Jeudi j’ai joui ! L’extase ! Je me sentais dans la peau d’un Pierre Lazareff mâtiné d’Alain Ayache, le meilleur de France Soir et le pire du Meilleur, car je venais de réussir mon coup : vous réveiller ! Depuis quelques jours je vous trouvais mous. Etait-ce le temps lourd ? Bien sûr que non, tel Ducros il fallait que le Berthomeau il se décarcasse ! Qu’il jetât de l’huile sur les braises ! Qu’il agitât les chiffons rouges sous le nez des bestiaux ! Quand il se contente de chanter les louanges d’un Raymond Dumay, franc buveur, mais avare de mots si prisés par nos plumes vineuses, on le salue poliment avant de passer aux choses sérieuses.
Moi je passais des jours tranquilles à Buoux après m’être échiné sur des travaux peu gratifiants et je n’avais guère l’âme guerrière. Et puis je me suis dit toi qui n’a rien appris, rien compris, qui n’est dans le milieu qu’un intrus, qu’un corps étranger, qu’un gugusse qui la ramène sur tout et rien, tu peux tout de permettre, même de donner la parole à Bruno Quenioux. Ce garçon je ne l’ai jamais vu, ni entendu, mais quand un sage tel Yves Legrand me parle avec passion de sa démarche moi je prends. Peu m’importe s’il enfourche un cheval qui n’est pas le mien, ce qui me plaît, n’en déplaise à certains, c’est qu’il en ait un. David a ouvert le feu, a tiré plusieurs salves. Les puceaux furent même appelés à la rescousse. Puis le rustre a ri, grand bien lui fasse, moi qui n’ai peu de goût pour les buffets rustiques avec napperons et bouquets de fleurs séchés j’ai frôlé l’épectase. Pour compléter le tableau un dialogue en anglais entre Jacqueline et Michel m’a comblé : que va bien pouvoir dire Hervé Bizeul ? Même Marcel Proust fut convoqué pour mon plus extrême plaisir. Enfin, suprême plaisir sur le forum de la LPV ce GC – traduire Gros Cracheur – d’Audouze m’attribue la paternité du texte de Bruno Quenioux pour mieux déverser sa logorrhée bilieuse sur ma petite personne (faut le comprendre sa vue baisse et il a eu du mal avaler ma récente chronique) sans doute viendra-t-il la prochaine fois avec son chauffeur pour m’administrer sa potion. Vraiment je me gondolais comme à Venise face à un tel activisme.
Et pendant ce temps-là moi je ne bougeais pas même le petit doigt j’étais à Châteauneuf heureux comme un Pape. Que voulez-vous j’avais fait mon boulot, honnêtement alors me demander d’entrer dans la mêlée c’était trop me demander car je ne me sentais pas concerné. Ponce Pilate ? Non, hors jeu, ni arbitre, ni acteur, rien que le metteur en page d’un espace de liberté. Libre à vous de commenter, de tailler Quenioux en pièces, de le trouver pontifiant, irritant, gonflant, mais sur le fond de la question j’ai tout de même l’impression d’avoir mis les pieds sur les sables émouvants de vos prés carrés. Comme je suis bon bougre je n’aurai pas l’audace d’organiser un concours de commentaires de dégustation car ça pourrait me faire tomber dans l’affliction.
Dialogue imaginaire dans le secret du confessionnal des catholiques romains :
- Mon père j’ai péché...
- Seul ou avec d’autres ?
- Seul.
- En pensée ou en action mon fils ?
- J’ai joui par ma seule pensée mon père...
- Vous repentez-vous mon fils ?
- Non mon père...
- Alors comment voulez-vous obtenir l’absolution mon fils ?
- Je ne la sollicite pas car si j’ai péché je n’ai pas fauté mon plaisir était pur...
- Aucun plaisir ne peut se prévaloir de la pureté mon fils...
- Détrompez-vous mon père celui-ci n’était que jouissance intellectuelle...
- La pire mon fils car elle souille l’âme...
- Oui mon père celle des pharisiens !
- Vous blasphémez mon fils !
- Non mon père je chronique...
- Alors allez au diable mon fils !
- Oui mon père sauf s’il organise des dégustations avec Audouze...
- Vous êtes incorrigible mon fils...
- Oui mon père c’est qui fait mon charme...
- ...