges pour lui demander ce que vaut le vin dans Paris.

 

 

 

Moi qui suis beaucoup plus terre à terre je me suis contenté de chroniquer sur le duc de Richelieu à qui l’on lui doit le nom de la recette de la « mahonnaise »

 

Le duc de Richelieu, aimait les plaisirs de la chair mais aussi la bonne chère, il ne faut pas le confondre avec, son grand-oncle, Armand Jean du Plessis de Richelieu, dit le cardinal de Richelieu, cardinal-duc de Richelieu et duc de Fronsac. Pair de France, ministre du roi Louis XIII, destiné au métier des armes, mais contraint d'entrer dans les ordres afin de conserver à sa famille le bénéfice de l'évêché de Luçon, le plus crotté de France.

 

Notre Richelieu de la mayo « connu la Bastille dans son jeune âge en raison de son trop grand empressement pour Mademoiselle de Noailles, puis sous la Régence pour une affaire de duel et un complot bien mal ficelé. » nous dit Jean Vitaux.

 

Académicien à 24 ans en dépit d’une orthographe désastreuse il fut un homme de guerre heureux, contribuant à la victoire de Fontenoy, prenant Fort-Mahon le 28 juin 1756 à Minorque aux Baléares contre les perfides anglais.

 

C’est là, avec ses troupes d’occupation (jusqu’en 1763) que son cuisinier, sans doute inspiré par l’excellence de l’huile d’olive de l’île, l’une des meilleures du bassin Méditerranéen, aurait inventé la Mahonnaise.

 

La suite ICI

 

*« L’État à la lettre. Institutions de l’écrit et configurations de la société admin. durant les guerres de Religion » ICI 

 

L'épiscopat contesté de Mgr Antoine Cazaux ICI

 

Qui est Antoine Cazaux ?

 

C'est le nouvel évêque du diocèse de Luçon. Il est nommé le 11 octobre 1941, en remplacement de Mgr Gustave-Lazare Garnier décédé un an et demi plus tôt, le 30 janvier 1940. À 44 ans - il est né le 13 juin 1897, à Pouillon, près de Dax -, Mgr Cazaux est alors le plus jeune évêque de France. Il a la réputation d'être dynamique et fougueux.

Certains historiens, comme Michel Gautier, critiquent les positions très « maréchalistes » du prélat. « Le culte de la personnalité, le culte de la terre : les célébrations maréchalistes et leurs rituels ont reçu la bénédiction de l'évêque de Luçon, note Michel Gautier. Pendant toute l'Occupation, il ne se prive pas de dire en public tout le bien qu'il faut penser du nouveau régime. Dans un de ses discours, il évoque même le ''miraculeux maréchal''. »

Mais c'est surtout le « silence assourdissant » de Mgr Cazaux sur la question juive qui dérange Michel Gautier. « Alors que d'autres prélats, comme Mgr Gerlier, archevêque de Lyon, ou Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, condamnent sans équivoque les exactions contre les Juifs, l'évêque de Luçon ne dit rien. Il ne proteste pas, lorsqu'en janvier 1944, des Juifs, enfants, femmes et hommes, seront enfermés dans une salle paroissiale de La Roche-sur-Yon avant d'être déportés. »

 

 

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10 juin 2020 3 10 /06 /juin /2020 06:00

 

Le nœud de Conway sur une porte du département de mathématiques de l'Université de Cambridge.

 

Où est «Poutine tête de nœud»? Très haut dans le ciel, parmi les autres étoiles ICI 

 

Il existe désormais dans le ciel une étoile qui s’appelle «Poutine tête de nœud». Grâce à l’organisation WhiteDwarf, il est possible, pour dix dollars, d’adopter et de baptiser une étoile observée par le télescope de Kepler (les profits sont reversés à la recherche).

 

Enthousiasmés par l’opportunité d’immortaliser leur haine de Poutine, des astronomes et militants ukrainiens se sont donc mis d’accord pour nommer l'étoile KIC 9696936 «Poutine Khouïlo».

 

Khouïlo veut dire pénis ou tête de nœud, et «Poutine Khouïlo» est déjà une insulte historique notable.

 

« Il ne faudrait tout de même pas nous prendre pour des poires, hé, tête de nœud », écrivait Blaise Cendrars « Main coupée », 1946.

 

Si une tête de nœud signifie un imbécile, on a du mal à saisir l'image. C'est que le nœud désigne en argot... le sexe masculin ! Une métaphore qui fait sans doute référence au nœud du bois, partie très dense et dure à l'intérieur d'un arbre. Par extension, un nœud s'est mis à désigner un abruti. Ainsi, le fameux neuneu trouve son origine dans la même étymologie.

 

Selon Pierre Merle, auteur d'un « Petit Traité de l'injure » (Points), une tout autre explication est plausible. Tête de nœud serait une déformation de l'expression tête d'eunuque, tout aussi peu flatteuse.

 

Il est aussi possible de lancer « À la mords-moi le nœud ! » à propos de la bataille, plus exactement au « sac de nœuds », à propos de l’hydroxychloroquine, Raoult le druide et la faillite de Lancet !

 

Bref, le nœud doit être respecté, qu’il fut de cravate, des lacets, marin, gordien ou de Conway

 

 

En effet, il a fallu moins d'une semaine à une étudiante fraîchement diplômée pour découvrir la nature d'un nœud mathématique étrange, pourtant découvert il y a plus d'un demi-siècle. ICI

 

Depuis plus de cinquante ans, les mathématiciens se disputaient autour d'un problème complexe, connu sous le nom du nœud de Conway. L’une de ses représentations orne même les portes de l'Institut Isaac Newton pour les sciences mathématiques de la prestigieuse Université de Cambridge (États-Unis).

 

Et alors que sa nature est débattue depuis des décennies, une jeune diplômée de l'Université du Texas, Lisa Piccirillo, a réussi à en découvrir le secret. Et ce, en moins d’une semaine, révèle le magazine Quanta ce 19 mai 2020.

 

 

Une révélation publiée dans les Annals of Mathematics cette même année.

 

Ce nœud est-il une « tranche » ?

 

Ce problème était l'un des mystères de longue date de la théorie des nœuds, un domaine de la topologie. La discipline n’a d’ailleurs pas qu’un intérêt mathématique, puisqu’elle a aidé les chercheurs à améliorer notre compréhension de la forme potentielle de l’Univers ou encore de celle de l’ADN, par exemple.

 

Mais de quoi s’agit-il plus précisément ?

 

En fait, en mathématiques, un nœud est similaire à un simple nœud physique, à la différence notable que ses deux extrémités sont reliées l'une à l'autre. Ces nœuds en question ressemblent donc à des boucles enchevêtrées, puisqu'ils ne possèdent pas de bouts.

 

Alors que la plupart d’entre nous pensent qu’un nœud existe dans un morceau de ficelle avec deux extrémités, les mathématiciens pensent que les deux extrémités sont jointes, donc le nœud ne peut pas se défaire. Au cours du siècle dernier, ces boucles nouées ont contribué à éclairer des sujets allant de la physique quantique à la structure de l’ADN, en passant par la topologie de l’espace tridimensionnel

 

Le nœud de Conway est ainsi un nœud mathématique à 11 croisements, découvert par le scientifique qui porte le même nom, John Horton Conway. La question qui a longtemps subsisté — jusqu’à cette année — était, en simplifiant, de savoir s’il s’agissait d’une “tranche”. C’est-à-dire, si ce nœud pouvait être obtenu en coupant une sphère nouée dans un espace à 4D, où le temps est donc inclus.

 

Afin de le résoudre, elle s'est appuyée sur le fait que certains nœuds possèdent des « frères mutants », dont les croisements sont inversés par effet miroir.

 

Or ils ont le même statut : s’il l’un est une “tranche”, l’autre également.

 

Elle a donc reproduit la mutation moins capricieuse (mais plus compliquée) du nœud de Conway, le nœud de Piccirillo. Et il s’est finalement avéré qu’il n’était pas une “tranche”.

 

Pour en savoir plus sur la résolution de cette énigme vieille de cinquante ans, n'hésitez pas à en consulter les détails, communiqués par le magazine Quanta. ICI 

 

La preuve de Piccirillo a été publiée dans Annals of Mathematics en février. Ce document, combiné à ses autres travaux, lui a valu une offre d’emploi à durée indéterminée du Massachusetts Institute of Technology qui débutera le 1er juillet, soit 14 mois seulement après la fin de son doctorat

 

Les nœuds tranchés « constituent un pont entre les histoires tridimensionnelles et quadridimensionnelles de la théorie des nœuds », a déclaré M. Greene.

Le problème du noeud de Conway résolu

Un profil de l’étudiante diplômée qui a résolu le problème de longue date du nœud de Conway en une semaine ICI
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9 juin 2020 2 09 /06 /juin /2020 06:00

Emmanuel ASTIER DE LA VIGERIE (d') | L'Ordre de la Libération et ...

Voici le début de son texte (la suite en fin de chronique) :

 

Très bonne émission ce matin dans Le cours de l'histoire sur la naissance des mouvements de résistance, où l'invité Laurent Douzou, auteur notamment d'une biographie de Lucie Aubrac décrit le caractère pleinement hétéroclite des premiers groupes de résistance qui surent transcender leurs différences politiques, religieuses, ou sociales pour s'unir sous la houlette de Jean Moulin au sein d'un même mouvement.

 

J'ai bien aimé la conclusion donnée par Laurent Douzou à cette émission.

 

À la question « qu'aurions-nous fait dans des circonstances aussi désespérées et hostiles ? » qu'inévitablement nous nous posons tous, il y répond en citant Lucie Aubrac ; « il ne faut pas se demander qu'aurai-je fait ? Mais qu'est-ce que je fais là, dans l'instant présent. »

 

C'est une façon de dire que nous avons quotidiennement des combats à mener, pas seulement dans les heures les plus sombres de notre histoire. Au nombre de nos combats présents, il y a bien sûr la lutte contre le réchauffement climatique. Quel événement majeur, par quel coup de baguette magique, pourrions-nous être amenés à transcender nos différences pour s'unir d'un même front contre ce fléau ?

 

Laurent Douzou cite à un autre moment de l'émission un autre grand résistant, Emmanuel D'Astier de la Vigerie, le fondateur de Libération *, qui prétendait qu'il était plus facile de devenir résistant lorsqu'on était un « raté social ».

 

 

Fils de baron, 
Emmanuel d’Astier 
de La Vigerie rompt 
avec son milieu d’origine 
et fonde le mouvement 
de résistance 
Libération-Sud 
en 1941, avant de devenir commissaire à l’Intérieur 
de la France libre en 1943.

 

*Libération titre de l’organe de propagande de la Résistance fut racheté à Louba la veuve d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie.

 

À considérer seulement son élégante silhouette digne du personnage d’un roman de Roger Vailland, on imagine mal Emmanuel d’Astier de La Vigerie en parolier d’une chanson de Leonard Cohen !

 

La Complainte du partisan est une chanson écrite à Londres en 1943 par Emmanuel d'Astier de La Vigerie pour le texte et Anna Marly pour la musique. Cette chanson est diffusée pour la première fois sur les ondes de la BBC à destination de la France occupée et un des disques est même détruit par la DCA allemande lors d'un parachutage de résistants. Elle devient une chanson populaire dans les années 1950. http://www.berthomeau.com/-15

 

« Les Allemands étaient chez moi / On m’a dit résigne-toi / Mais je n’ai pas pu / Et j’ai repris mon arme / J’ai changé cent fois de nom / J’ai perdu femme et enfants / Mais j’ai tant d’amis / Et j’ai la France entière. »

 

EMMANUEL D’ASTIER 
DE LA VIGERIE « L’ARISTOCRATE DANDY DE LA LIBERTÉ »

 

Amazon.fr - Emmanuel d'Astier de la Vigerie, combattant de la ...

 

Se révolter ce fut simplement en 1940 « une question de dignité » pour le plus jeune des fils du baron Raoul d’Astier de La Vigerie, issu d’une famille vivaraise où l’on compte dès le XVIIe siècle chirurgiens, magistrats et officiers, et, du côté maternel, deux ministres de l’Intérieur, l’un sous Napoléon, l’autre sous Louis-Philippe… Peut-être, aussi, au regard de ses frères François et Henri, l’un saint-cyrien, l’autre artilleur colonial, tous cités et décorés en 1914-18, le moyen de ne pas s’éprouver comme un « raté de héros ».

 

Car cet ancien élève du lycée Condorcet, qui a fait Navale et découvert dans ses pérégrinations maritimes les séductions de l’opium, quitte tôt la Royale pour la plume du journaliste et de l’écrivain. Assurant le matériel par un emploi dans l’immobilier d’entreprise, le voici, rompant avec son milieu d’origine, qui côtoie Drieu La Rochelle, Kessel et Cocteau, fréquente les surréalistes, publie dans Marianne – le journal de gauche lancé en 1932 par Gallimard, entre à Vu – l’hebdomadaire antifasciste de Lucien Vogel, le père de la future résistante et déportée Marie-Claude Vaillant-Couturier.

 

« Dilettante, paresseux, indifférent à la façon des roués du XVIIIe siècle : c’est ainsi que le voyaient ses amis d’avant 1939 », écrira Lucie Aubrac.

 

Mobilisé dans le renseignement à Lorient cette même année, démobilisé à Marseille après la capitulation de juin 1940, Astier s’indigne : « Reste l’espoir que l’histoire nous venge et replace dans l’ombre les vieillards militaires assis au sommet des ruines et qui ont eu le cœur de douter d’une cause qui n’était pas perdue. » Et se fixe une ligne de conduite offensive : « Faire quelque chose, c’est immédiatement non pas résister (…) mais attaquer. »

 

Avec l’as d’aviation Corniglion-Molinier, producteur du film Sierra de Teruel, d’André Malraux, il organise la « Dernière Colonne », petit groupe de résistants où se retrouveront le mathématicien et philosophe Jean Cavaillès, Lucie et Raymond Aubrac, Charles d’Aragon

 

Les habitants de Nîmes, de Clermont-Ferrand, de Nice, de Marseille, de Toulouse et même de Vichy, plus tard ceux de Montluçon et de Limoges en connaîtront l’existence et le dynamisme lors de campagnes d’affichages massives contre les collabos !

 

En février 1941, des arrestations déciment le réseau et d’Astier, sous le pseudonyme de Bernard, entre en clandestinité. L’homme de l’écrit qu’il n’a cessé d’être fonde alors Libération, un périodique qui sera l’organe du mouvement Libération-Sud, l’un des trois plus importants groupements résistants de la zone non occupée, recrutant ses forces parmi les syndicalistes CGT et les milieux socialistes. Une liaison est établie avec Londres dès 1942, et en mars de cette année-là, Jean Moulin, envoyé du général de Gaulle jouant son rôle de « Carnot de la Résistance » (Malraux) peut réunir en Avignon les responsables de Libération (Astier), Combat (Henri Frenay) et Franc-tireur (Jean-Pierre Lévy).

 

L'unification de la Résistance (1/2): Les rapprochements. - Le ...

 

Emmanuel d’Astier, ayant rencontré de Gaulle, sera chargé par celui-ci de négocier avec le président Roosevelt la légitimité de la France libre. En même temps, il participe à l’unification des forces dispersées de la Résistance métropolitaine et devient le commissaire aux affaires politiques des Mouvements unis de la Résistance (MUR). Membre de l’Assemblée consultative provisoire d’Alger, il est nommé en novembre 1943 – rejoignant ainsi des fonctions exercées naguère par ses ancêtres maternel  – commissaire à l’Intérieur du Comité français de libération nationale (CFLN). À ce titre, il discute avec Winston Churchill de l’aide armée des Alliés à la Résistance.

 

Portrait d'un homme libre : Emmanuel d'Astier de la Vigerie -

 

Ministre – toujours de l’Intérieur – du gouvernement provisoire, il le demeure jusqu’à l’automne 1944. Ce compagnon de la Libération (tout comme ses deux frères), refusant alors au général une ambassade à Washington, transforme en quotidien son journal Libération qu’il dirigera pendant vingt ans, au cours d’une troisième vie de parlementaire et de militant progressiste, compagnon de route des communistes.

 

1979, Maggie superstar - Libération

 

Esprit libre, il combattra avec eux contre le réarmement de l’Allemagne via la CED (Communauté européenne de défense) en 1954, et s’opposera au traité de Rome en 1957, mais, neutraliste affirmé, il condamnera l’intervention soviétique à Budapest en 1956. Se rapprochant du gaullisme, bien qu’ayant refusés la confiance à de Gaulle en 1958, l’aristocrate qui obtint le prix Lénine de la paix, le dandy résistant qui épousa en secondes noces la fille d’un révolutionnaire bolchevique, le commentateur de l’actualité d’un célèbre Quart d’heure télévisé, directeur du mensuel l’Événement, achève son temps en 1969 par une saillie de presse mémorable : « Je vote pour Pompidou-la-scarlatine ! »

 

L'Evénement, la dernière aventure d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie

 

Lors de sa disparition prématurée, son collègue du Monde, Pierre Viansson-Ponté, salua justement « un homme qui ne ressemblait à personne ».

 

Rue des Frères d'Astier de La Vigerie — WikiGenWeb

 

La suite du texte de Lilian Bauchet

 

On peut avancer la même chose quant à notre implication personnelle contre le réchauffement climatique. Plus nous sommes insérés socialement, quand bien même notre conscience écologique serait particulièrement développée, plus il est difficile de mettre en place des actes de vie concrets qui participent activement de la lutte contre le réchauffement climatique. Ce n'est pas seulement que nous refusons de céder un peu de notre confort pour atténuer les effets du réchauffement, même si certains font preuve d'un égoïsme à cet endroit qui me désespère, c'est que le monde dans lequel nous évoluons nous contraint à entretenir des activités dont nous savons en notre âme et conscience qu'elles sont néfastes mais dont ne nous pouvons nous affranchir.

 

Beaucoup de monde attendait avec impatience le déconfinement, synonyme de liberté de déplacement retrouvée, mais aussi et surtout, synonyme de reprise de l'activité économique. Moi le premier, qui ai vu mon chiffre d'affaires s'effondrer et qui attend que mes clients japonais, canadiens, danois se remettent à me passer des commandes. Pourtant, nous avons vu les effets bénéfiques du confinement pour la nature.

 

La nature, moi qui produis des vins naturels, je me suis bien sûr réjoui de cette période d'accalmie de l'agression de l'homme à son encontre. Mais voilà, j'ai besoin de vendre ces vins que j'ai produit, comme des millions d'autres ont besoin aussi de reprendre leurs activités pour vivre de leur travail, quand bien même nous savons que cette reprise d'activité sonne le retour à "l'anormal", pour reprendre le slogan d'extinction rébellion.

 

Comme notre monde est compliqué, dont nous nous sentons en quelque sorte prisonnier et où le principal ennemi qu'il faut affronter est soi-même, où nous devons nous contenter de petits gestes, quand l'urgence climatique de plus en plus visible nous obligerait à envoyer tout en l'air.

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8 juin 2020 1 08 /06 /juin /2020 06:00

 

Cette chronique ne me doit rien, elle n’est qu’une compilation bordelaise née de la publication par Nicolas Lesaint sur sa page Facebook le 4 juin de ce dialogue imaginaire :

 

  • T'es en AOC Bordeaux, tu produis au plus faible rendement de toute la région bordelaise?

 

  • Désolé, tu produis trop, tu produis mal garçon, il faut que tu acceptes la loi du marché, déclasse ton AOC en vin de pays et vends à 750 euros le tonneau...

 

  • Non?

 

  • T'es pas d'accord?

 

  • No problemo, laisse les cours chuter que je te prenne maintenant ton vrac à 650 euros le tonneau...

 

  • Tu t'étouffes?

 

  • Moi pas c'est étrange... Allons, allons, si tu préfères j'ai une dernière option pour toi, envoie ton vin en distillerie ils te promettent un achat à 702 euros le tonneau...

 

  • Toujours pas heureux?

 

  • Oooooooohh je sais pas ce qu'il te faut on fait pourtant tellement pour toi... Alors petit tu décides quoi, j'en ai 50 qui attendent après toi.
  •  

Qui est Nicolas Lesaint ?

 

Le Directeur technique du Chateau de REIGNAC

 

À partir de ce texte sont ensuivi des commentaires sous forme d’échanges, je vous livre en copié-collé le plus intéressants :

 

Laurent Rousseau la solution passe par un assainissement de tous ceux qui n’ont pas suivi l’évolution et qui produisent sans chai et matériel aux normes, avec des personnels sous-payés, sous protégés et qui vendent à vil prix, mais avec ce prix ils survivent.

 

Ils contribuent à couler ceux qui ont investis dans des infrastructures, matériels modernes, dans la formation de leurs personnels et donc dans leur évolution salariale.

 

Peu imaginent le niveau de notre viticulture. Il y a ceux qui ont évolué et ceux qui sont encore au. 19e siècle...ceux-là doivent disparaître. Darwin !

 

Yannick Audubert à Laurent Rousseau tu as raison, c'est clair qu'il y a du ménage après pas sûr que cela soit la seule raison à cette crise non plus, mais marre de voir de l'entre deux mers finir en st Émilion...

 

Laurent Rousseau Yannick Audubert sans compter que beaucoup de jeunes vignerons ne vont pas survivre car les jeunes installés sont fragiles. On hypothèque l’avenir de notre profession en ne faisant pas le ménage.

 

Jérôme Zaros à Laurent Rousseau de toute façon c’est peine perdu, je ne crois plus au Bordeaux sous sa forme actuelle !!

 

Laurent Rousseau à Jérôme Zaros totalement d’accord avec toi

 

Nicolas Méro Pour s'installer jeune vigneron aujourd'hui, faut être fou ou blindé, non ? D'où je suis, j'ai mal pour eux.

 

Château de l'Anglais à Laurent Rousseau malheureusement il n y a pas de marché a un prix correct pour les jolis lots de ceux qui se sont modernisé et produisent raisonnablement.

 

Laurent Rousseau à Chateau de l'Anglais oui car ils sont parasités par les lots produits sans aucun investissement, hygiène ou frais

 

Château de l'Anglais à Laurent Rousseau si ces parasites existent c’est qu’ils trouvent des clients, des consommateurs....pendant des années, le négoce et la GD les ont nourris, négligeant d’autres produits.

 

Laurent Rousseau à Château de l'Anglais le vin payé 1€ le litre en espèces à de beaux jours devant lui

 

Château de l'Anglais à Laurent Rousseau ??

 

Laurent Rousseau à Château de l'Anglais je parle de tous les petits qui vendent leur vin à la clientèle de passage par contenants de 5-10litres...c’est autant de concurrence contre laquelle tu ne peux rien faire

 

Raphael Reynier C’est tout le drame de Bordeaux..

 

Fabrice Chaudier 702€ pour 900 litres ou 1 200 équivalent bouteilles soit 0,585€ les 75cl

Vente en déstockage 3€ la bouteille 1 achetée 1 gratuite soit 1,5€ la bouteille... moins la mise on tombe pas loin des 1 000€ le tonneau et donc 42,5% de plus.

Il y a plus glorieux mais au moins le vin produit sera bu et non détruit.

Et que se passe-t-il si la récolte 2020 est hyper basse ? Ne regrettera-t-on pas ces millions de litres détruits ?

 

David Motut à Fabrice Chaudier non il y a beaucoup trop de volume à en stock

 

Dany Rolland Et dire que le seul souci du marché et des médias est : « est ce que les Bordeaux sortis à moins de 30% en primeur, c’est suffisant, ils étaient donc surcotés, ils se gavaient... et bash et bash ! Ça devient du racisme par rapport aux bourgognes ou autres régions du monde où on ne tourne pas en permanence « Dallas »ou « Les Maudits ». Désolant !

 

Pierre Contant à Dany Rolland est ce que d'avoir tablé (le CIVB) sur les GCC et assimilés qui vendent en primeurs pour faire la promotion du Bordeaux à la façon d'une locomotive qui tirerait le reste des appellations n'était pas une erreur, peut-être ? Est-ce que l'image prestigieuse en ces temps un peu compliqué n'est pas en train de desservir les excellents Bordeaux < 10€ au son du "tous dans le même sac" ? Est-ce que l'opulence et la richesse affiché par des GCC ne brouille pas l'image que le consommateur peut se faire des vins de Bordeaux ?

 

Bernard Lartigue C’est vraiment un constat d’échec pour nos organisations professionnelles et nos représentants qui n’ont pas pris les bonnes mesures depuis que l’on parle à bordeaux de la chute des ventes

 

 

Et puis vint l’interview de Jean-Guillaume Prats à Terre de Vins

Qui est Jean-Guillaume Prats ?

 

Actuellement directeur des Domaines Barons de Rothschild (DBR)

 

Il est le fils de Bruno Prats ancien propriétaire de Cos d’Estournel et Petit Village vendus à Michel Reybier ICI, membre de mon club de réflexion Sans Interdit, son oncle Yves Prats fut mon directeur de thèse de doctorat.

 

Ce matin, alors que se déroulait la dégustation des primeurs 2019* organisée par l’Union des Grands Crus de Bordeaux (UGCB), la nouvelle est tombée : Lafite-Rothschild a été le premier des “Premiers” à sortir sur le marché. Signal fort pour la place de Bordeaux, d’autant que, fait rarissime, Domaines Barons de Rothschild (DBR) soumettaient dans le même temps leurs vins – Lafite, Duhart-Milon et L’Evangile – aux professionnels dans le cadre de l’Union. Cela dénote d’un certain sens du tempo. C’est, en substance, ce que nous explique Jean-Guillaume Prats, Directeur Général de DBR, contacté par la rédaction de Terre de Vins : “nous avons conscience de la cause commune de la place de Bordeaux. La période que nous traversons est une période de crise, nous avons souhaité présenter en même temps nos vins avec l’Union et les mettre en marché”. Peu importe en substance d’être le premier des “grands” à dégainer, l’important pour Jean-Guillaume Prats est “d’être dans le bon timing”.

 

[…]

 

Lafite-Rothschild sort à 396 € prix négociant, soit environ 475 € HT pour le consommateur. Cela équivaut à une baisse de près de 16% par rapport à la sortie du millésime 2018. Alors que les sorties récentes des crus classés médocains se situent surtout entre -30% et -20%… “Nos vins en 2019 sortent à des prix qui les situent à peu près parmi les millésimes disponibles les moins chers”, explique Jean-Guillaume Prats. “Si un consommateur veut acheter du Lafite, il trouvera aujourd’hui en livrable des vins à ce prix, sur des millésimes ‘intermédiaires’. Nous sommes en-dessous des prix du 2009, du 2010, du 2016, du 2018, plutôt autour des prix de millésimes comme 2011 ou du 2012”. Est-ce à dire que Lafite 2019 est un achat good value pour les amateurs ? “Ce n’est pas à moi de dire ce qui est good value, mais ce qui est certain c’est qu’avec une sortie de Lafite à ce prix, l’amateur peut se dire qu’il n’a pas beaucoup d’autres options” répond Jean-Guillaume Prats.

 

L’ensemble ICI 

 

 

 

Enfin le gloubiboulga d’Yves d'Amécourt à Valeurs Actuelles

Quand la France défendra-t-elle ses viticulteurs ? ICI 

 

Il fut l’un des plus féroces détracteurs de mon Rapport… Le genre comment un « haut-fonctionnaire » parisien ose-t-il venir chercher des poux dans le tête des bordelais sûrs d’eux et dominateurs ?

Yves d’Amécourt est élu local en Gironde et viticulteur. Aujourd’hui il est au bureau politique de Force Républicaine avec Bruno Retailleau, où il s’occupe plus particulièrement d’agriculture, d’environnement et de la ruralité.

 

CV Jean-Louis Forain - cenacle europeen

 

Comme j’ai décidé de ne plus fourrer mon tarin dans le dossier des vins AOP-IGP, je vais faire chuter cette chronique sur une histoire à la Pax.

 

  • Que pensez-vous de ma collection de tableaux ? s’enquiert le banquier Rothschild qui l’a invité à dîner dans son hôtel particulier.

 

  • Pardon, mais mon opinion en tant qu’artiste ou invité ?

 

  • En vérité vous avez un esprit très mordant qui vous rend très méchant ; alors pourquoi diton toujours « ce bon Forain » ?

 

  • Vous savez bien, cher baron, qu’on dit toujours « ce pauvre Rothschild »

 

Jean-Louis Forain (1852-1931) illustrateur, peintre et graveur. Cité dans le dictionnaire de pensées humoristiques de José Artur

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7 juin 2020 7 07 /06 /juin /2020 08:00

 

Mercredi dernier en fin d’après-midi, le temps virait à l’orage, pourquoi ne pas s’offrir un film avant le dîner ? Je déroule le menu et je tombe sur la programmation du film de Vittorio De Sica « Le Jardin des Finzi-Contini »

 

Bonne pioche, le 15 décembre 2007 j’avais commis une chronique que notre Pax ne doit pas avoir encore vue :

 

Cadeau de Noël : « Le Jardin des Finzi-Contini »  ICI 

 

Qui se souvient de Dominique Sanda ?

 

Moi, nous avons dîné côte à côte lors d'un festival d'Avoriaz et je dois reconnaître que son portrait ciselé par Anne Diatkine est saisissant de finesse et justesse. Et, c'est là où le hasard est merveilleux, alors que Dominique Sanda, qui vit maintenant en Patagonie, déclare : « Je n'ai pas disparu, ce sont les autres qui ne sont pas où je suis » sa réapparition médiatique était liée à la ressortie du film de Vittorio de Sica le « Jardin des Fizzi-Contini » sur les écrans parisiens.

 

J'ai lu le livre (Giorgio Bassani Gallimard) pendant mes vacances et, à mon retour à Paris, je suis allé voir le film où, Dominique Sanda, toute jeune, joue le rôle de Micòl, le personnage autour duquel tout se noue. Le roman est envoûtant, tout y est en suspens, insaisissable, énigmatique dans le microcosme de Ferrare où la majorité des juifs pensent, comme le père du narrateur, que Mussolini est meilleur qu'Hitler. Le film est plus réaliste, plus politique et, si j'ai conseil à vous donner, voyez le film avant de lire le livre.

 

Le jardin des Finzi-Contini - Giorgio Bassani - Babelio

 

 

Je vous la critique de Télérama qui en ce temps-là n’était pas encore une « officine moralisatrice » :

 

Le Jardin des Finzi-Contini - film 1970 - AlloCiné

 

1970 Italie - Allemagne Réalisé par Vittorio De Sica 1h30 avec Dominique Sanda, Lino Capolicchio, Helmut Berger

On aime beaucoup

Critique par Jacques Siclier

En 1938, le régime de Mussolini promulgue les premières lois ­raciales. À Ferrare, dans le grand jardin de la riche famille juive des Finzi-Contini, Micol et son frère Alberto ont invité leurs amis israélites à venir jouer au tennis…

 

Les admirateurs du roman n’ont pas apprécié cette adaptation selon eux schématique. Pourtant, dans la fin de carrière décevante de De Sica, ce film est très attachant par ses qualités esthétiques (la couleur du temps d’Ennio Guarnieri) et par la manière dont la mise en scène suggère la progression de l’antisémitisme et la corrosion du fascisme. Les petits drames individuels vont aboutir à une tragédie collective que le cinéaste a fait ressentir avec une force poignante. À la fascination formelle qu’on peut éprouver devant les images, au mystère des personnages occupés par leurs amours (excellente interprétation) s’ajoute la présence obsédante de l’Histoire, dans une Italie où, en 1943, des Juifs partirent pour les camps de la mort nazis.

 

Le jardin des Finzi-Contini

 

Les Inrocks :

 

Restauré grâce à l’exquis Ronald Chammah, du Jardin des Finzi-Contini qui ressort aujourd’hui en salle, l’un des derniers films de Vittorio De Sica, l’un des premiers de Dominique Sanda, un film déchirant, adaptation inspirée (De Sica n’a pas réalisé que des  chefs-d’œuvre après Le Voleur de bicyclette) du célèbre et très beau roman éponyme de Giorgio Bassani, le grand écrivain de la ville de Ferrare (où naquirent aussi son ami Antonioni, Primo Levi et Chirico).

 

Le Jardin des Finzi-Contini raconte, en pleine montée de l’antisémitisme en Italie, entre 1938 et 1942, la disparition progressive et annoncée d’une grande famille aristocratique juive de Ferrare qui refuse de voir la réalité en face. Les Finzi-Contini ne quittent jamais leur propriété, enfermés dans leurs privilèges, comme Sanda l’intemporelle s’ils n’y risquaient rien. Le film met aussi en scène les relations amoureuses-fraternelles entre la plus jeune des Finzi-Contini, Micòl (Dominique Sanda, sublime adolescente vénéneuse), et le héros, jeune bourgeois intellectuel juif. La nature du désir, douloureux, ambigu, qui unit les jeunes gens, porte la marque de Valerio Zurlini (La Fille à la valise, Journal intime), qui a écrit ce scénario qu’il devait à l’origine tourner.

 

Le Jardin des Finzi-Contini - CinéLounge

 

Ce soir-là, à La Rochelle, Dominique Sanda monta sur la grande scène de La Coursive pour dire quelques mots, très émue. Sa voix grave n’a pas changé. Elle vit depuis 1998 en Amérique du Sud, avec son mari, un homme raffiné qu’elle tient volontiers par la main, un Argentin d’origine roumaine qui parle mieux le français que moi et cite Giraudoux. Dominique Sanda a cette poésie des femmes qui ne vieillissent jamais parce qu’elles ont toujours été d’une autre époque, d’une époque qui n’a jamais existé. Avec son chapeau à plume, son chien tout en longueur et ses foulards de soie, on dirait qu’elle descend d’un transatlantique, que son Hispano l’attend dehors, qu’elle ne songe qu’à retourner chevaucher dans la pampa, loin de toute cette agitation. Ce soir-là, elle semblait renaître du film de Vittorio De Sica, avec ses lumières vaporeuses et ses zooms surannés qui expriment si bien les rêves de bonheurs perdus, les cauchemars prémonitoires qu’on fait semblant de n’avoir jamais fait, dans l’espoir de leur échapper.

12 avril 2008

L'inoubliée et l'indomptée : Dominique Sanda et Mouglalis Anna ICI

 

 

Dominique Sanda14/08/2008 04:26

Jacques, ce que vous dites est très gentil et m'a intéressé, je dois pourtant par là même vous corriger une petite inexactitude. Là où vous dites "ces quelques mots que, sans doute, jamais vous ne lirez" vous auriez dû écrire: "que vous lirez peut-être". Surpris? D.S.

Le Jardin des Finzi-Contini

LE JARDIN DES FINZI-CONTINI (Il Giardino dei Finzi-Contini)

de Vittorio De Sica

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6 juin 2020 6 06 /06 /juin /2020 06:00

 

L’agence de détectives Duluc, rue du Louvre, à Paris. JEAN-MICHEL TURPIN / DIVERGENCE

Dans les années 80 j’eus ma première période Echenoz, Le Méridien de Greenwich 1979, Cherokee, 1983 Prix Médicis, L'Équipée malaise, 1986, L'Occupation des sols, 1988.

 

Éclipse !

 

Les années 90 : Nous trois, 1992, Je m'en vais, 1999 Prix Goncourt, Au piano 2002.

 

Abandon !

 

Puis, le déconfinement saison 1 me jette dans les bras des libraires et je tombe nez à nez avec Gérard Fulmar, sur sa vie plus précisément, écrite par Jean Echenoz.

 

 

J’achète !

 

Pourquoi ?

 

Le son du titre, comme une promesse, l’intuition  de retrouver dans ce roman « le goût du romancier pour ceux qui, a priori, n’intéressent personne, ces héros d’histoires séduisantes parce qu’elles sont farfelues et inutiles, parfois quasiment sans queue ni tête. Le romancier sait, comme à son habitude, nourrir son récit de détails qu’il n’hésite pas à multiplier, de précision en précision, fragmentant à l’envi le récit, qui devient de plus en plus gratuit et absurde. »

 

Mais pourquoi me direz-vous cette éclipse de presque vingt années ?

 

Sans doute parce qu’un temps j’avais rêvé d’être un Echenoz, de publier aux éditions de Minuit, mais la virtuosité de son écriture, sa langue qui m’intriguait, surprenante, séduisante mais décourageante. Mais aussi, « parce qu’à force de jouer avec son lecteur, d’entretenir cette lecture déceptive qui fait aussi le sel du récit et qui fait son talent, Jean Echenoz entretient une distance qui finit par rendre la lecture elle aussi parfois distante. »

 

Echenoz, biographe de l’ordinaire

« Le travail pour moi consiste à rendre un personnage de fiction aussi attachant qu’un personnage réel. Il me semble que les personnages auxquels on s’attache sont des personnages un peu ternes, négatifs, un peu mauvais, ils sont par nature plus attrayants que les personnages positifs, qui m’ennuient un peu. » 

 

«  Je ne m’amuse pas en écrivant, je ne me suis jamais surpris à rire. C’est plutôt un sourire attendri. C’est une chose que l’on prend au sérieux, c’est un corps à corps entre moi et le personnage. »

 

« J’ai été un grand lecteur de série noire dans les années 1970, cela comblait quelque chose qui me manquait dans la production de l’époque. Le système du roman noir me parait toujours très fertile quand on a envie de raconter des histoires, il y a des enjeux, la possibilité des tresser des paysages, des décors, c’est une forme riche. »                    

Jean Echenoz

 

Et c’est alors que sur mon écran je ne sais plus qui me préviens que l’on publie les Lettres du Mauvais Temps de Manchette, en librairie le 29 mai.

 

 

Bien sûr, pile poil j’achète, je feuillette, il correspondait avec James Ellroy et… Jean Echenoz

 

Je me rue !

 

Le 13 juillet  1979

 

Il remercie Echenoz de son aimable envoi de son Méridien de Greenwich, déclare qu’il a mis du temps à se décider de le lire pour « son appartenance manifeste à littérature d’art », puis qu’il a passé deux soirées intéressantes, « rit comme un bossu », qu’il est « troublé par la grande similitude de beaucoup de nos intérêts » tel qu’il a eu l’impression qu’il était l’auteur de son livre dans un univers parallèle, qu’il est inquiet du « malheureux hasard » qui afflige le héros.

 

Le 14 juillet 1983 copie à Jérôme Lindon

 

Cher Jean Echenoz,

 

À côté des énigmes nombreuses et saugrenues qui s’entrelacent dons ton Cherokee, le vrai mystère du bouquin, c’est qu’il tient debout et qu’il est passionnant et drôle. On ne sait pas pourquoi. Car enfin ce n’est qu’un ramassis de déchets, comme sont tous les romans contemporains ; et Cherokee est un ramassis de déchets spécialement hétéroclites et qui devraient se détruire les uns les autres. Ce « méta-polar » référentiel, cette frénésie de descriptions « objectales », cette débauche d’allusions qui fait du Faucon Maltais un perroquet débagoulant et latiniste…

 

Le 16 janvier 1987

 

Il remercie Echenoz un peu tardivement de l’envoi de L’Équipée malaise car il n’avait pas pu disposer du temps qui convient pour le lire d’une traite et sans hâte. « Tu es carrément le seul écrivain contemporain que je lis avec joie ». Il lui fait ses vœux de bonne année et ses amitiés.

 

Le 12 mars 1988

Cher Jean Echenoz,

 

Grand merci de l’envoi que tu m’as fait de L’Occupation des sols. Comme nous pouvions l’un et l’autre nous y attendre, je l’ai lu avec un plaisir solide.

 

 

Il lui dit ensuite s’écarter de la « subversion douce » de son écriture.

 

« Mais quand à L’Occupation des sols, je suis évidemment squeezé par le simple fait que c’est très bref. »

 

J’y reviendrai dans une prochaine chronique. Ce petit livre, vraiment très mince, 21 pages numérotés, 7 réelles, fut à l’origine de ma passion pour les petits livres.

 

Mais revenons à Gérard Fulmar, un critique m’apprend que le fulmar était un oiseau dans Je m’en vais ; c’est aussi le nom du moniteur d’auto-école dans l’Appareil photo, de Jean-Philippe Toussaint.

 

Né à Gisors le 13 mai 1974, 1 mètre 68 sous la toise, 89 kg sur la balance, en surpoids, il fut steward viré pour de sombres raisons jamais précisées, interdit de vol. Il habite rue Erlanger, dans le XVIe dans  l’appartement, où vivait sa défunte mère, dont le propriétaire, un dénommé Robert d’Ortho, vient d’être tué par un boulon géant, « propulsé à une vitesse de trente mètres par seconde ». En effet « …le 2e étage d’un vieux lanceur soviétique Cosmos 3M vient d’anéantir mon hypermarché. Il traînassait auparavant sur son orbite depuis plus d’un demi-siècle, en compagnie de six cents de ses congénères tirés en pleine guerre froide depuis les bases de Plessetsk, Kapoustine Iar ou Baïkonour pour installer au ciel de furtifs satellites militaires. »

 

La rue principale du récit, la rue Erlanger est une rue des morts précoces : celle de Renée Hartevelt, dévorée par le cannibale japonais Issei Sagawa (événement décrit par Nicole Caligaris dans Le paradis entre les jambes) ou encore celle de Mike Brant. Dans les deux cas, le narrateur passe à côté de l’histoire collective, il en est spectateur, acteur parallèle par l’écriture. Les deux fois sa mère voit les faits, particulièrement lorsque Mike Brant manque de l’écraser dans sa chute.

 

Gérard Fulmard qui va se trouver embarqué dans une affaire politique de second ordre, sans grand intérêt, une histoire de succession à la tête d’un parti qui oscille entre 2 et 2,2 %, la Fédération populaire indépendante. « Jean Echenoz joue avec les codes du roman d’espionnage, s’amuse en brassant des références que le lecteur saisira au vol, aligne les lieux communs pour mieux les détourner et nous faire rire, grâce à un narrateur complice qui, tout comme le lecteur avisé, est au-dessus de tout cela, n’est-ce pas ? Et qui pourrait donc penser avec lui : « C’est convenu, fastidieux, sans surprise, mais bon, je suppose que c’est une figure imposée. »

 

Jean Echenoz est piquant, et cela n’est ni nouveau, ni fait pour nous déplaire. « L’esprit de curiosité n’étouffe peut-être pas le personnage éponyme, de son propre aveu, mais la critique sociale lui est familière, et se confond d’ailleurs avec celle d’un narrateur jamais à court de remarques, que ce soit sur la pauvreté … ou encore sur l’absence de toute réflexion politique d’une société qui tourne à vide. Et on rit, bien sûr, de ses descriptions de l’agitation médiatique, par exemple, caractérisée par une absence totale de pensée :

 

« Point sur la situation à Auteuil effectué tous les quarts d’heure par un stagiaire sur fond de ruines fumantes, pendant qu’un autre battait la semelle devant le seuil de l’ambassade de Russie. Puis le plateau s’est renouvelé : on a fait venir, tant qu’on y était, des philosophes, des hommes d’Église et des tenants du millénium, il y a même eu un druide évhémériste en tenue vociférant que c’était toujours pareil, qu’il s’était tué à prédire un désastre et qu’on n’avait pas voulu l’écouter. »

 

SOURCE : 

Echenoz à distance ICI

 

Jean Echenoz, à Paris, le 26 décembre 2019.

Jean Echenoz, à Paris, le 26 décembre 2019. RÉMY ARTIGES POUR LE MONDE

Jean Echenoz : « J’ai fini par avoir une véritable affection pour mon héros Gérard Fulmard » ICI 

L’écrivain reçoit chez lui, à Paris – ville où se déploie « Vie de Gérard Fulmard » – pour évoquer la conception de ce nouveau roman, son esthétique de la distance et sa stylistique ludique.

Par  Publié le 01 janvier 2020

 Vie de Gérard Fulmard » : un dur à cuire à la sauce Jean Echenoz ICI 

Prenez un détective privé, une tragédie classique, quelques faits divers, liez d’une phrase minutieuse et désinvolte, servez. Le nouveau roman de Jean Echenoz est un délice.

Par  Publié le 01 janvier 2020

Keskili, Jean Echenoz ?
Un premier souvenir de lecture ?

De grandes espérances, de Charles Dickens (1861).

Le chef-d’œuvre inconnu que vous portez aux nues ?

Instructions aux domestiques, de Jonathan Swift (1745 ; 10/18, 2019).

Le chef-d’œuvre officiel qui vous tombe des mains ?

Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline (Denoël, 1932).

L’écrivain avec lequel vous aimeriez passer une soirée ?

Félix Fénéon (1861-1944).

Celui que vous aimez lire mais que vous ne voudriez pas rencontrer ?

Vladimir Nabokov (1899-1977).

Celui dont vous voudriez être le héros ?

Le Maître de Ballantrae, de Robert Louis Stevenson (1889).

Celui qui vous réconcilie avec l’existence ?

Jacques le fataliste, de Denis Diderot (1796).

Celui que vous avez envie d’offrir à tout le monde ?

Les Nouvelles complètes, de Joseph Conrad (Gallimard, « Quarto », 2003).

Celui qui vous fait rire ?

Le Journal, de Samuel Pepys (XVIIe siècle ; Robert Laffont, « Bouquins », 1994).

L’auteur que vous aimeriez pouvoir lire dans sa langue ?

William Faulkner (1897-1962).

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5 juin 2020 5 05 /06 /juin /2020 06:00

 

À l’annonce du confinement les pousseurs de caddies, à mon grand étonnement, se sont rués sur le PQ, faire des stocks de nouilles, d’huile, de  farine…, j’aurais pu comprendre mais remplir ses placards de rouleaux de papier dit hygiénique ça m’en a dit plus long qu’un long discours d’Onfray sur l’état d’esprit de nos concitoyens…

 

Ne pleure pas Jeannette t’auras ta « Pelure d’oignon » vieillie en fût de chêne à Beaune mais occupe-toi de tes oignons !

 

Moi je me suis, selon la formule consacré, occupé de mes oignons…, j’ai vérifié l’état de mes oignons (par bonheur je n’en ai pas aux pieds)…, en effet ce bulbe, comme tous les bulbes germe facilement…Pour bien le conserver, il faut savoir que la plante entre en dormance pendant les mois froids pour germer à nouveau au printemps. Aussi, une fois cueilli, il est important de conserver le bulbe à température constante. « L’objectif est d’empêcher qu’il ne sente l’arrivée du printemps ». Optez donc chez vous pour la cuisine, la cave ou un cellier pour le stocker. En outre, il faut empêcher l’oxygène de parvenir au cœur du bulbe. La méthode du tressage est la meilleure parade : « Elle permet de pincer la base du bulbe, empêchant ainsi l’oxygénation. »

 

J’aurais pu titrer ma chronique : histoire d’O puisque on peut dire indifféremment Oignon ou Ognon…

 

Se mettre en rang d’ognons, à bonne distance, est un impératif de santé publique.

 

L’expression est du cru du baron d'Oignon, maître de cérémonie à la cour des Valois, avait l'habitude de crier, lorsqu'il assignait leur place aux seigneurs : « Messieurs, serrez vos rangs ». Entre eux, les seigneurs se moquaient des rangs d'Oignon. ICI

 

Artus de la Fontaine Solaro, dit le baron d’Ognon, du nom du château d’Ognon, situé dans l’Oise. Ce personnage, chef du protocole lors des états généraux de Blois en 1576 et 1577, était connu pour son organisation et sa méthode de «rangement» des députés selon des règles protocolaires très précises.

 

Si vous voulez tout savoir sur l’oignon-ognon c’est ICI 

 

Ce bulbe est cultivé depuis plus de 5 000 ans, le terme « ognon » est apparu dans la langue française en 1273. La forme définitive, « oignon », apparaîtra au XIVe siècle. Le mot vient du latin populaire unio, unionis qui, en Gaule, a éliminé caepa (d'où viennent « cive », « ciboule », « civette », « ciboulette »), mot employé jusque-là pour décrire ce légume.

 

Pourquoi unio?

 

Tout simplement parce que l'oignon est l'une des rares alliacées dont le bulbe ne se divise pas (on parle ici de l'oignon dans le sens étroit du terme, ce qui exclut l'échalote) et est donc uni.

 

« L’Exode, Les Nombres (le peuple de Dieu quitte l’Egypte) constatent qu’il n’est pas facile de changer les habitudes alimentaires des gens même au prix de leur liberté : la manne d’accord, mais l’oignon d’Egypte manquent au peuple d’Israël traversant le désert.

 

Le peuple de Dieu avait de bonnes raisons de réclamer des oignons égyptiens.

 

La migration de l’oignon du nord de l’Iran vers les zones subtropicales du sud égyptien, du Soudan, de l’Ethiopie donne lieu, au 3éme millénaire BC (ou avant), à la création de variétés nouvelles.

 

Michel Pitrat et Claude Foury dans l’Histoire des légumes (INRA) expliquent que l’adaptation protohistorique de la plante aux jours courts entraîne une nouvelle sélection variétale.

 

Parmi elles des oignons d’une extrême douceur qui diffuseront en Afrique et qui existent toujours en Egypte où on les consomme cru. »

 

Une des variétés égyptiennes « était si excellente qu’elle recevait des hommages comme une divinité » écrit D.Bois, culte qui a perduré jusqu’à il y a peu selon Nerval .


Les arabes les acclimatent dans le sud européen, en Sicile notamment où on en mangeait matin, midi et soir encore au XVIIIe siècle. ICI

 

Ce matin je reviens vers vous à propos de l’oignon pour 2 raisons :

 

  • La France pays de l’AOC qui l’a essaimé dans le monde entier, offert à l’UE pour en faire l’AOP a octroyé une AOP au rosé de Roscoff, qu’il ne faut pas confondre avec le rosé de Provence qui lui, on se demande bien pourquoi, est aussi une AOP. ICI

 

  • La pelure d’oignon

 

L’oignon appartient à la même famille que les poireaux, l’échalote et la ciboulette.

 

« L’oignon était l’un des seuls légumes que les marins pouvaient conserver aux 17e, 18e et 19e siècles», raconte Nelly Maguet, du Syndicat de l’AOP oignon de Roscoff. « À cette époque, confrontés au scorbut, ils y puisaient la vitamine C permettant de prévenir cette maladie. »

 

« Comme nous vivons sous le règne des nutritionnistes sachez qu’il possède de multiples vertus pour la santé. Sa forte teneur en composés organo-soufrés et en flavonoïdes lui confère des propriétés anticancéreuses. Il est notamment riche en quercétine, un antioxydant présent aussi dans les pommes. La consommation de ce légume contribue également à diminuer la pression artérielle. Consommé cru, il apporte plus de 150 mg de potassium pour 100 g. Il renferme également de petites quantités d’acides gras oméga-3. Sans oublier les vitamines, parmi lesquelles la C. »

 

Comment le choisir à l’étal ?

 

« Pour Samuel Blin, maraîcher à La Limouzinière en Loire-Atlantique, qui produit les variétés jaune Paille des vertus et rouge Red Baron, « l’oignon de garde doit être ferme, avec une peau brillante et sans taches. On sait alors qu’il n’est pas pourri ou encore qu’il n’a pas commencé à germer. »

 

L’oignon primeur, appelé également cébette, présente un bulbe plus petit. Cueilli avant que ses feuilles ne cessent de pousser et que le bulbe ne se mette à grossir en terre, il se consomme frais et ne se conserve pas plus de quatre ou cinq jours. Il est vendu en botte.

 

Du côté cuisine :

 

« Outre la célèbre soupe à l’oignon, ce bulbe permet beaucoup d’inventivité en cuisine. Contenant naturellement du sucre, il caramélise facilement. Il peut être préparé en confit pour accompagner le foie gras, ou ajouté dans toutes vos salades d’été. On peut aussi en faire des sauces et même des desserts, comme une mousse, un clafoutis ou encore une glace avec l’oignon sucré de Roscoff ! Samuel Blin recommande, lui, de couper finement les fanes d’oignons primeur et de les intégrer à une omelette. On apporte ainsi un petit goût de ciboulette, tout en réduisant les déchets. »

 

Pour ne pas pleurer

« L’oignon a un défaut : il fait pleurer celles et ceux qui l’épluchent. Ce sont les composés soufrés et un enzyme, l’alliinase, contenus dans son bulbe, qui réagissent l’un avec l’autre lorsque l’oignon est coupé. Une fois libérées, ces substances entraînent la formation d’un gaz particulièrement irritant pour les yeux : le sulfate d’allyle. Pour limiter son effet, découper l’oignon sous un filet d’eau. Si cela n’est pas suffisant, vous pouvez passer l’oignon quelques minutes au congélateur avant de le couper.

 

Oignons

 

Pelure d'oignon

 

Couleur rose orangée très pâle de vins rouges vinifiés en blanc, rappelant la pelure d'oignon.

 

Ne pleure pas Jeannette t’auras ta « Pelure d’oignon » vieillie en fût de chêne à Beaune mais occupe-toi de tes oignons !

 

La couleur du vin peut varier fortement selon son âge, sa concentration et les techniques de vinification utilisées. Cette nuance pelure d’oignon définit la teinte rose-orangé (saumon) d’un rosé (un Champagne Rosé par exemple). Elle peut désigner également un vin rouge peu coloré qui a pris une forte nuance de jaune en vieillissant notamment. Ne pas confondre avec le vin de table rosé Pelure d’oignon (François d’Aubigné).

 

Tuilé le vin tuilé est un vin dont la robe rappelle la couleur des briques ou des tuiles, c'est-à-dire orangée

 

« Le vignoble des Côtes de Toul et certainement le vignoble de Lorraine qui produit les vins plus qualitatifs. Il se situe sur la rive gauche de la Moselle et un peu à l’ouest de la magnifique ville de Nancy. C’est ici qu’on produit le fameux vin gris, pelure d’oignon, qui a fait la renommée de ce vignoble. »

 

La marque la plus célèbre est Champlure !

 

Ne pleure pas Jeannette t’auras ta « Pelure d’oignon » vieillie en fût de chêne à Beaune mais occupe-toi de tes oignons !

 

Les Caves de Noémie Vernaux sont une marque de la Maison Patriarche en Bourgogne, elle-même propriété de Castel France

La soupe à l’oignon rurale des nouveaux mariés de Vendée et l’urbaine des Halles de Paris qui séduisit Carlo Petrini

La soupe à l’oignon rurale des nouveaux mariés de Vendée et l’urbaine des Halles de Paris qui séduisit Carlo Petrini ICI 

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4 juin 2020 4 04 /06 /juin /2020 06:00

 

Le caoutchouc de pissenlit refait surface

Pendant le confinement lorsque je sortais faire mes courses à la supérette je n’ai jamais croisé âme qui vive dans mon immeuble, ni dans l’ascenseur, ni dans la cour, mais comme il faisait très beau nos parterres de fleurs, des roses, explosaient de couleurs. Un soir, descendant ma poubelle, je me suis dit je vais faire mon Pax (voir chronique), je suis remonté, pris mon sécateur et cueilli quelques roses. Après tout, étant co-propriétaire, je prélevais ma dîme de confiné.

 

L’image contient peut-être : ciel, plante et plein air

 

Dès que le black-out fut levé, j’ai ajouté à  ma razzia de livre un petit ouvrage : Miscellanées des fleurs d’Anne-France Dautheville, chez Buchet-Chastel.

 

Miscellanées des fleurs - Tout sur les fleurs et... de Anne-France ...

 

Comme au bas de chez moi, entre les arbres de la contre-allée, les pissenlits prospèrent, en effet le pissenlit pousse à peu près partout : dans les champs cultivés, les champs en friche, sur le bord des routes, aux abords des maisons. C’est la terreur des jardiniers traditionnels qui le considère comme une mauvaise herbe. J’ai feuilleté mon petit bouquin et je suis tombé sur une étrange rubrique : Le joyeux jaune du pneu.

 

Je me suis dit, ça doit être la nouvelle mode des chefs de cuisine et le guide du pneu en profite pour  se refaire une beauté (le pissenlit est aussi très apprécié pour ses vertus médicinales, la racine est utilisée comme dépuratif «Le pissenlit essore l’éponge hépatique et rince le filtre rénal» Henry Leclerc. « Précis de phytothérapie : essais de thérapeutique par les plantes françaises », 1954

 

À propos de racine, vous connaissez tous l’expression :

 

 

« Il pense à tous les types qui essaieront de vous faire la cour pendant qu'il cassera les cailloux.

- Ou qu'il mangera des pissenlits par la racine, dit Pinette »

Jean-Paul Sartre - La mort dans l'âme

 

Les lapins sont particulièrement friands de pissenlits, mémé Marie allait, sur le chemin de la Garandelière, couper des feuilles dans les fossés pour nourrir ses gros lapins aux yeux rouges.

 

La Salade de pissenlit est appréciée par ceux qui aiment l’amer. À la sortie de l'hiver, les rosettes des jeunes pissenlits sont tendres.

 

Pissenlit (Taraxacum officinale)

 

7 novembre 2009

Fatiguez votre salade de pissenlit avec du vinaigre de Banyuls pour votre omelette de saison ICI 

 

Mais j’avais tout faux, c’était encore un coup de nos chers voisins allemands qui font des grosses autos qu’adorent les bourgeois gaulois.

 

Un peu de patience, le pissenlit s'appelle aussi en français « dent-de-lion », terme dont on retrouve la traduction littérale dans le mot allemand Löwenzahn et qui, en anglais, a donné le mot dandelion.

 

Pisse en lit, eh, oui, c’est le CNRTL qui le dit « Composé de pisse (forme du verbe pisser*), de la préposition en* et de lit*. Cette plante est ainsi nommée en raison de ses propriétés diurétiques.

 

Le Figaro titre lui : Le pissenlit, la fleur qui détrempe les lits.

 

« Il est la petite fleur dans la prairie. Celui qui dore de têtes jaunes nos prés verts et que «les petits de l'hirondelle mangent» chez un autre Prévert. Le pissenlit. Voilà le bonhomme rayonnant de nos contrées qui fait également l'éclat des fioles de phytothérapie dans nos pharmacies. La plante herbacée est en effet très utile pour ses propriétés diurétiques. Une vertu qui n'est pas d'ailleurs sans avoir influencé son nom... »

 

Le pissenlit est une plante vivace et non une annuelle comme certains le pensent. La partie aérienne de la plante reste ou disparaît selon les températures en hiver, et l'énergie de la plante repart vers les racines. Lorsque la partie aérienne meurt, la plante donne naissance à une nouvelle rosette de feuilles à la fin de l'hiver ou au début du printemps.

 

Le pissenlit est très variable en taille, en fonction de l'environnement dans lequel il pousse. Au plus le sol sera riche, au plus sa masse aérienne sera importante. La forme des feuilles varie grandement elle aussi, et est plus ou moins découpée et dentée.

 

Très répandu en Europe, le pissenlit est souvent considéré comme une mauvaise herbe car il envahit rapidement les jardins, les espaces verts et les champs. En effet, grâce à la formation d’aigrettes à la suite de la floraison, cette plante a la particularité de disperser facilement ses graines.

 

Le pissenlit (Taraxacum officinale)

 

«Je sème à tout vent».

 

 

Je reviens à mon joyeux jaune du pneu.

 

Le pissenlit a fleuri. La pelouse, soudain, s’est constellée de taches jaunes, joyeuses comme le printemps. Le jardinier soupire : son gazon idéal n’est pas compatible avec ces sauvages. Et le fabricant de pneus se frotte les mains : me suc blanc, épais, amer qui imprègne la plante pourrait remplacer le latex du lointain hévéa. Un hectare de pissenlit fournirait autant de caoutchouc que la même surface d’arbres asiatiques. Les firmes Bridgestone ou Continental financent des recherches à coups de millions de dollars sur le pissenlit kok-saghyz, né en Russie En Orient, l’hévéa perd du terrain : le palmier à huile est plus rentable, il le remplace de plus en plus souvent. Comble de malheur, un champignon brésilien décime les plantations restantes.

 

Un pneu Continental au pissenlit - Recyclage Pneu

 

Quelques explications techniques pour les nuls comme moi :

 

Aujourd’hui, un pneu pour voiture de tourisme se compose de 10 à 30% de caoutchouc naturel. Cette proportion est encore plus élevée sur les pneus pour utilitaires. On obtient ce caoutchouc naturel à partir de la transformation du latex, une matière première provenant exclusivement de l’Hévéa (ou arbre à caoutchouc).

 

LE PISSENLIT RUSSE COMME ALTERNATIVE

 

Le pissenlit russe concurrent de l'hevea des zones tropicales, il fallait y penser

 

Continental, a choisi de se concentrer uniquement sur les pissenlits russes. Cette espèce originaire du Kazakhstan est la seule à produire un composé proche du latex et pouvant être utilisé pour fabriquer des pneumatiques solides et de qualité premium. Par rapport à l’hévéa, le pissenlit russe dispose de nombreuses qualités qu’il est important de souligner.

 

Tout d’abord, le cycle de croissance d’un pissenlit russe n’est que d’un an en moyenne. Cela signifie que la première récolte peut être effectuée seulement un an après la plantation du pissenlit !

 

Ensuite, le pissenlit russe pousse dans des régions à climat tempéré. Il n’a pas besoin d’un sol de qualité supérieure pour grandir. Ainsi, il sera donc possible de faire pousser les pissenlits à proximité des usines de pneumatiques Continental. Selon Carla Recker, responsable de la chimie des matériaux chez Continental, cela contribuera fortement à réduire les émissions de CO2, grâce à une réduction des trajets pour l’acheminement des matières premières.

 

Enfin, le pissenlit russe est une plante robuste et peu sensible aux conditions climatiques, ce qui est moins le cas de l’hévéa.

 

Le japonais Bridgestone, leader mondial du secteur, l’allemand Continental numéro 4 du marché.

 

En France, Michelin travaille sur d'autres pistes et ambitionne de fabriquer d'ici 30 ans des pneumatiques incluant 80 % de matériaux durables tels que des copeaux de bois ou de la betterave.

 

Lire ICI et ICI

 

Le pneu en pissenlit russe de Continental primé | Commodafrica

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