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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 14:00

Ce matin le ciel de Paris charrie de lourds nuages noirs, le plafond est bas, des saucées d’une pluie lourde s’abattent sans préavis. Hier pourtant ce mois de mai affichait ce qu’un mois de mai sait faire de mieux : un soleil radieux qui me permit de me rendre en fin de journée, à vélo, jusqu’au DiVinamente Italiano d’Inès et de RaffaellaLucia et Matteo Ceracchi du domaine Piana Dei Castelli nous accueillaient pour une Enogastronomia Laziale sous la baguette du chef Matteo Oggioni. En ce quartier où trône encore le Palais Brongniart : la Bourse de Paris vidée de sa substance par l’économie numérique, en accrochant mon vieux destrier à un poteau je ne pouvais m’empêcher de penser que notre jeune monnaie commune : l’euro, symbole fort de destin commun entre certains pays de l’Union Européenne, de nouveau menacée par le chaos politique en Grèce, était entre les mains, et les clics des traders donnent encore plus de sens à cette expression, d’une cohorte anonyme soucieuse de préserver les fonds de pension et autres gestionnaires de fortune. Bien plus que la météo ce mois de mai accumulait des menaces.

 

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Et puis, en quelques pas, je me suis retrouvé dans une enclave italienne à Paris où, par la magie du partage je ne savais plus si j’étais Italien ou Français, d’ailleurs peu m’importait, ce qui comptait c’est que nous étions la réalité d’une Europe qui ne veut pas ou qui ne peut pas avouer son nom. La Trama, l’un des vins que nous goûtâmes, oui la Trame qui se tisse, assemble, supporte, en était le meilleur symbole. Les frontières elles sont encore dans nos têtes, façonnées par notre Histoire, nos cultures, nos préjugés ou nos idées reçues, la barrière des langues, et elles semblent bien plus difficiles à effacer que celles autrefois gardées par les douaniers. Autour d’une belle table, avec de merveilleux vins, il est facile de refaire le monde, alors pourquoi ne pas en profiter pour y tisser des liens qui nous permettrons, avec nos différences, tout ce que nous sommes, de nous sentir chez nous jusque dans les plus petites parcelles de nos territoires, nos terroirs, à Velletri comme à Paris. La Savoie n’est française que depuis 1860 et c’est comme un trait d’union entre nos deux pays.


Sur cette belle soirée je chroniquerai dès que j’aurai, si je puis dire, mis les mots qu’il faut sur mes émotions. Mais, comme un bonheur n’arrive jamais seul, juste avant d’enfourcher  mon vélo j’ai reçu d’Alessandro Merlo un très beau cadeau que je vous transmets comme le gage de la seule Internationale qui vaille celle des amoureux du Bien Vivre ensemble. Merci Alessandro. Et puis, comme mon premier regard sur l’Italie, si lointaine de ma Vendée océanique, fut un regard sportif, je vous  livre par la même occasion un petit texte d’Alessandro Barrico tiré de son livre Next.


Jacques,

 

J’ai pensé à l'accord suivant pour bien commencer le printemps :

 

 - Domaine des Ardoisières Schiste 2009 - Savoie

   jacquère, roussanne et pinot gris. un vin très fin, profond et soyeux.

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Petit commentaire du taulier : la Savoie, et c’est un vin de l’ami Michel Grisard du domaine des Ardoisières link

 - Lotte/fèves/radis

 Lotte sautée à l'ail et au romarin avec bouillon de poisson et ses fèves à la vapeur, radis croquants

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« Quand j'étais petit (nous parlons de la fin des années 60) il y avait le jour où l'on allait acheter les chaussures de sport (...) En ce temps-là, quand il fallait acheter des chaussures de sport, le choix était pratiquement limité à : Superga beige et Superga bleues. Enfin : dans ma famille c'était comme ça. En réalité, d'autres possibilités, il y en avait, du moins en théorie. Les plus chicos et/ou riches achetaient les mythiques Adidas, trois bandes sur le côté, semelle profilée, renfort devant et derrière. Il y en avait de quatre sortes : je me souviens que j'étais dingue d'un modèle qui s'appelait Rom. Adidas Rom. Ou bien Room ? Je ne sais plus. En tout cas j'en étais dingue. Plus élitistes encore, les Puma : très peu en avaient, et elles étaient regardées avec un grand respect mais aussi avec une pointe de méfiance (elles étaient considérées comme les rivales des Adidas, ce qui ne témoignait pas en leur faveur). Et pour finir, les All Star, mais elles étaient vraiment rarissimes : ce qui nous plaisait c'est qu'il y en avait aussi des rouges, mais en gros elles étaient vues comme des chaussures de blaireau, elles étaient très difficiles à trouver, les seuls pratiquement qui en avaient c'étaient ceux qui jouaient au basket. En dessous de cet Olympe on trouvait les nulles. C'étaient des chaussures avec des noms spirituels genre Tall Star, Luma, Addas. Elles tentaient le coup. Sans aucune pudeur, elles affichaient les bandes mythiques sur le côté : sauf qu'il y en avait quatre, ou deux. Elles ne coûtaient pas cher, et elles se vendaient au marché (...) Il faut rappeler aussi que les chaussures de sport se mettaient quand on allait faire de la gymnastique, et pas à d'autres occasions (pourquoi les abîmer ?).

Je me rappelle que puisque tout le monde avait des Superga, et que dans la salle de gym on était tous là avec les mêmes chaussures comme si on était des Chinois, à part deux ou trois privilégiés avec des Adidas ou des Puma, mais il y en avait peu, les autres c'était tous les mêmes - bref, je me rappelle que certains d'entre nous, les plus originaux, un peu rebelles, ceux qui étaient les plus éveillés, n'arrivaient pas à accepter ça, qu'on soit tous pareils, et alors, pour essayer d'être différents, pour vaincre la monoculture de la chaussure, ils décidaient de se rebeller, et ce qu'ils faisaient, justement, c'était : dessiner quelque chose au stylo-bille sur leurs Superga. Ou peut-être une inscription. Ou des petits cœurs, des fleurs, des choses de ce genre. Dans ce monde-là, pour inventer tes propres chaussures, tout ce que tu pouvais faire c'était dessiner dessus au stylo bille.

Bon. Et maintenant un grand saut dans la machine du temps. Imaginez que vous avez un fils d'une douzaine d'années et que vous l'emmenez acheter des chaussures de sport. Janvier 2002. »

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 15:30

L’irruption dans la campagne électorale de DSK sur le thème « comment avez-vous pu côtoyer un tel personnage, envisager même d’en faire votre candidat… m’a vraiment interpelé sur l’hypocrisie des élites appliquée à la crédulité du bon peuple. Sur le fond des affaires DSK moi je ne sais pas, pas plus que je ne le savais auparavant comme la plupart de ceux qui s’en tenait à ses compétences économiques et son parcours politique. Mon interrogation porte bien plus sur ceux qui, grâce aux basses œuvres d’une bonne police, eux savaient peut-être ? Alors, s’ils savaient pourquoi l’avoir proposé, au nom de la France, au poste de Directeur Général du F.M.I ? Si, comme nous, ils ne savaient pas alors qu’ils ne viennent pas jouer les écœurés de la 25e heure et nous salir. Qu’ils laissent DSK en tête à tête avec lui-même et, éventuellement, à la justice pour ce qui relève de son ressort.


En contre-point, la licence, la liberté des mœurs, le libertinage entre adultes consentants qui relèvent de la pure sphère privée, existent et, si je puis comprendre que ça puisse révulser les partisans de l’ordre moral, je me permets tout de même de souligner que sous les pavés de la pudibonderie se cachent souvent des doubles vies. À chacun d’assumer sa vie mais j’ai toujours eu beaucoup de défiance vis-à-vis de ceux qui se posent en parangon de la vertu. L’Histoire est pleine de secrets d’alcôve et comme le dit Christopher Walken dans Le Prince de New-York : « un poil de chatte peut tracter un navire de guerre ». Olivier Bardolle avec férocité écrit « Les grands mâles blancs dans leurs berlines allemandes noires et grises, crispés sur les commandes du pouvoir, ne veulent ni céder la place ni réduire leur train de vie. Ils ont des réseaux, beaucoup de talent, et sont pour la plupart des bourreaux de travail. Si seulement il n’y avait pas cette foutue pulsion sexuelle ! »


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Pour illustrer mon propos j’ai choisi un extrait des carnets d’un étrange personnage, Marcel Mathiot, qui à partir du 1 janvier 1927, alors qu’il n’a que 16 ans, va chaque jour écrire une page, accompagnée d’une date et d’un titre. L’entreprise durera 77 ans. Mais ce n’est pas là l’important : à partir du 23 janvier 2000, après 68 ans de vie commune, Marcel perd son épouse et ses carnets lèvent alors le voile sur ses innombrables et durables liaisons. Ces carnets n’étaient pas destinés à la publication c’est ce qui fait leur intérêt. « Marcel plaît. Aux femmes, et même aux jeunes femmes. Il plaît à tout le monde, entouré d’une sympathie qu’il feint de ne pas s’expliquer lui-même. Mais c’est si rare de rencontrer un vieillard qui ne soit pas le moins du monde réactionnaire. Il a traversé le XXe siècle, et conclut sa promenade terrestre avec un aphorisme qui le résume tout entier : « Le bon vieux temps, c’est aujourd’hui… » écrit Philippe Delerm dans sa préface.

 

3 mai 2001

Enfin !... le vrai visage du baise-seller

 

Le 15 avril, à propos du livre de Catherine Millet, La Vie sexuelle de Catherine M., je me posai la question : qui osera s’indigner ? Aujourd’hui, dans le Nouvel Obs, Jérôme Garcin, avec humour, porte un jugement vrai sur cet étalage de partouzes et de baisages sans fin. Mme Millet baise comme elle respire depuis l’âge de 18 ans. Elle s’offre à qui le veut, que le partenaire soit beau ou laid, maigre ou bedonnant, propre ou sale. Dans les partouzes de cent cinquante personnes ( !), elle prenait le sexe d’un quart ou d’un cinquième, soit de plus de trente mâles… Quand le premier  a fini, un autre s’y met, c’est la « tournante », le travail à la chaîne. Forcément, succès du livre, enthousiasme des critiques !

Livre poisseux, partouzes de papier. Une photo nue de la dame, banale, des seins sans opulence.

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29 janvier 2001

Ce n’est pas raisonnable !

 

Lundi matin. Je m’arrache des bras de Mado. La vitre avant de ma voiture est couvertes de glace, la buée se forme sans cesse à l’intérieur. À mon âge ! Je me retrouve épuisé, essoufflé, malgré les prises de Ventoline. Ça ne peut pas durer comme ça ! Je vais me tuer ! Nous avons fait l’amour avec voracité, samedi après-midi et soir, dimanche matin, après-midi et soir, lundi matin. Six fois dans ce week-end ! Rien à faire, dès que nos chairs nues se touchent, un irrépressible désir monte en nous.

Il faut que je réagisse, je vais en crever.

 

NB. Marcel Mathiot a donc alors plus de 90 ans et Mado 81 ans

 

21 avril 2003

 

La lubricité

 

Qu’est-ce qui me prends ? Une frénésie de xuelle avec Mado, de samedi soir à ce lundi après-midi. Tout le week-end pascal nous n’avons pas cessé de nous posséder

La seconde nuit, je décide de rester en pyjama pour éviter le contact de sa chair. Je me réveille à 5 heures. Un désir me prend. Je la prends par les eins, qui me paraissent gonflés, ce qui provoque une violente érection. Je la pénètre par-derrière, elle réagit à coups de reins, nous sommes deux bêtes.

Nous nous endormons quelque temps. Au réveil, nouveau déchaînement, elle me chevauche, les yeux exorbités, et retombe sur moi en pleurs.

 

Attention, les carnets de Marcel Mathiot ne sont pas du tout une chronique de sa vie sexuelle mais celle d’un amoureux de la liberté qui porte un regard sur son temps. « Marcel Mathiot est une de ces créatures solaires qui donnent aux autres leur sens de la lumière. Et s’il ne savait pas encore pour qui, il savait bien pourquoi il écrivait. » conclut Delerm. Marcel Mathiot a été instituteur à Contigné Maine et Loire dont le maire a été jusqu’en 1984 Jean Foyer le très sérieux Garde des Sceaux du Général de Gaulle.  Marcel sera son secrétaire de mairie jusqu’en 1977.

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 16:00

« Ce que je soutiens, c’est que la société française d’aujourd’hui n’est pas un système unitaire totalement encadré, mais un monde de pressions contradictoires, de tensions, de forces et de faiblesses, d’attentes concurrentes, de désir de statu quo chez des personnes qui aspirent par ailleurs au changement. C’est une situation de conflit qui traverse les groupes et exige de chacun qu’il choisisse entre des idées complexes de générosité et d’égoïsme, le désir de changement et la peur d’en souffrir, la loyauté et l’engagement, le cynisme et la désertion. »

« Selon moi, la France d’aujourd’hui est une société dotée de la plupart des ressources – matérielles, psychologiques, intellectuelles, morales – nécessaires pour lui permettre de résoudre par elle-même ses problèmes les plus graves. Les Français se doutent bien que l’impasse actuelle ne peut pas durer. Selon moi, ils sont partagés entre les désirs de changement et les désirs de sécurité, face à un nouveau monde, lointain, qui ne figure pas sur les cartes anciennes. »


Ces deux extraits d’une conférence doctorale faites par Suzanne Berger (traduite de l’anglais par Françoise Lazare) à Sciences Po Paris date de janvier 2007. Je lui avais déjà consacré une chronique en fin 2007.


Oui 5 ans déjà !

 

Ce que dit Suzanne Berger à propos de notre pays me semble toujours très pertinent mais il n’en reste pas moins vrai que, ce qui apparaissait comme une menace il y a cinq ans, est aujourd’hui appréhendé comme une réalité que l’on ne peut dénier. Ce qui a changé depuis c’est que les contours de ce nouveau monde, qui paraissaient flous encore en 2007 se sont précisés, durcis, et que ceux qui vénéraient la seule main invisible du marché sont maintenant dans le collimateur des gardiens de l’orthodoxie des marchés financiers et se disent conscients de notre dénuement. Mais comme l’écrit un éditorialiste du Monde hier « Avant d'imaginer de se «  protéger » de certains aspects de ce gigantesque bouleversement, encore faut-il en avoir fait le décryptage. Les Américains disent de leurs dirigeants qu'ils ont ou n'ont pas « the vision thing » - cette capacité à raconter le monde tel qu'il est ou tel qu'il va et à ancrer l'action politique intérieure dans un contexte plus large. Bill Clinton avait « the vision thing » : il fut le grand pédagogue de l'accélération de la mondialisation. Professoral lui aussi, Barack Obama décrit la montée en puissance des " autres ". C'est important. »


En effet, que ça nous plaise ou non, le basculement du monde n’est pas réversible : la Chine, l’Inde, le Brésil et toute une litanie d’émergeants sont là et bien là, et le nier serait mortifère. Et il ne s’agit pas seulement de concurrence économique mais avant tout de vitalité et de confiance en nous-même. Face à ces défis rien n’est pire que la recherche de boucs émissaires faciles à identifier, à vilipender, diaboliser… Les autres, les autres, toujours l’autre menaçant, qui vient manger notre pain dans notre assiette. Et pourtant c’est bien avec les autres, chez nous, comme dans l’espace européen, que nous pourrons agir et reconstruire un modèle économique viable et en capacité de prendre toute sa part dans le jeu  des 4 ou 5 blocs mondiaux. C’est la tectonique de plaques qui fait se morceler puis se recomposer des continents. Le nôtre c’est l’Europe. C’est l’Europe avec tous ses défauts, ses insuffisances, son absence de volonté politique, la dérive impériale au plan économique de la Grande Allemagne, l’isolationnisme imbécile des Anglais, notre propre suffisance de Français toujours prompts à croire que nous pourrions revenir aux doux délices d’une France forte à la de Gaulle, et bien sûr la bêtise consommée de la Commission Européenne dirigée par une génération nourrie au sein de l’école de Chicago.


Pour moi c’est clair face à une telle transition, c’est en nous-mêmes d’abord que nous devons faire des choix, et les choix sont toujours douloureux et difficiles. Ceux qui vont nous gouverner demain ne seront qu’à notre image et leur capacité d’agir tiendra à ce que nous serons aptes à leur donner. Comme l’écrit très justement Suzanne Berger ça « exige de chacun qu’il choisisse entre des idées complexes de générosité et d’égoïsme, le désir de changement et la peur d’en souffrir, la loyauté et l’engagement, le cynisme et la désertion. » Je ne crois ni au gouvernement par décret, ni au consensus, il est souvent mou et a minima, mais en des compromis négociés, pacificateurs des esprits, générateurs de mouvement et de confiance. Créer des liens ça ne se fait ni dans l’incantation, ni sur les estrades mais par l’écoute et la compréhension, la capacité de faire un bout de chemin ensemble. En 9 mois de médiation, à mon minuscule niveau j’ai pu constater et montrer qu’un dossier sans solution apparente pouvait aboutir

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 16:00

Oui je suis un Vieux Con de la pire espèce, la fière ! La très à l’aise dans ses pompes, qui ne se laisse pas démonter, celle qui l’affirme avec hauteur à la face de ceux qui passent leur temps à nous faire accroire qu’ils sont à la nôtre. « La vulgarité des élites, c'est un peu comme le porno chic, un effet de mode… » Jean-Louis Missika dans le Monde. « C'est un signe des temps. Le vocabulaire s'appauvrit, la syntaxe se relâche, l'excès de langage devient banal. »

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Oui ce soir j’ai décidé de l’assumer en prenant la tête de l’escadrille des Vieux Cons qui préfèrent la prétendue vulgarité de Coluche et de Desproges à celle qui flotte dans l’air en ce moment. Ainsi je survolerai la poignée de jeunes cons sponsorisés qui se baladaient, samedi après-midi, tout près de l’Hôtel de ville, dans les embouteillages, juchés sur la plate-forme d’un autobus à impériale, qui agitaient des drapeaux tricolores pour le compte d’un candidat. Plus cons qu’eux : ceux qui ont imaginé et payé ce moyen de propagande !



Place à Coluche - Le Belge et Le CRS Arabe et à Pierre Desproges Les Juifs


 

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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 16:00

Afterwork… je suis sûr que le gars d’Eauze, prof. de lettres classiques, grand lecteur de Guy Debord depuis 1969, et qui lui a consacré en 2008 un opus Sous l’écorce de Guy Debord le rudéral que j’avions point lu, y va pas aimer mais, comme il développe une forte allergie aux écrans, à l’Internet, et pire encore aux blogs et aux imbéciles qui les tiennent mon existence même lui restera étrangère. 


Dans son libelle de l’imbécilité chez Sens&Tonka 12,50€ où je trouve qu’il y a boire et à manger, parfois c’est un peu lourd, ça sent le vieux ronchon en charentaises, le lettré misanthrope, mais comme y’a tout de même de beaux et percutants aphorismes avec une mention toute particulière pour le 155 (il y en a 254) qui me ravit : la différence entre le hasard et Claude Allègre (par exemple), c’est que le hasard est souvent stupide, mais ne l’est pas toujours.

9782845342002.jpgLoin de moi, puisque je ne le connais pas, d’instruire à l’encontre de Bilheran un procès en déni du bien vivre mais, à la lecture de son libelle, je le trouve un peu sûr de lui, professoral, et  je ne suis pas certain que, s’il lui prenait l’envie de m’inviter à Eauze, j’aurais très envie d’aller passer une soirée avec lui. Et pourtant, je pourrais l’amener sur le terrain du vin. En effet, au mitan des années 1970, le route de Marcel Lapierre va croiser celle de Guy Debord.


Dans son petit livre « Chez Marcel Lapierre » chez Stock Sébastien Lapaque écrit « Étonnante rencontre dont le vigneron n’a rien oublié. « J’avais vingt-trois ans. Avec Alain Braik, nous avions l’habitude de nous retrouver rue Paul-Escudier. C’est là que j’ai fait connaissance de Guy Debord. À l’époque, chaque bistrot brassait sa propre bière. En une nuit, on pouvait goûter un nombre incroyable de bières artisanales. Mais déjà la qualité était en baisse et les bières industrielles en train de prendre le dessus. Guy Debord s’en  désolait « La vie d’ivrogne devient difficile », disait-il. Je me souviens l’avoir souvent entendu formuler à haute voix ce qu’il écrirait plus tard dans Panégyrique : « De mémoire d’ivrogne, on n’avait pas imaginé que l’on pouvait voir des boissons disparaître du monde avant le buveur » ça m’amusait, mais je ne me rendais pas compte à qui j’avais affaire. Je me souviens de conversations politiques qui me dépassaient… »


Marcel Lapierre, pour qui les 221 thèses de La Société du spectacle » n’ont jamais été l’affaire, était heureux un quart de siècle plus tard qu’on lui parle de Guy Debord comme un des maîtres penseurs de son époque. Pour lui c’était un compagnon de beuverie et il a compris bien plus tard que pour Debord « l’ivresse était un moyen parmi d’autres. Qu’elle lui permettait d’accéder à une forme supérieure de lucidité qui lui rappelait à chaque instant qu’il n’y avait ni retour ni réconciliation possible avec l’état présent du monde. »


« Dans le petit nombre des choses qui m’ont plu, et que j’ai su bien faire, ce qu’assurément j’ai su faire le mieux, c’est boire. Quoique ayant beaucoup lu, j’ai bu davantage. J’ai écrit beaucoup moins que la plupart des gens qui écrivent ; mais j’ai bu beaucoup plus que la plupart des gens qui boivent… »

Pour en revenir à Bilheran je vous cite la  Quatrième de couverture de son libelle de l’imbécilité :

L'imbécillité, de nos jours, n'est probablement pas plus imbécile que celle d'avant mais le parfois mal-t-à-propos de la modernité lui fait reprendre le devant de la scène pour la simple raison que, a contrario des époques passées, elle s'expose. On nous la montre sous toutes ses coutures, on nous la fait entendre sur tous les tons par le biais d'un voyeurisme récurrent, ce qui en contrepartie a sûrement l'avantage de nous rendre intelligents ! Seulement, trop c'est trop, la nausée atteint parfois ses limites et pour un peu on en reviendrait au vieil adage : "Pour vivre heureux, vivons cachés", car quelle tristesse si l'on ne peut même plus être un imbécile en solitaire »


Pour en finir avec cette chronique je vous cite l’aphorisme n°26 et le 128

 

« Lors d’un accouchement, sauf s’il s’agit d’une césarienne, le petit être humain parvient au monde en empruntant la voie par laquelle il a été conçu. Je trouve que c’est une affaire qui commence mal que cet aller-retour ; car c’est vraiment une imbécilité, de commencer à vivre en revenant sur ses pas.

-> C’est une histoire de con- et de gland.

 

« L’imbécile veut aller droit aux conclusions parce qu’il n’aime pas chercher. »

-> Une conclusion constitue toujours l’hypothèse d’un nouveau problème. L’imbécile veut ignorer cette évidence qui le consterne.

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 16:00

« La vérité sort de la bouche des enfants » dit-on, ça n’a jamais été vérifié et je pense que c’est de moins en moins vrai, la naïveté et l’innocence me semblent en régression. En revanche, nos enfants nous questionnent de plus en plus sur nos problèmes d’adultes. MAFALDA, l’héroïne de Quino, née d’une commande publicitaire en 1963 est de cette pâte là. Nous sommes en Argentine. « Quand les journaux ont commencé à la publier, je me suis rendu compte que j’avais à faire à un personnage dont j’ignorais ce qu’il serait » note le dessinateur qui ajoute qu’il va prendre une revanche en s’évadant des premières bandes dessinées et faire de MAFALDA une gamine contestataire et engagée.

 

Umberto Eco établit le parallèle entre Charlie Brown le héros nord-américain « qui appartient à un pays prospère, à une société opulente à laquelle il cherche désespérément à s’intégrer en mendiant bonheur et solidarité » et Mafalda la sud-américaine qui « appartient à un pays plein de contrastes sociaux, qui ne demande pas mieux que de l’intégrer et de la rendre heureuse. » mais elle s’y refuse et repousse toute avance. Eco ajoute qu’elle est un « héros de notre temps » car elle est révélatrice des mœurs d’une époque. Bien sûr, pour beaucoup des générations Y ou pré-quadra les années 70 c’est aussi loin que l’Antiquité même si leurs références musicales y puisent l’essentiel. Quitte à passer pour un VC impénitent je persiste à penser que l’on ne se construit pas dans la pure immédiateté qu’il est indispensable de puiser dans l’Histoire des enseignements. 

 

 

 

 

Nous les baby-boomers, post-soixante-huitard, avons été vilipendés par les héros de la nouvelle droite morale, libérale avant les subprimes et nationale depuis, comme étant les corrupteurs de nos propres enfants alors que nous avons, trop sans doute, épousé notre temps en tournant la page des vieilles idéologies qui nous avaient nourries, structurées et en définitive bâties. Faire de nous un paquet compact, indifférencié, est une sottise qui est le signe le plus évident du niveau du débat actuel. Plus personne ne s’adresse plus à personne mais ceux qui tiennent le haut du pavé se contentent de délivrer du prêt à penser via les médias de masse qui déversent sur nous des images, du bruit, de l’absence de sens... Et quel prêt à penser ! J’aimerais qu’il ait une Mafalda qui surgisse pour railler ces postures de cour de récréation de prétendus grands de ce monde. C’est à pleurer ! En ce moment, je l’avoue : pour la première fois de ma vie j’ai honte de nous…

 

 

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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 16:00

Sur la Toile, et c’est pire depuis que Face de Bouc permet les épanchements en ligne, les blogueurs et les bloggeuses  exerçant leur « talent » en chroniquant sur des produits commerciaux sont accusé(e)s, cloué(e)s au pilori, vilipendé(e)s car ils ou elles seraient acheté(e)s par ceux qui vendent ces produits via des agences de com., des attachés de presse… Les moyens sont connus, répertoriés, pratiqués par une large majorité de journalistes professionnels, déjeuners dit de presse, voyages dit de presse, cadeaux divers et variés, colis de fin d’année… À l’étage juste au-dessus, plus juteux, il y a ce que l’on dénomme les ménages : animation rémunérée de colloques, de séminaires d’entreprises, articles grassement payés dans des revues professionnelles. En montant encore un peu dans l’achat des plumes, il y a des propositions gracieuses de maisons pour les vacances, de services rendus du genre embauche de membres de la famille, d’obtention de médailles honorifiques – très couru et peu couteux - invitation à des festivals où l’on côtoie des happy few… Le sommet de la hiérarchie étant, bien sûr, une bonne petite enveloppe en liquide qui ne laisse aucune trace, sauf lorsque le « donateur » en tient la comptabilité sur un petit carnet.

 

Alors, les blogueurs et les bloggueuses seraient-ils pires que leurs illustres prédécesseurs des médias traditionnels ? Je ne le pense pas et, je souligne que l’énumération ci-dessus ne consiste pas à entonner à propos des journalistes un quelconque « tous pourris ! » mais tout simplement à demander à certains chevaliers blancs de la Toile de mettre un bémol sur leur soudaine envie de nettoyer les écuries d’Augias du Net. Franchement, les blogueurs et les bloggueuses, même dans des secteurs bourrés de fric comme le luxe et la mode, ne sont que des petits couteaux car ce sont de petits calibres. Ne voyez pas dans ce qualificatif une quelconque condescendance de ma part puisque fait partie de la confrérie. Ce que je veux dire c’est que tous ceux qui achètent payent le prix en fonction de l’influence, du pouvoir de prescription, de ceux qui acceptent de se vendre. Se vendre ne signifie pas pour autant être un ou un(e) vendu(e), et que d’aller à un déjeuner ou à un voyage de presse c’est se lier par contrat à celui ou celle qui vous invitent. Pour les cadeaux : la bouteille à la sortie ce n’est rien, les wagons de caisses, que reçoivent plutôt les journalistes, à la Nouvelle année mériterait un peu plus de modération de leur part. Pour tout le reste, c’est le début de la fin de la crédibilité.


La crédibilité, la confiance que vous fait votre lecteur, sa fidélité, c’est le meilleur salaire que puisse espérer le  blogueur ou la blogueuse. Oui c’est bien joli tout ça mais il faut bien vivre. Il faut assurer les fins de mois. J’en conviens aisément mais dans la mesure où la gratuité, qui est la règle sur le Net, ne permet pas de tirer des revenus directs de ses écrits, le blogueur et la blogueuse, doit avoir recours à d’autres ressources pour vivre. Pour ma part, je ne crois pas, après 7 ans d’exposition sur la Toile, que le Blog puisse se transformer en petite entreprise individuelle médiatique. En revanche, je suis persuadé que de nouveaux formats sont viables, tel le ou la journaliste qui tient un blog : à la seule condition que le ou la blogueur-blogueuse soit un vrai journaliste et non pas le faux-nez de l’organe qui le rémunère. Nos amis journalistes américains dans de grands médias ont démontré qu’indépendance, liberté de ton, crédibilité étaient tout à fait possible. Autre possibilité, s’adosser à un autre métier sans rapport direct avec la sphère d’influence de son blog. On peut avoir une double vie en l’assumant.

 

Dans le sport de compétition, dans la langue de bois des joueurs et des entraineurs, on utilise le terme « pression ». Je le trouve bien adapté au statut de blogueur ou de blogueuse. Nous ne vivons pas dans un monde de Candy mais dans un monde de mercantis et il ne faut pas se voiler la face du plus petit vigneron à la plus grande maison de Champagne l’important c’est d’accéder aux consommateurs, d’être connus pour les inconnus ou d’entretenir sa notoriété pour les plus connus. Pour autant tous les moyens d’y parvenir ne sont pas bons. À chacun de se forger son éthique, de s’assumer, d’assumer ses proximités, de ne pas se la jouer pur et dur lorsque l’on se laisse aller à servir la soupe ou à passer les plats de ceux qui graissent les pattes. Enfin, même si le marché français ou même francophone, reste important, surtout pour les vignerons indépendants, l’avenir du vin français se situe ailleurs et les blogueurs et bloggueuses francophones chalutent, comme on le dit en langue de marketing, sur un marché mâture et je leur demande de réfléchir au phénomène Parker. En effet, pourquoi le pays qui se vit et se revendique comme le pays du vin n’a-t-il pas accouché d’un influenceur pratiquant notre langue ?


Ayant dans ma vie antérieure détenu une petite parcelle de ce que l’on appelle le POUVOIR j’ai vu, côtoyé de grands squales, des lobbyistes de tout poil, plein de gens qui vous veulent du bien, ça grouille, ça se pousse, c’est la Cour, la basse-cour… Si l’on veut survivre dans ce bal des hypocrites, des corrupteurs, il suffit de les tenir à l’écart, de vivre sa vie comme on l’entend pour pouvoir chaque matin se regarder dans la glace de sa salle de bains. C’est la vie, chacun la vit comme il peut ou comme il veut, et je n’entends donner de leçons à qui que ce soit. Simplement, jeunes blogueurs et bloggueuses ne faites ni preuve de fausse naïveté ou d’ambitions démesurées, vous comme moi ne sommes que de minuscules chiures de mouches sur la grande Toile. Ne soyons ni dupes, ni complaisants, apportons à nos lecteurs du contenu, de l’information, du plaisir et ne prêtons pas le flanc aux aigreurs soit de stipendiés honteux ou des passeurs de plats qui ne crachent pas sur les faveurs accordées par les grands pourvoyeurs de pub dans leur organe dit de presse.

  

  

  


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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 16:00

Sur la Toile, Face de Bouc surtout,  l’effet d’annonce joue à plein, ça s’enflamme vite, ça part dans tous les sens, y’en a qui ne lise la chronique qu’en diagonale ou pas du tout, et le risque est grand que ce qui paraissait si beau à l’instant T ne soit plus qu’un feu de paille dès le lendemain.


Donc comme promis ce matin 2 gros plans sur le Taulier dans sa prime jeunesse : vous pourrez noter son évolution qui part du petit renfrogné près de sœur Marthe au grand dadais rigolard… et ça ne s’est pas arrangé avec les années… plus ça va moins ça va et il ne soigne pas son insoutenable légèreté.

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Du côté du Grand Jamboree de l’ABV chez la Baronne G ( voir ma chronique ICI  ) quelques précisions pour que l’initiative de votre vénéré Secrétaire-Perpétuel Autoproclamé ne se transforme pas en jus de boudin.


1-      Le Taulier discute avec la Baronne G du format du Grand Jamboree de l’ABV car l’intendance fait la force des armées.


2-     Selon le format proposé et le nombre de participants de 15 minimum à 30 maximum (pour le couchage) au Grand Jamboree un prix par tête de pipe sera fixé.


3-     La date est évidemment un élément d’importance pour que vous vous décidiez :

 

si c’est juin, étant donné les votations législatives des 10 et 17 juin, je propose le samedi 24 juin et le dimanche 25 juin.

 

si c'est en septembre, ce qui nous laisse du temps et nous offre peut-être une période plus intéressante, je propose le le samedi 22 septembre et le dimanche 23 septembre.


4-     Sur ces bases : date choisie et prix fixé les membres qui se déclareront intéressés s’inscriront sur mon adresse e-mail berthomeau@gmail.com jusqu’à une date limite assez resserrée si c'est juin; à déterminer si c'est septembre;


5-      Une fois les compteurs relevés le Secrétaire-Perpétuel estimera en son âme et conscience que c’est jouable ou non.


6-     Si ça lui semble jouable il demandera alors à chaque inscrit de verser des arrhes significatives qui permettent à notre hôtesse de monter l’opération avec un maximum de garanties financières. Je serai plus précis si nous allons jusqu’à ce stade. L’ABV n’a aucune coquille juridique pour supporter une telle opération vous devrez contractualiser avec le château Siaurac.


7-     Désolé de ces détails d’intendance mais ma vieille expérience d’organisateur m’y oblige. Le Grand Jamboree de l’ABV, s’il existe, sera une belle fête si chacun de nous y met du sien.


Donc pour l’heure :


-         Vos suggestions ou questions sont les bienvenues ;

-         Dites-moi quelle option de date vous va ?

-         Ensuite j'aviserai…

 

Quoiqu’il arrive votre Taulier aura essayé.

Merci par avance de votre confiance.

Pour votre Secrétaire-Perpétuel Autoproclamé il s’agit avant tout d’une rencontre amicale dans un lieu superbe, avec des hôtes délicieux et accueillants. Nous ne jouerons pas aux grands amateurs nous nous contenterons de cultiver l’art du Bien Vivre en toute simplicité et convivialité.Nouvelle-image-5.JPG

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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 16:00

Faites une confiance aveugle en votre secrétaire perpétuel autoproclamé de l’ABV il a du nez et lorsqu’il vous invite à un jamboree en Segway dans les vignes de la Baronne G, croyez-le, soyez-en assuré, il porte haut les valeurs qui nous assemblent.

 

Tout d’abord qu’est-ce donc un Segway ?

 

C’est ça ?

 

Bon je sais certains vont me dire qu’ils vont friser le ridicule perchés sur ces drôles de bécanes mais qu’ils soient rassurés, le Taulier, toujours aussi taquin, a utilisé le Segway pour les hameçonner, les attirer dans les rets de la mystérieuse Baronne G.

 

Qui est donc la mystérieuse baronne G ?

 

Je pourrais vous répondre que c’est la meilleure amie de Marie de Saint Drézéry mais ça ne serait pas gentil pour ceux qui n’ont pas eu la chance de suivre la grande saga de l’été du Taulier « L’Ouragan sur les Primeurs se prénomme Marie » qui a tenu en haleine une partie de l’été dernier la place de Bordeaux link 

 

Alors pour découvrir les mille et une propositions de la baronne G allez donc lui rendre une petite visite en son château www.baronneguichard.com  Là, sous la belle photo du château vous cliquez sur à la carte coincé entre œnotourisme et vins pour que la baronne G puisse vous poser une foultitude de p’tites questions pour satisfaire le moindre de vos désirs.

 

Moi le Taulier, doublé de mon éminent titre de Secrétaire-Perpétuel autoproclamé de l’A.B.V – donc par construction non soumis à élection – j’ai accédé à tout ce que la baronne G peut vous proposer et c’est là que j’ai eu l’idée de mon Jamboree des membres de l’A.B.V.

 

C’est quoi un Jamboree l’ami ?

 

La légende veut que Jamboree soit un mot anglais, d'origine zoulou, qui signifie rassemblement et qui a été utilisé par Baden-Powell, fondateur du scoutisme, pour désigner les rassemblements scouts. Chez moi c’est un reste de mon addiction R qui fut scout unioniste et locataire successivement à deux numéros d'hôtels de la rue de Varenne.


Donc vous voilà éclairé sur mes intentions profondes. La baronne G propose : L'art de faire vivre le vin...


LES VISITES DÉGUSTATIONS : Vin et Patrimoine - Les 3 Vins de la Baronne.

 

LES ATELIERS : Savoir déguster/Faites votre vin/Les 5 Sens/Le Savoir-Vivre du Vin/    Accords mets-vins.

 

- LES BALADES DE LA BARONNE : Balade et Vins, Lazy Balade en Segway

 

Bien sûr ce sont là des propositions générales si nous nous rassemblons à Siaurac en Jamboree éminents membres de l’A.B.V. votre tout puissant Secrétaire-Perpétuel autoproclamé concoctera avec la baronne G une proposition adaptée à l’éclat et au rayonnement mondial d’une telle manifestation.

 

Mais où dormirons-nous me direz-vous ?

 

Afin de vous allécher sachez que vous aurez droit à La Nuit Privilège : Bivouac à Siaurac !

 

Vous arrivez à 19h.

Vous découvrez le domaine.

Vous partez en balade dans les vignes au soleil couchant.

Vous dégustez à l’aveugle les Grands Vins Baronne Guichard, à la nuit tombée.

Vous découvrez votre tente ; vous prenez une petite douche (à l’indienne, on vous expliquera)

Ne cherchez pas : vous avez aussi des toilettes (sèches, c’est plus écolo)

Vous dinez dehors, dans le Jardin des Vignes, ou dans l’Orangerie XXVIIIe (s’il pleut)

Plus tard, sous les étoiles, vous vous coucherez sur un vrai matelas.

Bonne nuit avec les chouettes hulottes de Siaurac.

Rendez-vous pour le petit déjeuner à 9h.

Voilà. Vous avez passé une Nuit Privilège.

Privilège, parce qu’elle était juste tranquille, naturelle, pleine de sens, confortable et savoureuse

 

Mais que mangerons-nous me direz-vous ?

 

Des petits plats de la baronne (ce n’est qu’un aperçu si vous souhaitez y aller par vos propres moyens il y a plein d'autres propositions goûteuses mais ça faut le demander à la baronne G)

 

Le Menu du Marché


Assiette du Sud-Ouest de Pierre Oteiza.

Plat principal, selon produits du marché : Joue de bœuf confite au Château Siaurac, tourtière de pommes de terre gratinée, noix muscade. Ou Fricassée de veau, écrasée de pommes de terre montée à l’huile d’olive. Ou pot-au-feu et ses légumes du marché.

Fromages.

Tarte Tatin et crème légère

 

Les Sarments de Siaurac

 

Toasts de foie gras, tartelettes de magret et légumes confits

Grillade de bœuf aux sarments de Siaurac, pomme au four et crème ciboulette

Assiette de comté.

Fondant au chocolat

 

Le tout Bon, tout Bio


Crostini de légumes confit bio, salades de jeunes pousses

Gigot d’agneau bio à la fleur de thym, écrasé de pommes de terre monté à l’huile d’olive

Assortiment de fromages bio

Carpaccio de fruits de saison bio

 

A la chasse !

 

Duo de terrines, faisan et lièvre

Salmis de palombes aux petits oignons grelot, petit pois étuvé à la française

Fromages

Suprême noisettes : noisettes grillées caramel liquide et mousse de crème brûlée

 

Voici donc l’appel du Taulier lancé : tous au Jamboree de l’A.B.V. chez la baronne G !

 

Si ça vous dit, nous avons le où, reste à choisir le quand ?

 

Deux détails d’importance :


-         Si par hasard la proposition de votre vénéré SP Auto ne fait pas comme à l’accoutumée un flop et que c’est la ruée sur le Grand Jamboree de l’A.B.V. je signale que nous devrons limiter le nombre à 30 maximum.


-         L’A.B.V. étant raide, c’est-à-dire dénuée de toute forme de CVO, nous appellerons une participation financière pour couvrir les frais engagés. Le taulier négociera ferme avec la baronne G.


Enfin, sachez que la baronne G, fidèle abonnée, n’a pas été informée par le Taulier de cette proposition du SP Auto de l’A.B.V. Elle découvrira comme vous tous le Grand Jamboree de l’A.B.V.


Le Taulier étant déjà fort occupé par ses vaches laitières il ne va pas se transformer en GO du Grand Jamboree de l’A.B.V. Alors si ça mord à l’hameçon va falloir l’aider les filles et les garçons de l’A.B.V. sinon il ne s’en sortira jamais.

 

La carte de membre de l'A.B.V. (qui existe en version française, en version belge et version espagnole : voir sur le site de l'ABV sur Face de Bouc link) conçue par l'éminent Vincent Pousson pourrait être distribuée à cette occasion.


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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 16:00

La page de la campagne des Primeurs 2011 est tournée et le Taulier se doit de chroniquer sur un tel évènement planétaire. Alors, chez lui tout part de tout et de rien, de rin de rin, d’un regret : « Y’a plus de vrais primeurs ma bonne dame ! » Ne vous méprenez pas, même si nous sommes à Bordeaux, c’est sur le marché des Grands Hommes, place des Grands Hommes, et non sur le Grand Marché des Grands Crus Classés – à Bordeaux tout est Grand même les petits Bordeaux étiquetés Grand Vin  de Bordeaux.

 

Oui, sauf pour une poignée de privilégiés ou de jardiniers du dimanche, nous les gens des villes ne pouvons que pleurer sur la quasi-disparition des vrais primeurs, fruits et légumes, récoltés en saison, poussés en pleine terre, parfois sous des serres froides, pas trop forcés : adieu fraises goûteuses, tomates juteuses, petits navets violets frais… adieu primeurs d’antan venu de Perpignan qui n’est plus qu’un marché-gare. J’exagère un chouïa mais qui peut encore donner la date du début de la saison d’un fruit ou d’un légume ? Nous pataugeons dans la contre-saison, l’artificialisation, la fraise carbone, la tomate hydroponique et le fruit aviateur… Reste encore les patates primeurs de Noirmoutier ou de Ré pour nous donner, le la, de la nouvelle saveur des beaux jours.

Roses-et-Primeurs-019.JPGPourquoi ce cri du cœur, ce regret du temps des vrais Primeurs ? Tout bêtement parce que, même si j’étions point cette année à La Grande Semaine des Primeurs car j’avions d’autres choses à faire, j’ai senti dans la gente dégustatrice une certaine fébrilité : surtout ne pas se laisser déborder, être les primo-dégustateurs des primeurs ! Tous sur le pont, en bataillons serrés, nos héritiers de Stakhanov ont déboulé dans les GCC tels des morts de faim. Saine concurrence, belle émulation, nous allions avoir en primeur, sur les Primeurs de Bordeaux, le maximum d’informations.

 

Pourquoi ?

 

Serions-nous acheteurs de Primeurs de Bordeaux ?

 

Dans mon cas, non (j’aime beaucoup celle-ci) mais dans le peuple des grands amateurs l’insoutenable attente du verdict sur la qualité du millésime devait cesser. Bien sûr, l’impayable Bob avait cassé l’ambiance d’un laconique et assassin petit tweet : « sans aucun intérêt » ce 2011 ! ce qui avait eu le don de faire couiner comme un petit goret un tweeter frénétique, infatigable passeur de plats réchauffés, dont tout le monde se fout sur la Toile. Que voulez-vous faut bien vivre ! Faut pas gâcher le métier y’a déjà si peu de blé à ramasser.

Roses-et-Primeurs-018.JPGLaissons de côté cette engeance insignifiante et suffisante, ayons une petite pensée pour Jean-Baptiste de La Quintinie, jardinier de Louis XIV inventeur des primeurs, et comme l’écrit César Compadre l’homme-vin de Sud-Ouest revenons aux Primeurs qui sont « un mascaret du vin pour Bordeaux sur lequel on surfe ou pas » J’ai beaucoup aimé la saine franchise de Didier Marcelis, propriétaire du château Sérilhan à Saint-Estèphe, qui selon César « a l'esprit clair et le sens de la formule » : « Pour nos châteaux, le système des primeurs est l'équivalent d'un incubateur pour une start-up de la Silicon Valley. Parti de presque rien, Sérilhan est le fruit de cet ''ascenseur commercial'' dans un monde viticole bordelais où l'inertie dans le positionnement des domaines (AOC, classements…) est immense. Le "business plan" des primeurs, en tant que mécanisme de levée de fonds, a bien des avantages. Évidemment, il faut produire bon tous les ans, être reconnu, et toujours se remettre en question. »

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En résumé,  Didier Marcelis, fils et petit-fils de vignerons médocains, revient au pays il y a dix ans et il confie à César son analyse du rôle qu’ont joué pour lui les Primeurs « À moins d'être fortuné - ce qui n'était pas mon cas -, difficile de s'agrandir ici et d'acquérir les matériels coûteux pour progresser en qualité. Par ailleurs, le financement bancaire classique est « mitigé » vis-à-vis des TPE comme nous, avec 10 salariés. Du coup, un autre financement externe fut la solution : nous positionner résolument sur le modèle de la vente en primeurs aux négociants bordelais. Et ce, en finançant la progression de notre domaine par leurs achats et le paiement anticipé qui en découle ».

 

Comme le note ce cher César il raisonne comme « un  homme d'affaires. » Ben oui, les Primeurs c’est du biseness, pas un truc pour petit tweeter encombrant. Et c’est là que la dague de l’article de César plonge dans le flanc de nos bons notateurs made in France. En effet il pose le fer rouge sur la plaie ouverte : « Une appellation - Saint-Estèphe - de grande renommée, un millésime 2003 déjà remarqué par le critique américain Robert Parker, et le pied est mis à l'étrier. Le négoce de Bordeaux, monde de commerçants aussi puissants que discrets, voit arriver une pépite (pas chère) qui se vendra bien : l'accélérateur de particules se met en marche. » C’est beau comme du Houellebecq mon cher César !

 

Après, c’est la routine « Le vignoble s'agrandit : il faut un minimum de bouteilles pour une visibilité commerciale. Et recrute des cadres formés dans les crus classés du secteur : Bernard Franc, directeur technique, et Fabien Breignaud, maître de chai. En 2008, arrivée du Libournais Hubert de Boüard, œnologue-conseil réputé, et le cercle vertueux - intégrant notoriété et crédibilité de la marque - tourne de plus en plus rond. Rapidement, le domaine réussit son virage à 90 degrés : de 9 hectares avec des vins écoulés en vrac à 30 hectares avec des bouteilles vendues en primeurs. »


Pour la suite c’est ICI link 

 

Que voilà du bon travail de journaliste, du grand César qui tranche avec les pépiements du néo-danseur mondain de tweet qui écrit, dans son style inimitable, que les Primeurs de Bordeaux sont une sottise. Ben non mon coco, les affaires sont les affaires, et dans ce monde impitoyable il est facile de faire le tri entre ceux qui en sont, ceux qui comptent, et ceux qui sont là pour faire de la figuration, tapisserie quoi. Lorsque je me rends aux Primeurs de Bordeaux j’ai pleine conscience d’y étaler mon inutilité, pour autant quel spectacle pour un chroniqueur : j’aime ! Que chacun reste à sa place dans le marigot, que la grenouille ne se la joue pas à se faire plus grosse que le bœuf. À chacun son job, il n’y a pas de sot métier, sauf celui de cireur de pompes qui n’a rien à voir avec celui de cireur de godasses lorsqu’il cire de vraies godasses.

 

Reste que je me dois à la fin de cette chronique de faire état des bulletins de Jean-Marie Quarin que j’ai reçu dans ma massagerie au cours de cette campagne des primeurs : Premier rapport : 3 avril 2012 Bordeaux 2011 en primeur : 636 notes, rapport n°2 le 6 avril, le 2 bis le 8 avril, le n°3 le 10 avril. Quelle santé ! Quelle prolificité ! J'avoue que ça dépasse mes faibles capacités de compréhension du sujet et que ce n’est pas mon genre de littérature mais je livre à votre sagacité le Premier rapport : 3 avril 2012 (pour les autres à vous d’aller à la source).

 

Un détail d'ambiance : j'ai comme le sentiment ma bonne dame que chez ces gens-là - les dégustateurs pro - on ne s'aime pas... on ne s'apprécie guère entre messieurs de la famille... allez savoir pourquoi ? Le taulier lui n'en est pas, alors y cause de tout le monde sans exclusive...

photoJMQuarin.jpg

Bordeaux 2011 en primeur : 636 notes

 

Un document de 15 pages au format pdf est disponible sur mon site à la rubrique Carnet / dernier Carnet paru :    /carnets.php?s=9258

 

Les Bordeaux 2011 en primeur

 

Un millésime de qualité très  hétérogène variant de moyen à excellent dans les rouges,  avec de très bons vins liquoreux, supérieurs à Barsac qu’à Sauternes et des   vins blancs secs de haut niveau.   

 

Bordeaux Primeurs 2011 : ce que l’on sait et ce que l’on découvre des vins rouges    

Un grand vin est un vin qui excite la bouche partout. On doit   l’ampleur et l’enchantement de cette excitation à des facteurs humains bien connus, mais surtout à des causes climatiques.   

 

Globalement le temps chaud et sec en juin - juillet conditionne   la concentration des raisins rouges et détermine la taille du corps du vin. Un mois d’août chaud et peu pluvieux construira ce corps en milieu de bouche. En septembre et octobre, une climatologie douce et peu pluvieuse, ou même chaude, apporte aux cépages tanniques bordelais tels le cabernet sauvignon et le cabernet franc la maturité complète de leurs tanins. Elle se signale par une absence d’angle en fin de bouche, d’austérité voire de sécheresse tant préjudiciables à la qualité gustative. Sans caresse, fondu, gras et soyeux, il n’existe ni bons, ni grands vins !

   

Alors quid de 2011 vis-à-vis de ce modèle ?


Un printemps exceptionnellement chaud et sec (4,5°au-dessus de la normale) induisait un départ précoce du cycle de la vigne, une floraison homogène et une sortie de grappes généreuses, augurant d’un beau volume de récolte à venir. Ce beau temps sec provoqua très tôt, un arrêt de croissance de la vigne qui consacra son énergie à concentrer et mûrir ses fruits. C’était très bien parti ! 

  

En juillet, face à la sécheresse persistante, la situation change d’un vignoble à l’autre,   d’une rive à l’autre. Les sols calcaires et argilo-calcaires, toujours bien alimentés en eau n’ont   pas souffert de la sècheresse ; ceux de graves bien  plus. A ce stade, la rive droite, Saint-Emilion, Fronsac, Pomerol marquait des points tandis que les zones plus graveleuses du Médoc et des Graves souffraient. Au sein même du   Médoc, l’appellation Médoc, plus riche en sol  calcaire a moins souffert que les vins de l’AOC Haut-Médoc aux sols plus graveleux. Idem pour les vins liquoreux entre Barsac (calcaire) et Sauternes (graves). Jamais comme en 2011, je n’ai vu autant de différences dans des vins si jeunes. Ne parlons pas des jeunes vignes sur graves ou sur sable qui se défolièrent très vite et n’arrivèrent jamais à mûrir leurs raisins. Et si on évoque aujourd’hui 2011 comme un millésime réussi sur les grands terroirs,i l faut  entendre vieilles vignes et sol de graves sur argile ou argilo-calcaire pour ne pas souffrir du manque d’eau. 

  

Heureusement, juillet ne fut pas aussi chaud que de coutume. Une chance pour les vignes en manque d’eau. Dans le cas contraire, elles auraient perdu toute capacité physique de   mûrir leurs fruits correctement. On trouve des lots de vins marqués par ce type de problème. Ils sont secs en bouche. A charge pour les propriétés de les éliminer de l’assemblage. 

  

 La pluie vint dans une proportion légèrement supérieure à la normale. Elle favorisa la véraison. En tombant de façon très variée d’un lieu à l’autre, elle accentua   l’hétérogénéité du millésime. Il plut plus au sud de Bordeaux, dans les Graves et le Sauternais qu’au nord (médoc) ou à l’est (Libournais).  

 

Août si important pour la construction du milieu de bouche fut raisonnablement chaud, mais plus arrosé que la moyenne ( 80 millimètres contre 60 ). A ce moment-là, je savais   que les 2011 ne pourraient être ni riches, ni pleins en milieu de bouche, mais plutôt d’un style élancé, plus droits que larges. La question était alors de savoir si septembre apporterait de quoi grandir les fins de bouche.

   

Le 1er septembre, un violent orage déversa 80 millimètres d’eau. Sur Saint-Estèphe et une partie de Saint-Emilion, il se transforma en grêle et ravagea bon nombre de parcelles à Cos d’Estournel, Montrose, Cos Labory ou encore Le Crock.  

 

A  quelques jours des vendanges, cette eau a beaucoup inquiété. Par crainte de la pourriture, beaucoup débutèrent les vendanges de rouge dès le 5 septembre. Le temps se remit au beau le 10. Ces conditions donnaient du baume au cœur aux viticulteurs souhaitant attendre. Elles encourageaient aussi ceux qui ramassaient à le faire sans stress, sous le soleil et avant les marées d’équinoxe si perturbantes pour les conditions météorologistes en gironde. La pluie du 19 septembre convainquit ceux qui avaient commencé tôt les vendanges du bien-fondé de leurs intuitions. Or, il se mit à faire très beau juste après, tandis que l’apparition de nuits froides bloquait le développement des foyers de pourriture grise. De nombreux témoignages recueillis dans les chroniques n° 119 et 120 signalent une nette amélioration des qualités du   raisin, l’apparition du goût et une hausse du degré d’alcool. Pour tous les vendangeurs, le maître mot était : trier. Eliminer les traces d’échaudage de fin juin, celles d’une véraison incomplète, les foyers de pourriture grise. Jamais Bordeaux n’avait connu une telle effervescence autour du tri et de ses nouvelles techniques ( des vidéos seront disponibles sur mon site dans quelques heures). 

  

 Ainsi, septembre 2011 ne fut pas un mois idéal, celui qui   allait achever ce qu’août n’avait pas fait comme lors des étés indiens de 2002, 2004, 2007 et 2008. Selon l’état des vignes, selon les ambitions de chacun, ses observations, ses croyances, les dates de vendanges ont été très diverses. A tel point que certains  avaient fini les vendanges de liquoreux à Barsac, quand d’autres n’avaient pas donné le moindre coup de   sécateur sur le merlot de Saint-Emilion. Une situation inédite et inconnue jusqu’alors. Et même si le   développement du cycle végétatif ne cadrait pas  avec le modèle idéal pour obtenir du grand vin il était toujours bien difficile de se lancer dans un   pronostic.  Que sortirait-il de ce millésime dont les raisins avaient commencé leur vie dans un cycle précoce pour être vendangés comme lors d’un cycle tardif.     

 

Enfin la dégustation !   

 

Après tout ceci ne pouvait-il y avoir qu’un style de vin ? Non bien sûr !   

 

Les points positifs versus les points négatifs.

 

Le point positif le plus répandu et qui intéressera les amateurs concerne l’absence de caractère végétal. Les nez présentent des notes de fruits mûrs et parfois noirs ce qui ne manque pas de surprendre. En bouche, les corps sont tendres et sans dureté de fond. Cette perception est accentuée par la prudence ressentie dans l’extraction. Les vinificateurs ont avancé à pas de velours. Je dois dire que Bordeaux est très à l’aise dans cet exercice au point parfois de sous-extraire les grandes années. Tous ces vins, élaborés avec précaution et à la saveur plutôt mûre seront délicieux à boire jeunes.

   

Le point faible du millésime 2011 en rouge concerne une acidité parfois trop saillante sur les crus moyens, en particulier dans le Médoc et un manque général de puissance en milieu de bouche ou en finale.

   

Je retrouve dans cette absence le déficit de chaleur en août et l’irrégularité climatique de septembre. Dans l’ensemble les degrés d’alcool sont normaux sauf pour les crus vendangés tard. La chaptalisation a fait son retour dans les chais. Bons nombres de   2011 ont des profils de bouche plutôt longiformes que volumineux. Les degrés d’alcool plus près de 13 jouent un rôle dans cette perception. Un autre fait l’accentue : la part plus importante de cabernet franc mis dans les assemblages. Il type réellement les vins de la rive droite et leur donne cette année tout leur caractère. Et chacun sait que ce cabernet franc ne se révèle qu’au vieillissement, tout au contraire du merlot toujours plus gratifiant immédiatement.  

 

Dans le Médoc et les Graves, le millésime est marqué par la réussite du cabernet sauvignon plus que celle du merlot. A l’instar du cabernet franc, le cabernet sauvignon induit lui aussi un port droit dans la bouche. 

  

Trois catégories de bons vins


1- De nombreux vins sont agréables, non végétaux, mais modestes et avec peu de caractère. A tel point que mon descriptif est quasi le même pour tous. Ils seront à   boire avant dix ans. 

  

2 - Il existe une autre catégorie de vins meilleurs qui apparaît dans la notation vers 15,5. Ceux-là offrent l’avantage d’être bien construits et de nous régaler à l’attaque, au milieu et en finale. Je les ai trouvés principalement sur la rive droite. Sur ces sols argilo-calcaires, la vigne a moins souffert de la   sécheresse que sur les sols du Médoc ou des graves. Les meilleures affaires seront de ce côté.

Certains vins s’approchent des 2010, mais avec la saveur   en moins. En effet, il existe des 2011 qui possèdent de beaux indices de tannin, souvent supérieurs à 2009   (merci la sècheresse). Par contre, leurs goûts sont moins profonds que les 2010, même si leurs corps se ressemblent. Toute la question sera de savoir comment seront élevés ces vins. Personnellement je suis convaincu que les Bordelais ne sont jamais aussi doués que dans l’adversité avec le climat. C’est leur culture. Par contre ils se relâchent trop avec des millésimes tels 2009 et 2010 où tout semble tellement facile.   N’est-ce pas eux qui ont inventé l’expression  « millésime ou terroir chaise longue » ?

     

3 – Enfin, il existe des vins de grande qualité en 2011. Ils sont profilés droits en bouche, commencent   finement charnus, restent denses au milieu, même s’ils ne sont pas larges et surtout s’achèvent savoureux sur un joli grain de tannin et une bonne longueur. Leurs succès sont des particularités. Une conjonction de facteurs parmi   lesquels reviennent souvent : 

  

- la faiblesse des rendements (30 hl/ha à château   Margaux et à Pichon Baron),   

- la part de cabernet franc ou de cabernet sauvignon plus élevée que d’habitude,( Clos Manou, Pichon Comtesse, Kirwan, Grand Corbin d’Espagne),   

- l’existence de vieilles vignes,    

-un terroir remarquable qui sait aussi bien tamponner les excès de l’eau que ceux de la sècheresse,   

- l’utilisation de nouveaux instruments de vinifications, comme à Lagrange ou Cheval Blanc,   

- les efforts de sélection comme à La Réserve de la Comtesse qui signe son meilleur second vin dans une année compliquée,   

- ou tout simplement la rançon d’une ascension   qualitative entamée depuis quelques années (Seguin, Montlandry, Angludet, Chauvin).   

 

Chaque fois, je suis émerveillé de découvrir ces changements si fortement liés à l’implication des hommes. Enfin, vous le verrez dans les notes, les Outsiders remarqués dans mon guide sortent souvent la tête haute de ce millésime, Clos Manou en tête !   


La conjugaison de degré d’alcool modéré, à celle d’une forte présence tannique et d’une bonne acidité renforce un profil parfois austère en primeur. Le temps froid en janvier et   février n’a pas vraiment permis le mariage de ces éléments. Depuis deux semaines, les vins se goûtent de mieux en mieux et acquièrent plus de milieux de bouche qu’en début d’élevage. Pour l’instant le millésime n’a pas la sucrosité qui avait conquis mes papilles en 2009 et 2010. Le rôle de l’élevage est de la faire apparaître. Ainsi, certains vins me font penser à des 1986, d’autres plus raides ont les tanins des 1994, d’autres encore la douceur longiforme des 1971. Quand j’interroge les vinificateurs sur ce que l’élevage leur apportera ils restent très prudents, ne sachant pas si tel le millésime 1986   pourtant très dur en primeur, le tanin se fondra ou tel  1975, il finira par sécher. 

  

Dans ce contexte j’ai privilégié dans mes notes les crus qui possèdent déjà le plus de douceur   (sans la confondre avec de la faiblesse) tout en ayant de la   trame et de la longueur en bouche.  Ces vins deviendront très charmeurs. De surcroit, ils occupent actuellement la pole position pour gagner en expression pendant l’élevage sans prendre le risque de devenirs durs. Ce sera la dernière étape pour attraper un peu plus de volume.   

 

Jean-Marc Quarin   

 

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Cette publication est éditée par Jean-Marc Quarin   Sarl, 10 allée de Ginouilhac, BP 40, Le Taillan-Médoc.   France. - E-mail : jmquarin@quarin.com

Les médias et les distributeurs de vins peuvent utiliser   ces notes à condition de ne pas les déformer et en   citant l'origine de leur source : www.quarin.com ainsi que son   auteur : Jean-Marc Quarin (JMQ).

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