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14 janvier 2008 1 14 /01 /janvier /2008 00:03


L'alcoolisme est un grave et important problème de santé publique...

L'essentiel de la prévention de ce fléau est confiée à une association privée : l'ANPAA.

Le financement de cette association est en quasi-totalité d'origine publique.

Mes relations épistolaires avec l'ANPAA sont anciennes et connues - voir chronique du 06/07/2006
"Des mots plutôt que des maux" link
ce qui me permet ce matin de continuer à développer mon point de vue qui en vaut d'autres.

Je suis de ceux qui pense, par expérience personnelle des rouages des administrations de l'Etat, qu'un établissement public, du type de ceux que nous connaissons dans le secteur agricole, associant tous les acteurs de la Santé Publique à la définition de ses objectifs et à sa gestion, serait plus pertinent comme bras armé d'une vraie politique de lutte contre l'alcoolisme. Cependant, pourquoi ne pas envisager deux pistes qui sauvegarderaient le caractère "privé" de l'ANPAA : une Fondation ou une Association faisant appel à la générosité publique comme les Restos du Coeur ou La Ligue contre le Cancer ? Vivre sous perfusion de fonds publics est contraire à l'esprit associatif et engendre une forme de confusion des genres.

Sans faire de procès d'intention, il m'apparaît évident que le statut associatif, outre qu'il permet aux membres de l'ANPAA de se coopter et à la technostructure d'exercer l'effectivité du pouvoir, laisse à penser au grand public que l'ANPAA ne s'apparente qu'à un réseau de bénévoles dévoués (un millier sur tout le territoire) en butte à des lobbies puissants. Qu'il y ai des comportements irresponsables je suis le premier à le reconnaître voir chronique : "Se déchirer grave" du 15/01/2007link


- "la croix d'or" du 26/11/2006link

- "Sully Ledermann" du 18/09/2006link
    
 

Ceci étant écrit, pour votre information personnelle je vous livre quelques chiffres-clés. Si vous souhaitez plus de renseignements allez sur le site de l'ANPAA 
http://www.anpaa.asso.fr/index_flash.html

- Pour 2006 le budget de l'ANPAA s'élève à : 63,339 millions d'euros.

- Ses ressources proviennent principalement 88,6% :
         1- d'une dotation globale de 35,110 millions d'euros provenant des organismes de SS pour les activités médico-sociales ;
          2- de subventions 18,087 millions d'euros, dont 45% proviennent des organismes de SS et AF, 30% de l'Etat et 15% des CG et CR

- Les charges d'exploitation s'élèvent à 58,119 millions d'euros, dont 43,526 pour les frais de personnel soit 69,70% des charges.

- au 31 décembre 2006 les effectifs de l'ANPAA sont de 1329 personnes dont 48 au siège parisien et 1281 en régions. Ramené en ETP (équivalents Temps Plein) : 913 ETP contre 569 au 31 décembre 2000.

- Sur cet ensemble 45% de l'effectif sont des cadres.

- Sur les 4 dirigeants salariés les mieux payés : le DG perçoit 68 446 euros brut annuel ( 8ième salaire de l'association), le DRH, le Directeur de Recherche et Directeur d'activité 56403 euros. Les trois principales rémunérations sont attribuées à des médecins : 75644 euros. 

* titre d'une revue, dédié à Michel qui l'avait créé et dont je suis sans nouvelle...
 

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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 00:06
Dans la gueule d’un petit maquereau, la référence à un gros poisson, et c’en était un, du genre notice longue comme un jour sans pain au Who’s who et chasse en Sologne, bardé de décorations et gavé de jetons de présence dans les plus prestigieux conseils d’administration, je trouvais ça plaisant. Sans rien en laisser paraître je cuisinais Hortz, lui tirant les vers du nez avec une grande facilité. Le vieux squale qu’ils avaient ferré semblait vraiment entiché de Sylvie, prêt à faire des folies pour elle et, en écoutant Hortz me raconter leur dernier week-end à Gstaad, je pensais que cette historiette n’avait rien de très original : le cul reste une valeur sûre pour faire chuter les soi-disant grands de ce monde. Pourtant j’aurais du être plus attentif à la série de soi-disant coïncidences qui avait permis à Hortz et à Dragan d’approcher un tel potentat. Ces deux petites crapules, en dépit des menus services qu’ils rendaient au SAC, ne côtoyaient pas les pointures du régime. Et pourtant, monsieur Henri, le gros poisson, ils l’avaient « croisé » la première fois au très sélect « Tir aux pigeons », le Cercle du Bois de Boulogne, où la fine fleur du monde des affaires et de la politique se la jouait décontracté en futal et veste de tweed de chez Arnys. À ma question « qu’est-ce que vous foutiez là-bas ? » Hortz répondait avec un aplomb qui aurait du me mettre la puce à l’oreille « Dragan et moi on fait dans la protection rapprochée d’un émir saoudien… » mais, comme du tac au tac, quand j’avais ironisé « et Sylvie, qu’est-ce qu’elle protégeait dans cette affaire ? » il m’avait désarçonné d’un « le gland de l’émir, petit père ! » avant d’ajouter, ponctué d’un rire gras, « tu sais elle le pompe dru notre belle Sylvie. Normal, non, quand on se fade le service d’un roi du pétrole… » Bien sûr, si j’avais réfléchi trente secondes, j’aurais trouvé invraisemblable qu’un émir puisse avoir recours à ces deux petites frappes minables pour assurer sa protection mais, comme toujours en cette période de ma vie, mon apathie, mon indifférence, me rendait imperméable à toute initiative de bon sens. Je laissais filer, peu m’importait.
 
Vraiment, il fallait que j’eusse de la merde dans les yeux pour accepter de gober qu’une lope comme Hortz, qui passait son temps à se faire bourrer le cul dans les chiottes des bars de Pigalle, puisse jouer les cerbères pour le compte d’un cousin du roi Fayçal. C’est ce que je ne cessais de me répéter en contemplant son cadavre allongé au fond d’un fossé boueux bordant le chemin vicinal menant au château de monsieur Henri. Son bel ensemble de cuir noir, lacéré par de multiples coups de rasoir, le faisait ressembler à un fagot de sarments carbonisés par la foudre divine. Le jour se levait. Dans son manteau de zibeline Sylvie frissonnait. Bourrassaud posait sa grosse paluche sur mon épaule. « Quoiqu’on fasse, mon petit gars, ils remonteront jusqu’à toi. Alors, le mieux qu’on puisse faire c’est de leur dire la vérité… » En remontant le col de mon blouson je répondais « que c’était aussi mon avis ». Dans ma déposition à la gendarmerie d’Orry-la-ville, face à deux pandores qui me prenaient pour la forme la plus accomplie de la gangrène issue de mai 68, je n’omettais aucun détail.  « À dix-huit heures, hier au soir, j’étais de permanence au commissariat lorsque Sylvie Brejoux, ma compagne (…) », derrière sa Remington, l’adjudant-chef tiquait. Ses yeux bovins et sanguins quêtaient du secours auprès de son collègue. Manifestement, compagne lui semblait une dénomination peu conforme à la réalité. Pour embrouiller plus encore son esprit épais j’ajoutais sur un ton compatissant « je me dois de vous signaler que Sylvie Brejoux est légalement l’épouse légitime du commissaire principal Brejoux, des RG de Nantes.. » Telle une grenade dégoupillée qui vous arrive entre les jambes, ma déclaration, jetait un vent supplémentaire de panique dans le réduit qui servait de bureau aux deux gendarmes.   
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12 janvier 2008 6 12 /01 /janvier /2008 00:03

Dédiée à tous ceux qui disent vouloir nous protéger de nous-mêmes et qui nous pourrissent la vie...
 
Simple supplique
Aux dirigeants de notre République.
En ces temps de croissance molle
Acceptez une idée folle :
Glissez,
Doucement,
Subrepticement,
Dans notre PIB
Pour le requinquer,
Lui redonner de belles couleurs,
Une goutte, un soupçon, un nuage de bonheur,
Carafé,
Décanté,
Notre divin nectar en une étrange alchimie
Vous fera le plus bel indice de la décennie…
 
Non, non, ce n’est pas une plaisanterie,
Bien que nous soyons du parti d’en rire,
Les ennemis du pire,
Une bande de joyeux drilles
Qui aimons voir briller les yeux des filles
Au pays de la gastronomie,
Du bien vivre 
Et de l'art de vivre
 
Ce n’est pas une folie
De mobiliser les bons vivants,
D’éloigner les oiseaux de mauvais augure,
D’être les petits artisans
D’une cure
De prospérité…
 
Pour ce faire,
Loin des experts,
Des docteurs,
Des professeurs,
Des censeurs,
Des plaideurs,
Des constipés,
Instillez dans notre moteur déprimé
L’élixir de la félicité,
Notre bien le plus précieux,
Ce qui nous rend heureux,
La convivialité,
Celle des choses simples partagées
Qui nous lient,
Nous relient,
Donnent à notre vie
Ce voile de douceur
Des mots qu’on dit avec le cœur
Entre amis
Autour d'un verre
D'un gâteau d'anniversaire
D'un camenbert
Jamais en solitaire.

C’est ça la vie
La vraie
Celle qui fait
Que l’on vit…
Vaches-copie-2.jpg
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11 janvier 2008 5 11 /01 /janvier /2008 09:27


L'info n'attend pas : l'ANPAA vient de faire condamner le journal le Parisien pour une série d'articles sur le Champagne (voir son communiqué). On n'arrête pas le progrès ! A quand mon tour ! Bonne journée

Toute communication en faveur d’une boisson alcoolique, comme une série d’articles en faveur du champagne, constitue une publicité, soumise de ce fait aux dispositions du Code de la Santé publique

L’A.N.P.A.A. a attaqué le Parisien Libéré pour une série d’articles sur le Champagne, parus dans l’édition du 21 décembre 2005, et annoncés en page « une » sous le titre « Le triomphe du champagne ».

Dans son jugement du 20 décembre 2007, le Tribunal de Grande Instance de Paris déclare que ces communications constituent des publicités, cela sans que soit pour autant exigé un achat effectif d’espaces publicitaires (article 2 de la directive européenne du 10 septembre 1984). Et de ce fait, les publicités auraient dû respecter les dispositions du code de la santé publique et en particulier être assorties de messages sanitaires.

La société le Parisien Libéré est condamnée à verser 5 000 euros de dommages et intérêt à l’A.N.P.A.A.
* en référence à ma chronique du 10/01 : "les veuves industrieuses : Amiot et Clicquot" http://www.berthomeau.com/article-15288559.html
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11 janvier 2008 5 11 /01 /janvier /2008 00:05


Rassurez-vous je ne vais pas, à nouveau, vous infliger mes réflexions sur les sentiments des vaches mais vous offrir un extrait sans coupure d'un texte  - il est un peu long pour mon format - très intéressant de Roland Barthes tiré de Mythologies, livre dont je vous ai causé dans ma chronique du 3 janvier "Être Bête" :



Si vous n'avez pas le temps de le lire, imprimez-le pour pouvoir le lire car, écrit entre 1954 et 1956, il montre la place que tenait alors le vin dans notre pays et explique en grande partie l'extrême virulence de nos adversaires hygiénistes. Bonne lecture !



" Le vin est senti par la nation comme un bien qui lui est propre, au même titre que ses trois cent soixante espèces de fromages et sa culture. C'est une boisson totem, correspondant au lait de la vache hollandaise ou au thé absorbé cérémonieusement par la famille royale anglaise. Bachelard a déjà donné la psychanalyse substantielle de ce liquide, à la fin de son essai sur les rêveries de la volonté, montrant que le vin est suc de soleil et de terre, que son état de base est, non pas l'humide, mais le sec, et qu'à ce titre, la substance mythique qui lui est le plus contraire, c'est l'eau.


 A vrai dire, comme tout totem vivace, le vin supporte une mythologie variée qui ne s'embarasse pas des contradictions. Cette substance galvanique est toujours considérée, par exemple, comme le plus efficace des désaltérants, ou du moins la soif sert de premier alibi à sa consommation ("il fait soif"). Sous la forme rouge, il apour très vieille hypostase, le sang, le liquide dense et vital. C'est qu'en fait, peu importe se forme humorale ; il est avant tout une substance de conversion, capable de retourner les situations et les états, et d'extraire des objets leur contraire : de faire, par exemple, d'un faible un fort, d'un silencieux, un bavard ; d'où sa vieille hérédité alchimique, son pouvoir philosophique de transmuter ou de créer ex nihilo. 


Etant par essence une fonction, dont les termes peuvent changer, le vin détient des pouvoirs en apparence plastiques : il peut servir d'alibi aussi bien au rêve qu'à la réalité, cela dépend des usagers du mythe. Pour le travailleur, le vin sera qualification, facilité démiurgique de la tâche" ("le coeur à l'ouvrage"). Pour l'intellectuel, il aura la fonction inverse : le "petit vin blanc" ou le "beaujolais" de l'écrivain seront chargés de le couper du monde trop naturel des cocktails et des boissons d'argent (les seules que le snobisme pousse à lui offrir) ; le vin le délivrera des mythes, lui ôtera de son intellectualité, l'égalera au prolétaire ; par le vin, l'intellectuel s'approche d'une virilité naturelle, et penseainsi échapper à la malédiction qu'un siècle et demi de romantisme continue à faire peser sur la cérébralité pure (on sait que l'un de mythes propres à l'intellectuel moderne, c'est l'obsession "d'en avoir").


 Mais ce qu'il y a de particulier à la France, c'est que le pouvoir de conversion du vin n'est jamais donné ouvertement comme une fin : d'autres pays boivent pour se saouler, et cela est dit par tous ; en France, l'ivresse est conséquence, jamais finalité ; la boisson est sentie comme l'étalement d'un plaisir, non comme la cause nécessaire d'un effet recherché : le vin n'est pas seulement philtre, il est aussi acte durable de boire : le geste a ici une valeur décorative, et le pouvoir du vin n'est jamais séparé de ses modes d'existence (contrairement au whisky, par exemple, bu pour son ivresse "la plus agréable, aux suites les moins pénibles", qui s'avale, se répète, et dont le boire se réduit à un acte-cause).


 Tout cela est connu, dit mille fois dans le folklore, les proverbes, les conversations et la Littérature. Mais cette universalité même comporte un conformisme : croire au vin est un acte collectif contraignant ; le Français ; le Français qui prendrait quelque distance à l'égard du mythe s'exposerait à des problèmes menus mais précis d'intégration, dont le premier serait justement d'avoir à s'expliquer. Le principe d'universalité joue ici à plein, en ce sens que la société nomme  malade, infirme ou vicieux, quiconque ne croit pas au vin : elle ne comprend pas (aux deux sens, intellectuel et spatial, du terme). A l'opposé, un diplôme de bonne intégration est décerné à qui pratique le vin : savoir boire est une technique nationale qui ser à qualifier le Français, à prouver à la fois son pouvoir de performance, son contrôle et sa sociabilité. Le vin fonde ainsi une morale collective, à l'intérieur de quoi tout est racheté : les excès, les malheurs, les crimes sont sans doute possibles avec le vin, mais nullement la méchanceté, la perfidie ou la laideur ; le mal qu'il peut engendrer est d'ordre fatal, il échappe donc à la pénalisation, c'est un mal de théâtre, non un mal de tempérament.


Le vin est socialisé parce qu'il fonde non seulement une morale, mais aussi un décor ; il orne les cérémoniaux les plus menus de la vie quotidienne française, du casse-croûte (le gros rouge, le camenbert) au festin, de la conversation de bistrot au discours de banquet (...)



La suite est plus datée... 

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10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 00:09


En ces temps d'agapes les bulles sont à la fête, elles jaillissent de partout, alors si vous me le permettez je vais me livrer à l'un de mes sports favoris : la digression dans le style chaud-froid...

Dans mes souvenirs d'enfant, le fin du fin de la bulle à la maison pour les communions et les mariages c'était de faire sauter le bouchon de bouteilles de Veuve Amiot.

Plus tard, bien plus tard, j'ai été un addict du champagne Veuve Clicquot Vintage rosé millésimé. Cette vénérable maison ayant, en 1775, marqué l'histoire de la Champagne en étant la première à livrer du champagne rosé.

Pour notre première veuve : " c'est en 1884 que débute véritablement la saga Veuve Amiot. Elisa Amiot, femme de courage et de caractère, décide à la mort de son époux de prendre en main la destinée de son vin. Son ambition... En faire l'un des plus grands vins du Val de Loire ! Aidée par sa famille, elle parvient très rapidement à développer la renommée de Veuve Amiot bien au-delà des frontières du saumurois... Bientôt, c'est de l'Extrême-Orient à l'Equateur, de Madagascar à la Nouvelle-Zélande que les amateurs du monde entier célèbrent ce grand vin de Saumur, fleuri, fougueux et tout scintillant de bulles d'or !"
portrait-copie-2.jpg

Pour la seconde : " La vie de madame Clicquot aurait pu être semblable à celle de nombreuses jeunes filles du 18e siècle français. Issue de famille aisée, elle réalise en 1798 un beau mariage avec François Clicquot, propriétaire d'un négoce de vins de champagne et devient mère d'une petite fille appelée Clémentine.
Mais son tempérament la pousse à s'intéresser aux affaires de la maison de champagne, et lorsque son époux décède prématurément, elle décide de prendre sa succession. Sa force de caractère et son sens des affaires transforment le négoce de sa belle-famille en une grande maison de champagne.
Pendant que ses ambassadeurs commerciaux parcourent l'Europe, que des bateaux expédient ses bouteilles sur les mers du monde entier, elle prend soin personnellement de ses caves, se fixant pour devise "une seule qualité, la toute première".
Désireuse d'obtenir les vins les plus "clairs, nets et limpides", elle met au point la table de remuage. Parcelle par parcelle, elle acquière des vignes dans les meilleurs crus constituant ainsi l'exceptionnel patrimoine viticole de la Maison.
Ses contemporains la considéraient déjà comme une grande dame, la "grande dame de Champagne".
Elle s'éteint en 1866, dans son château de Boursault surplombant la vallée de la Marne, entourée des siens qu'elle a chérit avec tendresse et générosité."
mme-clicquot.jpg

Telle est l'histoire officielle de ces deux veuves telle que les sites de leurs maisons l'écrivent et je n'ai aucune raison de la commenter.

En revanche je ne puis que constater que dans le langage courant, sans doute est-ce la conséquence de l'explosion des divorces, les veuves ont presque disparues. L'heure est aux familles mono-parentales : les femmes sont seules et elles sont légions puisqu'en France il y a 3 853 809 personnes veuves et, comme il y a cinq fois plus de veuves que de veufs, faites le compte cela signifie que les femmes représentent 80 % des personnes veuves. Pour l'Insee, elles connaissent des situations précaires. En effet, à peine 40% des femmes valident une carrière complète au moment de prendre leur retraite. Les temps partiels ou les congés parentaux des mères de famille expliquent cette situation selon l'Insee.

Je sais ce que vous allez me dire mais c'est ainsi vous ne me changerez pas... mais pour finir sur une note gaie je vous offre des extraits de l'opérette la Veuve Joyeuse de Franz Lehar interprétée par Elizabeth Scharwarzkopf et Nicola Geda
http://www.musicme.com/cd.php?track_id=0747313300723&aff=199999La+veuve+joyeuse&gclid=CKf1iMrt3pACFQF7aAodwwR1WQ
  

Pour ceux qui ont eux le courage d'aller au bout de cette chronique je leur signale que, sitôt écrite, en sortant de chez moi, sur une colonne Morris qu'aie-je vu ? L'affiche du prochain film d'Isabelle Mergaud dont le titre est, je vous le donne en mille : " Enfin Veuve..." pile poil dans l'actualité cet huluberlu de Berthomeau...
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9 janvier 2008 3 09 /01 /janvier /2008 00:09

 

Les morts des « suites d’une longue maladie » peuplent notre quotidien. Le cancer, les cancers de tout acabit emportent nos proches, nos amis, nos enfants et l’odieux chancre fait peur. La lutte contre le cancer est donc, à juste raison, une grande cause nationale mais, à trop vouloir agiter des épouvantails, formes modernes des spectres, à trop vouloir prouver, les scientifiques, toujours à la recherche de liens de causalité pour prévenir le mal, se coupent du corps social, lui donnent le sentiment de le priver des plaisirs de la vie, de l’assimiler aux souris de leurs laboratoires, de le réduire à des séries statistiques aussi froides que les murs de leurs hôpitaux.   La complexité de la vie, la diversité de nos modes de vie, les écarts qui se creusent à chaque extrémité de l’échelle sociale, l’extrême hétérogénéité des situations économiques et sociales nées de la mondialisation, font que les méta-analyses, chères à nos chercheurs, sont à manier avec bien des précautions. La mise en ligne du rapport « Alcool et risques de cancers » : état des lieux des données scientifiques et recommandations de santé publique est caractéristique de l’effet « tour d’ivoire » caractéristique de ces expertises scientifiques qui font subir au mot risque des glissements sémantiques qui n’ont rien de scientifiques.

 
La part de risque, 

(voir ma chronique du 22:09/2006 
- Vivre tue
http://www.berthomeau.com/article-3917444.html et celle du 22/11/2006 
- Le risque
http://www.berthomeau.com/article-1249902.html 

celle que tout individu se doit d’assumer aussi bien en tant que personne exerçant sa responsabilité individuelle et en tant que citoyen enserré dans un corps de règles de vie en commun, est toujours difficile à quantifier. L’excès, même s’il prête à interprétation, est assez facile à identifier : l’abus de consommation alcoolique est chiffrable. En revanche, la plage entre l’abstinence et la consommation modérée a des contours difficiles à délimiter. En ce domaine, comme dans tous les autres, le mieux est l’ennemi du bien : prôner, comme le Pr Houssin, la prohibition, relève d’une conception infantilisante de la société. Le n’y touchez jamais est l’équivalent du « cachez-moi ce sein que je ne saurais voir », pure hypocrisie et méconnaissance dramatique des ressorts profonds de l’être humain. Nos politiques de santé publique, si elles ne veulent pas se réduire à de piètres campagnes de communication, doivent se frotter à la société telle quelle est et non, continuer de véhiculer des présupposés idéologiques. L’entre-soi, qui vaut aussi bien pour les hygiénistes que pour ceux d’entre-nous qui font semblant d’ignorer les méfaits de l’alcoolisme, n’est plus de mise dans une société démocratique. Même si ça choque les beaux esprits pudibonds, je préfère le modèle politique à l’ancienne, bon vivant, soucieux des libertés publiques, aux tenants d’une société pure et dure, liberticide où le risque de mourir n’est plus assumé.    
 
Pour ne pas être en butte aux critiques des « scientifiques » j’ai lu les 60 pages de l’expertise collective et je vous en livre quelques morceaux choisis.
Page 11 
AUGMENTATION DU RISQUE DE CANCERS
Depuis plusieurs décennies, les études épidémiologiques ont montré clairement que la consommation de boissons alcoolisées augmente, chez l’homme et la femme, le risque de cancers, dont certains sont fréquentsen France.
La consommation de boissons alcoolisées augmente fortement le risque des cancers des voies aérodigestives supérieures* (VADS). Le niveau de preuve est jugé convaincant.
La consommation de boissons alcoolisées augmente le risque de cancer du foie, généralement après le développement d’une cirrhose alcoolique.
Les études récentes montrent également une association entre la consommation d’alcool et le risque de cancer du sein chez la femme, et le risque de cancer colorectal dans les deux sexes. Bien que l’augmentation du risque soit modeste, en raison de l’incidence très élevée de ces cancers en France, la prévention ciblée sur ce facteur de risque contribuerait également à réduire fortement l’incidence
et la mortalité des cancers liés à l’alcool.
Pour d’autres types de cancers, le rôle potentiel de l’alcool est moins bien établi.

Page 13 
1. INTRODUCTION GÉNÉRALE
Les cancers sont des maladies multifactorielles impliquant des facteurs individuels et des facteurs environnementaux au sens large. Le développement de  ces maladies se déroule généralement sur une ou plusieurs décennies. Pour identifier les facteurs de risque ou de prévention il faut faire appel à différents types d’études. Les études épidémiologiques d’observation (études cas-témoins, études de cohortes) permettent d’établir des associations entre l’incidence des cancers et certains facteurs de risque. Les études  expérimentales sur animaux ou cellules permettent de proposer des mécanismes biologiques plausibles. Pour les facteurs de risque (y compris l’alcool), pour des raisons éthiques, on ne peut entreprendre des études d’intervention chez l’Homme qui permettraient d’établir facilement la causalité entre le facteur étudié et le risque de cancers. Dans ce cas, la causalité est démontrée par le grand nombre et la cohérence des résultats des études cas-témoins et des études de cohortes, confortés par des mécanismes biologiques vérifiés. Selon les données disponibles, le niveau de preuve sera jugé convaincant, probable, possible ou insuffisant [WCRF, 1997].

Page 37 : ces petits crobars quantifient le risque selon la dose ingurgitée, on peut remarquer malgré le flou qu'à dose zéro le risque est souvent équivalent jusqu'à 20g/jour...
Vaches-001-copie-2.jpgVaches-002-copie-1.jpg

Page 40 à propos des bienfaits du vin sur MCV
Par ailleurs, il est également apparu que les relations
  entre alcool et MCV ainsi que les relations entre types de boisson alcoolisée et MCV sont complexes. En particulier, divers facteurs alimentaires et socio-culturels, qui sont difficilement dissociables de l’effet lié à l’alcool proprement dit ou à tel ou tel type de boisson alcoolisée [Tjonneland, 1999; Reynolds, 2003], ne sont généralement pas pris en compte dans les études comme facteurs de confusion. C’est ce que démontre l’étude de Ruidavets les consommateurs d’une quantité modérée de boissons alcoolisées (1 à 19 g/j) et les buveurs de vin ont une alimentation et un style de vie plus favorables à la santé que ceux qui n’en consomment pas et que ceux qui en consomment plus. Il est donc possible que l’association de la consommation modérée d’alcool ou de vin avec la faible incidence de MCV résulte en fait de l’effet du profil alimentaire et du style de vie favorable qui caractérise les consommateurs d’une quantité modérée de boissons alcoolisées et les buveurs de vin [Johansen, 2006].


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8 janvier 2008 2 08 /01 /janvier /2008 00:06


Je vous propose ce matin de lire l'analyse très intéressante d'une journaliste du Monde, Sandrine Blanchard, titré : " La santé publique et les risques de la vie " à propos de la mise en ligne par l'Institut National du Cancer sur son site Internet des conclusions de l'expertise collective * sur "alcool et risque de cancer. La journalistes souligne d'entrée que celles-ci "pourront paraître excessives et déprimantes".

* voir la définition ci-dessous, cette procédure a donné lieu à de très vives polémiques lorqu'elle préconisait de promouvoir le dépistage précoce des troubles mentaux de l'enfant.
La science est une chose trop sérieuse pour être confiée à des scientifiques...  

Analyse
La santé publique et les risques de la vie, par Sandrine Blanchard
LE MONDE | 05.01.08 | 13h29  •  Mis à jour le 05.01.08 | 13h29
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les connaissances
issues de la recherche biomédicale
utiles aux acteurs de la santé

 


Le site est réalisé par l'Inserm - DISC
Contact: hasenfus@vjf.inserm.fr

L'Expertise collective est une procédure d'évaluation des connaissances scientifiques existantes que l'Inserm propose à ses partenaires dans le domaine de la santé.

Elle s'appuie sur les compétences d'un réseau regroupant de nombreuses équipes de recherche travaillant dans les champs de la biologie, de la médecine et de la santé.

En développant la procédure d'expertise collective depuis 1993, l'Inserm marque sa volonté de mobiliser le formidable réservoir de compétences et de savoir-faire de la communauté scientifique pour un partage de connaissances scientifiques avec les acteurs de la santé.

Pour plus d'informations :
Service commun d'expertise collective de l'Inserm - SC14
Directrice : Jeanne Etiemble
Faculté de Médecine Xavier Bichat 16 rue Henri Huchard - 75018 Paris
Fax : 01.44.85.61.68
E-mail : etiemble@bichat.inserm.fr

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Il est impossible de définir un niveau de consommation d'alcool qui n'aurait pas d'effet sur la santé. Les conclusions de l'expertise collective sur "alcool et risque de cancer", mis en ligne le 12 décembre sur le site de l'Institut national du cancer (INCA), pourront paraître excessives et déprimantes (Le Monde du 20 décembre). Car voilà une étude scientifique qui nous dit que boire même avec modération augmente le risque de cancer.

 


 
Quelques jours après l'entrée en vigueur de l'interdiction de fumer dans tous les lieux de convivialité, un légitime ras le bol peut s'emparer du grand public face à des messages de santé publique que certains considéreront comme trop "moralisateurs", trop "hygiénistes" voire "liberticides". Il ne faut plus fumer, ne plus boire, ne plus manger trop gras, trop salé, trop sucré... "Vivre tue", répliqueront les plus excédés, qui voient derrière ces recommandations une triste vie d'ascète et s'étonnent que la pollution ou le stress au travail ne soient pas aussi cités dans les causes de cancer.

Il est toujours difficile d'entendre dire que ce qui peut être un plaisir de la vie - un apéro, une bonne bouteille - accroît le risque de maladies graves. Mais le problème de l'alcool, substance psychoactive préférée des Français, est une réalité. Bien que la consommation ait largement diminué depuis les années 1960, l'alcool demeure, après le tabac, la deuxième cause évitable de mortalité avec quelque 45 000 décès annuels, parmi lesquels les cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, pharynx, larynx, oesophage) arrivent largement en tête.

C'est en 1987 que la loi Barzach a rendu obligatoire la mention "à consommer avec modération" sur toutes les publicités pour les boissons alcoolisées. En 1991, la loi Evin a durci la législation en imposant l'avertissement sanitaire : "L'abus d'alcool est dangereux pour la santé." Mais, au lieu de remplacer l'ancien message par le nouveau, les annonceurs ont juxtaposé les deux, laissant les consommateurs se débrouiller avec cette phrase pour le moins difficile à interpréter, chacun ayant sa propre vision du terme "modération". Chaque fumeur sait combien il consomme de cigarettes par jour. Mais qui sait précisément combien de verres il a bu après une soirée, ou quel est le niveau de sa consommation hebdomadaire ?

L'alcool, au même titre que la cigarette, peut entraîner, sans qu'on y prenne garde, un phénomène de dépendance. On commence à boire un verre de temps en temps en rentrant du boulot, puis quelquefois au déjeuner, puis chaque soir, et, sans forcément se l'avouer, on ne peut plus s'en passer. On se rassure en se disant que ce ne sont que quelques verres. Selon un sondage Ipsos publié le 20 décembre 2007 par la Fédération française des spiritueux (FFS), la moitié des Français pensent, à tort, qu'il y a plus d'alcool dans une dose classique de whisky (3 cl) que dans une bière de 25 cl ou un verre de vin de 10 cl. Or chacun de ces volumes de boisson équivaut à 10 grammes d'alcool.

Face aux dégâts liés à la consommation de boissons alcoolisées - qu'il s'agisse des cancers mais aussi des affections digestives ou des maladies cardio-vasculaires -, on peut objectivement constater que ce sujet fait beaucoup moins l'objet de campagnes de prévention que la lutte contre le tabagisme. Qui se souvient encore des Etats généraux de l'alcool organisés par le gouvernement Villepin en décembre 2006 ? Ou du rapport d'Hervé Chabalier - le directeur de l'agence Capa qui révéla dans un livre à succès (Le Dernier pour la route, Robert Laffont, 2004) son passé d'alcoolique - proposant de "dénormaliser" l'alcool et remis en novembre 2005 au ministre de la santé ? Et à quoi ont servi les rencontres parlementaires de juin 2006 intitulées "L'alcool en France : un coût dénié" au cours desquelles le professeur Didier Houssin, directeur général de la santé, regrettait qu'"on s'accroche aux soi-disant bénéfices d'une consommation faible d'alcool" ? Enfin, où sont les mesures censées répondre à l'objectif fixé dans la loi de santé publique d'août 2004 de réduire de 20 % la consommation d'alcool par habitant d'ici à... 2008 !

 

RAS LE BOL DE CES "AYATOLLAHS"

 

Bien sûr il y a une différence entre un verre de temps en temps et une consommation régulière, comme entre deux cigarettes par jour et un paquet. Il n'est pas question d'être prohibitionniste, mais d'informer sur les risques. Reste qu'il y a la façon de le dire. L'expertise collective publiée par l'INCA donne le sentiment que le mieux serait de bannir l'alcool de notre quotidien. Ras le bol de ces "ayatollahs" de la santé publique !, s'emporteront certains. Un peu comme les enfants à qui on interdit tout, on a parfois envie, face à toutes ces recommandations qui pleuvent pour protéger notre santé, de reprendre un verre ou d'allumer une nouvelle cigarette. Qui aurait pu penser il y a quelques années que les pouvoirs publics évoqueraient désormais la mortalité par "tabagisme passif" pour interdire de fumer dans tous les lieux publics ? L'alcool a lui aussi ses dégâts collatéraux : sur les routes et dans les actes de violence, notamment conjugale, qu'il peut susciter.

Quant aux "ayatollahs", ils sont aussi du côté des alcooliers, qui ne cessent leur lobbying auprès des parlementaires pour tenter de détricoter la loi Evin, et déploient leur savoir-faire pour capter de nouveaux consommateurs parmi les jeunes en lançant de nouvelles bières fortement alcoolisées et autres "prémix" (mélange de jus de fruit et d'alcool fort) ou en sponsorisant des soirées.

Dans un éditorial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), le professeur Houssin appelait de ses voeux, en septembre 2006, "une politique de santé publique à la hauteur des enjeux posés par l'alcool". L'expertise collective de l'INCA n'a même pas donné lieu à une conférence de presse. Pas un mot du ministère de la santé sur cette étude pourtant élaborée dans le cadre des Etats généraux de l'alcool dont l'un des objectifs était de "mettre à la portée de tous des informations claires, précises et validées scientifiquement pour permettre à chacun d'être acteur de sa santé". Informer le public, c'est bien tout l'enjeu de la prévention.

On nous serine depuis des mois qu'il faut manger cinq fruits et légumes par jour et qu'il faut avoir une activité physique quotidienne. Peu de gens parviennent à suivre à la lettre ces recommandations mais, inconsciemment, ces messages de prévention jouent sur les attitudes. Petit à petit, on se met à porter davantage d'attention au contenu de notre assiette. Les scientifiques nous livrent la réalité des statistiques, qu'elles soient ou non agréables à entendre. A chacun d'entre nous ensuite d'adapter ses habitudes, en toute liberté mais en toute connaissance de cause. 

   
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7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 00:06
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Françoise Laborde c'est le sourire et la bonne humeur des journaux de la 2. C'est une journaliste, une vraie professionnelle. C'est une amie aussi. Au temps des marathons bruxellois, alors que nous négocions, avec Rocard et Dumas, l'élargissement de la Communauté à l'Espagne et au Portugal, dans la salle de presse, en buvant l'affreux café communautaire, nous refaisions le monde et la viticulture française. Avec elle le tu est de rigueur. Françoise écrit aussi des livres, voir sa bibliographie sur le site de la FNAC
http://www3.fnac.com/item/author.do?id=282062

Question 1 : Françoise tu es une épicurienne, comme on le dit dit chez nous une bonne vivante. Normal lorsqu’on est né, comme toi, à St Mont dans le Gers, avoir le goût des bons produits, ceux qui tiennent au corps et réjouissent l’âme est dans l’ordre des choses. C’est naturel. Alors, dis-moi comment le goût du vin vient aux filles ?
 
Petite fille j’adorais les cerises à l’eau-de-vie - de l’Armagnac bien sûr- de notre voisine Marie-Thérèse. C’était bien sûr l’interdit, la transgression ; le sucré et le doux alors que c’était fort, costaud. C’est sans doute pour cela que je n’aime que les vins très charpentés, les vins tanniques, pas des vins de filles. Pour moi un vin doit avoir du corps, se mâcher avant d’être bu. Le vin dans mon imaginaire c’est le rouge profond qui tire sur le noir. Ma préférence va au Tannat car la beauté de ce cépage c’est que, s’il est mal vinifié, il est imbuvable mais, s’il est entre de bonnes mains, il se révèle magnifique. C’est comme pour la préparation du gibier : le pire ou le meilleur. Comme tu peux le constater je n’entre pas vraiment dans les canons de la mode des vins au féminin. Je ne suis aussi pas très portée sur les blancs, sauf les liquoreux. Toujours sans doute le souvenir des cerises à l’eau-de-vie de Marie-Thérèse…
 
Question 2 : Avec un tel bagage culturel ne serais-tu pas un peu cocardière Françoise ? Les vins du Nouveau Monde ça te défrise ?
 
Pas du tout, mon Tannat ce n'est pas que le Madiran, je l’aime aussi lorsqu’il est Chilien ou de la Rioja et, même si je ne vais pas me faire que des amis, j’estime que l’irruption des vins du Nouveau Monde dans notre univers du vin a été une bonne chose car ils bousculent nos certitudes et notre fâcheuse tendance à nous considérer comme la lumière qui éclaire le Monde. Ça nous rabaisse un peu notre caquet. De bons vins on en trouve partout dans le monde, y compris dans celui qu'on qualifie de Nouveau. Avec notre temps de retard habituel, notre sens inné de l’anticipation nous allons devoir nous remuer. Notre suffisance me consterne. Dans les cercles que je fréquente, où beaucoup se piquent d’être des connaisseurs, je suis stupéfaite de constater que très peu de gens sont capables de goûter et d’apprécier le vin. On peut leur servir à peu près n’importe quoi, du vin bouchonné par exemple ou un mauvais champagne, sans qu’ils n'émettent une quelconque appréciation négative. Les Français grands connaisseurs de vin c’est en bonne partie une légende. Dans ce domaine, comme dans d’autres il n’y a pas de supériorité française.
     
Question 3 : Alors, chère Françoise, on peut donc te classer dans la catégorie des « amateurs » de bons vins, ceux que l’on apprécie pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’on dit qu’ils sont, raconte-nous tes meilleurs vins.
 
Les meilleurs vins que j’ai bu ce sont les grands Bordeaux qu’on pouvait se payer lorsqu’on était jeunes. À 25 ans on s’achetait une belle bouteille de Latour et on se la gardait pour se la boire plus tard. Maintenant ils sont hors de prix, les prix sont devenus fous, ça me rend triste. Triste pour mes enfants. Nous sommes la dernière génération de gens normaux. Le vin n’est pas, et ne sera jamais pour moi un produit de luxe. Le vin c’est la convivialité, c’est la multiplicité des moments, c’est la diversité des lieux de sa découverte : des adresses de caves au fin fond de l’Italie, des bars à vin du bout du monde, des petits restaus dans des villages perdus : à chaque heure son plaisir. Tu vois Jacques avec les vins c’est un peu comme avec les moniteurs de ski qui nous semblent magnifiques sur les pistes de Courchevel mais qui, une fois que nous sommes rentrés à Paris, nous apparaissent souvent bien quelconques. En amour il ne faut jamais avoir de certitudes...
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6 janvier 2008 7 06 /01 /janvier /2008 00:03
Ce grand con de Hortz, avec mon accord bien sûr, par l’entremise de son copain Dragan Markovic, un serbe doté d’une sale gueule d’oustachi qui traînait ses mocassins vernis dans les officines barbouzardes, plaçait Sylvie dans des soirées qui se terminaient en parties fines dans des suites d’hôtels ou des appartements du triangle d’or. Ça m’arrangeait plutôt, ça me permettait de faire l’autruche, ça me dispensait de faire l’amour à Sylvie puisqu’elle n’était jamais là quand j’étais là. Le dimanche, son jour de relâche, je m’inventais des gardes et je partais rejoindre les Bourrassaud qui me dorlotaient en me laissant flemmarder au lit jusqu’au début de l’après-midi. Après ma douche et ma mise en costard-cravate, exigence absolue de Marie-Jo : le dimanche, même entre soi, on se sape, nous déjeunions sous la terrasse au milieu des plantes et des fleurs que le commissaire bichonnait de sa main verte. Cuisine de femme, vin de mec, table impeccablement dressée, je retrouvais le parfum de maman et je terminais toujours nos agapes dans un no man’s land où se croisaient mes souvenirs heureux et l’inanité de mes jours présents. En fin de repas, il m’arrivait de pleurer, doucement. Les Bourrassaud qui ignoraient tout de ma vie d’avant me contemplaient avec tendresse, comme un enfant inconsolable pour qui les mots sont inutiles. Après le café Bourrassaud s’assoupissait dans son fauteuil. Marie-Jo aurait pu en profiter pour nous inventer un de ses jeux pervers, comme faire l’amour sur la table de la cuisine entre les piles d’assiettes desservies, ce qu’elle ne fit jamais. Non, elle passait son manteau à col de lapin, enveloppait ses cheveux dans un foulard de soie, glissait son bras sous le mien et nous partions marcher en silence dans les rues sans âme des cités du Blanc-Mesnil. Un dimanche, l’un des derniers avant la tempête, alors que nous longions un parking réceptacle de nos ébats nocturnes, je lui ai dit : « Tu me fais penser à maman lorsqu’elle se rendait à l’église… » Marie-Jo a eu la larme à l’œil et s’est fait pesante à mon bras.
 
Depuis plus d’une semaine Sylvie filait le parfait amour je ne sais où avec je ne sais qui. Pas un coup de fil, rien, si ce n’est une visite de cet emplâtre de Hortz qui avait fait semblant de venir aux nouvelles. Je sentais qu’il bichait le salaud. Il venait de s’acheter un long manteau noir cintré avec un col en renard argenté et portait beau. En entrant, d’un geste, qui se voulait distingué, cette petite frappe déposait son petit chapeau tyrolien gris souris, ses gants de pécari et sa canne à pommeau sur l’un des nombreux guéridons enjuponnées dont raffolait Sylvie. Ma tenue négligée, un vieux survêtement, faisait tache. Je profitai de mon désavantage apparent pour le retourner. « Les affaires marchent bien on dirait… » Tel un paon qui fait la roue devant un goret Hortz fit une demi-volte « tu aimes ? »
-         J’adore ! C’est d’un chic
-         Tu te fous de ma gueule.
-         Ai-je l’air de me foutre de ta gueule excellence ?
-         Pas vraiment, je sais que t’as du goût...
-         Un rien t’habille, toi c’est la classe naturelle je t’assure.
Ce con se rengorgeait. Je l’aidais à se défaire de sa pelure de maquereau. Au-dessous le Hortz faisait dans le tout cuir noir, moulé comme une saucisse, je dus faire un grand effort sur moi-même pour garder mon flegme. Pour contenir mon hilarité je continuai mon œuvre de brosse à reluire « Putain de Dieu, t’es mûr pour poser dans Vogue… Tu vas faire des ravages chez les oies blanches, le cuir ça les fait mouiller ces salopes en kilt et collier de perles. T’as tout du prédateur mec… » En déposant son cul sur le canapé, avec des précautions de midinette, je le sentais, le Hortz n’en pouvait plus et dans le pois chiche qui lui tenait de cerveau l’envie irrépressible de me faire plaisir atteignait le point de fusion. À point il lâchait le morceau « Faut que je te dise, avec Sylvie on a ferré un gros poisson, on va se faire des couilles en or… »   
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