Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
Depuis la disparition des vespasiennes, des dames-pipi, l’érection des sanisettes ne suffit à étancher nos vessies. Faire pipi à Paris c'est la galère.
À ce propos dès le 21 mai 2007 j’écrivais une Lettre au maire de mon village (en ce temps-là Bertrand Delanoë)
Monsieur le Maire de Paris,
Mes amis du Gers ont coutume de dire de leur colombard sec et nerveux : « sitôt bu, sitôt pissé...» Chez nous, dans notre charmant village, nous n'avons pas les mêmes aises qu'à Condom, car ici nul bout de champs, ni chaintre, ou autre lieu de plein air où l'on peut en toute tranquillité, sans nuire à l'environnement, soulager sa vessie en toute sérénité. Même nos compagnes, à la campagne, à l'abri d'un fourré, peuvent elles aussi prendre cette liberté.
Dois-je, avant de me soulager, m'envoyer un caoua dans un bar pour pouvoir accéder à la résolution de ce besoin pressant ?
Cercle infernal, car le petit noir ainsi ingurgité me poussera quelques kilomètres plus avant dans un autre établissement.
Cécile Briand, auteure, artiste, maman et bien plus encore, s’est penchée sur la question en nous dotant d’un «Où faire pipi à Paris?» de Cécile Briand. Éditions Le Tripode. 200 pages. 9€.
Dans ce guide aussi pratique que poétique, vous trouverez les petits coins de 38 bibliothèques, 38 espaces verts, 24 centre d'animation, 22 sanisettes, 20 mairies, 19 lieux d'exposition, 13 centres hospitaliers, 12 inclassables, 11 lieux culturels polyvalents, 9 centres culturels étrangers, 8 lieux de commerce, 8 centres médicaux, 7 cimetières, etc. En tout, 250 toilettes sélectionnées avec soin pour leur environnement agréable et leur accès gratuit. L'auteure a pris soin d'indiquer précisément leurs emplacements, «parce qu'il est parfois délicat de pénétrer dans un lieu inconnu juste pour aller aux WC, même si c'est en osant qu'on fait de belles découvertes.»
Bref, madame Hidalgo, plutôt que de nous doter d’autre-chose que de ridicules pissoires laides et malodorantes, préféra en 2018 nous gratifier d’un clip sur les fameux réseaux sociaux. C’était voir la question par le petit bout de la cuvette, comme si on pouvait pisser dans un clip. Elle reçut, à juste raison, une volée de bois vert.
Paris : les «urinoirs de la honte» ont été retirés ICI
Après quelques mois seulement, la Ville a décidé de déposer les urinoirs écolos du boulevard de la Chapelle (Xe et XVIIIe). Un flop total… à 40000 euros.
Yves Michaud : "Paris est un monstrueux dépotoir de mobilier urbain en tout genre"
Le philosophe Yves Michaud, auteur récemment de « Ceci n'est pas une tulipe », revient avec nous sur l'aménagement parisien, à travers le flop des urinoirs écolos du boulevard de la Chapelle (Xe et XVIIIe).
Durant l'été 2020, la ville de Paris pose deux urinoirs pour hommes écolos, ainsi qu'une cabine pour femmes et personnes handicapées, sur le boulevard de la Chapelle (Xe et XVIIIe), entre les stations de métro Barbès et Stalingrad. Vendus par la société Ecosec, ils sont censés recycler l'urine et la transformer en engrais. Quelques mois plus tard, la municipalité doit se rendre à l'évidence : ce mobilier, très décrié pour sa laideur, est plus souvent dégradé qu'utilisé. Pour Marianne, le philosophe Yves Michaud, auteur de "Ceci n'est pas une tulipe" (Fayard, 2020) revient sur cet échec qu'il impute à une politique de pure communication pratiquée par l'équipe d'Anne Hidalgo.
Marianne : La ville de Paris a déposé des urinoirs écolos sur le boulevard de la Chapelle, pour un coût de 40 000 euros. Qu'en pensez-vous ?
Yves Michaud : Je pense d'abord que pour notre maire, la protection de la nature n'a pas de prix. À en juger par la belle apparence de ces pissotières, je pense aussi qu'elle n'a aucun goût. Je pense surtout qu'elle et ses suppôts s'en foutent pourvu qu'ils puissent faire des annonces. Paris est depuis les mandats de Delanoë et Hidalgo un monstrueux dépotoir de mobilier urbain en tout genre. C'est à ce qui sera le plus moche. Apparemment, ça ne gêne personne pourvu que ce soit politiquement et écologiquement correct. On empile, on ajoute, on annonce et on inaugure. Peu importe si personne ne peut faire ses besoins dans ces trucs désignés par des imbéciles ou des escrocs (les deux sont compatibles).
L'opération a été un flop. Pourquoi selon vous ?
D'abord l'objet est quasiment inidentifiable. Ensuite il est moche, repoussant et incroyablement marqué par la promiscuité. Hormis pour quelques visiteurs nostalgiques des vespasiennes glauques, c'est dissuasif. Les concepteurs et commanditaires de ces bidules n'ont pensé qu'à eux : à leur parti, à leur idéologie, à leur pouvoir et à leur communication. Les vespasiennes Decaux apparaissent en comparaison des œuvres d'art. Je parie que ni Madame Anne Hidalgo ni son coach de luxe Christophe Girard ne se sont risqués à essayer un prototype de ces pissotières. En principe, le designer pense d'abord à l'usager et commence par proposer un prototype… En fait, pour ces pissotières comme pour les trous du cul-Tulipes de Jeff Koons, la mairie s'est souciée d'elle-même. Le citoyen ? Qu'il aille pisser dans les bistrots – qui sont hélas tous fermés.
L'urinoir (Fontaine) en porcelaine de Marcel Duchamp est très célèbre. Les urinoirs sont-ils le symbole de l'art contemporain ?
Au moins on pouvait pisser dans l'urinoir de Duchamp, qui n'est pas tellement différent de ceux qu'on trouve partout dans les toilettes des aéroports et autres lieux publics non municipaux. Disons que les Fontaines de madame Hidalgo (Fontaine était le titre de l'urinoir de Duchamp) sont une synthèse admirable du Duchampisme et du José-Bovéisme : l'urinoir pensé comme toilette sèche au fond du jardin en plein lieu de deal et de vente de crack. Il fallait le faire. Ils l'ont fait. J'attends qu'ils remplacent ce readymade (un objet qu'un artiste s'approprie en le privant de sa fonction utilitaire) par un autre aussi inspiré, par exemple des chiottes de collège américain sans porte. Après l'urination en économie circulaire, on pourrait promouvoir la défécation dans la transparence.
«J’ai fait la queue 40 minutes» : trouver des toilettes, l’autre galère du confinement
La crise du Covid-19 et avec elle la fermeture des cafés et restaurants a révélé un problème de santé publique : l’accès aux toilettes dans l’espace public.
Par Aurélie Sipos
Le 2 février 2021
On les dit sales, mal entretenues, repoussantes. Depuis plusieurs mois, les sanitaires publics sont pourtant souvent devenus le dernier refuge des vessies pressées. Avec l'épidémie de Covid-19 et la fermeture des cafés et des restaurants, aller aux toilettes en ville peut s'avérer compliqué voire impossible. Si le sujet peut faire sourire, il s'avère parfois dramatique pour des personnes atteintes de certaines pathologies. Il révèle également de criantes inégalités.
À Strasbourg, le 20 janvier dernier, en pleines courses des soldes, Solène est surprise par une envie pressante. « Je me suis rendue compte que tout était fermé. Je ne m'étais jamais posée la question, donc j'ai demandé à quelqu'un ou il y avait des toilettes publiques », raconte-t-elle. Devant l'une cinq sanisettes que compte le centre-ville, elle voit alors « une file complètement dingue ». Et doit prendre son mal en patience : « J'ai fait la queue pendant 40 minutes », témoigne Solène.
« Je pense qu'il y a des moyens de faire différemment. En plus on a une nouvelle mairie écolo on pourrait peut-être avoir des toilettes sèches en ville », s'interroge-t-elle. En attendant d'éventuels aménagements, la jeune femme se résoudra à prendre ses précautions. « Ce n'est pas évident car ce n'est pas contrôlable, il suffit d'avoir pris un café juste avant de sortir… Mais je vais y penser avant de sortir ».
Malades, livreurs, ou encore chauffeurs particulièrement touchés
Depuis des années, Sylvie Brasseur, elle, anticipe chaque déplacement. Atteinte de la maladie de Crohn, son sphincter ne fonctionne plus. Elle ne sort donc jamais sans sa carte « Urgence toilettes », fournie par l'association Afa Crohn RCH France. Sauf que le 13 janvier dernier, cette dernière n'a pas suffi. « J'étais dans une grande surface à Vesoul (Haute-Saône), à la caisse, en train de payer mes articles. J'allais partir avec mon caddie et je me suis dit que quelque chose n'allait pas. J'ai sorti ma carte et demandé à la caissière pour aller aux sanitaires mais elle a refusé ».
Impossible pour la retraitée de se retenir. « Je suis arrivée en pleurs chez moi, je suis montée et je me suis mise tout habillée dans la baignoire », confie Sylvie. Une fois lavée, il ne lui reste alors plus qu'une terrible sensation d'humiliation. « On se sent déprimé, on se sent sali, en colère contre la maladie », souffle-t-elle.
Si le manque de toilettes n'est pas arrivé avec le Covid-19, il s'est aggravé, selon l'association Afa qui a lancé une pétition pour améliorer l'accès aux sanitaires. « C'est une problématique rencontrée par les malades de Crohn, une maladie avec des symptômes digestifs, et qui provoque des envies immédiates et urgentes », souligne Ève Saumier, responsable dans l'association.
« L'offre sanitaire est encore largement masculine »
Mais pas uniquement. « Pour nombre de professions, ces cafés qui ont fermé c'était aussi leurs toilettes comme pour les taxis, autocaristes, livreurs… », abonde Julien Damon, sociologue.
Les personnes âgées, qui peuvent difficilement se contenir sont aussi lésées. Tout comme les sans-abri, obligés de se soulager dans la rue lorsque les sanisettes sont fermées. Si certains hommes peuvent uriner dehors en dernier recours, pour les femmes la situation est beaucoup plus compliquée. « L'offre sanitaire est encore largement masculine. L'accès aux toilettes, au moins quelques jours dans le mois pour les dames est pourtant essentiel », rappelle Julien Damon. Tout comme pour les femmes enceintes.
À Reims (Marne), faute de trouver des sanisettes, c'est une bibliothèque qui a sauvé la journée de Clémence*. « J'avais des achats à faire avant le couvre-feu dans la grande ville la plus proche, à 40 minutes de route. J'ai un problème médical qui fait que je dois boire beaucoup et me déshydrate facilement et des règles abondantes, donc impossible de tenir la journée sans sanitaire », témoigne la jeune femme. « Si je n'avais pas eu la possibilité d'aller à la bibliothèque je serais rentrée chez moi sans avoir pu faire ce que j'avais prévu ».
Pour éviter d'en arriver là, il faut développer le réseau de toilettes en France, martèle Julien Damon. « C'est un sujet primaire, fondamental. Mais en France on le voit comme du pipi caca. Mais la réalité est là, il manque dans les espaces publics des offres sanitaires basiques », affirme le spécialiste.
Mobilisation internationale
Le problème n'est pas propre à la France. En Belgique, un conseiller communal d'Ixelles, un quartier chic de Bruxelles, en a fait sa marotte. « J'étais conscient depuis longtemps de l'absence de toilettes publiques. Par rapport à Paris il y en a très peu, et il y a surtout beaucoup d'urinoirs », pointe Geoffroy Kensier.
« Pendant le confinement il y a eu une réelle prise de conscience : comment on fait lorsqu'on est une femme, lorsqu'on a des enfants ? », s'interroge-t-il. Dans sa commune d'Ixelles, 87 000 habitants, il n'existe tout simplement pas de toilettes publiques. « Il faut attirer les autorités publiques sur cette question et mettre en place une stratégie pour établir des toilettes », lance-t-il.
De l'autre côté de l'Atlantique, à Montréal au Québec, Julie Houle a lancé une pétition à ce sujet. « J'ai entendu à la radio des camionneurs, des chauffeurs de taxi, des gens qui livrent, qui se plaignaient de ne pas avoir de toilettes. Je n'avais pas d'autre choix que d'en parler, affirme la jeune femme de 28 ans. On doit avoir accès aux toilettes avec dignité, on ne devrait pas avoir à supplier un employé pour qu'il nous ouvre. Cela devrait faire partie du vivre ensemble : plus de toilettes, c'est moins de stress ». Et moins de stress, en ce moment, c'est un besoin sans doute aussi universel que celui d'aller aux toilettes.
*Le prénom a été modifié
Charles Marville- Les vespasiennes à Paris fin XIXéme ICI
Mardi, Éric Piolle le maire de Grenoble est venu apporter son soutien à la mesure décidée par son confrère écologiste Grégory Doucet à Lyon, qui a annoncé aux élus d'arrondissements qu'à compter de cette rentrée des vacances de février, on ne proposerait plus aux élèves qu'un menu unique non-carné dans les cantines. Sur le plateau des Quatre Vérités de France 2, mardi, celui-ci a ainsi déclaré: « En 1954, Pierre Mendès France avait créé un tollé incroyable en voulant remplacer le vin par du lait dans les cantines scolaires, il y avait eu des polémiques incessantes. Qui aujourd'hui donnerait du vin dans les cantines solaires ? »
Nouvelle controverse.
Imposer !
Le ver est dans le fruit, même bio, les nouveaux verts, sûrs d’eux et dominateurs, s’insinuent dans notre intimité, le choix de ce que doivent manger les enfants est du ressort des parents, pas d’élus municipaux ou autres, le menu des cantines scolaires se doivent d’offrir des choix aux enfants.
L’important me semble surtout d’en finir avec la malbouffe dans les cantines scolaires alimentées par des cuisines centrales. Un retour au local s’impose, une gestion au plus près qui responsabilise parents, la communauté éducative.
Bref, ces sinistres verts ont un goût prononcé pour les méthodes des démocraties populaires. Foutez-nous la paix ! Pour autant, je ne m’extasie pas sur la viande proposée dans les cantines scolaires, c’est souvent du haché, du poulet triste, mettre en avant les légumes et les fruits serait salutaire. Du côté poisson c’est pire : le pané carré règne en maître.
Petit détail à souligner : chez nos chères têtes bl… (Interdit d’écriture trop genré) l’attraction du big mac-frites est difficile à contenir.
Revenons au vin à la cantoche, selon une jurisprudence solide ça fait un bail que j’ai abordé le sujet.
19 février 2016
« Un certain nombre de parents mettent dans le panier de l'enfant la boisson de leur choix et qui est souvent 1/2 litre de vin, ou de cidre, ou de bière suivant la région » Dr Suzanne Serin, chef de clinique en hôpital psychiatrique ICI
À la Mothe-Achard, dans mes jeunes années, je n’ai pas fréquenté la cantine pour la bonne et simple raison qu’il n’y en avait pas. De toute façon je n’ serais pas allé car j’habitais à deux pas de l’école. J’étais un gars du bourg (sans jeu de mots car le lieu-dit de la maison familiale était le Bourg-Pailler). Ceux des fermes mangeaient à la gamelle sous le préau de l’école.
Je n’ai aucun souvenir de mes petits camarades biberonnant du rouge. Et pourtant, en ce temps-là en Vendée presque tout le monde possédait des bouts de vigne. 10ième département viticole et 2ième pour l’alcoolisme juste derrière le Calvados.
Pierre Mendès-France fut baptisé Mendès-lolo pour sa distribution de lait dans les écoles en 1954, une décision radicale afin d’éradiquer la présence de l’alcool à l’école. Il s’est aliéné ainsi le vote de ceux qui lui reprochait sa croisade contre les bouilleurs de cru et a été vilipendé dans les campagnes.
Le recours du sieur Piolle à PMF n’est pas innocent, Mendès-France alors député de Grenoble avec 54% des voix en 1967, affronta Jean-Marcel Jeanneney après la dissolution de l’Assemblée nationale de juin 68. Jean-Marcel Jeanneney, bien aidé par les communistes, est élu avec 0,2% d’écart après une campagne indécente et violente.
Deux remarques :
- pour avoir suivi le parcours de PMF à la loupe je peux souligner que le sieur Piolle n’eut pas été sa tasse de thé, son côté Mélenchon rouge l’aurait rebuté, les communistes ne l’ont jamais ménagé.
- Le maire emblématique de Grenoble fut Hubert Dubedout (1965-1983) dont le sieur Piolle se revendique l’héritier ICI doit goûter modérément cette captation d’héritage, il était plus proche de Rocard que de Mélenchon.
Revenons à la controverse vin-cantine vs menu végétarien.
Sur Twitter, l'éditorialiste Dominique de Montvalon a tancé Piolle : « Incroyable d’ignorance ce que dit Éric Piolle: jamais Mendès-France n’a remplacé en 1954 le vin (sic) par le lait dans les écoles. Il n’y avait aucun vin! Comme il y avait des surplus de lait, Mendès avait fait distribuer aux enfants du baby-boom pour le goûter du lait chocolaté! »
L'initiative du maire de Lyon a allumé la fureur du ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, bientôt rabroué par Jean Castex.
Pourtant, Pierre Mendès-France, président du Conseil entre juin 1954 et février 1955 a bien écarté par une directive l'alcool des tables des cantines scolaires, comme l’a confirmé auprès de BFMTV.com Didier Nourrisson, historien spécialiste de la santé et de l'éducation et notamment co-auteur avec Jacqueline Freyssinet-Dominjon de L’école face à l’alcool. Un siècle d’antialcoolisme scolaire (1870-1970).
« Mendès-France avait engagé une politique de santé publique qui commençait par la lutte anti-alcoolique en 1954. Il avait bien commencé par interdire le vin dans les cantines scolaires, où il était commun depuis 1882 et Jules Ferry », développe l'universitaire qui nuance: « Il l'a interdit pour les moins de 14 ans, les élèves âgés de plus de 14 ans ont conservé le droit de boire du vin coupé d'eau ».
Deux ans plus tard, Pierre Mendès-France, qui n'est plus chef du gouvernement mais éphémère ministre d'Etat dans celui de Guy Mollet, emprunte sa voie lactée. L'homme politique impose la distribution d'un verre de lait, assorti d'un morceau de sucre, dans les écoles pour chaque élève, à 10h et 16h. Le verre de lait succède donc bien au vin mais ne le remplace pas à table.
Il faudra d'ailleurs attendre 1981 pour que l'alcool soit formellement banni du déjeuner des lycéens.
Il faut d'ailleurs voir dans ce choix mendésiste un signe de son parcours politique. « Il a été élu député dans l'Eure à partir des années 1930. Il était donc très proche des milieux agricoles et des éleveurs. Il est marqué ici du sceau du lobby laitier. Ce qui n'est pas une tare d'ailleurs car à l'époque, deux lobbies s'affrontaient au Parlement : le lobby viticole et celui du lait », souligne Didier Nourrisson.
Il réfute des visées politiciennes : « Il y avait des excédents de lait qu'il a fallu placer mais il s'agissait aussi d'une manière d'éduquer la jeunesse à un nouveau goût ». En revanche, l'historien estime que la politique pèse davantage dans le menu concocté par la mairie lyonnaise: « Le menu sans viande, lui, n'est pas une mesure de santé publique, c'est une mesure prise pour des raisons peu compréhensibles, se faire un nom chez les écolos ».
Le vin et le lait : chutons avec les Mythologies de Roland Barthes.
Le vin est senti par la nation comme un bien qui lui est propre, au même titre que ses trois cent soixante espèces de fromages et sa culture. C'est une boisson totem, correspondant au lait de la vache hollandaise ou au thé absorbé cérémonieusement par la famille royale anglaise. Bachelard a déjà donné la psychanalyse substantielle de ce liquide, à la fin de son essai sur les rêveries de la volonté, montrant que le vin est suc de soleil et de terre, que son état de base est, non pas l'humide, mais le sec, et qu'à ce titre, la substance mythique qui lui est le plus contraire, c'est l'eau.
À vrai dire, comme tout totem vivace, le vin supporte une mythologie variée qui ne s'embarrasse pas des contradictions. Cette substance galvanique est toujours considérée, par exemple, comme le plus efficace des désaltérants, ou du moins la soif sert de premier alibi à sa consommation ("il fait soif"). Sous la forme rouge, il a pour très vieille hypostase, le sang, le liquide dense et vital. C'est qu'en fait, peu importe se forme humorale ; il est avant tout une substance de conversion, capable de retourner les situations et les états, et d'extraire des objets leur contraire : de faire, par exemple, d'un faible un fort, d'un silencieux, un bavard ; d'où sa vieille hérédité alchimique, son pouvoir philosophique de transmuter ou de créer ex nihilo.
étant par essence une fonction, dont les termes peuvent changer, le vin détient des pouvoirs en apparence plastiques : il peut servir d'alibi aussi bien au rêve qu'à la réalité, cela dépend des usagers du mythe. Pour le travailleur, le vin sera qualification, facilité démiurgique de la tâche" ("le coeur à l'ouvrage"). Pour l'intellectuel, il aura la fonction inverse : le "petit vin blanc" ou le "beaujolais" de l'écrivain seront chargés de le couper du monde trop naturel des cocktails et des boissons d'argent (les seules que le snobisme pousse à lui offrir) ; le vin le délivrera des mythes, lui ôtera de son intellectualité, l'égalera au prolétaire ; par le vin, l'intellectuel s'approche d'une virilité naturelle, et pense ainsi échapper à la malédiction qu'un siècle et demi de romantisme continue à faire peser sur la cérébralité pure (on sait que l'un de mythes propres à l'intellectuel moderne, c'est l'obsession "d'en avoir").
Mais ce qu'il y a de particulier à la France, c'est que le pouvoir de conversion du vin n'est jamais donné ouvertement comme une fin : d'autres pays boivent pour se saouler, et cela est dit par tous ; en France, l'ivresse est conséquence, jamais finalité ; la boisson est sentie comme l'étalement d'un plaisir, non comme la cause nécessaire d'un effet recherché : le vin n'est pas seulement philtre, il est aussi acte durable de boire : le geste a ici une valeur décorative, et le pouvoir du vin n'est jamais séparé de ses modes d'existence (contrairement au whisky, par exemple, bu pour son ivresse "la plus agréable, aux suites les moins pénibles", qui s'avale, se répète, et dont le boire se réduit à un acte-cause).
Tout cela est connu, dit mille fois dans le folklore, les proverbes, les conversations et la Littérature. Mais cette universalité même comporte un conformisme : croire au vin est un acte collectif contraignant ; le Français ; le Français qui prendrait quelque distance à l'égard du mythe s'exposerait à des problèmes menus mais précis d'intégration, dont le premier serait justement d'avoir à s'expliquer. Le principe d'universalité joue ici à plein, en ce sens que la société nomme malade, infirme ou vicieux, quiconque ne croit pas au vin : elle ne comprend pas (aux deux sens, intellectuel et spatial, du terme). A l'opposé, un diplôme de bonne intégration est décerné à qui pratique le vin : savoir boire est une technique nationale qui sert à qualifier le Français, à prouver à la fois son pouvoir de performance, son contrôle et sa sociabilité. Le vin fonde ainsi une morale collective, à l'intérieur de quoi tout est racheté : les excès, les malheurs, les crimes sont sans doute possibles avec le vin, mais nullement la méchanceté, la perfidie ou la laideur ; le mal qu'il peut engendrer est d'ordre fatal, il échappe donc à la pénalisation, c'est un mal de théâtre, non un mal de tempérament.
Le vin est socialisé parce qu'il fonde non seulement une morale, mais aussi un décor ; il orne les cérémoniaux les plus menus de la vie quotidienne française, du casse-croûte (le gros rouge, le camembert) au festin, de la conversation de bistrot au discours de banquet (...)
Le petit Bernard a toujours rêvé de se faire Hermès, une marque de vrai luxe, à 100 lieux des sacs Louis Vuitton.
Quand LVMH a tenté de prendre le contrôle d'Hermès via le Panama ICI
Pendant près de dix ans, Bernard Arnault a organisé la montée discrète de LVMH au capital du groupe Hermès, afin de s’emparer du maroquinier de prestige. En 2010, l’homme d’affaires surprend tout le monde quand le numéro 1 mondial du luxe annonce détenir 14,2% Hermès et être en mesure de monter à 17,1%, sans avoir informé Hermès ni les autorités boursières. Derrière ce tour de magie se cache des montages financiers complexes, passant par des paradis fiscaux, au Luxembourg, dans l’Etat américain du Delaware et au Panama.
Les coups fourrés sont dans l’ADN du petit Bernard :
16 septembre 2012
D’où viens-tu Bernard ou la résistible ascension d’un p’tit gars de Roubaix dénommé Arnault «Férinel, propriétaire à la mer» ICI
Le Bernard est un prédateur qui, pour débusquer ses proies avant tout le monde, est un lecteur assidu de Vin&Cie l’espace de liberté. Ça date de la mission à Cognac du Taulier où, du côté d’Hennessy, son « homme de main », Christophe Navarre était à la manœuvre pour mettre au pas les seigneurs déchus du Cognac.
Donc le 20 février 2021 publication de :
Journal d’1 soumis au couvre-feu (67) Si j’offrais à Claire des Birkinstock-Hermès ce n’est qu’entre 34.000 à 76.000 $ selon le modèle. ICI
Birkenstock a annoncé, vendredi 26 février, avoir vendu une majorité des parts de l’entreprise au fonds d’investissement franco-américain L Catterton, cofondé par le groupe LVMH, et à la holding familiale Financière Agache, société d’investissement privée de Bernard Arnault.
Il a un petit côté Lucky Luke le Bernard, il dégaine vite.
Bernard Arnault rachète les sandales BirkenstockICI
La célèbre sandale à la semelle de liège, jadis jugée ringarde, a séduit le PDG de LVMH, qui acquiert la majorité du capital de l’entreprise à travers sa holding familiale et un fonds d’investissement du groupe LVMH.
C’est une alliance susceptible de heurter certaines sensibilités esthétiques, mais qui témoigne du potentiel indéniable des coopérations franco-allemandes. Birkenstock, la plus allemande des sandales, a conquis le cœur de Bernard Arnault, le patron du groupe français LVMH, emblématique du luxe et de l’élégance.
Pour Birkenstock, c’est la fin d’une ère. Depuis 1774, le fabricant des célèbres sandales est resté une entreprise strictement familiale, très attachée au « made in Germany ». 25 millions de paires de sandales et chaussures, quasi exclusivement fabriquées en Allemagne, ont été vendues par le groupe en 2019, pour un chiffre d’affaires de 720 millions d’euros et 130 millions d’euros de bénéfices. La société de taille modeste a réussi à vendre très cher son image de marque : selon les observateurs, la valorisation de la société pourrait atteindre 4 milliards d’euros. Le codirecteur de Birkenstock, Oliver Reichert, s’est empressé de préciser qu’aucune délocalisation de la production n’était prévue.
J’ai vécu toute ma jeunesse au Bourg-Pailler au milieu des animaux de la petite ferme du pépé Louis, gardant ses normandes, allant les chercher au pré, les vêlant, y’avait aussi toute la basse-cour de la mémé Marie, ma chèvre grisette, c’étaient des animaux en liberté, élevés à l’ancienne, que nous respections.
Dans ma vie professionnelle j’ai visité de grands élevages dit hors-sol de volailles et de porcs, les animaux n’y étaient plus des animaux domestiques mais des « machines » entassées pour engraisser, pondre, vite fait bien fait sur le gaz, ce n’était plus de l’élevage mais de l’industrie au service des intégrateurs, ce n’était plus des éleveurs mais des façonniers indifférents.
Depuis quelque temps des associations, vidéos à l’appui, dénoncent les conditions de vie des animaux, la FNSEA les accuse d’intrusion, les défenseurs d’une agriculture et d’un élevage compétitifs ricanent, traitent ces cœurs sensibles de bobos vivant bien au chaud, loin des réalités économiques, de la concurrence et de la nécessaire indépendance alimentaire.
Désolé, tout comme le slogan de Bettane, aujourd’hui ravalé, les bio-cons, brocarder ceux des consommateurs qui exigent que le bien-être des animaux d’élevage soit une priorité est une idiotie, un contre-sens économique, en plus de l’éthique, ce respect des animaux, par ceux qui les élèvent, est de la valeur ajoutée. Les producteurs d’œufs l’ont compris en adoptant de plus en plus l’élevage en plein air.
Attention, il ne s’agit pas de mettre tous les éleveurs dans le même sac mais tout simplement de faire évoluer, changer des pratiques inadmissibles.
Quelle est la différence entre l'homme et les animaux ? Philosophes, psychologues, sociologues, anthropologues, juristes se sont attelés sans relâche à cette question. Quel sens peuvent lui donner ceux qui vivent quotidiennement avec des vaches et des cochons dans des pratiques créatrices de liens ? Qu'en pensent des éleveurs ? On découvre, à les écouter, des réponses inattendues. Les animaux avec lesquels ils travaillent sont intelligents, sensibles ; ils savent ce qu'ils veulent et ils devinent ce qu'on attend d'eux. Nous disposons d'une primatologie pour les singes, d'une éthologie pour les dauphins, les ours, les loups, les éléphants, les oiseaux..., mais nous ignorons encore presque tout des vaches et des cochons. Il existe pourtant, du côté des éleveurs, une réserve impressionnante de savoir à leur propos, un savoir qui diffère de celui des scientifiques et qui s'enracine dans le "vivre ensemble".
La question de la différence entre l'homme et les animaux ?
Drôle de question !
COMMENT LE BIEN-ÊTRE ANIMAL EST DEVENU UN ENJEU ÉCONOMIQUE POUR L’AGROALIMENTAIRE ICI
Face à la pression des consommateurs et des associations, les entreprises cherchent à améliorer les conditions d'élevage, de transport ou encore d'abattage des animaux. Plusieurs expérimentations sur la castration des porcs ou le pâturage des vaches, liant éleveurs, distributeurs et chercheurs ont été menées pour trouver un équilibre entre bien-être animal et viabilité économique. Une quête de longue haleine alors que les consommateurs, toujours plus sensibles à la maltraitance animale, ne sont pas prêts à payer plus.
« Conditions d’élevage déplorables », « tromperie du consommateur », « ramassage de dizaines de porcelets morts ». La nouvelle vidéo de L214 dans un élevage de porc a créé une onde de choc chez Herta. La marque fait désormais l’objet d’un boycott de la part des supermarchés britanniquesWaitrose qui ont suspendu la vente de saucisses au porc Herta dans « l’attente d’une enquête ». De son côté la marque du groupe Nestlé a arrêté provisoirement l’approvisionnement en provenance de la ferme épinglée et rappelle « son engagement en faveur du bien-être animal ». Ce cas fait partie d’une longue liste d’interpellation des marques de la part d’associations ou de consommateurs.
« Chez Fleury Michon, une réclamation sur trois portait sur ce sujet », se souvient David Garbous, longtemps à la tête du marketing de la marque avant de lancer Transformation Positive, l’année dernière, une entreprise d’accompagnement centrée sur la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « Il y a clairement une évolution et une prise de conscience sur la maltraitance animale », constate le spécialiste.
La filière œuf est souvent montrée en exemple.
Des expérimentations en cours
Désormais, ce sont plus de la moitié des poules pondeuses (53%) qui sont élevées en plein air. La filière a deux ans d’avance sur la première étape fixée par la loi qui devrait lui permettre d’atteindre l’objectif final de 100 % d’œufs hors cage en 2025. Mais les investissements ont été lourds, et parfois trop tardifs. En témoignent les mauvais résultats du groupe Mâtines, (qui appartient au groupe agricole Avril) numéro un des poules en cage qui accumule les pertes depuis six ans pour n’avoir pas su anticiper cette nouvelle tendance. « Pour les marques, c’est une opportunité à ne pas manquer mais cela a un coût », souligne David Garbous.
C’est justement ce sur quoi travaille le Laboratoire d’innovation territorial Ouest territoires d’élevage (LIT Ouest). L’association réunie notamment l’Institut national de recherche agronomique (INRAE), des éleveurs, des entreprises de la grande distribution, des ONG ou encore des startups…
« Le consommateur n’est pas prêt à payer dix fois plus cher sa tranche de jambon », avance Hervé Guyomard, directeur de recherche à l’INRAE. Le LIT Ouest permet justement de lancer des expérimentations en évaluant le coût et l’impact sur le bien-être des animaux. « On travaille sur la castration des porcs, l’amélioration des conditions de transports, les techniques d’étourdissement avant abattage ou encore le pâturage », explique le chercheur. « L’enjeu est de parvenir à définir des plans de progrès techniques tout en étant économiquement viable. C’est une épreuve de longue haleine », admet Hervé Guyomard.
La révolution du bien-être animal n’aura pas lieu
Il suffit de se promener dans les rayons des supermarchés pour constater les différences de prix. Les œufs bio de Poulehouse par exemple, cette marque qui n’envoie pas les poules pondeuses à l’abattoir à leurs 18 mois contrairement à toutes les autres, coûtent quasiment 6 euros la demi-douzaine. Entre les jambons bios, sans antibiotique, ou conventionnels, les prix peuvent varier du simple au double. Le risque est de ne permettre qu'à une faible partie de la population d'avoir accès à ces produits.
« Il y a de toutes façons une polarisation du marché qui s’est accentuée avec la crise du Covid-19 », remarque Matteo Neri, spécialiste de l’agroalimentaire au cabinet Xerfi. « Il y a ceux qui perdent du pouvoir d’achat et pour qui l’impératif est économique. Et ceux, plus marginaux, qui réclament d’avantage d’engagements de la part des marques », explique-t-il. Difficile pour les entreprises de répondre à ce paradoxe. Mais, dans ce rapport de force, malgré une forte croissance des marchés de niche comme le bio ou le végétarien, c’est le mass market qui cartonne le plus. « La révolution du bien-être animal n’aura pas lieu », prédit Matteo Neri.
J’avais ma petite idée sur le sujet mais je me suis contenté de la confier à Alain et ne comptez pas sur moi pour vous la dévoiler.
Un lecteur via le formulaire de contact s'étonne de mon silence sur, ce qu'il qualifie, de turpitudes bordelaises. Ma contribution bordelaise, depuis l'origine de ce blog, est très abondante, tout comme mes préoccupations environnementales, mon goût immodéré pour les vins nu. Mes préoccupations du moment ne me portent guère vers les épisodes judiciaires du monde du vin à Bordeaux. Cependant, comme je suis un peu con, de temps en temps encore je trempe ma plume dans la bouillie bordelaise. Comme je suis un peu juriste sur les bords avant de monter au créneau je lis et analyse les décisions des tribunaux. La stratégie en défense est élaborée par le ou les avocats, je n'en suis pas un, alors comme je l'ai indiqué en préambule, même si je me suis forgé une opinion sur le sujet je la garde pour moi, je ne confond pas le droit avec la militance : à force de charger l'âne il verse dans le fossé. Enfin, du côté des affaires pénales d'Hubert, ma position est connue, je l'ai exprimée en tant que témoin à la barre de la 17 e Chambre au cours du procès en diffamation de celui-ci contre Isabelle Saporta. Tout ça pour vous dire que j'ai acquis une immunité totale en matière de tiédeur sur les sujets qui fâchent.
Jeudi 25 février 2021 Alexandre Abellan de Vitisphère écrit :
La justice donne raison à l’interprofession girondine et aux 25 opérateurs bordelais attaquant les communications de la militante antiphyto sur les résidus de pesticides de vins certifiés Haute Valeur Environnementale (HVE). L’association antiphyto ira en appel.
« Sale temps pour les lanceurs d’alerte » grince Valérie Murat, la pasionaria des antiphytos. La chambre civile du tribunal judiciaire de Libourne condamne ce 25 février l’association Alerte Aux Toxiques (AAT) et sa porte-parole, Valérie Murat, à 125 003 euros pour dénigrement des vins de Bordeaux. Une sanction forte et à exécution immédiate pour sanctionner les communications d’AAT du 15 septembre 2020, qui dénonçaient la présence de 28 résidus phytos détectés dans 22 vins, essentiellement de Bordeaux et certifiés Haute Valeur Environnementale (HVE).
« Ces écrits ont été largement diffusés et accompagnés de slogans peu mesurés. Ils constituent sans équivoque un dénigrement fautif » indique l'arrêt de la chambre civile consulté par Vitisphère.
Pour la présidente du tribunal, Valérie Bourzai, « il ressort de l'étude de l'article contesté que les vins analysés y sont classés en fonction du nombre de substances dangereuses ou toxiques constatées [...] or, à aucun moment l'AAT et Madame Murat n'ont décrypté et analysé les chiffres qu'ils ont indiqués, malgré les commentaires du rapport d'analyse diligenté. » Ayant réalisé les analyses, le laboratoire Dubernet rappelle que les résidus constatés sont « très largement en inférieurs aux Limites Maximales de Résidus respectives ». Pour la justice, « il est manifeste que l'AAT et Madame Murat, rédactrice du rapport, ont fait le choix d'une communication volontairement anxiogène, sans aucune explication sur le mode de dangerosité d'une substance, ni sur les taux constatés. »
Dans son arrêt, la présidente Valérie Bourzai rappelle la définition du dénigrement qui se fonde sur l'article 1240 du Code civil : « jeter le discrédit sur un concurrent en répandant à son propos, au sujet de ses produits ou services, des informations malveillantes. Il tend à porter atteinte à l'image de marque d'une entreprise ou d'un produit désigné ou identifiable afin de détourner la clientèle, en usant de propos et d'arguments répréhensibles, ayant ou non une base exacte, diffusés ou émis de manière à toucher les clients de l'entreprise visée, concurrente ou non de celle qui en est l'auteur. »
RUE 89 BORDEAUX
SOCIÉTÉ
Valérie Murat lourdement condamnée pour « dénigrement » des Vins de Bordeaux
L’association Alerte aux Toxiques a été condamnée ce jeudi 25 février à verser 100 000 euros à l’interprofession, plus 25000 aux propriétaires et fédérations plaignantes, et à retirer tous ses articles. Sa porte-parole Valérie Murat va faire appel.
Le tribunal de Libourne a condamné à 125000 euros d’amende l’association Alerte aux toxiques pour avoir publié des analyses montrant la présence de pesticides dans 22 vins labellisés HVE (haute valeur environnementale), considérant qu’elle portait préjudice aux propriétés et à la filière viticole du bordelais.
Valérie Murat, porte-parole de l’association, doit en outre retirer ses analyses de son site internet et de ses réseaux sociaux dans un délai de 15 jours, avec une astreinte de 500 euros par jour de retard.
« Sale temps pour les lanceurs d’alerte, (…) le prétendu pays du vin protège le pire dans le vin », a réagi ce jeudi 24 février la militante anti-pesticides, annonçant qu’elle allait faire appel de cette décision.
« Exécution sociale »
Néanmoins, l’exécution de la peine n’est pas suspensive, ce qui signifie que l’association doit immédiatement s’acquitter la somme exigée et dépublier les contenus incriminés. C’est donc « une exécution sociale de Valérie Murat » qu’a ainsi ordonnée le tribunal libournais, estime son avocat Eric Morain, soulignant que sa cliente ne dispose pas d’une telle somme.
« Le tribunal vient de signifier qu’on ne peut pas tout dire impunément, estime Constance Duval-Veron, avocate de plusieurs châteaux mis en cause. C’est le droit le plus strict de Valérie Murat de faire des analyses, pas de les publier avec des commentaires selon lesquels boire du vin présente un risque mortel. C’est erroné, presque délirant. »
Lors de l’audience à Libourne le 17 décembre dernier, Bernard Farges, président du CIVB (conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux) rappelait que les analyses des laboratoires Dubernet (4 à 15 molécules par bouteille) présentaient des teneurs de pesticides « entre 60 et 5000 fois en dessous » des limites maximales de résidus (LMR) autorisés.
Le tribunal a reproché à Valérie Murat de ne pas l’avoir mentionner, usant d’ « une communication volontairement anxiogène, sans aucune explication sur le mode de dangerosité d’une substance, ni sur les taux constatés ».
« Intention malveillante »
Pour sa présidente, Valérie Bourzai,« ce dénigrement a porté nécessairement préjudice au vignoble bordelais qui tend à modifier ses pratiques ». D’où le montant élevé des amendes infligées à la militante : 100000 euros à verser au CIVB, et 25000 à d’autres plaignants (dont 5000 à chacun des vignobles Haverlan, Grandeau et Vieux Cassan).
Dans un communiqué, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux a réagi via Bernard Farges :
« Nous sommes aujourd’hui satisfaits de cette décision de justice. Elle tient compte des préjudices que nous avons collectivement subis et rappelle à chacun que le dénigrement ne peut rester sans sanction. »
En citant les conclusions du Tribunal, qui fait état d’ « un rapport volontairement tronqué et dénigrant qui ne peut être considéré comme mesuré », Bernard Farges se rejouit que, « au-delà du caractère hautement critiquable de la méthodologie employée, les résultats confirmaient en réalité que tous les vins analysés étaient parfaitement irréprochables ».
Le CIVB considère que ces propos « massivement relayés, procédaient d’une intention malveillante à l’égard des vins de Bordeaux et visaient à jeter un discrédit avéré sur les produits des vignerons bordelais et sur le travail de fond qu’ils mènent depuis tant d’années. A ce jour, plus de 65% des surfaces du vignoble de Bordeaux sont certifiées par une démarche environnementale, contre 35% en 2014 ».
Un point justement souligné par Alerte aux toxiques et d’autres associations écologistes (France nature environnement…) et la Confédération paysanne : elles critiquaient récemment le soutien massif des pouvoirs publics au déploiement de la certification HVE (76 millions d’euros inscrits dans le projet de loi de finances pour 2021), alors que celle-ci n’interdit pas le recours aux pesticides chimiques, contrairement au label AB (agriculture biologique), et qu’une exploitation agricole peut être certifiée HVE alors qu’elle utilise des produits les plus nocifs – cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR).
La HVE est à leurs yeux une « illusion de transition agroécologique ». Faut-il alors vraiment se réjouir que la Gironde soit le département comptant le plus d’exploitations certifiées (1610 sur les 8218 pour toute la France ? Pour Valérie Murat et d’autres, clairement pas. La militante girondine a d’ailleurs reçu ce mercredi le soutien de 43 organisations écologistes de l’Europe entière et celle de 5 députés européens.
Ils dénoncent dans la procédure intentée contre elle une SLAPP (strategic lawsuits against public participation = procès stratégiques contre la participation du public). Il s’agit de « plaintes disproportionnées » aux moyens desquelles « les gouvernements et les entreprises cherchent à intimider et réduire au silence ceux qui, dans l’intérêt public, pointent du doigt leurs abus ». Des poursuites similaires à celle engagée par le CIVB visent l’Institut de l’environnement de Munich, qui a dénoncé l’utilisation de pesticides à hautes doses dans la culture des pommes au Tyrol du sud.
Si je vous les propose c’est que je les ai tous aimés, mais je n’ai pas le courage de vous dire pourquoi donc j’ai annexé à chacun des critiques.
Ils sont classés par date de sortie.
24 avril 1935Roberta Comédie musicale de William A. Seiter Avec Irene Dunne, Fred Astaire, Helen Westley
J’y ai beaucoup aimé Irene Dunne, l'une des plus grandes stars du cinéma des années 1930-40 et pionnière dans l'établissement de droits contractuels pour les acteurs et actrices hollywoodiens. Elle est décédée en septembre 1990 à son domicile de Holmby Hills de causes naturelles. Elle avait 88 ans.
Nommée cinq fois aux Oscars mais jamais lauréate, elle était une star du box-office de longue date «bancable», dont la combinaison de beauté, d'intelligence, d'allure innocente et de voix hautement qualifiée lui a permis de jouer des femmes de premier plan dans des films allant des comédies vicieuses à drames romantiques.
«Il n'y avait rien qu'elle ne pouvait pas jouer, rien», a dit un jour le réalisateur Leo McCarey à un intervieweur. «J'étais toujours contente quand elle me voulait sur une photo d'elle. Cela signifiait que je pouvais me détendre - tout en ramenant un gagnant. »
Irene Dunne et Charles Boyer dans «Love Affair».
(LACMA)
Finlande, 2002L’Homme sans passé Mies vailla menneissyyttäde Aki Kaurismaki avec : Sakari Kuosmanen, Esko Nikkari, Katie Outinen, Markku Peltola, Annikki Tähti
Festival de Cannes 2002
Grand Prix Aki Kaurismäki
Prix d'interprétation féminine Kati Outinen
Déclaré mort après s’être fait tabasser, il s’ébroue dans sa chrysalide de bandelettes : le plus grand succès public d’Aki Kaurismäki met en scène un personnage qui a survécu au désastre, on ne sait comment. C’est un début qui ouvre à tous les possibles, comme dans une vie rêvée, une vie après la vie.
2005 « Broken Flowers » de Jim Jarmusch Acteurs Bill Murray, Chloë Sevigny, Frances Conroy, Homer Murray, Jeffrey Wright, Julie Delpy, Sharon Stone, Tilda Swinton
« Broken Flowers » de Jim Jarmusch : La quête de Dissemblance de Bill Murray
« Broken Flowers » dépasse un comique s'amusant des clichés et une poétique du décalé pour raconter, à partir d'un travail autour de la ressemblance, une quête de dissemblance angoissante. Et si cette quête était aussi celle de Bill Murray, dont le fils, Homer, apparaît à la fin du film ?
Broken Flowers : les exploits mélancoliques d'un vieux Don Juan ICI
En lançant Don Johnston à travers les Etats-Unis sur les traces de ses anciennes maîtresses, en quête d'un hypothétique rejeton, le cinéaste américain, Jim Jarmusch, réalise surtout un film sur son acteur quinquagénaire, Bill Murray.
Par Thomas Sotinel Publié le 06 septembre 2005
2006Little Miss Sunshine, de Jonathan Dayton et Valerie Faris États-Unis, avec Abigail Breslin, Greg Kinnear, Paul Dano Grand Prix du Festival de Deauville
Little Miss Sunshine sur Arte : un succès du cinéma indépendant américain plus jamais égalé ICI
Quatorze ans après la sortie triomphale de “Little Miss Sunshine”, les aventures d’Olive, aspirante mini-miss, et de sa famille foutraque suscitent toujours la même affection. Mais la route a été longue avant que la comédie, diffusée dimanche 26 juillet sur Arte, voie le jour…
Le mois d’août 2006 touche à sa fin aux États-Unis et un long métrage indépendant affole le box-office. Little Miss Sunshine atteint près de 500 000 dollars de recettes après seulement cinq jours d’exploitation et n’a pas à rougir aux côtés des mastodontes sortis cet été-là, du Diable s’habille en Prada à Mission : Impossible III, en passant par le premier volet de la franchise à succès Pixar Cars. Genèse d’un petit film au grand destin.
En 2001, un script d’un scénariste du nom de Michael Arndt circule à Hollywood et séduit le producteur Marc Turtletaub, qui l’achète pour 150 000 dollars. Il tape ensuite dans l’œil d’un duo de réalisateurs qui insiste pour s’en emparer : Jonathan Dayton et Valerie Faris, couple à la ville, connu pour avoir conçu les clips de groupes phares des années 1990 comme les Red Hot Chili Peppers ou les Smashing Pumpkins. Des débutants donc, pour un premier long métrage écrit par un scénariste novice !
Comédie dramatique
À ce stade, seul le studio Focus Features montre de l’intérêt pour le projet, mais il souhaite modifier le récit en le centrant sur le personnage du père, au grand dam de Michael Arndt, qui finit par se faire renvoyer. Cependant, après quatre semaines de développement infructueux, sans trouver d’acteur pour incarner Richard Hoover, non sans avoir approché Jim Carrey, Tom Hanks, Alec Baldwin ou Robin Williams (qui demandait un trop gros salaire), Focus Features lâche le film, que le producteur initial, Turtletaub, rachète pour 400 000 dollars.
Un tournage de trente jours
L’équipe de départ parvient alors, avec un micro-budget de 8 millions de dollars, à constituer un casting et engage notamment l’encore inconnu Steve Carell, sans savoir qu’il était le personnage principal d’un film qui allait bientôt sortir et cartonner au box-office : le désormais culte 40 ans, toujours puceau de Judd Apatow. Dans le film de Dayton et Faris, il incarne un universitaire gay spécialiste de Proust, qui a commis une tentative de suicide après un chagrin amoureux… Il est alors recueilli par sa sœur Sheryl (Toni Collette) et se retrouve embarqué dans une odyssée rocambolesque à bord d’un mini-van jaune brinquebalant, pour amener la petite Olive (formidable Abigail Breslin) en Californie où elle doit participer à un concours de beauté, son rêve le plus cher.
Les réalisateurs de Little Miss Sunshine Valerie Faris et Jonathan Dayton entourent Abigail Breslin.
Avec eux, Dwayne (Paul Dano), le fils mutique obsédé par Nietzsche, qui a fait vœu de silence jusqu’à son entrée au sein de la prestigieuse United States Air Force Academy ; Grandpa (Alan Arkin), qui s’est fait virer de sa maison de retraite pour avoir consommé et dealé de l’héroïne ; et Richard (Greg Kinnear), le père conférencier spécialiste en motivation, qui rêve de voir son livre publié. Tout un petit monde porté à bout de bras et de poulet frit par Sheryl.
Une fois le casting rassemblé, le film est tourné en trente jours au cours des mois de juin et juillet 2005, dans la fournaise du mini-bus sans clim, entre l’Arizona et la Californie du Sud. En janvier de l’année suivante, il est montré en avant-première mondiale au festival de Sundance. C’est un triomphe. Les distributeurs font monter les enchères pour l’empocher. Jordan Mintzer, correspondant à Paris pour le Hollywood Reporter, se souvient : « La “bidding war” [“guerre des enchères”, ndlr] a fait la réputation du film. C’est une des plus grosses ventes de l’histoire de Sundance. Il a été acheté 10,6 millions de dollars par Fox Searchlight, une somme qui rentabilisait d’entrée le budget de production. »
2007 The Bubble d'Eytan Fox. Film israélien avec Ohad Knoller, Yussef Sweid, Daniela Virtzer, Alon Friedmann
Prix du public du Festival de Berlin 2007
The Bubble : quand éclate à Tel-Aviv la 'bulle' de plaisir et de raison
Entre comédie légère et démonstration tragique, un regard juste sur l'"oasis" israélienne. Par Thomas Sotinel publié le03 juillet 2007
Il y a un mot hébreu pour "bulle" (Buah) qui a servi de titre à ce film lorsqu'il est sorti en Israël, en juillet 2006. Il a ensuite été projeté à l'enseigne de The Bubble au Festival de Toronto, à l'automne suivant. Entre-temps, l'intervention israélienne au Liban avait une nouvelle fois fait éclater cette bulle, enveloppe fragile qui protège la vie quotidienne de la bohème de Tel- Aviv, métropole séculière.
Le cinéaste Eytan Fox compte parmi les résidents de la bulle et son film peint un portrait enjoué de son monde ; au centre d'un écheveau d'intrigues amoureuses, trois colocataires - deux garçons, Noam et Yali, et une fille, Lulu. Tous trois cherchent l'homme de leur vie, se consolant mutuellement de leurs déboires sentimentaux, affirmant leur opposition à la politique du gouvernement en organisant une rave contre l'occupation.
Cette comédie de situation légère serait sans doute ordinaire - même si ses acteurs sont charmants et son rythme enlevé - si Eytan Fox ne portait pas son regard de l'autre côté de la mince paroi qui enferme son gentil trio.
The Bubble commence par une séquence à un barrage de l'armée israélienne à Naplouse. Noam y accomplit à contre-coeur une période de réserve. Au moment d'un de ces incidents qui sont devenus un passage obligé du cinéma palestinien et israélien, Noam remarque un jeune homme palestinien. Une fois revenu à Tel-Aviv, le réserviste voit débarquer chez lui le bel inconnu. Il s'appelle Ashraf et a fui la Cisjordanie où tout - l'occupation, la religion, la famille - se met en travers de sa route d'hédoniste. Il a donc fui, le temps de vivre une histoire d'amour.
Un moment, cette utopie prend corps. Et le film oublie la violence de sa première séquence pour prendre le ton de la comédie évoquée plus haut. C'est une utopie modeste, qui dure quelques jours et ne rencontre pas d'obstacles plus menaçants que le règlement intérieur de l'appartement que partagent Noam, Yali et Lulu.
Eytan Fox met à décrire son milieu, que l'on voit à travers le regard incrédule et parfois émerveillé d'Ashraf, l'enthousiasme d'un propriétaire qui fait faire le tour de son charmant appartement. Il montre Tel-Aviv comme une oasis de plaisir et de raison, dont les jours sont baignés par les accents du rock d'auteur (on entend Keren Ann ou Belle and Sebastian sur la bande-son), rythmés par les productions théâtrales et les expositions. Cette bulle ressemble à toutes celles de l'Occident fortuné et cultivé, l'argent et l'art y coexistent selon les mêmes termes (une séquence assez drôle met aux prises l'acteur Lior Ashkenazi et le rédacteur en chef de la version israélienne du magazine Time out).
Mais The Bubble ne se résume pas à cette carte postale à la fois naïve et ironique. Le vrai propos d'Eytan Fox est d'en expliquer la raison d'être et sa fragilité essentielle. Le couple Noam-Ashraf porte la dimension tragique du film, qui peu à peu étend son ombre. Mettre en scène la façon dont l'histoire, la géographie assurent leur primauté sur le désir et les individus n'est pas chose simple. Eytan Fox recourt à la démonstration, une attitude qui n'a pas très bonne presse.
Mais il est des démonstrations convaincantes, et The Bubble est de celles-là. Parce que la comédie et ses personnages étaient attachants, la violence de leurs destins (des deux côtés du barrage de Naplouse) apparaît d'autant plus scandaleuse.
22 mai 2013 La Grande Belliza de Paolo Sorrentino avec Toni Servillo, Carlo Verdone, Sabrina Ferilli
Télérama
Critique par Pierre Murat
Ils dansent. Le corps agité de soubresauts et de spasmes, ils dansent. Visages souriants ou grimaçants, exténués ou extatiques, ils dansent. Et Jep n’est pas le dernier… Paolo Sorrentino ne filme que des lâches et des las. Le temps les a grignotés, ils vivent mal, en ont honte. Parce qu’ils ont somnolé une grande partie de leur vie, le cinéaste semble les pousser aux fesses avec sa caméra. Travellings avant, arrière, latéraux : il n’arrête jamais. Si ce n’est pour contempler, avec amour, ces palais romains, immenses et silencieux.
Pour accentuer la nostalgie, dans un clin d’œil à Fellini Roma, le héros rencontre, dans les rues de la ville endormie, une actrice — « Mademoiselle Ardant », murmure Jep, émerveillé —, qui lui souhaite bonne nuit. Exactement comme Anna Magnani conseillait à Federico d’aller au lit pour cesser de divaguer. L’ombre de Fellini plane évidemment sur Sorrentino, sans l’écraser. Il ne l’imite pas, il s’en inspire. Alors tous les souvenirs de Jep, épars et désordonnés, cette farandole de fantoches proches du néant, s’effacent devant son ultime rencontre : cette religieuse sans âge, silhouette aussi grotesque que les autres, mais qui lui offre quelques secondes la tentation de l’innocence. Une pureté évanouie. L’amorce d’une béatitude. On quitte Jep sans savoir s’il va se résoudre à vivre ou à mourir. Ce film sublime est reparti bredouille du Festival de Cannes 2013. Puis Paolo Sorrentino a trusté toutes les récompenses internationales, y compris l’oscar du meilleur film étranger.
Le film culte – « La Grande Bellezza », une fresque italienne par GUILLAUME MENARD ICI
Mardi dernier le soleil brillait sur Paris, alors au début de l’après-midi j’ai enfourché mon gros destrier dopé à l’électricité pour me rendre masqué sur l’autre rive chez AlessandraICI afin de satisfaire mon exigeante chalandise.
Ma première station fut pour l’épicerie où je m’enquérais auprès d’Alessandra de ce qu’elle avait comme produits sardes en rapport avec mes écrits :
- le pane carasau que l'on nomme aussi papier à musique.Dans cette recette, notre pane carasau devient un pane guttiau car "guttiau" en Logudorese (le dialecte d'une grande partie du Nord de l'île), signifie plus ou moins "aspergé", la feuille de pain étant mouillée d'huile puis salée avant d'être passée au four.
- Le pecorino sardo
- Fregola Fine : la classica fregula sarda, nel tipo a grana fine. Pasta di semola di grano duro coltivato in Sardegna, macinato a pietro, trafilata al bronzo e asciugata lentamente a bassa temperatura.
Et puis accompagné d’Alessandra, qui avait peur que je me perde, nous avons fait quelques pas pour aller jusqu’à la cave tenue par Cécile, l’ex sommelière-star de Giovanni Passerini, grande spécialiste des vins nu en dépit de sa naissance audoise.
Roberto Pusole, de l'Azienda Agricola Pusole: L'agriculture est un cadeau et doit être mérité ICI
«Je voulais être batteur, j'étais attiré, comme les autres gars, par la vie de la rock star», raconte Roberto Pusole, aujourd'hui responsable de l'Azienda Agricola Pusole, avec son frère Lorenzo. Une ancienne tradition familiale derrière elle, ancrée dans le territoire, riche de savoirs agro-pastoraux, dans un souci d'innovation durable.
10 mai 2019 Roberto Anedda
Le vignoble et son histoire
La Sardaigne est une terre à l’histoire riche comme toutes les grandes îles méditerranéennes. Le vignoble est surtout concentré dans la moitié sud de l’île avec quelques exploitations tout au nord également. Parmi les épisodes de colonisation qui ont marqué la culture du raisin et la production viticole, il faut principalement citer la période espagnole ou plutôt catalano-aragonaise.
Dès le 14e siècle, l’Aragon prend possession de l’île et ce n’est qu’au 18e siècle que la Sardaigne retombera sous le contrôle de la Savoie et donc de la future Italie. De ce fait, les cépages déjà implantés au Moyen-âge sont avant tout originaires du nord de l’Espagne, tel le grenache qui se nomme ici cannonau, le graciano qui deviendra bovale, et le carignan qui garde lui son nom.
Giuseppe Musina est un vigneron discret installé à Orgosolo dans le centre de l’île, près de la forêt de Montes, où il produit un vin très inspiré par la nature environnante, et par la diversité de cépages plantés dans ses parcelles, dont le mystérieux sangue di Cristo. 8000 bouteilles sortent de sa cave les bonnes années et l’homme n’a même pas l’électricité dans tous ses bâtiments. Du cousu de main sarde.
Le millésime et les vendanges
Un millésime de réjouissance après un difficile 2014. Du beau temps à la floraison, de la chaleur pendant la période de maturation mais point de trop, quelques pluies bienvenues en septembre peu avant la vendange, bref, de quoi récolter des raisins sains et mûrs dans toute la région.
Les vendanges sont manuelles, bien sûr.
La vinification
La fermentation est spontanée et démarrée à l’aide de levures indigènes uniquement., à température ambiante de cave. Aucune clarification ni filtration avant embouteillage et dose de SO2 minimale.
MALLOREDDUS, LES GNOCCHETTI SARDES À LA SEMOULE DE BLÉ DUR ICI
Nous connaissions par cœur de nombreuses recettes et nous pouvions les réciter de mémoire, mais les nôtres étaient bien moins fascinantes que les leurs (Ndlr leurs grands-mères). Nous étions, comme nous vous l’avons expliqué, antigori’ e nannai, fidèles au temps jadis de nos grands-mères, de celles qui, le matin, prennent leur café au lait avec une tranche de civraxiu grillée, et, le soir se réjouissent d’une bonne soupe de gintilla, de lentilles. Notre cuisine traditionnelle était en tout cas plutôt simple. Page 59
Le four à pain reprit du service. Quand nos mères avaient prétendu nous révéler les secrets, transmis depuis des lustres de génération en génération, de la préparation du pain, nous n’avions rien voulu savoir de cette idée extravagante. Pourtant, notre village n’est pas entouré que d’artichauts et de biomasse, nous avons encore des champs de blé.
Mais maintenant c’est différent. Nous pressâmes nos mères de nous instruire et, en suivant leurs indications à la lettre, nous parvînmes à cuire toutes sortes de pains – civraxiu, coccoi, carasau, modditzu – qui étaient plutôt réussis. Nous apportions le pain et les envahisseurs nous préparaient de petits paquets de mets exotiques à emporter. Page 60
(Ndlr les mères à leurs enfants exilés) À l’approche des fêtes, quand la nostalgie se faisait insupportable, nous préparions des colis remplis de spécialités sardes et nous glissions dans la paille quelques rameaux de houx et d’autres petites décorations de Noël. À Pâques, nous ne manquions pas d’envoyer des pains qui étaient des chefs-d’œuvre, les coccoietti, décorés à l’œuf dur (coccoietti con l'uovo).
Pain Civraxiu
Pain sarde fait avec de la semoule de blé dur
Histoire
En l'an, 235 A. C. sur la côte est de la Sardaigne, ils ont débarqué plusieurs navires, dont débarquèrent les légions du consul Tito Manlio Torquato, envoyé par le Sénat romain pour vaincre les Carthaginois, subjuguer les populations insulaires et flex certainement la résistance tenace des guerriers nuragici avec tous leurs forces opposées aux envahisseurs dirigés par leur chef, le brave et respecté Amsicora sarde punique.
La légende veut que Cyrus un légionnaire romain blessé dans la bataille et sauvé par Nuri Sanluri veuve et son fils Vargas savait comment faire cuire un bon pain de blé, qui a ravi la cantine des familles nobles romaine.
Cyrus est allé travailler avec une grande vigueur, il a construit un four avec de la boue et des pierres.
L'excellent blé dur, mûri dans la plaine fertile de Sanluri, a été recueillie par Cyrus et Vargas qui Nuria sfarinava avec une main de moulin.
C'est l'un des pains qui appartiennent à la tradition de la Sardaigne, il ne manque jamais dans les fêtes traditionnelles des villages ou les mariages, c'est le pain sarde Coccoi (su coccòi), c’est un pain avec un pain très croquant et à la croute dorée croûte à la mie compacte et blanche, de très petite alvéoles.
Pour la préparation de ce pain, la tradition utilise de la semoule de blé dur purement remoulée avec une hydratation allant de 40/50% et du levain dit "su fragmentu" ou "su frementu" ou "sa maddrighe", le nom varie selon la région de la Sardaigne.
La pâte est travaillée très longtemps jusqu'à ce qu'elle devienne presque blanche, lisse mais pas trop élastique, les pains sont formés immédiatement après le pétrissage. On effectue ensuite des coupes avec des ciseaux très tranchants et des petits couteaux, puis on laisse monter bien couvert et enfin les vraies coupes caractéristiques sont faites par des mains expertes des femmes sardes plus âgées.
Un pain bien spécial qui va faire craquer les Français.
Le pain carasau
Ce type de pain est typique de la Barbagia, la région centrale, même si l’on peut le déguster désormais dans toute la Sardaigne. Son nom fait référence à sa réalisation, presque toastée. À l’allure fine et croquante, ce pain peut donc se garder longtemps, jusqu’à plusieurs mois. Il était l’aliment de base des bergers lorsque ces derniers s’éloignaient de leur village pour effectuer la transhumance en hiver.
La chronique qui suit répond aux injonctions comminatoires de certains lecteurs trop gâtés par le Taulier qui profitant du soleil retrouvé a fait un raid chez Alessandra Pierini, épicerie d’abord puis cave pour razzier du solide et du liquide sarde.
Il suffit de regarder attentivement les traits de votre interlocuteur en disant le mot «dialetto» pour comprendre qu’on ne plaisante pas avec ça ! Une langue un point c’est tout.
Aujourd’hui, toute l’île parle italien (à quelques rares exceptions près), conséquence d’une interdiction d’utiliser la langue régionale. Si cette répression a pu entraîner parfois un sentiment de honte, ou la création de mélanges entre l’italien et le sarde (c’est souvent le cas à Cagliari), les insulaires sont de nos jours très fiers de leur langue. Les cagliaritains l’emploient régulièrement avec leurs proches, mais également devant les autres italiens, quitte à traduire (ou pas).
Mais c’est lorsque l’on sort de la cité que le sarde prend une dimension plus importante. Dans l’intérieur, il est utilisé bien souvent comme première langue. Si cette tendance peut-être mal perçue par le visiteur, c’est davantage pour préserver une culture à laquelle ils sont terriblement attachés que pour parler sans être compris du visiteur (comme je le fais moi-même très élégamment en italien devant les parisiens).
Le problème est qu’il n’y a pas 1 sarde. Malgré une base commune, les formes varient selon la région de l’île, voici un petit point culturel sur les différents sardes.
Le Gallurese : langue du nord, si on ne l’entend que rarement sur la Costa Smeralda, certaines villes balnéaires (Santa Teresa di Gallura ad esempio) l’utilise quotidiennement. Cette forme est assez similaire au Corse parlé dans la partie méridionale de l’Île de beauté.
Il Sassarese : parlé aux alentours de Sassari (ville « rivale » de Cagliari, au nord), à l’extrême nord-ouest.
Le Lugodorese : c’est la forme des « puristes », que l’on parle dans le nord en général, ainsi que dans la ville de Luras en Gallura (qui s’est fait un kiff).
Il Nuorese : si parla nella région centrale, à Nuoro et dans la Barbagia (région peu accessible et donc très traditionnelle). Tout le monde le parle, parfois mieux que l’italien dans cette magnifique région montagneuse.
Le Campidanese : le Sarde de de la moitié sud de l’île
Le Cagliaritano : langue de Cagliari
Autres langues recensées sur l’île :
L’Algherese : petite curiosité culturelle, à Alghero on parle une variante antique du catalan. Le centre-ville a aussi conservé l’architecture des envahisseurs.
Il Tabarchino : forme de Génois antique, parlée sur la petite île de Carlo Forte, et au nord de la presqu’île de Sant’Antioco.
Bien sûr (sinon ce n’est pas drôle), il y a des variations d’une ville à l’autre (même à 1 km près).
François-Régis aurait pu associer Alexandra Pierini dans son ode à la tartiflette savoyarde en souvenir de l’histoire de la Savoie singulière et complexe, devenue un comté au 11e siècle, puis un duché en 1416. Berceau de la Maison de Savoie.
Elle fait partie des Etats du même nom, appelés ensuite États sardes lorsqu’au 18e siècle, le duc de Savoie devient roi de Sardaigne. De 1792 à 1814, la Savoie a connu une première annexion par la France. En 1815,elle est restituée, avec Nice, au royaume de Piémont-Sardaigne. Chambéry a longtemps été la capitale des ducs de Savoie avant de laisser la place à Turin. L’abbaye de Hautecombe demeure leur nécropole.
Hautecombe, c’est d’abord, sur les rives du lac du Bourget, un site admirable chanté par Lamartine. ICI
C’est aussi une abbaye à la riche histoire, que les cisterciens fondèrent au XIIe siècle, à laquelle, dans les années 1820, Charles-Félix, roi de Sardaigne, donna un nouveau lustre et qui, de nos jours, continue d’abriter une communauté religieuse.
C’est chez Claire, comme l’abbaye organise des retraites, notamment les retraites "Cana" pour les couples, j’irai y méditer dans le silence.
En 1860, le royaume de Piémont-Sardaigne s’étend sur les 2 versants des Alpes et comprend : la vallée d’Aoste, le Piémont, Gênes à l’est, la Savoie et le comté de Nice à l’Ouest, la Sardaigne en Méditerranée.
Quarante notables sont envoyés à Paris; le 21 mars 1860, Napoléon III leur annonce que l'annexion aura lieu, sous réserve du libre consentement du souverain et des populations. Les troupes sardes évacuent la province, et y sont remplacées par des soldats français rentrant d'Italie, et, le 24 mars, à Turin, Cavour signa le traité de cession; on y stipulait que la cession ne deviendrait définitive qu'après le vote des populations, déliées par Victor-Emmanuel de leur serment de fidélité, et placées sous une régence provisoire.
Enfin le vote, par oui et par non, au scrutin secret, eut lien dans le calme le plus complet le 22 avril. Les résultats de cette grande consultation populaire furent proclamés le 29 par la cour d'appel : sur 135.419 électeurs, dont 130.839 votants, il y eut 130.533 oui, 235 non, 71 bulletins nuls. Cette unanimité déplut à Turin, où l'on eût préféré, pour mieux faire valoir son sacrifice, montrer à la France que les populations regrettaient le régime sarde. Les Piémontais se vengèrent en retardant la ratification parlementaire du traité du 24 mars. L'impatience des Savoyards protesta contre ces lenteurs. Enfin le traité fut déposé le 23 mai et adopté le 29, par 229 voix (les députés savoisiens ne siégeaient pas), contre 33 non et 23 abstentions. « Il y avait un sacrifice à faire, avait dit le roi, resté très Savoyard d'allure et de tempérament; j'ai fait celui qui contait le plus à mon coeur. » D'Azeglio avait d'avance décrit la situation nouvelle : «-Une fois que les Savoisiens auront dit : « Nous nous annexons à la France , ce sera comme un père qui marie sa fille selon ses désirs; il l'embrasse le coeur serré, lui souhaite toute sorte de bonheurs, et lui dit adieu ». Le traité fut sanctionné le 12 et célébré en Savoie par les fêtes da 14 et du 18 juin. Le 27 août l'empereur venait à Chambéry.
La Savoie fut divisée en deux départements : Savoie et Haute-Savoie. On lui garantissait son autonomie ecclésiastique (un archevêché et trois évêchés suffragants), judiciaire, universitaire. La France hérita des obligations de neutralité nées du traité de Turin; la zone neutralisée fut en même temps zone franche au point de vue douanier.
Suite à cette longue et historique introduction je me dois de vous avouer que je ne suis pas très porté sur le fromage fondu, genre soirée raclette, tu ressors de là en état fromager, tu cocotes, tu as le sentiment d’être une raclure de frometon…
« Du sang sur le reblochon » fermier ou laitier ? Dormir chez la dame de Haute-Savoie Et si l’on parlait aussi de l’enclave italienne d’Hautecombe ? ICI
Et pour moi le plus accompli, bien construit, « galerie de personnages hauts en couleur, des dialogues imprégnés de gai savoir et d'allègre insolence, de la force et de la fierté qu'affichent, comme dans tous les récits de Milena Agus, ses héroïnes féminines… »
Milena Agus, que je l’ai découverte grâce aux conseils de ma libraire d'Ajaccio. Totalement inconnue à la sortie de son premier livre en 2007 : Mal de pierres, grâce aux libraires et au public français elle va connaître un succès foudroyant qui va se propager en Italie. Elle est aujourd'hui traduite dans treize pays et vient de sortir son second roman Battements d'ailes. Succès mérité, ses romans sont de petits bijoux. L'écriture est sans afféterie, concise, ciselée, intense, je me suis régalé. Romans étranges, envoûtants, pleins de senteurs et de saveurs, de sentiments vrais, que l'on dévore d'une seule traite et qui vous font du bien à l'âme. C'est publié aux éditions LIANA LEVI
Depuis ce jour, j’ai guetté la sortie de ses livres dans la vitrine des éditions Liana Levi ICI, les ai acquis dès leur parution, lus et presque toujours chroniqué sur eux.
Sexe et Vin l’accord parfait : « Écarte les jambes. Mouille-toi le joni avec du vin et lèche tes doigts. Dis-moi quel goût ils ont. » ICI
29 janvier 2015
C'était toujours mieux que cinquante ans auparavant, quand les journaliers qui allaient vendanger se voyaient affubler d'une muselière pour les empêcher de manger le raisin. ICI
31 janvier 2015
Les sœurs Porro qui appelait les culottes « les premières » et les soutiens-gorge « les seconds » Milena Agus « Prends garde » ICI
22 mai 2016
SENS DESSUS DESSOUS : la vieillesse ne m’apparaît plus comme une ombre mais comme un éclat de lumière, le dernier peut-être. ICI
7 mars 2018
La Sardaigne, l’Aga Khan, le prix de l’Arc Triomphe, le Meurice, Milena Agus, Terres promises, le pecorino… ICI
À propos
«Tout est formidable dans cette radioscopie.» L’Express
«Milena Agus parle avec vitalité de choses graves et privilégie une écriture pétillante.» Télérama
«Sa tendre ironie fait des étincelles.» Le Figaro Magazine
«Une version très personnelle et drolatique de la mondialisation.» La Vie
«Un grand moment d’humanité.» Le Soir
«Un roman qui rend heureux.» Quatre sans Quatre
«Milena Agus réussit le miraculeux équilibre entre humour caustique ravageur et profonde humanité.» Le Maine libre
«Déjouant les clichés du choc des cultures, Milena Agus nous plonge dans un récit choral, aux allures de conte ou de tragédie grecque.» Page des libraires, Librairie Jeanne Laffitte Les Arcenaulx
«L’auteure réussit l’exercice difficile de transformer la grande et douloureuse question des migrants en une histoire simple, avec un regard tendre et décapant.» Il Manifesto
Orgosolo, le berger et son troupeau de moutons, murales - Sardaigne
… ou sur le fait que nous, les Sardes, nous sommes incapables de rébellion et qu’à cause de notre stupidité et de nos rivalités mesquines, l’île est toujours aux mains des spéculateurs étrangers ; que quand un Sarde a une idée, elle à jeter aux orties tandis que la dernière foutaise venue d’ailleurs est forcément un projet génial. Page 47
Et grâce à eux, nous qui en avions par-dessus la tête des moutons sardes, nous commencions à les voir d’un autre œil. Nous découvrîmes que nos moutons étaient magnifiques et que chaque troupeau composait un paysage différent. Certains étaient blancs sur le fond gris des pierriers, en route pour le pâturage, d’autres, des taches dorées à flanc de colline. L’un d’eux, solitaire, à l’écart de ses compagnons, nous observait. De loin, vous pouviez confondre certains troupeaux avec les floraisons printanières. Des brebis formaient une couronne autour de leur berger, qui procédait à la traite vespérale, d’autres, en chemin, traçaient des géométries le long des chemins de terre. Page 48
En filtrant la lumière, les tuiles brisées du toit créaient un clair-obscur semblable à celui des tableaux flamands que nous avions vus dans nos livres d’école ; à travers leurs trous, voilés de pans d’étoffe fine que le vent remuait, on voyait trembler les étoiles du ciel qui apparaissait, comme dans un planétarium, dans toute sa perfection et sa mystérieuse harmonie. Page 55
Nous, nous sentir bonnes nous faisait du bien, même si la vraie bonté est une toute autre affaire. Nous avions simplement eu la chance du bon larron crucifié à côté de Jésus, un individu de petite vertu auquel fut offerte une occasion inespérée de changer. Page 55
Après une bataille ente dieux (NDLR. Allah, Notre Dieu, celui des Évangélistes) le Professeur déclara : « Comment pouvons-nous juger Dieu, et comment peut-il nous juger s’il est une fractale ?
- Pardon ?
- Vous voyez le chou romanesco ? Eh bien c’est une fractale. Les fractales, expliqua-t-il, sont des objets mathématiques, des figures qui présentent une structure similaire à n’importe quelle échelle : on les dit « auto-similaires », parce qu’en agrandissant une partie de la figure, on la retrouve tout entière. Dieu ne nous a-t-il pas créés, nous les humains à son image ? Ne sommes-nous pas la répétition de Dieu à l’infini ?
- Vous êtes en train de dire que Dieu, c’est nous ? » Page 65
La placidité de la nature fait toujours un effet dans les moments d’inquiétude et de tourment, elle semble confirmer qu’un ordre universel gouverne toutes choses. Réconfortées (NDLR le chœur des villageoises, dont la narratrice) par cette clarté pacifique et par l’idée que tout, dans l’univers, qui que fût son créateur, avait un sens, nous rentrâmes chez nous. Page 74
« Ils ne s’entendent pas, pourquoi iraient-ils se marier ?
- Sottises ! La vie, c’est l’art de s’adapter au mieux que rien. Page 76
Nous nous sentions négligés, ainsi réduites à ne produire que des artichauts et de la biomasse pour le gaz, tandis qu’autrefois, sachant écouter la nature, nous avions instauré un rapport d’amour et de solidarité avec les végétaux que nous cultivions. Vous nous prendrez peut-être pour des folles, mais nous parlions avec les tomates, les laitues, les choux, les melons, le fenouil, et eux, nous répondaient. C’était passionnant et amusant. Notre relation avec la biomasse, en revanche, restait aride, quant aux artichauts, ils nous ennuyaient. Page 79
- À cinquante ans bien sonnés, Lina n’a jamais vu de pillona, c’est certain.
- Qu’est-ce qu’une pillona ? demandèrent ceux qui ne comprenaient pas le sarde.
- En sarde, pillona signifie pénis, répondit docte l’humanitaire du sex-shop. « Elle n’a jamais vu de pillona » se dit d’une femme qui n’a jamais fait l’amour. » Page 88
La dernière soirée fut la plus surprenante. Un bal serait organisé dans la demeure de ces Dames. De nombreux Noirs refusèrent hélas l’invitation. Ils ne voulaient pas perdre un temps précieux et préféraient refaire leurs bagages pour être prêts à partir. En Europe ! Enfin, en Europe ! Mais ils tinrent à nous saluer avec un chant que les humanitaires traduisirent pour nous, sans pouvoir masquer leur émotion ; il racontait la fuite, le désert, la faim, la soif, la prison et les tortures, la décision d’embarquer et de défier la mort en mer.
Nous en conçûmes un grand désarroi, et nous eûmes honte d’avoir jugé ingrats leurs visages fermés. Au fond, ils avaient raison, risquer leur vie pour finir dans ce trou perdu, à reboucher les fissures d’une ruine et à cultiver quelques mètres carrés de potager, ça ne valait pas le coup. Mais ce qui nous chagrinait le plus, c’était que nous savions bien que l’Europe, leur terre promise, ne serait pas à la hauteur de leurs attentes.
Mais peut-être que si, en fait ? Que savions-nous au juste de l’Europe, nous autres ? Et l’Europe, que savait-elle de nous ? Nous n’étions sûrs que d’une seule chose : l’Europe ne voulait pas d’eux. Page 148
Afin de ne pas me faire avoiner par qui vous savez, puisque ce blog est baptisé Vin&Cie je vais consacrer à la suite de celle-ci un petite chronique au bien manger sarde… dans Une saison douce de Milena Agus.
Traduit de l’italien par Marianne Faurobert, éd. Liana Levi, 176 p., 16 €.
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