Seule une femme pouvait écrire le texte qui suit ; une femme sarde ; une inconnue devenue célèbre grâce au bouche à oreille qui a fait de son premier roman traduit en français – c’était son second en Italie – Mal de pierres en 2007 un best-seller en France. J’y ai participé en le découvrant lors de mes vacances en Corse et je suis devenu addict de Milena Agus. Ses romans sont publiés aux éditions Liana Levi www.lianalevi.fr des livres d’un format que j’adore, élégant, facile à glisser dans mon sac. Depuis le Mal de pierres, je guette la sortie de ses nouveaux livres : Battement d’ailes, Mon voisin, Quand le requin dort, pour les acheter et les lire d’une seule traite – ils ne sont pas épais dans tous les sens du terme. Le dernier, dont est tiré cet extrait, La comtesse de Ricotta 13,50€, ne fait pas exception : c’est un nouveau petit bijou, sensible, avec un style lapidaire et une construction toujours originale Milena Agus m’accroche, me séduit. La romancière aime les mensonges de la fiction et moi j’adore qu’on me mène par le bout de la plume en des lieux inexplorés.
« La Sardaigne au cœur. Pour Milena Agus, cette île est une miraculeuse inspiratrice, et le vent qui y souffle fait tourner les pages de ses livres comme les ailes des moulins : il y a du don Quichotte chez l'auteur de Mal de pierres, qui prend tellement ses rêves pour des réalités qu'elle croit parfois « vivre les yeux fermés ». Chevillée corps et âme à sa chère Sardaigne, elle y moissonne une oeuvre pleine de contrastes délicats, entre ombre et lumière, comme ces ruelles de Cagliari qu'elle décrit avec la sensualité d'une aquarelliste. » Pierre Clavel L’Express en 2010.
Pour La comtesse de Ricotta 2 critiques.
«C’est une joie délicate de se plonger dans l’imaginaire de Milena Agus.» La Libre Belgique
«Un petit roman délicieux, saugrenu, à l’humour grave, qui explore l’irrépressible désir d’absolu de la gent féminine.» La Vie
Le choix de cet extrait est bien sûr motivé par le goût du vin.
« Maddalena et Salvatore ont éteint la lumière et laissé les fenêtres ouvertes, car en Sardaigne à l’automne il fait encore chaud, les feuilles tombent mais on continue de se baigner.
La lune, comme une opaline, éclairait la table encore dressée et rendait tout phosphorescent.
« Déshabille-toi et assieds-toi à table, dans la lumière de la lune », a ordonné Salvatore.
Maddalena s’est déshabillée et ils se sont assis, elle a passé son verre de vin glacé sur ses mamelons pour les durcir. Ses seins se tenaient bien fermes et ainsi éclairés paraissaient plus gros.
« Écarte les jambes. Mouille-toi le joni avec du vin et lèche tes doigts. Dis-moi quel goût ils ont. »
Il s’est levé de table et s’est placé devant elle.
« Maintenant, défait ma ceinture et sort mon lingam. Lèche-le comme tu sais bien faire. Dis-moi quel goût il a avec le vin et le goût de ton joni. »
Elle a mis les doigts dans son joni, après les avoir plongés dans le vin. Elle les a léchés et a essayé de décrire tous les goûts. Jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus et jouissent en même temps, lui dans sa bouche et elle dans sa propre main. Ils ont joui sans avoir le temps d’entrer l’un dans l’autre, alors qu’elle était peut-être fertile ce soir-là.
Voilà pourquoi Maddalena n’est pas contente. Parce que le présent n’existe pas s’il n’y a pas de futur. Ils ont gâché une occasion, fous de désir qu’ils étaient, et c’était peut-être le moment où les spermatozoïdes de Salvatore étaient les plus forts et les ovules de Maddalena les plus accueillants.
Après, Salvatore est allé dans la chambre et s’est tout de suite endormi. Maddalena s’est mise au balcon, en chemise de nuit transparente car elle ne pense jamais qu’on peut la voir, mais la nuit était claire, bleue et douce, et de l’autre côté de la rue toutes ces lumières sur la mer. »