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18 septembre 2010 6 18 /09 /septembre /2010 08:00

Communiqué à diffuser à toutes les agences de Presse :

 

« L’ABV, œuvre d’utilité publique, n’étant pas soluble dans l’eau, ne peut donc être dissoute. En revanche, son Secrétaire-Perpétuel autoproclamé, moi-même, puisqu’il a failli, au dire de « certain » à la philosophie de l’Amicale, peut s’évaporer. C’est ce qu’il fait ce jour, à 8 heures, pour sauvegarder les intérêts supérieurs de l’ABV. Ainsi ses chroniques de brute dans un monde de tendresse ne pourront être assimilées à l’expression officielle de l’ABV. L’Espace de Liberté restera l’hébergeur de l’Amicale, la boîte aux lettres, sauf à ce qu’elle fut accueillie à l’avenir par quelqu’un d’autre. En l’occurrence le Secrétaire-Perpétuel autoproclamé n’est victime que de lui-même, de sa fougue, de sa plume trop acerbe, et non d’une quelconque cabale ou d’une demande d’exclusion émanant d’un des membres. Enfin, dans la mesure où le Secrétaire-Perpétuel autoproclamé s’évapore, deviens gazeux, nul retour à l’état solide n’est possible du fait des effets du réchauffement climatique. »

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18 septembre 2010 6 18 /09 /septembre /2010 00:09

Retour au calme ce matin, désolé de ne pas tendre la joue gauche lorsque l'on me soufflète la droite, je suis ainsi fait mais je continue de penser que certains volent plus vite au secours des importants alors qu'ils s'abstiennent lorsqu'il s'agit de défendre des va-nu-pieds des railleries d'une huile... Mon papier sur la Corse valait quelques commentaires, pourquoi n'y en a-t-il pas cher Norbert et autres ? J'adore la cannelle mais pas dans le vin...

 

La parole est à un sage : Joseph Delteil.

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« J’ai des amis du haut en bas comme le ramoneur, de toutes gueules et de toutes couleurs » déclarait l’homme de Pieusse qui recevait aussi bien de grands écrivains comme Henry Miller que des gens de peu, lorsqu’il levait son verre de Blanquette, utilisait la formule rituelle audoise au moment de trinquer :

« A la bonne tienne.

-         Sensible.

-         Mêmement. »

« En 1937, au lieu dit La Tuilerie de Massane, à un jet de pierre de Montpellier, l’écrivain Joseph Delteil se retire dans son Harrar : en paléolithie. Loin de la civilisation, à l’écoute des sens, mi-poète, mi-vigneron, avec, au corps, la mémoire de ses aïeux magdaléniens qui vivaient, voilà 25 000 ans, des simples productions de la terre, il fait peau neuve et rêve de redevenir le premier homme. Nu. Innocent.

Tout le reste en découle. Notamment, cette provocante Cuisine paléolithique, hymne à la cuisine naturelle, à la cuisine d’instinct ; recettes de grands-mères, secrets jalousement préservés, savoir ancestral, nous voilà loin, avec le plat unique cher à Joseph, plat ou le mets, nourri de son parfum sui generis, vaut aussi pour l’ustensile et le tour de main, nous voilà loin des goûts sophistiqués de nos contemporains » in Préface de Max Chaleil.

 

J’aime les originaux, les gentilshommes en sabots, les franc-tireurs, ceux qui ramène la langue à l’essentiel en la dépouillant des artifices inutiles : économe, comme le petit couteau du même nom servant à éplucher les légumes, car la saveur n’est pas dans la quantité mais le peu. « Le verbe ne vaut que par ce qu’il incarne. » Joseph Delteil, après avoir été la coqueluche des milieux littéraires parisiens dans les années 20, se retire dans sa thébaïde « aux puissantes effluves », « demeure inspirée, foisonnante et baroque ». Se retirer, prendre du champ, devenir comme Delteil « merle blanc en une époque de gloires éphémères, davantage fondées sur le savoir-faire que sur le faire-savoir. » faire retraite, revenir à l’essentiel, bien plus que des colloques, symposiums ou séminaires, une once de simplicité ne nuirait pas à celles et ceux, moi y compris, qui prennent la parole, ou la plume, pour mener le monde, l’influence et soi-disant le changer.

 

« Pour moi je n’ai connue dans toute mon enfance, dans mon village de Pieusse, que trois plats : la soupe, la fricassée et le rôti. Trois et c’est tout.

Et donc vive le plat unique !

D’ailleurs si, par inadvertance, ou vice, il vous arrive de faire quelque accroc aux principes, quelque fugue du côté de la fantaisie, ma foi tant pis, ou tant mieux, n’imitez jamais le grand Vatel jusqu’à l’épée, tout au plus jusqu’à l’humour.

La musique émoustille l’âme. Si parfois, à propos de soupe ou d’escargots sur le gril, je me laisse aller à quelque lyrisme, à quelque éloquence à quoi je ne tords pas toujours aussi bien le cou qu’à l’oie, c’est pure allegria, liesse de cœur et d’esprit, bel canto. Au style comme à l’oiseau comme à l’aliment sied un grain de sel sur la queue. Comment parler cuisine sans un style à feu vif, le style du loup embobinant le Petit Chaperon Rouge, le style de la sève vers le 21 mars.

Et le patois ! Je parle souvent patois, ou du patois, c’est parce qu’il est le plus proche des origines, le plus riche de sperme et le plus sacré.

Et maintenant voici le conseil de Dieu : je choisis mon pain entre cent, à des lieues, et je foule mon vin moi-même de mes propres pieds. A la source, à la source ! Fais venir ton bœuf de la préhistoire, tes oies du ciel, tue-toi ton porc, c’est le fondement ! Les légumes de ton jardin, les fruits à peau (je scandalise parfois, à belles dents, mes amis, en mangeant la pêche à même l’arbre, comme un ours). Avec ma chèvre et deux poules, voilà la Sainte-Trinité !

Amen ! »

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Exemple : Pot-au-Feu

 

« Quant au pot-au-feu, il faut le mettre la veille au soir, au coin du feu (jamais dessus parbleu !). Ça doit cuire tout dou, tout dou, tout doucement, que ça rie, rie, rie, et plutôt sourie !

Il y aura de la jambette de mouton, le bec-de-l’oie, et puis un bout de queue de bœuf, et l’os à moelle.

N’oublie pas d’écumer, d’ailleurs avec l’écumoire, longuement, une petite heure, ça fait passer le temps... »

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 09:00

Nouveauté de la rentrée, la rubrique « Vignette » se caractérisera par sa brièveté : flashs, brèves, infos... Vite lue ou parcourue, elle interviendra en fonction de l’actualité sans aucune périodicité.

 

Ce matin c’est Gérard Bertrand qui fait la première. Il s’affiche à Paris, comme vous allez le découvrir sur mes photos, glanées sur mes trajets de vélos, dans des endroits stratégiques : les panonceaux qui surplombent les Bouches du Métro. Visibilité maximale aussi bien par le flux des passants de la rue que par les usagers qui prennent le Métro. Bon format. Bon visuel. Bons lieux. Bonne période. Bonne pioche ! Beau travail. Bravo.

 

Découverte spontanée, même si j'ai l'oeil exercé et aux aguets...et bien évidemment, même si les services de Com de Gérard Bertrand sont très affutés, je n'étais en rien prévenu de cette campagne de publicité...  

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 02:00

Ce matin 2 chroniques pour le prix d’une ! Le commerce c’est le commerce ! Un de ces jours je vous ferai le coup de la 3ième gratuite ! Bon vous me direz que chez moi tout est gratuit. En êtes-vous si sûr ? Qui vous dit que je suis pas un petit chroniqueur subventionné par les grands trusts du vin qui veulent étendre leur emprise sur notre belle jeunesse ?

Quoi qu’il en soit voici donc le TOME 2 de ce qui ressemble à une foire aux vins quoi qu’en dise le taulier qu’est prêt à tout pour se faire remarquer !

 

Luberon&Ventoux&Châteauneuf&Cie

 

Les Hauts Plateaux 2009 – Vin de Pays des Alpes de Haute Provence – 2,50 €

C’est simple et c’est bon ! Rafraîchissant comme un plongeon dans la Durance, cette cuvée venue de la Provence de Giono offre un apéritif désaltérant.

Château La Forêt 2009 – Bordeaux Supérieur – 3,40 €

Le jeune Romain Roux œuvre dans, le Haut Benauge, cœur qualitatif de l’Entre-deux-mers. Il s’attache à y produire des vins « modernes », où le fruit prédomine, avec un élevage flatteur, très accessible, tout en respectant une forme de classicisme ici représenté par un assemblage très équilibré : 40% de Merlot, 30% de Cabernet-Sauvignon, et 30% de Cabernet Franc. Un très bon petit bordeaux en somme, franc et sincère à l’image de son vigneron, rond et épicé dans la lignée de son millésime. Un rapport prix plaisir véritablement exceptionnel, que nous envieraient même les producteurs du nouveau monde !

Domaine du Grand Clos 2009 – Côtes du Rhône – 3,50 €

Dans la lignée des cuvées travaillées par Dauvergne & Ranvier, ce Domaine s’affirme par sa générosité, un caractère chaleureux de fruits mûrs et d’épices. Encore et toujours un des meilleurs rapports qualité-prix de la région, la rondeur du millésime en plus.

La Vieille Ferme 2009 – Côtes du Lubéron – 4,50 €

Dans la famille Perrin, si la Vieille Ferme est le vin le moins cher, ce n’est pas celui dont on est le moins fier ! A très juste titre lorsqu’on goûte cette cuvée, miracle de subtilité dans cette zone de prix pour un blanc sudiste ! Notes expressives de fleurs et de fruits blancs. Vin également fleuri en bouche, évoquant le genêt, mais aussi le melon, avec une touche anisée en finale. Idéal sur un poisson au fenouil, ou des fromages de chèvre.

La Vieille Ferme 2009 – Côtes du Ventoux – 4,50 €

Récemment élu « Meilleur vin de marque français » par la revue Terre de Vins, La Vieille Ferme continue à faire honneur au(x) talent(s) de la famille Perrin. Tout en respectant l’identité qui fait son succès - le bon vin de tous les jours– la cuvée profite du millésime pour renforcer son expression méditerranéenne de superbes notes d’herbes aromatiques. Le tout avec une fraîcheur éclatante qui évoque le sommet du Ventoux… et au-delà.

Domaine du Bosquet des Papes 2007 – Châteauneuf-du-Pape – 19,90 €

Décidemment cet immense millésime dans le sud de la vallée du Rhône n’a pas fini de nous séduire. Cette cuvée justement nommée « Tradition » est un superbe archétype de Châteauneuf, tout en complexité et suavité, au  nez enchanteur d’herbes de Provence, de mûre, de fruits à noyau, de bois de santal, avec une petite touche de truffe et de violette. L’élégance de cette bouche puissante mais jamais lourde, le lissé des tanins encouragent à s’en régaler dès aujourd’hui. Pour autant une garde d’au moins 10 ans est assurée ! Les amateurs avertis chercheront l’influence de la rafle dans l’équilibre renversant de ce millésime solaire.  

 

Des Grands Blancs

 

Maison Pierre André 2008 – Rully – 9,80 € page 32

« La première règle c’est qu’il n’y a pas de règle » se plaît à rappeler la jeune Ludivine Griveau. Impressionnante de maîtrise et de dynamisme, cette œnologue a littéralement réveillé la vieille maison de Corton pour la remettre sur le devant de la scène. Un 2008 particulièrement favorable aux blancs bourguignons, dont Rully est un bel exemple, dans un style simple et sincère, un vin facile à marier !

Le Clos des Rocs Monopole 2007 - Pouilly-Loché – 14,90 €

Olivier Giroux, vigneron perfectionniste en pleine ascension, a réalisé une belle performance sur ce millésime délicat. Au nez de beurre frais et d’agrumes bien mûrs typiques du Chardonnay succèdent des notes minérales et d’herbes aromatiques qui signent le terroir d’un Clos véritablement exceptionnel. La bouche, légèrement épicée, délicatement citronnée, est encore un peu sur la réserve. L’idéal serait de l’attendre un an ou deux, ou de l’amadouer sur un poisson cuisiné !

Domaine Roux « Les Murgers des Dents de Chien » 2008 – Saint Aubin 1er Cru – 19,95 €

Le Domaine Roux, de longue date implanté à St Aubin, exprime au mieux le caractère de ces fameux Murgers, un premier Cru qui jouxte le célèbre Chevalier-Montrachet… Le terroir extrêmement caillouteux transparaît dans un registre aromatique d’une grande netteté, avec des parfums de fleur de vigne, et une expression en bouche certes cristalline mais encore sur la retenue. Vin de grand potentiel, pour les amateurs d’eau de roche !

Château de Chassagne « Clos Saint Jean » 2007 – Chassagne-Montrachet 1er Cru – 34,90 €

D’une belle richesse, sur des notes de miel et de fougères, et d’une noble  complexité, cette cuvée révèle une puissance et une subtilité rares. Un grand vin tout simplement, qui accompagnera les repas de fête, volailles et crustacés, ou se bonifiera quelques années.

 

Des châteaux à Bordeaux

 

Château Cantemerle Cru Classé 2007 – Haut-Médoc – 16,90 €

Un des rares crus classés du Médoc qui ait vu sa qualité progresser de manière spectaculaire alors que ses prix restaient « raisonnables ». Une très bonne affaire donc, d’autant que le vinificateur a eu la bonne idée de ne pas sur-jouer ce millésime de légèreté. Certes les notes de moka et de poivron rouge sont encore bien présentes, mais le cru se nuance déjà de touches florales et de fruits rouges. La bouche affirme aussi une réelle élégance, qui ne fera que se renforcer dans les 2 ans. L’habillage ne manque pas de charme, ce qui ne gâche rien pour ce vin prédestiné aux tables de fête

Château Bastor-Lamontagne 2007 – Sauternes – 18,90 €

Bastor est un classique parmi les bonnes affaires de Sauternes, tant il se rapproche des crus classés par sa netteté et sa profondeur. Sur un millésime d’anthologie pour ce type de vin, le cru se distingue par sa fraîcheur et sa finesse, avec ses arômes prononcés d’agrumes et de fleurs blanches. Orange et citron confits accompagnent la longue persistance en bouche, qui se termine sur une légère pointe mentholée. Bien que déjà délectable dans cette insolente jeunesse, il développera sa complexité sur au moins 20 ans !

Château Jean Faure 2007 – Saint-Emilion Grand Cru – 22 €

Le très entreprenant Olivier Decelle a de nouveau trouvé un challenge à sa mesure. Après avoir relancé l’historique Mas Amiel dans le Roussillon, il ressuscite littéralement cette belle endormie sise sur un terroir prestigieux. En effet le Château Jean Faure voisine Cheval Blanc, sur les graves de Saint Emilion, avec en sous-sol la précieuse crasse de fer… Il partage également avec ce mythe un encépagement atypique, où domine le Cabernet Franc. Le travail méticuleux à la vigne se poursuit par une vinification douce en baies entières après plusieurs tris, traitement que même les plus grands crus n’accordent pas toujours à leurs raisins ! Millésime bordelais aimablement qualifié de « difficile », 2007 démontre le succès des efforts entrepris par Olivier, puisque le vin est tout simplement  superbe, avec ses arômes de cèdre et de balsamique sur une structure de velours.  Très belle affaire à ce prix d’autant que s’il se goûte bien aujourd’hui, il sera encore meilleur dans 2 à 6 ans.

Château Boyd Cantenac Cru Classé 2004 – Margaux – 29,90 €

Excellente surprise dans l’univers souvent convenu des crus classés médocains, a fortiori sur un millésime 2004 « classique » et en phase d’évolution intermédiaire. Tout d’abord très épicé, avec une influence encore perceptible du boisé (nuances torréfiées et à peine vanillées), il évolue sur des notes de mûre et de cerise, particulièrement dans une bouche étonnante, littéralement juteuse ! Elancé, savoureux, avec le caractère « féminin » qu’on attend d’un Margaux, ce Cru n’usurpe pas son rang et surtout en donne amplement pour son argent, ce qui devient très rare à ce niveau. Une véritable aubaine, car les 10 prochaines années, voire plus, lui appartiennent 

 

Les Surprises

 

Château Laurou Tradition 2008 – Fronton – 4,90 €

Près de Toulouse, la petite appellation Fronton compte un cépage rare, la Négrette, dont les qualités aromatiques sont ici à l’honneur. Un nez très fruité jaillit ainsi littéralement du verre, aux notes de mûre de ronces, poivre du Sichuan et violette. La bouche tient ce  registre, avec beaucoup d’élan, des tanins fins, une forme de gouleyance sans renier son caractère, souligné par une finale saline. Ce vin, excessivement difficile à recracher pour les professionnels, ravira le palais de tous les amateurs, offrant an passage un beau défi au principe de modération

Mas Karolina 2008 – Vin de Pays des Côtes Catalanes – 7,50 €

Avec ce nouveau millésime, Caroline Bonville a spectaculairement progressé dans  l’expression de ses terroirs de schistes dans le cœur du Roussillon, aux environs de Maury. C’est une véritable explosion : des fruits rouges mûrs (framboise) jusqu’aux fruits noirs frais (cerise) en passant même par une touche de fruits exotiques. La bouche, aux  tanins caressants, est voluptueuse tout en gardant beaucoup de fraîcheur, avec une finale mentholée. Un vin d’une rare gourmandise.

Hecht & Bannier Sélection 2007 – Minervois - 9,50 €

Négociants-éleveurs dans la grande tradition, Grégory & François « font » des vins synthétiques du meilleur de leur appellation. Certes il est déjà délicieux avec son fruité poivré, ses tanins abondants et néanmoins caressants, son bel équilibre « très appétissant et juteux » selon les mots de Jancis Robinson (La critique britannique, qui le gratifie d’un 17/20). Il déploiera toutefois sa subtilité  dans les 1 à 4 ans : avis aux heureux amateurs dotés d’une cave !

Les Caves de La Reine Jeanne Savagnin 2007 – Arbois – 9,90 €

Tout juste mis en bouteille au cœur de l’été 2010, ce 2007 est déjà sidérant de classe et de profondeur. Il allie le caractère unique du Jaune jurassien - pour les complets néophytes, rien à voir avec le petit jaune anisé, on parle ici de Grand Jaune aux notes de noix et de curry ! - avec la minéralité et la pureté typique du style ciselé du génial Stéphane Tissot. Un accord parfait sur le comté, mais les autres fromages, ainsi que les viandes blanches à la crème seront à l’aise avec ce compagnon.

Château Ducluzeau 2005 – Listrac – 11,50 €

Cette appellation méconnue du Médoc bénéficie à plein de l’effet millésime pour s’en trouver transcendée et délivrer ainsi un modèle de concentration dans la région. A fortiori lorsque la matière première est travaillée comme ici par Bruno-Eugène Borie, le propriétaire star de Ducru-Beaucaillou, cru classé d’élite de Saint-Julien. Texture dense et tanins soyeux, gamme aromatique torréfiée, sur le cacao, avec des nuances de rhum vieux : déjà séducteur dans sa puissance, il révèlera mieux sa race avec quelques années de garde.

 

Du côté des vins bouchés de mon enfance

 

Amirault-Grosbois « Les Silices » 2009 – Saint-Nicolas de Bourgueil – 6,50 €

Archétypal. Ceux qui n’aiment pas les rouges de Loire passeront leur chemin ! Même dans un millésime de haute maturité, le vigneron met en exergue la fraîcheur revigorante du Cabernet Franc, avec ses notes d’herbe fraîche, de fleurs, de bourgeon de cassis. La bouche délivre un fruit noir croquant, sur des tanins fins, avec une pointe de belle amertume et une nuance de craie. Très droit, c’est aujourd’hui un « vin de soif » déjà très appréciable pour des pique-niques et plats bistrotiers, qui devrait gagner en ampleur et complexité dans les 2 à 3 ans pour accompagner des viandes grillées.

Château de Fesles 2008 – Anjou – 7,50 €

Propriété historique de l’Anjou, dont les moelleux furent un temps comparés à Yquem, fief à une époque du pâtissier Gaston Lenôtre, Fesles produit régulièrement un blanc sec unanimement apprécié. Dans ce millésime, la nature s’est surpassée : outre son équilibre souverain habituel, la cuvée s’est enrichie en 2008 de notes exotiques rares en vin sec. Un Chenin à savourer rapidement sur ce fruité spectaculaire, sa texture de soie devant ensuite l’enserrer pour quelques années avant d’en libérer la minéralité.

Domaine d’Ambinos 1970 – Coteaux du Layon Beaulieu – 12,95 €

La robe, or à reflets encore verts, quasiment fluo, annonce déjà une expérience gustative déroutante. Le nez, sur les fruits secs et le tilleul, confirme cette première approche. La bouche est indescriptible, dans ce registre aromatique qui n’appartient qu’aux vieux. Il a « mangé ses sucres », et se présente ainsi dans un équilibre demi-sec qui permettra de belles audaces gastronomiques. A moins que l’on préfère profiter de ses attraits en le buvant pour lui-même. 40 ans, moins de 13 € : Etonnant non ?

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 00:06

Comme en France tout le monde, ou presque, rentre en septembre : les gamins, les syndicats, les politiques, les écrivains, les congepés, je me demande ce que nous foutons en juillet-août puisque les ¾ du pays est de sortie. Les 2 rentrées les plus célèbres sont : la sociale qu’on prédit souvent chaude et la littéraire qui elle s’apparente à la Grande Braderie de Lille (même que les auteurs de Guides de vin, qui se prennent pour des auteurs, s’y collent aussi) Comme je n’aime pas faire comme tout le monde moi je sors en septembre, c’est-à-dire que je suis en vacances, ce qui étonne beaucoup de gens qui s’évertuent à me bombarder de sollicitations auxquelles je réponds avec délice : « je suis en vacances en Corse »

Bref, tout ça pour vous dire que dans les rentrées de septembre y’a, comme disent les « espécialistes » les FAV, les foires aux vins ! Bon que voulez-vous moi FAV de mon temps c’était la Fédération des Associations Viticoles qui rassemblait les producteurs de vins de table. La piétaille quoi ! Alors que la Foire aux Vins c’est le machin avec plein de GCC en caisses bois SVP pour décideurs pressés qui veulent faire de bonnes affaires et bourrer jusqu’à la gueule leur 4x4 japonais. Qui a inventé les FAV ? Carrefour ou le père Leclerc ? Le concours est ouvert ! Peut-être que le jeune retraité de Pessac pourrait nous éclairer ? Pour clore le chapitre « je vanne tout le monde » moi quand j’entends foire je pense sitôt à la trilogie : foire aux bestiaux de la Mothe-Achard, foire exposition de la Mothe-Achard et bien sûr « faire la foire » au bal des pompiers de la Mothe-Achard. Pas très chicos tout ça mes cocos !

Toujours pour me distinguer des compulseurs compulsifs de catalogue de Foire aux Vins j’ai proposé à mon Marchand de Vins « conseil » de me faire pour moi tout seul une foire aux vins qui décoiffe les amateurs de brushing et de cheveux teints. En plus, comme je suis un « emmerdeur patenté » je lui ai collé un cahier des charges d’enfer :

1-     d’abord du beau, du bon, du Beaujolais et aussi un peu de Muscadet !

2-    ensuite du bio, du biodynamique comme s’il en pleuvait !

3-     des vins de mes amis aussi !

4-    puis tout plein de Luberon&Ventoux&Châteauneuf&Cie car j’suis snob comme disait Vian Boris !

5-    et vlan des grands Blancs !

6-    enfin, ou presque, le passage obligé des châteaux de Bordeaux

7-     des surprises, car j’aime les surprises !

8-    et pour finir mon cinéma un retour du côté de mon enfance, des vins bouchés : Anjou, Coteaux-du-Layon et St Nicolas de Bourgueil

 

Mais mon marchand de vins à moi n’est pas un garçon qui se démonte, comme l’aurait dit le regretté Raymond Devos, bien au contraire c’est un jeune homme qui avance à son pas « ne juge pas un homme tant que tu n’as pas marché 2 lunes dans ses mocassins »* et qui sait ainsi mettre les choses à leur juste place. Alors mettez vos pas dans ses pas et je vous assure que vous ne serez pas déçu du voyage. En route et bonne route !

* proverbe indien

Mon marchand de vins existe je ne l'ai pas inventé. Tout un temps je me suis évertué à le prénommer Yves bien qu'il ne soit pas breton mais plutôt sudiste du côté rosé du Sud de France... D'ailleurs il suffit de lire ce qu'il écrit pour voir que c'est un pro que je ne suis pas!

 

Muscadet&Beaujolais 

 

Domaine Romany 2009 – Beaujolais – 3,50 €

Un Domaine sérieux et régulier du sud Beaujolais, qui retranscrit dès aujourd’hui les qualités de 2009, millésime historique dans la région. Un nez immédiatement séducteur, véritable corbeille de fruits rouges et noirs, lesquels croquent logiquement en bouche. Simple et bon, le vin du pique-nique et des cochonnailles.

Jacques Dupagneux Côte du Py 2009 – Morgon – 6,50 €

Du Beaujolais de garde ! La race du superbe terroir de la Côte du Py transparaît dès le premier nez, porté sur le minéral et un fruit noir très pur. On sent beaucoup de puissance retenue dans ce vin tendu, aux notes de graphite en bouche, qui soutient la force d’un millésime historique dans la région par une ossature en acier trempé. Pointu à tous les sens du terme, ce grand vin en devenir réjouira déjà les amateurs de caillou.

Villa Ponciago Grand Vin 2009 – Saint Amour – 9,90 €

Premier millésime dans le Millésime des 50 dernières années dans cette région et premier coup de maître pour la Maison beaujolaise créée par la famille Henriot, déjà à la tête de Bouchard Père & Fils à Beaune. Si leur projet, des plus ambitieux, s’appuie sur un patrimoine viticole exceptionnel en Fleurie, les achats de raisins effectués par leur œnologue sur les crus voisins sont de niveau comparable, c'est-à-dire au plus haut de leurs appellations respectives.

En témoigne cette quintessence de Saint Amour, produite en petite quantité. Nez de fraises très mûres, d’herbes aromatiques, avec une touche de cuir noble, bouche ronde, généreuse, toute en longueur réglissée. Un vin qui associe la gourmandise du cru, la profondeur des vinifications bourguignonnes, et la maturité du millésime. De quoi faire l’unanimité des dégustateurs !

Château de La Preuille Tête de Cuvée 2007 – Muscadet Sèvre et Maine sur Lie – 6,50 €

A l’image de son propriétaire, le facétieux Christian Dumortier, La Preuille offre un vin tout à la fois plein de noblesse et pétillant d’une humeur joyeusement rafraîchissante. Mais ici, foin du perlant et des arômes « levuriens » du Muscadet « Primeur », si le vigneron sait préserver le peps de ses cuvées, c’est pour mieux souligner la race du terroir de « granit porphyroïde à deux micas de Clisson » (sic). Les amateurs pourront l’encaver sans crainte de nombreuses années pour l’accorder aux poissons nobles ou crustacés, mais on peut profiter dès aujourd’hui de son élan sur des coquillages ou des terrines

 

Bio&Biodynamique

 

Hecht & Bannier « Bio » 2008 – Languedoc – 5,90 €

Agriculture Biologique

Une bombe ! Bouche puissante mais fraîche, un cocktail explosif de pruneau, garrigue, réglisse, menthol, tabac, graphite, eucalyptus… Au passage on remarquera que le duo H&B réussi un 2008 supérieur à son déjà très bon 2007 !

Domaine Les Hauts de Riquets « R de Fête » 2009 – Côtes de Duras – 6,50 €

Conversion Biodynamie

On se rapproche du concept de « vin nature » avec cette cuvée réalisée en Bio, sur le fruit, en levure indigène, avec apport minimal de souffre. A ne pas mettre sur toutes les langues donc, mais une belle réussite pour un domaine tout récent, qui exprime ici un fruité original, dominé par des notes de fraise, sur une structure croquante, avec des tanins tout à la fois fins et présents, « sableux », et une finale saline alléchante. 

Domaine Roche Audran 2009 – Côtes du Rhône – 6,50 €

Biodynamie

Une découverte épatante et un vigneron attachant, Vincent Rochette, qui magnifie son terroir de Buisson (le versant nord des collines réputées de Rasteau et de Cairanne) avec cette cuvée de pure gourmandise. Le Grenache, épaulé par le Carignan et le Mourvèdre, prend ici des accents d’une rare fraîcheur, avec un bouquet de fruits noirs, de garrigue, et des notes d’encre d’une grande pureté. Riche mais plus digeste que puissant, ce vin est un de nos chouchous de l’année !

Domaine Sérol La Croix Saint Paul 2009 – Côte Roannaise – 7,20 €

Conversion Bio

Il n’y a pas de hasard… Découvert lors d’une dégustation amicale où il m’avait littéralement ébloui en rosé, j’ai recroisé ce domaine dans un bistrot bourguignon où il illuminait la carte d’une lueur improbable. Stéphane Sérol, qui a un réel talent, compose une véritable ode au Gamay, cépage qui retrouve ses lettres de noblesse avec cette production qui ne déparerait pas dans une sélection des meilleurs crus du Beaujolais. Cette cuvée dotée d’une belle trame provient d’un des meilleurs lieux-dits de cette petite appellation, ses vignes âgées de 30 à 50 ans délivrent un fruité enjôleur accompagné d’une franche minéralité.

Château Grand Boise Vieilles Vignes 2009 – Côtes de Provence Sainte Victoire – 7,50 €

Conversion Bio.

Imaginez… Un domaine viticole dont les parcelles se perdent dans les collines, au milieu d’une nature provençale préservée, seulement troublée par les grognements des sangliers et les rares aboiements de l’impressionnant patou veillant sur les moutons. Des vignes perchées entre 300 et 600 mètres d’altitude, l’altitude idéale pour développer de délicats arômes et une vivifiante fraîcheur dans le vin… et pour admirer la somptueuse Sainte-Victoire étalée de tout son long face à la bastide. Un domaine à l’histoire plusieurs fois centenaire mais à la pointe de la technique sous la direction affectueuse du bouillonnant Olivier Dauga, « rock star » des œnologues. Tout cela se sent dans un rosé parfaitement équilibré, dont les reflets bleus évoquent le ciel si pur qui l’a vu naître.

Pierre & Chantal Frick Sylvaner « Bihl » 2007 – Alsace – 8,50 €

Biodynamie

Ce vigneron pionnier, parmi les premiers convertis à la biodynamie, est en perpétuelle expérimentation. Des dizaines de cuvées s’adaptant au caractère spécifique de chaque millésime… Ce sage laisse s’exprimer le terroir, comme dans ce Sylvaner hors normes, pour tout dire déroutant, intensément minéral, presque miellé dans ses flaveurs de fruits secs, pourtant « dry », éthéré et poudré, à la manière… d’un bon saké !

 Les Cornuds 2008 – Vinsobres – 8,90 €

Agriculture Biologique

Les Perrin ont massivement investi sur ce secteur : une colline à plus de 300 mètres d’altitude. Ils y ont créé Les Cornuds, impressionnant vignoble d’un seul tenant, ce qui en fait le deuxième domaine le plus étendu de la famille après leur berceau de Beaucastel. La raison en est simple à écouter Matthieu Perrin : « Ce terroir très frais, entre montagne et oliviers, permet de retrouver dans le vin comme l’association des Syrah de Crozes-Hermitage et des Grenaches de Gigondas ». Une réussite tout récemment classée par l’exigeant magazine anglais Decanter dans les « 50 meilleurs rapports qualité prix de France ». Evidemment.

Le nez quasi bourguignon par sa finesse et ses nuances, évolue sur les 5 épices, avec un côté fumé et une pointe de gentiane. En bouche, fruits frais, poivre, pointe lardée et finale saline procurent comme un frisson, qui appelle un porc au caramel version vietnamienne.

Domaine Fiumicicoli 2009 – Corse Sartène – 9,90 €

Conversion Bio

Un rosé de caractère, bien sûr… Mais non dénué de finesse ! En effet cette cuvée est entièrement vouée à l’expression du Sciaccarello, cépage typique du sud de l’île, dont le nom signifie « craquant sous la dent ». Les terroirs granitiques dans la fraîcheur des vallées de l’arrière-pays donnent une minéralité brillante à ce vin à la fois ample et étiré en bouche aux notes de petits fruits rouges et de pomelo. Ce bel exemple de la catégorie « rosés de gastronomie » ravira également les esthètes de l’apéritif.

Domaine La Fourmente « Garrigues » 2007 – Côtes du Rhône Villages Visan – 10,90 €

Biodynamie

Merci François Dauvergne ! Nous lui devons la découverte de ce Domaine coup de cœur, en pointe sur la culture bio, ses vignes de plus de 50 ans exhalent ici des parfums de cerise noire et de pruneau typiques, saupoudrés d’épices, mais surtout un captivant bouquet de garrigue, où pointe la lavande. Pour se remémorer le champ des cigales en accompagnant les daubes, gibiers et autres canards rôtis !

Jean-Marc Brocard « Organic » 2008 – Chablis – 11,90 € Biodynamie

Julien Brocard ne cesse de progresser sur cette cuvée, d’une intense pureté, qui a surpassé en dégustation la plupart des vins de cette région, atteignant le niveau des trop rares excellents premiers crus de Chablis. Un très grand vin de plaisir, avec de la personnalité, au nez de pierre à fusil et de fruits blancs bien mûrs, à la bouche d’une juteuse fraîcheur, avec une note fumée, une énergie et une prégnance captivantes

Le Coudoulet de Beaucastel 2004 – Côtes du Rhône – 13,50 Biodynamie

Loin de produire un 2nd vin de Beaucastel ou un Châteauneuf bis, les Perrin (encore eux !) ont choisi, en toute simplicité, de produire le plus grand Côtes du Rhône possible sur ce beau terroir de galets roulés bêtement déclassé de l’AOC mythique. Mission largement accomplie, puisque c’est ainsi que Coudoulet est aujourd’hui reconnu. Le millésime 2004 ne fait que renforcer cette impression et surpasse nettement le déjà très bon 2003. Il exprime bien la filiation bourguignonne de Beaucastel. Finesse, fraîcheur, complexité, ce 2004, avec ses arômes de garrigue où pointe l’origan, est aujourd’hui à point  et se boira très bien sur 2 ans. C’est tout simplement un vin difficile à recracher, et ne cessant de dévoiler de nouvelles facettes à l’aération 

Alphonse Mellot La Moussière 2009 – Sancerre – 14,90 €

Conversion Biodynamie

Plus qu’une affaire ou qu’un coup de cœur, une opportunité rare, une forme de privilège : en effet en 2009 la météo n’a pas été tendre avec les vignes de la famille Mellot, avec moins d’un quart d’une récolte normale de blancs. Les raisins restant ont été d’autant plus bichonnés, et leur concentration s’est révélée phénoménale. Une cuvée justement réputée parmi les meilleurs rapports qualité-prix au monde dans la catégorie très disputée du cépage Sauvignon.    

 

Mes Amis

 

Château de Lorgeril « Terroir d’Altitude » 2007 – Cabardès – 6,90 €

Waouh ! « Robe sombre, dense, presque noire. Un premier nez surprenant de gourmandise, évoquant le cola, la réglisse, les épices, la canne à sucre, la citronnelle et l’eucalyptus. Ce registre alliant fraîcheur et sucrosité s’accompagne de notes plus vineuses de jus de viande et de noisette, évoluant vers le cacao. L’attaque en bouche se fait sur un cocktail de fruits rouges frais qui rappelle la grenadine, avec une pointe de pruneau, elle est portée par des tanins très charnus, qui lui donnent une structure plus virile et la portent sur une belle longueur. » Ce terroir acquis par Miren et Nicolas de Lorgeril, à quelques kilomètres de leur fief de Pennautier, se révèle comme le plus captivant de cette appellation originale, partagée entre sud-ouest et Languedoc, cépages atlantiques et méditerranéens. Une brillante réussite à accorder aux plats mijotés.

3- Château de Ciffre « Terroir d’Altitude » 2008 – Faugères – 8,50 €

Tout dans ce vin évoque en effet la sensualité irrésistible des paysages de Faugères, où se situe ce magnifique domaine d’un seul tenant perdu dans l’arrière-pays de Béziers, la rondeur des collines, le vallonnement des vignes, les reflets dorés de la terre de schiste et les parfums enivrants de la garrigue. Un cru généreux et frais à la fois, d’une belle longueur, très représentatif de la nouvelle vague languedocienne.

Henry Marionnet « Première Vendange » 2009 – Touraine Gamay – 8,60 €

Le maître étalon des « vins natures » reste indépassable, a fortiori dans ce millésime de grande intensité pour les rouges de Loire. La gouleyance typique de la cuvée y a encore gagné en volume, et justement on en boirait encore plus

Dauvergne & Ranvier Vin Rare 2007 – Gigondas – 12,90 €

Un sommet absolu dans la gamme impeccable de François Dauvergne et Jean-François Ranvier, jamais avares de leur temps… ni de leur talent ! Un vin qui ne cesse de séduire la critique et qui converti même les plus réfractaires au caractère robuste de l’AOC Gigondas. Peut-être la cuvée la plus réussie du duo R&D, à qui l’on doit déjà tant de belles émotions, c’est dire ! Au nez crémeux de fruits noirs et d’épices douces succède une bouche pleine, aux tanins savoureux, charpentée, complexe, avec une finale d’une infinie longueur. Autant de buvabilité pour une telle puissance, difficile d’y résister… Pourtant quelques années de garde ne lui feraient pas de mal !

Domaine Claude Chevalier 2008 – Ladoix – 15,50 €

Claude Chevalier le meilleur ambassadeur de cette petite appellation au pied de la montagne de Corton, qui fait la jonction entre la Côte de Beaune et la Côte de Nuits. Un nez très intense et séducteur de fruits noirs frais, une bouche sur l’élégance et la pureté, toute en finesse. Sa trame serrée encourage à la garder 2 à 4 ans, mais une fois en carafe elle surprendra vos invités !

Domaine Louis Jadot Le Clos de Malte Monopole 2007 – Santenay – 16,50 €

Dans le registre des perles, cette cuvée s’impose  comme un des secrets les mieux gardés de la Bourgogne : à mi coteau, le Clos de Malte a été mystérieusement oublié dans le classement des 1ers crus. C’est pourtant un lieu magique, habité par un esprit, transmettant au promeneur comme aux vins une « énergie vibratoire » si bien décrite par Jacques Lardière, l’œnologue inspiré de la maison Jadot. Encore plus rare en blanc, le Clos y exprime toute sa minéralité, sous les arômes de noisette, de fleur d’acacia et de grillé qui rappellent Puligny. Il digèrera son bel élevage dans les 3 ans, mais s’exprimerait déjà sur des viandes blanches et des fromages.

Domaine Louis Jadot « Les Lavières » 2003 – Savigny-les-Beaune 1er cru – 19,95 €

Non loin de Pernand, un très joli Premier Cru bien maîtrisé par la maison Jadot. Le nez est tout simplement grand, avec ses notes de fruits à l’eau de vie et de pruneaux. La texture est d’une suprême distinction, et la bouche se pare ainsi de subtiles nuances automnales, sur une longueur caressante. Ayant atteint son apogée, ce cru sera délicieux sur les volailles de fête, et autres viandes blanches agrémentées de champignons.

 

à suivre...TOME 2 de suite après... 

 

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31 août 2010 2 31 /08 /août /2010 00:16

Lorsqu’un homme du cru, Bernard Ginestet, ici d’un grand cru puisque les Ginestet furent les propriétaires du Château Margaux (de 1950 à 1977), après avoir trempé sa plume dans la fameuse « Bouillie Bordelaise » en 1975 se glisse dans la peau du romancier pour brosser le portrait de l’archétype du courtier bordelais du milieu des années 60, c’est l’assurance pour le lecteur de savourer un texte dans lequel la fiction n’est qu’une manière élégante de mettre en scène la réalité. Son héros, « Edouard Minton est l’un des plus illustres représentants de cette caste privilégiée de la bourgeoisie bordelaise, enracinée depuis des siècles dans le quartier qui porte son nom : les Chartrons. » Bernard Ginestet qui fut maire de Margaux de 1973 à 1995, pur médocain, grand dégustateur est décédé le 29 septembre 2001.

 

Le premier chapitre suit la route du Médoc. Edouard Minton notre courtier, dans sa Peugeot a rendez-vous à Mouton (un Chartronnais ne dit jamais château devant le nom d’un cru et pratique l’abréviation : Las Cases ou Lafite comme le NAP dit Roland pour Roland Garros) avec le baron Philippe de Rothschild. « En fait, les courtiers bordelais se voyaient davantage convoqués qu’invités. Ils n’avaient à choisir ni le jour ni l’heure, fussent-ils déjà pris ou grippés »

 

Sa remontée vers Mouton nous vaut, lorsqu’il passe devant l’entrée du Château Prieuré-Lichine, un « Ah, celui-là ! Quel type ! En voilà un autre qui ne manque pas de culot ! Il a débarqué dans le paysage comme un crieur de journaux dans une librairie ancienne. Et ces monstrueux panneaux publicitaires qu’il a plantés un peu partout au bord des vignes... Les grands crus n’ont pas besoin de réclame populaire. Il se croît dans la vallée du Rhône ! « Dégustation-vente à toute heure ». Tout de même, il faut de l’aplomb pour appeler un cru « prieuré-lichine »Drôle d’œcuménisme. »

 

Pour situer le personnage, c’est un intégriste de l’église réformée qui, « en son for intérieur, n’aimait ni les catholiques ni les juifs ; quoiqu’il supportât leur compagnie avec civilité pour les nécessités du commerce. » Des manières un peu raides, une éducation parfaite, une façon de parler « imitable à cause d’un très léger bégaiement qui pouvait passer pour une recherche du mot juste et à cause de sa prononciation particulière des « t », mouillés à l’anglaise », toujours vêtu avec sobriété, « souvent en costume trois-pièces anthracite et richelieus noirs du meilleur cirage ». Madame « était née, Sluter, issue d’une lignée de marchands flamands dont l’installation à Bordeaux remontait au XVIe siècle » et « En trente-cinq ans de mariage, ils s’étaient tutoyés rarement, à l’occasion de disputes. Le changement de personne tenait lieu de changement de ton. Aucune invective, jamais, ne s’échangeait entre eux. » Bref, un couple uni, « malgré les incartades du courtier » et « quelques aventures passagères de son épouse. » Leurs vacances dans leur villa du Pyla « s’assortissaient d’une tolérance qui convenait surtout au mari » quoique madame se dévouait parfois « pour déniaiser un garçon de bonne naissance ». Le charme discret de la bourgeoisie des Chartrons donc !

 

Mais après ce détour dans les alcôves Bernard Ginestet, en un brillant paragraphe, brosse avec subtilité, l’art et la manière d’exercer le métier de courtier de GCC. « Le métier de courtier est à la fois lent et rapide. Il faut être à l’écoute du marché et le pressentir autant que possible en attendant l’heure de l’action. Il faut savoir téléphoner pour ne rien dire et se montrer omniprésent mais pas insistant. Il faut pouvoir foncer chez un acheteur en puissance, échantillons en main, muni d’un accréditif verbal mais indestructible de la part du vendeur. Les arguments ne reposent pas tous sur la qualité du vin. Savoir que Bertrand de Plassac a réalisé un joli contrat au Canada, et qu’il est – si tant que faire ce peut – heureux en amour et en famille, est un atout dans la manche que les maîtres du jeu utilisent à merveille. Connaître les besoins d’argent d’un propriétaire ambitieux, au moment, où il convient le mieux de les satisfaire, constitue un avantage décisif. Faire traîner l’établissement d’un bordereau, pour des raisons futiles mais réelles, est susceptible de provoquer une émulation bénéfique, à l’achat comme à la vente. C’est une question de dosage du temps. Car l’attente excessive peut se retourner contre vous. De même, la trop grande hâte est préjudiciable à l’image sérieuse de l’intermédiaire. Le courtier est une ombre agissante, qui possède l’art de ne rien faire en donnant l’impression d’être indispensable, ou qui va plus vite que ses partenaires, grâce à un supérieur instinct de chien de chasse, pointer et retriever. »

 

En bonus, pour les courageux qui m’ont suivi jusque là, encore une savoureuse histoire du terroir des grands châteaux médocains. « La Peugeot montait sans effort la petite côte arrivant sur le plateau de Beychevelle. De part er d’autre de la route, les châteaux Beychevelle et Branaire se regardaient en chiens de faïence. On ne sait plus trop comment le lopin de terre qui se trouve devant la grille principale d’entrée de Branaire appartenait à Beychevelle. Pour aller à Branaire, il fallait contourner la vigne et pénétrer par les communs. Les relations entre les deux vis-à-vis s’étant dégradées, Beychevelle mettait son linge à sécher devant la grille de fer forgé de Branaire. Edouard Minton pensa à la légende du duc d’Epernon, selon laquelle les navires passant devant le château devaient baisser leurs voilures en signe de salut. Maintenant, c’était « le duc » qui suspendait ses draps de lit au bord de la route ! »

 

 

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 00:03

Quand j’ai appris que Catherine Bernard étiquetait sa cuvée 2009 sous la bannière des « Vin de Pays de l’Hérault » je me suis dit qu’elle voulait ainsi donner un coup de chapeau au « bougon des cépages », le Languedocien de l’Hérault, le héraut des CAV, le chantre de l’Occitanie, qui pendant des décennies présida aux destinées des Vins de Pays de notre doulce France qui n'aime rien tant que les présidents à succursales multiples basés dans ma bonne ville de Paris (ça les change de la vie à StDrézéry) 

 

Caillou-8394.JPG 

 

Comme d’ordinaire je raconte n’importe quoi pour faire l’intéressant, le calamantran dirait les provençaux. Mais trêve de galéjades revenons à notre vigneronne de Saint-Drézéry.

 

Saint qui ? Drézéry en occitan Sant Dreseri, Saint-Drézéry est petit village à 15 km au nord-est de Montpellier de 2093 habitants dont les vignes sont nichées sous la bannière des Coteaux-du-Languedoc. Au même titre que : Cabrières, Grès de Montpellier, La Méjanelle, Saint-Christol, Vérargues, Saint-Georges-d'Orques, Saint-Saturnin, La Clape, Quatourze, Montpeyroux, Pic-Saint-Loup et Picpoul-de-Pinet, Saint-Drézéry est une appellation sous-régionale qui a fort envie de devenir une communale. Si vous n’avez pas tout compris prière de s’adresser à l’ami David Cobbold qui raffole de nos villages gaulois.

 

Mais comment puis-je vanner Saint-Drézéry alors qui est sis une star, un chouchou des « longs nez et des becs fins » : Gérard Bru l’homme du Château Puech-Haut qui a droit cité sur le site communal en compagnie de la coopé « Les Grès du Bérange » à Vendargues et le domaine du Caratà. Mais pas de trace de Catherine Bernard et de ses 3 hectares plantés de grenache, marselan et mourvèdre. N’aimerait-on pas les « estrangères » madame le maire ? Je suis sûr que non et je suis persuadé que dans la prochaine édition elle sera référencée comme elle est vient de l’être à la Contre-Etiquette. De plus, le simple fait de se voir dédier une chronique signée du seul « dégustateur imposteur » de la Toile la hisse sur des hauteurs qui ne peuvent que porter haut la renommée de Saint-Drézéry.

 

Mais qu’est-ce donc la Contre-Etiquette ?

 

Une petite boutique de marchands de vins d’abord virtuelle, puis tout ce qu’il y a de matérielle, un petit chouia naturelle, composée de Bons Vivants, de gens que j’aime, des gars qui bossent pour l’extension du domaine du vin. La maison a du changer de nom : c’est plus ochato c’est maintenant la contre-étiquette www.la-contre-etiquette.com . J’ai chroniquer sur elle y’a quelque temps et comme je suis un peu fainéant je vous conseille de vous reporter à mes admirables écrits : « Et si j’allais faire la foire o vins ochato : Nashville ou Belleville... »link  Chaque fois que je monte dans le bas de Belleville j’ai toujours le même sentiment d’y être un peu chez moi.

 

Rue Ste Marthe, Christophe Guitard, disponible, m’attend pour déguster la dernière cuvée de l’ignorée des édiles de Saint-Drézéry, la susdite : Catherine Bernard. Bon comme je suis nul en dessin je ne vais pas vous en faire un mais je suis toujours heureux lorsqu’une intuition débouche sur une histoire. L’histoire d’une rencontre entre une vigneronne passionnée qui ne verse pas dans les outrances, et un marchand de vins qui aime ses vignerons.

 

Catherine Bernard et moi, nous sommes un peu pays, mais nous nous sommes rencontrés la première fois sur une terrasse d’un café de la place de la Comédie, chère au cœur du Grand Jojo le statuaire, juste après la publication de mon fichu rapport link et depuis qu’elle est devenue vigneronne.

 

Goûter le vin de ses amis est chose bien plus aisée qu’on le pense : la flatterie n’a pas sa place dans l’amitié. Le vin de Catherine lui ressemble, il est s’en flafla, rieur, généreux mais avec la discrétion qui sied aux gens de chez nous, loin du paraître et des artifices. Cet esprit commence dès l’étiquette d’un minimalisme frisant la coquetterie janséniste. Même si certain vont m’accuser de copinage, le vin de Catherine a une âme terriblement humaine, avec ses grandeurs et ses imperfections. Que ce vin de pays de l’Hérault soit comme le dit avec sa franchise désarmante Catherine « le fruit d’une succession d’erreurs », non agréé par les instances Igépiennes, en définitive un assemblage de ce qui ne pouvait être selon elle ni un coteau-du-Languedoc ni un vin de table, peu me chaut. Ce qui compte au bout du compte c’est que vin a mené une double vie, qu’il a même eu plusieurs vies, et que lorsqu’il se présente à moi je me dis que ce gars de Saint-Drézéry n’est ni un patapouf, ni un rustaud, mais jeune luron délicat, souple et plein de fraîcheur qui fait la nique aux soi-disant icones du cru qui peuplent les étendues glacées des magasines. En plus, c’est un plaisir abordable mais attention faut vous dépêcher car la Catherine ne fait pas dans la grande série... Caillou-8393.JPG

 

Pour les amateurs de détails techniques voici la fiche technique de la cuvée 2009 de Catherine Bernard Vin de Pays de l’Hérault :

 

À la vigne

Trois hectares à Saint-Drézéry plantés de grenache, marselan et mourvèdre en AOC Coteaux du Languedoc

Deux fois trente ares de cinsault à Montaud.

Terroir argilo-calcaire, très argileux et très calcaire, allégé par des galets roulés du Rhône

Vignes travaillées en agriculture biologique, en cours de certification, doses de cuivre inférieures à celles autorisées grâce à des tisanes de prêle et d’ortie.

Vendange manuelle en caissettes

 

À la cave

Vinification en vendange entière sur un fond d’égrappé.

Courte macération préfermentaire à froid

Cuvaisons courtes et  extractions légères.

Levures indigènes

Sans sulfite, non filtré, non collé, non dégazé

 

Composition du vin

Production cette année d’une seule cuvée, assemblage du cinsault (un tiers), du grenache (un quart), du marselan (un quart), et du mourvèdre (un tout petit quart)

 

Esprit du vin

2009 est l’un de ces millésimes chauds et secs du Languedoc après un printemps pluvieux donnant une végétation importante.

J’ai fait le choix de vendanges précoces pour garder de la fraîcheur, du fruit croquant et un degré alcoolique réel raisonnable (13,4°).

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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 00:09

Comme je n’ai point de fils nul ne pourra me soupçonner d’être l’auteur de ce libelle provoquant sous le pseudonyme de Laurent Léguevaque. Le susdit existe et je ne l’ai jamais rencontré sauf sur une page de Libé. Son portrait brossé par Luc Le Vaillant m’a de suite incité à tomber dans ma maladie chronique : chroniquer. Dès l’entame du papier savoir que ce quidam, revendiquant un alcoolisme libérateur, fut pendant treize longues années juge d’instruction ça ne me disait rien de bon. Certes y’a pas de sot métier mais y’en a quand même des où jamais je n’aurais jamais osé pousser mon bouchon. Faire son Droit n’oblige pas à endosser les oripeaux des « petits juges » versus Bruay-en-Artois et là où coule la Vologne. C’est un peu comme si moi je m’étais laissé aller à embrasser le « beau métier » d’Inspecteur des Impôts (un de ces jours je vous raconterai l’histoire).

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Mais à tout pécheur miséricorde, Le Vaillant plaide pour lui « il commence à se fatiguer de « la fréquentation de la misère humaine ». Il finit par se défier de cette justice qui « protège les riches et s’acharne sur les pauvres ». Et, atypisme aidant, il reste en marge d’un milieu qu’il décrit comme « docile envers les forts et sévère à l’égard des faibles » et le voilà démissionnaire pour écrire. D’abord un polar dans la série noire chez Gallimard Accusez, couchez-vous publié en 2003. Débouché normal pour un ex-juge qui honnêtement « admet que la vérité se double souvent d’un plaisir voyeuriste peu ragoûtant. Vous allez me dire : l’éreintage va-t-il continuer ? Fichtre non, car Léguevaque, dixit Le Vaillant, « justifie ainsi cette adresse transgressive, perturbant une époque où les papas se font plus de tracas que d’œufs aux plats : « Pour moi, éduquer, c’est apprendre la liberté. Apprendre aux enfants à décider de leurs actes. Et donc de leurs ivresses. »

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Vous ne connaissez, transgression, responsabilisation, apprentissage de la liberté ça me plaît alors qu’est-ce je fais : j’achète l’opus du sieur Léguevaque 13 euros au Cherche Midi. Je le lis bien sûr et, je dois l’avouer – normal face à un ex juge – comme le dit le principal intéressé, son fils aîné, auquel le libelle est adressé « C’est très convaincant ». Oui, c’est convainquant même si, toujours comme son fils, face à ce plaidoyer pro domo, je ne peux m’empêcher de mettre un bémol sur « son cas » dont l’extrémisme sympathique, chaleureux, ne m’apparaît pas comme le seul à opposer à celui des hygiénistes. Pour avoir commis une chronique « Au risque de choquer : modération et tolérance ne sont guère mes tasses de thé … j'suis tendance bon vivant et accueillant... » http://www.berthomeau.com/article-29416108.html je ne crois pas que se bourrer la gueule avec constance, être un « pochard invétéré » soit le fin du fin de la libération. Comme dirait l’autre, si t’as besoin de te désinhiber avec l’alcool Léguevaque c’est que t’es inhibé alors ne fait pas de ton cas un cas d’école sinon tu verses dans un forme le moralisme qui stigmatise le bon vivant que je suis.

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Ceci écrit, cette adresse est emplie de morceaux de bravoure que j’ai apprécié avec délectation, c’est jubilatoire, franc, j’m’en foutiste, plein de verve, allègre, c’est libertaire et que voulez-vous lorsqu’il affirme que boire lui réussit c’est pour moi la quintessence du bras d’honneur à nos sinistres hygiénistes. Ça vaut son pesant de provocation et je trouve que ça aère, ça ventile les neurones, et j’estime que le coût de l’achat du livre de Léguevaque : Lettre à mon fils lui expliquant les excellentes raisons de boire devrait être remboursé par la sécurité Sociale car il est, à sa manière, d’utilité publique.

 

Un beau morceau «  Oserais-je te rappeler que le vin est fondateur de l’humanité telle que nous la concevons ? Demande à tes profs : sans la viticulture, nous serions condamnés au nomadisme. Parce que la vigne, à la différence d’autres plantations, met quatre années avant de donner ses fruits. C’est grâce à elle que les chasseurs-cueilleurs-cultivateurs ont été forcés de s’implanter durablement sur un sol. Vinification et civilisation sont sœurs jumelles depuis bien avant Rome... »

 

Une belle histoire « Tiens à propos de ce dernier – Hervé Chabalier – je participais récemment à un tournage avec des reporters et techniciens de l’agence Capa – dont Hervé Chabalier est le boss. Une fine équipe. Hors caméra, je dis à l’un d’entre eux, pour rire, l’admiration que je voue à Hervé Chabalier depuis sa croisade contre son alcoolisme surmonté. L’autre me coupe et lâche :

-         On voit bien qu’il n’est pas votre patron. Nous, on aimait mieux quand il buvait. »

 

Une brève de comptoir plus drôle que celles de Gourio « ... Perdre des heures au bistrot du quartier. Tu as dû t’interroger : qu’est-ce papa fait donc de si passionnant là-dedans ? C’est que, mon fils, voilà le seul endroit du monde où je peux entendre un préposé des postes en uniforme, droit comme un « I » derrière le comptoir, son courrier dans le besace et un monaco en main, à onze heures du matin, dire :

-         C’est malheureux de payer autant d’impôts, avec le peu que je bosse ! »

 

Le premier verre J’ai huit ans. Quelle est la raison de ce banquet ? La communion solennelle de ta tante – ma sœur – je crois. Deux tréteaux reliés par une large planche couverte d’une nappe jonchée d’assiettes et de verres, une table désertée : les adultes s’étaient éloignés pour consommer digestifs et cafés à l’intérieur de la maison. Demeuré seul dans le jardin, je prends une décision : essayer. Je me lance, avale en catimini quelques fonds de vin blanc, rouge, et de porto. Puis cours me cacher pour guetter l’effet produit sur moi. Garçonnet déjà enclin à la rêverie – comme toi, d’ailleurs –, je fais alors connaissance avec la méditation. L’ineffable délectation de contempler ses pensées. Les sentir défiler dans la torpeur euphorique de mon corps alcoolisé, l’esprit extatique : un éblouissement. Je crois n’avoir jamais éprouvé de nouveau une telle plénitude physique et morale, sinon la fois, où, bien plus tard dans ma vie... avec cette fille-là... Passons. »

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Je m’en tiens là. C’est un livre à lire car le père Léguevaque il n’est pas du genre à se ménager, à se présenter sous son meilleur jour « Soyons sérieux toutefois. Tu es mon fils, je te dois la vérité. L’ivrognerie, c’est aussi les misères du corps. Pas forcément la dégénérescence cérébrale et le delirium tremens, mais au moins : les oublis qui agacent, les lapsus qui dérangent, les sphincters qui trahissent et le coude qui dérape. Vomir, déféquer quand on ne s’y attend pas. Bafouiller. Ou trembler. On fait avec, en artiste, plus ou moins péniblement, Au risque de te choquer, je me suis déjà retrouvé à quatre pattes. J’ai déjà parlé à quelqu’un comme si c’était quelqu’un d’autre. Gênant... quand il d’agissait de ta mère... »

Voilà, vous êtes prévenu, mais croyez moi ce type au nom à coucher dehors, même si on ne sait pas par quel bout le prendre, tient un discours qui vaut la peine d’être tenu. Et pour finir la dédicace de son livre :

« La parfaite raison fuit toute extrémité

Et veut que l’on soit sage avec sobriété. »

Molière, Le Misanthrope

 

Pour ceux qui s'étonneraient de voir au frontispice de mon Espace de liberté se pavaner une vache je leur signale qu'il s'agit d'une vache allaitante primée by UE arpentant la D1, en compagnie de quelques consoeurs, du côté de Vico et que j'adore les vaches, et plus encore les vaches en liberté qui occupent les départementales, que haïssait tant Jean Yanne, pour démontrer leur existence aux grands méchants bureaucrates de Bruxelles qu'adore Périco Légasse.

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 00:09

Dimanche, « Puces d’Ajaccio » sur le front de mer, un peu de chine, des livres pour titiller mes neurones chroniqueurs, mon œil attrape un titre alléchant « Cuisine Inspirée », l’audace française. Belle jaquette, inspirée : citron soleil, je suis piégé. Si je l’ouvre je cours deux risques, être déçu et je n’achète pas ; être emballé et j’achète quel que soit le prix. Paradoxe du chineur qui, dans la même minute, peut se sentir soulagé de ne point trouver chaussure à son pied pour sitôt claquer tout son liquide. Là je feuillette. Séduit. Superbe iconographie, belle mise en pages, textes de qualité même si la typographie est un peu touffue. Question habituelle : un de plus, que vas-tu faire de ce bel ouvrage ? Le glisser entre beaucoup d’autres, l’oublier... Oui, mais un jour, je ne sais pourquoi, à la surface il remontera. Dilemme classique du chineur soudain tranché par la découverte de Pierre-Henry Gagey soumis à la question. Je lis toutes ses réponses. J’achète : 15 euros pour un prix unique affiché de 49 euros.

 

Dans ma tête tout s’est aussitôt enclenché, j’allais être le metteur en scène d’une chronique sur un scénario nickel chrome d’Ingrid Astier, l’auteur de l’ouvrage susnommé publié en 2007. Que du bonheur, je bichais ! Bien sûr j’allais me permettre d’emprunter « un texte » sans l’habituel copyright mais ce faisant, n’allais-je pas lui redonner une seconde vie sur la Toile, donner envie à des lecteurs potentiels d’acheter l’ouvrage : « Cuisine Inspirée », l’audace française d’Ingrid Astier, photographies d’Hervé Nègre publié chez Agnès Viénot éditions. Clap ! Moteur, silence on tourne.

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Vous présenter Pierre-Henry Gagey sur cet espace de liberté pourrait s’apparenter à une faute de goût si Ingrid Astier, dans le portrait qu’elle trace de lui, ne le faisait bien mieux que je n’aurais su le faire. « Rarement une maison n’a ressemblé autant à l’homme qui la dirige. Élégance, mesure et faux classicisme campe le personnage : il produit des vins d’honnête homme [...] Pierre-Henry Gagey a la sagesse de se situer hors jeu : l’opposé du vieux jeu cependant... Je le crois au-delà. Rien d’arrogant à cela : il se tient au-delà comme un homme qui aurait la vanité d’une course inutile, et règle sa montre sur la nature. »


Je confesse ma grande proximité avec cette ligne de conduite mais comme je ne suis pas bourguignon et comme « La Bourgogne a distillé quelques traits à Pierre-Henry Gagey. Une fausse distance observatrice, une méfiance face à l’importun, un recul lucide. Et le goût de la patience » je ne puis me permettre d’aller au-delà de cet aveu même si je partage avec Jacques Lardière une origine vendéenne.

Cependant, à mon sens, savoir concilier, comme le fait la maison Louis Jadot, entreprise moderne et cousu main devrait imprégner l’ADN de notre industrie du vin. Loin du « fast wine », proche de l’emblématique escargot de Bourgogne, « pas de grand vin, pas de vin noble sans prendre son temps » car « le temps qui passe joue pour nous tous un rôle essentiel qui affine, assouplit, qui révèle, qui exulte »Et corollaire de ce sens du temps celui de la nature « Nous avons le devoir, en respectant notre terre, en la faisant vivre, de préserver tout ce que la nature et l’homme ont construit ensemble. Cette responsabilité doit être notre première préoccupation car l’homme peut commettre des erreurs irréparables. » Alors, quoi de plus naturel que « Pierre-Henry Gagey refuse les « vins d’apparence », où l’homme ne sait pas s’effacer. Il n’est ni pour la douteuse ostentation, ni pour le masquage, ni pour la sucrosité, mais pour des vins de parole ; sa sensibilité le porterait vers ces vins « assaisonné d’esprit » de Saint-Simon. »

 

Le Sommaire de ce livre : Avant-Goût par Pierre Richard, puis Abécédaire d’une hédoniste récidiviste, Portraits d’Esthètes-Gourmands, Questions pour Esthètes-Gourmands, Sous leur regard : Envie de recettes, Les mots pour le dire index des termes, Un monde idéal Carnet d’adresses... 25 personnalités dont Bartabas, Alain Passard, Pierre Richard, Michel Bras, Pierre Hermé, Michel Troigros, Olivier Baussan, Pierre Gagnaire, Hervé This etc. et pour nous Pierre-Henry Gagey. À lire avec gourmandise car dans la famille Gagey on naît et on n’est gourmand de père en fils...


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QUESTIONS  POUR ESTHÈTES-GOURMANDS : PIERRE-HENRY GAGEY

 

1-      Un plat traditionnel qui vous est cher ?

Bien évidemment, c’est une recette de ma mère ! Recette typique de la Bourgogne où je puise mes racines : c’est une daube, mais pas ordinaire, ni banale – la viande de bœuf marinée dans une lie de grand vin juste tirée du fût, crémeuse, violine, et si délicieusement parfumée. Quand ma mère recevait un grand chef à la maison, il avait toujours droit à ce plat chez nous mythique.

 

2-      Un ingrédient qui vous remonte le moral ?

Un ingrédient je ne sais pas...mais un  bon sandwich jambon-beurre (avec le pain exquis de la Meulière à Chalon-sur-Saône et du vrai jambon), quelques cornichons, une bonne bière me donnent un bon coup de fouet en cas de baisse de régime.

 

3-    Ce qui crée selon vous l’harmonie d’un plat ?

Sa simplicité, le bon dosage des ingrédients et une cuisson parfaite.

 

4-      Les critères qui déterminent la réussite d’un repas ?

Ils sont nombreux, mais quatre d’entre eux dominent : la qualité de la matière première, les convives, les vins, la manière dont la table est décorée.

 

5-   Une saveur dont vous ne sauriez-vous passer ?

L’huile d’olive toscane qui agrémente tous nos repas.

 

6-   Un dessert où vous appréciez l’association du sucré et du salé ?

Le bon gâteau au chocolat dont chaque famille croît posséder la meilleure recette, réalisé avec du beurre salé, indémoulable et bien « taqué » au milieu.

 

7-    Un plat audacieux ?

Des cuisses de grenouilles exquises, légèrement aillées, servies à Londres à l’occasion du Conseil d’administration d’une grande banque anglaise.

 

8-      Un plat que vous cuisinez à l’infaillible puissance de séduction ?

C’est ma femme qui cuisine et cela marche à chaque fois : selon l’inspiration du jour, sans recette, à la dernière minute, avec les bons produits qu’elle a sous la main.

 

9-   Une saveur acide que vous appréciez ?  

J’adore l’acidité dans les plats, dans les vins, qui exulte tous les arômes. Cette acidité doit être naturelle et provenir des produits eux-mêmes, par exemple un Puligny-Montrachet Premier Cru les Pucelles 1996 de mon amie Anne-Claude Leflaive : pur sang, minéral, expriment si bien le calcaire de Bourgogne.

 

10-  Une association courante de saveurs qui vous semble vulgaire ?

Un gratin de chou-fleur trop cuit : l’aspect, la couleur, l’odeur, la texture et la saveur sont le comble de la vulgarité.

 

11-   Un plat dont vous parlez encore ?  

Pour fêter ses 20 ans de fourneaux, Jacques Lameloise nous a préparé (pour 100 personnes !) un foie chaud poêlé, subtilement salé, croustillant, délicieux, inoubliable... J’en salive encore !

 

12-  Un plat qui a de l’humour ?

Le fameux cigare de Michel trama (Les Loges de l’Aubergade à Puymirol) aux incomparables saveurs de havane.

 

13-  Un légume que vous appréciez au dessert ?

Aucun. Par contre, je mange chaque fois que c’est possible une glace à l’estrgon accompagnant une fine tarte chaude aux pommes.

 

14-  Le plat qui vous a le plus surpris ?

Celui que je mangerai demain...

 

15-  Une astringence plaisante ?

Comme l’acidité, j’aime l’astringence, la vraie, la noble, porteuse de terroir et de caractère. Je déteste bien sûr l’astringence sèche, mais une bouteille de Château Lafite parfois un peu ferme et astringent est tellement supérieure aux vins trop tendrs et acidulés que le monde moderne produit aujourd’hui.

 

16-  Une pâtisserie d’enfance que vous ne remangerez plus ?  

Malheureusement, le gâteau à la peau de lait de mon enfance dont j’ai encore le goût à la bouche.

 

17-  Un mets érotique ?

Le baba au rhum. Pourquoi ?

 

18-  Une amertume intéressante ?

Là encore, comme l’acidité et l’astringence, j’aime une légère amertume dans les plats. La cuisine japonaise lorsqu’elle est bien contrôlée peut donner parfois une amertume délicate exquise.

 

19-  Le lieu le plus insolite pour se délecter d’un dessert ?

J’adore les desserts et j’en mange tous les jours en tous lieux.

 

20- Un plat triste ?

Les carottes Vichy : on m’en réservait jusqu’à je finisse mon assiette lorsque j’étais enfant et ce cauchemar est toujours présent dans mon souvenir.

 

21-  En quoi l’imaginaire participe de votre plaisir gastronomique ?

L’imaginaire, pour moi, c’est le futur plus que le passé. J’aime imaginer ce que je mangerai et boirai demain et j’essaie (c’est parfois difficile) d’éviter la nostalgie. Bien sûr le souvenir du goût est un sentiment délicieux.

 

22-  Quelle est la place du rêve dans votre métier ?

Dans mon métier, le rêve est pour nos clients. Produire un grand vin, c’est faire confiance à la terre et parfois à des éléments que nous ne dominons pas et ne comprenons pas. L’irrationnel fait partie intégrante de notre vie et c’est franchement ce qui nous excite le plus.

 

23-  Un mets ironique est-il possible ?  

Un hamburger au foie gras poêlé... Qui fait un pied de nez à Mac Do.

 

24-  En voyage à l’étranger quelle part de la gastronomie française vous manque ?

Les fromages sans aucun doute.

 

25-  Quelle importance accordez-vous à la dernière bouchée ?

La dernière  bouchée, c’est comme la dernière bouteille d’un grand vin que vous buvez pour la dernière fois. J’aime à penser que c’est un moment unique qui ne se reproduira plus. C’est aussi pour cela que je l’aime.

 

 

 

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25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 00:09

Bordeaux, paradis de mes anges

Olympe de mes Dieux, Bordeaux,

J’irai te chanter des louanges,

La besace homérique au dos...

Toujours aussi porté sur la poésie que sur le vin voilà donc notre bourguignon chevauchant Pégazou aux portes de Bordeaux. Il a pris tout son temps, la Charente, le Périgord, il affute sa plume « Et saint Jean me rappelait le principe fondamental : « Ne laeseris vinum ». Ne faites pas mal au vin ! Il fait style « je dirai donc que je suis entré dans le Bordelais sous un arc de triomphe : Montaigne était la première colonne, Saint-Émilion fut la seconde. Il n’y a pas de déshonneur à aimer le vin. Comme Villon, j’avouerai un jour que...

             de la grosse bouteille...

J’ay maintes fois tiré l’aureille.

Dumay déclare qu’il n’est pas venu à Saint-Émilion chercher et lire les œuvres du poète local : Ausone dont Thibaudet dira qu’il fut, quoique latin, « le vrai doyen de la littérature française ». Ironique notre bourguignon note que l’opinion d’Ausone sur ses œuvres est empreinte d’une qualité rare à Bordeaux, la modestie, «Si l’on vendait cela aux enchères, Afranius n’en donnerait pas un zeste, ni Plaute un pépin. »

Invité par le syndicat d’initiative de Saint-Émilion, notre Replongeard redoute la fanfare et un triste déjeuner puisqu’on l’a prévenu qu’il aurait « monsieur le maire, monsieur le premier adjoint au maire, monsieur syndicat... » Il se trompait, à midi pétante « quand Pégazou vint se ranger sur la petite place de l’église d’où l’on a une si jolie vue sur la ville, récif doré accroché dans le vignoble vert. Ni musique ni pompiers, mais trois hôtes charmants qui m’installèrent près d’une fenêtre d’où j’avais vu sur les vignes. »

Parmi ses hôtes M.Capdemourlin, président du syndicat vinicole, et tous de parler « de Stendhal, des danseuses du Grand Théâtre de Bordeaux, de l’histoire de Saint-Émilion et, par accident, semblait-il, des vins du Bordelais... pas de Bordeaux. Dumay est un coquin, il met le pic de sa plume toujours au bon endroit. Et voilà que notre et ses hôtes de livrent aux plaisirs de l’histoire « Le vin, connu et célébré depuis si longtemps, est en réalité une création récente. Pendant des siècles, il fut but jeune et frais » Suivent deux belles pages sur lesquelles je reviendrai dans une prochaine chronique estivale.

« Nous avions commencé par un clos-Fourtet corsé, presque rugueux, un peu trop jeune. Adolescent, le vin de Saint-Émilion est dur, « casse gueule », dit-on dans le précis langage vigneron. L’âge lui donne cette souplesse de velours qui se révéla au cap-de-mourlin et devint  pâaamante, comme eût dit une héroïne de Colette, avec le château-Ausone (gloire moins discutée que ses vers latins) dont la source appartient à l’un de mes hôtes, M.Dubois-Challon. »

Suis un morceau de choix dont nos présents littérateurs viniques devraient méditer «En silence, nous faisions tourner la liqueur rouge dans nos grands verres. Elle se creusait au centre, montait à ras-bord. Une rose charnue et souple semblait éclore entre nos doigts. Elle avit plus qu’un parfum, un fumet un peu sauvage qui plaît fort aux gens civilisés. Devant cette bouteille ténébreuse, nous eûmes un instant de recueillement qui dépassait le plaisir de boire. Une phrase    liturgique de Mauriac me revenait à la mémoire. « Le soleil est réellement dans chaque grain de chaque grappe. » Pas seulement le soleil, mais un long passé plein de luttes, de déboires, d’erreurs, de succès, de travail et d’intelligence. Un chef d’œuvre comme le château-Ausone appartient à la race toute entière. À travers lui, on rend hommage à tous les Français et si tant de poètes vont puiser leur esprit dans les bouteilles, c’est que des millions de paysans taciturnes y déposèrent le leur. »

Dumay est grand et je suis sûr que l’ami François le Débonnaire, en goûtant ces lignes, sera proche de l’extase !

Après cette belle envolée Le Bourguignon s’interroge « Vais-je rouvrir la fameuse querelle des bordeaux et du bourgogne ? » Qu’il est révélateur ce pluriel et ce singulier... Sa réponse, comme toujours, est tout en finesse. « Un mien compatriote, président de quelque parlement, se refusait à rendre une sentence dans ce procès, ayant trop de plaisir, disait-il, à examiner les pièces. Outre mon incompétence, j’arguerai d’une sorte de malchance. Si j’ai tant apprécié le Saint-Émilion, c’est qu’il ne m’a point surpris. Il passe pour le bourgogne de Bordeaux. Vin mâle, il s’oppose aux vins femelles du Médoc. Et puisque, dès qu’il s’agit de verres et de bouteilles, nous avons toujours la ressource de faire donner la garde poétique, j’appellerai à mon secours le cher Monselet :

Au seul Bordeaux toujours fidèle

Buveur d’hier et d’aujourd’hui,

J’admets que pour plus d’un rebelle

L’éclair d’un autre vin ait lui.

 

À quoi bon fuir le parallèle

Avec un loyal ennemi ?

Disons que le Bordeaux c’est Elle

Et que le Bourgogne c’est Lui.

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