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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 00:09

Qui se soucie des restaurants d’entreprise où beaucoup de nos concitoyens déjeunent ? Pas grand monde et surtout pas les « longs nez et les becs fins » des magasines papier glacé. Pour info tout d’abord quelques repères : «  Depuis les années 80, deux pôles émergent au sein du marché de la restauration hors foyers :

- La restauration commerciale (restaurants indépendants et restaurants de chaîne notamment)
- La restauration collective (restaurants d'entreprise, d'écoles...).

Selon Gira-sic-conseil, sur les 24 millions de repas servis en France, près de 12 millions le sont dans la restauration collective et plus de 6,5 millions dans la restauration commerciale.

Grâce à ces chiffres, on peut considérer que 4 Français sur 10 mangent en dehors de chez eux au moins une fois par jour. 

Aujourd'hui, la restauration commerciale accélère sa progression, avec un rythme de croissance de quatre à cinq fois supérieur à celui de la restauration collective. Il se compose d'indépendants à 70%, qui ont réalisé un chiffre d'affaires de presque 23 milliards d'euros en 2003, après une baisse de 0,3% ; les 30% restant sont des sociétés et des groupes structurés, dont le chiffre d'affaires est de plus de 9 milliards d'euros et qui comprennent majoritairement les chaînes de restauration telles que Restaumarché, Flunch ou Buffalo Grill. »

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Pour revenir aux restaurants d’entreprise, les ex-cantines qui n’avaient pas très bonne presse du côté des rations servies qui s’apparentaient souvent à de la tambouille de pensionnat, leur gestion est pour la plupart du temps concédée à de grands groupes tel Sodexho le leader mondial ou, comme à Vaugirard, pour ce qui concerne le mien au groupe Elior*. Le mien donc, est un restaurant inter-entreprises situé au rue de Vaugirard, dans le bloc d’immeubles dont fait partie cette annexe – si je puis m’exprimer ainsi à propos de la concentration en ce lieu « de têtes bien faites et bien pleines » du Ministère de l’Alimentation et du reste – dont la configuration architecturale est déjà un atout. On y descend, au premier niveau se situe un bar avec une restauration rapide, puis toujours en descendant, un bel espace vaste et agréable, haut de plafond, bien agencé, lumineux, avec un jardin d’intérieur qui, aux beaux jours – quand reviendront-ils ? – permet de déjeuner à l’extérieur. Bois clair, plan de circulation bien étudié avec des ruptures de la chenille des entrants grâce à la localisation des points de distribution des plats en « banques » séparées.

Ainsi les choix proposés permettent un bon dispatching des usagers en fonction de leurs critères du jour : rapidité, nature du plateau-repas qu’ils souhaitent constituer, influence de la météo ou de je ne sais quoi. C’est donc un vrai restaurant avec sa cuisine et ses cuisiniers qui confectionnent les plats in-situ. Ce n’est pas du réchauffé. Moi qui y passe de temps en temps je suis un adepte de la pièce du boucher, grillée à la demande devant soi, avec des frites. J’apprécie et la viande et le service. Bref, c’est tout sauf une cantine. L’offre de plats y est diversifiée, variée et la nourriture est de qualité. Enfin, cerise sur le gâteau, le personnel est aimable, attentionné, toujours un petit mot sympa comme l’aiment les habitués du petit resto du coin, de la belle ouvrage comme je l’apprécie.

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Ceci écrit, parlons peu mais parlons vin. La proposition vin est bien visible, bien présentée, pratique. Certes la carte des vins est courte : le vin au pichet d’1/4 issu d’un tonneau, un Brouilly Château de Corcelles et un Bordeaux Château Gantonet en deux présentation : 37,5cl et 75cl bouché liège. Du côté prix :

-         le carafon de vin rouge de table : 1,34 €

-         le Bordeaux Château Gantonet : 11,20 € en 75cl et 6,30€ en 37,5cl

-         le Brouilly Château de Corcelles : en 75cl 12,80€, en 37,5cl 8,30€

J’ai goûté le carafon, le vin rouge y est de qualité, agréable, soyeux et peu alcooleux. Bon rapport qualité/prix. Pour les vins dit bouchés, deux remarques : le Brouilly aurait intérêt à être placé en vitrine réfrigérée pour être bu à une température plus adéquate (j’en ai acheté une de 37,5cl pour la déguster à bonne température à la maison) et, sans vouloir pousser les clients du restaurant à la consommation, un bouchage à vis me semblerait bien plus pratique. Les deux appellations proposées sont des vins des propriétés de la Maison Richard qui assure l’approvisionnement de mon restaurant d’entreprise. Pour mes amis du Beaujolais je signale qu’à Paris le Brouilly reste une valeur sûre et que je ne les oublie pas. J’avance pas à pas dans mon opération « Grand Corps Malade » et que vous aurez droit à une chronique la semaine prochaine.

L’offre vin existe donc, mais au dire du gérant le débit n’est pas très important ce qui est dans la tendance de la consommation d’alcool à l’heure du déjeuner pour les « bureaucrates ». Ceux-ci, faute d’exercice postprandial, se font sobre ce qui est un handicap pour le vin à table. Ceci étant écrit, sans avoir d’études sur le sujet, il me semble que le carafon de rouge, le verre de vin, est plus facilement commandé dans un restaurant classique que dans un restaurant d’entreprise : moins de pression sociale par rapport à l’image donné à ses collègues.

Pour clore ce petit tour dans nos cuisines, et parce que je suis un bon camarade, cette petite chronique va être diffusée à mes chers collègues de boulot qui, s’ils veulent bien se connecter sur www.berthomeau.com pour lire la chronique de demain : « Extension du Domaine du Vin le corner parisien de Corinne Richard-Saier», ils se verront proposer une offre  fort alléchante, je dirais même gouleyante.

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La maison Berthomeau est une maison de confiance faites-le savoir autour de vous !

Enfin, je n’y résiste pas  à vous poser une petite devinette : « Pourquoi, à votre avis, devrait-on proposer des bouteilles du château La Tour Blanche 1ier Cru Classé de Sauternes note Parker pour les Primeurs 2009 94/96, aux fonctionnaires du Ministère de l’Agriculture qui fréquentent le restaurant d’entreprise de la rue de Vaugirard ? »

 

J’attends avec impatience vos réponses !

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 00:09

Dans ma boîte e-mail www.monsupercasino.com vient de se pointer et de me demander de venir découvrir ses supers avantages. Moi, vous commencez à me connaître avec un gueule enfariné je clique et je fouine dans la cave du Casino en ligne.

logo_supercasino.jpg

Sans trop savoir pourquoi je me fais une ligne de Blancs et j’aligne les chiffres :

-         46 références

-         27 AOC dont 15 viennent de 3 régions Alsace 5, Bourgogne 5, Loire 5

-         13 Vins de Pays dont 9 viennent du Pays d’Oc et sont en fait des Vins de Cépages

-         5 Vins de Table dont 4 sont d’Espagne

-         1 Vin étranger un cépage Chenin Afrique du Sud

-         27 de ces vins sont la marque Le Club des Sommeliers (marque maison) 17 AOC et 10 Vins de Pays

-         2 Marques Nationales du groupe Castel : La Roche Mazet et Vieux Papes

-         Pour les contenants : 3 BIB en vin de Pays d’Oc et 1 BIB en Bourgogne ; pour les Vins de Table 3 sont dans des petits contenants de 25cl en pack de 4 ou 6 et en briques par 3 et les autres en Litre.

-         4 Blancs moelleux : 3 A0C et 1 VdP

-         Pour les prix sur l’échelle ramenés tous à la bouteille de 75cl :

 

Moins de 1,99€ =    ...        /1 VdP / 4 VdT

1,99- 2,99€        = 1 AOC / 5 VdP / ...

2,99-3,99€        = 9 AOC/ 6 VdP/ 1 VdT

3,99-4,99€        = 5 AOC/ 1 VdP/ 1 vin étranger

5,99-6,99€        = 2 AOC/

6,99-7,99€        = 2 AOC/

7,99-8,99€        =

8,99-9,99€        = 1 AOC/

Plus de 9,99€    = 2 AOC : Chablis 10,35€  et Sancerre 10,45€ 

 

Analyse et Commentaires :

-         sur le créneau de prix le plus fourni (2,99-3,99€) la moyenne des 9 AOC = 3,63€, la moyenne des 6VdP = 3,09 € et le VdT est le Vieux Papes à 3,63€              

-         sur le créneau (3,99-4,99€) la moyenne des 5 AOC = 4,47€, le VdP est 1 Viognier à 4,11€ Coteaux de l’Ardèche

-         la moyenne des 14 AOC sur le créneau (2,99-4,99€) est de 3,66€

-         la moyenne Alsace = 4,96€

-         la moyenne Bourgogne = 6,86€

-         la moyenne Loire = 6,33€ hors Sancerre 3,86€

-         la moyenne Bordeaux = 3,88€

-         la moyenne VdP OC = 2,82€ (moyenne abaissée par la présence de 3BIB)

-         la moyenne VdT Espagne = 1,62€

-         2 vins à tout juste à + de 10€ le Chablis 10,35€  et le Sancerre 10,45€ et 2 liquoreux Monbazillac à 6 €  et Jurançon à 7,04€ 

-         La Roche Mazet Sauvignon Pays d’Oc à 2,89€ se situe pile poils à la moyenne des Pays d’Oc.

-         Le Vieux Papes justifie son statut de marque nationale en se retrouvant à 3,63€ dans le peloton le plus dense : 16 vins (dont 9 AOC et 5 VdP)

-         Le seul vin étranger, disons non-communautaire à 4,34€ lui se retrouve dans le 2d peloton : 7 vins dont 5AOC et 1 VdP.

-         je déteste ces prix pas ronds

-         les bobos n’achèteront pas leur vin enligne chez MonSuperCasino. Com.

-         le club des Sommeliers ici ne fait pas dans les Grandes Réserves

-         j’ai comme l’impression que nos gars de Casino y z’ont pas vraiment envie de vendre du vin en ligne faut dire que c’est lourd à livrer les bouteilles de vin.

-         je ne sais pas si je vais me coller aux rouges je fatigue du col...

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 00:09

 

Dans tout débat, toute confrontation, aussi vifs soient-ils, il est essentiel, si l’on souhaite réellement se comprendre, d’écouter et surtout d’entendre – ici de lire – les arguments de toutes les parties en présence. Mettre des visages sur cette fameuse GD, qui parfois prend l’allure d’une sorte hydre insaisissable, me semble aussi essentiel. Ma longue pratique du métier de médiateur, qui par construction se situe toujours sur un terrain conflictuel, me permet de croire que c’est la seule méthode qui permet de prendre en compte la réalité. Condition nécessaire mais pas suffisante certes mais que le monde du vin, par-delà ses baronnies régionales et ses poses syndicalo-professionnelles, devrait résolument pratiquer. Angélisme ironiseront certains ; non réalisme face à des rapports de forces économiques qui ne sont pas gravés dans le bronze.

Sur mon espace de liberté je m’enorgueillis de recevoir tout le monde. Tel n’est pas le cas de la grande majorité de mes confrères qui se contentent de révérer les bouteilles en ignorant superbement l’avant et l’après. C’est plus facile, plus confortable, plus valorisant que de s’intéresser au caddie et au cabas de madame tout le monde. Ce long préambule pour vous dire que je suis très heureux ce matin d’accueillir Olivier Mouchet, le monsieur vin d’Auchan. Mon plaisir est d’autant plus grand que je le fais avec plusieurs casquettes : la première est celle de Secrétaire Perpétuel autoproclamé de l’ABV dont Olivier est membre depuis l’origine, la seconde est bien sûr celle de questionneur non patenté, et la dernière, plus personnelle, est celle d’un petit chroniqueur bien esseulé qui a apprécié, au temps des vaches maigres, le soutien d’Olivier Mouchet en tant que lecteur, mais aussi promoteur, de mon petit blog auprès de son entourage (prenez de la graine, faites abonner vos amis !). Que l’on m’accusât de « mélange des jarres » (pour comprendre lire http://www.berthomeau.com/article-faut-il-changer-l-aude-en-vin-jean-baptiste-botul-ne-a-lairiere-y-repond-dans-la-metaphysique-du-mou-et-pisse-le-long-de-la-raie-d-onfray-50170766.html ) peu me chaut, je ne suis pas achetable car je suis invendable.

Olivier est un parigot de naissance, le sud du 15ième, le quai de Javel (ceux qui  n’ont lu mon impayable roman du dimanche ne peuvent pas comprendre l’opération double chevron et de Javel à Ste Anne), les usines Citroën, passionné de vin. C’est déjà un sacré bon point pour lui dans son dossier. Études de marketing, puis démarrage en magasin, à Fontenay sous Bois, chez Auchan en 1988. La suite : acheteur en produits frais, en épicerie, responsable marketing en vins et spiritueux et, depuis 2002, chef de groupe vins pour Auchan France. Fidélité, expérience, voilà pour moi un interlocuteur de premier niveau à qui je me devais de poser mes 3 Questions qui, comme le souligne à juste raison Olivier Mouchet en recèlent une bonne dizaine. Merci Olivier Mouchet d’être venu sur mes lignes et en bonus  " Alone again or " de Love,

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1ier Question : C’est une première sur mon espace de liberté, un « grand méchant loup » de la Grande Distribution, accepte de se soumettre à mes « redoutables » questions. Rassurez-vous Olivier Mouchet vous n’êtes pas ici au tribunal des flagrants délires, Desproges est sur son nuage, alors dites-nous comment une grande enseigne comme Auchan distribue ses vins ? Tracez nous le chemin qui va du vigneron au consommateur ? Expliquez-nous votre approche, votre philosophie, et votre vision de l’évolution du secteur ?

 

Réponse d’Olivier Mouchet :

Votre 1ere question en comportant 3, je vais essayer de synthétiser.

Tout d’abord, pourquoi le vin est un parti pris d’Auchan ? C’est bien sur d’abord par intérêt commercial. En effet, nous sommes convaincus qu’un magasin qui satisfait les attentes de ses client(e)s pour les vins, marque un point déterminant vis-à-vis de concurrents voisins qui s’en désintéresseraient. Par ailleurs, et il ne faut pas le négliger, Auchan est une société familiale, non cotée, dont les valeurs et la convivialité ne sont pas incompatibles avec la culture œnophile.

Avant même de les distribuer, il s’agit de les choisir. Pour cela, j’anime une équipe constituée d’abord de 4 amoureux des vins, chacun spécialisé dans 1 ou plusieurs bassins de production, qu’ils parcourent à longueur d’année pour rencontrer nos fournisseurs et ceux qui pourraient le devenir, qu’ils soient vignerons indépendants, caves coopératives ou négociants. Nous travaillons avec plus de 500 d’entre eux, les vins sont dégustés à chaque millésime, et pour notre « Sélection » (dont je vous sais friand), nous réalisons nous même les assemblages, prioritairement sur cuves.

Nos 5 entrepôts viennent enlever les vins pour les redistribuer dans nos magasins, où l’assortiment proposé est régionalisé, car les clients ne consomment pas du tout les mêmes vins selon qu’ils soient de Dunkerque, Strasbourg, Pau ou Nice.

Concernant le marché, je crois malheureusement que la chute de la consommation en France - en volume -  va continuer encore le temps d’une génération, et que nous devons trouver les leviers pour la limiter, tout en faisant en sorte que la valeur, elle, croisse. Cela passe forcement par l’augmentation de la qualité, mais aussi par la promotion de nouveaux instants de consommations, éloignés du sempiternel repas du Dimanche, et encore par la prise de conscience que nos clients sont en majorité des clientes.

 

2ième Question : Comme vous le savez Olivier Mouchet je suis un grand « adorateur » des marques, des vraies. J’ironise, avec la facilité qui m’est chère, sur les fameuses Marques de Distributeur (MDD) et ce brave Pierre Chanau est passé récemment à ma moulinette. Votre point de vue sur l’émergence de réelles marques nationales dans le secteur du vin m’intéresse et je suis persuadé qu’il intéressera au plus haut point mes lecteurs. En complément, les hard-discounter vont, eux-aussi, lancer des marques, qu’en pensez-vous ? Le moins cher du moins cher a-t-il des limites ?

 

Réponse d’Olivier Mouchet :

Amateur depuis longtemps, j’ai découvert ce secteur – professionnellement s’entend - il y a presque 10 ans, et au tout début j’avais emmené à lire comme devoirs de vacances le rapport B, qui a été pour moi une excellente introduction à la filière.

Pierre Chanau n’est pas une marque, mais la signature, née en 1977, de la « Sélection Auchan », gamme de 150 vins Français de toutes origines (à cet égard, nous sommes fiers de commercialiser dans toute la France un Pacherenc du Vic Bilh) qui ont en commun une cible qualité prix.

Si, effectivement, une marque se doit d’avoir un positionnement qualité, cela ne suffit pas. Il faut également une promesse, les preuves de cette promesse, des moyens puissants pour la distribuer (ce qu’on appelle une force de vente) et la faire connaître et reconnaître (une communication), sans oublier de la recherche et développement pour préparer le futur.

Il y a très peu de marques en France ayant ces attributs (si l’on excepte les « icones » Bordelaises qui ne sont pas des produits de grande consommation). Et il n’y a pas du tout de « méga marques » capables a elles seules de renverser une tendance de marché grâce à l’innovation et la communication.

Pour bâtir une méga marque, il faut un marché potentiel et des capitaux. La filière viti vinicole manque de capitaux, et ceux qui ont des capitaux jugent sans doute que le potentiel de rémunération de leurs capitaux dans cette filière est insuffisant.

A ce point du débat, je suis sur que certains vont dire que c’est « la faute à la GD ». C’est inexact car la GD n’existe pas. Il y a des entreprises indépendantes et des groupes ; des sociétés régionales ou internationales, des Françaises ou étrangères, des entreprises cotées ou non, des bretonnes, des nordistes, des charentaises, … des centralisées, des décentralisées

Chaque distributeur a ses spécificités, ses avantages, ses défauts, qui sont différents selon les produits que l’on souhaite commercialiser.

En revanche, ce qui est sûr, et vous l’avez démontré, c’est que la filière souffre d’un  manque d’organisation et de concentration de son amont (j’y inclus le négoce car c’est notre amont) et d’une concurrence mortifère sur certains segments à bas prix.

 

3ième Question : Autre sujet qui m’est cher : le mur de vin dans la Grande Distribution : à quoi bon se casser la tête à créer des lignes de produits, en clair à quoi ça sert que Pierre Chanau se décarcasse, pour que les vins ainsi packagés soient dispersés aux quatre coins du rayon au gré des régions, des couleurs, des appellations ? Comment le pousseur de caddie de base s’y retrouve-t-il ? Explorez-vous chez Auchan des pistes nouvelles pour que le rayon vin sorte de sa massification ? Les catalogues des foires aux vins semblent être le summum de l’innovation de votre mode de distribution, alors qu’à leur lecture on se rend compte qu’ils sont bien traditionnels ?

 

Réponse d’Olivier Mouchet :

L’achat de vins en hyper est anxiogène (je ne l’invente pas, ce terme vient des clientes), du fait de la complexité de l’offre, de la manière « linéaire » de les présenter,  de l’absence de conseil et de réassurance.

En dehors des Foires aux vins, qui s’adressent encore majoritairement aux hommes, ce que vous appelez le pousseur de caddie est majoritairement une « pousseuse », dont les clés d’entrée sont, quand on les écoute, et dans l’ordre : un conditionnement, une couleur, un bassin de production au sens large, un prix approximatif … et une occasion qui va provoquer la consommation du vin qu’elle recherche. Vous noterez l’absence de marque et sur un autre axe, de profil organoleptique (je ne veux pas parler de typicité !). Nos axes de travail visent alors à clarifier la présentation des vins, casser la monotonie des linéaires, réassurer l’achat. Quant au conseil, nous essayons de pallier à son absence par de l’information, par exemple avec des pictogrammes indiquant pour chaque vin les mets qu’il accompagnera le mieux. Et contrairement au lieu commun qui assène que nous pratiquons des marges prohibitives, nous n’avons pas les moyens, aujourd’hui, dans une majorité de magasin, d’employer un Conseiller permanent en rayon. Néanmoins, nous développons un programme de formations aux vins, très ambitieux, pour les Chefs de rayon et leurs équipes.

Concernant les catalogues Foire aux vins, vous avez partiellement raison car certains de nos concurrents ont tenté des innovations très intéressantes dans les dernières Foires de printemps, ce qui doit nous aiguillonner pour arrêter le copier/coller.

 

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 00:35

Monsieur le Président et cher Jérôme Quiot,

 

Vous avez accueilli récemment dans votre beau château Miss Glou Glou – Ophélie Neiman dans le civil – qui commet des chroniques sur blog le Monde « Les tribulations vinicoles de Miss Glou Glou » Cette charmante personne s’est payée une semaine de vacances pour «apprendre à boire du vin, « genre t’as besoin de cours pour apprendre à picoler », m’a perfidement glissé une amie sur mon profil Facebook. On verra bien. » Elle a vécu s’enthousiasme-t-elle « une semaine incroyable » ce qui me réjoui vraiment d’autant plus qu’elle a pris « un pied pas possible lors des dégustations ». Son objectif initial est atteint puisqu’elle a structuré sa façon de goûter le vin « apprendre à analyser chaque détail, les arômes, l’alcool, l’acidité, les tanins, la fin de bouche... » Fort bien car elle est heureuse de mieux comprendre pourquoi un vin lui plaît et de pouvoir analyser son potentiel d’évolution. Pour faire court, c’est comme si après une retraite de préparation au mariage elle comprenait mieux pourquoi son fiancé lui plaît.

 

Je plaisante bien sûr.


Tout cela et bel bon me direz-vous. J’en conviens sans problème sauf qu’en ouvrant l’édition du Monde électronique du vendredi 14 mai je découvre ce titre accrocheur, racoleur et étonnant : « Crachons le vin, c’est bon pour lui (et pour nous) » Je me suis dit, avant d’ouvrir le lien, que la pépète avait du abuser du Rasteau vieilles vignes 2004 de chez Tardieu-Laurent *. Un clic donc et voilà que je lis que notre miss glou glou s’enchante que le vigneron, dont elle goûte le vin, lui présentât « un seau* et un gigantesque entonnoir en fer, pour ne pas se louper en recrachant sa production. » et qu’il ait cette phrase fantastique (sic) : « Vous me ferez plaisir en crachant mon vin ». Comme dirait ce pauvre Polanski : le fantastique n’est plus ce qu’il était.


Mais notre goûteuse néophyte n’était pas au bout de son ravissement car « Bonheur, soulagement. Une autre, femme de vigneron à qui je m’excusais de recracher ses vins car j’avais de la route à faire, s’est écriée « Mais j’espère bien! Je ne vous aurais pas permis d’avaler ». Touchant, non, y’a un peu du Molière des Précieuses Ridicules dans tout ça. Je suis inutilement méchant, l’important c’est la suite.


Je cite : « Ainsi, les vignerons se réjouissent de nos crachats. Et je confirme qu’il est très agréable, arrivé au 10ème vin, de se sentir sobre comme un chameau et de pouvoir le déguster comme s’il s’agissait du premier verre. Ce que regrettaient mes voisins de table d’hôtes qui souhaitaient choisir un vin pour le mariage de leur fille et, n’ayant “pas osé” recracher, étaient rentrés quasiment à quatre pattes.


Mais Philippe Gimel (un vigneron du cru) soulève cette idée, dont je ferais bien ma croisade:

 

« Et si on généralisait les crachoirs dans les restaurants? »


Alors je vous soumets la proposition, pas très politiquement correcte en temps de crise, j’en conviens: et si, plutôt que de vouloir freiner sa consommation de vin et faire de la patrie du vin un peuple de buveurs d’eau, on prenait l’habitude de cracher?


Nous serions tous gagnants dans l’histoire, vignerons, restaurateurs, sommeliers, usagers de la route… seul le guide du savoir-vivre de N. de Rothschild y trouverait à redire. Encore que, avec ma leçon du mois dernier pour cracher avec élégance, on est paré. »

 

Humour au deuxième ou troisième degré, pourquoi pas sauf que le titre de la chronique lui n’est pas dépourvu d’ambigüité et de l’hypocrisie chère au journal hébergeur: « Crachons le vin, c’est bon pour lui (et pour nous) ». En creux ça signifie que boire le vin est mauvais pour nous et que pour nous plier au diktat du sanitairement correct, faire la génuflexion aux hygiénistes voilà que nos petits dégustateurs formatés, avec vocabulaire intégré, nous préconisent de le cracher en tout lieu et toute circonstance : à la noce de la cousine comme au baptême du petit cousin. Vérigoud !

 

À part que je trouve ça insultant pour ceux qui se sont échinés à faire mûrir de beaux raisins et qui se sont cassés le cul à faire un beau vin que de voir « des petits trous du cul prétentieux » nous intimer l’ordre de le cracher le fruit de leur labeur. Je sais que « Le vin rouge en bain de bouche : est un excellent anti-carie pour vos enfants ! »  http://www.berthomeau.com/article-le-vin-rouge-en-bain-de-bouche-un-excellent-anti-carie-pour-vos-enfants--41643878.html  mais il ne faut pas pousser le bouchon de la connerie trop loin sinon ça risque d’éclabousser vos escarpins miss glou glou.

 

Vous me connaissez, comme notre donzelle vineuse s’était plantée parlant de sceau au lieu de seau pour recueillir ses jets, j’ai ironisé grave sur le sceau des sots, des sots d’eau bien sûr et j’ai eu l’audace de comparer le procédé de déjection buccale au « coitus interruptus » et d’ajouter qu’une telle préconisation relevait de l’éjaculation précoce. Mal m’en pris je fus censuré sans doute par le modérateur mondain ou peut-être même par miss glou glou pour inconvenance grave aux bonnes moeurs.

 

Certains vont me dire que cela est dérisoire mais c’est tellement dans l’air du temps de nous pomper l’air avec ces soi-disant connaissances œnologiques pour être en capacité d’apprécier le vin. Je ne vais pas renouveler ma gueulante « Faut-il être maintenant être œnologue pour apprécier le vin ? » http://www.berthomeau.com/article-faut-il-etre-maintenant-etre-oenologue-pour-apprecier-le-vin--41993276.html  Que miss glou glou se formât à la dégustation à l’Université de Suze la Rousse grand bien lui fasse, qu’elle ait des enthousiasmes de midinette ça m’enchante plutôt, qu’elle est la foi du nouveau converti c’est beau comme une série américaine mais de grâce, même si elle a voulu faire de l’humour à deux balles de potache avec ses crachoirs dans les restaurants le résultat est que ces tordus du Monde n’ont rien trouvé mieux que de mettre sa chronique à la Une. Sans être parano c’est du même tonneau que l’interview par la miss Blanchard du Président de l’INCA « Le premier verre de vin donne le cancer » Et plutôt que de boire le premier verre il vaut mieux le cracher dans le caniveau : foi de seau d’eau !

 

Vraiment, Monsieur le Président de l’Université de Suze la Rousse, cher Jérôme Quiot, sans invoquer les mannes de mon ami Henri Michel, même au risque de passer pour un vieux con, de grâce prenez quelques précautions avec ces herbes folles qui viennent s’initier à l’art de la dégustation, ne leur glissez pas dans les oreilles des idioties du calibre de celle qui nous a donné cette chronique stupide car petite cause, grand effet !

 

Le vin fait est fait pour être bu, et pissé ajouteraient mes amis gascons (mais je suis grivois). Qu’on le goûtât avant de le choisir rien de plus normal. Qu’on le crachât ensuite c’est la règle de tout amateur dégustateur. Pour le reste, merci de nous lâcher les baskets miss glou glou, surtout maintenant que nos parlementaires viennent de voter le principe des cendriers mobiles pour fumeurs invétérés vous seriez capable de leur donner des idées avec votre seau à vin.

 

Quand je lis sous votre plume miss Glou Glou que « Pouvoir dissocier ses préférences d’un jugement qualitatif “objectif”, que ce soit en gastronomie, littérature, peinture, sexualité, etc, me semble assez épanouissant (et permet d’apprendre sur soi autant que le test Facebook “Quel type de cary réunionnais êtes-vous?”). » je dois avouer que j’en reste pantois. Pour la sexualité quel est le test Facebook SVP ? À mon âge, qui est grand, j’ai tant à apprendre pour réellement m’épanouir que j’ai hâte de connaître votre réponse Miss Glou glou. Sans jouer les anciens combattants ça me rappelle la fameuse Université de Vincennes née après Mai 68 où il existait des séminaires où les protagonistes apprenaient à se sentir.

 

J’en reste là car je suis las de cet océan de niaiseries et pour revenir au vin je vous livre la fiche de dégustation de Miss Glou Glou sur le « Rasteau vieilles vignes 2004 de chez Tardieu Laurent. Je ne sais pas si c’est l’âge des vignes (80 ans pour la plupart), les 80% de grenache mélangés au mourvèdre et à la syrah, ou le haut degré d’alcool (14,5) mais je l’ai trouvé spectaculaire. Un nez riche, ensoleillé, débordant de fruits mûrs et une bouche soyeuse, douce, qui apportait de la sensibilité à la puissance des arômes. Pour une bouteille à 13 euros, je suis soufflée. D’autant que Tardieu Laurent tordent le cou à une idée reçue qui veut qu’un bon vin soit fabriqué de A à Z par son vigneron. Ces deux là récupèrent les raisins chez d’autres viticulteurs, et les vinifient à leur façon. Un beau travail d’équipe. »

 

Bonjour chez vous miss Glou Glou et quand à vous, Monsieur le Président de l’Université du Vin de Suze la Rousse, cher Jérôme Quiot, transmettez à votre directrice mes sentiments attristés de Secrétaire Perpétuel autoproclamé de l’Amicale du Bien Vivre, l’ABV, simple buveur de vin et petit dégustateur non patenté et non diplômé de l’Université.

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 00:09

L’appellation de ce plat roboratif représente à lui seul pour un étranger tout le mystère de la cuisine française des terroirs profonds. Jacky Durand officie au piano aussi bien dans sa cuisine que face à son écran du journal Libération. Les textes de ses chroniques sont émouvants, sensibles, chaleureux mais je lui fais deux reproches. Le premier sérieux : l’utilisation massive du on, qui fait très posture Libération, dont l’indéfinition me fait toujours penser à un gros sac sans fond ; le second, totalement fallacieux, c’est son prénom Jacky, car je fus tout au long de ma période culotte courte affublé de ce prénom qui n’était pas le mien sous le prétexte de me distinguer d’un autre Jacques transformé lui en Jacquot. Logique étrange fort répandue dans nos campagnes où les sobriquets, les surnoms, les prénoms de remplacement étaient monnaie courante. Bref, j’ai honni et pesté contre ce Jacky que je trouvais réducteur alors que depuis j’ai appris que, contrairement aux apparences, l’anglais Jacky et ses dérivés ne sont pas des variantes de Jacques, James en anglais, mais de Jean, John en anglais.

 

Dans son opus récent, « Cuisiner, un sentiment » chez carnets nord www.carnetsnord.fr , en dépit de 7 On dès la première demie page, Jacky Durand nous régale. Pour vous allécher j’ai choisi dans le chapitre 1 Des Souvenirs, le croquis baptisé Tête de cochon. Selon un rituel bien établi sur cet espace de liberté je vous propose deux extraits qui sont dans la continuité et qui vous mettrons j’en suis persuadé l’eau à la bouche. Les sous-titres de ces extraits sont de moi. Pour vous situer, le narrateur évoque sa dernière visite à son oncle Jules, à la fin de l’été. Alors qu’ils descendaient (nous sommes dans le Haut-Doubs) à la ville dans une voiture de location pour se rendre au marché couvert, l’oncle Jules avait décrété « Tu vas me faire un fromage de tête. »

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Faire le fromage de tête

 

« Il fallait attaquer séance tenante le fromage de tête. L’oncle s’installa en bout de table er muni de son petit couteau pointu éplucha trois petits oignons, trois carottes, quatre échalotes et effeuilla une grosse touffe de persil plat du jardin. » Toi, tu laves comme il faut la tête sous l’eau froide », ordonna-t-il avant de nous envoyer à la cave chercher une bouteille de blanc du Jura. Le vin était frais, juste ce qu’il fallait. L’oncle claqua la langue et goba une crevette grise. »Maintenant, tu prends le grand fait-tout gris sous l’évier. Tu y mets la tête de porc, le pied de veau, les oignons piqués de clous de girofle, les carottes, du thym, du laurier, du gros sel, du poivre, une pointe de noix de muscade, deux verres de vin blanc et tu recouvres le tout d’eau froide. » On monta doucement le chaudron en température avec la météo des plages de la télé en fond sonore. « Maintenant, tu vas faire fissa pour griller ta hampe car tu vas avoir du boulot quand le fromage de cochon va bouillir », prévint l’oncle Jules qui alignait ses bulots comme à la bataille face à la mayonnaise dans son assiette. On fit une courte pause pour aller au jardin cueillir quelques feuilles de batavia pour enrouler les nems que Jules, se méfiant des sauces exotiques, dégustait juste avec un trait de vinaigre. On entendit le bouillon du fromage de tête murmurer dans son chaudron en ébullition. L’oncle insista pour se lever de table, prendre l’écumoire et nous enseigner l’art d’écumer la surface du liquide pour en retirer les impuretés. Puis on laissa le fromage de tête vivre doucement sa vie en mijotant trois grosses heures tandis que Jules s’assoupissait devant « Les Feux de l’amour ». Il fallut ensuite sortir la tête porc* pour la désosser au couteau et à la fourchette et découper les viandes en fines lanières. C’était un exercice plaisant que l’oncle surveillait avec gourmandise. On filtra le bouillon avant de le laisser réduire de moitié et d’ajouter le persil ciselé et les carottes coupées en rondelles. On y remit également la viande à cuire une vingtaine de minutes. L’oncle farfouilla dans son buffet de cuisine pour trouver terrines, verrines où l’on versa la viande recouverte de bouillon. Ce soir-là, l’oncle Jules lutta longtemps contre la fatigue pour goûter son fromage de cochon refroidi. Et la tête dans son frigo, il se retourna en brandissant un morceau de gelée sur la pointe de son couteau : « T’aurais pu l’assaisonner un poil plus. »

 

* les relecteurs maison ont laissé passer la tête de veau en lieu et place de celle du cochon. C’est le pied qui est de veau !

 

Le repas d’après enterrement de l’oncle Jules

 

« Le jour de son enterrement, on est arrivé par la micheline de 13 heures. Il faisait un froid de gueux pour la mise en bière. La bise s’engouffrait dans la combe où le cimetière regardait en direction de la Suisse. Dans le jour qui baissait, on revint frissonnant à la maison de l’oncle pour le repas d’après-enterrement. Des femmes permanentées comme pour le mariage de la fille de la coiffeuse s’affairaient aux fourneaux où la cuisinière à bois était chauffée à blanc. La chaleur nous assomma dans les effluves de beurre d’escargot, de croûtes aux morilles et de daube de sanglier. L’oncle avait vu grand dans son menu testamentaire commandé et payé de son vivant au boucher-charcutier du village. Outre ce qui précède, il avait également demandé que l’on décongèle le fromage de tête de l’été dernier. On nous servit d’autorité un Pontarlier anis dosé comme un carburant de char d’assaut que l’on tenta d’éponger avec quelques morceaux de fromage de tête. Les oreilles bourdonnaient à cause de l’alcool et de la chaleur, on captait des scories de conversations où il était question de pêche à la mouche, de chevreuil, de travail en Suisse et du FC Sochaux. Au fromage, on apporta du comté vieux et du mont d’or crémeux et le silence se fit quand un cousin déposa sur la table une bouteille de vin jaune en désignant l’étiquette : 1962, l’année de naissance de la flopée de neveux et de nièces que nous étions à passer autrefois les vacances chez l’oncle Jules. Dehors, il faisait nuit glacée. Pleine lune et givre blanc.

Dans la micheline du retour, on dessoûla brièvement en se demandant ce qui, au fond, séparait la vie de la mort : un fromage de tête et un fameux gueuleton ? »

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 00:09

Faut-il changer «l’Aude en vin» ? Cette question d’une grande élévation va bien au jour de l’Ascension. Elle émane d’un Jean-Baptiste, qui n’est pas notre ami Sénat, mais d’un audois dénommé Botul philosophe méconnu auteur de La Métaphysique du Mou. Lorsqu’au soir de sa vie celui-ci déménagea de l’appartement de sa protectrice Émilie du Queylard, en janvier-février 1947 écrivent des biographes parisiens inconséquents, en fait en 1948 car c’est l’année de naissance de Catherine Millet, de Gérard Depardieu, de James Ellroy et de BHL – pourquoi me direz-vous ? Le sexe au paroxysme pour l’une, le vin dans tous ses états pour l’autre, l’obsession morbide pour le troisième et pour le dernier une belle couillonnade – pour regagner son village natal : Lairière, située à 360 mètres d’altitude (canton de Mouthoumet, proche de Limoux, 49 habitants à l’heure actuelle, soit 3,7 habitants/km2 mais il y a plus de Lairiairois 29 que de Lairiairoises 20) il ramène dans une carriole à cheval affrétée à Limoux tout un fourniment « de valises en peau de porc, de plusieurs caisses de livres, et d’une malle de belles dimensions, équipée de roulettes. »  

 

 

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Ses manuscrits furent découverts « en ouvrant la grande armoire en bois fruitier de la chambre à coucher « sur les trois étagères du haut » : 143 liasses de feuillets et d’enveloppes de formats divers. Cette découverte capitale, puisque « si Botul n’avait rien publié, il n’était pas prouvé qu’il n’avait rien écrit », ne fut que le début d’une entreprise herculéenne de tri dans le fatras de gravures découpées dans le catalogue d’armes et cycles, des onze « dixièmes » de la Loterie Nationale et de l’annuaire des marées de Tréguier daté de 1937, puis une mise en ordre du désordre puisque comme les égyptologues Botul pratiquait le «mélange des jarres» et tenir compte qu’ « en outre, les rongeurs audois n’ont pas épargné ces modestes reliques de la pensée botulienne. » Par bonheur, « la sécheresse ordinaire de l’air des Corbières a plutôt bien préservé le fonds de la moisissure, mais des épanchements anciens de liquide divers : vin rouge, bière, Viandox... ont souillé des pièces importantes. »

 

Comme l’aurait souligné le père Sigmund Freud « couchant avec sa belle-sœur après avoir fait un point de doctrine de son renoncement à toute sexualité afin de sublimer sa libido dans la création de la psychanalyse », abhorré, jeté cul par terre par le pisse-vinaigre Michel Onfray, Stakhanov sinistre de la philosophie populaire, un peu coincé des gonades, et amoureux des vieilles toupies, toute la vie de Botul se résume à une naissance difficile un 15 août, jour de l’Assomption de la Vierge Marie, et par son refus obstiné à l’âge de 10 ans de s’engager dans la grande révolte des viticulteurs du Langue d’Oc car il se trouvait ridicule avec ses culottes courtes au milieu des bourgerons des vignerons.

 

Ce double traumatisme explique largement l’échec de sa liaison romantique et de ses fiançailles ratées avec Marthe Richard, la future « Veuve qui clôt » en 1913. Certains biographes osent affirmer que ce fut sur une histoire de bulles, Blanquette ou Champagne, que l’incompréhension s’installa entre eux. D’autres encore, plus audacieux, trouvent le fondement philosophique de l’affaire des Pinot Noir dans les principes énoncés par Botul dans la Métaphysique du mou (moûts et mou permettent moult digressions). 

 

Analysé, puis psychanalyste bénévole lors de son exil en Argentine où il jette les bases de la « taxi-analyse » en énonçant le principe : «on doit pouvoir quitter son psychanalyste comme on descend d’un taxi». Botul volant d’échec en échec rencontrera Léon Trotski qu’il trouvera «étonnamment bronzé» puis, après une brève liaison avec Marguerite Donnadieu à la Sorbonne en 1935, il se brouille avec Giraudoux car trompé par le titre de sa pièce La Guerre de Troie n’aura pas lieu, il joue au billard avec des amis le soir de la première.

 

Pendant l’Occupation il fait plusieurs fois le voyage à Londres où il sert de nègre à Pierre Dac et, sans que ça puisse être prouvé, il fut celui qui inventa le célèbre slogan « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio-Paris est allemand » sur l’air de la Cucaracha  chant révolutionnaire d’Amérique latine (n’oublions pas que Botul y séjourna plusieurs années).

 

En 1944, Botul participe en temps qu’aide de camp à la libération de l’Alsace avec Malraux. Son exil et sa mort à Lairière datent de 1948 et non de 1947 comme l’écrivent tous ses biographes qui n’ont jamais pris la peine d’aller se recueillir sur sa tombe qui n’est plus à Lairière mais dans un cimetière parisien suite au transfert de ses cendres ordonné par André Malraux lorsqu’il était Ministre de la Culture (je suis le seul à détenir l’éloge funèbre prononcé ce jour-là par Malraux). 

  

 

Pour en revenir à la question « Faut-il changer l’Aude en Vin ? » je vais vous citer un passage capital de la Métaphysique du Mou qui trace une piste lumineuse mais sans issue :

 

« S’est-on jamais demandé comment s’était forgé le concept du pâté de tête ? Car une charcuterie de cette complexité ne peut simplement résulter d’un concours d’expériences ou d’un jeu d’intérêts. Le pâté de tête, c’est la réfutation radicale du pragmatisme anglais. Il relève de l’Esprit, un point c’est tout. Et même du Saint-Esprit, sans qui personne n’aurait eu l’idée de lier le museau avec de la gelée. »

 

Pour ceux d’entre vous qui ont encore l’esprit un peu mou, les mouités pour reprendre le concept de Botul, demain dans une chronique je remttrai ma plume sur ce chemin fécond du mou en philosophant sur la tête de cochon ingrédient du fameux fromage de tête cher à Botul étant entendu que dans le pied de cochon non désossé seul le mou est comestible. 

 

Je sens que beaucoup d’entre vous, du moins ceux qui n’ont pas abandonné mes réflexions en chemin, pensent que le ramollo du cerveau c’est Berthomeau. Reste que l’histoire de « Changer l’Aude en Vin » c’est le même coup que celui du fils du charpentier de Nazareth (lire une chronique capitale  une forme de tripotage camouflée en miracle. Comme le tripotage est un concept botulien qu’il a expérimenté sur « tous les seins du Chabanais, les yeux bandés »et qu’il traduit dans un bref aphorisme « le mou porte en soi son Autre » je conclue comme lui « que le dur déçoit, le mou émeut ».

 

Et pour ceux qui douteraient encore que Botul vivant pissât le long de la raie d’Onfray pendant que celui-ci conchierait le Grand Timonier de Saint Germain des Prés notre beau Bernard-Henri Lévy lui-même piégé par feu Jean-Baptiste Botul, ont tort.

 

Dernière mise au point : le botulisme, comme vous vous en doutez, n'a rien à voir avec Jean-Baptiste Botul.   

 

 Pour clore, non pas le débat, mais ma chronique, je lève mon verre des Arpettes 2007 de Jean-Baptiste Sénat alliance des « frères ennemis » bordelais et languedociens, 75% de Merlots de 25 ans et 25% de Carignan de 60 ans. 

41HczLdmK3L SS500 arpettes-2007

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 00:06

Je supplie mes amis Bernard et Jean-Marie de ne pas jeter d’un geste rageur cette chronique à la poubelle. Vraiment vous le regretteriez. En effet, alors que le monde basculait dans la modernité, l’expansion démographique s’est concentrée dans les grandes agglomérations : Londres, Paris, New-York ou Chicago. Aux USA les villes ont gagné 30 millions d’habitants au cours du 19ième siècle, dont la moitié dans les vingt dernières années.

Que ce passa-t-il alors ?

« À mesure que les hommes et les marchandises migraient vers les villes, un problème est apparu. Le moyen de locomotion le plus couramment utilisé a entraîné tout ce que les économistes appellent externalités négatives, c’est-à-dire des conséquences fâcheuses : embouteillages, accidents de la circulation, hausse des tarifs d’assurances. Certains produits agricoles autrefois voués à terminer leur course dans les estomacs humains alimentaient désormais les véhicules, provoquant des pénuries et faisant grimper les prix des denrées alimentaires. Sans oublier la pollution de l’air et les émissions de gaz toxiques, qui menaçaient l’environnement aussi bien que la santé des individus.»

Vous pensez que nous voulons parler de l’automobile, n’est-ce pas ? 

Pas du tout. Nous parlons du cheval. »

Les auteurs de ces lignes Steven D. Levitt et Stephen J.Dubner les auteurs du best-seller « Freakonomics » et qui récidivent avec »Super Freakonomics » détaillent leur tableau quasi-apocalyptique des 200 000 chevaux (1 pour 17 habitants) qui assuraient au début du XXe siècle à New-York de multiples fonctions de transport comme de production.

« Les rues étaient engorgées de carrioles, et lorsqu’un cheval tombait d’épuisement, il était souvent achevé sur place, ce qui provoquait des encombrements et des retards supplémentaires. Nombre de propriétaires d’écuries avaient en effet souscrit des polices d’assurances qui stipulaient en effet, afin de prévenir les fraudes, que l’animal devait être euthanasié par un tiers. Cela voulait dire qu’il fallait attendre l’arrivée de la police, d’un vétérinaire ou d’un représentant de l’American Society for the Prevention of Cruelty to Animals. Le blocage de la rue n’en était pas terminé pour autant. »Un cheval mort est extrêmement encombrant, et les services d’entretien devaient souvent attendre que les cadavres tombent en putréfaction pour les découper en morceaux et les évacuer », écrit Eric Morris, chercheur en économie et spécialisé dans l’histoire des transports. »

Le bruit métallique des roues et des sabots étaient infernaux.

Les risques d’être renversé par un cheval ou une carriole « En 1900, à New-York, les accidents impliquant des chevaux ont coûté la vie à 200 personnes, soit un habitant sur 17000. En 2007, 274 New-Yorkais sont morts dans des accidents de voiture, soit un sur 30 000 ; » Le risque était donc 2 fois plus élevé en 1900 qu’aujourd’hui.

La pire calamité : le crottin.

11kg en moyenne/cheval soit 2200 tonnes/jour. Qu’en faire ?

Avant le rush il existait un marché du crottin qui fonctionnait bien entre les cultivateurs avoisinants et les utilisateurs de chevaux mais la surabondance a impliqué que le crottin  « s’amoncelait le long des rues comme des congères, quand il n’était pas stocké sur des terrains vagues jusqu’à 20 mètres de hauteur. En été, la puanteur envahissait l’atmosphère et lorsqu’il avait plu, une épaisse soupe marronnasse coulait du trottoir jusqu’au sous-sol des immeubles »

Détail : « Les vieilles maisons new-yorkaises en grès rouge, avec leurs élégants perrons surélevés donnant directement accès au 1ier étage » c’était une nécessité pour ne pas avoir sous les yeux et sous le nez ces tas de crottin.

 

Risque sanitaire permanent : « un bouillon de culture où des milliards de mouches répandaient une foule de maladies potentiellement mortelles. Des rats et d’autres vermines sillonnaient les montagnes de crottin.

 

Bref, comme le font ironiquement remarquer les auteurs si le réchauffement climatique avait été à l’ordre du jour « le cheval aurait été désigné ennemi public numéro 1, car le méthane émis par ses excréments est un puissant gaz à effet de serre »

Les experts, lors de la première conférence sur l’urbanisme se tenant à New-York, se déclarèrent impuissant face au problème du crottin de cheval. Et puis, « le problème disparut. Il fut résolu ni par une intervention divine, ni par celle de l’Etat, ni par quelque mouvement d’altruisme ou de frugalité des citoyens [...] Il le fut par une innovation technologique [...] : le tramway et l’automobile [...] cette dernière fut proclamée sauveur de l’environnement. »

 

Bien sûr, comme le souligne les auteurs « L’histoire, malheureusement pas là. Les mêmes solutions qui nous ont sauvés au XXe siècle semblent nous perdre au XXIe, car l’automobile et le tramway ont aussi leurs externalités négatives. » Mais c’est une autre histoire, et ce qui m’intéresse dans la précédente c’est la morale qu’en tire les auteurs « Tout cela n’a, somme toute, rien de surprenant. Lorsqu’un la solution d’un problème donné ne se trouve pas juste sous nos yeux, nous avons tendance à supposer qu’elle n’existe pas. Mais l’histoire nous a démontré à de nombreuses reprises que nous avions tort.

 

Pour le cheval des vignes je m’en tiens à des photos.

 

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 00:09

Nous eûmes le « tous dans les chais ! » après que de grands maîtres de l’œnologie, tel Emile Peynaud, eussent donné leurs lettres de noblesse à ce métier, et que certains sceptiques aillent jusqu’à dénoncer la peynaudisation des vins de Bordeaux. L’asymptote de ce mouvement fut atteinte lorsque le grand public découvrit dans le film de Jonathan Nossiter, Mondovino, un Michel Rolland jubilatoire « oxygénez ! Oxygénez ! » (Lire ou relire la chronique 3 Questions à Michel Rolland http://www.berthomeau.com/article-16804015.html ) Pour autant, ces hommes de laboratoire soudain projetés en pleine lumière, ces «chimistes»pour leurs détracteurs ou ces alchimistes pour les plus bienveillants, ces faiseurs de miracles, ne négligeaient pas la vigne : dates de vendanges, tri du raisin, foulage et fermentation en lots séparés, suivant l'âge de la vigne, la maturité des cépages, l'emplacement du vignoble... Cependant, selon une tradition française, les amateurs de vin, et surtout les critiques de vin, s’intéressaient assez peu aux travaux de la vigne.

Le mouvement balancier, amorcé depuis quelques années, sous l’influence des préoccupations environnementales, de la recherche de l’authenticité, du fameux lien au terroir, de la « naturalité », prend cette année une ampleur inégalée. Nous vivons un « tous dans les vignes ! » qui peut parfois prêter à sourire car il atteint, surtout dans les vignes des « maîtres aristocratiques » cher à Roger Dion qu’adore notre Jacques Dupont Merveilleux du vignoble, un raffinement digne d’une couveuse pour prématurés.

Pensez-donc, prenons le cas de Cheval Blanc « on a relabouré les sols en profondeur, plus régulièrement, on a modifié la taille, on a changé la surface foliaire... On a beaucoup de très vieilles vignes et cela nécessitait un travail à la carte sur chaque pied afin d’avoir un rapport feuilles/fruits adapté » déclare Nicolas Corporandy à JDMV avant d’ajouter « On identifie chaque pied et son potentiel. C’est assez valorisant car, dès que l’on procède à des réglages, on a une réponse immédiate » pendant que Pierre-Olivier Clouet lui raffine encore « On a la chance d’avoir un vignoble planté nord-sud et on peut donc bien profiter de la lumière en effeuillent le côté levant du soleil. Et on préserve le côté couchant pour ne pas griller les raisins. La qualité du millésime, c’est la floraison très homogène, en un week-end tout était en fleur. C’est la première fois que l’on relève une floraison aussi groupée. C’est, aussi, un arrêt de croissance de la plante au bon moment. »

Ainsi donc voici le responsable technique, le chef de culture, mis en avant, starisé à son tour. JDMV s’enflamme « Que fait la jeunesse ? Du grand vin. C’est un peu caricatural, certes, mais on est frappé par la jeunesse des équipes qui dirigent techniquement les très grands crus. Surtout en rive droite. Pétrus avec Olivier Berrouet, Ausone avec Pauline Vauthier et ici, à Cheval, où ce qu’il y a de plus blanc, ce ne sont pas les cheveux de Pierre-Olivier Clouet et de Nicolas Corporandy. Une équipe en jean et baskets, décontractée mais sacrément au point dans son métier. »

Nous y voilà, après la Silicon Valley voici la Rive Droite Valley avec ses boutures de Steve Jobs super cool, créatives en diable et avec pour viatique sa célèbre adresse à John Sculley de Pepsi Cola le 20 mars 1983 alors qu'il cherche à le recruter et que celui-ci exprime des réserves « Préférez-vous passer le restant de vos jours à vendre de l’eau sucrée ou voulez-vous avoir une chance de changer le monde ? »

Moi qui me suis contenté de décavaillonner les vignes du pépé Louis avec Nénette notre jument – mais nous n’étions que des « petites gens » d’une « viticulture simplifiée » comme l’écrivait le Dion de JDMV – et qui ai usé les fonds de mes culottes à la modeste Ecole d'Agriculture de la Mothe-Achard, taillant le baco ou l'oberlin ou le 54/55 du frère Bécot, ça me ravit et m’enchante plutôt que ce retour à la vigne.

Plutôt que de m’inquiéter des « levures fatiguées qui peinaient à transformer le sucre en alcool » à Haut-Brion je préfère de loin les hymnes à la fleur : une floraison rapide et « les raisins s’aligneront comme à la parade. Grandiront au même rythme et mûriront ensemble ». Et puis, là-dessus, une once de souffrance, légère, au bon moment, pour que le stress dit hydrique s’installât et que la véraison nous donnât de beaux grains de raisin qui ne demanderont plus qu’à être mûrs et sains, en rang tels des premiers communiants.

Même si, par un soudain retour à la mythologie des années 60 pas très jean et baskets « les jeunes merlots » ont des airs de « Bardot en Vichy » et que « les vieux » ont eux des allures de « Pigalle en 15CV, la traction avant au temps de Gabin » comme le déclame « l’œnologue-poète » Jean-François Chêne de Vieux-Château-Certan, il n’empêche qu’ « en 2009, il fallait ramasser les merlots juste au bon moment, avant qu’ils ne soient fanés. C’était le piège dans lequel il ne fallait pas tomber. On pouvait facilement avoir des degrés élevés et perdre tout le fruit du merlot. Les cabernets, eux, pouvaient se faire attendre. » nous dit Nicolas Pejoux de Rausan-Gassies. Normal : « le cabernet-sauvignon c’est le trait de jus de citron sur le turbot » dixit « l’œnologue- poète » de JDMV.

Bref, la culture de la vigne redevient donc un métier de précision, d’observation, de savoir-faire, de maîtrise, où le métier de paysan retrouve ses lettres de noblesse. Oui, à dessein j’ai écrit paysan car, comme l’écrit le philosophe Alain «  Ainsi un paysan peut se moquer d’un agronome ; non que le paysan sache ou seulement soupçonne pourquoi l’engrais chimique ou le nouvel assolement, ou un labourage plus profond n’ont point donné ce qu’on attendait ; seulement, par une longue pratique, il a réglé toutes les actions de culture sur des petites différences qu’il ne connaît point mais dont pourtant il tient compte, et que l’agronome ne peut même pas soupçonner ».

Loin de moi de remettre en cause les savoirs de l’agronome, mais simplement souligner que l’accumulation et la transmission des connaissances, trop souvent formatée par un enseignement magistral, polluée par les conseils « intéressés » de firmes fournisseuses d’intrants ou d’organisations de développement obnubilés par le court terme, doit se nourrir au plus près des ceps, des vignobles surtout dans ceux dont les chantres cultureux nous serinent qu’ils tirent leur prestige et leur notoriété de grands terroirs. Pour autant, tomber dans une forme idolâtrie, de laisser à penser que ce soin, cette précision est l’apanage des seuls « maîtres aristocratiques » des grands crus classés est pour moi une sotie (une farce en français d'aujourd'hui). 

Monsieur Roger Dion, grand géographe, en 1952, ne pouvait que remonter dans le passé et voir « s’opposer comme d’irréconciliables ennemies la viticulture de qualité, pratiquée par des maîtres aristocratiques ou opulents, et la viticulture simplifiée, dont se contente les petites gens » mais s’il revenait arpenter les vignobles d’aujourd’hui serait-il aussi catégorique ? J’en doute fort. Le paysage économique de la vigne a radicalement changé et s’en tenir, même au retour d’une tournée chez les Grands de Bordeaux – et les moins grands aussi, j’en conviens – à une vision manichéenne, confortant les grands dans leur splendide isolement, ce serait donner au grand public une image fausse que ce nouveau soin, ce goût de la précision, ce cousu-main, ne serait que le fait des Grands « grands techniciens, grands moyens, grands hommes, grands terroirs, tout se confond ».

Bien évidemment, je sais compter, mais pour faire court j’écris « de la part des Grands, ce soin, cette précision c’est la moindre des choses, presque l’épaisseur du trait en termes de coût. » Permettez-moi de me référer à un mot qui a – et ça en dit plus long sur notre état d’esprit qu’un long discours – en ce moment très mauvaise presse : la rigueur, pour affirmer que la viticulture de précision est, à tous les niveaux de notre pyramide des vins, à dessein j'évite le mot hiérarchie si représentatif de notre approche du vin, le seul avenir de notre viticulture. En un mot, presqu'un gros mot, lorsqu’on se réfère aux raisins de Château Margaux, de Mouton-Rothschild ou de Latour,  la gestion de la ressource en raisins constitue, comme l'on s'y bien compris les champenois, le socle du devenir de nos vignobles.

Adéquation entre les objectifs affichés et les moyens mis en œuvre, telle est la clé nécessaire, pas forcément suffisante, pour que nos vignes de terroir, mais aussi les autres plus roturières, créées de la valeur, non pour seulement faire survivre les entreprises vigneronnes, mais pour qu’elles investissent et se développent. Ce retour à la vigne, loin de la « tambouille » des chais – le mot est de Stéphane Derenoncourt – débouche sur une forme de moins j’en fais, mieux je me porte, de non-interventionisme en rupture avec les années tout œnologie : « Quand on rentre des raisins parfaits, il n’y a plus qu’à laisser faire et surveiller ».

Retour un peu surjoué du balancier, forme nouvelle de communication, qu’importe ce qui m’intéresse c’est que, par-delà le cérémonial, critiqué par certains, des dégustations primeurs de Bordeaux, nous puissions sortir de nos positions convenues, de nos focus réducteurs, pour tenter d’observer la réalité de nos vignes, de nos hommes – au sens générique – de nos marchés et de nos consommateurs pour que nous cessions de ressasser les mêmes antiennes et que nous cultivions nos points forts : le retour dans les vignes en est un pour la France du terroir – mot intraduisible en anglais donc fort.

Je remercie amicalement Jacques Dupont de son travail de chartiste qui me permet de chroniquer à bon compte confortablement assis sur ma chaise en me fondant sur ses carnets de route (pour la totalité des dégustations www.lepoint.fr ). Si par hasard, les jeans-baskets des GCC me le permettent un de ces quatre j’irai en Richelieu et costar Victoire arpenter leur terroir bichonné... à plus donc... les jeunes pousses : Olivier, Pauline, Pierre-Olivier, Nicolas et les autres... ça a un petit côté Sautet mais de nos jours la nostalgie est toujours à l’ordre du jour...

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 00:12

Converser, échanger, digresser, s’écouter, ici recueillir la parole d’un homme, engranger son expérience, transmettre aux générations futures son histoire, une tranche de vie. Belle ambition que celle de Gilles Berdin qui, chez Elytis www.elytis-edition.com , publie « Autour d’une bouteille avec André Lurton » puis avec Anthony Barton, Christine Vallette et Xavier Pariente, Florence&Daniel Cathiard... Comme vous les savez j’adore les petits livres qu’on peut glisser dans sa poche pour les lire en tout lieu. Alors, lors d’une de mes razzias dans l’une de mes librairies de prédilection, bien évidemment lorsque mes yeux sont tombés sur l’opus de Gilles Berdin 19x10 format des anciens classiques de Bordas (Racine, Corneille, Molière...) je l’ai immédiatement glissé dans ma gibecière.

Converser avec un grand chêne comme André Lurton n’est pas une entreprise aisée car le risque est important de se sentir un peu « écrasé » par son aura, sa forte personnalité, le poids de son expérience, et de s’en tenir à une forme de respect fort compréhensible. Gilles Berdin, sans passer les plats, ne met donc pas trop de piment ou d’impertinence dans la conversation mais, pour autant, j’ai pris du plaisir à découvrir les propos d’André Lurton. Celui-ci se raconte avec un franc-parler peu bordelais qui me plaît. Pour vous donner envie d’acquérir pour 8€ « Autour d’une bouteille avec André Lurton », selon un rituel bien établi sur mon espace de liberté je vous propose un extrait qui, sans être une conclusion, illustre bien la philosophie d’André Lurton : « Faire ! Faire soi-même pour entraîner les autres ! »

Tom 7578

 G.B : que faut-il retenir de vos actions ?

 

A.L : Rien et tout. Je souhaite léguer mon courage d’entreprendre, ma volonté de réaliser, de bâtir. Laisser l’image d’un entrepreneur qui n’arrête pas, qui n’a pas arrêté. Chaque fois j’ai foncé et je n’ai jamais attendu que les autres le fassent pour moi. Il faut faire soi-même pour entraîner les autres. Quand il y a quelque chose de bien, il ne faut pas attendre que d’autres le réalisent à votre place. Entreprendre, oui, il faut entreprendre. Mon grand-père, mon grand exemple, était un entrepreneur né. Il était formidable pour ça, et toute sa vie il fut entrepreneur, créateur, inventeur, bâtisseur. Même si on se trompe, ça ne fait rien, il faut faire quelque chose. C’est un état d’esprit et un état « physique » car il convient toujours de s’accrocher. Il faut avoir le courage et la volonté de faire quelque chose et d’aller jusqu’au bout. Si l’on sent qu’il ‘y a pas de grosses erreurs de commises, il faut aller au terme de son action. Et même si une bévue s’y glisse, il faut rectifier et continuer. Vous montrez ainsi que ce n’était pas ça qu’il fallait faire (rires). Oh, qu’est-ce-que je me suis trompé dans ma vie, ce n’est pas croyable ! Mais c’est comme ça que j’ai pu progresser. C’est l’erreur qui vous permet d’avancer, il ne faut pas la craindre. A condition, quand même, de ne pas trop en faire pour ne pas chuter lourdement.  Tom-7579.JPG

BONUS

1-     Le temps du grand-père Léonce  qui « lisait beaucoup pour s’instruire et voyageait pour voir ce qui se passait ailleurs. Qui après la crise phylloxérique planta des cépages américains non greffés : l’Othello, le Clinton, le Noah, l’Isabelle, le Jacquez. Puis dans les années 1930 planta des hybrides : 7053, 12375, 18 315... Bon administrateur « qui avait une comptabilité analytique étonnante pour l’époque. Il avait fait les plans de toutes les parcelles qu’il avait plantées, avec le nombre exact de rangs de vignes et de pieds. Tous les soirs le chef de culture devait noter et venir lui indiquer le travail effectué : ce qui avait été taillé, levé, déchaussé, etc. »

 

GB : que peut-on retenir de cette époque ?

 

AL : La journée était rythmée au son d’une cloche qui est toujours là, mais ne sert plus. Elle sonnait dès les beaux jours à 5 h du matin pour commencer le travail. Le personnel travaillait jusqu’à 7 heures jusqu’à midi, déjeunait et reprenait le travail jusqu’au soir. Les gens n’étaient pas bien cher payés et habitaient des logements peu confortables dont certains avaient le sol en terre battue, étaient sans sanitaire, avec seulement une cheminée pour faire la cuisine, et il fallait aller au puits pour se procurer de l’eau. Dès que j’ai pris en mains l’exploitation, j’ai rénové tous les logements et construit des maisons neuves.

 

2-    Marcel Blanck l’Alsacien parle d’André Lurton en proposant que « ce serait le moment d’ériger un monument à André Lurton » comme les alsaciens l’ont fait sur sa commune pour Joseph Schwartz « le monument et l’apôtre des grands crus »

 

GB : pouvez-vous, s’il vous plaît, préciser comment vous avez connu André Lurton ?

 

MB : J’ai fait sa connaissance en 1959 à travers les contacts nationaux que je pouvais avoir en tant que membre du CNJA ? J’ai créé en accord avec les instances, un  premier « groupe vin » puis un groupe « AOC » d’où sont sortis tous les hommes engagés dans les régions viticoles : Gérard César en Gironde et Lucien Jacob en Bourgogne, Marc Brugnon en Champagne, Paul Avril en vallée du Rhône... Partout, nous cherchions des personnes susceptibles d’avoir des idées allant vers le progrès et à l’époque, elles n’étaient pas très nombreuses. Bien entendu, à Bordeaux, on ne pouvait tomber que sur un Lurton.

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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 00:00

Pour une fois dans les bars de Marseille, le champagne a détroné le pastis pour fêter le sacre tant attendu de l'OM ! Je vais Droit au But : cette chronique est typique de l'esprit berthomesque : elle va, elle vient et elle revient pour chuter sur l'essentiel : le millésime 93. Bonne dégustation !

 

 

La Bonne Mère veut entrer par le balcon.

Comme un miroir, le tableau reflète le Vieux-Port, quel est le vrai ?

La mer est fraîche, la mer est fresque,

Je m’y baignerais si elle n’était pas si haut perchée.

La belle bleue, label blues,

Charlie Parker se cache dans les bulles de champagne,

La statue me regarde, sur la proue de ma caravelle,

Je traverse embrumé l’océan éthylique. »

 

  Caillou 6477

 

Au hasard, sur un présentoir de cartes postales, ce joli texte de PHIL.G. sur le cul de l’une d’elle à propos d’un bar de Marseille : la Caravelle avec un dessin de Malika Moine ICI  

 

Pour les Flots Bleus le texte est engagé :

 

« Le footballeur sur son mur est fâché.

Tous les matins face à la baie,

Il aimait bien, même par procuration, prendre un café.

Les Flots bleus sont tombés, fauchés par la pelleteuse,

comme lui, le dribbleur par un arrière dépassé.

Le footballeur est fâché, carton rouge

aux massacreurs de tibias et de troquets.   

 

  Chou-6483.JPG

 

« Marseille, tais toi Marseille, Crie pas si fort, Je n'entends pas claquer, Les voiles dans le port… » chantait Colette Renard à l’aube des années 60 ; la pauvre, c’est elle qui s’est tue ringardisée par l’irruption des yéyés.

 

 
 

Rassurez-vous je ne vais pas vous faire un speech sur la seconde ville de France, en effet elle ne m’inspire guère car mes souvenirs s’y arrêtent à Gaston Deferre.

 

Bien sûr, je pourrais tout de même consacrer un petit couplet au cube de savon de Marseille dont les lavandières de ma jeunesse faisaient un large usage pour blanchir le linge.

 

Mais que voulez-vous, alors que la poudre à laver le linge est inventée par le Marseillais Ronchetti, personne n’y croît à Marseille, sauf l’anglais Lever qui pratique l’intégration verticale : plantations d’oléagineux, compagnies de navigation, usines, d’ailleurs en 1913 il rachète des savonneries marseillaises. Procter&Gamble débarquera à Marseille et rachètera Fournier-Ferrier, le savon « Le Chat » entamera une nouvelle vie jusqu’à devenir une marque phare de Henkel.

 

Les multinationales se substituent aux grandes dynasties traditionnelles « elles comptaient plus sur la spéculation et le négoce que sur l’esprit d’industrie et d’entreprise. » Et puis ce sera l’heure des délocalisations, en France d’abord : Nantes, Reims… le savon de Marseille, comme le jambon de Bayonne, peut se faire partout, ce n’est qu’un procédé de fabrication à 72% d’acide gras mal défini. Reste à Marseille, avec le retour à la nature et la défense de l’environnement, le savon « écologique »

 

Reste la divine surprise pour Marseille, qui tourne toujours avec jubilation son cul à Paris, après pas tout à fait 20 ans de disette, d'un titre de champion de France de son O M. chéri acquis dans la dernière ligne droite avec pour seule menace l'increvable AJ Auxerre, qui n'est plus de Guy Roux mais semble toujours renaître de son terroir, et l'essoufflement des grosses cylindrées confrontées à la Champion's League : l'OL et les Girondins. Après Laurent Blanc c’est au tour de Deschamps dit Dédé, d’inscrire son nom au palmarès. Pour les tricolores ils devront se contenter de Raymond « la semelle » mais la question du jour n’est pas là.

 

 

Alors où est-elle me direz-vous ?

 

Dans le millésime 1993 qui s’annonçait exceptionnel : première Coupe des Clubs champions, un nouveau titre de champion de France en ligne de mire, et puis patatras tout se termine en un quasi-vaudeville à la française dans le jardin des beaux-parents de Jean-Jacques Eydelie.  « Laisser filer » le match en échange de queues de cerises, tout juste de quoi payer un cadeau d’anniversaire pour Ribéry.

 

Tout ça c’est de l’histoire ancienne mais qui se souvient de ce pauvre Jacques Glassmann, celui qui a osé cracher le morceau ?

 

Rien qu’un sans-grade de l’US Valenciennes-Anzin ostracisé ensuite par le milieu.

 

Je ne vais pas ternir la fête sur la Canebière mais, lorsque je lis la pauvre prose de plumitifs sportifs « Dix-huit ans qu'ils attendaient ça. Dix-sept diront les supporters les plus endurcis, qui n'ont toujours pas digéré le titre retiré au club en 1993 suite à l'affaire VA-OM. », je ne peux  m’empêcher de penser que lorsque les bornes sont dépassées y’a plus de limites à la connerie. Reste à avoir une pensée pour RLD, si souvent vilipendé par les fameux « supporters les plus endurcis », sans qui l’OM aurait sans doute continué à végéter dans l’anonymat. Avant de me faire étriper par eux je lève mon verre au Dédé qui n’est pas du genre à monter sur le tonneau pour faire la calamantran. Comme quoi pour faire gagner Marseille il faut soit être belge ou bayonnais...

 

 

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