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7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 00:04

A-t-on tout dit, tout écrit sur le pain et le vin ? Je ne sais mais si vous voulez bien me suivre, avec des mots simples, ceux qu’un grand esprit de son temps, un maître de la leçon de choses, nous allons faire sur eux un bout de chemin ensemble. Connu surtout comme un entomologiste de talent Jean-Henri Fabre, dont Jean Rostand disait qu’il était « Un grand savant qui pense en philosophe, voit en artiste, sent et s'exprime en poète »[][] s’exprime dans « Les causeries d’Aurore avec ses nièces sur l’économie domestique » sur le Ménage. Bien sûr, des esprits chagrins, me feront remarquer qu’il s’adresse aux filles mais, comme nous sommes en 1892, tel était l’esprit du temps.

Ce qui m’intéresse ici c’est le langage, simple et direct, à l’usage des enfants, loin des insanités distillées par le pédagogisme militant. Revenir à l’essentiel, donner à comprendre, ce doit être ringard mais comment structurer la pensée, donner des bases à l’analyse, si les choses de la vie restent ignorées de nos jeunes pousses. Nous fabriquons trop de singes savants, alors en revenir à la leçon de choses, expliquer pourquoi le pain lève, le vin se fait, me semble un acte de santé publique bien plus important que ceux dont les gardiens de nos corps nous bassinent. Reste le Briochin, ça c’est si je puis m’exprimer ainsi, la cerise sur le gâteau ou les grains de sucre sur la brioche.

Aurore donc : « Si l’on se bornait à pétrir la farine avec de l’eau et à mettre au four la pâte telle quelle, on obtiendrait une galette serrée, compacte, une sorte de colle durcie, qui rebuterait l’estomac par sa digestion laborieuse. Il faut au pain, pour être facilement digéré, ces trous innombrables dont il est criblé à la manière d’une éponge, ces yeux enfin qui fragmentent la mie en parcelles et rendent plus facile le travail d’extrême division accompli dans l’estomac (...)

C’est par une fermentation pareille à celle du moût de raisin que la farine devient le pain, le véritable pain, cet aliment précieux entre tous, dont l’usage ne lasse jamais.

Il y a dans la farine, je viens de vous l’apprendre, d’abord de l’amidon et du gluten. Il y a aussi une petite quantité de sucre, comme le prouve la légère saveur douce d’une pincée de farine mise sur la langue. Or cette faible proportion de sucre est précisément la matière qui fermentera dans la pâte, c’est-à-dire se décomposera en alcool et en gaz carbonique, ainsi que cela se passe dans la fabrication du vin.

Marie : La préparation du pain et la fabrication du vin ont alors un point de ressemblance dans le travail qui s’accomplit ?

Aurore : C’est plus que de la ressemblance : il y a de part et d’autre parité complète dans la manière dont le sucre se décompose en gaz carbonique et en alcool ; il y a parité enfin pour la fermentation. La pâte du pain fermente, comme fermente le moût qui doit devenir le vin.

Reste à savoir comment est provoquée cette fermentation. Rien n’est plus simple : on mélange à la pâte fraîche un peu de vieille pâte mise en réserve lors du pétrissage antérieur et appelée levain. Cette vieille pâte a la propriété de faire fermenter le sucre, de le décomposer en gaz carbonique et en alcool. Levain vient du verbe lever, parce que, à la faveur du levain mélangé avec elle. La pâte se soulève, gonflée par le gaz carbonique produit.

Le levain, je viens de vous le dire, est une pâte fermentée provenant du pétrissage qui précède. Il est tiède au toucher à cause du travail de décomposition qui se continue dans sa substance.

Claire : Ainsi s’échauffe tout seul le moût de raisin qui fermante (...)

Sur le soir, le pain revenait du four, tout doré sur la croûte, et embaumait la maison d’une douce odeur. Claire, Augustine et Marie lui trouvaient une saveur meilleure depuis qu’elles savaient comment se fait le pain. »

J’entends d’ici les railleries mais peu me chaut. JH Fabre consacre 5 pages au vin, il place dans la bouche d’Augustine cette charmante remarque « Ainsi l’alcool, lui si fort, vient du sucre si doux. » et il fait dire à Marie « C’est compris. Le moût ou jus de raisins noirs fermenté avec les peaux donne du vin rouge ; fermenté sans ces peaux, il donne du vin blanc. » Il décrit l’effervescence du mousseux mais ne dit pas un mot du vin rosé (ne riez pas !)     

Je pourrais en rester là mais, pour « faire genre » j’ai titré : du pain, du vin, du briochin, alors il faut que je m’en explique. Ça n’a rien à voir avec le schmilblick mais ça fait parti chez moi, au même titre que la miche de pain de 4 livres payé avec la coche et le vin du pépé Louis qui bouillait, de ma part d’enfance.

Allez, posez la question à votre entourage : c’est quoi au juste Le Briochin ?

Pas une petite brioche comme il me fut répondu à Cucuron lorsque je posai la question.

Les ceuss d’entre vous qui répondent : un habitant de St Brieuc n’ont pas tout faux, ils brûlent, mais j’ai dit : c’est quoi et non pas c’est qui. Donc ce n’est pas une personne mais une chose en l’occurrence un produit, une Marque déposée ® vieille de 91 ans fabriquée par une PME de St Brieuc et qui vient de se faire estampillée Ecocert.

Là ce sont les anti-verts qui vont pousser des hurlements. Moi je crie « halte au feu ! » car mon père et les ouvriers quand ils revenaient de tripatouiller dans l’huile de nos machines agricoles c’est au Briochin : pur Savon Noir qu’ils se lavaient les mains. Pour faire comme les grands moi aussi je me tartinais les mains au Briochin. J’aimais son odeur 100% huile de lin, son côté abrasif doux. Le voilà qui retrouve les têtes de gondole. Qu’il soit mou ou liquide y sait tout faire le Briochin : curer vos tommettes, laver le linge, nettoyer vos meubles en bois...etc. Même qu’il ressort en collector série limitée notre Briochin. Je vais m’y remettre rien que pour faire genre. Bon si ça vous dit les gars et les filles, même si vous n’êtes pas de mon âge, c’est ICI www.lebriochin.com 6,95 € la boîte et comme moi vous aurez une surprise !  

Genou-8166.JPG

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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 00:09

« Conservez ! » était le « Ne quittez pas ! » des standardistes vendéennes et ce matin je le reprends à mon compte pour vous exhorter à lire cette chronique qui en dit bien plus que beaucoup de discours sur le handicap des vins languedociens d’aujourd’hui, leur défaut de notoriété se lamente-t-on. Ils reviennent de loin.

 

En 1953, notre Replongeard, venant de Paris « arrive à Carcassonne à six heures trente-deux. Il a troqué sa Terrot « 100 » pour une « 125 » et il va entamer son périple dans le plus grand vignoble du monde afin d’y rencontrer, non des vignerons, mais des gens de plumes.

 

Dumay évoquant le sculpteur Bourguignon Pompon, installé dans un hôtel, qui n’en finissait pas de fignoler la copie d’une statue, raconte le secret de ce zèle excessif « la patronne n’excellait pas qu’à la cuisine. Belle chère et chair consentante, que fallait-il de plus à un Bourguignon ? » embraye dur « L’anecdote peint 2 provinces : la Bourgogne où, même en présence de la mort, on ne pense qu’à la vie et le Languedoc, triste terre ensoleillée. Son plus grand poète, Valéry, a chanté un cimetière. Brûlée de soleil, au cœur d’une rose des vents qui n’a pas d’équivalent en France, ravagée par les passions et les guerres civiles, cette terre refuse la joie. »

 

Pour faire bon poids, le Replongeard note aussi que « Le Languedoc et le Roussillon ont été longtemps des provinces creuses. En huit siècles de vie française, on n’y voit pas presque pas d’écrivain. On a cherché des explications : le français n’est pas la vraie langue du Midi, les persécutions contre les Albigeois ont détruit l’élite, le climat engage à la paresse... »

 

Et le vin dans tout ça ! Même si un vieux Languedocien lui fait cette remarque « Notre pays est sec, mais il est heureusement irrigué par trois fleuves : le Vin, la politique et l’Opéra. » sur les 208 pages de Ma route de Languedoc, jamais Dumay ou presque n’évoque le fait qu’il ait bu un verre de vin. C’est étrange mais si  représentatif de cet océan de vignes dont le vin, coupé avec celui de l’Algérie, n’est que dédié à la consommation populaire.

Bien sûr, au détour d’un chapitre, notre Replongeard évoque le vin, mais si peu.

 

Seul Limoux sauve l’honneur « Nous devons à Limoux deux produits connus : la blanquette, vin blanc délicat, un peu sucré et les romans de Magali » et c’est grâce à Joseph Delteil, natif de Pieusse, que notre Bourguignon nous avouera boire. « Delteil s’arrête, sourit, redevient humain, très humain.

 

-         Vous boirez bien un verre de blanquette ? C’est le vin de mon pays, mais celui-ci est fabriqué ici. (l’entretien se passe à Montpellier).

 

Nous allons chercher à la cave une bouteille au verre épais.

 

-         Elle ne vaut pas celle de Limoux, bien que ce soit les mêmes plants. Je crois que c’est à cause du climat.

 

Delteil ne boit qu’une goutte de ce vin doux. Je m’aperçois alors qu’il ressemble à Gandhi. »

 

C’est tout, même si tout à la fin, en évoquant le village gardois d’Aramon

« nom qui sonne médiocrement aux oreilles des buveurs », Dumay à trois belles pages sur l’Ordre de la Boisson. J’y reviendrai dans une prochaine chronique car il ne faut que je vous habitue à trop de riches nourritures matérielles. Joignant le geste à la parole je vous convie à lire la première visite de Dumay au poète Joë  Bousquet.

 

« Nous étions à la fin août 1940. J’étais venu d’Agde à vélo, à travers les vignes qui croulaient sous les raisins. La France flottait comme une banquise détachée du pôle et cherchait à jeter quelques ancres. L’une d’elles tomba au milieu de la chambre de Bousquet, sur le lit qu’il n’a pas quitté depuis qu’en 1916 une balle allemande lui immobilisa la colonne vertébrale. Aragon, Benda, Paulhan, Mistler, René Nelli, d’autres écrivains et quelques dames étaient là. Au moment où j’entrai, Joë Bousquet parlait de sa chance et de la prédiction d’une cartomancienne alors qu’il était élève-officier à Saint-Maixent : il devait à un grave accident de pouvoir réaliser sa vocation. »

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 00:02

Jeudi j’ai joui ! L’extase ! Je me sentais dans la peau d’un Pierre Lazareff mâtiné d’Alain Ayache, le meilleur de France Soir et le pire du Meilleur, car je venais de réussir mon coup : vous réveiller ! Depuis quelques jours je vous trouvais mous. Etait-ce le temps lourd ? Bien sûr que non, tel Ducros il fallait que le Berthomeau il se décarcasse ! Qu’il jetât de l’huile sur les braises ! Qu’il agitât les chiffons rouges sous le nez des bestiaux ! Quand il se contente de chanter les louanges d’un Raymond Dumay, franc buveur, mais avare de mots si prisés par nos plumes vineuses, on le salue poliment avant de passer aux choses sérieuses.

 

Moi je passais des jours tranquilles à Buoux après m’être échiné sur des travaux peu gratifiants et je n’avais guère l’âme guerrière. Et puis je me suis dit toi qui n’a rien appris, rien compris, qui n’est dans le milieu qu’un intrus, qu’un corps étranger, qu’un gugusse qui la ramène sur tout et rien, tu peux tout de permettre, même de donner la parole à Bruno Quenioux. Ce garçon je ne l’ai jamais vu, ni entendu, mais quand un sage tel Yves Legrand me parle avec passion de sa démarche moi je prends. Peu m’importe s’il enfourche un cheval qui n’est pas le mien, ce qui me plaît, n’en déplaise à certains, c’est qu’il en ait un. David a ouvert le feu, a tiré plusieurs salves. Les puceaux furent même appelés à la rescousse. Puis le rustre a ri, grand bien lui fasse, moi qui n’ai peu de goût pour les buffets rustiques avec napperons et bouquets de fleurs séchés j’ai frôlé l’épectase. Pour compléter le tableau un dialogue en anglais entre Jacqueline et Michel m’a comblé : que va bien pouvoir dire Hervé Bizeul ? Même Marcel Proust fut convoqué pour mon plus extrême plaisir. Enfin, suprême plaisir sur le forum de la LPV ce GC – traduire Gros Cracheur – d’Audouze m’attribue la paternité du texte de Bruno Quenioux pour mieux déverser sa logorrhée bilieuse sur ma petite personne (faut le comprendre sa vue baisse et il a eu du mal avaler ma récente chronique) sans doute viendra-t-il la prochaine fois avec son chauffeur pour m’administrer sa potion. Vraiment je me gondolais comme à Venise face à un tel activisme.

 

Et pendant ce temps-là moi je ne bougeais pas même le petit doigt j’étais à Châteauneuf heureux comme un Pape. Que voulez-vous j’avais fait mon boulot, honnêtement alors me demander d’entrer dans la mêlée c’était trop me demander car je ne me sentais pas concerné. Ponce Pilate ? Non, hors jeu, ni arbitre, ni acteur, rien que le metteur en page d’un espace de liberté. Libre à vous de commenter, de tailler Quenioux en pièces, de le trouver pontifiant, irritant, gonflant, mais sur le fond de la question j’ai tout de même l’impression d’avoir mis les pieds sur les sables émouvants de vos prés carrés. Comme je suis bon bougre je n’aurai pas l’audace d’organiser un concours de commentaires de dégustation car ça pourrait me faire tomber dans l’affliction.

 

 Dialogue imaginaire dans le secret du confessionnal des catholiques romains :

 

-         Mon père j’ai péché...

-         Seul ou avec d’autres ?

-         Seul.

-         En pensée ou en action mon fils ?

-         J’ai joui par ma seule pensée mon père...

-         Vous repentez-vous mon fils ?

-         Non mon père...

-         Alors comment voulez-vous obtenir l’absolution mon fils ?

-         Je ne la sollicite pas car si j’ai péché je n’ai pas fauté mon plaisir était pur...

-         Aucun plaisir ne peut se prévaloir de la pureté mon fils...

-         Détrompez-vous mon père celui-ci n’était que jouissance intellectuelle...

-         La pire mon fils car elle souille l’âme...

-         Oui mon père celle des pharisiens !

-         Vous blasphémez mon fils !

-         Non mon père je chronique...

-         Alors allez au diable mon fils !

-         Oui mon père sauf s’il organise des dégustations avec Audouze...

-         Vous êtes incorrigible mon fils...

-         Oui mon père c’est qui fait mon charme...

-         ...

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 00:09

« Beaune, le 12 mai 1837. À la sortie de Dijon, je regarde de tous mes yeux cette fameuse Côte-d’Or si célèbre en Europe. Il faut se rappeler le vers :

              Les personnes d’esprit sont-elles jamais laides ?

Sans les vins admirables, je trouverais que rien au monde n’est plus laid que cette fameuse Côte d’Or...

La Côte d’Or n’est donc qu’une petite montagne bien sèche et bien laide ; mais on distingue les vignes, avec leurs petits piquets et, à chaque instant, on trouve un nom immortel : Chambertin, le Clos Vougeot, Romanée, Saint-Georges, Nuits. À l’aide de tant de gloire, on finit par s’accoutumer à la Côte d’Or.

Le général Bisson, étant colonel, allait à l’armée du Rhin avec son régiment. Passant devant le Clos Vougeot, il fait faire halte, commande à gauche en bataille, et faire rendre les honneurs militaires. »

En citant Stendhal Dumay souligne qu’il le mérite comme l’une des rares personnes qui n’aient craint d’être désagréable pour les Bourguignons. » En effet, beaucoup d’auteurs l’ont célébrée « qui voyaient peut-être avec les yeux de l’amour, je veux dire l’amour du vin. L’ivresse leur a fait déclarer le flacon admirable. » Lui, le Replongeard, il parle de la vigne avec les mots de l’amour « Assise dans sa robe aux grands plis, la tête ombragée par quelque bouquet de châtaigniers, la vigne de Bourgogne ressemble à ces femmes de quarante ans que l’on dit mûres et qui le sont en effet, gourmandes, sensuelles, savoureuses, infatigables au lit aussi bien qu’au travail et auxquelles, diton, les vrais amoureux ont toujours rendu les armes... »

Dumay trouve toujours les mots, la référence, justes « À Gevrey-Chambertin, la maison de Roupnel ouvre ses fenêtres sur la place du village. Ici, toute la beauté se réfugie dans les caves. N’est-ce pas Alceste qui prononce cette phrase si déchirante et si simple ? « On ne voit pas les cœurs. »

Pour tous ces pays aux noms triomphants que je traverse, je dirai avec la même mélancolie : on ne voit pas les vins. »

« Beaune, beau nom à la sonorité assourdie qu’on ne peut prononcer sans entendre les futailles rouler dans les caves. Bon vin au corps de femme de trente ans, souple et ardent. On ne le recommande pas aux malades, ni aux jeunes filles, mais aux vivants. »

« Le vin, comme la musique, parle un langage international. Il est même curieux de constater qu’ici, comme dans l’art, c’est l’ultra-particulier qui devient universel. L’emplacement des crus est délimité au mètre près » Quelle superbe réplique aux pourfendeurs de la complexité, encore faut-il que celle-ci fut bien réelle.

Pour, non pas clore, mais simplement vous laisser le loisir de découvrir le vagabondage de Dumay dans sa Bourgogne, encore deux traits de lumière : « J’arrive chez Jacques Copeau un peu avant la tombée de la nuit. Il est assis à une petite table sous les arbres, devant sa maison qui ouvre sur un cirque de vignes et de collines, calanque de Collioure à laquelle manque la mer. »

« Mme Copeau me tend un grand verre d’eau fraîche, boisson qui m’est aussi chère que le vin. »

Prochainement sur mes lignes : « Ma route en Languedoc » du même Dumay et, en refermant son livre de 1948, je ne puis m’empêcher de penser que remettre mes pas dans ceux de Dumay, me glisser dans les plis de la France, prendre les mêmes chemins de traverse qui s’entortillent comme les vipères, m’asseoir en bout de table, savourer un grand verre d’eau fraîche puis entamer la conversation, casser la croute, s’en jeter un derrière la cravate. Mais existe-t-il encore des Giono, sur qui Dumay à ce mot magnifique « Il ne pèse pas sur lui-même. » ou des René Char « le surréaliste du terroir » ? Et puis, quel éditeur s’y risquerait dans un monde où triomphe le papier glacé des magasines fabriqués pour la cohorte des gens qui font genre...

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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 00:07

DSC00547-Quenioux.gifRappelez-vous, c’était un des rares beaux jours de juin, j’étais allé, à midi, faire des photos dans la vigne d’Yves Legrand link, celle qui s’accroche aux flancs de la ligne C du RER à Issy-les-Moulineaux la patrie d’un des Leader Maximo des Hauts de Seine. Nous avions excellemment déjeuné sur la terrasse de la Guinguette et surtout j’avais gentiment cuisiné Yves sur sa soirée de la vieille chez Anne-Claude Leflaive. Pensez-donc, « désapprendre à déguster », pour un mécréant comme moi c’était du pain béni, par avance je me pourléchais les babines rien qu’à la pensée que des sommités telles JC Rateau, Christine et Eric Sorel, Alain Moueix, Jean-Luc et Andrée Trappet... puissent, sous la houlette de Bruno Quenioux et du frère Jean, se colleter à un si beau sujet.

 

En effet, nous sommes à l’heure des « Apprendre à faire l’amour en 10 leçons », « 5 conseils pour déguster un GCC avec son beau-père », « Comment marier sans risque un maquereau mariné avec un verre de Mouton-Cadet ? ». Foin de l’apprentissage sur le tas – si je puis m’exprimer ainsi à propos du premierthème –,des premières émotions, des premiers gestes maladroits mais spontanés, des râteaux et des gamelles, des chemins de traverse où l’on s’égare... il faut, c’est une obligation, savoir tout sur tout, être un puits de science, avant même d’avoir approché le bout de son nez du bord d’un verre ou ses lèvres d’une bouche pleine de mystère. Les maîtres et leurs zélotes édifient l’élite du troupeau, c’est le triomphe de l’œnologue qui, que je sache, à acquis son savoir à la Faculté de Pharmacie – les potards m’ont toujours fait rêvé et j’ai même été amoureux d’une belle étudiante en pharmacie qui, la dernière fois que je l’ai vue dans son officine, y vendait de la choucroute diététique avec son mari – sur l’œnophile.  

 

Entendez-moi bien, pour un petit vendéen qui a usé ses fonds de culotte courte sur les bancs du seul lieu qui pouvait le sortir de sa condition : l’école, apprendre à toujours été un plaisir. Mais que diable on n’apprend pas que dans les livres scolaires, il suffit de lever son nez, d’écouter, d’observer de sentir, de goûter, de toucher, de se plonger dans un roman, d’admirer une toile, d’aller se faire une toile, de s’immerger dans la musique, d’aimer, de laisser folâtrer son imaginaire, de ne pas toujours avoir les pieds sur terre. Bref, boire le vin – j’insiste sur le boire – est un plaisir trop important pour le confier aux seuls maîtres de la dégustation, qu’ils fussent œnologues ou non !

 

Comme Yves Legrand m’avait confié que l’essentiel était d’« écouter le chant de son corps... » alors, comme Maxime Le Forestier qui chante le « pays de ton corps », je me suis dit que ce retour à la chair, celle qui vibre, qui souffre, qui jouit, ne pouvait que m’aller. Pourquoi toujours penser, calculer, mesurer, encadrer, codifier, émasculer... et surtout, pourquoi toujours prendre plutôt que de recevoir, d’accueillir, de recueillir. La dégustation c’est de la technique, et les professionnels se doivent de la posséder, de la maîtriser, mais moi je ne suis qu’un amateur qui préfère écouter le corps de ses partenaires plutôt que de le prendre, de l’annexer. Communier se transmuter, être l’autre, c’est pour moi grimper au 7ième ciel sans ascenseur.     

 

Comme d’ordinaire je me suis trop épandu. Je confie les derniers mots de cette chronique à Bruno Quenioux. Le présenter est facile, son nom est associé à la  fondation en 2000 du département vin de Lafayette Gourmet. Inventeur et précurseur ce blésois, homme du vin, dont toute la vie professionnelle est consacrée au vin, associé caviste de la Cave Saint Clair, premier caviste chez Legrand Fille&Fils, acheteur national vin des Galeries Lafayette, va au-delà du vin, l’investit dans ses profondeurs et surtout tente de lui redonner sa vraie place, loin des idolâtres, celle du cœur. Installé face à l’Agro, rue Claude Bernard, Bruno Quenioux explore des champs ignorés, ose braver la pensée unique, progresse tel nos anciens maîtres adeptes de la leçon de choses, de la découverte, et si vous souhaitez partager avec lui sa fenêtre sûr allez donc sur www.philovino.com  

 

« Si l’on prend à la lettre les théories de l’œnologie moderne, le vin est une composition chimique un peu complexe. Rien de vibratoire, au mieux quelques bactéries encore vivantes.

Pour moi, cette compréhension (que je ne renie pas) est une réduction et ne reflète en rien ce que je perçois lorsque je goûte des vins issus de productions nobles.

Le vin est un souffle vibratoire qui fait osciller les sels minéraux ; eux même révèlent un chant d’arômes. C’est ce souffle qui donne la légèreté, la simplicité. Le vin est un moyen pour l’homme de marier l’univers souterrain et le monde des saveurs qui l’entourent.

L’intellectualisation de la dégustation enferme l’individu dans des paramètres et ne permet pas un ressenti ouvert et personnel du vin.

Le vin n’est pas un objet de dégustation, c’est un moyen de révéler à l’homme son unité. Il est pourtant entré dans le monde de l’idolâtrie.

Goûter le vin, c’est d’abord se laisser pénétrer par lui, au cœur de nos profondeurs. C’est commencer par le laisser s’unir à notre salive (qui a un goût unique pour chacun d’entre nous). Là seulement, après quelques instants de silence, de candeur, il offrira son cristal sous-jacent, son essence profonde ou peut-être la malheureuse résultante d’une momification. Cette perception ne peut être appréhendée par la dégustation intellectuelle. Il faut réapprendre à se laisser surprendre (Frère Jean) pour laisser la place à tous les possibles, Laisser le vin devenir soit. Une grande intimité se réalise alors entre le vin et soit.

Prenons un promeneur en forêt qui reçoit les effluves d’un chèvrefeuille en fleur ; l’émotion inattendue est profonde, puissante. Il n’avait pas de protection, pas de filtre, il était seulement vivant, en état de recevoir. Il cherche immédiatement la fleur qui lui a procuré cette vibration, la trouve et sent. Là, c’est une autre histoire, la fleur sent bon mais elle n’ira pas envahir ses profondeurs. C’est une illustration que tout le monde à vécu, une expérience pour faire la différence entre le non-agir et l’agir.

Plus que notre mental, notre corps sait…. Peu à peu nous creuserons les profondeurs de notre propre goût comme pour mieux nous connaître. »

 

Nous sommes en juillet et il ne vous est pas interdit de caresser votre mulot dans le sens du poil pour faire un petit commentaire....

 

 

 

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30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 00:07

Les mots tête de lard, ceux qui semblent n’en faire qu’à leur tête, ramenard, fêtard, pétard, hasard, regard, dès qu’un petit nouveau me tombe sous la main, c’est l’extase. Celui-ci est unique, il a en plus les pieds dans le terroir, et son R majuscule le distingue du commun des têtes de lard puisque c’est un nom propre. Un Replongeard c’est un gars qui est né à Replonges au pied de la roche de Solutré, dans la Bresse mâconnaise. Dumay Raymond en est un, berger et instituteur – deux beaux métiers – puis journaliste à la « Gazette des Arts », entre nous ça pose plus son homme que chroniqueur à la RVF – je suis mauvaise langue – il va enfourcher sa Terrot qu’il surnommait « Pégazou », en hommage au cheval ailé de la mythologie, « après avoir sifflé chaque matin un verre de blanc, pour aller, chasser nez au vent, les poètes, les jolies filles, les bons vins, les grands textes, les buissons de queues d’écrevisses et les perdrix de mer flambées au Cognac. » *

* dans le sous-titre de la chronique de Jérôme Garcin sur la réédition des livres de Dumay on le qualifie de romancier et d'oenologue. De grâce épargnez-nous l'oenologie pour un bon buveur, merci à Gérard Muteaud de faire le nécessaire pour que le Nouvel Obs s'en tienne aux oenophiles... 

 

TERROT 350 HCTL 1952

 

Dumay chevauchant son « Pégase de liaison » va s’enfoncer, au lendemain des années noires de l’Occupation, dans la France profonde des « petits chemins sinueux comme des vipères entortillées ». Deux mots sur la Terrot, une moto bien française, Dijonnaise, râblée, vaillante, pas pour un sou élégante avec ses selles larges comme le cul d’Andréa Ferréol dans la Grande Bouffe, ses pneus minus, Dumay disait qu’elle était dotée d’une « forte personnalité ». Bien évidemment rien à voir avoir avec le feulement de la Harley de Dennis Hopper dans « Easy Rider », la fille de Dijon pète, ahane plus qu’elle n’halète, mais Dumay n’en a cure, lui qui ne fait pas sien le proverbe bourguignon « On aime mieux y croire/ Que d’aller y voir » va aller y voir en commençant par arpenter, dès 1948, sa Bourgogne natale « terre mystique de vins puissants et de chantantes eaux ».

 

Lire l’été soit sous les charmilles, avant et après une sieste réparatrice, soit à la fraicheur du matin face à la mer avant d’aller prendre un bon bain est, n’en déplaise au sieur Ted Stanger, un vrai plaisir à la française. Alors des vagabondages de Dumay «qui empruntent à Bachelard et à Vialatte» de 1948 à 1954 vont naître 4 livres : Ma Route de Bourgogne, Ma Route d’Aquitaine, Ma Route de Languedoc, Ma Route de Provence, des livres euphorisants, capiteux, publiés par René Julliard et qui, il faut le souligner, connaîtront le succès. La Table Ronde les réédite et, comme le note Jérôme Garcin, « s’ils ont peu vieilli, si on avec un tel bonheur, et un peu de mélancolie, c’est que ce ne sont pas des guides touristiques, mais plutôt des promenades érudites et primesautières. » Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire très chers lecteurs.


Son premier « road movie » part de Paris : « il est difficile de faire lâcher prise à Paris. On part, on roule et la ville est toujours là, collée contre vos flancs, avec ses postes d’essence, ses cafés-tabacs défraîchis, ses maisons à bon marché, ses villas. De temps en temps une ferme, un pré vous donnent quelque espoir, mais aussitôt surgissent un lotissement, une  usine ou un gros autobus vert qui se dandine au milieu de la chaussée. » Chez Dumay le trait va toujours à l’essentiel « Avon est une petite ville qui trouve le moyen d’être laide au milieu d’une belle forêt. ». Lorsqu’il raconte la rencontre de Stevenson, à l’hôtel Chevillon, de Gretz-sur-Loing, en 1876, avec l’américaine Fanny Osbourne, fille de pionniers, une femme avec une volonté de fer, des idées bien ancrées, des partis violents » sa plume s’envole « Ce fut le coup de foudre réciproque, aidé peut-être par la qualité du Bourgogne pour lequel Stevenson avait un faible. Bien qu’elle fût son aînée de dix ans, il sentit qu’il ne lui échapperait jamais. Lui qui, jusqu’à sa mort, devait rechercher la pureté, il rencontra à vingt-six ans, sur le bord de la petite rivière d’herbes et de poissons, cette femme qui « appartenait à l’enfance de l’humanité ».

 

À Saint-Sauveur, Dumay cherche la rue des Vignes. La rue de Colette, pour y trouver « sa maison, la maison. ». Il rencontre madame Jolivot « qui a été à l’école avec elle » et M. Jolivot qui a assisté à la campagne électorale du capitaine, celle qui conduisit une fillette de sept ou huit ans dans les cafés de village où elle trinquait au vin rouge avec les fermiers et les maquignons.


- Il n’y avait pas beaucoup de monde aux réunions du père de Colette. C’était  un soldat du Second Empire qui se présentait comme un candidat conservateur. Or, la Puisaye a toujours été rouge. »

« On m’avait dit à Noyers : « Pour aller à Auxerre prenez par Chablis. La route est un peu plus longue, mais en meilleur état. Quand vous aurez franchi la porte, quand vous serez en France, prenez à droite » (...)

À l’heure du dîner, j’arrivai à la ville. Pouvais-je la traverser sans saluer ce vin blanc qui sert, dans le monde des vignerons, à désigner certain cru léger, fruité et d’une belle ligne. »

 

Ce vin de Chablis Dumay écrit que son plus beau titre est de dire de lui « qu’il a de l’amour ». Le voilà aux portes de la Bourgogne et moi  non pas pour « faire genre » mais vous donnez soif, soif de lire, je vous réserve la suite pour demain sur mes lignes.

 

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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 00:06

Andrew Jefford, un grand amateur anglais de vins français dans son livre « Le nouveau visage du vignoble français » écrit : « Et si jamais un vigneron français mérite d'être comparé à Roland Barthes ou à Jacques Derrida, c'est bien Jean-Michel Deiss. Ce compliment lui revient de droit, non seulement pour l'originalité déconstructiviste et subversive de sa pensée, mais aussi pour les belles métaphores dont il enveloppe ses raisonnements. Un discours de Deiss étonne au point que la dégustation qui le suit donnerait presque dans la sobriété... »  Photo_JMD_ds_cave_3.jpg

Jean-Michel et moi sommes amis. Et pourtant lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois en 2002, à Angers, autour d’un René Renou circonspect, moi habillé pour l’hiver du costume infâmant d’adorateur des « vins barbares », lui au milieu de la petite bande des « vignerons en nos appellations » les Patrick, François, Marc, Michel et les autres, nous semblions en cent lieues l’un de l’autre. L’alchimie d’une amitié est aussi complexe que celle d’un grand vin. Mais comme le dit Jean-Michel « Un homme est constitué par le réseau de tous ses gènes et de la somme de ses possibles. Mais au-delà, c'est aussi son savoir. Le savoir qu’il engrange chaque jour, quand il apprend, quand il souffre, quand il s'enthousiasme, quand il tombe amoureux, quand il est déçu. Lorsque je rencontre quelqu'un, je recherche son humanité. Son patrimoine génétique ne m'intéresse pas. »

 

Nos complexités se sont rejointes sans beaucoup de mots, et Dieu sait que lui et moi aimons les mots, pas forcément mes mêmes d’ailleurs. Alors pourquoi ma plume, depuis que cet espace de liberté existe, n’a-t-elle jamais consacrée une ligne à Jean-Michel Deiss ? La pudeur, j’ai toujours eu la crainte, le souci plus exactement, en écrivant sur un vin de mes amis soit de trop en faire, et ainsi de tomber sous le coup du copinage ou, pire, de restreindre mon enthousiasme et de les froisser. Et pourtant ce matin je me lance en abordant le plus anticonformiste des vins de JM Deiss : son Altenberg de Bergheim.

bouteille_Altenberg_GC.jpgAvant de parler de ce très grand vin permettez-moi de m’aventurer sur un terrain où je me sens bien : la peinture. Deux peintres de l’école américaine du figuratif, non figuratif : Arshile Gorky, né Vosdanig Manoong Adoain et Willem de Kooning, deux européens réfugiés aux USA, pour moi illustrent à merveille la complexité exprimée par ce Grand Vin. Bien évidemment je ne vais pas vous infliger un sabir de critique de peinture que je ne suis pas mais me contenter de citer Elaine De Kooning, peintre elle-même, qui raconte alors qu'Arshile Gorky passe l’été 42  dans une ferme du Connecticut «  Gorky découvrait dans les textures d’herbe et des feuilles un territoire fantastique creusé de brillants cratères de couleurs qu’il laissait flotter, isolés, sur sa feuille blanche, tout en traçant une ligne labyrinthique continue des perspectives ivres, extravagantes, qui catapultaient l’horizon tout en haut de la feuille... Son œil allait fouiller tout au fond des fleurs... »

 

Comparaison ne serait pas raison mais face cet Altenberg de Bergheim né dans un terroir situé au cœur du champ de failles géologiques de Ribeauvillé où les calcaires durs du Jurassique et la tendreté des marnes du Lias, riches en fossiles, forment des sols pauvres, rouges, où la vigne doit plonger profondément pour trouver son énergie, je sens qu’il est empli d’une libre interprétation de la nature et des états de Jean-Michel. L’effet du microclimat de l’Altenberg, « résultat de son exposition plein sud, de son éloignement du front vosgien et de son isolement face à la plaine rhénane, est terriblement chaud, sec et presque surexposé ». Mais telle la palette de couleurs du peintre, le retour à la pratique ancestrale du vignoble complanté de tous les cépages traditionnels... même le chasselas rose, permet aux raisins lors de la vendange unique non triée de puiser dans la tradition une modernité en totale rupture avec les codes en vigueur dans l’Alsace d’aujourd’hui.

 

J’ai peu de goût pour la douceur, trop souvent pétrifiante, des vins touchés par la pourriture noble. Leur réelle splendeur ne m’incline qu’à la révérence, qu’au respect, mais guère à l’enthousiasme ni aux élans. L’Altenberg de Bergheim 2004 de Jean-Michel, m’a lui par sa fraîcheur insolente, son originalité, son explosivité, propulsé sans escale vers des sommets, vers une forme de béatitude vive, sensuelle, de celle où les mains, sans retenue, mais avec audace, se glissent, caressent, trouvent l’essentiel sur les rives secrètes des corps aimés. Je ne sais où se trouve le 7ième ciel mais je puis vous assurer que j’ai trouvé une nouvelle voie pour m’y propulser...Genou-8041.JPG

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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 00:09

Au temps de ma jeunesse campagnarde, lorsque nous allions au bal le samedi soir avec mes copains Dominique et Gervais dit Petit Suisse, dans la Coccinelle blanche de ce dernier, nos deux expressions favorites pour qualifier certaines filles faisant tapisserie sur les bancs entourant le parquet étaient : « biscotte sans sel » pour les trop girondes et « œufs au plat » pour les plates comme des limandes. Pas très gentil tout ça me direz-vous mais, rassurez-vous, nous prenions nous aussi de beaux râteaux auprès des belles du jour et nous nous repliions souvent, la queue basse, sur les « biscottes sans sel » et les « œufs au plat » qui savouraient alors leur revanche.


Bref, l’œuf au plat ou plus précisément dans mon cas : les œufs au plat car je les consomme toujours en couple pour une raison de pure esthétique : je trouve ça beau (ce doit-être freudien, voir plus haut), sont un plat de seigneur car ils allient simplicité et difficulté. Pour le quidam lambda se casser deux œufs lambda sur une poêle lambda relève de la pure routine qui assassine au goutte à goutte le temps qui passe alors que pour la race des seigneurs, celle qui choisit ses œufs avec amour, frais et d’origine, qui leur offre une vraie poêle Buyer pour les frire avec doigté, c’est un rituel quasi-religieux. Avant de vous le décrire avec une précision poétique je me propose de vous donner quelques détails et sur les œufs et sur la poêle Minéral de Buyer.


Sur l’œuf, tout d’abord brisons une légende selon laquelle l’œuf coloré serait fermier alors que le blanc proviendrait de poules en batteries. Faux, la plupart des vieilles races de poules françaises pondent des œufs à coquille blanche, c’est le croisement avec des races asiatiques qui a mené à des œufs de couleur. Seule l’alimentation marque la couleur du jaune. Pour sa fraîcheur, beaucoup sont datés de nos jours, il suffit de plonger l’œuf dans de l’eau froide : plus il coule plus il est frais ; plus il flotte moins il l’est. La cause en est l’augmentation de la chambre à air avec le vieillissement. Pour acheter sa douzaine d’œufs pas de problème sauf à vouloir n’acquérir que des produits bio dont on connaît le nom et le prénom des poules. Pour ceux qui passeraient du côté de Lourmarin et qui auraient une petite faim je leur signale une excellente adresse La Cour de Ferme route de Cadenet www.reinesammut.com qui pratique « les produits pêchés, cueillis, cultivés et élevés le moins loin possible ». Pour les volailles et les œufs bios c’est chez Didier et Arlette Noury Les Volailles de Cure-Bourse 688400 Lagnes (0612215660).


Du côté de la poêle la Minéral de Buyer s’impose www.debuyer.com . Elle a tout pour elle : écologique, recyclable, durable et française : vosgienne. C’est la poêle des chefs. Plus elles sont culottées (noire du cul) meilleure est la cuisson. Elles se bonifient avec le temps. 100% fer naturel les molécules sont bonnes pour la santé, le processus de fabrication est respectueux de l’environnement et comme elle est fabriqué chez nous son bilan carbone est excellent. Pour les œufs au plat le modèle Ø 20cm/8 ‘’ convient parfaitement à l’exercice deux œufs au plat. Pour le culottage de votre poêle : « Mettre des épluchures de pommes de terre dans votre ustensile, couvrir d’eau, faire bouillir pendant 15 mn. Ensuite, jeter les épluchures puis rincer la poêle à l’eau très chaude, essuyer et refaire bien chauffer ½ cm d’huile dans la poêle, la jeter ensuite. Enfin essuyer avec du papier absorbant et ranger votre poêle dans un endroit sec. Au bout de plusieurs cuissons votre poêle sera culottée, c’est-à-dire devenue noire. Dernier détail : la réaction de Maillard – ne pas confondre avec celle des paillards – lorsque la poêle en tôle d’acier atteint des températures supérieures à 140°C la réaction dites de Maillard se développe : les aliments sont saisis en surface, permettant ainsi la caramélisation de leurs sucs naturels, ce qui donne le bon goût. Une croûte se forme, empêchant l’humidité de s’évaporer. Les aliments deviennent dorés et croustillants en surface, fondants et moelleux à l’intérieur.

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Reste maintenant le moment capital : la casse et la cuisson de l’œuf au plat. D’abord, parlons matière grasse : beurre ou huile c’est selon vos origines mais attention à la surchauffe pour frire votre œuf. Certains sont peut-être sont adepte de la cuisson à sec mais elle ôte à la cuisson le léger grésillement annonciateur du croustillant des bords de l’auréole du blanc. Pour la casse le coup sec sur le bord de la poêle est ma technique, elle est simple et ne demande à la fois de maîtriser l’intensité et une bonne coordination des gestes afin d’éviter le bris de coque ou le bris de jaune ou les deux. Ensuite, tout se juge à l’œil, la cuisson idéale ne se minute pas, elle s’évalue au cas par cas. Jaune fluide, blanc moelleux aux bords croustillants, les œufs au plat glissent de la poêle vers l’assiette avec la facilité d’une crêpe. Sel, poivre, au moulin bien sûr !


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Le pain, une tranche d’une grosse miche avec une belle mie, est l’allié indispensable des œufs au plat. Je ne vais pas vous infliger une soi-disant bonne méthode pour savourer vos œufs au plat, chacun fait comme bon lui semble. En revanche, du côté liquide, je me permets une suggestion très partisane, Le Chenin Terres Quarts 2009 de Jérémie Mourat www.mourat.com , comme il se doit c’est un Vin de Pays de Vendée que j’ai dégusté samedi 8 mai au Salon de la RVF (y’a même des Vins de Pays des IGP au salon de la RVF). Il est tout aussi vif et frétillant que mes œufs au plat sont croustillants. Que voulez-vous, le Chenin de Mareuil c’est une petite parcelle de ma Vendée natale qui me rappelle les œufs de ma mémé Marie que j’allais ramasser dans tous les lieux improbables où ces volatiles, qui vivaient en totale liberté, allaient pondre. Certains étaient encore tout chaud. La madeleine de Proust peut prendre tous les chemins possibles, même les creux du Bocage...

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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 00:03

Comme j’ai un esprit de contradiction fort développé au lieu de commencer par : « La Roumanie est un pays viticole depuis l'Antiquité. Au flanc des contreforts des Carpathes, il existait de vastes plantations de vignes il y a 2 700 ans, bien avant la colonisation du bord de la mer Noire par les Grecs (7e siècle av. J. C.). Certains vestiges archéologiques attestent même une activité viticole remontant à six millénaires. Quant au vin, il a été produit ici depuis le 7ème siècle av. J-C. Plusieurs sources écrites nous apprennent que la vigne et le vin ont joui d’une grande attention parmi les ancêtres des Roumains, les Daces (des Thraces septentrionaux) » je vais aborder l’Histoire de la vigne et du vin dans ce pays par une période que le régime du Conducător, le « Génie des Carphates » Nicolae Ceauşescu, qualifiait « d’âge d’or »

Si vous souhaitez humer l’atmosphère incomparable de cette période sous un régime au « bilan globalement positif » selon l’inénarrable Georges Marchais allez voir un merveilleux film : « Les contes de l’âge d’or » de Cristian Mungiu. C’est 5 histoires courtes racontées du point de vue des gens ordinaires qui, pour survivre face à l’absurdité de la bureaucratie du Parti, la logique insensée de la dictature, avec un fatalisme et une extraordinaire vitalité, se débrouillent et composent sans le savoir des situations hors du commun, comiques, bizarres et surprenantes.  


CONTES DE L'AGE D'OR- La légende du policier affamé

19203257_jpg-r_160_214-b_1_CFD7E1-f_jpg-q_x-20091124_010552.jpg Après la seconde guerre mondiale, le régime communiste nationalise les vignobles et leur exploitation, confiée à l’Etat. Peu d’investissements et une priorité absolue a été donnée à la quantité : dans les années 1960, la Roumanie est devenue le cinquième plus gros producteur de vin d'Europe. Mais dans les collines de Munténie et d’Olténie (au Sud du pays voir la carte) le petit village de Drobiţa les vignes individuelles sont florissantes. Je vous livre ce qu’en écrit Jean Cuisenier dans Mémoires des Carpathes La Roumanie millénaire : un regard intérieur Terre Humaine chez PLON (2000).

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« Le vignoble, à Drobiţa comme dans toute la région, se révèle, à l’observation, plus varié qu’il ne paraît d’abord. Aux vignes domestiques, s’opposent massivement celles des coopératives issues de la collectivisation des terres anciennement possédées par les boyards, sur des dizaines d’hectares. De la viticulture pratiquée sur ces dernières, il y a peu à dire. La technique en est entre les mains d’agronomes d’État, l’administration entre les mains de gestionnaires d’État. Là, travaillent des salariés de coopératives, descendants d’anciens petits agriculteurs-vignerons, petit-fils, eux-mêmes, de serfs des boyards. Tout autre est la viticulture pratiquée sur les parcelles laissées, en régime communiste, à la disposition des familles. Celle-ci conserve les éléments d’une viticulture plus ancienne, bien vivantes en ces années 70, plus vivante encore après la chute du régime communiste, en raison du regain de l’économie domestique dans les années 90.

Qu’on imagine des dizaines, des centaines de petites parcelles de quelques ares chacune, voire, pour les plus grandes, de deux ou trois décares. Closes de haies où abondent les arbres fruitiers, framboisiers, cassissiers, noisetiers, elles sont disposées à flanc de coteau entre la montagne et la forêt, au nord, la plaine où s’étendent les anciennes propriétés des boyards, au sud. Un réseau serré de chemins sinueux les dessert, ponctué par des croix plantées à des multiples carrefours. La plupart de ces parcelles sont complantées d’espèces diverses et variées : une ou deux lignes de pommiers et poiriers, deux ou trois cerisiers, un noyer sur une haie. Les pieds de vigne sont disposés en ranges, soigneusement fixés sur échalas, taillés assez bas, aux environs d’un mètre. Si quelques rangs de jeunes ceps viennent renouveler une vieille plantation, des rangs de maïs s’intercalent entre eux, pour ne pas laisser le moindre mètre de terre dans l’improductivité. Tout indique que cette viticulture procède d’un jardinage intensif, ménager de l’espace, privilégiant la pluralité des espèces et le diversification des variétés plutôt que l’abondance de la production et l’économie du temps productif. Il suffit pour s’achever de s’en convaincre, d’examiner comment sont composés les rangs dans une parcelle et répartis les pieds dans un rang. J’ai pu compter, sur une parcelle de onze ares, neuf variétés différentes, et sur chaque rang, trois ou quatre variétés distinctes !

A cette disposition apparemment erratique, deux explications sont données. Ce serait, assure Constantin Cîrciu, « pour tromper les voleurs ». Si ces derniers repèrent sur une vigne des rangs régulièrement plantés en une variété greffée et prisée, ils ont plus vite fait d’opérer leurs prélèvements que s’il leur fallait chercher, pied après pied, les bonnes grappes de raisin à cueillir. Le pope Dabela avance une autre explication. Il ne croît pas à la stratégie de la ruse pour dissuader les voleurs, « car tout le monde, à Drobiţa, a sa vigne et fait son vin ». Il pense que cette manière de planter la vigne est mauvaise, et que l’erreur persiste depuis longtemps. Elle révèlerait une autre stratégie, consciemment gustématique : « Chacun, assure-t-il, veut avoir un peu de vin de chaque variété, pour en goûter la qualité et apprécier la différence ; un peu de Nova plus corsé, un peu de Noc, plus léger ; et aussi faire des mélanges à son goût. »

Ces deux explications ne sont pas contradictoires, mais complémentaires. Et fort insuffisantes l’une et l’autre. Car le degré de compétence des cultivateurs de vignes domestiques est, à Drobiţa, très inégal. Pour un Constantin Cîrciu, expert en greffage et en traitements, nombreux sont les Virgil Gîngioveanu ou les Dinu Sîrbu qui savent tout juste biner et tailler. Qui se contentent du vin pressé et fermenté dans leur cellier, même si le goût en est acide et l’arôme évanescent. Mais qui, pour rien au monde, ne se passeraient des avantages de la production domestique : sa gratuité monétaire, sa disponibilité, sa destination. Car en ce pays de vieille culture méditerranéenne, la valeur vénale du vin n’est rien par rapport à sa valeur d’usage, et sa valeur d’usage, rien par rapport à sa valeur symbolique et sociale. Goûter ses vins, faire ses propres assemblages, suivre son vieillissement, l’offrir aux repas de fête, tout cet ensemble concourt au rang social et au prestige de la famille. Et pour ceux qui en ont le temps, on va cueillir son raisin, variété par variété, pied par pied, grappe par grappe, au moment où il le faut pour une exacte maturation. »
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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 00:09

J'exagère bien sûr. L'art du jet post-dégustatif, précis, sans éclaboussure, n'est pas à la portée du premier goûteur venu. Dans les multiples lieux de dégustion au premier regard il est facile de faire le tri entre les grands pros et la piétaille gazouillante. Pour moi y'a du Clint Eastwood, dans un de ses film-culte «Impitoyable», chez ces maîtres dégustateurs : ils ne se vautrent pas au-dessus du baquet, buste droit, décontractés, à l'instant crucial la bouche se fait cul de poule et le vin, en une courbe élégante, s'élance vers sa triste fin. Chapeau les artistes !

Je plaisante à peine mais, ce qui me semble naturel et recommandé en des lieux où il n'y a pas d'autre issue, me semble totalement incongru en d'autres lieux publics, tout particulièrement le restaurant. Rassurez-vous, je ne repasse pas les plats http://www.berthomeau.com/article-lettre-ouverte-au-president-de-l-universite-du-vin-de-suze-la-rousse-a-propos-de-miss-glou-glou-50442183.html mais je vous propose de lire ci-dessous une prise de position militante d'un éminent dégustateur (la lire avant de croquer ma chronique vous sera utile). C'est un vrai bonheur. Je me gondole grave. Comme l’aurais dit le regretté Francis Blanche : « c’est vareuse, c’est vareuse... pardon c’est tunique... » et notre grand Desproges aurait lui sans doute eu des mots uniques pour tailler un costar aux promoteurs du « Recracher le vin au restaurant » nouvelle pratique préconisée, sans malice, par un vigneron à Miss Glou Glou sur son blog

 

« Je suis mille fois d’accord avec miss glou glou. Cette idée, je l’ai depuis longtemps, et j’essaie d’en convaincre les autres. Enchaînant les repas avec de nombreux vins les uns après les autres, c’est un atout pour la santé. J’ai un gobelet en argent (mais l’argent n’est pas obligatoire bien sûr) qui me permet de le faire avec une discrétion totale, puisque quelqu’un à ma table m’a demandé : « mais pourquoi buvez-vous le vin dans cette timbale au lieu de le boire dans votre verre ». Donc, c’est discret. Ensuite, je quitte le repas l’esprit léger, même quand on s’est partagé nettement plus d’une bouteille par personne en moyenne. Enfin, on goûte mieux quand on recrache car l’air qui pénètre en bouche exacerbe le final. De plus, ça devrait intéresser les vignerons, car on boit beaucoup plus quand on recrache : on ouvre toujours une bouteille de plus. Si on veut avoir le délicieux picotement du vin que l’on avale, eh bien, on avale une fois sur trois et on a l’excitation du vin sans la lourdeur. Oui, je recommande l’extension de cette pratique qui n’a que des avantages. » François Audouze

 

Toutes les pratiques entre adultes consentant sont admissibles, défendables, j’en conviens aisément sans pour autant en appeler, comme le vigneron Philippe Gimel du domaine Saint Jean de Barroux, le promoteur de la pratique, au respect de la démocratie ; la pauvre est déjà fort fourbue sans qu’on lui jetât en plus sur le dos une aussi petite cause. En effet, à trop vouloir prouver le risque est grand de donner des arguments à ceux qui guettent la moindre occasion pour stigmatiser la simple pratique de boire du vin, à table ou ailleurs. Le double argument avancé que c’est à la fois bon pour la santé « c’est un atout pour la santé » et « de plus, ça devrait intéresser les vignerons, car on boit beaucoup plus quand on recrache... » Pas mal comme dynamisation du marché – en l’occurrence ici celui des GCC ou des raretés – qui s’apparente, si l’on pousse la logique jusqu’à son terme, pour des vins bien plus modestes vers l’écoulement des surplus dans le caniveau. Nos « amis » les cagoulés du CRAV ont pratiqué, et pratiquent encore parfois, ce sport.

 

Bien sûr, je comprends parfaitement que les Stakhanov de la dégustation, les inimitables goûteurs de vin, l’élite de l’élite quoi, tel François Audouze, qui enchaînent « les repas avec de nombreux vins les uns après les autres » recrachassent une partie des breuvages proposés à leurs yeux, leur nez, leur palais, pour garder intact leur plaisir intellectuel. Toutefois je m’interroge au vue des nourritures solides qui accompagnent les vins – j’insiste sur cet ordre – ne sont-elles pas, par leur richesse, très nuisibles pour la santé des « enchaînés » ?

 

Passe encore, je suis contre les interdits, simplement, laissant à chacun sa liberté de choix, une question bien plus importante me taraude : pourquoi va-t-on au restaurant entre amis, en famille, en amoureux ?

Pour goûter du vin ?

Manifestement non pour une écrasante majorité de gens, leurs motivations sont multiples, depuis la plus simple : se nourrir jusqu’au plaisir de la gastronomie la plus raffinée. Donc si, cédant à la maladie des sondages, nous interrogions à la sortie des restaurants «monsieur et madame tout le monde» je ne pense pas que le pourcentage de ceux ayant choisi d’aller au restaurant pour goûter du vin dépasserait le seuil du significatif. En effet, peu de gens alignent de nombreux vins sur leur table de restaurant, encore heureux quand ils en commandent.

Alors, il me semblerait plus pertinent, plutôt que de militer pour la vidange, même dans un gobelet d’argent – et pourquoi pas chez les étoilés dans des vasques portées par des serviteurs – pour améliorer la santé financière de beaucoup de vignerons de se battre pour que les prix des vins au restaurant soit plus raisonnables, pour un service au verre digne et abordable et la proposition d’emporter chez soi dans de bonnes conditions, comme aux Papilles par exemple, la bouteille non entièrement consommée...

Que les goûteurs de vin fassent comme bon leur semble, au restaurant ou ailleurs, peu me chaut mais de grâce qu’ils veuillent bien nous épargner «l’extension du domaine du vin perdu sans être bu» car vraiment c’est à la fois une bien triste fin que de finir sa vie à l’égout. Certes le vin n’est pas nécessaire à la vie de nos corps mais il est si utile à celle de nos cœurs et de nos âmes par son passage furtif, enivrant parfois, en nos mortelles carcasses que de le pisser me semble de nos jours si coincés, si intellectualisés, un acte profondément «révolutionnaire» 

 

Pour mémoire une chronique de mars 2009 « Il vaut mieux être saoul que con, ça dure moins longtemps» à intégrer dans le Manuel du petit dégustateur borné   http://www.berthomeau.com/article-28979241.html  Il s’agissait ici des dégustateurs patentés et non des dégustateurs distingués...

 

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