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21 mai 2007 1 21 /05 /mai /2007 01:00

Monsieur le maire de Paris,


Mes amis du Gers ont coutume de dire de leur colombard sec et nerveux : " sitôt bu, sitôt pissé..." Chez nous, dans notre charmant village, nous n'avons pas les mêmes aises qu'à Condom, car ici nul bout de champs, ni cheintre, ou autre lieu de plein air où l'on peut en toute tranquilité, sans nuire à l'environnement, soulager sa vessie en toute sérénité. Même nos compagnes, à la campagne, à l'abri d'un fourré, peuvent elles aussi prendre cette liberté.

 

Je vous sais soucieux, comme vos prédécesseurs, dont l'un s'illustra avec les motos-crottes, des aises de nos amies les bêtes. Même qu'un certain Contassot, vert de son état, un jour menaça ma vieille voisine et son chien incontinent d'une amende pharaonique pour levage de patte non prévu par ses règlements. Bref, faudrait que votre Contassot, avec son pote Beaupin kaime palézoto mékaime les vélos, se préoccupât de mes aises de cycliste : " où puis-je pisser, en toute liberté, cher Bertrand Delanoë ? "


Dois-je, avant de me soulager, m'envoyer un caoua dans un bar pour pouvoir accéder à la résolution de ce besoin pressant ?

 

Cercle infernal, car le petit noir ainsi ingurgité me poussera quelques kilomètres plus avant dans un autre établissement.

 

Alors que faire ?

 

Me précipiter dans un Grand Magasin, une Gare ou je ne sais quel lieu public, où la signalétique est aussi compréhensible que la lecture de Teilhard de Chardin et, où, une fois atteint le lieu d'aisance me retrouver coincé en une longue queue.

 

Dois-je aller au cinéma ou me résoudre à rechercher une new sanisette aussi rare sur le territoire de notre charmant village qu'une femme souriante dans le métro. Si j'ai la chance d'en trouver une - pas une femme bien sûr - à tout coup elle sera hors d'usage.

 

Dois-je alors me résoudre à pisser le long d'un tronc d'arbre ou sous un porche? Non, monsieur le maire, c'est franchement dégueulasse et je vous invite à faire un petit tour sous le métro aérien entre St Jacques et Glacière pour apprécier les effluves de ces épanchements clandestins.


Dans le même temps je vous invite aussi, flanqué de Contassot et de vos services techniques, à venir contempler un édicule classé : la dernière Vespasienne parisienne sise sur le bord du boulevard Arago. C'est une honte de traiter ainsi une vieille dame.

 

Z'avez plus de ronds les gars pour lui donner un pti coup de jeune ? Pour des mecs soucieux d'économiser l'eau la pauvre s'épanche comme une Perrette korè kassé son pot.  

 

Bien sûr, je sais que ces lieux furent le siège de débauches nocturnes mais peu me chaut, si je puis m'exprimer ainsi, ce n'est pas une sulfureuse réputation qui saurait vous empêcher de vous colleter à ce service public du besoin pressant.

 

Dois-je, pour faire pression, créer le Mouvement de Restauration des Vespasiennes : M.R.V à ne pas confondre avec le MRG qui lui se réunit dans une cabine téléphonique - avec Tapie ça ne doit pas être aisé ?

 

Avant d'en arriver à cette extrémité, car je suis un homme de bonne volonté, je vous suggère d'ouvrir un grand concours d'architecte mobilisant les ressources des technologies modernes pour répondre à ma demande. Paris innoverait. Les touristes, provinciaux ou étrangers, apprécieraient cette délicate attention. Sachez aussi, monsieur le maire, sans vouloir être vulgaire, que le pisseur est aussi un électeur.




 

Je m'en tiens là pour aujourd'hui, monsieur le maire de Paris.

 

J'attends votre réponse avec sérénité, car j'en suis sûr mes écrits vous ont montré l'urgence qu'il y a de prendre en compte la satisfaction de ce besoin naturel, si bien traité par les Romains, et qui ne saurait plus encore être repoussée aux calendes grecques. L'approche des échéances électives devrait vous voir attentif à mes suggestions. Trop longtemps, à Paris, on a brocardé les dames pipis. L'érection de nouvelles vespasiennes, à la pointe de la technologie, nous permettrait de faire naître une nouvelle industrie qui porterait haut le prestige de la France dans toutes les grandes métropoles urbaines. Bref, laissons libre court à notre génie. 


En vous remerciant du temps que vous venez de me consacrer, je vous prie d'agréer, monsieur le maire de Paris, l'expression de mes salutations les meilleures et empressées.

 

A vous lire, entendre, ou voir.

 

Jacques Berthomeau   

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