Bordeaux est synonyme de vin, Nantes est synonyme de rien. Les deux grands ports de l’Atlantique nichés tout au fond d’un estuaire, distant de quelques centaines de kilomètres, s’ignorent et ne s’aiment pas. Et pourtant ils pratiquèrent, Nantes à grande échelle puisque la ville fut le premier port négrier d’Europe, le commerce du bois d’ébène dénommé pudiquement « commerce triangulaire ». Bordeaux est à droite dans un département de gauche, et Nantes le contraire. Nantes a adopté très tôt le tramway, Bordeaux fort tard. Nantes avait son quai de la Fosse mal famé, Bordeaux celui des Chartrons très bien porté. Le bourgeois bordelais est snob, le nantais discret. Dans les temps anciens entre les Girondins de Bordeaux et les Canaris Nantais le derby se résumait dans l’opposition du jeu frustre, britannique des premiers et le jeu bien léché, à la française, des seconds. Nantes avec ses métallos des Chantiers de l’Atlantique fut un haut-lieu de mai 68 (La Commune de Nantes par Yannick Guin chez Maspero) alors que Bordeaux recueillit le gouvernement du Maréchal Pétain, le dernier de la IIIe République. Bordeaux a des Maires Premier Ministre au destin contrarié, Nantes espère que son maire sera un jour Ministre. Je pourrais ainsi m’amuser longtemps mais il est temps que je passe aux choses sérieuses : à la bouillie.
Eut égard à mon incompétence noire en chimie, comme d’ailleurs en de multiples domaines, je vais me contenter de vous livrer les définitions de Wikipédia en espérant que des «esprits éclairés » (je sens qu’ils piaffent déjà) prendront le relais. Si j’aborde le sujet c’est qu’il semblerait que la bouillie nantaise, aux dires des experts du Développement Durable, a une action plus curative que préventive, et qu’elle évite l’appauvrissement des sols contrairement à la bordelaise qui à la longue aurait tendance à les intoxiquer.
« La bouillie bordelaise est un pesticide (algicide et fongicide) fabriqué par neutralisation d'une solution de sulfate de cuivre par de la chaux éteinte.
Elle contient 20 % de cuivre (exprimé en cuivre métal). Pour garantir un meilleur effet mouillant on y ajoute un surfactant (du savon noir naturel en général).
Elle est souvent vendue sous forme de poudre micronisée mouillable (de couleur bleue), de masse volumique d'environ 045 g/ml (± 0,1g/ml), à ne pas confondre avec d'autres matières actives biocides à base de cuivre tels que l'oxychlorure de cuivre, l'oxyde cuivreux ou l'hydroxyde de cuivre).
En Europe, la réglementation a évolué en imposant une diminution des doses. »
« La bouillie nantaise ou bouillie sulfo-calcique (BSC) est un fongicide polyvalent avec effet insecticide et anti-acariens. Elle a été créée en 1860 pour lutter contre les cochenilles des arbres fruitiers.
La bouillie est obtenue par chauffage d'un mélange de lait de chaux et de soufre.
On peut l'utiliser du printemps à l'automne comme anticryptogamique en curatif. Elle permet de lutter contre la tavelure, la cloque du pêcher et l'oïdium et stimule la végétation »
Nantes, qui n’aime pas le Muscadet, prendrait-il une belle revanche sur Bordeaux qui longtemps ignora ses Châteaux ? En ces temps où beaucoup de nos décideurs, en nous prenant pour des veaux, se contentent de nous livrer de la bouillie pour chat, rajouter quelques louches de bouillie dans le débat, en mettant de l’huile sur le feu, me va bien au teint. Comme l’écrivait, feu Bernard Ginestet, en dédicace de son livre éponyme : « Je dédie cette bouillie bordelaise à mes parents... une cuillérée pour maman... Une cuillérée pour papa. »
À vous, je vous cède la louche... car moi je flippe pour ma vigne en cas d'attaque d'oïdium... aidez-moi vous qui savez !