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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 00:09

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Non, non je n’ai pas oublié le Beaujolais mais le temps m’a manqué. Mais c’est justement du temps qu’il faut donner à ce vignoble pour qu’il prenne au mieux le grand virage qu’il a commencé d’amorcer. Profitant de ce que les mois d’été, août en particulier, laisse du temps pour lire je vous propose quelques trouvailles dénichées chez un bouquiniste des quais de la Seine. Le livre a été publié en 1989, moi à cette époque je sortais de passer 3 années à la SVF de Gennevilliers et le Beaujolais Nouveau je connaissais...

 

Lecture passionnante je puis vous l’assurer.

 

« Cet homme est savoureux ! Né en 1904 au sein d’une famille vigneronne ancrée à Charmelet, Beaujolais-sud, depuis 1732, Louis Bréchard, dès les années 1960 et jusqu’à sa retraite récente (note personnelle il est décédé le 18/09/2000, il a été député Indépendants&Paysans, le parti d’Antoine Pinay du  30/11/1958 au 09/10/1962), a véritablement incarné le beaujolais. Ce replet agile, grand comme Napoléon, allure de chanoine gourmand, regard narquois embué d’indulgence, a passé sa vie à défendre le vin chéri du pays natal, en amont contre le laxisme du vigneron saisi par la grosse tête, en aval au bénéfice du consommateur candide qu’il fallait honnêtement informer. Devenu nonce itinérant de l’Eglise Beaujolaise Universelle, il a par son charisme à l’éloquence rocailleuse et charnue, mérité le totem affectueux de Papa Bréchard !


Sillonnant le monde, verre de pèlerin en main, pour les pédants des papilles qui goûtent avec la tête autant qu’avec le bec, il reste au beaujolais ce que fut la madeleine de Proust. Et pour tous, simples usagers ou fanas de la dalle en pente, il a été l’image du beaujolais qui est aussi une certaine image de la France. Peut-être pas la plus émouvante mais à coup sûr la plus fraternelle, la plus réjouissante et d’une rare efficacité. Un modèle pour les troupes guindées du Quai d’Orsay qui gagnerait à recruter dans le vignoble. Papa Bréchard ? Nul mieux que lui ne parle du primeur qu’il a largement aidé à percer. Papa Bréchard c’est pépé-Primeur ! [...]


C’est maintenant Papa Bréchard qui parle :


« Mais revenons à nos feuillettes. Longtemps, nos vins ont pu se contenter de n’être que de bons petits vins faits pour la carafe et le café. Sensible au charme « écologique » eu barriquaillage qui lui donnait la promesse d’un vin authentique de vrai vigneron – en direct du producteur au consommateur – la clientèle, essentiellement locale, pardonnait la faiblesse ou la rusticité de ce beaujolais de bonne franquette. Par exemple je me souviens de vin livré dans la précipitation et qui démarrait sa « malo » au comptoir, cette malo dont on ne savait pas grand-chose alors, sinon qu’elle faisait un temps le vin revêche et amer, quasi imbuvable et que l’on appelait seconde fermentation. Eh bien, personne ne se fâchait, on supportait cet avatar provisoire avec constance, comme une maladie infantile, la rougeole ou la varicelle, dont le vin sortirait plus fort et meilleur qu’avant. Essayez donc maintenant d’écouler du beaujolais qui n’aurait pas fait sa malo !


Avec la mise en place progressive du négoce qui a considérablement élargi les zones de diffusion de nos vins, mais aussi gommé le folklore, la clientèle frustrée de barriquaillage pittoresque, a retrouvé le goût juste et sans indulgence, elle exigé du primeur mieux élaboré, plus étoffé. Bon gré mal gré le vignoble a suivi pour le plus grand bien de tous. Les vignerons décidés à faire du primeur, ou ceux qui n’avaient pas de meilleure alternative – je pense surtout aux miens, ceux du Sud – se sont appliqués. Ils ont démontrés, nonobstant les tentatives ultérieurs d’autres vignobles attirés par la poule aux œufs d’or, que l’association terroir beaujolais/gamay noir à jus blanc, donnait par vocation et quand on le voulait bien, le meilleur primeur rouge du monde, souvent imité, rarement égalé, jamais dépassé et croyez-moi, c’est pas de la réclame mensongère...


On fit tant et si bien que le primeur est, en quelque sorte, devenu une appellation officieuse dans l’appellation beaujolaise. Conséquence plaisante, Chiroubles, Brouilly, tous les crus ont pu dans l’esprit du consommateur, se démarquer du simple label beaujolais puisqu’ils ne font pas le vin en primeur, prendre leur essor, s’imposer comme beaujolais haut de gamme porte-drapeaux de l’appellation. Conséquence plus préoccupante pour les beaujolais et beaujolais-villages classiques, coincés entre la notoriété universelle des primeurs et des crus. Sans image de marque précise, pour eux la partie se compliquait, elle l’est toujours hélas, et de plus en plus au fur et à mesure que le primeur gagne des parts de marché. » [...]


Papa Bréchard, l’homme de la conquête, l’artisan le plus populaire du Beaujolais primeur dresse un tableau impressionnant :


« En 1960, nous faisions 40 000hl de primeur, à peine 10% de la récolte, mais une idée mûrissait, suscitée par le succès du meilleur Pot, celle de lancer le primeur en faisant du 15 novembre la Fête Nationale di vin nouveau, une sorte de 14 juillet vinicole, avec en guise de Bastille à prendre, la bouteille de beaujolais-nouveau partout présente, et en guis d’objectif, 100 000 hl de primeur annuellement. Une idée qui s’est révélée fabuleuse, jaillie de conversations auxquelles assistait en les animant, le « jeune » Gérard Canard, engagé comme secrétaire et vite devenu directeur de l’UVIB. C’est lui qui, à mon avis, avec sa conviction contagieuse, ses relations, son sens inné de la propagande, a conçu, permis et réussi le grand lancement. En 1968, année de grands lancements, si vous vous souvenez. Du côté négoce, Duboeuf et quelques autres ont aussi foncé. A partir de 1968, le primeur a commencé de submerger le monde.


100 700 hl soit 17% des 607 000hl de la récolte 1970.

576 000hl soit 53% des 1 039 675 hl de la récolte en 1986.


Cela donne le vertige, il faudrait bien se fixer des limites. Quand on pense aux rendements, grimpés des 25hl/ha de ma jeunesse aux 66 hl/ha moyenne courante actuelle... un jour on nous critiquera la qualité, et on aura raison. Même les progrès de la viticulture, de l’œnologie ne permettent pas de tels rendements sans qu’on fasse pisser la vigne. Elle risque de se venger. Ah, les jeunes de maintenant disent tous : diminuons les rendements au profit d’une meilleure qualité. Bravo ! Mais au moment de vendre, ils exhibent deux beaujolais et prétendent vendre plus cher le bon et moins cher le moins bon. En somme ils produisent deux sortes de beaujolais. Eh bien moi je leur dis qu’il ne faut pas démolir l’image de marque du beaujolais que nous leur léguons : un vin populaire, accessible à tous et rudement bon. Pas de beaujolais primeur à deux vitesses, l’un cher et savoureux, l’autre médiocre et bradé. Que les commissions d’agrément fassent leur boulot et il n’y aura que du bon, bien typé et vendu un bon prix. Pour la sophistication du vignoble, pour ceux qui veulent se faire plus grand qu’un bourgogne, il y a les crus, nos champions qui s’y emploient, souvent avec bonheur. La preuve, un Moulin-à-Vent coûte 80% de plus qu’un beaujolais-village, le Juliénas 40% de plus que le Quincié. Là c’est justifié !


Le beaujolais n’est pas un produit industriel, et le vigneron beaujolais ne gagnera pas son argent en jouant sur la quantité. Voilà, c’est mon conseil, peut-être le dernier, à mes successeurs. »

 

Tiré du livre de Georges Duboeuf « Beaujolais vin du citoyen » par Henri Elwing chez JC Lattés

 

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 00:09

Ce matin je prends des risques insensés. Avec un tel titre ce cher Dr Batel et tous nos bons protecteurs de l’ANPAA vont crier à la provocation, m’accuser d’inciter notre belle jeunesse à la débauche et jeter mes chroniques dans les braises rougeoyantes de l’index de la santé publique. Et pourtant que fais-je d’autre que de citer un auteur : Georges Picard, publié chez un bel et confidentiel éditeur : José Corti www.josecorti.fr dont l’ouvrage « Du bon usage de l’ivresse » a pu voir le jour grâce à l’aide du Centre National du Livre. Vous imaginez un peu la tête de la Roselyne – notre mère fouettarde des vestiaires – si elle savait que le Frédéric, qu’à un nom qui fait frémir les belles âmes dans les salons, il finance avec des petits ronds à nous un tel ouvrage. Une goutte d’eau, si je puis m’exprimer ainsi, face au grand tonneau des Danaïdes de l’ANPAA.

Un extrait de cet opus : le premier chapitre Boire au corps vivant. Je signale à ceux qui m’attribuent toutes les positions évoquées sur mon espace de liberté que ce qui suit n’est pas de moi mais de la plume de Georges Picard présenté ainsi par son éditeur « Georges Picard est de ces écrivains qui jouent le sens de leur vie dans la littérature et y sacrifie leur existence sociale. Fils d'ouvrier, employé dans une usine à sardines puis journaliste à «60 millions de consommateurs», Georges Picard est l'auteur de quinze livres à la musique délicate. Il est un peu notre Cioran, l'amertume et le goût du désastre en moins. Comme le génial ­Roumain, il a sacrifié dans sa jeunesse à l'illusion de changer le monde par la violence, avant de devenir athée en politique. Comme lui, il a beaucoup vagabondé à travers la France, à vélo et surtout à pied, pour tenter de trouver un sens à sa vie. Enfin, il a préféré le retrait aux tapages médiatiques et vit comme un anachorète en plein Paris, dans son appartement du XVe arrondissement » Donc, comme vous pouvez le constater, rien à voir avec ma petite personne.

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Tous les royaumes pour une coupe de vin précieux Omar Khayyâm

 

« Il ne m’est jamais arrivé de croire que l’ivresse soit un moyen de combattre l’ennui pour la raison que je ne m’ennuie guère, très peu souvent et jamais longtemps. Mais que l’ivresse soit plus un moyen qu’une fin n’est pas absolument prouvé. On peut avoir envie de s’enivrer sans véritable raison, ou pour la raison légère de se sentir léger. Boire procure une illusion éphémère qui n’est pas sans agrément. Mais peut-être y-a-t-il quand même autre chose de plus dans ce désir d’étourdissement. Je ne suis pas du genre à rouler sous la table, ni même à picoler très souvent. Trop boire tue la soif et anesthésie les sensations fines.

Mauvais chemin. Il faut plutôt se mettre en disposition et s’arrêter très vite en évitant les alcools forts qui abrutissent *. Un verre de bon vin a ma préférence. J’affirme qu’il est d’une grande conséquence de s’enivrer qu’à un moment choisi, après s’être débarrassé de ses soucis car, à les prendre avec soi, on est à peu près sûr de les excéder jusqu’au pessimisme. Mieux vaut s’enivrer quand on est heureux ; la tristesse déteint partout et décolore tout. Le vin triste est une malédiction. L’ivresse permanente aussi, je le soutien contre Baudelaire et son comminatoire : « Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question ». Certes, il précise qu’on peut s’enivrer « de vin, de poésie ou de vertu, à votre guise » - mais l’ivresse permanente, même l’ivresse de poésie est soûlante à la longue. Je prends le contre-pied de cette curieuse hygiène existentielle, d’un romantisme quelque peu exalté, quoi conduirait, si on pouvait l’appliquer, à une espèce de folie monotone et vite retombante. L’idée serait plutôt de s’enivrer rarement pour conserver de la fraîcheur aux sensations aériennes et colorées que procure une ivresse maîtrisée. Ce n’est pas tout à fait un art, ni même une technique ; c’est presque déjà une esthétique. Peut-être suffirait-il de s’enivrer dix fois dans sa vi, à condition de préparer ces expériences et d’en exploiter ensuite intensément le souvenir. L’époque ne nous y prépare guère qui nous voue au quantitatif, à la répétition boulimique et morose de la consommation répétitive. S’enivrer : vous voulez dire se soûler, se beurrer, se torcher ? Qui croit que se cuiter étanchera jamais une certaine soif peut cuver sans moi. Non que je sois moi-même toujours capable d’une telle économie vitale : je ne peux qu’envier les vrais épicuriens, puristes du plaisir mesuré. Comme la majorité des gens, sans doute, je goûte mal à la vie, faute d’un clair parti pris. Quand on ne peut contraindre ses appétits, au moins devrait-on avoir la ressource de les déchaîner à la façon rabelaisienne, buvant « pour la soif advenir et éternellement ». Au lieu de quoi, nous buvons la plupart du temps sans authenticité ni conscience, rarement à la bonne mesure. Comment tirer philosophie de ce train médiocre ? Si les Dieux n’ont plus soif, c’est que nos libations ne les sollicitent plus. Les dieux antiques s’enivraient pour exalter le lyrisme surnaturel de leur état. En contrepartie, les hommes s’enivraient pour glorifier les dieux et participer à la griserie dionysiaque de la Création. C’était le temps héroïque des ivresses magiques. Dans un monde matérialiste, l’hydromel est un breuvage de dupe. Quand au sang du Seigneur, il y a belle lurette qu’il n’irrigue plus que les esprits complaisants envers un sacré de routine. Même la dive bouteille provoque des aigreurs aux derniers fidèles de Bacchus. Boire a été rabaissé à un acte social et économique, provoquant des injonctions hygiéniques dont le but déclaré est la préservation de l’équilibre de la Sécu. Pour le dire clairement, je me fous de la santé publique. Cette santé-là n’est qu’une affaire de statistiques pour laquelle les corps ont la minceur d’unités arithmétiques. Je préfère boire ay corps vivant, chaud, frissonnant, éphémère, singulier. Le sacré, c’est la réalité de ce corps qui passe – si présent et bientôt éternellement absent. Je n’en vois pas d’autre. »

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27 juillet 2010 2 27 /07 /juillet /2010 00:09

En mes jeunes années de sauvageon qui allait à l’école j’ai toujours eu un faible pour la géographie car elle me permettait de voyager, d’explorer les espaces inconnus, de rêver, d’abreuver mon imaginaire. Que voulez-vous Irkoutsk, Zanzibar, Macao, Tamanrasset, Kenitra, Buenos-Aires, même si Jules verne et Saint-Exupéry y étaient pour quelque chose, ça étirait les limites du canton de la Mothe-Achard et ça fleurait un exotisme bien plus torride que le remblai de la plage des Sables d’Olonne.


Alors lorsque la collection « Autrement » dont je suis un vieux lecteur – c’est grâce à elle que j’ai découvert par exemple Kathrine Kressmann Taylor avec sa nouvelle « Inconnu à cette adresse » publiée en 1939 dès sa parution en France en 1999, un succès énorme 600 000 exemplaires, un choc – publie l’Atlas mondial des vins la fin d’un ordre consacré sous la signature de Raphaël Schirmer et d’Hélène Velasco-Graciet, deux géographes de l’Université Montaigne Bordeaux III, avec une belle cartographie d’Aurélie Boissière, ma truffe de fouineur flaire la bonne pioche. Avec Raphaël Schirmer, au temps où il était parisien, j’ai animé un café-géo sur la mondialisation du vin au Festival International de Géographie de St Dié (l’ami Bernard nous avons gracieusement offert quelques bouteilles de son vin du Chili). Bref, je vous assure que cet Atlas est de la belle ouvrage. C’est bien documenté, c’est ludique, c’est attrayant, tout le contraire de la littérature rasoir des universitaires. C’est une somme légère. Une telle publication ne peut que contribuer à faire découvrir l’univers du vin à un large public. Elle participe à mon obsession d’extension du domaine du vin. Articulée autour de V chapitres : l’histoire de la vigne et du vin, une nouvelle configuration mondiale, les acteurs du vin, démocratiser la consommation du vin et les nouvelles dynamiques elle est à mettre entre toutes les mains.


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Oui nos jeunes géographes ont vraiment du talent alors saluez-le en achetant leur Atlas mondial des vins  aux éditions Autrement 17€. Pour vous donner un avant-goût, comme c’est la tradition sur mon espace de liberté je vous offre l’un des articles qui me plaît : « L’invention des terroirs »

 

« La question essentielle de la qualité d’un vin a trait au terroir. Il existerait des vins de terroir, dotée d’une qualité donnée par la nature, et des vins technologiques, a-géographiques, dont la qualité serait construite pour satisfaire les consommateurs.


Les qualités naturelles de la vigne


On connaît la capacité de la vigne à coloniser des milieux naturels très divers : elle s’implante dans toutes les familles de relief, à l’exception des zones trop marécageuses ou trop acides et des climats trop extrêmes. La vigne prospère en effet entre 30° et 50° de latitude Nord et 30° et 40° de latitude Sud, soit dans le domaine méditerranéen et le sud de le zone tempérée jusqu’aux régions subdésertiques à condition qu’elles soient irriguées. Elle supporte aussi l’altitude. Preuve en est son implantation dans le Valais suisse (1100m) ou la Bolivie (2500m). Mais l’histoire des vignobles européens témoigne que la qualité des vins ne dépend pas exclusivement du sol et du climat. Lorsqu’on regarde le développement des vignobles de l’Ancien Monde, le terroir apparaît plus comme une affaire d’hommes que de nature. Le Clos de Vougeot, situé dans une zone climatiquement moins propice, atteste de cette construction humaine.


L’origine commerciale des grands vignobles


Pour expliquer la localisation des grands vignobles, il faut donc considérer les dimensions sociale, politique et économique. Les quatre grands vignobles européens (italien, français, espagnol, portugais) ont en commun leur origine urbaine. Leur émergence et leur développement sont liés à la capacité des notables d’une ville à défendre leurs produits, à nouer des liens commerciaux et politiques avec le monde extérieur pour s’assurer une rente. Dès le XIVe siècle, les vins de la vallée du Douro sont acheminés vers Bruges, Rouen ou Honfleur ou Londres. La situation géographique joue aussi bien sûr puisque l’accès aux voies fluviales ou maritimes constitue un atout pour Bordeaux et Porto, contrairement à Florence ou Logroño.


Une construction historique et politique


La vigne et son terroir sont aussi soumis aux aléas de l’histoire. Le vignoble bordelais aurait-il connu le même développement si Aliénor d’Aquitaine n’avait pas épousé Henri II et si la prise de Rouen en 1152 n’avait pas privé les Anglais des vins de l’Ile-de-France ? Le Porto aurait-il connu le même succès en Angleterre si Colbert n’avait pas taxé les importations anglaises à partir de 1667 entraînant le boycott des clairets bordelais ? À nouvelles clientèles, nouvelles demandes et les vins proposés se modifient. Ainsi, pour satisfaire le « goût anglais », les méthodes de vinification se perfectionnent et le mutage apparaît dans la vallée du Douro.


Le « terroir », une marque


Progressivement, le terroir se dessine, prend un nom défendu par des règles et des normes. L’appellation garantit l’origine du produit proposé et permet de lutter contre les fraudes et les contrefaçons. Les privilèges de Bordeaux au XIIIe protègent les vins de la ville de ceux des bassins viticoles de la Garonne et de ses affluents. En 1716, les régions viticoles du Chianti, Pomino, Carmignano et Val d’Arno dont délimitées. En 1756, le marquis de Pombal, Premier Ministre portugais, délimite la région viticole du Haut-Douro et impose des conditions rigoureuses de production.


Les terroirs sont inventés en convoquant des savoir-faire historiques et finissent par se figer autour de zones délimitées, codées économiquement, socialement et symboliquement. Ainsi les AOC* du Cognac fon fi des limites géologiques car c’est la proximité du marché qui joue : plus on est proche de la ville, plus la qualité du vin est grande (grâce aux investissements), ce qui donne une zonation concentrique. La prégnance de la longue histoire qui les a fait naître a donné l’illusion aux hommes que les vins qu’ils produisaient étaient une sorte d’offrande de la nature et qu’ils étaient donc des vins de l’offre. La diffusion des vins liquoreux européens souligne le caractère mouvant de leur localisation ne dépendant pas seulement de la nature des sols. »

 

Note du rédacteur à mes amis géographes :

* les vins produits dans la région délimitée de Cognac ne sont pas des AOC mais des vins à brûler qui produisent l’AOC Cognac qui est unique et ce sont les crus : Borderie, Grande Champagne, Petite Champagne, Fins Bois, Bons Bois et Bois Ordinaires qui obéissent à une logique économique avec une zonation concentrique autour de la ville de Cognac.

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24 juillet 2010 6 24 /07 /juillet /2010 00:09

La 13ième étape du Tour 1950 partait de Perpignan pour gagner Nîmes. Cagnard d’enfer sur un parcours tourmenté égrenant les vignobles du Midi Viticole. Deux larrons de l’équipe d’AFN (l’Algérie est alors française et le Tour se court par équipes nationales et régionales) Marcel Molinès et Abdelkader Zaaf attaquent et prennent une large avance : jusqu’à 16 minutes et leur échappée semblait les mener à joindre l’arrivée où la victoire se disputerait au sprint. Zaaf lâchait Molinès mais, « assoiffé, se saisissait d’un bidon tendu par un spectateur. Malheureusement pour lui celui-ci contenait du vin. Coup d’assommoir pour le coureur qui, après s’être désaltéré, légèrement titubant, reprenait son vélo et repartait en sens inverse. » C’est donc Marcel Molinès qui ralliait Nîmes en vainqueur avec 4 minutes 30 d’avance sur le peloton comprenant Stan Ockers et le futur vainqueur le suisse Ferdi Kubler.

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Légende que tout cela, la chaleur, la fatigue et surtout l’ingestion d’amphétamines Zaaf a été victime d'un malaise et il s'est écroulé au bord de la route. Des vignerons qui se trouvaient là l'ont adossé contre un platane (voir photo ci-dessous) et comme ils n'avaient pas d'eau sous la main l'ont aspergé avec du vin. De plus Zaaf en bon musulman pratiquant ne buvait pas de vin ça ne l'empêchait pas de poser avec un verre de St Raphael à la main). Ayant retrouvé ses esprits, ou presque, enfourchait son vélo mais repartait en sens inverse. L’organisation étant ce qu’elle était à cette époque, on ne sait trop comment il se retrouvait nez à nez avec la voiture-balai. Sans doute le peloton était passé devant son platane pendant son malaise. Il empestait la vinasse d’où cette histoire qui fit le bonheur des salles de rédaction. Bonne pioche, devenu populaire il fut invité  à de nombreux critériums d’après-Tour. Et comme en 1951 il s’octroyait la lanterne rouge du Tour Abdelkader Zaaf entrait dans la légende de celui-ci.

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Pour les amateurs de statistiques : 48 français se sont octroyés la lanterne rouge, devant les belges 13 fois mais ceux-ci détiennent le record pour un seul coureur Wim Vansevenant lanterne rouge en 2006, 2007 et 2008, les bataves 9 fois, les italiens 8 fois, les suisses 5 fois, les espagnols 3 fois, les allemands, les anglais et les danois 2 fois, les ressortissants du Portugal et de la Biélorussie 1 seule fois. Rarement les lanternes rouges  sont passées à la postérité mais certains, tel le breton Joseph Groussard frère de Georges porteur du maillot jaune 9 jours consécutifs en 1964, étaient de bons porteurs d’eau aimés par le public. Le Tour de France était une vraie fête populaire où les coureurs, même s’ils usaient de remontants, pouvaient être qualifiés de « forçats de la route »

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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 00:09

Inutile de vous présenter Michel Chapoutier. http://www.berthomeau.com/article-michel-chapoutier-l-homme-qui-adore-l-art-premier-et-la-tete-de-veau--43450706.html   Comme souvent ses prises de position sur ce sujet sensible vont sans doute provoquer quelques turbulences dans les branches de sassafras du monde du vin. Libre parole amène le débat et, comme le hasard des réponses veut que Michel s’adresse à son ami Christian, libre à celui-ci de relancer la balle : mon espace de liberté est fait pour de tels échanges entre gens de bonne compagnie. Sans plus attendre la parole est donnée à Michel Chapoutier.

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1ière Question : Le règlement du Conseil des Ministres du 29 avril 2008 prévoit dans son Titre V : Potentiel de Production un Régime transitoire des droits de plantation qui débouchera en 2015 sur leur extinction. Michel Chapoutier, en tant président du syndicat des négociants de la Vallée du Rhône, que pensez-vous de cette libéralisation ?

 

Michel Chapoutier : Je réponds à cette question en tant que Président des négociants de la Vallée du Rhône mais aussi en tant que Président de la commission des négociants producteurs à l’AGEV. J’insiste sur ce point parce que nous avons tendance à oublier qu’un nombre significatif de négociants est aussi producteur (beaucoup de négociants sont à l’origine des producteurs qui sont devenus négociants dont la partie négoce est devenu majoritaire). J’ai toujours été convaincu qu’un négoce producteur comprend les problèmes de la production. Comme je l’avais dit à certains producteurs dans une réunion professionnelle parisienne, « vous avez le négoce que vous méritez». Cela avait un peu choqué, mais j’entendais par ces paroles : les régions où la production a voulu tenir de manière très insistante le négoce à distance du foncier. Souvent, en période de crises, le négoce a moins « joué le jeu » car il se sentait moins impliqué dans la problématique économique et foncière de la production. Les régions comme la Vallée du Rhône Septentrionale, où le négoce est fortement et historiquement producteur, sont des régions qui ont très peu connu les crises. A plusieurs reprises nous avons approché l’AGPV (l’association Générale de la Production Viticole) pour demander que le négoce puisse aussi être intégré dans les tables de discussions. Et là systématiquement, une fin de non-recevoir  a été évoquée.

Nous sommes donc face à deux constats :

-          Le négoce a eu toutes les peines du monde à se faire entendre pour pouvoir participer en tant qu’acteur dans le développement du foncier viticole.

-          Le principe d’attribuer des droits sur une logique de production en occultant la logique de commercialisation a probablement contribué, plus fortement que nous le croyons, aux crises de surproduction. Il est bien entendu concevable qu’un jeune puisse et doive être aidé et soutenu lorsqu’il souhaite s’installer (logique de production).

Mais cette approche unilatérale aurait du également intégrer une phase de soutien de la capacité de frappe commerciale. Donc, le système ayant montré ses limites, et face à l’impossibilité pour le commerce de pouvoir se faire entendre par la position hégémonique de la production sur des principes légaux, la libéralisation des droits semble être enfin une alternative nécessaire.

 

2ième Question : Vous avez bien conscience, Michel Chapoutier, que votre position va à contre-courant de la position unanime des organisations de producteurs qui demandent au Ministre de l’Agriculture de faire revenir la Commission de l’UE sur cette position. Dans l’hypothèse où un régime de droits de plantation serait à nouveau en vigueur au-delà de 2015 qu’est-ce qui doit changer pour qu’il vous satisfasse ?

 

Michel Chapoutier : La seconde question stipule bien : « dans l’hypothèse où un régime de droits de plantation serait à nouveau… » car l’OCM me semble avoir été actée. De ce fait, il ne me parait pas être à l’ordre du jour de revenir sur ce principe. Bien entendu, je suis un fervent défenseur du principe interprofessionnel et donc de l’autonomie de décision des interprofessions. S’il est possible d’envisager une voix dérogatoire par des accords interprofessionnels, il faut que nous commencions réellement à accepter le principe de mise en adéquation des possibilités de plantation avec les potentiels, besoins et demandes des marchés. Il faudrait également qu’au lieu de considérer l’unité quantitative de production par appellation, nous la considérions par acteurs. Pourquoi sanctionner, dans des appellations en difficultés, des acteurs hautement qualitatifs qui eux n’ont pas suffisamment de droits de plantation pour satisfaire de fortes demandes ? Si le plus gros acteur d’une appellation a des problèmes d’écoulement de ses stocks ; est-ce normal de sanctionner toute l’appellation au nom des stocks moyen de cette appellation ? N’est-ce pas le nivellement par le bas ?

Je sais que mon ami Christian Paly le Président de mon interprofession, défend le principe dérogatoire sur les droits de plantations par l’approche interprofessionnelle. Pour cela il m’a donné comme exemple le principe des accords sur les rendements. C’est sur ce point que mon avis diverge. « Chat échaudé craint l’eau froide ». Nous ne pouvons pas parler d’accord interprofessionnel sur les rendements. Nous n’avons connu, à aujourd’hui, uniquement des choix unilatéraux de la propriété, proposés en acceptation au négoce. Si ce dernier était d’accord, la situation était parfaite. Et si tel n’était pas le cas, le désaccord était simplement annexé au Comité National de l’INAO, sans possibilité pour le négoce de peser dans cette décision sois disant interprofessionnelle. Donc dans ce principe, je n’encouragerai pas le négoce à se laisser endormir par ce risque de « duperies ».

 

3ième Question : Une vraie gestion interprofessionnelle dites-vous mais, comme vous êtes à la fois négociant et producteur je sais que sur la répartition des droits de plantation vous développez des propositions qui risquent de mettre un peu d’animation dans le Landerneau viticole. C’est l’une des fonctions de mon « espace de liberté » Michel Chapoutier. À vous !

 

Michel Chapoutier : Finalement, ma proposition face à ces constats est simple : ou libéralisation totale des droits de plantation, ou des droits de plantation sont proposés qui devraient être partagés de manière proportionnelle entre le négoce et la propriété. La propriété resterait souveraine dans son choix d’attribution (jeunes agriculteurs, etc. …), et le négoce pourrait rester  souverain et cohérent avec sa philosophie. Nous attribuerions des droits en priorité aux acteurs qui exportent, embauchent et se développent, etc. … Je n’entends pas par là que le négoce récupérerait un pourcentage équivalent à sa part de commercialisation pour seulement agrandir ses capacités de productions. Non, le négoce pourrait utiliser ces droits pour les  redistribuer aussi en direction de la production en accompagnement de contrats à long termes. Un des problèmes chroniques sur le sujet des contrats d’approvisionnement est, comme l’Arlésienne, nous en parlons beaucoup mais que nous ne voyons presque jamais. La LMA encourage en plus la concrétisation de la contractualisation. Dans cette logique Le négoce pourrait donc, en échange de contrats long terme, redistribuer ces droits aux contractants de la production. Ainsi la production participe activement au côté du négoce aux potentiels de croissance. Ainsi  nous orientons les droits de l’allocation du négoce, vers ceux qui ont déjà les capacités d’écoulement et de développement, vers ceux qui savent se donner les moyens de se développer par de l’engagement long terme et par de la contractualisation

 

 

 

 

 

 

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21 juillet 2010 3 21 /07 /juillet /2010 00:09

Depuis 1976, l’Union Européenne en matière de plantation nouvelle de vignes vit sous un régime général d’interdiction de planter qui souffre des exceptions, gérées au niveau des états membres (en France via les syndicats de défense devenus des ODG et l’INAO et l’ex-ONIVINS fondu dans FranceAgriMer), pour les vignobles de vins à Indication Géographique : AOC et Vin de pays dans l’ancienne terminologie. L’organisation commune des marchés (OCM unique) prévoit, qu’au-delà du 31 décembre 2015, avec possibilité pour les Etats membres de le maintenir pour tout ou des parties de leur territoire jusqu’au 31 décembre 2018, le régime dit des droits de plantation sera supprimé.

 

Cette décision communautaire, outre qu’elle permettra aux Vins sans Indication Géographique – auparavant dit Vins de Table – qui n’en bénéficiaient pas, de faire croître leurs superficies plantées, va aussi induire une dérégulation qui peut s’avérer dommageable dans les aires d’AOC où les surfaces non plantées sont, dans beaucoup de régions, équivalentes à celles plantées. Le Ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, en confiant à Madame Vautrin, députée de la Marne, une mission sur « les voies et moyens d’une nouvelle régulation » a remis l’ouvrage sur le métier. Ayant participé à ce travail je ne puis m’exprimer sur la question.

 

Pour vous informer j’ai donc décidé de donner la parole à 2 acteurs majeurs de la vallée du Rhône : Christian Paly et Michel Chapoutier. Deux fortes personnalités qui se côtoient au sein d’Inter Rhône. Le questionnement a été réalisé sans communication entre les deux interviewés et j’ai attendu la réception des deux avant publication. L’ordre de passage est celui de l’arrivée des réponses. Il va s’en dire, mais ça va mieux en le disant, que les propos que vous allez lire aujourd’hui et demain, n’engagent que leurs auteurs et les organisations qu’ils représentent. Telle est la fonction de mon « espace de liberté » et, bien évidemment, il reste ouvert à tous ceux qui souhaiteraient contribuer au débat.

 

Aujourd’hui donc, la parole est donnée à Christian Paly qui a présidé au devenir de la CNAOC juste avant l’ami Pierre Aguilas. Etant donné que c’est un jeune homme, et que je suis moi une barbe grise, nos routes ne se sont que peu croisées lorsque j’étais aux manettes. Christian Paly a du talent, pugnace, il fait parti de ceux qui aiment mener les combats difficiles. Vigneron à Tavel, il préside aux destinées de la cave de cette appellation bien connue. Depuis décembre 2008, Christian Paly a été élu pour trois ans à la présidence d’Inter Rhône ce qui fait de lui un des grands acteurs du monde de la production. Au plan international Christian Paly est l’un des dirigeants d’une nouvelle organisation : l'Efow qui regroupe la Confédération nationale des producteurs de vins d'appellation d'origine (Cnaoc) pour la France, ses équivalents italien (Feferdoc), espagnol (CECRV) et hongrois (HNT), ainsi que l'Institut portugais des vins de Porto et de Douro. Le président de l'Efow, l'Italien Riccardo Ricci Curbastro, lors de la création a souligné la communauté d’intérêts sur certains sujets et tout particulièrement la suppression programmée du système de contrôle des droits de plantation des vignes. Il était donc tout désigné pour donner le point de vue des producteurs sur le dossier des droits de plantation. Merci beaucoup Christian Paly d’avoir accepté mon invitation sur mon Espace de Liberté.

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1ière Question : Un de mes lecteurs, Daniel Berger, grand amateur de vin, mais aussi bon connaisseur de notre réglementation, me posait la question l’autre jour : cette histoire de droits de plantation c’est encore une histoire française, un truc de défense de droits acquis. Christian Paly vous êtes SG de l’EFFOW alors expliquez lui en quoi votre combat pour le maintien de l’interdiction de planter sur le territoire de l’UE, exception faite des AOP-IGP, est soutenu par les autres pays producteurs de vins à Indication Géographique.

 

Christian Paly : Tout D’abord, je voudrais préciser à votre lecteur, Daniel, que je ne connais pas d’activité économique ou d’entreprise privée qui libéraliserait sa production manufacturière lorsque les marchés sont tendus ou à peine équilibrés. La régulation a toujours fait partie de la donne économique, y compris libérale. En second lieu, il ne s’agit pas d’une « coquetterie » française, l’ensemble des pays producteurs membres de EFOW sont sur la même longueur d’onde : les droits de plantation sont un outil privilégié de régulation à part entière et à sauvegarder.

 

2ième Question : Après l’épisode : seul le marché décide, l’heure est à la régulation. En quoi dans le modèle AOC où les producteurs ont la main au travers de l’INAO sur leur rendement, la gestion administrée des droits de plantation constitue-t-elle un outil de régulation de la production ? Quels sont les arguments que vous avancez Christian Paly pour, qu’avant l’échéance de 2015, la Commission fasse une proposition au Conseil des Ministre afin que celui-ci revienne sur le Règlement de l’OCM Vin qui libéralise la plantation de la vigne dans l’UE ?

 

Christian Paly : Il faut le dire haut et fort, il n’existe pas de secteur économique fort, ou la plus value est équitablement répartie, sans un minimum de régulation. Ce n’est pas être un enfant de Karl MARX que d’affirmer ça. L’économie libérale a besoin d’outils d’équilibre. Les droits de plantation en font partis. Il faut savoir que de milliers d’hectares en Appellation sont potentiellement plantables du jour au lendemain en Europe. Vous pouvez imaginer les risques de déstabilisation des marchés qui pèseraient sur notre filière. De plus, la gestion des plantations se situent très en amont du marché. Elle anticipe, donc, les risques de déséquilibre entre offre et demande. Elle n’est pas couteuse pour le contribuable, contrairement aux outils de régulation a posteriori (arrachages, distillations…). En fait, il ne faut pas confondre liberté et anarchie.

 

3ième Question : Christian Paly, cette fois-ci en tant que Président d’Inter-Rhône vous avez pris des positions très tranchées sur la ligne de partage entre AOP et IGP dans votre bassin de production. Comme les vignobles ne sont pas étanches pouvez-vous rappeler à mes lecteurs vos propositions et surtout leur expliquer en quoi elle permettrait de mieux réguler et segmenter le marché des vins de la vallée du Rhône ?

 

Christian Paly : La France a la chance de pouvoir développer en parallèle deux types de viticulture : celle des indications géographiques et celle plus « industrialisée » des vins sans indication géographique. Le RHONE est une région mixte ou l’on retrouve tous ces types de vins : AOC, IGP, VSIG. C’est un atout, à la condition de gérer, de travailler de concert dans le cadre d’une segmentation claire. Le rapprochement des travaux des deux interprofessions, INTERRHONE pour les AOC et INTERVINS SUD EST pour les IGP doit nous permettre d’améliorer la lisibilité de l’offre des vins rhodaniens, de mieux segmenter nos positionnements commerciaux et de dégager des synergies marketing et commerciales entre nos AOC et IGP. Il s’agit également de créer une capacité interprofessionnelle à gérer les volumes mis sur les marchés en cohérence entre AOC et IGP. Le monde des AOC et des IGP sont condamnés à travailler ensemble afin de mieux expliquer à nos clients l’offre de nos vins régionaux et leurs respectifs positionnements sur les marchés.

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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 00:04

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L’Algérie, lorsque j’usais mes fonds de culotte sur les bancs de l’école primaire Ste Marie à la Mothe-Achard, dans nos livres d’histoire et de géographie, était française : 4 départements : Alger, Oran, Constantine et un peu plus tard celui de Bône (redécoupage du département de Constantine) et les Territoires du Sud. En 1941, ils furent numérotés à la suite des départements français de 91 à 94. Ironie de l’histoire, le 93 fut attribué au département de Constantine qui fut le foyer de l’insurrection du
1er novembre 1954. C'est la «Toussaint rouge». Les seules victimes européennes sont un couple de jeunes instituteurs Guy et Janine Monnerot. Leur autocar est attaqué dans les gorges de Tighanimine. Le ministre de l'Intérieur de l’époque François Mitterrand, promet de mettre tout en oeuvre pour arrêter les «hors la loi» et il déclare le 12 novembre 1954 : «Des Flandres au Congo, il y a la loi, une seule nation, un seul Parlement. C'est la Constitution et c'est notre volonté». Le gouvernement de Guy Mollet va y envoyer le contingent. Le service militaire va être porté à trente mois et les effectifs engagés dans ce que l'on appelle les «opérations de maintien de l'ordre» ne tardent pas à atteindre 400.000 hommes.

Contrairement au conflit indochinois où ce n’étaient que des « engagés volontaires » cette sale guerre qui n’en portait pas le nom nous touchait de près : nos voisins, nos frères partaient en Algérie. Mon frère aîné, Alain, affecté sur la ligne Morice, sera de ceux-là. Nous attendions ces lettres avec angoisse et plus encore nous redoutions de voir le maire ou les gendarmes s’encadrer dans la porte pour annoncer une funeste nouvelle. Nous ne comprenions pas trop les enjeux de cette Algérie française, si lointaine, avec ses colons, grands et petits, sa population européenne bigarrée, ces « indigènes » dont nous ne connaissions pas grand-chose et ces « fellaghas » contre lesquels nos frères allaient en opération dans le djebel. Mon frère est rentré. Il n’a guère parlé de sa « guerre », c’était une tradition familiale Louis mon grand-père : 4 années de guerre s’ajoutant à 3 de service militaire et Arsène mon père blessé en 1939, ne nous ont jamais abreuvé du récit de leur temps sous les drapeaux.

Moi je n’ai jamais porté l’uniforme mais j’ai effectué mon Service National comme VSNA, 18 mois à l’Université de Constantine comme maître de conférences. J’ai donc vécu deux années en Algérie sous le régime « socialiste » du colonel Boumediene affligé de toutes les tares de la bureaucratie et de la toute puissance des militaires. Comme dans tous les régimes dictatoriaux à discours marxisant la dérision entre 4 murs était le seul oxygène de mes étudiants et étudiantes ( parmi lesquelles il y avait la petite fille de Ferrat Abbas le pharmacien de Sétif) : la plaisanterie la plus prisée étant, lorsque nous faisions la queue pour obtenir une bouteille de gaz, « pour qui sonnait le gaz ? » en référence à la Société Nationale en charge du Gaz : la Sonelgaz qui, dans un pays recelant de fabuleuses ressources de gaz naturel trouvait le moyen de créer la pénurie. Pour mettre un peu de gaîté dans l’atmosphère pesante il nous restait plus qu’à faire partager à nos invités le verre de l’amitié en débouchant une bouteille de cuvée du Président achetée chez le seul entrepositaire de Constantine qui ne pouvait le vendre qu’aux coopérants.

Pourquoi me direz-vous revenir sur cette histoire douloureuse en y rajoutant des souvenirs personnels ? Tout simplement pour ne pas verser dans un penchant bien français de réécrire l’Histoire ou de porter sur des évènements, sommes toutes proches, un regard contemporain. Dans l’histoire du vignoble français, le vignoble algérien des années coloniales a joué un rôle capital dans l’émergence d’un grand négoce assembleur, embouteilleur de place, à Paris tout particulièrement. La « saga du gros rouge » s’appuyant sur un vignoble moderne, industriel, une sorte de préfiguration du vignoble du Nouveau Monde, est une réalité qui a modelé l’image du vin dans notre pays en créant une césure, que nous n’avons pas encore effacée, entre le litre syndical 6 étoiles et la bouteille de vin bouché, les Vins de Consommation Courante et les Vins Fins. Nos concurrents du Nouveau Monde et les consommateurs qu’ils ont créés n’ont pas eu à surmonter ce handicap. N’oublions pas que dans Mythologies lorsque Roland Barthe écrit « le vin est senti par la nation française comme un bien qui lui est propre. » il fait référence au vin de tous les jours « pour le travailleur, le vin sera qualification, facilité démiurgique de la tâche (« cœur à l’ouvrage »). Pour l’intellectuel, il aura la fonction inverse : « le petit vin blanc » ou le « beaujolais » de l’écrivain seront chargés de le couper du monde trop naturel des cocktails et des boissons d’argent. » Réduire ce « vin populaire » à une affreuse piquette relève de l’erreur historique, il était dans sa grande majorité d’une qualité correspondant aux attentes de ses consommateurs. Vin de tous les jours et vin du dimanche et fêtes, l’examen des magnifiques Catalogues de la maison Nicolas montre qu’à cette époque les marchands de vin vendaient du Vin, des Grands, même des très grands et des Petits, sans se prendre le chou...

À suivre...

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10 juillet 2010 6 10 /07 /juillet /2010 00:09

D’abord il y a des guillemets, ensuite il vaut mieux attendre avant de dégainer car je vais, comme toujours, m’expliquer. Le football sud-américain se porte bien : Brésil, Argentine, Chili, Uruguay... ça prend un petit air de pied-de-nez à deux grands pays du vin : la France et l’Italie sortis sans gloire pour le second, et avec les quolibets mérités pour le premier. Comparaison n’est pas raison mais nous payons le prix de nos non-choix, ici comme ailleurs.

Donc revenons à l’Amérique du Sud, continent qui a toujours semblé à la remorque, avec cette minuscule accroche tranchée par le canal de Panama, du mastodonte rondouillard yankee. Ces pays s’émancipent, ne sont plus ou presque sous la botte d’un quelconque Général Tapioca, pèsent, surtout le Brésil, dans le concert mondial, alors nous les vieux pays fourbus, immobiles, serions bien inspirés de les voir tels qu’ils sont et de ne pas nous contenter de leur coller nos vieilles images.

Comme je ne suis pas ennemi du paradoxe, ce matin, dans mon vieux cahier d’images du géographe Armand Perrin sur « les paysages viticoles du monde » d’avant 1939 je vous propose de découvrir le vignoble du Chili de ce temps-là replacé dans le Grand Continent Sud-Américain.

 

« Le vaste continent Sud-Américain mâche la coca, boit le maté et le café, achète son vin en Europe, soit des vins frais (vins verts) au Portugal, soit des vins de qualité en Espagne, au Portugal, en Italie et en France. Le continent présente peu de vignes sauvages utilisables ; aussi la quasi-totalité du vignoble brésilien, uruguayen, argentin, chilien et péruvien, est-il d’importation européenne (...)

Toutes conditions politiques exceptées, il y a là un fait qui rappelle la croissance du vignoble algérien et sa rivalité avec le midi de la France. Cette ressemblance apparaîtra encore plus nettement si l’on veut bien réfléchir que le Brésil, Etat indépendant, reçoit annuellement un fort contingent d’émigrants portugais, espagnols et italiens qui apportent en terre américaine leur « mentalité viticole » qu’ils n’hésitent pas à tourner contre l’économie de leur pays d’origine (...)

 

« Un document de 1551 signale l’existence d’un commerce de raisins à Santiago et à la Serena ; un autre de 1594 note une importante progression des plantations. Nous avons donc ici un type de vignoble d’origine coloniale. La vigne est venue d’Espagne par l’intermédiaire du Pérou ; de Santiago elle s’est étendue vers Conception et Angol. Nul doute qu’elle fut une « culture attirante » ; mais le fait colonial devait jouer contre elle et malgré un climat très favorable, elle ne fit point tache sur le Chili. Susceptible de concurrencer l’une des productions essentielles de la métropole, la vigne fut englobée dans un réseau de restrictions qui caractérisa l’exploitation coloniale espagnole : les planteurs furent taxés, les licences de plantation et de vente refusées, le vin européen imposé au pays. Vint l’indépendance au début du XIXe siècle : ce fut aussi la libération de la vigne ; les grands propriétaires s’associèrent en 1838 aux fondateurs de la société d’agriculture et cette société améliora le vignoble par une propagande constante.

Tandis que le système colonial avait tiré d’Espagne les cépages à planter au Chili, l’Indépendance alla surtout les chercher en France. Aujourd’hui les français sont nombreux (1/3) autour de Santiago et de Lontué ; les plants bordelais alternent avec ceux de Bourgogne ; mais les anciens plants persistent (2/3) surtout dans les zones les plus aventurées, au nord dans les vallées et oasis de Copiapo, d’Huasca, d’Elqui ; au sud on les trouve jusqu’à Bio-Bio. Leur vitalité est telle que certains sont devenus de vraies vignes sauvages accrochées aux arbres des forêts et fructifiant.

La viticulture est peut-être plus attirante au Chili qu’ailleurs en l’état actuel des choses ; tandis que beaucoup de paysans européens sont rebutés par la nécessité de traitements fréquents et coûteux, leur collègue chilien ignore à peu près totalement les cryptogames destructeurs, oïdium et Mildiou et les chenilles de Pyrale, Cochyllis et Eudémis.

C’est un vignoble progressif, 50 000 hectares, qui commence à fournier un vin acceptable et donne 23% de la récolte sud-américaine : 2.925.000 hectolitres. Comme le vignoble du Pérou, il prend place dans la catégorie « vignoble colonial » ; pour le qualifier encore plus complètement nous l’appellerons « vignoble à noyau colonial irradié par l’indépendance »

 

L’Amérique du Sud est une colonie viticole de l’Europe ; elle n’est pas elle-même ni un foyer local de ceps, ni un centre d’irradiation comme sa voisine du nord. L’homme, le colon, Espagnol ou Portugais, a installé la culture attirante chez lui et soit par l’exemple, soit par l’association forcée du travail indigène, l’a fait adopter par l’Indien ; ici donc, la part de l’homme est essentielle, celle de la plante purement passive sauf au Chili où la vigne s’est créé en climat idéal une vraie nature personnelle. Cette colonisation à sens unique, s’est faite en deux vagues : la vague coloniale, faible, brisée, occupant un espace réduit ; la vague de l’indépendance, puissante, attirée par le charme irrésistible du vin et du raisin. »

 

Pour la 3ième vague c’est une autre histoire en train de s’écrire...  Le Chili un vignoble à la conquête du monde par Raphaël Schirmer http://com.revues.org/index299.html

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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 00:09

Rassurez-vous Philippe Val ne m’a pas demandé de remplacer Stéphane Guillon pour chroniquer lors de la matinale de France Inter mais, samedi prochain, 10 juillet, le « dégustateur imposteur » que je suis est invité à l’émission « On va déguster » (10h-11h) sur France Inter www.sites.radiofrance.fr/franceinter. Si vous avez quelques minutes à distraire vous pouvez allumer votre transistor ou votre poste à galènes, j’essaierai d’être un bon ambassadeur du Vin au cours de cette petite heure d’émission qui lui est dédié sur la base d’un numéro spécial d’été du magasine L’Expansion « Le buiseness du vin »  http://www.lexpansion.com/imgs/sommaire/sommaire754.pdf . Après cette page d’autopromotion passons aux choses sérieuses.

 

C’est parti mon kiki le bio quitte ses petits marchés, ses sandales de moine et ses prophètes barbus pour entrer de plain-pied dans les temples aseptisés de la Consommation Populaire. « C’est un nouvel eldorado, avec une croissance officiellement mesurée à + 25 % en 2008, pour un chiffre d’affaires estimé à 1 milliard d’euros en GMS. Et ce n’est qu’un début. En octobre, l’institut Precepta prédisait que le marché bio progresserait encore de 8 à10 % par an jusqu’en 2012. Les GMS feront encore mieux et leur part de marché grimpera de 40 à 45 % d’ici là, selon Precepta. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. »

 

Toutes les grandes enseignes se mettent au vert, chantent la main sur le cœur une agriculture soucieuse de l’environnement, se gargarisent de leur capacité à démocratiser les produits bio grâce à leurs marques maison. D’après eux, chez eux, le bio n’est que 20 à 30 % plus cher en moyenne que les produits traditionnels, pas plus. « Entre 20 et 30 % plus cher, c’est bien ce que me disent les responsables des enseignes à chaque fois que je les rencontre », confirme Elisabeth Mercier, la directrice de l’Agence Bio. Cet organisme officiel relaie lui-même le chiffre de + 30 %, tiré d’une enquête de l’Inra datant de… 1998. Des bons gars que les gars de la GD et Hardiscounté, toujours près à aider la veuve et l’orphelin. Alors, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même « ils le font savoir aux chalands » Leclerc www.lebiomoinscher.com avec spot à la télé et la campagne de pub bio le moins cher du Bio de Leader Price http://www.lineaires.com/Distribution-et-magasins/Les-actus/Comparatif-Leader-Price-remet-le-couvert .

 

Donc tout va bien dans le meilleur des mondes sauf que les limiers de Linéaires sont partis sur le sentier de la guerre. Je vous livre leurs conclusions.

 

« Verdict après 656 comparaisons : + 72 %

 

Sur le terrain, pourtant, il est très courant de constater des écarts de prix très supérieurs. Linéaires a donc voulu en avoir le cœur net ! Nos journalistes se sont rendus dans quatre enseignes majeures (Leclerc, Carrefour, Intermarché et Géant Casino) qui sont aussi parmi les plus impliquées dans la vente de bio, notamment via leur offre MDD. Pour limiter tout biais d’interprétation, une sélection drastique a été opérée : n’ont été relevés que des produits conventionnels et bios strictement comparables en termes de marque, de recette et de format/conditionnement (voir méthodologie). 656 comparaisons de prix plus tard, le verdict est tombé : manger bio coûte en moyenne 72 % plus cher ! Le fameux seuil des 30 % n’est donc que foutaise.

 

Dans les rayons, à peine plus d’un produit bio sur cinq n’atteint pas ce cap, alors que près d’un sur trois dépasse les 90 % de différentiel ! 100 % d’écart sur les produits basiques et bataillés. Les + 72 % tirés de l’enquête sont d’autant plus crédibles que cette moyenne reflète des résultats globalement très homogènes, quel que soit le tri pratiqué : l’enseigne la moins chère propose un différentiel conventionnel/bio de + 62 %, idem pour la famille de produits la plus accessible (+ 57 %) ou la catégorie de marques.

 

Bien évidemment, plus un produit est élaboré ou plus il concentre une forte valeur ajoutée et plus le coût matière est dilué. Et donc le delta moindre entre conventionnel et bio. A titre d’exemple, le saumon fumé bio de Labeyrie n’est souvent guère plus de 20 % plus cher que l’équivalent standard. Idem pour une marque de confiture régionale haut de gamme, dont les prix au kilo sont déjà trois fois supérieurs à ceux du cœur du marché conventionnel. A l’inverse, on frise très vite les 100 % d’écart quand le référent est à la fois basique, bataillé en prix et de faible valeur faciale : moutarde, mayonnaise, pâtes, petits beurre, biscottes, etc. »

 

Nos amis de la GD&du Hardiscounté Réunis sont donc d’excellents joueurs de fluteaux pour attirer les gogos. Mais comme je l’écrivais dans une récente chronique, et ça s’applique aussi aux acheteurs de bio «Vendre du vent peut-être un art, en acheter, et souvent fort cher, relève parfois pour des décideurs censés savoir compter, d’une forme de thérapie pour conjurer l’angoisse du gardien de but au moment du pénalty. Le foirail fut, au temps des marchés physiques, un haut lieu de ce genre de sport « qui veut vendre un cheval aveugle en vante les pattes » dit la maxime enseignée par la tradition orale. Dans nos temps postmodernes, où les conseilleurs de tous poils et de toutes obédiences font florès, vendre du vent n’est plus un art mais une industrie. Attention le vent n’est pas du toc car en effet, même si celui-ci sonne le creux, son utilité est avérée : la montre plaquée or n’en reste pas moins une montre. En revanche, l’étude venteuse vous gonfle, vous bourre le mou, car elle est en général boursouflée, pleine d’air du temps, creuse. »http://www.berthomeau.com/article-le-bon-marche-detrousse-le-passant-ou-une-vieille-maxime-vaut-mieux-que-le-bla-bla-creux-de-bordeaux-management-school-sur-le-marche-du-vin-48883768.html.

 

Reste que, comme j’avais vivement regretté qu’il n’y eusse point de vin dans le précédent comparatif des caddies de Leader Price, et que j’en avais fait le reproche à ce cher JP Coffe http://www.berthomeau.com/article-y-a-t-il-une-bouteille-de-vin-dans-le-caddie-de-jp-coffe-et-ses-49-produits-essentiels-du-quotidien-chez-leader-price-48604283.html afin de me faire pardonner, et surtout pour conforter Robert dans ses doutes sur ma probité, je vous joins la présentation de la nouvelle collection vin de Leader Price faite par Aude Rebourcet. Que des vins de pays d’Oc. Je ne les ai pas expérimentés mais, pour une offre de hard-discount, dans cette catégorie de vins le positionnement prix est très positif par rapport à beaucoup d’AOC.

 

La sélection des vins de cépages

 

Mais entre nous qu’est-ce qu’un cépage ?

 

Le mot cépage désigne une variété de plant de vigne. Un même cépage peut donner un vin bien différent selon le sol sur lequel il a poussé, selon l’ensoleillement dont il a bénéficié, selon son rendement à l’hectare et selon ses méthodes de vinification. Ainsi 2 vins de même cépage peuvent être très différents.

 

Sauvignon : bourgeon de cassis, ananas, de la fraîcheur et du fruité

Chardonnay : noisette et agrumes, de la rondeur et de la fraîcheur.

Cinsault : petits fruits rouges et noirs, de la rondeur et de la fraîcheur.

Merlot : fruits noirs chocolat et menthe, un vin structuré et des tanins ronds.

Cabernet sauvignon : cassis, cerise et épices douces, un bel équilibre en bouche avec une belle structure.

 

CINSAULT

Une belle robe rose claire, un joli nez sur les fruits rouges et les fleurs rouges, la bouche est bien équilibrée avec une fraîcheur minérale. Idéal avec les salades, les grillades les pizzas et les pâtes.

12% vol.

1,89 la bouteille de 75cl. Soit au litre : 2,52

CABERNET SAUVIGNON

Une belle robe pourpre foncée. Le nez ouvert sur le cassis et les fruits rouges, la bouche est ample et fruitée. Un vin particulièrement agréable avec les viandes rouges et les fromages.

12,5% vol.

1,89 la bouteille de 75cl. Soit au litre : 2,52

MERLOT

Une belle robe violacée foncée. Le nez est typé sur les fleurs rouges, les fruits rouges et la menthe, la bouche est équilibrée et fruitée. Il révèle toutes ces richesses avec les viandes rouges et les fromages.

13% vol.

1,89 la bouteille de 75cl. Soit au litre : 2,52 14 - 15°

SAUVIGNON

Une belle robe or vert pâle. Un nez expressif sur le fruit de la passion, le cassis et les fleurs blanches, la bouche est vive et bien équilibrée. À déguster avec les volailles rôties, les poissons grillés et les fromages de chèvre.

12% vol.

2,15 la bouteille de 75 cl. Soit au litre : 2,87

CHARDONNAY

Une belle robe or vert clair. Les fruits secs et les fleurs blanches offrent un beau bouquet à ce vin, la bouche est parfumée avec une belle fraîcheur. Vous l’adorerez avec les viandes blanches, les poissons en papillote.

12,5% vol.

2,15 la bouteille de 75 cl. Soit au litre : 2,87

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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 00:09

Dans les guides et les gazettes, ces dernières années, les vins sont de plus en plus souvent éclipsés par ceux qui les font, ou parfois par ceux qui disent qu’ils les font. Beaucoup de solistes donc, des têtes d’affiches, des noms qui font vendre, tous les ingrédients d’une forme bien modérée du culte de la personnalité. Moi-même j’y cède alors je ne vais pas égratigner mes confrères dont c’est le métier. Reste une question bien plus épineuse : celle du talent. Tous des virtuoses, rien que des Glenn Gould ou des Arturo Benedetti Michelangeli, pas si sûr mais tel n’est pas mon propos du jour. En effet, je vais descendre dans la fosse, pas aux lions mais celle de l’orchestre, là où le petit monde des interprètes, dans une certaine forme d’anonymat, fait, si je puis m’exprimer ainsi « bouillir la marmite »

 

Afin d’éviter de faire genre « j’étale ma culture comme de la confiture » l’image du peloton cycliste, avec ses porteurs d’eau, ceux qui font nombre, donnent au spectacle sa consistance peut aussi servir à éclairer mes nébuleuses réflexions. Si vous voulez bien me suivre je me lance :

 

1° Même si c’est une évidence je me permets de l’énoncer : pour faire du vin il faut d’abord cultiver du raisin, donc des hommes travaillant un vignoble en un lieu dit.

 

2° De ce premier constat, au début du XXe siècle, est né le système de l’Origine : AOS, AOC devenu via l’UE : AOP-IGP ; à partir de là il n’est pas possible de cultiver du raisin de cuves n’importe où, n’importe comment, même qu’il existe une délimitation parcellaire expertisée par des hommes de l’art.

 

3° Pour défendre cette origine les hommes se sont regroupés en Syndicat de Défense de l’Appellation pour laquelle l’adhésion n’était pas obligatoire mais depuis l’irruption des ODG tout le monde cotise.

 

4° De tout ce qui précède, pour reprendre mon image musicale, tous ceux qui cultivent la vigne dans le périmètre délimité ont entre les mains la même partition : ce que l’on appelle du vilain nom de cahiers des charges. Ça laisse la place à l’improvisation qui parfois peut aller jusqu’au n’importe quoi mais je ne m’aventurerai pas sur ce sentier glissant.

 

5° Bref, quand le raisin est mûr, et si possible sain, il faut le vendanger et à partir de cette cueillette deux voies sontouvertes : soit je fais mon vin, soit je le fais faire par un autre.

 

6° Je laisse de côté les solistes, sauf ceux qui font leur vin pour le vendre en vrac à ceux qui le vendront en bouteille.

 

7° Pour ceux qui s’adressent à un faiseur de vin je laisse de côté ceux qui vendent leurs raisins à quelqu’un qui en fera du vin pour le vendre en vrac ou en bouteilles pour ne m’intéresser qu’aux coopérateurs.

 

8° Nous y voilà : la coopé ! L’abomination de la désolation pour les gazetiers de toute obédience. Pensez-donc tous ces raisins mélangés, traités, sous-entendu maltraités, dans des cuves aussi hautes que celles des raffineries de Dunkerque, torturés, assemblés, bidouillés... j’en passe et des meilleures. Triquards, interdits de séjour, marqués au fer rouge, honteux, les vins de coopés devaient, la plupart du temps, se contenter de l’image du tout venant dans l’indifférence hautaine de la critique.

 

9° Sauf que l’autre jour, dans la très conservatrice RVF, que vois-je, n’en croyant pas mes yeux, accroupi dans ses vignes Jean-Louis Piton le président de Marrenon coopérative dans le Luberon. Oui, mes biens chers frères, mes biens chères sœurs, un président de coopé cultive des vignes je puis en témoigner. Voilà bien une révolution que cette présence d’un éminent représentant de la coopération dans les pages glacées du saint des Saints du Vin.

M.Piton10° L’homme, cosignataire en 2001d’un brûlot genre « voilà ce qu’il faut faire pour ne pas prendre des claques en 2010», souffre pourtant d’un grave handicap : il est le Président d’une Union de coopératives. Déjà se taper le conseil d’administration d’une coopé ce n’est pas de la tarte mais assembler autour d’une table une poignée de présidents de coopé relève chez lui d’un goût immodéré pour la difficulté.

 

11° Revenons à Marrenon, sis à La Tour d’Aigues, son fondateur Amédée Giniès l’a créé pour hausser le vignoble du Luberon en AOC mais, comme le souligne JL Piton, « en plaçant la barre au-dessous des Côtes du Rhône, alors que ce vignoble recèle un potentiel qui peut l’amener dans la même cour que celle des Cairanne, Rasteau, Vacqueyras... » www.marrenon.com

 

12° Quel beau défi pour ces Côtes du Luberon, ce « chaînon manquant » entre la Provence toute rose et la vallée du Rhône toute rouge. Comme vous vous en doutez ce langage ça me plaît donc je suis allé cuisiner dans leur coin reculé JL Piton et son directeur Philippe Tolleret (ex Bob Skalli). Dieu qu’il faisait chaud !  reportage_021.jpg

13° Alors, en sirotant du Pétula rosé de la maison Marrenon, j’ai entendu des mots qui enchantaient mes oreilles : le vin d’abord, la ressource, la qualité recherchée, le produit comme il faut là où il faut... Tiens, tiens, le pilote dans l’avion Marrenon tient le cap fixé par le plan de vol, ou si vous préférez sous la baguette du chef d’orchestre les interprètes n’en plus qu’à leur tête.

vins-luberon-petula.png 

14° Tout ça vous paraît évident, dans l’ordre des choses mais, y compris chez certains solistes, ça n’allait pas de soi et ça continue de ne pas aller de soi. Faire du vin sur la base d’un engagement « syndical » a toujours provoqué chez moi un grand étonnement.

 

15° Alors, et c’est là mon propos du jour : je pense que face à la nouvelle donne du marché, sur tous les segments, dans toutes les formes de distribution, y compris le traditionnel, sur le marché domestique comme sur les marchés de pays émergeants, la carte « coopération » versus orchestre avec des « exécutants » - c’est le terme consacré - qui suivent la partition sous la baguette du chef  peut se révéler un plus pour des vignerons, une chance pour des territoires de faire entendre leur différence, loin de l’image du gros chaudron.

 

16° En effet, et je n’en fait pas un modèle mais l’une des voies que nous pouvons emprunter, des hommes sur un territoire créateur de valeur n’est-ce pas le préalable à une économie « équitable » où le prix du produit fini permet de rémunérer justement le producteur de raisin pour qu’il puisse vivre, et non survivre, investir dans son vignoble et ses méthodes culturales. « Passer le cap des 7 euros le litre permet de franchir la barre d’un réel retour de valeur dans le vignoble ». A l’heure où ces messieurs de la GD se bagarrent à coup de comparaisons bidouillées sur le Bio moins cher (le comparateur Leclerc www.lebiomoinscher.com et la campagne de pub bio le moins cher de Leader Price) il serait temps que les consommateurs sachent que « pour quelques centimes de plus » des producteurs pourront continuer de vivre dans ces pays que l’on trouve si beau lorsqu’on va en vacances avec les enfants.

 

17° Donc, très chers lecteurs, regardez aussi du côté des orchestres, petits ou grands, même des orphéons, observez l’évolution de leur répertoire, les efforts de leurs membres pour hausser leur niveau, la qualité du chef et, suprême contre-pied, admettre qu’un jour avec eux vous aurez pris votre pied. Du côté de Marrenon, ils avancent, ils avancent, avec leurs petits moyens financiers mais avec la volonté de laisser les ego aux vestiaires pour venir chatouiller les mieux établis.

 

18° Ce qu’ils font c’est déjà du bon et j’y vois l’un des signes de ce qui pourrait être la base d’un renouveau fondé sur des vins qui ont les pieds quelque part sans pour autant se complaire dans des styles compassés...

 

19° Et puis rien que pour embêter Michel et si la quintessence d’un grand Grenache voyait le jour en Luberon du côté de Marrenon ça couperait la chique à plus d’un ne croyez-vous pas ? Moi vous savez après avoir fait Lourmarin-La Tour d’Aigues-Lourmarin sur le siège du passager d’une moto avec un casque intégral sur la tête je suis prêt à affronter toutes les batailles d’Hernani...

 

20° Si vous n’avez pas bien saisi où je voulais en venir prière de consulter le service après vente de Vin&Cie qui se fera un plaisir de vous dépanner... 

 

 

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