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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 12:00

david-le-sacre-de-napoleon-detail.jpgJ’aborde cette question avec beaucoup de détachement pour deux raisons essentielles : tout d’abord je me considère, et ce n’est pas une coquetterie, comme un dégustateur-imposteur, donc je ne pratique pas la critique vinique ; ensuite venant de la coulisse politique, qui n’est pas plus que d’autres mondes peuplée que de prévaricateurs, je ne m’associerai jamais au slogan « tous pourris » qui permet aux démagogues de toute couleur de baver sur la démocratie.

 

Reste le fond de ma question qui peut s’exprimer d’une autre manière : un critique, où qu’il écrive ou s’exprime, n’est-il pas par construction quelqu’un qui s’arroge un pouvoir ? En effet, s’autoproclamer c’est  « décider soi-même d'exercer une fonction, de s'attribuer un statut. » Bien sûr, dans le système Gutenberg puis celui des médias dit audiovisuels, pour s’exprimer le critique avait besoin d’un support et il devait se soumettre au choix : d’un éditeur, d’un rédacteur en chef ou d’un patron de chaîne. Pour autant, lui demandait-on, hormis d’écrire ou de s’exprimer dans un français et un style correct, de présenter l’attestation de ses états de service.

 

Alors le professionnalisme ferait-il la différence ?

 

Voir la chronique du grand Lalau

Robert Parker n'aime guère les blogueurs

link 

« Le grand Bob s'y montre assez expéditif. A croire qu'il avait une casserole sur le feu ou des cookies dans le four. »

La réponse de Robert Parker tient presque de la parabole:

« Il y a deux écoles dans la critique ou la littérature vineuse:

1) Le professionnel payé qui est habituellement indépendant et bien formé;

2° Les blogueurs qui offrent leur avis gratuitement, et qui, pour la plupart, manquent de sérieux et de professionnalisme »

 

Lire la réponse de Lalau.(Hervé rassure-toi Bob lit mon blog  comme Michel Rolland...)

 

Pour moi qui ne suis qu’un simple lecteur ou auditeur ce qui peut m’inciter à me référer à un critique pour choisir un film ou un livre ou une pièce de théâtre (pour le vin j’avoue que je ne m’y réfère pas) c’est que je lui accorde une forme de crédibilité, d’indépendance. L’important pour le média qui l’emploie c’est que le dit critique attire sur son nom un lectorat qui se reconnaisse en lui. En effet, la critique est toujours subjective puisqu’elle est le fait d’un individu qui a une histoire, un système de valeurs, des références, des à priori, des aversions, ce n’est qu’un homme. Pour la critique de bouche, cuisine et vin, la problématique se complique car ceux qui la pratique on beaucoup de mal à l’exprimer, surtout pour le vin car il n’existe pas de vocabulaire spécifique, ou si peu. De plus la discipline mobilise plusieurs sens : la vue (l’étiquette aussi), l’odorat, et le goût. Bien évidemment, le système dit de notation, qui en soit n’est pas absurde, ne vaut que pour le seul notateur. Il est relatif, purement systémique : Parker, B&D, RVF, Duponnesque ou la gente anglo-saxonne qui elle aussi est dotée de ses à priori et parfois d’une suffisance qui vaut la française.

 

Reste ces foutus petits cons de blogueurs qui écrivent tout et n’importe quoi, sans contrôle éditorial, des autoproclamés quoi ! Avant de repasser le plat d’une chronique traitant de ce sujet permettez-moi deux remarques préalables :

-         Quel pouvoir prescriptif ont ces autoproclamés ?

-         Combien survivront à l’usure du temps ?

 

Même si les termes pourront vous paraître grandiloquents nous assistons, comme pour l’économie mondiale, à une tectonique des plaques dont nous avons bien du mal à mesurer les effets. L’Internet, les blogueurs, les réseaux sociaux existent et faire comme si tout cela n'était que de la roupie de sansonnets relève de la cécité et d'une forme de bêtise. Sans remuer le couteau dans la plaie j’ai le souvenir récent des railleries de certains sur les prémices du printemps arabe en Tunisie… Nous sommes face à un nouvel outil de communication qui dérange, irrite, exaspère mais pour autant, sans lui conférer une quelconque supériorité, le considérer comme un joujou pour jeunes cons agités ou pour vieux cons en déshérence est une grossière erreur.

 

J’ai commis sur ce sujet plusieurs chroniques. Je vous en donne les liens.

 

« L’Internet pousse les murs » de l’espace public tout «en enlevant le plancher » les gate-keepers chargés de surveiller la frontière fulminent link

 

 

 

Les afterwork du taulier « Le temps des médias de masse est révolu. Celui du lien est en train de naître. » link

  

« Ne pas confondre un passe-plat avec un maître-queue… » dixit François Morel à propos de Claire Chazal : qu’en est-il en notre petit monde du vin ?link

 

 Pour ceux qui voudraient aller à l’essentiel  

 

« Internet n’est pas un média comme les autres. Beaucoup voudraient l’inscrire dans une chronologie qui commencerait avec la presse et se poursuivrait avec la radio et la télévision. Internet serait en quelque sorte l’aboutissement naturel de l’évolution des médias de masse, puisqu’il parvient à associer le texte, le son et l’image dans le format numérique du multimédia. Mais cette conception, qui fait s’enchaîner les grands supports d’information, est trop simple. Elle transpose paresseusement vers Internet des modèles qui sont forgés dans le monde des médias traditionnels : une pratique du contrôle éditorial, une économie de la rareté, une conception passive du public. Il suffirait de dompter ce jeune média rebelle pour que se perpétuent les modèles économique, culturel et politique qui se sont établis tout au long du XXe siècle. »

 

« Le web ne se laisse pas apprivoiser facilement. Il pose des défis redoutables aux producteurs d’informations, aux détenteurs de la propriété intellectuelle, aux politiques de communication des entreprises, des institutions et des partis. » Le vieux modèle séparant l’espace de sociabilité (les échanges interpersonnels) et l’espace public voit ses frontières devenir poreuses. Autrefois « entre les deux, des « gardiens », les bien-nommés gate-keepers, éditeurs ou journalistes, se sont chargés de surveiller la frontière. C’est sur cette séparation que se sont édifiées les principales oppositions qui structurent l’espace public : la conversation et l’information, les individus et les citoyens, le privé et le public, le marché et la politique, etc. Ce découpage, renforcé tout au long du XXe siècle, est au fondement d’une économie de la représentation qui place d’un côté l’espace des interactions entre les individus, de l’autre les univers de plus en plus professionnalisés et clos sur eux-mêmes de la politique, de l’information et des industries culturelles. »

 

Brouillage, effacement de la ligne de démarcation, « Internet élargit l’espace public. Il ouvre grand les portes d’un univers qui s’était enfermé dans un dialogue entre des journalistes encartés et des professionnels de la politique. »

Danger crient les initiés « agressivité des débats, fausseté des informations, diffusion de rumeurs, rétrécissement de l’espace privé, pillage des œuvres protégées, exhibition narcissique... »

 

Chance proclament les révolutionnaires du Net ce serait la disparition de l’espace public et la prise du pouvoir des internautes »

 

On se calme ! « Il est cependant hasardeux de tenir des positions aussi tranchées, dans la mesure où Internet instaure moins une compétition entre professionnels et amateurs qu’un système d’interdépendances agissant sur les uns et les autres. »

Comme l’écrit Dominique Cardon dans son petit livre rouge «La démocratie Internet» promesses et limites au Seuil La République des idées « Internet pousse les murs tout en enlevant le plancher. Il ôte d’abord le privilège d’accès à la publication dont bénéficiaient naguère les professionnels. L’apparition des amateurs sur la scène publique étend considérablement le périmètre du débat démocratique. La parole publique ne reste plus sans réponse, dans une posture d’autorité imposant à son public silence et déférence. Elle peut désormais être commentée, critiquée, raillée, transformée par un grand nombre de personnes autrefois inaptes ou ignorantes. Mais Internet aspire aussi dans l’espace public les expressions personnelles des internautes. Le web s’empare de conversations qui n’étaient pas reconnues comme « publiques », en profitant des nouvelles pratiques d’exposition de soi des individus. »

 

Sur son blog Hervé Lalau, un peu excédé par cette profusion, cette agitation, cette obsession du flux, à juste titre craignait un raz-de-marée du moins disant. Ce n’est pas une crainte injustifiée car l’autoédition ouvre la porte au déferlement du n’importe quoi et au triomphe du plus petit commun dénominateur. L’histoire de la bande-FM libérée en 1981 en est un bon exemple : les grands gagnants de celle-ci furent les diffuseurs en boucle de musique-soupe : NRJ tout particulièrement. Cependant le contre-exemple c’est la chaîne de TV ARTE née sous les lazzis au temps de Jack Lang qui, sur une ligne éditoriale de qualité, a su s’imposer dans le paysage des généralistes.

L’intérêt du Net c’est que nos diffuseurs vivent sur un modèle économique qui, pour l’heure, ne nous impose aucune ligne éditoriale. Alors à nous de faire en sorte de mettre dans les tuyaux des contenus de qualité qui petit à petit gagneront une audience fidèle pratiquant le bouche à oreille. Moi qui fais partie de la génération des baby-boomers, je considère le blog comme mon devoir de transmission. Je l’assume au jour le jour, sans souci de reconnaissance mais pour le plaisir de créer ou de recréer des liens sans le souci des gate-keepers chargés de surveiller la frontière de l’info d’origine contrôlée. Reste aux journalistes professionnels à retrouver dans leur rédaction le sens profond de leur métier et notre vie en commun fera progresser le débat démocratique... »

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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 16:00

leclerc_mai_68_01.jpgLe Michel-Edouard tient un blog sur la Toile « De quoi je me M.E.L » link dont la date de création est contemporaine du mien. J’ai même discuté avec lui sur le sujet lorsqu’il avait ses bureaux à Issy-les-Moulineaux. C’est un pro de la communication, d’ailleurs c’est son boulot chez les Leclerc, et il faut lui reconnaître un réel talent de bateleur postmoderne. Pour le reste, à force de trop vouloir prouver et  toujours apparaître comme un saint Jean bouche d’or héraut de la défense des consommateurs le MEL n’est pas forcément d’une crédibilité à toute épreuve. C’est son problème, pas le mien mais quand on se veut redresseur de torts mieux vaut mettre ses pratiques en accord avec ses paroles.

 

MEL est un garçon simple, on peut le croiser avec son petit sac à dos d’un un ciné mais ça ne l’empêche pas (dites-moi 5 pater et trois ave) d’être doté d’un ego de haut niveau bien symbolisé par sa question faussement « sans gêne »sur son blog à propos du titre d’un futur bouquin de Nanard le burné « de quoi je me mèle ? » : notre Bernard ne se formalise pas. J’imagine que son éditeur a fait son boulot. Je n’irai pas lui réclamer des droits d’auteur, mais tout de même, appeler son livre « De quoi je me mèle », c’est gonflé ! Certains diront que c’est finalement une belle reconnaissance de la notoriété de ce blog. Mais sur la politique, le foot, l’argent et le business, j’aime autant éviter qu’on «s’emmêle» !

 

Revenons à l’ordre du jour de cet afterwork : notre MEL claironne dans le Monde du 28 octobre « Notre objectif est de détrôner Carrefour d’ici à 2015 » et répond aux questions de David Blicki. Seule la première ma scotchée. Je vous livre la réponse de

 

David Blicki : Comment se comporte la consommation en France ?

 

MEL : Jusqu'à juillet-août, la consommation a tenu. Mais depuis septembre, elle donne des signes de faiblesse. Un bon indicateur : quand les centres Leclerc marchent bien... c'est que la conjoncture va mal. En septembre, nous avons enregistré une hausse de nos ventes de 8 % hors carburants (+ 11 % avec les carburants) et le rythme continue. Le fait que les consommateurs se tournent vers des enseignes qui offrent une forte lisibilité en termes de prix bas est un bon baromètre des inquiétudes sur le pouvoir d'achat.

 

Second signe d'essoufflement, ce sont les foires aux vins. Chez nous, il n'y a pas de croissance, quand certains concurrents enregistrent une baisse de 20 % par rapport à 2010. Toute une catégorie de clients, qui investissaient dans le vin en achetant des caisses de grands crus, a réduit fortement ses dépenses. Enfin, les rayons d'électronique grand public et d'électroménager sont en baisse sensible.

 

J’adore ! Tout est dit dans le non-dit. Donnez libre cours à vos commentaires…

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 00:09

Chemin faisant, baguenaudant, depuis plus de six ans, sur cet espace de liberté, j’avoue une certaine forme d’agacement, de lassitude, d’exaspération parfois, lorsque je vois ce que je vois, lorsque je lis ce que je lis, lorsque j’entends ce que j’entends… Alors, n’ayant aucune prédisposition pour la misanthropie, j’ai pris, comme le disait ma sainte mère « une bonne résolution » : ne plus m’échauffer les sangs pour de vains combats, pour les postures minables, pour les approximations, pour les ouvriers de la vingt-cinquième heure, pour les groupusculaires de toutes obédiences… Rassurez-vous, cette soudaine et tardive sagesse ne m’empêchera pas de mettre mon grain de sel là où il n’est pas désiré. En revanche, je n’accepterai plus de m’engager par procuration aux côtés de qui que ce soit. J’ai déjà donné, beaucoup, et plutôt que de me fâcher avec de bons amis je leur dit « bon vent les poteaux, oubliez un moment que vous êtes d’ici ou d’ailleurs, que Bordeaux ou l’Alsace ne sont pas les nombrils du monde, je sais qu’être minoritaire avec le sentiment de mener le combat contre les conservateurs de tout poil c’est dur et lassant… » Mais que voulez-vous je ne suis pas vigneron et, comme le statut d’expert en tout et en rien ne sert à rien, m’occuper de mes oignons me va bien.

 

Voilà c’est dit au détour de ce début de journée où je ressors de l’oubli cette chronique. Bonne lecture, vous pouvez acheter le livre en toute confiance

 

 Se prénommer Noah, certes avec un h, être un écrivain américain à succès – étasunien plus précisément – vous prédispose assurément à écrire un livre émouvant, d’une beauté simple, juste et vrai, sur le voyage initiatique à la fin du XIXe siècle d’un jeune vigneron du Languedoc à la Catalogne. Lisez-le vous y retrouverez, dans une langue sans fioriture, tout ce qui fait la grandeur et la servitude du métier de vigneron.

 

Une autre époque certes, dure, implacable, mélange de soumission et de fierté d’une communauté humaine liée à sa terre, solidaire dans sa condition de servitude, d’apparence immuable, miséreuse mais d’une grandeur d’âme sans pareille. L’amour, toutes les passions humaines, la politique, la religion, l’argent, le commerce et, bien sûr, la culture de la vigne et l’élaboration du vin, donnent aux femmes et aux hommes de cette terre aride de Santa Eulalia, une vérité humaine émouvante. Sans vouloir extrapoler j’estime que bien des ingrédients de ce beau livre donnent à réfléchir sur les temps que nous vivons. Josep, le héros, fort de l’expérience acquise chez Léon Mendès dans la vallée de l’Orb, veut faire son vin sur la terre de ses ancêtres, du Vin à boire, et non du mout pour la vinaigrerie. Dit par un mécréant comme moi c’est un peu une saga : du vin industriel au vin de terroir… Bonne lecture.

 

« Comme il n’est que le fils cadet, Josep Alvarez sait depuis toujours qu’il n’héritera pas de la bodega familiale : les vignes qui poussent sur le sol aride de Santa Eulalia reviendront à son frère aîné. Josep s’engage donc dans l’armée, où, en échange d’une maigre solde, il est propulsé dans l’horreur des guerres carlistes.

Désertant une unité dont il est le seul survivant, il se réfugie de l’autre côté des Pyrénées, au cœur du Languedoc. Un vigneron français lui apprendra les secrets de la vigne, et lui transmettra sa passion. Dès lors, Josep n’aura qu’une seule obsession : fabriquer son propre vin, dans sa propre bodega. »

 

Extrait de la 4ième de couverture La Bodega de Noah Gordon chez Michel Lafon

 

« Le jour où tout changea, Josep travaillait depuis l’aube dans les vignes de Léon Mendès.

C’était une journée exceptionnellement belle dans un mois de février maussade. L’été était frais, mais le ciel semblait ruisseler de soleil. Josep s’était mis à l’ouvrage poussé par une sorte de frénésie. Passant de cep en cep, il taillait les sarments épuisés d’avoir porté jusqu’en octobre un raisin dont chaque fruit débordait de saveur comme une femme dans la fleur de l’âge. Sa main rapide coupait au plus près. Quand il tombait sur une grappe de fer servadou ratatinée oubliée par les cueilleurs, il la mettait de côté dans un panier, non sans en goûter au passage un grain aux arômes délicatement épicés. Arrivé au bout de la rangée, il entassait ses sarments, puis les embrasait à l’aide d’un brandon prélevé dans le feu précédent ; et l’odeur âcre de la fumée ajoutait au plaisir n é de son effort. »

Extrait du premier paragraphe de la première page

 

« Le village de Roquebrun se nichait sur la pente d’une colline, dans une boucle de rivière passant sous un pont de pierre en dos-d’âne. Josep s’approcha. On respirait ici un air doux, odorant. Les feuillages étaient verts. La rivière était bordée d’orangers. Le village était propre bien tenu, empli de mimosas d’hiver dont les fleurs évoquaient tantôt des plumes d’oiseau, tantôt des flocons amassés par le vent. »

 

Extrait page 145

 

« Durant l’automne qui suivit son retour à Santa Eulalia, Josep éprouva une joie toute neuve en voyant se métamorphoser les feuilles sur ses pieds de vigne. Le phénomène ne se produisait pas chaque année. Par quoi était-il déclenché ? Josep l’ignorait. Peut-être était-ce dû à cette saison particulière où les nuits glaciales succédaient à de brûlants après-midi. Ou bien fallait-il chercher du côté d’un mélange particulier de soleil, de pluie et de vent. Quoiqu’il en soit, les feuilles se transformèrent en ce mois d’octobre, et Josep y trouva un écho de lui-même. Soudainement, les pieds d’ull de llebres offrirent une variété de nuances qui allaient de l’orangé au rouge vif. Dans le même temps, les grenaches d’un vert lumineux tournaient au jaune, tandis que leurs tiges brunissaient. Les feuilles de Carignan, elles, restaient d’un vert riche, et leur tiges devenaient rouges. Tout se passait comme si les pieds de vigne défiaient leur mort prochaine ; mais pour Josep, tout cela relevait d’un renouveau, d’une renaissance, et il arpentait ses rangées avec un enthousiasme tranquille. »

 

Extrait page 151

 

« Avant son séjour en France, il ne s’était jamais avisé de compter les bourgeons apparus sur les sarments, mais, à présent que ses propres vignes prenaient vie, il en vérifiait chaque cep. Il nota que la plupart donnaient environ soixante bourgeons, sauf les plus anciens, qui en produisaient une quarantaine. Léon Mendès voulait, lui, que ses ceps donnent entre quinze et vingt bourgeons, pas plus. Josep se mit à élaguer ses vieilles vignes pour les réduire au-dessous de ce chiffre. Maria del Mar, qui venait récupérer son fils, le vit jeter des bourgeons qui pour elle représentaient autant de futures grappes.

- Qu’est-ce qui te prends ? s’écria-t-elle.

- Moins il y a de bourgeons, répondit-il, plus le goût se concentre dans le raisin. La saveur se met dans les grappes qui restent. Dans celles où même les pépins mûrissent. J’ai l’intention de faire du vin.

- Ce n’est pas ce qu’on fait déjà ?

- Je veux faire du vin, répéta Josep. Du bon vin. Du vin que les gens auront envie d’acheter. Si j’arrive à en produire et à le vendre, je ferai plus d’argent qu’en vendant du moût à Clemente ! »

 

Extrait page 239

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 16:00

Entre copains, via le Net maintenant, se colportent des histoires plus ou moins drôles et souvent salaces. Ces histoires qui les a inventées, nul ne le sais. J’en ai reçu deux la semaine dernière en provenance d’un inconnu m’ayant agrégé à une liste de personnes fort respectables de notre petit monde du vin. L’une est dans la langue de Molière, elle est délicieuse et savoureuse, racontable pour ceux qui comme moi avancent en âge et pas forcément en sagesse, je parle pour moi, elle est racontable à vos petits-enfants. La seconde plus drue, plus hot, adopte la langue de Shakespeare, enfin disons plutôt l’anglais, demandez à David Cobbold de vous la raconter, elle n’est donc pas à mettre dans toutes les oreilles.  C’est une histoire de marchands de vins

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Tous les 10 ans, des copains se retrouvaient pour passer une bonne soirée ensemble.

 

Au moment de fêter leurs 40 ans, ils se retrouvent et se demandent où passer cette soirée. Au début ils n'arrivent pas à se mettre d'accord  sur le lieu mais l'un d'eux propose :

« Allons au restaurant Le Lion, la serveuse est vraiment jolie et  porte toujours un chemisier avec un décolleté bien plongeant. »

 

Aussitôt dit, aussitôt fait.

 

Et 10 ans plus tard, pour leurs 50 ans, ils se retrouvent à nouveau et se demandent où passer la soirée cette fois Au début ils n'arrivent pas à se mettre d'accord  sur le lieu mais l'un d'eux propose :

« Allons au restaurant Le Lion, on y mange très bien et la carte des vins est excellente. »

 

Aussitôt dit, aussitôt fait.

 

Et 10 ans plus tard, quand ils fêtent leurs 60 ans, ils se retrouvent à nouveau et se demandent comme d'habitude où passer la soirée. Au début ils n'arrivent pas à se mettre d'accord  sur le lieu mais l'un d'eux propose :

« Allons au restaurant Le Lion, c'est calme et non-fumeur. »

 

Aussitôt dit, aussitôt fait.

 

Et 10 ans plus tard, pour leurs 70 ans donc, ils se retrouvent et se demandent où passer la soirée.

Au début ils n'arrivent pas à se mettre d'accord  sur le lieu mais l'un d'eux propose : « Allons au restaurant Le Lion, c'est bien adapté aux fauteuils roulants et il y a un ascenseur. »

 

Aussitôt dit, aussitôt fait.

 

Dernièrement, ils fêtaient leurs 80 ans et se demandaient où aller. Au début ils n'arrivent pas à se mettre d'accord  sur le lieu mais l'un d'eux proposa :

« Allons au restaurant Le Lion. »

 

Et tous de répliquer :

Bonne idée, nous n'y sommes jamais allés !

inconnu.jpg 

At a wine merchant's, the regular taster died and the director started looking for a new one to hire.

A drunkard with a ragged, dirty look came in to apply for the position.

The director of the factory wondered how to send him away.

He gave him a glass to drink.

 The drunk tried it and said:

“It's a Muscat , three years old, grown on a north slope, matured in steel containers. Low grade, but acceptable.”

“That's correct", said the boss.

Another glass....

“It's a cabernet, eight years old, a south-western slope, oak barrels, matured at 8 degrees. Requires three more years for finest results.”

“Correct.”

A third glass...

“It’s a pinot blanc champagne, high grade and exclusive, «calmly said the drunk.

The director was astonished.

He winked at his secretary, secretly suggesting something.

She left the room, and came back in with a glass of urine.

The alcoholic tried it.

“It's a blonde, 26 years old, three months pregnant; and if you don't give me the job, I'll name the father.”

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 17:00

D’ici que des analystes boursiers se mettent à défiler en brandissant des pancartes « casses-toi pauvre c.. ! » pour exiger le départ de Lars, pas Van Triers mais Olofsson, ex-numéro deux du géant suisse de l'agroalimentaire Nestlé, le patron du new mammouth de la GD. Y sont furax contre lui les petits loups de la cote « il a cassé la mécanique, il est décrédibilisé, carbonisé ! » tempête l’un d’eux. Plus sérieusement, Hervé Defforey, fils de Denis le co-fondateur du groupe en 1959, le trouve « charmant. Mais le charme ne suffit pas pour diriger une entreprise. » alors qu’un autre analyste balance qu’il « est un homme de marketing. La grande distribution est une histoire d’hommes, pas de produits. » En clair, la GD, « est un combat de rue » et qu’il vaut mieux avoir les pieds dans son magasin que son cul posé sur un fauteuil du siège.

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« Obnubilée par le marketing, la direction de Carrefour a négligé la gestion au quotidien. Ces petits riens qui font qu'un magasin réalise une meilleure performance que le voisin. Encore faut-il traîner ses guêtres sur le terrain, et cela ne semble pas avoir été la priorité de M. Olofsson depuis deux ans. » tranche Stéphane Lauer sur lauer.blog.lemonde.fr. J’ai déjà dégoisé sur ce thème dans une chronique de mai 2009 CARREFOUR : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ * et vins compris. link et je ne me privais pas de charrier les têtes d’œufs « Je prends mon élan : comme chacun sait Carrefour est en perte de vitesse, il patine, il régresse donc. Alors, afin de combler son retard Carrefour va adapter ses hypermarchés au niveau de vie de la clientèle locale. Fort bien : c’est le B.A.-BA du métier d’épicier. Mais comme nous sommes, nous les gens d’en bas, un peu lourds d’esprit, les beaux esprits de Levallois-Perret, tapent sur notre petit clou, pour nous le river bien sûr, avec leur gros marteau. En effet, la reconquête va prendre son point d’appui sur l'hypermarché de la porte d'Auteuil, dans le XVIe arrondissement de Paris. Après quatre mois de travaux, ce magasin doit faire office de « laboratoire » pour le groupe. . Objectif : regagner les clients perdus en proposant une offre "sur-mesure", dixit Alain Souillard, directeur exécutif des hypermarchés Carrefour France (j’adore l’empilement des grandes volières : un directeur exécutif comme son nom l’indique c’est quelqu’un qui exécute les directives d’en haut, d’où l’extrême réactivité de ce type d’organisation). »

 

Ceux qui tirent la tronche ce sont les 2 prédateurs : Colony Capital et LVMH qui sont entrés dans le capital en achetant l’action près de 50€ alors qu’elle n’en vaut plus aujourd’hui que 18€. Ils soutiennent Olofsson comme une corde un pendu et ne rêvent que de saucissonner le groupe. Après s’être plantés sur l’externalisation du patrimoine immobilier les voilà qu’ils veulent le démanteler car, toujours selon les brillants analystes financiers, « la valeur du groupe vendu par appartement serait trois fois supérieure à celle de sa capitalisation boursière tombée à 12 milliards d’euros. » Carrefour Amérique latine vaudrait de 10 à 12 mds d’€ et l’Asie 6 à 7 Mds d’€.

 

Vous allez me dire que vous n’en avez rien à cirer des soucis de Carrefour et de ses actionnaires. Certes mais il n’empêche que la réflexion qui suit montre à l’évidence que Carrefour l’inventeur du modèle hypermarché peine à le renouveler : «Nous avons réduit d'un point l'écart de prix avec nos concurrents», affirme le directeur financier. Pour ajouter aussitôt: «Nous n'avons pas l'intention d'avoir des prix aussi bas que Leclerc». A la question d'un analyste de savoir si Carrefour allait sacrifier sa marge pour offrir des tarifs plus attractifs, il a enfin déclaré: «Nous estimons ne pas avoir à choisir entre la marge et le volume des ventes». En période de crise du pouvoir d'achat, cet entre-deux peut ne pas satisfaire le consommateur.

 

Au-delà des difficultés de Carrefour Les Echos dans un dossier au titre provocateur : Il faut sauver l'hypermarché constatait : « En France comme ailleurs en Europe de l'Ouest, les hypermarchés sont en difficulté. Pour enrayer leur lent déclin, chaque distributeur teste sa formule. Avec son nouveau concept de magasin baptisé «Carrefour Planet», Carrefour se veut le plus ambitieux. Leclerc, lui, mise sur son positionnement prix. Quant à Auchan, il réaffirme plus que jamais le concept de l'hypermarché à l'ancienne. Petit tour d'horizon. »

 

Auchan «Nous avons la conviction que le grand format est pertinent parce qu'il permet, justement, de présenter toute la gamme des produits que recherchent les différents consommateurs: les premiers prix, les produits à marque de distributeur, les marques nationales, mais aussi les gammes plus pointues comme le bio, les produits locaux, que chaque magasin développe, ou même des produits qui se rapprochent du luxe. Nous avons besoin de place pour exprimer toute cette offre. Les hypers proposent une solution globale, une vision panoramique. C'est leur atout», réaffirmait ainsi début 2011 Arnaud Mulliez, président du conseil de surveillance d'Auchan France. Début 2010, le groupe avait même annoncé la première ouverture d'un hypermarché en France depuis dix ans, au Kremlin-Bicêtre, près de Paris. Tout un symbole (photo: Fred Dufour/AFP). En juillet 2011, Vianney Mulliez, le président de Groupe Auchan, déclarait de son côté: «Je continue d'affirmer que l'hypermarché a un grand avenir».

 

Leclerc « Pour Michel-Edouard Leclerc, son patron, c'est simple: son enseigne étant la moins chère, ses hypermarchés se portent bien. Le groupe continue donc à marteler son discours sur les prix bas, parfois à l'aide de campagnes de publicité provocantes. Et négocie pied à pied les tarifs avec ses fournisseurs. »

En septembre, le classement annuel des enseignes de grande distribution de Kantar Worldpanel montre que Leclerc connaît la plus forte progression du secteur, avec 0,5% de parts de marché supplémentaires. Dans le même temps, Auchan a gagné 0,2% et Carrefour a donc perdu 0,3%.

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 17:00

Dans la presse « Le pouvoir a été conquis par les financiers pour qui les lecteurs  sont des « infomateurs » Non, non, aucune faute d’orthographe dans cette citation tirée de l’édito du numéro d’automne de la revue trimestrielle XXI  qui n’accueille aucune publicité dans ses pages. Comme le soulignent avec une pointe d’ironie souriante Laurent Beccaria et de Patrick de Saint-Exupéry, XXI « est une revue à bas bruit, sous le radar »

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En payant 15€ nous rétribuons à son coût « un journalisme debout », celui qui sort de son bureau et qui coûte cher. Mais, ramené à la semaine, ça ne fait qu’à peine plus d’un euro/semaine. Pour un contenu, riche, de qualité, divers, 200 pages, ce n’est pas cher payé. C’est de la lecture du soir, sous la lampe, bien calé dans son fauteuil, à la manière de la dégustation d’un bon vin. Ainsi, ce superbe reportage sur la dernière estive signé Pierre Jourde, l’histoire stupéfiante de Wie, ancien paysan qui pêche les morts du fleuve jaune racontée par Jordan Pouille ou encore l’enquête sur l’un des parrains qui « tire les ficelles » de l’establishment des affaires : Marc Ladreit de Lacharrière menée par Patrice Lestrohan.

 

Je souscris et signe à deux mains ce qu’affirment les deux éditorialistes « le temps des médias de masse est révolu. Celui du lien est en train de naître. »

 

Qu’écrivent-ils avant d’en arriver à cette conclusion ? Extraits !

 

« Au tournant des années 1990, la concurrence des autres médias – bouquets de chaîne télé, multiplication des stations de radio, explosion d’Internet – a atteint de plein fouet les titres d’information. Les annonceurs ont changé de supports. Pour les retenir à tout prix, une spirale dangereuse s’est enclenchée. Les impératifs des annonceurs pèsent désormais sur les rédactions. Le pouvoir a été conquis par les financiers pour qui les lecteurs sont des « infomateurs » (comprenez des consommateurs d’info) et les articles « un produit » qui doit répondre aux « attentes ».

 

Le rapport de force penche désormais ouvertement du côté des annonceurs. Un journal se construit de plus en plus à partir de représentations illusoires : d’une part le lecteur fantasmé (de préférence gros consommateur, cadre et diplômé supérieur) et d’autre part ses attentes supposées (extrapolations de chiffres de ventes, de nombres de clics et d’études diverses). Le journaliste est pris en tenaille entre ces deux constructions imaginaires, qui menacent de remplacer la seule boussole qui vaille : le réel, ce qu’il voit, ce qu’il comprend du monde.

Les rubriques et les dossiers spéciaux conçus pour les annonceurs pullulent. La diffusion est dopée aux scoops de quelques heures, aux « dossiers choc » répétitifs. Les luxueux cadeaux d’abonnement remplacent l’appétence pour le contenu. Une proportion non négligeable des journaux est jetée à la poubelle sans être sortis de leur emballage »

 

En lisant ces lignes je me remémorais le leitmotiv d’Etienne Mougeote, la nouvelle carpette du Figaro, lors du lancement de la plate-forme Internet « L’avis du Vin » : attirer les annonceurs, les hameçonner et pour ce faire il est vital de séduire les acheteurs de vins dont les QSP, pour une part d’entre eux, se situent à la bonne hauteur. Le flux, le flux, peu importe ce qu’il charrie. Ici, bien sûr, il ne s’agissait que de vin, mais il suffit de feuilleter nos magasines, et je ne parle des spéciaux sur papier glacé qui sont des millefeuilles de publicité pour des produits de luxe, pour comprendre que l’on nous prend pour des mateurs et, en faisant un jeu de mot facile, des cons !

 

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 18:03

Dans ma boîte électronique Le Monde.fr Sport vient de tomber. La presse néo-zélandaise ne nous ménage pas. 

 

Morceaux choisis :

 

«  Le chroniqueur Peter Bills estime lui que le XV de France a, face au pays de Galles, « trahi l'héritage du rugby français dans son ensemble », relevant que sa performance, à 15 contre 14 pendant plus d'une heure, a été « pathétique, faible ».

 

« L'ancien international anglais Stuart Barnes évoque lui aussi « une équipe de France sans joie qui trahit son passé ». « Limitée, cette équipe de France que l'on ne peut pas aimer, a atteint la finale de la Coupe du monde, et après ? », s'interroge-t-il. « Ils ne méritent pas d'être là », poursuit-il.«  Espérons qu'ils seront battus en finale, au nom du rugby actuel et de l'avenir à long terme du rugby français ».

Je ne résiste donc pas au plaisir de vous poster cet afterwork en vous l’illustrant par une caricature attrapée au vol sur Facebook. Et dire que je suis en plein potage sur le lait avec le roi du camembert !

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Le Dominion Post fait lui preuve d'un peu plus d’humour avec une liste intitulée « Pourquoi nous aimons (et détestons) la France »

 

Les bons points,

1-      Nous sommes « beaux »,

2-     Nous bénéficions des 35 heures,

3-     Nous avons des plages "topless"

4-     Et bien évidemment les Français « boivent du vin au petit déjeuner »

 

Les mauvais points 

1-les Français ont une mauvaise opinion du style vestimentaire néo-zélandais – « En 1999, l'ambassadeur de France a déclaré que les femmes néo-zélandaises s'habillaient comme des soldats »

2- Les Français n'ont pas résisté aux Anglais lors de la colonisation des antipodes. Ce qui a tout changé pour le pays au long nuage blanc : « Si les Français avaient été plus persistants nous aurions peut-être grandi en parlant français, en mangeant de somptueux fromages et en étant très très bons au football », se lamente avec une certaine ironie le Dominion Post.

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 16:00

Écrivons peu mais écrivons bien, telle sera la devise de ces petits potins du vendredi soir. Glanés le plus souvent derrière les tonneaux ils alimenteront je l’espère vos conversations du vouiquand. Ce vendredi 2 photos et deux énigmes sont au menu.

 

On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même : Auzias est très futé...

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Ce Grenat c’est quoi ?

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Qui a écrit ça de qui ?

 

C’est le « Bossuet des vieux flacons »

 

Comme je suis bon Prince, pour les énigmes je puis vous dire que pour l’une la gare du lieu est le centre du monde et que pour l’autre pour l’élucider il vaut mieux être lecteur du Figaro que buveur de Beaujolo !

 

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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 17:00

nathan_myhrvold_729-420x0.jpgNathan Myhrvold est un personnage controversé mais éclectique (voir son portrait sur link et lire cet article de Fortune de 2006 link  

C’est un amateur de bonne chère. Il  est très lié à Thierry Rautureau natif du Muscadet propriétaire de 2 restaurants à Seattle et dont la description de sa jeunesse sur Wikipédia vaut son pesant de drôlerie :

 

Early life : Thierry Rautureau hails from the town of Saint Hilaire de Clisson in the Muscadet region of France. His parents were farmers in a small agricultural community where the cows and chickens outnumbered the people. The family cooked only what they grew, thus providing a purely seasonal diet. As the oldest child, Rautureau was given the chore of doing the prep for dinner; and as such he quickly became acquainted with fresh homegrown ingredients at a young age.

 

Lire aussi Chef in the Hat link

 

Merci à Marc Vanhellemont pour le tuyau non percé !

 

Voici sa dernière trouvaille que je soumets à vos commentaires :

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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 16:00

1911--Bataillon-de-fer-viticulteurs-des-Bergeres--Aube-.jpg« Révolution dans le secteur, oui. Détonations, chant de refus, les vieux airs de carmagnoles paysannes. Pas compliqué à comprendre : le vigneron crevait de faim. La fin du siècle avait été atroce. La maladie gagnait, une lèpre. Le phylloxéra qui prenait la vigne à la racine, jusqu'à la mort du cep. Il avait fallu arracher les souches, défoncer à la pioche les terrains sinistrés, replanter. Travail de fossoyeur, de forçat, non rémunéré. Les vignes restaient sans rapport. Et pour finir, pendant quatre ans, pas une seule récolte pour se mettre le moral d'aplomb.

 

1907 : le raisin ne valait rien. 1908 : vendanges de nains. 1909 : la pourriture partout, des fumées grises, infectes, planaient sur les plateaux des pressoirs. 1910 : rien ne manqua, orages, gel, grêle, mildiou. On n'aurait pas fait une tarte avec tous les raisins de Champagne, tant la vendange était transparente. Il suffisait que la maladie entre dans un ménage pour que la ruine soit complète. Des terres qu'on se disputait autrefois comme on se dispute la vie ne trouvaient plus d'acquéreurs. Des vignerons quittaient leurs maisons, laissaient leurs terres aux friches. Mais le négoce se sucrait sur cette misère.

 

Les fraudeurs fabriquaient du Champagne avec n'importe quoi, des rebuts d'Anjou ou de Meuse, des piquettes achetées au comptant sur le quai des gares à des intermédiaires sans visage, et avec du cidre s'il le fallait. L'argent rentrait.

 

Les vignerons doutaient de tout, et même du ciel. Qu'est-ce qui leur restait ? Le front bas, la hargne, les hymnes provisoires, les drapeaux rouges qu'ils pendaient aux frontons des mairies. La fraude leur donnait le tournis. L'agitation seule arrivait à calmer leur souffrance du travail nié et insulté... »

 

C'est extrait d'un beau roman de Daniel RONDEAU « Dans la marche du temps » pages 126-127 chez Grasset. Ce fut une chronique de 2005.

 

1911- Vignerons de Champagne (Aube) 

Et alors me direz-vous ?

 

Ressasser le passé ? Non, en tirer des enseignements pour bâtir la prospérité sur le contrat, sur des rapports de force économiques maîtrisés, générer de la valeur pour que le travail du viticulteur soit reconnu et valorisé, pour que le produit trouve son consommateur... Comparaison n'est pas raison, beaucoup aujourd'hui ignorent que la Champagne a eu son lot de misère, on la cite en exemple, on l'envie. Le Champagne, au plan des relations interprofessionnelles est exemplaire, il a su créer de la valeur et la répartir. Que ce modèle économique ne soit pas parfait j’en conviens aisément, mais il a le mérite de montrer que si la France veut, pour son vignoble générique, créer de la valeur dans la vigne, les professionnels ne pourront pas continuer à se payer de mots et devront mettre en œuvre de vraies politiques contractuelles au cep. A vouloir assembler sous la même ombrelle des AOC cousue-main et des pseudos vins d’artisans assemblés en fonction du prix c’est mélanger les torchons et les serviettes et se moquer des consommateurs. Sous les pages des nouveaux cahiers des charges se cachent des vins qui ne disent pas leurs noms.

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